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denis_h- Digressi(f/ve)
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Re: Vivre le moment présent
denis_h a écrit:Saint-Ex a écrit:
Il n'admet pas l'esclavage, il en constate l'existence. Ce n'est pas pareil.
mouais.
Schopenhauer a nettement pris parti contre l'esclavagisme, contrairement à N, qui lui s'en accommode fort bien.
voyez ce passage dans Aurore :Nietzsche a écrit:§206
L'impossible classe. - Pauvre, joyeux et indépendant! - ces qualités
peuvent se trouver réunies chez une seule personne; pauvre, joyeux et esclave! -
cela se trouve aussi, - et je ne saurais rien dire de mieux aux ouvriers esclaves des
fabriques: en admettant que cela ne leur apparaisse pas en général comme une
honte d'être utilisés, ainsi que cela arrive, comme la vis d'une machine et en
quelque sorte comme bouche-trou de l'esprit inventif des hommes. Fi de croire
que, par un salaire plus élevé, ce qu'il y a d'essentiel dans leur détresse, je veux
dire leur asservissement impersonnel, pourrait être supprimé! Fi de se laisser
convaincre que, par une augmentation de cette impersonnalité, au milieu des
rouages de machine d'une nouvelle société, la honte de l'esclavage pourrait être
transformée en vertu! Fi d'avoir un prix pour lequel on cesse d'être une personne
pour devenir un rouage! Êtesvous complices de la folie actuelle des nations, ces
nations qui veulent avant tout produire beaucoup et être aussi riches que
possible? Votre tâche serait de leur présenter un autre décompte, de leur montrer
quelles grandes sommes de valeur intérieure sont gaspillées pour un but aussi
extérieur! Mais où est votre valeur intérieure si vous ne savez plus ce que c'est
que respirer librement'? si vous savez à peine vous posséder vous-mêmes? si
vous êtes trop souvent fatigués de vous-mêmes, comme d'une boisson qui a perdu
sa fraîcheur? si vous prêtez l'oreille à la voix des journaux et regardez de travers
votre voisin riche, dévorés d'envie en voyant la montée et la chute rapide du
pouvoir, de l'argent et des opinions? si vous n'avez plus foi en la philosophie qui
va en haillons, en la liberté d'esprit de l'homme sans besoins? si la pauvreté
volontaire et idyllique, l'absence de profession et le célibat, tels qu'ils devraient
convenir parfaitement aux plus intellectuels d'entre vous, sont devenus pour vous
un objet de risée? Par contre, le fifre socialiste des attrapeurs de rats vous résonne
toujours à l'oreille, - ces attrapeurs de rats qui veulent vous enflammer d'espoirs
absurdes! qui vous disent d'être prêts et rien de plus, prêts d'aujourd'hui à demain,
en sorte que vous attendez quelque chose du dehors, que vous attendez sans
cesse, vivant pour le reste comme d'habitude - jusqu'à ce que cette attente se
change en faim et en soif, en fièvre et en folie, et que se lève enfin, dans toute sa
splendeur, le jour de la bête triomphante! - Au contraire chacun devrait penser à
part soi: «Plutôt émigrer, pour chercher à devenir maître dans des contrées du
monde sauvages et intactes et, avant tout, pour devenir maître de moi-même;
changer de lieu de résidence, tant qu'il restera pour moi une menace quelconque
d'esclavage; ne pas éviter l'aventure et la guerre et, pour les pires hasards, me
tenir prêt à la mort: pourvu que cette inconvenante servilité ne se prolonge pas,
pourvu que cesse cette tendance à s'aigrir, à devenir venimeux, conspirateur!»
Voici l'état d'esprit qu'il conviendrait d'avoir: les travailleurs en Europe devraient
dorénavant se considérer comme une véritable impossibilité en tant que classe, et
non pas comme quelque chose de durement conditionné et d'improprement
organisé; ils devraient susciter un âge de grand essaimage hors de la ruche
européenne, tel que l'on n'en a pas encore vu jusqu'ici, et protester par cet acte de
liberté d'établissement, un acte de grand style, contre la machine, le capital et
l'alternative qui les menace maintenant: devoir être soit l'esclave de l'État, soit
l'esclave d'un parti révolutionnaire. Que l'Europe s'allège du quart de ses
habitants! Ce sera là un allègement pour elle et pour eux. Ce n'est que dans les
entreprises lointaines des colons, qui émigreront en essaims, que l'on reconnaîtra
combien de bon sens et d'équité, combien de saine méfiance la mère Europe a
inculqué à ses fils, - à ces fils qui ne pouvaient plus supporter de vivre à côté
d'elle, la vieille femme hébétée, et qui couraient le danger de devenir moroses,
irritables et jouisseurs tout comme elle. En dehors de l'Europe ce seraient les
vertus de l'Europe qui voyageraient avec ces travailleurs et ce qui, sur la terre
natale, commençait à dégénérer en malaise dangereux et en penchant criminel,
p,~tgnerait au-dehors un naturel sauvage et beau et `'appellerait héroïsme. - C'est
ainsi qu'un air plus pur reviendrait sur la vieille Europe maintenant trop peuplée
ct repliée sur elle-même! Qu'importe si l'on manque un pcu de «bras» pour le
travail! Peut-être se souviendrat-on alors que l'on ne s'est habitué à beaucoup de
besoins que depuis qu'il devint facile de les satisfaire, - il suffira (le désapprendre
quelques besoins! Peut-être aussi introduira-t-on alors des Chinois: et ceux-ci
amèneraient la façon de vivre et de penser qui convient à des fourmis
travailleuses. Ils pourraient même, en somme, contribuer â infuser au sang de
l'Europe turbulente et qui se consume, un peu de calme et de contemplations
asiatiques et - ce qui certes est le plus nécessaire - d'endurance asiatique.
intéressant non ?
Ce qui serait intéressant, ça serait de savoir quelle idée tu te serais faite de l'esclavage nietzschéen si tu n'avais extrait de la pensée de Nietzsche que les passages suivants :
«Les trois quarts de la vie des grands hommes passèrent à la tâche d'obéir. Ce n'est pas seulement un esclave qui obéit ; celui qui a besoin d'une raison pour son obéissance est encore loin d'être un homme libre.»
«L’homme qui ne veut rien savoir de lui-même, qui ne travaille que pour produire ou pour accumuler des richesses, que l’on qualifie d’industriel ou de commerçant, se contente de passer sa vie en simple ouvrier de la production : c’est un esclave, même s’il est capitaine d’industrie.»
« Celui qui doit se prêter aux trois quarts de la journée à des choses qu'il ne désire pas, est un esclave.»
.
Permets-moi le point Godwin :
C'est en extrayant de la totalité de l'œuvre de Nietzsche les seuls passages qui leur plaisaient que les dirigeants allemands de 1930 à 1945 ont fait de lui le philosophe et penseur de l'apologie du massacre des Juifs dans les camps de la mort de l'Allemagne nazie ...
.
Dernière édition par Saint-Ex le Mar 29 Oct 2024 - 9:35, édité 1 fois
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Le matérialisme scientifique est une philosophie.
Le matérialisme scientifique n’est autre que la philosophie logiquement appropriée à l’activité scientifique.
Au nom de l'art, de la science et de la philosophie, ainsi soit-il.
Saint-Ex- Digressi(f/ve)
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Re: Vivre le moment présent
Vanleers a écrit:A baptiste (suite)
J’ai eu la curiosité de rechercher à quelle citation des Pensées vous faites allusion.
Le pape cite :
« Tous les hommes recherchent d’être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens qu’ils y emploient. Ils tendent tous à ce but ». [4]
Le [4] renvoie à la Pensée 148, assez longue et dont je ne cite que le débutPascal a écrit:Que l'homme sans la foi ne peut connaître le vrai bien, ni la justice.
Tous les hommes recherchent d'être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens qu'ils y emploient. Ils tendent tous à ce but. Ce qui fait que les uns vont à la guerre et que les autres n'y vont pas est ce même désir qui est dans tous les deux accompagné de différentes vues. La volonté ne fait jamais la moindre démarche que vers cet objet. C'est le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusqu'à ceux qui vont se pendre.
Il n’y a pas d’attaque personnelle, juste des faits historiquement justifiés. Pour toi la citation tronquée du pape et le texte complet disent-ils la même chose ? Si tu réponds oui tu seras digne d'être jésuite.
Pascal a été combattu toute sa vie par les jésuites qu’il jugeait intellectuellement malhonnêtes dans leurs accusations, aussi voir un jésuite l’encenser en tronquant une de ses citations pour lui faire dire ce qu’il n’avait jamais dit, ironiquement parlant je trouve cela tellement savoureux.
J’ai parcouru, sans m’y attarder trop tout de même la lettre apostolique, d’où est extrait cette citation tronquée. Il ne s’agit absolument pas d’une exégèse honnête des pensées, à peine d’une appropriation partisane de certaines parties. Les pensées sont les notes de quelqu’un qui pratique le doute, un chef d’œuvre de dialectique personnelle. Quand on a l’honnêteté chevillée au corps, comme un jésuite par exemple, on choisi ce qui conforte son point de vue et on ignore le reste.
Qu’ont-ils ignoré ?
« Si on soumet tout à la raison, notre religion n'aura rien de mystérieux et de surnaturel. Si on choque les principes de la raison, notre religion sera absurde et ridicule. »
« La dernière démarche de la raison est de reconnaître qu'il y a une infinité de choses qui la surpassent ; elle n'est que faible, si elle ne va jusqu'à connaître cela. »
Quelles sont ces « choses qui la surpassent »? Ces choses qui empêchent de basculer le sujet qui doute, alors qu’il est le seul à douter à une époque ou l’idée de dieu est omniprésente dans la vie des gens jusqu’à s’entre tuer? Réponses: les automatismes, les coutumes, l’habitude et les émotions.
« Car il ne faut pas se méconnaître, nous sommes automates autant qu’esprit. Et de là vient que l’instrument par lequel la persuasion se fait n’est pas la seule démonstration. Combien y a‑t‑il peu de choses démontrées ! Les preuves ne convainquent que l’esprit. La coutume fait nos preuves les plus fortes et les plus crues : elle incline l’automate qui entraîne l’esprit sans qu’il y pense. Qui a démontré qu’il sera demain jour et que nous mourrons, et qu’y a‑t‑il de plus cru ? C’est donc la coutume qui nous en persuade. C’est elle qui fait tant de chrétiens, c’est elle qui fait les Turcs, les païens, les métiers, les soldats, etc. »
« Enfin il faut avoir recours à elle, [ la croyance] quand une fois l’esprit a vu où est la vérité, afin de nous abreuver et nous teindre de cette créance qui nous échappe à toute heure, car d’en avoir toujours les preuves présentes, c’est trop d’affaire. Il faut acquérir une créance plus facile qui est celle de l’habitude qui, sans violence, sans art, sans argument, nous fait croire les choses et incline toutes nos puissances à cette croyance, en sorte que notre âme y tombe naturellement. Quand on ne croit que par la force de la conviction et que l’automate est incliné à croire le contraire, ce n’est pas assez. Il faut donc faire croire nos deux pièces : l’esprit, par les raisons qu’il suffit d’avoir vues une fois en sa vie, et l’automate, par la coutume et en ne lui permettant pas de s’incliner au contraire. Inclina cor meum Deus ».
-------
« La raison agit avec lenteur et avec tant de vues sur tant de principes, lesquels il faut qu’ils soient toujours présents, qu’à toute heure elle s’assoupit ou s’égare, manque d’avoir tous ses principes présents. Le sentiment n’agit pas ainsi. Il agit en un instant et toujours est prêt à agir. Il faut donc mettre notre foi dans le sentiment, autrement elle sera toujours vacillante. »
Pascal conférait à la coutume et à l’habitude une valeur, il affirmait qu’elles ont leur place dans une conception réaliste et qu’il ne s’agit pas simplement d’une puissance trompeuse comme le soutiennent les sceptiques. Chez lui l’anthropologie dialogue avec la théologie, mais on ne franchi pas facilement pour autant ces barrières que sont les coutumes, n’est ce pas ! L’anthropologie d’aujourd’hui dément elle Pascal ?
Il y a chez Pascal une véritable philosophie de l’angoisse et de l’existence dans toute sa complexité. Il fut un des précurseurs de la physique classique reconnu par ses pairs qui donnèrent son nom à une unité de mesure, de l’ anthropologie voir de la sociologie en tout cas reconnu comme tel par d’éminents spécialistes mais qui n’eut pas la force de s’extraire de la coutume. Toute sa vie il eut à combattre selon lui la malhonnêteté intellectuelle des jésuites et cela continue après sa mort dans cette tentative de récupération. Ne voir dans les pensées que ses difficultés avec la coutume religieuse de son temps, est ce honnête ?
On s’éloigne du sujet ? Pas tant que ça, le présent de ce message deviendra pour moi le passé lorsque j’appuierai sur le bouton envoyer, mais il sera le présent de celui qui sera en train de lire. Comme disait Arendt, le présent c’est simplement le temps de l’action.
Dernière édition par baptiste le Sam 26 Oct 2024 - 8:21, édité 1 fois
baptiste- Digressi(f/ve)
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Re: Vivre le moment présent
alain a écrit:
C' est vrai qu' à l' approche de la mort la plupart d' entre nous changent mais on peut se poser cette question ( sans jamais pour autant en avoir la réponse certaine ) : quand faisons nous preuve de la plus grande lucidité ?
En acceptant l'absurdité de notre situation.
« L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser : une vapeur, une goutte d’eau suffit pour le tuer. Mais quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien »
« Car enfin qu’est‑ce que l’homme dans la nature ? Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant, un milieu entre rien et tout, infiniment éloigné de comprendre les extrêmes. La fin des choses et leurs principes sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable, également incapable de voir le néant d’où il est tiré et l’infini où il est englouti. »
Deux options possibles
« Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés pour se rendre heureux de n’y point penser. »
« L’homme ne sait à quel rang se mettre. Il est visiblement égaré et tombé de son vrai lieu sans le pouvoir retrouver. Il le cherche partout avec inquiétude et sans succès dans des ténèbres impénétrables. »
Le choix entre les deux c'est plus notre tempérament qui en décide que notre raison. Mais penser avec Pascal peut faire évoluer les tempéraments.
baptiste- Digressi(f/ve)
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Re: Vivre le moment présent
baptiste a écrit:
« Enfin il faut avoir recours à elle, [ la croyance] quand une fois l’esprit a vu où est la vérité, afin de nous abreuver et nous teindre de cette créance qui nous échappe à toute heure, car d’en avoir toujours les preuves présentes, c’est trop d’affaire. Il faut acquérir une créance plus facile qui est celle de l’habitude qui, sans violence, sans art, sans argument, nous fait croire les choses et incline toutes nos puissances à cette croyance, en sorte que notre âme y tombe naturellement. Quand on ne croit que par la force de la conviction et que l’automate est incliné à croire le contraire, ce n’est pas assez. Il faut donc faire croire nos deux pièces : l’esprit, par les raisons qu’il suffit d’avoir vues une fois en sa vie, et l’automate, par la coutume et en ne lui permettant pas de s’incliner au contraire. Inclina cor meum Deus ».
Je vais émettre une hypothèse :
C'est dans ce type de pensée de Pascal que Nietzsche puise l'un des principes de son «Mensonge et vérité au sens extra moral», en particulier au sens de chaque mot dont la vérité n'est en réalité que le produit de l'habitude :
«Que sont donc les vérités ? Des armées mobiles de métaphores, de métonymies, d’anthropomorphismes ; bref, une somme de relations humaines qui ont été poétiquement et rhétoriquement accentuées, transposées et embellies, et qui, après un long usage, paraissent à un peuple solide, canonique et contraignante : les vérités sont des illusions dont on a oublié qu’elles le sont ; des métaphores qui ont été usées et vidées de leur force sensible, des pièces de monnaie qui ont perdu leur effigie et qu’on ne considère plus comme des pièces, mais seulement comme du métal.»
Même si Nietzsche ne dit pas explicitement que chaque mot est une erreur, l'idée que les mots déforment et simplifient la réalité conduit à cette conclusion.
C'est une réflexion sur la manière dont notre langage construit une vision du monde qui est nécessairement réductrice et fausse, car elle simplifie une réalité complexe et changeante en concepts fixes et immuables.
Ce n'est pas par hasard que la vulgarisation scientifique est un art des plus difficiles. Un tel art exige l'utilisation de mots erronés pour expliquer des vérités ! ...
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Saint-Ex- Digressi(f/ve)
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Re: Vivre le moment présent
baptiste a écrit:alain a écrit:
C' est vrai qu' à l' approche de la mort la plupart d' entre nous changent mais on peut se poser cette question ( sans jamais pour autant en avoir la réponse certaine ) : quand faisons nous preuve de la plus grande lucidité ?
En acceptant l'absurdité de notre situation.
« L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser : une vapeur, une goutte d’eau suffit pour le tuer. Mais quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien »
« Car enfin qu’est‑ce que l’homme dans la nature ? Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant, un milieu entre rien et tout, infiniment éloigné de comprendre les extrêmes. La fin des choses et leurs principes sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable, également incapable de voir le néant d’où il est tiré et l’infini où il est englouti. »
Deux options possibles
« Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés pour se rendre heureux de n’y point penser. »
« L’homme ne sait à quel rang se mettre. Il est visiblement égaré et tombé de son vrai lieu sans le pouvoir retrouver. Il le cherche partout avec inquiétude et sans succès dans des ténèbres impénétrables. »
Le choix entre les deux c'est plus notre tempérament qui en décide que notre raison. Mais penser avec Pascal peut faire évoluer les tempéraments.
Il existe un petit pallier à la réponse que tu offres à Alain, et qui est foncièrement juste. Mais au lieu de lui répondre «En acceptant l'absurdité de notre situation», les suggestions d'Épicure, Marc Aurèle, Spinoza, Nietzsche et Camus porteraient plutôt à répondre «En adhérant à l'absurdité de notre situation.»
Sisyphe ne se sent pas condamné à pousser éternellement son rocher vers le sommet de sa montagne. Il agit en mettant toutes ses forces dans une réussite et il prend la peine de penser lorsqu'il descend vers le rocher qui roule vers la plaine pour l'attendre en vue d'une autre réussite. Il agit. Il pense. Les dieux qui l'ont condamné disparaissent de son existence, de son essence.
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Dernière édition par Saint-Ex le Sam 26 Oct 2024 - 9:24, édité 1 fois
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Re: Vivre le moment présent
L' absurdité de notre situation est un fait pour qui suit Pascal dans sa démarche logique et sa perception lucide.baptiste a écrit:alain a écrit:
C' est vrai qu' à l' approche de la mort la plupart d' entre nous changent mais on peut se poser cette question ( sans jamais pour autant en avoir la réponse certaine ) : quand faisons nous preuve de la plus grande lucidité ?
En acceptant l'absurdité de notre situation.
« L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser : une vapeur, une goutte d’eau suffit pour le tuer. Mais quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien »
« Car enfin qu’est‑ce que l’homme dans la nature ? Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant, un milieu entre rien et tout, infiniment éloigné de comprendre les extrêmes. La fin des choses et leurs principes sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable, également incapable de voir le néant d’où il est tiré et l’infini où il est englouti. »
Deux options possibles
« Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés pour se rendre heureux de n’y point penser. »
« L’homme ne sait à quel rang se mettre. Il est visiblement égaré et tombé de son vrai lieu sans le pouvoir retrouver. Il le cherche partout avec inquiétude et sans succès dans des ténèbres impénétrables. »
Le choix entre les deux c'est plus notre tempérament qui en décide que notre raison. Mais penser avec Pascal peut faire évoluer les tempéraments.
Pascal cite deux options pour pallier à cette perception.
Et enfin, les effets produits par le choix de ces options sont multiples.
Tu dis que La plus grande lucidité est celle de la perception de notre condition absurde.
Camus n' est pas loin, et son existentialisme non plus ?
Et tu penses aussi que les tempéraments peuvent évoluer ?
Mais vers quoi et comment, selon toi ?
Re: Vivre le moment présent
A baptiste
1) Je redonne la citation du pape qui vous pose problème :
Le fait que le pape ait fait une citation partielle de la pensée 148 qui se poursuit par :
vous conduit à écrire que c’est « lui faire dire ce qu’il n’avait jamais dit ».
Je ne vois pas l’argumentation.
2) Vous écrivez que vous avez survolé la lettre apostolique du pape et vous concluez : « Il ne s’agit absolument pas d’une exégèse honnête des pensées, à peine d’une appropriation partisane de certaines parties »
Ici aussi, vous n’apportez aucun argument à l’appui de votre propos.
3) Vous multipliez ensuite les citations pour en arriver à : « Il faut donc mettre notre foi dans le sentiment, autrement elle sera toujours vacillante. »
Que la foi dans le Dieu révélé par Jésus-Christ soit une décision personnelle qui ne se fonde sur aucune démonstration rationnelle est une évidence.
C’est à chaque chrétien de vérifier par lui-même si cette hypothèse, ce pari, l’aide à mieux vivre.
1) Je redonne la citation du pape qui vous pose problème :
Le pape François a écrit:Je me réjouis donc que la providence, en ce quatrième centenaire de sa naissance, me donne l'occasion de lui rendre hommage et de souligner ce qui, dans sa pensée et dans sa vie, me paraît propre à stimuler les chrétiens de notre temps et tous les hommes et femmes de bonne volonté dans la recherche du vrai bonheur : « Tous les hommes recherchent d’être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens qu’ils y emploient. Ils tendent tous à ce but ». [Pensées 148] Quatre siècles après sa naissance, Pascal reste pour nous le compagnon de route qui accompagne notre recherche du vrai bonheur et, selon le don de la foi, notre reconnaissance humble et joyeuse du Seigneur mort et ressuscité.
Le fait que le pape ait fait une citation partielle de la pensée 148 qui se poursuit par :
Pascal a écrit:Ce qui fait que les uns vont à la guerre et que les autres n'y vont pas est ce même désir qui est dans tous les deux accompagné de différentes vues. La volonté ne fait jamais la moindre démarche que vers cet objet. C'est le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusqu'à ceux qui vont se pendre.
vous conduit à écrire que c’est « lui faire dire ce qu’il n’avait jamais dit ».
Je ne vois pas l’argumentation.
2) Vous écrivez que vous avez survolé la lettre apostolique du pape et vous concluez : « Il ne s’agit absolument pas d’une exégèse honnête des pensées, à peine d’une appropriation partisane de certaines parties »
Ici aussi, vous n’apportez aucun argument à l’appui de votre propos.
3) Vous multipliez ensuite les citations pour en arriver à : « Il faut donc mettre notre foi dans le sentiment, autrement elle sera toujours vacillante. »
Que la foi dans le Dieu révélé par Jésus-Christ soit une décision personnelle qui ne se fonde sur aucune démonstration rationnelle est une évidence.
C’est à chaque chrétien de vérifier par lui-même si cette hypothèse, ce pari, l’aide à mieux vivre.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Vivre le moment présent
Saint-Ex a écrit:
Il existe un petit pallier à la réponse que tu offres à Alain, et qui est foncièrement juste. Mais au lieu de lui répondre «En acceptant l'absurdité de notre situation», les suggestions d'Épicure, Marc Aurèle, Spinoza, Nietzsche et Camus porteraient plutôt à répondre «En adhérant à l'absurdité de notre situation.»
Sisyphe ne se sent pas condamné à pousser éternellement son rocher vers le sommet de sa montagne. Il agit en mettant toutes ses forces dans une réussite et il prend la peine de penser lorsqu'il descend vers le rocher qui roule vers la plaine pour l'attendre en vue d'une autre réussite. Il agit. Il pense. Les dieux qui l'ont condamné disparaissent de son existence, de son essence.
.
Il me semble que Pascal se situe dans une optique plus « anthropologique » et Nietzsche dans une optique plus « prophétique » mais les deux textes se rejoignent pour nous dire que nos visions du monde produit de notre héritage culturel personnel et collectif nous imprègnent de manière si puissante que la raison a peu de poids face à cet état de fait et ce d’autant plus que ces visions du monde ont entre autre rôle celui de rassurer et souvent tiennent pour vrai des « pseudos vérités ».
Je suis d'accord « accepter » a une connotation passive tandis qu’ « adhérer » induit la question de la volonté et celle d’une capacité d’agir sur son itinéraire en fonction de cette « adhésion ».
« L’absurde est contradiction. Il l’est dans son contenu puisqu’il exclu les jugements de valeur en voulant maintenir la vie, alors que vivre est en soi un jugement de valeur » Camus
baptiste- Digressi(f/ve)
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Re: Vivre le moment présent
alain a écrit:
Tu dis que La plus grande lucidité est celle de la perception de notre condition absurde.
Camus n' est pas loin, et son existentialisme non plus ?
Et tu penses aussi que les tempéraments peuvent évoluer ?
Mais vers quoi et comment, selon toi ?
Camus refusait l’appellation « existentialiste » même si sa philosophie était existentielle d’abord parce qu’il refusait simplement l’appellation de philosophe ne croyant pas en la raison suffisante. Kierkegaard reconnaît l’influence de Pascal mais cela n'en fait pas un existentialiste avant la lettre pour autant, est-il essentialiste ? Son texte « Qu’est ce que le moi » ne fait pas de lui un essentialiste. Pascal y aborde la question métaphysique qui depuis l’antiquité est invoquée pour désigner ce qui fait l’identité et la singularité de la personne humaine selon la philosophie occidentale. Cette prétendue certitude qui renvoie à une réalité permanente et stable, à la manière d’un noyau substantiel et indestructible. Parlant d’une coquille dont on ne connaît que les contours il conclu à l’impossibilité de dire ce qui est à l'intérieur de cette coquille, cette essence. Dans un autre aphorisme il parle aussi de l’absurde de la situation.
« Car enfin qu’est‑ce que l’homme dans la nature ? Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant, un milieu entre rien et tout, infiniment éloigné de comprendre les extrêmes. La fin des choses et leurs principes sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable, également incapable de voir le néant d’où il est tiré et l’infini où il est englouti. »
En ce qui me concerne il y a celui-ci en premier
« Que l’homme étant revenu à soi considère ce qu’il est au prix de ce qui est, qu’il se regarde comme égaré dans ce canton détourné de la nature. Et que, de ce petit cachot où il se trouve logé, j’entends l’univers, il apprenne à estimer la terre, les royaumes, les villes et soi‑même, son juste prix. »
Au-delà, je pense qu' il n’y a que des réponses personnelles.
baptiste- Digressi(f/ve)
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Re: Vivre le moment présent
Vanleers a écrit:
vous conduit à écrire que c’est « lui faire dire ce qu’il n’avait jamais dit ».
Je ne vois pas l’argumentation.
Je suppose que c'est de l'humour.
Au départ il y a contradiction entre ceux qui cherchent à comprendre et ceux qui cherchent à expliquer. On pourrait aller plus loin sur ce sujet mais là n’est pas le propos aujourd’hui.
Les pensées sont des notes qui n’étaient pas destinées à être publiées tel quel, des notes de quelqu’un qui cherche à comprendre pas de quelqu’un qui cherche à expliquer.
Voilà ce qu’il annonce de ce que sont ces notes dont il dit qu’elles n’ont « pas de dessein ».
« J’écrirai ici mes pensées sans ordre, et non pas peut-être dans une confusion sans dessein : c’est le véritable ordre, et qui marquera toujours mon objet par le désordre même. Je ferais trop d’honneur à mon sujet, si je le traitais avec ordre, puisque je veux montrer qu’il en est incapable »
Les Pensées sont un chef- d’œuvre de dialectique, non pas au sens Hegelien, mais au sens ancien de la disputation. Pascal fait résider la vérité dans l’affirmation simultanée des contraires, ce qui est très proche du raisonnement dialectique, sans la prétention de dépassement de la thèse et de l’antithèse dans la synthèse.
« L’homme est naturellement crédule, incrédule, timide, téméraire… »
De son vivant Pascal a été en butte aux accusations des jésuites proches du pouvoir de l’époque et menaçant avec des accusations d’hérésies. Pascal a toujours mis en cause l’honnêteté des jésuites dans ces disputes et cela continue après sa mort.
Pourquoi tu ne vois pas la différence ? Peut-être simplement parce que tu ne veux pas la voir.
Pascal affirme dans la partie conservée par le pape une réalité anthropologique. « Tous les hommes recherchent d'être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens qu'ils y emploient ils tendent tous à ce but. »
Mais dans la partie « oubliée » il explicite les moyens que les hommes mettent en oeuvre pour y arriver.
« Ce qui fait que les uns vont à la guerre et que les autres n'y vont pas est ce même désir qui est dans tous les deux accompagné de différentes vues. La volonté [ne] fait jamais la moindre démarche que vers cet objet, c'est le motif de toutes les actions de tous les hommes jusqu'à ceux qui vont se pendre. »
Pascal dit dans cet aphorisme, pour être heureux tous le moyens sont bons, c’est chacun selon son tempérament, « ceux qui vont à la guerre et ceux qui n’y vont pas »...il ne parle pas de religion chrétienne, ni d'aucune religion. Pourtant dans la lettre pastorale en prétendant s’appuyer sur cette citation tronquée suivi d’autres citations décalées, l’auteur sous entend affirmer que c'est ce que soutenait Pascal clairement, alors qu’il avait donné cet avertissement que je répète.
« J’écrirai ici mes pensées sans ordre, et non pas peut-être dans une confusion sans dessein : c’est le véritable ordre, et qui marquera toujours mon objet par le désordre même. Je ferais trop d’honneur à mon sujet, si je le traitais avec ordre, puisque je veux montrer qu’il en est incapable »
Dans les pensées tout est présent, tous les aphorismes choisis vont dans le même sens, aucun autre n'est abordé, comment pourrais je montrer ce qui n'est pas dans la lettre autrement qu'en citant trois exemples de ce qui aurait du aussi être pris en compte, ce que j'ai fait.
NB extrait de wikipedia "Une légende veut que cette œuvre ait pour point de départ le « miracle de la Sainte Épine » survenu le 24 mars 1656..."
baptiste- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 21/03/2012
Re: Vivre le moment présent
A baptiste
Le pape cite Pascal :
« Ils tendent tous à ce but » : cela ne veut pas dire qu’ils l'atteignent tous.
Pascal montre d’ailleurs à quel point cette recherche peut être désordonnée et aller dans tous les sens :
Pascal fait preuve ici d’une ironie subtile, d’un humour qui le rapproche de Spinoza :
Comme il l’écrit dans le passage en discussion, le pape vise la recherche du vrai bonheur.
Je doute que Pascal pense que celui qui va se pendre va connaître le vrai bonheur.
Le pape cite Pascal :
Pascal a écrit:Tous les hommes recherchent d’être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens qu’ils y emploient. Ils tendent tous à ce but.
« Ils tendent tous à ce but » : cela ne veut pas dire qu’ils l'atteignent tous.
Pascal montre d’ailleurs à quel point cette recherche peut être désordonnée et aller dans tous les sens :
Pascal a écrit:Ce qui fait que les uns vont à la guerre et que les autres n'y vont pas est ce même désir qui est dans tous les deux accompagné de différentes vues. La volonté ne fait jamais la moindre démarche que vers cet objet. C'est le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusqu'à ceux qui vont se pendre.
Pascal fait preuve ici d’une ironie subtile, d’un humour qui le rapproche de Spinoza :
Spinoza a écrit:[…] si quelque homme voit qu’il peut vivre plus commodément suspendu au gibet qu’assis à sa table, il agirait en insensé en ne se pendant pas ; […] (lettre 23 à Blyenbergh).
Comme il l’écrit dans le passage en discussion, le pape vise la recherche du vrai bonheur.
Je doute que Pascal pense que celui qui va se pendre va connaître le vrai bonheur.
Vanleers- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 4214
Date d'inscription : 15/01/2017
Re: Vivre le moment présent
Oui en fait apprendre a estimer la valeur de ce qui se trouve dans notre prison.baptiste a écrit:alain a écrit:
Tu dis que La plus grande lucidité est celle de la perception de notre condition absurde.
Camus n' est pas loin, et son existentialisme non plus ?
Et tu penses aussi que les tempéraments peuvent évoluer ?
Mais vers quoi et comment, selon toi ?
Camus refusait l’appellation « existentialiste » même si sa philosophie était existentielle d’abord parce qu’il refusait simplement l’appellation de philosophe ne croyant pas en la raison suffisante. Kierkegaard reconnaît l’influence de Pascal mais cela n'en fait pas un existentialiste avant la lettre pour autant, est-il essentialiste ? Son texte « Qu’est ce que le moi » ne fait pas de lui un essentialiste. Pascal y aborde la question métaphysique qui depuis l’antiquité est invoquée pour désigner ce qui fait l’identité et la singularité de la personne humaine selon la philosophie occidentale. Cette prétendue certitude qui renvoie à une réalité permanente et stable, à la manière d’un noyau substantiel et indestructible. Parlant d’une coquille dont on ne connaît que les contours il conclu à l’impossibilité de dire ce qui est à l'intérieur de cette coquille, cette essence. Dans un autre aphorisme il parle aussi de l’absurde de la situation.
« Car enfin qu’est‑ce que l’homme dans la nature ? Un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant, un milieu entre rien et tout, infiniment éloigné de comprendre les extrêmes. La fin des choses et leurs principes sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable, également incapable de voir le néant d’où il est tiré et l’infini où il est englouti. »
En ce qui me concerne il y a celui-ci en premier
« Que l’homme étant revenu à soi considère ce qu’il est au prix de ce qui est, qu’il se regarde comme égaré dans ce canton détourné de la nature. Et que, de ce petit cachot où il se trouve logé, j’entends l’univers, il apprenne à estimer la terre, les royaumes, les villes et soi‑même, son juste prix. »
Au-delà, je pense qu' il n’y a que des réponses personnelles.
C' est un peu comme s' occuper à bien protéger son intérieur, avoir un bel appartement fonctionnel qui nous donne une sécurité impossible à trouver dans la rue.
Après avoir fait l' état des lieux - du chez soi - il faut pourtant, toujours, tenter de répondre aux multiples défis qui se présentent.
Que la raison suffise, en elle même, je n' y crois pas trop non plus.
Ou tout au moins il faut qu' elle reste un outil et non une fin en soi.
Re: Vivre le moment présent
J'aime beaucoup cette partie :
///////« Que l’homme étant revenu à soi considère ce qu’il est au prix de ce qui est, qu’il se regarde comme égaré dans ce canton détourné de la nature. .......//////.
Je l'interprète (probablement à tort) de cette façon:
Dans l'évolution de notre espèce, l'individu a perdu sa liberté pour se socialiser ....Il cherche désormais à se ré-individuer ..et se faisant, il se perd puisque sa survie dépend du groupe. Cet essais avorté de la néguentropie restera une impasse.
///////« Que l’homme étant revenu à soi considère ce qu’il est au prix de ce qui est, qu’il se regarde comme égaré dans ce canton détourné de la nature. .......//////.
Je l'interprète (probablement à tort) de cette façon:
Dans l'évolution de notre espèce, l'individu a perdu sa liberté pour se socialiser ....Il cherche désormais à se ré-individuer ..et se faisant, il se perd puisque sa survie dépend du groupe. Cet essais avorté de la néguentropie restera une impasse.
Kercos- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 1374
Date d'inscription : 25/04/2022
Re: Vivre le moment présent
Finalement on en sait rien. Tout à une fin. Et cet " essai " peut encore durer très longtemps.
L' individu " libre " et seul a dû payer très cher cette " liberté ".
L' aventure humaine n' est ce pas justement de se socialiser et d' affronter la nature ... tout en la respectant ?
L' individu " libre " et seul a dû payer très cher cette " liberté ".
L' aventure humaine n' est ce pas justement de se socialiser et d' affronter la nature ... tout en la respectant ?
Re: Vivre le moment présent
.
Se pourrait-il que la conscience soit une erreur de la sélection naturelle ?
On pourrait être tenté de le croire sous l'éclairage du paradoxe de Fermi.
«Si l'univers est si vaste et si ancien, et si la vie intelligente est susceptible d'exister ailleurs que sur Terre, pourquoi n'avons-nous encore observé aucun signe de son existence ?»
Deux réponses s'offrent à nous :
1 ) La vie dépourvue de conscience existe ou même pullule dans la Galaxie, mais elle n'a permis l'invention d'aucun moyen de signaler son existence à notre entendement.
2 ) La conscience a déjà émergé dans la Galaxie, et elle a même pu émerger des milliers et des millions de fois, mais elle a toujours été la cause d'une inévitable et rapide destruction de toutes les espèces vivantes de la planète où elles vivaient.
Cette pensée à deux balles me permet de patienter dans l'attente d'une livraison de quelques meubles IKÉA, marque qui participe activement (et grâce à moi, en plus ! ...) à la destruction de la vie sur terre, ce dont personne n'aura jamais entendu parler nulle part dans la Galaxie après que cela se sera produit.
<<< ça, c'est la musique du Titanic ...
Se pourrait-il que la conscience soit une erreur de la sélection naturelle ?
On pourrait être tenté de le croire sous l'éclairage du paradoxe de Fermi.
«Si l'univers est si vaste et si ancien, et si la vie intelligente est susceptible d'exister ailleurs que sur Terre, pourquoi n'avons-nous encore observé aucun signe de son existence ?»
Deux réponses s'offrent à nous :
1 ) La vie dépourvue de conscience existe ou même pullule dans la Galaxie, mais elle n'a permis l'invention d'aucun moyen de signaler son existence à notre entendement.
2 ) La conscience a déjà émergé dans la Galaxie, et elle a même pu émerger des milliers et des millions de fois, mais elle a toujours été la cause d'une inévitable et rapide destruction de toutes les espèces vivantes de la planète où elles vivaient.
Cette pensée à deux balles me permet de patienter dans l'attente d'une livraison de quelques meubles IKÉA, marque qui participe activement (et grâce à moi, en plus ! ...) à la destruction de la vie sur terre, ce dont personne n'aura jamais entendu parler nulle part dans la Galaxie après que cela se sera produit.
<<< ça, c'est la musique du Titanic ...
_________________
Le matérialisme scientifique est une philosophie.
Le matérialisme scientifique n’est autre que la philosophie logiquement appropriée à l’activité scientifique.
Au nom de l'art, de la science et de la philosophie, ainsi soit-il.
Saint-Ex- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 2878
Localisation : Deux-Montagnes, près d'Oka
Date d'inscription : 01/07/2023
Re: Vivre le moment présent
Saint-Ex a écrit:.
Se pourrait-il que la conscience soit une erreur de la sélection naturelle ?
..
Une erreur, non, mais un dégât collatéral lors d'un processus évolutif.
J'ai soutenu ici cette hypo-thèse qui me semble crédible:
L'évolution des espèces nécessitent pour être viable, une variété génétique minimale et donc une variété de sous espèces suffisante pour s'adapter à la variété climatique ou autres contingences exogènes.....Dès le paléolithique, la diversité des sous espèces humaine se réduit et disparait.
Ma proposition serait que nous avons développé une variété culturelle pour remplacer cette absence d'altérité génétique.
Ce remplacement nécessitait une évolution cognitive suffisante pour que l'individu sorte des rigidités comportementales communes à toutes les espèces sociales .....remettre en cause des comportements gagnants pour le groupe mais non "rationnels" au 1er ras bord.
Ce qui était (cherché), c'était la variété culturelle, non l'évolution cognitive qui a boosté l'émergence de la conscience.
Bon . C'est juste une proposition.
Kercos- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 1374
Date d'inscription : 25/04/2022
Re: Vivre le moment présent
Il y a d' autres réponses au paradoxe :Saint-Ex a écrit:.
Se pourrait-il que la conscience soit une erreur de la sélection naturelle ?
On pourrait être tenté de le croire sous l'éclairage du paradoxe de Fermi.
«Si l'univers est si vaste et si ancien, et si la vie intelligente est susceptible d'exister ailleurs que sur Terre, pourquoi n'avons-nous encore observé aucun signe de son existence ?»
Deux réponses s'offrent à nous :
1 ) La vie dépourvue de conscience existe ou même pullule dans la Galaxie, mais elle n'a permis l'invention d'aucun moyen de signaler son existence à notre entendement.
2 ) La conscience a déjà émergé dans la Galaxie, et elle a même pu émerger des milliers et des millions de fois, mais elle a toujours été la cause d'une inévitable et rapide destruction de toutes les espèces vivantes de la planète où elles vivaient.
Cette pensée à deux balles me permet de patienter dans l'attente d'une livraison de quelques meubles IKÉA, marque qui participe activement (et grâce à moi, en plus ! ...) à la destruction de la vie sur terre, ce dont personne n'aura jamais entendu parler nulle part dans la Galaxie après que cela se sera produit.
<<< ça, c'est la musique du Titanic ...
La vie existe partout dans l' univers mais à des a des distances tellement immenses qu' aucun appareil ne peut être envoyé et reçu sur terre à l'échelle de la durée d' existence de notre civilisation.
Ils sont déjà là depuis longtemps et nous observent, nous étudient mais nous sommes incapables de les " voir " , comme un insecte est incapable de nous percevoir en tant qu' être humain.
Notre vie, notre conscience sont répandues dans l' univers mais banales et sans intérêt pour les extraterrestres.
Notre espèce présente un tel potentiel de danger que les extratarrestres nous évitent méticuleusement.
Re: Vivre le moment présent
La nature n ayant pas fait correctement son travail nous le mimons (mimétisme) en diversifiant les cultures.kercoz a écrit:Ma proposition serait que nous avons développé une variété culturelle pour remplacer cette absence d'altérité génétique.
Est-ce ce que tu penses ?
pre- suppose que la variabilité génétique est cherchée.kercoz a écrit:Ce qui était (cherché), c'était la variété culturelle,
Tu introduis du finalisme au niveau génétique . Ce qui est dejà un problème.
de plus Quand il semble faire défaut (ne plus produire des sous espèces ) tu réintroduis le finalisme mais au niveau culturel.
or ce finalisme contredit la rigidité naturelle.
Le plus simple serait de tabler sur la variabilité
de l'environnement. Là on peut faire le lien avec
l'épigénétique.(avec prudence car la question des mutation reste ouverte)
hks- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 12510
Localisation : Hauts de Seine
Date d'inscription : 04/10/2007
Re: Vivre le moment présent
Kercos a écrit:
/
Dans l'évolution de notre espèce, l'individu a perdu sa liberté pour se socialiser ....
jean jacques rousseau et freud ne disent pas autre chose.
après, cette "liberté" perdue n'est peut être pas très enviable...
denis_h- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 682
Date d'inscription : 24/11/2020
Re: Vivre le moment présent
hks a écrit:La nature n ayant pas fait correctement son travail nous le mimons (mimétisme) en diversifiant les cultures.kercoz a écrit:Ma proposition serait que nous avons développé une variété culturelle pour remplacer cette absence d'altérité génétique.
Est-ce ce que tu penses ?pre- suppose que la variabilité génétique est cherchée.kercoz a écrit:Ce qui était (cherché), c'était la variété culturelle,
Tu introduis du finalisme au niveau génétique . Ce qui est dejà un problème.
de plus Quand il semble faire défaut (ne plus produire des sous espèces ) tu réintroduis le finalisme mais au niveau culturel.
or ce finalisme contredit la rigidité naturelle.
Le plus simple serait de tabler sur la variabilité
de l'environnement.
Je passe par le "comme si" en introduisant un pseudo déterminisme uniquement pour faciliter la réflexion.
""""La nature n ayant pas fait correctement son travail nous le mimons (mimétisme) en diversifiant les cultures.
Est-ce ce que tu penses ?""".
Non, ..il n'y a pas de volonté. L'altérité adaptative est un processus opportuniste qui procède par élimination: Sur un territoire favorable, ceux qui n'adoptent pas un comportement optimisé son éliminés (se reproduisent moins). La variété des comportements autorise cette sélection. Devant la multiplicité et la variabilité de l'agressivité environnementale (ere glaciaire, ennemis, épidémies..), l'absence de possibilité d'hybridation a "obligé" une sélection basée sur une évolution cognitive. Cette évolution cognitive permet une modification des comportements bénéfiques au groupe et à l'espèce en terme de résilience, voire de survie. (D'apres les études statistiques de hublin, notre espèce a failli disparaitre en Europe au néolithique. ).
Je table effectivement sur la variabilité de l'environnement en tant que moteur de l'évolution.....C' est l'existence des marées qui a boosté (sinon permis) le passage de la vie maritime sur terre.
La variété culturelle n'est pas cherchée (ou alors "comme si", mais trouvée : L'exemple que je donne habituellement, c'est celui de Lévi Strauss qui constate que certains groupes d'une même ethnie CHOISISSENT la polygamie pour leurs cadres (probablement du fait que c'est plutot un boulot chiant d'ouvrier communal). Ce choix induit un déséquilibre des possibilités de couples chez les jeunes qui compensent en boostant un processus de razzia qui devait être latent. Les enfants nés ne pouvant se référer au frère de la mère comme référence masculine du processus matriarcal, il s'ensuit des lignées patriarcale.......etc ...de guerriers nécessaire aux chefs ...on a donc une aristocratie guerrière en parrallèle a la lignée matriarcale .....Une nouvelle culture.
Kercos- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 1374
Date d'inscription : 25/04/2022
Re: Vivre le moment présent
alain a écrit:
Oui en fait apprendre a estimer la valeur de ce qui se trouve dans notre prison.
C' est un peu comme s' occuper à bien protéger son intérieur, avoir un bel appartement fonctionnel qui nous donne une sécurité impossible à trouver dans la rue.
Après avoir fait l' état des lieux - du chez soi - il faut pourtant, toujours, tenter de répondre aux multiples défis qui se présentent.
Que la raison suffise, en elle même, je n' y crois pas trop non plus.
Ou tout au moins il faut qu' elle reste un outil et non une fin en soi.
« Que l’homme étant revenu à soi considère ce qu’il est... » n’est ce pas ce que pourrait dire un contemporain qui cherche à comprendre l’évolution du monde, pas un qui cherche un discours qui rassure bien entendu !!!
Aujourd’hui après que nous ayons appris à distinguer rationnellement les sources de connaissance, l’homme occidental est en train de revenir à lui. Fini la rupture ontique qui faisait de l’homme un être à part au sein du vivant, fini le dualisme ontologique qui distinguait irréductiblement le corps et l’esprit, fini le créationnisme place à l’évolutionnisme biologique mais aussi culturel, fini le gnoséocentrisme...et toutes les imprudences de la métaphysique et de la raison suffisante. Fini les intuitions sur l’être et toutes ces formes habituelles de la métaphysique, qui conduisent à des affirmations vides de contenus, des coquilles vides comme disait Pascal dans « qu’est ce que le moi ».
Pascal a triomphé de son ennemi intime, « l’inutile et incertain » M Descartes et ses spéculations incertaines par kO au quatre centième round.
Pour paraphraser Nietzsche lorsqu’il reprend l’allégorie de la caverne platonicienne. L’« ombre formidable et effrayante » que les esclaves contemplent n’est rien d’autre que le souvenir d’une métaphysique dont on s’obstine à nier la mort. Comme chez Platon, la lumière symbolise la connaissance vraie que l’« insensé » prophétise, de même que l’ombre projetée symbolise la voie de l’illusion qui prend ici une valeur coutumière. « La métaphysique est morte mais telle est la nature des hommes que, des millénaires durant peut-être, il y aura des cavernes où l’on montrera encore son ombre. — Et quant à nous autres — il nous faut vaincre son ombre aussi. »
baptiste- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 3117
Date d'inscription : 21/03/2012
Re: Vivre le moment présent
Baptiste,
Le discours qui rassure ne fonctionne jamais véritablement : il endort plutôt.
Pascal fait un état des lieux qui est tout sauf rassurant.
Revenir à soi sous entend l' idée d' une boucle ou l' être humain se serait égaré avant de retrouver son foyer, son " chez soi ".
Mais il y a d' autres définitions et tout une gamme de nouveaux outils qui nous attendent " à la maison ". Serons nous capables de nous en servir ?
A mon avis, il nous faudra toujours conserver l' enseignement du voyage.
Une boucle n' est jamais inutile à parcourir.
Le discours qui rassure ne fonctionne jamais véritablement : il endort plutôt.
Pascal fait un état des lieux qui est tout sauf rassurant.
Revenir à soi sous entend l' idée d' une boucle ou l' être humain se serait égaré avant de retrouver son foyer, son " chez soi ".
Mais il y a d' autres définitions et tout une gamme de nouveaux outils qui nous attendent " à la maison ". Serons nous capables de nous en servir ?
A mon avis, il nous faudra toujours conserver l' enseignement du voyage.
Une boucle n' est jamais inutile à parcourir.
Re: Vivre le moment présent
Vanleers a écrit:
Comme il l’écrit dans le passage en discussion, le pape vise la recherche du vrai bonheur.
Je doute que Pascal pense que celui qui va se pendre va connaître le vrai bonheur.
Si c’est la vérité comment fais tu pour t'y retrouver et distinguer la vérité du dieu strictement rationnel de Spinoza de celui de Pascal qui semble partager la doctrine fidéiste de Montaigne en disant que les principes de la théologie « sont au-dessus de la nature et de la raison, et que, l’esprit de l’homme étant trop faible pour y arriver par ses propres efforts, il ne peut parvenir à ces hautes intelligences s’il n’est porté par une force toute-puissante et surnaturelle » Par conséquent, l’usage méthodique de la raison, pour lui, ne mène pas à la vérité de la théologie.
baptiste- Digressi(f/ve)
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