Faut-il vivre solitaire ?
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poussbois
Rêveur
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Faut-il vivre solitaire ?
On vient d'utiliser à nouveau une expression qui m'énerve : "la vie est moins chère là-bas". On peut trouver par ailleurs sur une même idée "gagner sa vie"... Dans les deux cas, il s'agit de la condition de l'individu, de sa situation... "La vie est chère" signifie d'abord "les biens et services nécessaires pour ma subsistance sont difficilement accessibles, ils demandent une certaine quantité d'argent", puis "les biens et services qui me sont agréables, le nécessaire comme le superflu, tout ce que je peux consommer, demandent une certaine quantité d'argent (autrement dit, le pouvoir d'achat est faible)". N'associe-t-on pas alors la vie à la consommation ? Je veux dire, notre époque n'oublie-t-elle pas que nous ne sommes pas simplement des consommateurs, mais aussi des puissances intérieures, des esprits ? La vie de l'esprit n'est-elle pas gratuite ? Celle du corps n'est-elle pas indépendante de la consommation superflue ? La vie m'a été donnée, je ne l'ai pas achetée.
À rester dans nos villes, dans nos espaces urbanisés occidentaux, nos esprits s'aliènent. Partout, on suscite notre désir, on nous tente, on croit détenir dans ses mains, avec un certain bien, un certain service, le secret du bonheur, de la liberté, de la valeur. La publicité, de nos jours, s'en donne à cœur-joie. Celle de la "4G" nous propose de devenir un artiste, un héros, un aventurier (etc.), à travers sa formidable toile, simplement en recevant des vidéos des "vrais"... Une autre pour une voiture disait "pourquoi passer inaperçu ?", ce qui résonnait avec d'autres qui, dans la même idée, nous incitaient à être différents des autres, en consommant avec les autres... Comble de l'ironie !
Partout règne cet esprit moderne, peu s'en révoltent véritablement... Comment alors être soi avec ces personnes qui nous tentent, et nous croient étrange quand on est autre (quand on est soi), avec des personnes qui ont confié leur liberté à la société qui les cajole, dans cette société, donc, qui n'a que des tentations, des plaisirs, des fers à nous proposer ?
Faut-il alors se libérer de cette culture avilissante ?
Faut-il alors quitter les lieux urbanisés, rejoindre la nature ?
Ou bien faut-il y rester, combattre, et contre soi, pour la liberté ?
Faut-il donc, dans tous les cas, quitter ses attaches, être extérieur aux hommes, même en les côtoyant ?
Faut-il vivre solitaire ?
À rester dans nos villes, dans nos espaces urbanisés occidentaux, nos esprits s'aliènent. Partout, on suscite notre désir, on nous tente, on croit détenir dans ses mains, avec un certain bien, un certain service, le secret du bonheur, de la liberté, de la valeur. La publicité, de nos jours, s'en donne à cœur-joie. Celle de la "4G" nous propose de devenir un artiste, un héros, un aventurier (etc.), à travers sa formidable toile, simplement en recevant des vidéos des "vrais"... Une autre pour une voiture disait "pourquoi passer inaperçu ?", ce qui résonnait avec d'autres qui, dans la même idée, nous incitaient à être différents des autres, en consommant avec les autres... Comble de l'ironie !
Partout règne cet esprit moderne, peu s'en révoltent véritablement... Comment alors être soi avec ces personnes qui nous tentent, et nous croient étrange quand on est autre (quand on est soi), avec des personnes qui ont confié leur liberté à la société qui les cajole, dans cette société, donc, qui n'a que des tentations, des plaisirs, des fers à nous proposer ?
Faut-il alors se libérer de cette culture avilissante ?
Faut-il alors quitter les lieux urbanisés, rejoindre la nature ?
Ou bien faut-il y rester, combattre, et contre soi, pour la liberté ?
Faut-il donc, dans tous les cas, quitter ses attaches, être extérieur aux hommes, même en les côtoyant ?
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Rêveur- Digressi(f/ve)
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Re: Faut-il vivre solitaire ?
Thoreau n'a passé que deux années à Walden. :)
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poussbois- Digressi(f/ve)
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Re: Faut-il vivre solitaire ?
Vivre en solitaire c'est bien, mais à un certain âge ça devient plus dur parce qu'on '' rebondit '' moins facilement. De toutes façons, solitaire ou pas, si on ne possède pas un pouvoir d'achat minimum, on est mal barré. Disons qu'il faut au moins pouvoir payer tout ce qui est obligatoire.
Il faut donc d'abord avoir les moyens de survivre - bouffe, logement, santé - et ensuite on peut commencer à philosopher.
Dans le malheur, si on cherche à philosopher, on risque assez vite de déconner ( ce qui ne veut pas dire que dans le bonheur on ne va pas déconner, ce serai trop simple ).
A moins d'être génial.
Il faut donc d'abord avoir les moyens de survivre - bouffe, logement, santé - et ensuite on peut commencer à philosopher.
Dans le malheur, si on cherche à philosopher, on risque assez vite de déconner ( ce qui ne veut pas dire que dans le bonheur on ne va pas déconner, ce serai trop simple ).
A moins d'être génial.
Re: Faut-il vivre solitaire ?
Certes, mais solitaire comment ?
De façon lumineuse et temporaire, comme ont pu l'être Thoreau ou plus proche de nous Moitessier ?
Ou doloriste comme les stylites et autres anachorètes, martyrs permanents ?
Sachant que la solitude n'est jamais totale ni permanente. Même le plus haut des stylites justement est bien obligé de se faire ravitailler de temps en temps. A partir du moment où il y a échange, il n'y a plus de solitude.
Thoreau non plus n'était finalement pas solitaire. Walden est sous-titrée la vie dans les bois, pas la vie solitaire et d'ailleurs, il recevait dans sa cabane. Il voulait surtout pouvoir s'émerveiller de la Nature sans le filtre d'une organisation urbaine et technologique trop encombrante.
Je ne me souviens plus bien, mais je crois que c'est Henri Charrière qui élevait des cafards pour échapper à sa solitude pendant les périodes en cellule d'isolement (Papillon). Même le plus solitaire et le plus volontaire des ermites n'échappent pas aux stratagèmes de se recréer une compagnie sociale. Nous sommes des animaux grégaires qui ont besoin de compagnie pour échapper à la folie.
Le mythe du solitaire qui échappe ainsi aux "tentations" ou qui tourne le dos à la société est à mon avis un mythe fragile qui ne tient pas à l'analyse. Il a de plus des relents morbides que je trouve suspects.
Reste donc la question :
Faut-il tourner le dos aux tentations et faire retraite avec le problème qu'on n'est plus, ou moins, acteur de la société ? C'est l'engouement en ce moment des retraites spirituelles en monastère, plus ou moins longues. Ou bien la création de microsociétés résistantes dans des villages perdus, récupérés par des militants écolos, altermondialistes, anarchocommunistes, eugénistes (sisi, j'ai vu ça aux USA), etc.
Dans les deux cas, personne n'est "extérieur à l'homme", mais chacun cède devant la pression sociale pour se créer une microsociété acceptable. Cependant, la notion d'exemplarité de ses sociétés interagit avec une société plus globale pour peu qu'elle en ait connaissance. C'est donc encore et toujours une action politique, ni solitaire, ni isolée, disons juste marginale.
Ou faut-il rester dans la société et continuer à participer à la vie de la cité pour notamment la réorienter vers ce qui nous semblerait un meilleur bien commun ? Pour ce deuxième cas, j'aurais tendance à te répondre Rêveur, que tes préoccupations sur la tentation sont effectivement très chrétiennes, mais qu'elles ont été évacuées depuis longtemps par les penseurs hédonistes. Ces penseurs ne parlent pas en matière de tentation, mais d'économie des plaisirs. Une éducation attentive à cette économie nouvelle devrait justement nous permettre de nous délester de tout ce qui nous emprisonne dans des comportements serviles de consommateurs sans conscience. Mieux, cette économie des plaisirs hédonistes est une des bases d'un concept dont nous aurions bien besoin pour nous sauver collectivement de notre rapacité environnementale : la frugalité.
Tes questions montrent à mon sens les limites d'une approche uniquement morale ou spirituelle. Le concept de "tentation" est principalement utilisé pour emprisonner, non pour libérer. C'est sur ce concept qu'a été introduit la burka.
De plus, la tentation n'est que le mécanisme par lequel on tombe ou non vers plus ou moins de (dé)plaisir. Elle n’est pas mauvaise par elle-même, mais juste dans les conséquences des choix qu’on aura fait. Sans tentation, il n’y a aucun moteur, aucun désir, nous sommes morts.
Bref, ça renvoie surtout à ce que disais HKS dans un autre poste sur la liberté du Sage, libéré des passions... la "solitude" n'est qu'une modalité, un exercice zen, un rite de passage.
De façon lumineuse et temporaire, comme ont pu l'être Thoreau ou plus proche de nous Moitessier ?
Ou doloriste comme les stylites et autres anachorètes, martyrs permanents ?
Sachant que la solitude n'est jamais totale ni permanente. Même le plus haut des stylites justement est bien obligé de se faire ravitailler de temps en temps. A partir du moment où il y a échange, il n'y a plus de solitude.
Thoreau non plus n'était finalement pas solitaire. Walden est sous-titrée la vie dans les bois, pas la vie solitaire et d'ailleurs, il recevait dans sa cabane. Il voulait surtout pouvoir s'émerveiller de la Nature sans le filtre d'une organisation urbaine et technologique trop encombrante.
Je ne me souviens plus bien, mais je crois que c'est Henri Charrière qui élevait des cafards pour échapper à sa solitude pendant les périodes en cellule d'isolement (Papillon). Même le plus solitaire et le plus volontaire des ermites n'échappent pas aux stratagèmes de se recréer une compagnie sociale. Nous sommes des animaux grégaires qui ont besoin de compagnie pour échapper à la folie.
Le mythe du solitaire qui échappe ainsi aux "tentations" ou qui tourne le dos à la société est à mon avis un mythe fragile qui ne tient pas à l'analyse. Il a de plus des relents morbides que je trouve suspects.
Reste donc la question :
Faut-il tourner le dos aux tentations et faire retraite avec le problème qu'on n'est plus, ou moins, acteur de la société ? C'est l'engouement en ce moment des retraites spirituelles en monastère, plus ou moins longues. Ou bien la création de microsociétés résistantes dans des villages perdus, récupérés par des militants écolos, altermondialistes, anarchocommunistes, eugénistes (sisi, j'ai vu ça aux USA), etc.
Dans les deux cas, personne n'est "extérieur à l'homme", mais chacun cède devant la pression sociale pour se créer une microsociété acceptable. Cependant, la notion d'exemplarité de ses sociétés interagit avec une société plus globale pour peu qu'elle en ait connaissance. C'est donc encore et toujours une action politique, ni solitaire, ni isolée, disons juste marginale.
Ou faut-il rester dans la société et continuer à participer à la vie de la cité pour notamment la réorienter vers ce qui nous semblerait un meilleur bien commun ? Pour ce deuxième cas, j'aurais tendance à te répondre Rêveur, que tes préoccupations sur la tentation sont effectivement très chrétiennes, mais qu'elles ont été évacuées depuis longtemps par les penseurs hédonistes. Ces penseurs ne parlent pas en matière de tentation, mais d'économie des plaisirs. Une éducation attentive à cette économie nouvelle devrait justement nous permettre de nous délester de tout ce qui nous emprisonne dans des comportements serviles de consommateurs sans conscience. Mieux, cette économie des plaisirs hédonistes est une des bases d'un concept dont nous aurions bien besoin pour nous sauver collectivement de notre rapacité environnementale : la frugalité.
Tes questions montrent à mon sens les limites d'une approche uniquement morale ou spirituelle. Le concept de "tentation" est principalement utilisé pour emprisonner, non pour libérer. C'est sur ce concept qu'a été introduit la burka.
De plus, la tentation n'est que le mécanisme par lequel on tombe ou non vers plus ou moins de (dé)plaisir. Elle n’est pas mauvaise par elle-même, mais juste dans les conséquences des choix qu’on aura fait. Sans tentation, il n’y a aucun moteur, aucun désir, nous sommes morts.
Bref, ça renvoie surtout à ce que disais HKS dans un autre poste sur la liberté du Sage, libéré des passions... la "solitude" n'est qu'une modalité, un exercice zen, un rite de passage.
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poussbois- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 18/07/2012
Re: Faut-il vivre solitaire ?
Vivre dans la solitude la plus profonde, c'est nier la vie. C'est une réaction de défense envers un monde qui nous a blessé. Mais la solitude raisonnée, ça je prend! En fait, je me demande si la solitude absolue est possible. Tout homme, même blessé, possède encore l'ambition d'appartenir à une société, je pense. Thoreau, tout solitaire qu'il soit, a bien écrit des livres non?
Xeroxe- Digressi(f/ve)
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Re: Faut-il vivre solitaire ?
Ce qui fait peur , c'est qu'avec le Net il est assez facile de vivre solitaire.
Plus jeune , j' aimais bien partir seul en stop....seul , on est obligé de faire des rencontres ...à 2 on s'isole, même(surtout) à l' étranger.
Plus jeune , j' aimais bien partir seul en stop....seul , on est obligé de faire des rencontres ...à 2 on s'isole, même(surtout) à l' étranger.
Dernière édition par kercoz le Jeu 10 Juil 2014 - 8:02, édité 1 fois
kercoz- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 01/07/2014
Re: Faut-il vivre solitaire ?
Mouais.
La solitude, la vraie, c'est le film "seul au monde" qui la résume bien. Et là encore, il y a des stratagèmes pour y échapper. Un ballon de hand avec un petit sourire narquois devient le meilleur de nos amis.
J'ai l'impression que plus que de solitude, vous parlez de modalités d'ouverture au monde et aux autres. Avec des réductions d'intrants extérieurs pour arriver à des ermites comme Thoreau qui en plus d'écrire des livres recevaient très volontiers les visiteurs dans sa cabane. Ou au contraire avec une ouverture la plus large possible.
Internet ne rend pas solitaire, bien au contraire, mais il met à distance.
Partir en stop permet de faire des rencontres, partir en stop à deux permet surtout de rencontrer son compagnon.
Quant à la vie, je serais un peu comme Nitezsche et ses histoires de lianes héliophiles, je ne pense pas qu'il soit si simple de la nier et encore moins en se retirant du monde. L'énergie vitale est quelque chose de si primitif que même les végétaux la subissent. C'est si primaire que toute notre culture ne peut lutter contre.
Ce que j'avais trouvé intéressant dans le premier post de réveur, c'est moins cette tentation du solitaire que cette peur de la perversion, de la contamination par l'autre, et donc d'un repli. Repli qui peut-être existentielle où l'on va se retirer de toute source de tentation. Mais qui peut également être communautaire.
Ce qui m'intéresse personnellement, c'est plus cette idée que la perversion du monde est contagieuse et que nos fondements moraux sont trop fragiles pour être préservé dans un régime séculier. Le plus simple dans ce cas, si on accepte cette fragilité, étant effectivement de rentrer dans les règles. Réveur, dis moi si je me trompe, mais plus qu’une histoire de solitude, ton questionnement renvoie à la question du mode séculier ou régulier. Soit on s’applique une règle interne qui nous permet de vivre dans le siècle, soit on subit une règle externe qui compense nos faiblesses et nous permet de suivre notre code moral.
La solitude, la vraie, c'est le film "seul au monde" qui la résume bien. Et là encore, il y a des stratagèmes pour y échapper. Un ballon de hand avec un petit sourire narquois devient le meilleur de nos amis.
J'ai l'impression que plus que de solitude, vous parlez de modalités d'ouverture au monde et aux autres. Avec des réductions d'intrants extérieurs pour arriver à des ermites comme Thoreau qui en plus d'écrire des livres recevaient très volontiers les visiteurs dans sa cabane. Ou au contraire avec une ouverture la plus large possible.
Internet ne rend pas solitaire, bien au contraire, mais il met à distance.
Partir en stop permet de faire des rencontres, partir en stop à deux permet surtout de rencontrer son compagnon.
Quant à la vie, je serais un peu comme Nitezsche et ses histoires de lianes héliophiles, je ne pense pas qu'il soit si simple de la nier et encore moins en se retirant du monde. L'énergie vitale est quelque chose de si primitif que même les végétaux la subissent. C'est si primaire que toute notre culture ne peut lutter contre.
Ce que j'avais trouvé intéressant dans le premier post de réveur, c'est moins cette tentation du solitaire que cette peur de la perversion, de la contamination par l'autre, et donc d'un repli. Repli qui peut-être existentielle où l'on va se retirer de toute source de tentation. Mais qui peut également être communautaire.
Ce qui m'intéresse personnellement, c'est plus cette idée que la perversion du monde est contagieuse et que nos fondements moraux sont trop fragiles pour être préservé dans un régime séculier. Le plus simple dans ce cas, si on accepte cette fragilité, étant effectivement de rentrer dans les règles. Réveur, dis moi si je me trompe, mais plus qu’une histoire de solitude, ton questionnement renvoie à la question du mode séculier ou régulier. Soit on s’applique une règle interne qui nous permet de vivre dans le siècle, soit on subit une règle externe qui compense nos faiblesses et nous permet de suivre notre code moral.
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poussbois- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 18/07/2012
Re: Faut-il vivre solitaire ?
On ne quitte une aliénation que pour une autre ...et la meilleure objectivité que l' on peut espérer , c'est de choisir sa subjectivité , son "aliénation" . Du moins elle est consciente, admise et non subie.poussbois a écrit: Le plus simple dans ce cas, si on accepte cette fragilité, étant effectivement de rentrer dans les règles......... Soit on s’applique une règle interne qui nous permet de vivre dans le siècle, soit on subit une règle externe qui compense nos faiblesses et nous permet de suivre notre code moral.
Puisque nous sommes condamnés aux chaines , autant les choisir .
L' individu ne pouvant se formater que par un groupe , par les autres , la solitude ( totale ou relative)ne pourra être choisie qu'après ce formatage et donc a un moment précis qui "fixe" ce formatage qui était évolutif.....en considérant par ailleurs que ce choix de l' écart peut être structurant sur l' acquis social.
Ta phrase """Internet ne rend pas solitaire, bien au contraire, mais il met à distance. """"
pose un problème important. Entre l' individu Solitaire et l' individu social, il est facile de faire un constat par le nombre d'interactions .....Mais la qualité des interactions n' y est pas prise en compte . Il me semble que nous sommes optimisé dans le modèle qui nous a formaté ( je retombe sur ce critère de "rigidité")....et que ce modèle est basé sur des d'interactions peu fréquentes et surtout avec des acteurs peu nombreux et "connus" .
La quantité oblige à dévaloriser l' interaction....En stop, j'étais impressionné par la facilité de prise de contact avec l' Allemand . Tu peux demander l' heure a une fille sans qu'elle crie au viol....mais j'ai été choqué du fait qu'apres avoir discuté une soirée avec des gars , ils ne m' adressent pratiquement pas la parole le lendemain .....La facilité -quantité d' interactions oblige à les dévaloriser ..la rareté au contraire va les surévaluer .
kercoz- Digressi(f/ve)
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Re: Faut-il vivre solitaire ?
Pose musicale :
https://www.youtube.com/watch?v=ZfNv1p6s458
https://www.youtube.com/watch?v=ZfNv1p6s458
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TIMSHEL
kercoz- Digressi(f/ve)
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Re: Faut-il vivre solitaire ?
https://www.youtube.com/watch?v=t3ZhnD7tI8A
J'ai un ami Algérien qui m'a raconté quelques rencontres dans le désert du sud de l'Algérie. Ce sont des rencontres rares, mais intenses. Et le souvenir reste. On est bien d'accord.
Pour en revenir à ces histoires de chaînes, j'ai l'impression que le problème de la solitude est mal posée car effectivement elle est vue comme seul rempart à des "tentations" que personnellement je traduirais par un risque de renoncer à des valeurs morales. Effectivement, il s'agit alors de choisir ces chaînes entre un 1/ rigorisme moral personnel, 2/ un isolement des sources de perversion, une diminution des contacts avec les sources de tentations, ou 3/ l'intégration dans une communauté suivant des régles qui garantissent la protection de notre morale fragile.
Mais dans ce cas, la solitude seule n'est pas suffisante. Si notre morale est défaillante en société, pourquoi ne le serait-elle pas une fois isolée ? On évacue la tentation certes, mais les besoins n'en sont qu'exacerbés et il n'y a plus possibilité de se prémunir, d'apprendre, de gérer ces besoins, bref de construire une économie des besoins et désirs.
Et enfin, est-ce que le rigorisme moral est si important que cela s'il doit nous priver d'une vie en société ? Il y a dans le rigorisme une forme de morbidité ou au minimum d'ascèse qui enferme et limite cette lebensphilosophie tant défendu par Nietzsche par exemple.
J'ai un ami Algérien qui m'a raconté quelques rencontres dans le désert du sud de l'Algérie. Ce sont des rencontres rares, mais intenses. Et le souvenir reste. On est bien d'accord.
Pour en revenir à ces histoires de chaînes, j'ai l'impression que le problème de la solitude est mal posée car effectivement elle est vue comme seul rempart à des "tentations" que personnellement je traduirais par un risque de renoncer à des valeurs morales. Effectivement, il s'agit alors de choisir ces chaînes entre un 1/ rigorisme moral personnel, 2/ un isolement des sources de perversion, une diminution des contacts avec les sources de tentations, ou 3/ l'intégration dans une communauté suivant des régles qui garantissent la protection de notre morale fragile.
Mais dans ce cas, la solitude seule n'est pas suffisante. Si notre morale est défaillante en société, pourquoi ne le serait-elle pas une fois isolée ? On évacue la tentation certes, mais les besoins n'en sont qu'exacerbés et il n'y a plus possibilité de se prémunir, d'apprendre, de gérer ces besoins, bref de construire une économie des besoins et désirs.
Et enfin, est-ce que le rigorisme moral est si important que cela s'il doit nous priver d'une vie en société ? Il y a dans le rigorisme une forme de morbidité ou au minimum d'ascèse qui enferme et limite cette lebensphilosophie tant défendu par Nietzsche par exemple.
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poussbois- Digressi(f/ve)
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Re: Faut-il vivre solitaire ?
Désolé , je n' avais pas vu ta réponse.
Personnellement je pense que la solitude comme l' excès de présence ( j" y classe l' urbanité), sont deux extrêmes qui ne peuvent que pervertir une optimisation de l' individu .....je me place uniquement sur le coté "chair" des épicuriens ...pas tellement sur une approche morale qui bien sur y est majeure.
J'ai repris de façon plus suivie des activités potagères depuis une dizaine d'années et j' ai de gros problèmes de gestion du relationnel avec les voisins . Ex: assis près de mes buttes ( je bosse plutot assis, avec un café ou une bière) ) je jardine quelque trucs et souvent survient un voisin qui passe devant .....Le premier passage , suivant le voisin , je gère assez bien, trop bien même , ça peut prendre une plombe......s' il repasse avec sa poubelle , je suis mal ...quoi faire , de l' évitement en regardant ailleurs , un signe de tête , un sourire ,une phrase débile ? .......Ce genre de comportements qui étaient autrefois complètement "règlés" , codifiés ...sans aucun problème, appris par la "culture " du groupe devient traumatisant .
C'est un exemple qui voudrait montrer que nos interactions nécessitent un modèle structurel et environnemental "type" ( ou ,bien sur proche de ce type) pour optimiser l' individu .
Ton histoire désertique me fait penser a mon exercice philo qui a consisté a refuser le salut sur une randonnée tres classique ( lac de Gaube) a paques !.....c'est quasi impossible ! pourtant tous ces blaireaux déguisés en décat£lon avec baton de ski ...tres dur !
Mais je me suis posé la question de ce salut pédestre . Quand tu marche hors humanité ou hors modernité , tu es en situation dangereuse ...hors de ton groupe ...et si après 4h tu croise un humain, il devient un proche , va te fournir des infos sur le temps , la route , etc ...le salut est justifié et même nécessaire .
De même quand on arrive a un bled ...on croise un " local" ...qui doit saluer l' autre ? Tout ça ce sont des règles et rites règlés par les Daiemons .
Personnellement je pense que la solitude comme l' excès de présence ( j" y classe l' urbanité), sont deux extrêmes qui ne peuvent que pervertir une optimisation de l' individu .....je me place uniquement sur le coté "chair" des épicuriens ...pas tellement sur une approche morale qui bien sur y est majeure.
J'ai repris de façon plus suivie des activités potagères depuis une dizaine d'années et j' ai de gros problèmes de gestion du relationnel avec les voisins . Ex: assis près de mes buttes ( je bosse plutot assis, avec un café ou une bière) ) je jardine quelque trucs et souvent survient un voisin qui passe devant .....Le premier passage , suivant le voisin , je gère assez bien, trop bien même , ça peut prendre une plombe......s' il repasse avec sa poubelle , je suis mal ...quoi faire , de l' évitement en regardant ailleurs , un signe de tête , un sourire ,une phrase débile ? .......Ce genre de comportements qui étaient autrefois complètement "règlés" , codifiés ...sans aucun problème, appris par la "culture " du groupe devient traumatisant .
C'est un exemple qui voudrait montrer que nos interactions nécessitent un modèle structurel et environnemental "type" ( ou ,bien sur proche de ce type) pour optimiser l' individu .
Ton histoire désertique me fait penser a mon exercice philo qui a consisté a refuser le salut sur une randonnée tres classique ( lac de Gaube) a paques !.....c'est quasi impossible ! pourtant tous ces blaireaux déguisés en décat£lon avec baton de ski ...tres dur !
Mais je me suis posé la question de ce salut pédestre . Quand tu marche hors humanité ou hors modernité , tu es en situation dangereuse ...hors de ton groupe ...et si après 4h tu croise un humain, il devient un proche , va te fournir des infos sur le temps , la route , etc ...le salut est justifié et même nécessaire .
De même quand on arrive a un bled ...on croise un " local" ...qui doit saluer l' autre ? Tout ça ce sont des règles et rites règlés par les Daiemons .
kercoz- Digressi(f/ve)
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Re: Faut-il vivre solitaire ?
Moi je trouve qu'il y a une certaine forme de "bonne santé" mentale à se poser la question du rapport au monde à l'âge où tout semble encore possible. Évidemment, le choix est une forme de leurre (mentalement au moins, physiquement c'est d'actualité) dans la mesure où l'on transporte le monde avec soi, y compris jusqu'aux ermites hindous. Sauf qu'eux ont la possibilité de faire perdurer leur choix : il y a une place sociale pour eux. Ici c'est plus dangereux : si à un moment on change d'avis et on veut revenir à la "civilisation", tout semble organisé pour nous en empêcher (déjà au niveau professionnel, ce dont les jeunes sont d'autant conscients qu'ils vivent la crise comme structurelle). On est donc condamné à un certain nomadisme, à moins d'avoir la chance de récupérer les wagons en trouvant un mode de vie qui fonctionne de façon pérenne (il est alors oui, question de chance).
Pas simple...
Et plus ça va, plus on est en capacité de choisir, moins on a de possibilités d'actions. Le temps est mal foutu.
Pas simple...
Et plus ça va, plus on est en capacité de choisir, moins on a de possibilités d'actions. Le temps est mal foutu.
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Jimi Hendrix is God, et Deleuze est son prophète
Aldo- Digressi(f/ve)
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Re: Faut-il vivre solitaire ?
Pourtant c'est plus facile que tu ne le penses . Un des trucs qui m' ont marqué lors de ma pérégrination en stop , c'est la facilité de cette "fuite" et le ridicule de cette croyance en la dépendance .....J' avais calculé ne plus pouvoir payer le train ou car a la frontière Danoise ...je pensais que cette frontière monétaire allait me traumatiser. c'est le contraire qui s'est passé ! Je me suis senti hyper libre et j'etais persuadé , de par l' experience en cours , que c'etait des plus facile de voyager , manger , dormir ......cette facilité m' a presque persuadé de ne pas revenir étudier !Aldo a écrit: si à un moment on change d'avis et on veut revenir à la "civilisation", tout semble organisé pour nous en empêcher (déjà au niveau professionnel, ce dont les jeunes sont d'autant conscients qu'ils vivent la crise comme structurelle). On est donc condamné à un certain nomadisme, à moins d'avoir la chance de récupérer les wagons en trouvant un mode de vie qui fonctionne de façon pérenne (il est alors oui, question de chance).
Pas simple...Et plus ça va, plus on est en capacité de choisir, moins on a de possibilités d'actions. Le temps est mal foutu.La cage est de plus en plus petite et la porte grande ouverte . Le "système" a tellement confiance dans notre aliénation qu'il n' a même pas besoin de contrainte et va jusqu'a sponsoriser les rares qui veulent s'échapper .
kercoz- Digressi(f/ve)
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Re: Faut-il vivre solitaire ?
Oui oui, c'est ce que je dis. A vingt ans c'est facile de sentir libre et de choisir n'importe quoi.
Et donc : plus ça va...
(etc)
Et donc : plus ça va...
(etc)
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Aldo- Digressi(f/ve)
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Re: Faut-il vivre solitaire ?
En effet , j' aurais du préciser que cette pérégrination en stop date des années 70.Aldo a écrit:Oui oui, c'est ce que je dis. A vingt ans c'est facile de sentir libre et de choisir n'importe quoi.
Et donc : plus ça va...
(etc)
kercoz- Digressi(f/ve)
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