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Re: Vivre le moment présent
Grégor a écrit:Baptiste,
Je te remets la démonstration :
.
Il y a de nombreuses manières d’aborder l’activité de penser ou de philosopher. Il y a celle que dénonçait Bourdieu dans les méditations pascalienne qui consiste à poser des questions qui ne se posent pas d’elles mêmes afin de tenir des discours qui « distinguent », occuper ses loisirs ou assouvir une soif de reconnaissance ou encore pour le plaisir de la palabre. Il y a aussi une autre, celle que proposait par exemple les stoïciens, Pascal ou Bergson ou encore Arendt qui consiste à « regarder en soi et hors de soi » pour répondre aux questions que posent le monde.
Tu m’avais dit que tu n’avais pas trouvé le temps pour répondre puis que la différence de niveau entre nous rendait tout dialogue impossible et puis voila que soudain tu trouves du temps et de l’envie. Ne crois pas que je sois vexé, je pense qu’il y a surtout entre nous un grand écart d’âge et plus jeune j’ai peut-être été encore plus « coq » que toi, mais je ne suis plus jeune, je n’ai plus de problème d’égo et le monde me questionne de manière pressante.
Seule la seconde manière m’intéresse, j’en resterai donc là de cette discussion.
baptiste- Digressi(f/ve)
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Re: Vivre le moment présent
Grégor a écrit:Or, rien de plus abstrait en géométrie qu’un point, qui n’a aucune dimension spatiale et qui ne peut donc absolument pas exister dans la réalité, par exemple, sur une feuille de papier et pourtant rien de plus concret, quand il s’agit du temps, que l’instant. Encore, que cet instant n’est intelligible que par ce qu’il n’est en apparence pas, à savoir, les deux moments qu’il sépare et réunit tout à la fois. Donc le présent n’est que par les états futurs et passés qui lui donnent un sens.
Je reviens à votre post initial qui a ouvert ce fil.
Sur une feuille de papier, je trace un axe O x et, sur cet axe, je considère le segment de droite compris entre les points d’abscisses 0 et 1.
Ce segment est de longueur 1.
Ce segment est constitué d’une infinité de points dont la longueur est strictement égale à zéro.
Cette longueur 1 est la somme d’une infinité de longueurs toutes égales à zéro.
D’où paradoxe.
Notons que si je ne prenais en compte que les points d’abscisses rationnelles, la somme de leurs longueurs serait alors strictement égale à zéro, l’ensemble des points d’abscisses rationnelles du segment 0 1 étant négligeable dans l’ensemble des poins d’abscisses réelles du segment.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ensemble_n%C3%A9gligeable
Bien entendu, ceci concerne le temps spatialisé qui est plutôt le temps de la physique mais ceci montre la difficulté de concevoir l’instant et la durée comme une suite d’instants.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Vivre le moment présent
Vanleers a écrit:Grégor a écrit:Or, rien de plus abstrait en géométrie qu’un point, qui n’a aucune dimension spatiale et qui ne peut donc absolument pas exister dans la réalité, par exemple, sur une feuille de papier et pourtant rien de plus concret, quand il s’agit du temps, que l’instant. Encore, que cet instant n’est intelligible que par ce qu’il n’est en apparence pas, à savoir, les deux moments qu’il sépare et réunit tout à la fois. Donc le présent n’est que par les états futurs et passés qui lui donnent un sens.
Je reviens à votre post initial qui a ouvert ce fil.
Sur une feuille de papier, je trace un axe O x et, sur cet axe, je considère le segment de droite compris entre les points d’abscisses 0 et 1.
Ce segment est de longueur 1.
Ce segment est constitué d’une infinité de points dont la longueur est strictement égale à zéro.
Cette longueur 1 est la somme d’une infinité de longueurs toutes égales à zéro.
D’où paradoxe.
Notons que si je ne prenais en compte que les points d’abscisses rationnelles, la somme de leurs longueurs serait alors strictement égale à zéro, l’ensemble des points d’abscisses rationnelles du segment 0 1 étant négligeable dans l’ensemble des poins d’abscisses réelles du segment.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ensemble_n%C3%A9gligeable
Bien entendu, ceci concerne le temps spatialisé qui est plutôt le temps de la physique mais ceci montre la difficulté de concevoir l’instant et la durée comme une suite d’instants.
La description du temps donné par mon grand ami Vanleers est une description mathématique de nature postulante (la longueur du point est strictement égale à zéro).
La description du temps donné par la physique moderne ne part pas de la notion mathématique d’une infinité de points de longueurs toutes égales à zéro, mais toutes égales à la longueur de Planck, soit 1,6×10^−35 mètre. À cette échelle, l'espace-temps est granulaire. On peut considérer que cette longueur de Planck est la mesure physique de l'instant, mais cela ne permettra pas la moindre perception par l'humain d'un instant impossible à mesurer et dont on fait bien de qualifier de durée sans préciser la mesure de cette durée, qui dépend étroitement de la situation physiologique et mentale de chaque individu.
Cela dit, les sciences du vivant permettent de comprendre que le présent est le seul temps permettant toute action, y compris celle de consulter des souvenirs nommés arbitrairement «passé». Voir à ce sujet la réflexion de Nietzsche sur le mot désignant une vérité alors qu'il désigne en réalité une fausseté dont l'habitude a fait une vérité par convention sociale.
http://web.nietzsche.free.fr/verite.htm
.
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Le matérialisme scientifique est une philosophie.
Le matérialisme scientifique n’est autre que la philosophie logiquement appropriée à l’activité scientifique.
Au nom de l'art, de la science et de la philosophie, ainsi soit-il.
Saint-Ex- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 01/07/2023
Re: Vivre le moment présent
Saint-Ex a écrit:
La description du temps donné par la physique moderne ne part pas de la notion mathématique d’une infinité de points de longueurs toutes égales à zéro, mais toutes égales à la longueur de Planck, soit 1,6×10^−35 mètre. À cette échelle, l'espace-temps est granulaire. On peut considérer que cette longueur de Planck est la mesure physique de l'instant, mais cela ne permettra pas la moindre perception par l'humain d'un instant impossible à mesurer et dont on fait bien de qualifier de durée sans préciser la mesure de cette durée, qui dépend étroitement de la situation physiologique et mentale de chaque individu.
étonnant.
ainsi, ce que nous, pauvres créatures humaines prenons pour du temps, serait en réalité réductible à de l'espace.
ainsi, il n'y aurait QUE de l'espace : de l'étendu, du fixe, de la juxtaposition immobile.
ainsi la totalité (?) du cosmos serait déjà là, immuable, de toute éternité.
denis_h- Digressi(f/ve)
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Re: Vivre le moment présent
denis_h a écrit:Saint-Ex a écrit:
La description du temps donné par la physique moderne ne part pas de la notion mathématique d’une infinité de points de longueurs toutes égales à zéro, mais toutes égales à la longueur de Planck, soit 1,6×10^−35 mètre. À cette échelle, l'espace-temps est granulaire. On peut considérer que cette longueur de Planck est la mesure physique de l'instant, mais cela ne permettra pas la moindre perception par l'humain d'un instant impossible à mesurer et dont on fait bien de qualifier de durée sans préciser la mesure de cette durée, qui dépend étroitement de la situation physiologique et mentale de chaque individu.
étonnant.
ainsi, ce que nous, pauvres créatures humaines prenons pour du temps, serait en réalité réductible à de l'espace.
ainsi, il n'y aurait QUE de l'espace : de l'étendu, du fixe, de la juxtaposition immobile.
ainsi la totalité (?) du cosmos serait déjà là, immuable, de toute éternité.
Nous, pauvres créatures humaines, nous ne nous pas encore habitués au fait que l'espace, c'est du temps, et que le temps, c'est de l'espace. Le terme «espace-temps» est trop nouveau pour nous ...
.
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Au nom de l'art, de la science et de la philosophie, ainsi soit-il.
Saint-Ex- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 01/07/2023
Re: Vivre le moment présent
ça me semble en effet anti-intuitif.
denis_h- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 24/11/2020
Re: Vivre le moment présent
samedi vers midi dans le quartier de mouffetard
la vieille dame assise à la terrasse du café
sur la table un verre de whisky
un autre verre contenant des glaçons
un paquet de marlboro rouges
un petit pot de biscuits apéritifs
la vieille dame immobile
regarde droit devant elle
allume une cigarette
tire une ou deux bouffées
met la de la glace dans le whisky
et sirote une gorgée
le bonheur se lit sur son visage
ainsi soit-il
lundi soir vingt heures avenue de l'observatoire
nuit presque tombée temps humide
reflets de phares sur le trottoir mouillé
la journée a été longue
comme souvent le lundi
j'aspire une bouffée de vapoteuse
et rejette la vapeur
qui monte
monte
monte
et se perd dans l'obscurité
si le temps
était réductible à l'espace
et si l'espace
était réductible au temps
comme le disent certains savants
ma fumée pourrait rencontrer
celle de la vielle dame
la vieille dame assise à la terrasse du café
sur la table un verre de whisky
un autre verre contenant des glaçons
un paquet de marlboro rouges
un petit pot de biscuits apéritifs
la vieille dame immobile
regarde droit devant elle
allume une cigarette
tire une ou deux bouffées
met la de la glace dans le whisky
et sirote une gorgée
le bonheur se lit sur son visage
ainsi soit-il
lundi soir vingt heures avenue de l'observatoire
nuit presque tombée temps humide
reflets de phares sur le trottoir mouillé
la journée a été longue
comme souvent le lundi
j'aspire une bouffée de vapoteuse
et rejette la vapeur
qui monte
monte
monte
et se perd dans l'obscurité
si le temps
était réductible à l'espace
et si l'espace
était réductible au temps
comme le disent certains savants
ma fumée pourrait rencontrer
celle de la vielle dame
denis_h- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 682
Date d'inscription : 24/11/2020
Re: Vivre le moment présent
.
Petite remarque sans grande importance : Le temps est irréductible à l'espace, et l'espace est irréductible au temps, mais tous deux sont réductibles à l'espace-temps.
Cela dit, j'aime bien ton poème.
.
Petite remarque sans grande importance : Le temps est irréductible à l'espace, et l'espace est irréductible au temps, mais tous deux sont réductibles à l'espace-temps.
Cela dit, j'aime bien ton poème.
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Saint-Ex- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 01/07/2023
Re: Vivre le moment présent
C' est possible, à moins que le cosmos ne soit qu' une production d' un absolu.denis_h a écrit:Saint-Ex a écrit:
La description du temps donné par la physique moderne ne part pas de la notion mathématique d’une infinité de points de longueurs toutes égales à zéro, mais toutes égales à la longueur de Planck, soit 1,6×10^−35 mètre. À cette échelle, l'espace-temps est granulaire. On peut considérer que cette longueur de Planck est la mesure physique de l'instant, mais cela ne permettra pas la moindre perception par l'humain d'un instant impossible à mesurer et dont on fait bien de qualifier de durée sans préciser la mesure de cette durée, qui dépend étroitement de la situation physiologique et mentale de chaque individu.
étonnant.
ainsi, ce que nous, pauvres créatures humaines prenons pour du temps, serait en réalité réductible à de l'espace.
ainsi, il n'y aurait QUE de l'espace : de l'étendu, du fixe, de la juxtaposition immobile.
ainsi la totalité (?) du cosmos serait déjà là, immuable, de toute éternité.
Car le cosmos est quand même une " chose " physique, contenant- ou faites d' - une multitude d' autres choses physiques, et je ne vois pas comment ce qui est immuable et éternel peut avoir également une réalité physique ?
A priori, concernant l' éternité immuable, je penserais plutôt à des équations physiques ou mathématiques, à la notion d' " idée originelle ", ou même à Dieu ( pour les croyants ).
Pour moi, ce qui est matériel et physique a obligatoirement un début et une fin.
Re: Vivre le moment présent
alain a écrit:C' est possible, à moins que le cosmos ne soit qu' une production d' un absolu.denis_h a écrit:Saint-Ex a écrit:
La description du temps donné par la physique moderne ne part pas de la notion mathématique d’une infinité de points de longueurs toutes égales à zéro, mais toutes égales à la longueur de Planck, soit 1,6×10^−35 mètre. À cette échelle, l'espace-temps est granulaire. On peut considérer que cette longueur de Planck est la mesure physique de l'instant, mais cela ne permettra pas la moindre perception par l'humain d'un instant impossible à mesurer et dont on fait bien de qualifier de durée sans préciser la mesure de cette durée, qui dépend étroitement de la situation physiologique et mentale de chaque individu.
étonnant.
ainsi, ce que nous, pauvres créatures humaines prenons pour du temps, serait en réalité réductible à de l'espace.
ainsi, il n'y aurait QUE de l'espace : de l'étendu, du fixe, de la juxtaposition immobile.
ainsi la totalité (?) du cosmos serait déjà là, immuable, de toute éternité.
Car le cosmos est quand même une " chose " physique, contenant- ou faites d' - une multitude d' autres choses physiques, et je ne vois pas comment ce qui est immuable et éternel peut avoir également une réalité physique ?
A priori, concernant l' éternité immuable, je penserais plutôt à des équations physiques ou mathématiques, à la notion d' " idée originelle ", ou même à Dieu ( pour les croyants ).
Pour moi, ce qui est matériel et physique a obligatoirement un début et une fin.
Tu exprimes une chose traditionnelle, mais bon nombre de philosophes et de scientifiques ne voient pas d'inconvénient à ce que la matérialité du monde soit éternelle, c'est à dire sans début, sans fin, et donc incréée. On peut voir cette éternité chez les philosophies comme Aristote, Démocrite, Épicure, Spinoza et chez les scientifiques comme Carlo Rovelli, Roger Penrose, Étienne Klein ...
_________________
Le matérialisme scientifique est une philosophie.
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Au nom de l'art, de la science et de la philosophie, ainsi soit-il.
Saint-Ex- Digressi(f/ve)
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Localisation : Deux-Montagnes, près d'Oka
Date d'inscription : 01/07/2023
Re: Vivre le moment présent
Oui mais ils ne l' expliquent pas.Saint-Ex a écrit:alain a écrit:C' est possible, à moins que le cosmos ne soit qu' une production d' un absolu.denis_h a écrit:Saint-Ex a écrit:
La description du temps donné par la physique moderne ne part pas de la notion mathématique d’une infinité de points de longueurs toutes égales à zéro, mais toutes égales à la longueur de Planck, soit 1,6×10^−35 mètre. À cette échelle, l'espace-temps est granulaire. On peut considérer que cette longueur de Planck est la mesure physique de l'instant, mais cela ne permettra pas la moindre perception par l'humain d'un instant impossible à mesurer et dont on fait bien de qualifier de durée sans préciser la mesure de cette durée, qui dépend étroitement de la situation physiologique et mentale de chaque individu.
étonnant.
ainsi, ce que nous, pauvres créatures humaines prenons pour du temps, serait en réalité réductible à de l'espace.
ainsi, il n'y aurait QUE de l'espace : de l'étendu, du fixe, de la juxtaposition immobile.
ainsi la totalité (?) du cosmos serait déjà là, immuable, de toute éternité.
Car le cosmos est quand même une " chose " physique, contenant- ou faites d' - une multitude d' autres choses physiques, et je ne vois pas comment ce qui est immuable et éternel peut avoir également une réalité physique ?
A priori, concernant l' éternité immuable, je penserais plutôt à des équations physiques ou mathématiques, à la notion d' " idée originelle ", ou même à Dieu ( pour les croyants ).
Pour moi, ce qui est matériel et physique a obligatoirement un début et une fin.
Tu exprimes une chose traditionnelle, mais bon nombre de philosophes et de scientifiques ne voient pas d'inconvénient à ce que la matérialité du monde soit éternelle, c'est à dire sans début, sans fin, et donc incréée. On peut voir cette éternité chez les philosophies comme Aristote, Démocrite, Épicure, Spinoza et chez les scientifiques comme Carlo Rovelli, Roger Penrose, Étienne Klein ...
On peut toujours croire ce qu' on veut.
On peut penser : le monde matériel est éternel.
Mais on ne peut pas se figurer ou expliquer un tel monde.
Je crois que notre pensée- dans l' état actuel de sa manifestation- ne peut pas pénétrer la nature de la réalité du monde.
Il y a un point où on ne peut que croire, même si tout ce qui se trouve en amont de ce point est observable.
Le désir profond de " savoir " ce qu' est le monde est surtout fonction de la psychologie de chacun, selon moi.
Et cette psychologie est elle même fonction de notre parcours, de notre expérience et des réalités génétiques qui nous déterminent.
Le sens que nous donnons au monde est tributaire de l' image que nous nous en faisons ... laquelle image exprime ce que nous sommes dans l' équilibre - ou le désiquilibre - qui constitue notre personne.
C' est pour ça, notamment, que la philosophie - et les philosophes- est faite des multiples orientations de la pensee , qui parfois s' harmonisant et se complètent, et parfois s' excluent.
C' est vraiment ce qui m' apparaît si je regarde les " choses " dans leur ensemble.
Re: Vivre le moment présent
Pour revenir ds le fil du sujet (et réciproquement).
Thoreau dans Walden éclaire la notion du vivre au présent: il construit sa cabane pour s'abriter, mais attend les premiers froids pour bâtir sa cheminée qu'il termine au premiers flocons. Il cultive qqs haricots donc pour apres demain, peche trop de poissons qu'il offre a une famille d'ouvrier exploité par un travail pas assez payé pour nourrir correctement ses enfants. Il y a là, me semble t il, une critique implicite de la rationalité économique de l'offre sur la demande et de la gestion de la temporalité sur les besoins. Thoreau vit l'instant présent ...mais cette vie consiste à pré-voir les besoins du futur immédiat ....non pas ceux du futur lointain.
Les besoins immédiats gèrent toute la vie des espèces non socialisée. Ces besoins induisent un stress permanent. Lors d' un achat de sandwich au sanglier, sur une compétition d'escalade ds la vallée de la Dourbie, l'éleveur me disait que les sangliers d'élevage étant moins stressés, la viande contenait moins de trucs pas sains.
Thoreau dans Walden éclaire la notion du vivre au présent: il construit sa cabane pour s'abriter, mais attend les premiers froids pour bâtir sa cheminée qu'il termine au premiers flocons. Il cultive qqs haricots donc pour apres demain, peche trop de poissons qu'il offre a une famille d'ouvrier exploité par un travail pas assez payé pour nourrir correctement ses enfants. Il y a là, me semble t il, une critique implicite de la rationalité économique de l'offre sur la demande et de la gestion de la temporalité sur les besoins. Thoreau vit l'instant présent ...mais cette vie consiste à pré-voir les besoins du futur immédiat ....non pas ceux du futur lointain.
Les besoins immédiats gèrent toute la vie des espèces non socialisée. Ces besoins induisent un stress permanent. Lors d' un achat de sandwich au sanglier, sur une compétition d'escalade ds la vallée de la Dourbie, l'éleveur me disait que les sangliers d'élevage étant moins stressés, la viande contenait moins de trucs pas sains.
Kercos- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 25/04/2022
Re: Vivre le moment présent
alain a écrit:
C' est pour ça, notamment, que la philosophie - et les philosophes- est faite des multiples orientations de la pensee , qui parfois s' harmonisant et se complètent, et parfois s' excluent.
C' est vraiment ce qui m' apparaît si je regarde les " choses " dans leur ensemble.
L’histoire de la philosophie est étrange.
Merleau-Ponty leçon inaugurale au collège de France
« Tous les philosophes ou presque (je mettrais à part Epicure) « n’ont jamais cessé de reconnaître pour patron un homme qui n’écrivait pas, qui n’enseignait pas, qui s’adressait à ceux qu’il rencontrait dans la rue et qui a eu des difficultés avec l’opinion et avec le pouvoir» (194)
« La philosophie mise en livre a cessé d’interpeller les hommes. Ce qu’il y a d’insolite et d’insupportable en elle s’est cachée dans la vie décente des grands systèmes » (194)
« Socrate n’est sage que par la conscience de n’être pas sage. C’est en cela qu’il est philosophe, privé de la sagesse mais amoureux de la sagesse…Montaigne avait loué le renoncement de Socrate à revendiquer une autorité magistrale » (197).
Dans la philosophie antique, la philosophie fut d’abord dialogue puis l’apparition de l’écrit sert à répondre à des questions pas à établir un système total de la réalité. Les écrits antiques sont toujours plus ou moins des écrits de circonstances qui s’adressent à des individus connus de l’auteur, des individus dont l’auteur connaît les particularités, ceux sont tout sauf des exposés de portée universelle. C’est dans le dialogue du « Je » et du « Tu » que se développent les idées. De plus la philosophie était conçue comme un mode de vie alors qu’aujourd’hui elle est conçue comme étude universitaire préparant à un diplôme de fonctionnaire. (Pierre Hadot)
« Les auteurs germaniques avaient détourné le questionnement philosophique, ignoré la prudence au profit de la vanité abusant de la rhétorique, Hegel avait perdu la signification de la philosophie et transformé la métaphysique en théorie de l’histoire, Marx superposa la « loi de l’histoire » de Hegel à la politique...la philosophie analytique se situe dans cette même tradition vaniteuse, elle prétends à la rigueur scientifique mais est bien trop superficielle. »
La méthodologie Pascalienne a le mérite d’avoir posé clairement la question des limites de la raison et le moyen d’en circonvenir les effets néfastes. Dans son pessimisme Pascal est beaucoup plus profond que tous les penseurs voyant dans la raison une réponse à tout. Le doute n’affleure jamais dans cette tradition germanique portée à affirmer vaniteusement des vérités fondamentales et universelles. L’absence de doute conduit au risque de corruption de la pensée avec des conséquences parfois extrêmes que tu décris à des certitudes qui meurent avec leur auteur, des supposées vérités qui se succèdent en se contredisant. Mais ce constat ne condamne pas l'activité de penser, au contraire.
Penser est une activité dont aucune catégorie socio-professionnelle, fut elle diplômée ad hoc, n’a le monopole et en dehors de la méthode scientifique il n’y a que la dialectique, non pas pour atteindre une vérité, mais pour se prémunir de son propre aveuglement, des opinions qui rassurent et de la recherche de bouc émissaires. La philosophie n'est pas un savoir, il existe tout au plus une activité nommée philosopher que la vanité de certains à prétendu transformer en savoir.
La sagesse c'est de reconnaître qu'il y a des questions dont les réponses sont inaccessibles à l'esprit humain indubitablement existant.
« Socrate n’est sage que par la conscience de n’être pas sage. C’est en cela qu’il est philosophe, privé de la sagesse mais amoureux de la sagesse…Montaigne avait loué le renoncement de Socrate à revendiquer une autorité magistrale » (197).
Affirmer à propos de ce qui est au-delà de ce qui est accessible à la raison ne relève d'aucune sagesse, d'aucune science, d'aucune philosophie mais simplement de croyances.
Et pour rester dans le sujet, tout cela ne se fait qu'au présent
baptiste- Digressi(f/ve)
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Re: Vivre le moment présent
Nous ne devrions pas parler d'espace temps granulaire. L'espace temps est une construction mathématique élaborée par le professeur de mathématique d'Einstein, Minkowski pour rendre compte des mesures de durée et de longueur découlant de la relativité restreinte.
Cet espace temps est fondé sur un système de quatre dimensions, toutes des droites, (droites affines) pour lesquelles seule la notion de continuité va de soi. La notion de "granulaire" ne peut pas s'inscrire dans le strict cadre de l'espace temps mathématique.
Avec la relativité générale et la physique quantique la notion d'espace temps a été remplacée par la notion de champ, le champ gravitationnel quantique. C'est dans ce cadre là qu'il est possible d'introduire le discret, en concurrence avec le continu.
Dans ce cadre là la notion de temps devient assez complexe. Les notions de passé, de présent et d'avenir s'entremêlent, réagissant les unes sur les autres. C'est tout de même encore dans le domaine de la recherche fondamentale, c'est encore loin d'etre fixé.
Cet espace temps est fondé sur un système de quatre dimensions, toutes des droites, (droites affines) pour lesquelles seule la notion de continuité va de soi. La notion de "granulaire" ne peut pas s'inscrire dans le strict cadre de l'espace temps mathématique.
Avec la relativité générale et la physique quantique la notion d'espace temps a été remplacée par la notion de champ, le champ gravitationnel quantique. C'est dans ce cadre là qu'il est possible d'introduire le discret, en concurrence avec le continu.
Dans ce cadre là la notion de temps devient assez complexe. Les notions de passé, de présent et d'avenir s'entremêlent, réagissant les unes sur les autres. C'est tout de même encore dans le domaine de la recherche fondamentale, c'est encore loin d'etre fixé.
aliochaverkiev- Digressi(f/ve)
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Re: Vivre le moment présent
baptiste a écrit:alain a écrit:
C' est pour ça, notamment, que la philosophie - et les philosophes- est faite des multiples orientations de la pensee , qui parfois s' harmonisant et se complètent, et parfois s' excluent.
C' est vraiment ce qui m' apparaît si je regarde les " choses " dans leur ensemble.
L’histoire de la philosophie est étrange.
Merleau-Ponty leçon inaugurale au collège de France
« Tous les philosophes ou presque (je mettrais à part Epicure) « n’ont jamais cessé de reconnaître pour patron un homme qui n’écrivait pas, qui n’enseignait pas, qui s’adressait à ceux qu’il rencontrait dans la rue et qui a eu des difficultés avec l’opinion et avec le pouvoir» (194)
« La philosophie mise en livre a cessé d’interpeller les hommes. Ce qu’il y a d’insolite et d’insupportable en elle s’est cachée dans la vie décente des grands systèmes » (194)
« Socrate n’est sage que par la conscience de n’être pas sage. C’est en cela qu’il est philosophe, privé de la sagesse mais amoureux de la sagesse…Montaigne avait loué le renoncement de Socrate à revendiquer une autorité magistrale » (197).
Dans la philosophie antique, la philosophie fut d’abord dialogue puis l’apparition de l’écrit sert à répondre à des questions pas à établir un système total de la réalité. Les écrits antiques sont toujours plus ou moins des écrits de circonstances qui s’adressent à des individus connus de l’auteur, des individus dont l’auteur connaît les particularités, ceux sont tout sauf des exposés de portée universelle. C’est dans le dialogue du « Je » et du « Tu » que se développent les idées. De plus la philosophie était conçue comme un mode de vie alors qu’aujourd’hui elle est conçue comme étude universitaire préparant à un diplôme de fonctionnaire. (Pierre Hadot)
« Les auteurs germaniques avaient détourné le questionnement philosophique, ignoré la prudence au profit de la vanité abusant de la rhétorique, Hegel avait perdu la signification de la philosophie et transformé la métaphysique en théorie de l’histoire, Marx superposa la « loi de l’histoire » de Hegel à la politique...la philosophie analytique se situe dans cette même tradition vaniteuse, elle prétends à la rigueur scientifique mais est bien trop superficielle. »
La méthodologie Pascalienne a le mérite d’avoir posé clairement la question des limites de la raison et le moyen d’en circonvenir les effets néfastes. Dans son pessimisme Pascal est beaucoup plus profond que tous les penseurs voyant dans la raison une réponse à tout. Le doute n’affleure jamais dans cette tradition germanique portée à affirmer vaniteusement des vérités fondamentales et universelles. L’absence de doute conduit au risque de corruption de la pensée avec des conséquences parfois extrêmes que tu décris à des certitudes qui meurent avec leur auteur, des supposées vérités qui se succèdent en se contredisant. Mais ce constat ne condamne pas l'activité de penser, au contraire.
Penser est une activité dont aucune catégorie socio-professionnelle, fut elle diplômée ad hoc, n’a le monopole et en dehors de la méthode scientifique il n’y a que la dialectique, non pas pour atteindre une vérité, mais pour se prémunir de son propre aveuglement, des opinions qui rassurent et de la recherche de bouc émissaires. La philosophie n'est pas un savoir, il existe tout au plus une activité nommée philosopher que la vanité de certains à prétendu transformer en savoir.
La sagesse c'est de reconnaître qu'il y a des questions dont les réponses sont inaccessibles à l'esprit humain indubitablement existant.
« Socrate n’est sage que par la conscience de n’être pas sage. C’est en cela qu’il est philosophe, privé de la sagesse mais amoureux de la sagesse…Montaigne avait loué le renoncement de Socrate à revendiquer une autorité magistrale » (197).
Affirmer à propos de ce qui est au-delà de ce qui est accessible à la raison ne relève d'aucune sagesse, d'aucune science, d'aucune philosophie mais simplement de croyances.
Et pour rester dans le sujet, tout cela ne se fait qu'au présent
Il faudrait écrire à la place de "l'histoire de la philosophie est étrange" ceci :" l'histoire de la philosophie grecque est étrange".
Les Blancs européens sont probablement les seuls à ne pas prendre conscience qu'ils forment une communauté, que leur culture se développe au sein d'une communauté particulière. Le fait de ne pas se percevoir comme communauté provient sans doute qu'ils se sont jadis imposés au monde ce qui les pousse à croire qu'ils disent l'universel.
Sinon quiconque a été conduit à prendre la parole dans une réunion politique, ou mieux encore, dans une réunion syndicale ou professionnelle, sait que parler à un autre ou à une assemblée c'est une autre paire de manches qu'écrire. Dans le parler il y a un engagement souvent difficile à assumer. La nature de l'engagement. Voilà la différence entre l'oral et l'écrit.
Cela dit l'écrit peut aussi conduire à l'engagement. Avec Marx il y a un engagement politique. Avec les théoriciens du néo libéralisme il y a un engagement économique.
Il y a bien sûr la philosophie spéculative, celle qui prévaut ici. Elle repose essentiellement sur les morts, ce qui n'est pas toujours folichon.
Cette philosophie spéculative a peut être pour but de permettre à chacun de se construire une représentation du monde qui lui assure un équilibre psychique. Cela annule la portée sociale de ce qui est écrit ici.
Cela dit parvenir à l'équilibre mental grâce à la spéculation philosophie grecque ancienne ce n'est pas rien non plus.
C'est paradoxal de parler du présent en citant des morts. Comme si le monde s'était figé. Comme si le présent était le passé.
aliochaverkiev- Digressi(f/ve)
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Re: Vivre le moment présent
aliochaverkiev a écrit:Nous ne devrions pas parler d'espace temps granulaire. L'espace temps est une construction mathématique élaborée par le professeur de mathématique d'Einstein, Minkowski pour rendre compte des mesures de durée et de longueur découlant de la relativité restreinte.
Cet espace temps est fondé sur un système de quatre dimensions, toutes des droites, (droites affines) pour lesquelles seule la notion de continuité va de soi. La notion de "granulaire" ne peut pas s'inscrire dans le strict cadre de l'espace temps mathématique.
Avec la relativité générale et la physique quantique la notion d'espace temps a été remplacée par la notion de champ, le champ gravitationnel quantique. C'est dans ce cadre là qu'il est possible d'introduire le discret, en concurrence avec le continu.
Dans ce cadre là la notion de temps devient assez complexe. Les notions de passé, de présent et d'avenir s'entremêlent, réagissant les unes sur les autres. C'est tout de même encore dans le domaine de la recherche fondamentale, c'est encore loin d'etre fixé.
En effet, nous ne devrions pas parler d'espace temps granulaire selon ceux qui exprimeront une telle suggestion sur Digression, mais est-ce que cela pourrait être suggéré à l'entendement des personnages suivant :
Carlo Rovelli - Physicien théoricien, il est l'un des principaux fondateurs de la théorie de la gravité quantique à boucles, qui propose que l'espace et le temps sont constitués de structures discrètes, ou «quanta». Selon cette théorie, le temps pourrait être composé de petites unités discrètes, ce qui s'écarte de l'idée traditionnelle d'un flux continu.
Lee Smolin - Un autre pionnier de la gravité quantique à boucles, Smolin a également exploré les idées sur la nature discrète du temps et de l'espace. Il a travaillé sur des modèles où le temps pourrait émerger à partir de processus quantiques sous-jacents et être discret à des échelles extrêmement petites.
Rafael Sorkin - Physicien théoricien qui a développé la théorie de la «causal set theory», qui propose que l'espace-temps est un ensemble discret de points, organisés par des relations causales. Dans cette perspective, le temps serait aussi constitué de «granules» ou de «moments» discrets.
Fotini Markopoulou-Kalamara - Elle a travaillé sur des approches de la gravité quantique et a proposé des idées sur la structure discrète du temps. Ses recherches suggèrent que le temps, tel que nous le percevons, pourrait émerger de réseaux quantiques sous-jacents.
Nima Arkani-Hamed - Bien qu'il soit plus connu pour ses contributions à la théorie des cordes et la physique des particules, Arkani-Hamed a exploré des modèles où la structure de l'espace-temps peut être différente à de très petites échelles, ce qui peut inclure des notions de granularité.
... ... ...
La physique sous toutes ses facettes, que dit-elle sur les sciences de la vie et de la psychologie affirmant que le passé est entièrement mémorisé sur les supports neuronaux, informatiques, livresques, historiques, géologiques, et que la consultation de ces supports ne peut se faire qu'au présent sous peine d'entrer en conflit avec le principe de causalité ?
... ... ...
.
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Le matérialisme scientifique est une philosophie.
Le matérialisme scientifique n’est autre que la philosophie logiquement appropriée à l’activité scientifique.
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Re: Vivre le moment présent
aliochaverkiev a écrit:baptiste a écrit:alain a écrit:
C' est pour ça, notamment, que la philosophie - et les philosophes- est faite des multiples orientations de la pensee , qui parfois s' harmonisant et se complètent, et parfois s' excluent.
C' est vraiment ce qui m' apparaît si je regarde les " choses " dans leur ensemble.
L’histoire de la philosophie est étrange.
Merleau-Ponty leçon inaugurale au collège de France
« Tous les philosophes ou presque (je mettrais à part Epicure) « n’ont jamais cessé de reconnaître pour patron un homme qui n’écrivait pas, qui n’enseignait pas, qui s’adressait à ceux qu’il rencontrait dans la rue et qui a eu des difficultés avec l’opinion et avec le pouvoir» (194)
« La philosophie mise en livre a cessé d’interpeller les hommes. Ce qu’il y a d’insolite et d’insupportable en elle s’est cachée dans la vie décente des grands systèmes » (194)
« Socrate n’est sage que par la conscience de n’être pas sage. C’est en cela qu’il est philosophe, privé de la sagesse mais amoureux de la sagesse…Montaigne avait loué le renoncement de Socrate à revendiquer une autorité magistrale » (197).
Dans la philosophie antique, la philosophie fut d’abord dialogue puis l’apparition de l’écrit sert à répondre à des questions pas à établir un système total de la réalité. Les écrits antiques sont toujours plus ou moins des écrits de circonstances qui s’adressent à des individus connus de l’auteur, des individus dont l’auteur connaît les particularités, ceux sont tout sauf des exposés de portée universelle. C’est dans le dialogue du « Je » et du « Tu » que se développent les idées. De plus la philosophie était conçue comme un mode de vie alors qu’aujourd’hui elle est conçue comme étude universitaire préparant à un diplôme de fonctionnaire. (Pierre Hadot)
« Les auteurs germaniques avaient détourné le questionnement philosophique, ignoré la prudence au profit de la vanité abusant de la rhétorique, Hegel avait perdu la signification de la philosophie et transformé la métaphysique en théorie de l’histoire, Marx superposa la « loi de l’histoire » de Hegel à la politique...la philosophie analytique se situe dans cette même tradition vaniteuse, elle prétends à la rigueur scientifique mais est bien trop superficielle. »
La méthodologie Pascalienne a le mérite d’avoir posé clairement la question des limites de la raison et le moyen d’en circonvenir les effets néfastes. Dans son pessimisme Pascal est beaucoup plus profond que tous les penseurs voyant dans la raison une réponse à tout. Le doute n’affleure jamais dans cette tradition germanique portée à affirmer vaniteusement des vérités fondamentales et universelles. L’absence de doute conduit au risque de corruption de la pensée avec des conséquences parfois extrêmes que tu décris à des certitudes qui meurent avec leur auteur, des supposées vérités qui se succèdent en se contredisant. Mais ce constat ne condamne pas l'activité de penser, au contraire.
Penser est une activité dont aucune catégorie socio-professionnelle, fut elle diplômée ad hoc, n’a le monopole et en dehors de la méthode scientifique il n’y a que la dialectique, non pas pour atteindre une vérité, mais pour se prémunir de son propre aveuglement, des opinions qui rassurent et de la recherche de bouc émissaires. La philosophie n'est pas un savoir, il existe tout au plus une activité nommée philosopher que la vanité de certains à prétendu transformer en savoir.
La sagesse c'est de reconnaître qu'il y a des questions dont les réponses sont inaccessibles à l'esprit humain indubitablement existant.
« Socrate n’est sage que par la conscience de n’être pas sage. C’est en cela qu’il est philosophe, privé de la sagesse mais amoureux de la sagesse…Montaigne avait loué le renoncement de Socrate à revendiquer une autorité magistrale » (197).
Affirmer à propos de ce qui est au-delà de ce qui est accessible à la raison ne relève d'aucune sagesse, d'aucune science, d'aucune philosophie mais simplement de croyances.
Et pour rester dans le sujet, tout cela ne se fait qu'au présent
Il faudrait écrire à la place de "l'histoire de la philosophie est étrange" ceci :" l'histoire de la philosophie grecque est étrange".
Les Blancs européens sont probablement les seuls à ne pas prendre conscience qu'ils forment une communauté, que leur culture se développe au sein d'une communauté particulière. Le fait de ne pas se percevoir comme communauté provient sans doute qu'ils se sont jadis imposés au monde ce qui les pousse à croire qu'ils disent l'universel.
Sinon quiconque a été conduit à prendre la parole dans une réunion politique, ou mieux encore, dans une réunion syndicale ou professionnelle, sait que parler à un autre ou à une assemblée c'est une autre paire de manches qu'écrire. Dans le parler il y a un engagement souvent difficile à assumer. La nature de l'engagement. Voilà la différence entre l'oral et l'écrit.
Cela dit l'écrit peut aussi conduire à l'engagement. Avec Marx il y a un engagement politique. Avec les théoriciens du néo libéralisme il y a un engagement économique.
Il y a bien sûr la philosophie spéculative, celle qui prévaut ici. Elle repose essentiellement sur les morts, ce qui n'est pas toujours folichon.
Cette philosophie spéculative a peut être pour but de permettre à chacun de se construire une représentation du monde qui lui assure un équilibre psychique. Cela annule la portée sociale de ce qui est écrit ici.
Cela dit parvenir à l'équilibre mental grâce à la spéculation philosophie grecque ancienne ce n'est pas rien non plus.
C'est paradoxal de parler du présent en citant des morts. Comme si le monde s'était figé. Comme si le présent était le passé.
Tout ça me rappelle la remarque de Digène de Sinope, qui, selon Diogène Laërce, avait reproché à Platon d'avoir intellectualisé la philosophie avec ses abstractions fautives ...
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Re: Vivre le moment présent
Oui d' accord, en effet ... Le dialogue est essentiel.baptiste a écrit:alain a écrit:
C' est pour ça, notamment, que la philosophie - et les philosophes- est faite des multiples orientations de la pensee , qui parfois s' harmonisant et se complètent, et parfois s' excluent.
C' est vraiment ce qui m' apparaît si je regarde les " choses " dans leur ensemble.
L’histoire de la philosophie est étrange.
Merleau-Ponty leçon inaugurale au collège de France
« Tous les philosophes ou presque (je mettrais à part Epicure) « n’ont jamais cessé de reconnaître pour patron un homme qui n’écrivait pas, qui n’enseignait pas, qui s’adressait à ceux qu’il rencontrait dans la rue et qui a eu des difficultés avec l’opinion et avec le pouvoir» (194)
« La philosophie mise en livre a cessé d’interpeller les hommes. Ce qu’il y a d’insolite et d’insupportable en elle s’est cachée dans la vie décente des grands systèmes » (194)
« Socrate n’est sage que par la conscience de n’être pas sage. C’est en cela qu’il est philosophe, privé de la sagesse mais amoureux de la sagesse…Montaigne avait loué le renoncement de Socrate à revendiquer une autorité magistrale » (197).
Dans la philosophie antique, la philosophie fut d’abord dialogue puis l’apparition de l’écrit sert à répondre à des questions pas à établir un système total de la réalité. Les écrits antiques sont toujours plus ou moins des écrits de circonstances qui s’adressent à des individus connus de l’auteur, des individus dont l’auteur connaît les particularités, ceux sont tout sauf des exposés de portée universelle. C’est dans le dialogue du « Je » et du « Tu » que se développent les idées. De plus la philosophie était conçue comme un mode de vie alors qu’aujourd’hui elle est conçue comme étude universitaire préparant à un diplôme de fonctionnaire. (Pierre Hadot)
« Les auteurs germaniques avaient détourné le questionnement philosophique, ignoré la prudence au profit de la vanité abusant de la rhétorique, Hegel avait perdu la signification de la philosophie et transformé la métaphysique en théorie de l’histoire, Marx superposa la « loi de l’histoire » de Hegel à la politique...la philosophie analytique se situe dans cette même tradition vaniteuse, elle prétends à la rigueur scientifique mais est bien trop superficielle. »
La méthodologie Pascalienne a le mérite d’avoir posé clairement la question des limites de la raison et le moyen d’en circonvenir les effets néfastes. Dans son pessimisme Pascal est beaucoup plus profond que tous les penseurs voyant dans la raison une réponse à tout. Le doute n’affleure jamais dans cette tradition germanique portée à affirmer vaniteusement des vérités fondamentales et universelles. L’absence de doute conduit au risque de corruption de la pensée avec des conséquences parfois extrêmes que tu décris à des certitudes qui meurent avec leur auteur, des supposées vérités qui se succèdent en se contredisant. Mais ce constat ne condamne pas l'activité de penser, au contraire.
Penser est une activité dont aucune catégorie socio-professionnelle, fut elle diplômée ad hoc, n’a le monopole et en dehors de la méthode scientifique il n’y a que la dialectique, non pas pour atteindre une vérité, mais pour se prémunir de son propre aveuglement, des opinions qui rassurent et de la recherche de bouc émissaires. La philosophie n'est pas un savoir, il existe tout au plus une activité nommée philosopher que la vanité de certains à prétendu transformer en savoir.
La sagesse c'est de reconnaître qu'il y a des questions dont les réponses sont inaccessibles à l'esprit humain indubitablement existant.
« Socrate n’est sage que par la conscience de n’être pas sage. C’est en cela qu’il est philosophe, privé de la sagesse mais amoureux de la sagesse…Montaigne avait loué le renoncement de Socrate à revendiquer une autorité magistrale » (197).
Affirmer à propos de ce qui est au-delà de ce qui est accessible à la raison ne relève d'aucune sagesse, d'aucune science, d'aucune philosophie mais simplement de croyances.
Et pour rester dans le sujet, tout cela ne se fait qu'au présent
Ce qui est inscrit dans les livres perd en spontanéité- et peut être en vérité - puisque c' est réalisé comme un edifice ... l' édifice d' une pensée.
La vérité. Et il me semble que plus le philosophe est grand, plus sa vérité s' isole, de part sa nature même, et devient essentiellement originale.
Après, tous les autres philosophes sont libres d' adhérer, d' admirer ou même de vénérer une pensée dans laquelle ils se reconnaissent, si ça leur fait plaisir.
Pascal m' apparaît comme une exception parce que ce qu' il dit ... vient directement du cœur.
Il y a une observation très profonde de la nature humaine, de ce qui fait le " moi " et de notre perte de repères par rapport au monde.
Ce que dit Pascal est évidemment extrêmement bien écrit et pensé.
Mais il dit ce que beaucoup d' autres, philosophes ou non, pensent sans vraiment savoir le dire.
Il est universel précisément de cette façon là.
Re: Vivre le moment présent
aliochaverkiev a écrit:
Il faudrait écrire à la place de "l'histoire de la philosophie est étrange" ceci :" l'histoire de la philosophie grecque est étrange".
Voilà la différence entre l'oral et l'écrit.
Il y a bien sûr la philosophie spéculative, celle qui prévaut ici. Elle repose essentiellement sur les morts, ce qui n'est pas toujours folichon.
Cette philosophie spéculative a peut être pour but de permettre à chacun de se construire une représentation du monde qui lui assure un équilibre psychique. Cela annule la portée sociale de ce qui est écrit ici.
Cela dit parvenir à l'équilibre mental grâce à la spéculation philosophie grecque ancienne ce n'est pas rien non plus.
C'est paradoxal de parler du présent en citant des morts. Comme si le monde s'était figé. Comme si le présent était le passé.
Je ne vois pas où est le paradoxe. Le présent est le produit du passé il me paraît sain de reconnaître ce qui dans ce passé composé a été à l’origine d’une évolution culturelle qui contribue à façonner notre présent.
Le sujet de départ parle du futur en lui donnant une place clé, sans nous dire si ce futur c’est demain, dans une décennie, un siècle ou bien un au-delà de la mort et en nous expliquant que le présent n’existe pas. Dans ces conditions pouvons nous parler d’autre chose que ce qui a fait le présent c’est à dire le passé. « Vivre au présent » ne signifie pas ne pas se préoccuper du futur, il ne faut pas confondre. C’est au contraire au présent que l’on peut se préoccuper du futur pas au futur quand il est devenu présent.
La différence entre l’oral et l’écrit vient du fait, de mon point de vue et je le partage , que l’écrit, surtout lorsqu’il est ancien porte ce sentiment de pseudo certitude que la parole seule ne porte pas. L’inconvénient il fige la parole, paroles que l’on peut ensuite utiliser en oubliant les circonstances « du présent » auquel elles furent écrites ni à qui elles s’adressaient directement.
Tout cela, cependant n’a pas fait disparaître le besoin de penser au présent, bien au contraire, pour cela il n’est pas inutile de se souvenir de ce que fut le passé antérieur, celui d’autrefois, pas pour y chercher des vérités mais pour comprendre notre évolution vers le présent dans ce qui reste de ce passé.
Je ne comprends pas la relation entre les visions du monde et la portée sociale ?????
baptiste- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 3117
Date d'inscription : 21/03/2012
Re: Vivre le moment présent
alain a écrit:
Pascal m' apparaît comme une exception parce que ce qu' il dit ... vient directement du cœur.
Il y a une observation très profonde de la nature humaine, de ce qui fait le " moi " et de notre perte de repères par rapport au monde.
Ce que dit Pascal est évidemment extrêmement bien écrit et pensé.
Mais il dit ce que beaucoup d' autres, philosophes ou non, pensent sans vraiment savoir le dire.
Il est universel précisément de cette façon là.
Pascal croit en la raison mais en reconnait la faiblesse, il parle du cœur dans le sens où nous parlons d'émotions. Je ne suis pas « Pascaliste » au sens où on peut être « Spinoziste », l’essentiel du discours de Pascal a traversé les siècles en gardant sa pertinence parce qu’il n’enseigna pas de vérités qui furent ensuite contredites. Ce ne sont que des observations prises en vue de l’écriture d’un livre à venir qui n’est jamais venu, heureusement pour nous. Il nous reste sa manière d’interroger le monde et l’ironie souvent présente lorsqu’il s’agit d’évaluer les certitudes prétendument rationnelles mais qui ne "font pas appel aux sens".
baptiste- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 3117
Date d'inscription : 21/03/2012
Re: Vivre le moment présent
Oui c' est ça.baptiste a écrit:alain a écrit:
Pascal m' apparaît comme une exception parce que ce qu' il dit ... vient directement du cœur.
Il y a une observation très profonde de la nature humaine, de ce qui fait le " moi " et de notre perte de repères par rapport au monde.
Ce que dit Pascal est évidemment extrêmement bien écrit et pensé.
Mais il dit ce que beaucoup d' autres, philosophes ou non, pensent sans vraiment savoir le dire.
Il est universel précisément de cette façon là.
Pascal croit en la raison mais en reconnait la faiblesse, il parle du cœur dans le sens où nous parlons d'émotions. Je ne suis pas « Pascaliste » au sens où on peut être « Spinoziste », l’essentiel du discours de Pascal a traversé les siècles en gardant sa pertinence parce qu’il n’enseigna pas de vérités qui furent ensuite contredites. Ce ne sont que des observations prises en vue de l’écriture d’un livre à venir qui n’est jamais venu, heureusement pour nous. Il nous reste sa manière d’interroger le monde et l’ironie souvent présente lorsqu’il s’agit d’évaluer les certitudes prétendument rationnelles mais qui ne "font pas appel aux sens".
Pourquoi dis tu que c' est une bonne chose ( " heureusement pour nous) que l' écriture d' un livre, à partir de ses observations, ne soit jamais venu ?
Penses tu qu' il avait en tête de construire un système de pensée du monde, comme l' ont fait Spinoza ou Schopenhaueur ?
Re: Vivre le moment présent
Grégor a écrit:Je voudrais écrire contre l’un des poncifs de notre époque, à savoir, qu’il faudrait vivre dans l’instant et profiter du moment présent.
Je reviens au tout début du fil en faisant remarquer que nous sommes parfois invités à « lâcher le mental » pour vivre pleinement le moment présent.
C’est le cas, par exemple, de la méditation de pleine conscience ou de la biodanza dont j’ai parlé ailleurs.
Il s’agit de laisser filer, sans s’y accrocher, toutes les pensées parasites qui ne cessent d’apparaître dans notre esprit (ça pense, et sans interruption) afin de goûter la plénitude affective du moment présent.
Sans cette attention au présent, nous ne sommes jamais là, toujours à ressasser le passé ou anticiper le futur.
Vanleers- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 4214
Date d'inscription : 15/01/2017
Re: Vivre le moment présent
A Alain
Les Pensées de Pascal ou l’Ethique de Spinoza sont de puissantes sources d’inspiration, des nourritures trois étoiles pour l’esprit qui, pour reprendre le guide Michelin, méritent plus qu’un simple détour mais valent le déplacement.
Nous ne savons pas ce qu’aurait été l’ouvrage si Pascal avait pu achever son projet.
Il est clair, par contre, que si Spinoza n’avait pas écrit la dernière partie de l’Ethique, il aurait manqué quelque chose d’essentiel.
Il appartient à chacun, à partir des matériaux qu’il a trouvés ici et là, de construire son propre système, de créer sa propre religion.
Charbonnier est maître chez lui.
Les Pensées de Pascal ou l’Ethique de Spinoza sont de puissantes sources d’inspiration, des nourritures trois étoiles pour l’esprit qui, pour reprendre le guide Michelin, méritent plus qu’un simple détour mais valent le déplacement.
Nous ne savons pas ce qu’aurait été l’ouvrage si Pascal avait pu achever son projet.
Il est clair, par contre, que si Spinoza n’avait pas écrit la dernière partie de l’Ethique, il aurait manqué quelque chose d’essentiel.
Il appartient à chacun, à partir des matériaux qu’il a trouvés ici et là, de construire son propre système, de créer sa propre religion.
Charbonnier est maître chez lui.
Vanleers- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 4214
Date d'inscription : 15/01/2017
Re: Vivre le moment présent
Oui en effet.Vanleers a écrit:A Alain
Les Pensées de Pascal ou l’Ethique de Spinoza sont de puissantes sources d’inspiration, des nourritures trois étoiles pour l’esprit qui, pour reprendre le guide Michelin, méritent plus qu’un simple détour mais valent le déplacement.
Nous ne savons pas ce qu’aurait été l’ouvrage si Pascal avait pu achever son projet.
Il est clair, par contre, que si Spinoza n’avait pas écrit la dernière partie de l’Ethique, il aurait manqué quelque chose d’essentiel.
Il appartient à chacun, à partir des matériaux qu’il a trouvés ici et là, de construire son propre système, de créer sa propre religion.
Charbonnier est maître chez lui.
C' est notre " liberté " , mais il y a un prix à payer.
Pascal a payé le prix de l' angoisse et de la solitude.
Re: Vivre le moment présent
alain a écrit:
Pourquoi dis tu que c' est une bonne chose ( " heureusement pour nous) que l' écriture d' un livre, à partir de ses observations, ne soit jamais venu ?
Penses tu qu' il avait en tête de construire un système de pensée du monde, comme l' ont fait Spinoza ou Schopenhaueur ?
On dit que Pascal préparait l’écriture d’un livre sur le génie du christianisme, la majorité des aphorismes contenus dans les pensées n’ont qu’une lointaine relation avec ce projet. Que serait-il advenu de certains aphorismes d’inspiration purement existentielle en cas de la publication de cette apologie? Un exemple.
« Tous les hommes recherchent d'être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens qu'ils y emploient ils tendent tous à ce but. Ce qui fait que les uns vont à la guerre et que les autres n'y vont pas est ce même désir qui est dans tous les deux accompagné de différentes vues. La volonté [ne] fait jamais la moindre démarche que vers cet objet, c'est le motif de toutes les actions de tous les hommes jusqu'à ceux qui vont se pendre. »
A sa manière un peu ironique envers les stoïciens, comme envers tous ceux qui affirment des doctrines, il fini cet aphorisme par « jusqu’à ceux qui vont se pendre ». L’apologie du suicide chez les stoïciens est l’un des paradoxes de leur philosophie. Puisque la mort est parmi les choses indifférentes, pourquoi serait-il défendu de s’ôter librement la vie ?
« Pour les stoïciens le suicide n’a rien de contraire au « convenable » tel qu’ils l’entendent. Quand le sage sait que la raison lui a fait en lui tout le possible, quand il a perdu sa patrie ou ses amis, quand il ressent une souffrance trop cruelle, s’il est atteint d’un mal incurable, mettant en péril la raison elle-même, pourquoi ne quitterait-il pas la vie, même quand il jouit encore du bonheur ? Le sage s’en va quand il a rempli son rôle dans la vie, quand celle-ci lui devient importune, quand la maladie ruine son corps, quand il risque d’être forcé par un tyran à des actes honteux. »
Puis il écrivit après sa conversion, oubliant l’ironie cette fois, le texte le plus anti-stoïcien possible la Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies, qui montre que, même dans la souffrance, le chrétien peut trouver un sens à son mal, qui lui interdit de chercher le soulagement dans la mort.
Après la publication de cette apologie il lui aurait été difficile de publier nombre d’aphorismes qui non seulement n’ont rien à voir avec la religion chrétienne mais entrent souvent en contradiction avec l’idée d’une volonté divine. Ces aphorismes pascaliens qui ont suscité l’intérêt de philosophes majeurs de toutes obédiences et à toutes les époques.
Kierkegaard« Voici l’expression de ce que je mets en valeur sur un plan encore plus élevé : la réduplication. Chez Pascal, c’est tout de même encore presque comme esthétique ; je le mets en valeur plus avant en direction de l’existence. »
Nietzsche« Les livres les plus profonds et les plus inépuisables auront sans doute toujours quelque chose du caractère aphoristique et soudain des Pensées de Pascal. »
Bourdieu Tout au début des Méditations pascaliennes, Bourdieu confesse que, s'il lui fallait à tout prix reconnaître une affiliation, il préférerait sans doute, à tout prendre, se dire pascalien plutôt que marxiste.
On trouve aussi des références aux pensées chez Chomsky , Baudelaire, Julien Green...à s’inspirer de Pascal on ne se sent pas seul.
baptiste- Digressi(f/ve)
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Re: Vivre le moment présent
alain a écrit:
Pascal a payé le prix de l' angoisse et de la solitude.
La santé de Pascal s’est délabrée dès sa dix-huitième année et ses souffrances ont ensuite été quasiment permanentes dans sa courte vie.
Pascal a-t-il néanmoins connu le bonheur ?
C’est la question que pose Karine Wurtz en :
https://www.philo-du-bonheur.fr/le-bonheur-chez-pascal/
Karine Wurtz a écrit:Le bonheur est-il à jamais perdu chez Pascal ? Le tragique est un peu provocateur disais-je, car tout en semblant nous condamner, Pascal nous indique aussi une voie de sortie. Sa position se trouve concentrée en une phrase : « le bonheur n’est ni hors de nous, ni dans nous ; il est en Dieu, et hors et dans nous » [Pensées 465]. Ce qui signifie que le bonheur ne provient pas de biens extérieurs. De façon très classique, Pascal n’attend pas le bonheur d’une quelconque faveur de la naissance ou des circonstances, aucun bien matériel, aucun honneur, aucun divertissement ne nous apportera durablement le bonheur. Le bonheur n’est donc pas « hors de nous ». Mais il n’est pas non plus « dans nous », position plus originale déjà, et qui signifie que nous ne sommes pas capables, par nos simples ressources intérieures, d’atteindre durablement le bonheur. Créatures trop vaines et trop aveugles, nos seules forces ne sont pas suffisantes. Le bonheur est « en Dieu », c’est Dieu qui donne suffisamment de sens à nos vies pour les rendre heureuses. Dieu est bien « hors » nous, non seulement de par sa nature, qui excède en tous points la nôtre, mais aussi parce que le Dieu de Pascal est un Dieu qui se cache. Il se dérobe, reste à distance de sa créature dont les forces ne seraient pas suffisantes pour L’appréhender et qui n’a plus dès lors que sa foi pour Le rejoindre. Dieu est ainsi « hors nous » car il nous excède, mais aussi parce qu’il se dérobe. Et pourtant, il est «dans nous », car par la foi, Dieu se rend sensible au cœur. Ce bonheur, l’union à Dieu dans la contemplation est donc bien à la fois « hors » nous et « dans nous ».
Pascal a résumé l’essentiel du christianisme :
Pascal a écrit:Le bonheur n'est ni hors de nous ni dans nous ; il est en Dieu et hors et dans nous.
Il a fait l’expérience que le Dieu révélé par Jésus-Christ, est la Source intérieure du bonheur.
Pascal est un compagnon de route pour le chrétien, comme l’écrit le pape François dans la lettre apostolique Sublimitas et miseria hominis pour le quatrième centenaire de la naissance de Blaise Pascal, publiée le 19 Juin 2023.
Le pape François a écrit:Je me réjouis donc que la providence, en ce quatrième centenaire de sa naissance, me donne l'occasion de lui rendre hommage et de souligner ce qui, dans sa pensée et dans sa vie, me paraît propre à stimuler les chrétiens de notre temps et tous les hommes et femmes de bonne volonté dans la recherche du vrai bonheur : « Tous les hommes recherchent d’être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens qu’ils y emploient. Ils tendent tous à ce but ». [Pensées 148] Quatre siècles après sa naissance, Pascal reste pour nous le compagnon de route qui accompagne notre recherche du vrai bonheur et, selon le don de la foi, notre reconnaissance humble et joyeuse du Seigneur mort et ressuscité.
https://eglise.catholique.fr/vatican/messages-du-pape-francois/542587-lettre-apostolique-sublimitas-et-miseria-hominis-pour-le-4e-centenaire-de-la-naissance-de-blaise-pascal/
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