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Message par hks Lun 2 Sep 2024 - 15:23

Victor a écrit:Je ne sais pas de qui tu parles.
Je parle de Bergson en son temps. Il a le sentiment d'innover contre des philosophies du temps calculable ou disons du temps lié à l'espace.
Il a néanmoins des prédécesseurs.

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Message par hks Lun 2 Sep 2024 - 15:52

bergame a écrit:Tu fais de la métaphysique médiévale, hks. Bref.
je corrige ton énoncé : l'éternité existe (sic)

non qu'il ne soit acceptable, mais parce que ce n'est pas ce que je dis.

Ce que je pense Spinoza le dit mieux que moi
donc : je cite Spinoza

bergame a écrit: il faut commencer par admettre l'existence d'une "chose éternelle" dont nous ne puissions pas faire l'expérience.
Non ce n'est pas cela.
L'existence est posée parce que j'en fais l'expérience.
"Eternelle" parce qu'elle est indifférente au temps.(et de surcroit "aux choses" )

Ce que tu peux me reprocher ce n'est pas "la chose posée comme éternelle"  
mais l'expérience..  Et ce parce que pour moi l'existence est "expérience" c'est à dire phénomènisation ou manifestation.

(ce qui n'est pas scolastique: dans la scolastique il n y a pas consubstantiation de Dieu et de sa création).
...................
Cette philosophie ( ce que je dis là) est assez simple.
L'existence en soi (quel que soit la succession des instants il y a existence), elle dure ( quel que soient la succession des instants) C'est l'existence éternelle.
Mais cette existence éternelle est manifestation (phénoménale) dans le temps et ces manifestions, elles, ne sont pas éternelles .


Dernière édition par hks le Lun 2 Sep 2024 - 22:32, édité 1 fois
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Message par Kercos Lun 2 Sep 2024 - 16:36

Grégor a écrit:
Est-ce seulement parce que les célébrités sont connues de beaucoup de monde qu'elles sont admirées comme des personnes exceptionnelles ?
Pourquoi le fait d'être connu devrait donner de l'importance ?

Pour être reconnu, il faut d'abord être connu. C'est un processus premier de la sociologie de groupe qui provient de l' éthologie que la communion. Eprouver simultanément les mêmes sensation (plaisir ou haine) conforte l'individu dans sa valeur (essence ?). Comme processus archaïque, il peut être manipulé et pré-fabriqué pour des intérets commerciaux ou idéologiques ......ce qui explique la maitrise (à perte) de médias par des financiers.

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Message par Saint-Ex Lun 2 Sep 2024 - 17:49

Grégor a écrit:Saint-Ex,
Si j'explicite ton raisonnement (et si je le fais correctement bien sûr), ce serait le fait de pouvoir être vu ou entendu par des millions (ou des milliers) de spectateurs qui ferait le succès des artistes. C'est le media qui ferait la célébrité et la possibilité intrinsèque du "produit" (un film par exemple ou une chanson) à se multiplier indéfiniment (ou presque). Alors qu'une tomate, en tant qu'objet non numérisable ne peut pas être multiplié à une échelle comparable.
C'est intéressant, mais cela n'expliquerait que le plaisir du spectateur et non le phénomène d'adulation des stars.
Est-ce seulement parce que les célébrités sont connues de beaucoup de monde qu'elles sont admirées comme des personnes exceptionnelles ?
Pourquoi le fait d'être connu devrait donner de l'importance ?
Cela parait évident mais si l'on y réfléchit c'est un peu bizarre. Est-ce un instinct grégaire : le fait qu'une masse de gens écoutant une personne puisse devenir dangereuse (la force du groupe) ? Ce serait tout simple mais l'idée me plaît.
On admire une célébrité parce qu'elle a du pouvoir sur une masse de gens qui peut potentiellement nous nuire. Si Céline Dion demandait à ses groupies de m'attaquer je serais très très mal.
Mais comment le lien se fait entre Céline Dion et ses fans, au point qu'ils puissent se sentir solidaires de leur star et veuillent potentiellement la défendre contre d'éventuels ennemis ? Est-ce pour faire partie d'un groupe ? Parce qu'ils aiment ses chansons, s'y reconnaissent et sentent un lien se tisser entre eux à travers "les forêts qui se balancent et les neiges qui sont éternelles" ?
Il me semble qu'il y a un espace pour l'ego trip à travers la satisfaction de puissance d'appartenir à un groupe de supporters et en même temps la sensation d'avoir les mêmes émotions, les mêmes idées, de partager (souvent des niaiseries du genre "s'il suffisait d'aimer") un idéal commun (qui n'existe pas dans la dure réalité et qui nous en soulage). Cette tentative de fuite hors du monde à travers une union imaginaire est justement ce qui peut provoquer le fanatisme et l'idolâtrie.

Je pense que le phénomène de l'adulation, de la fascination, ou, pour le dire de façon générale, du parti pris favorable envers quelqu'un ne touche pas que le domaine des chanteurs ou des footballeurs. Ce phénomène touche toutes, absolument toutes les couches de la société. La question pertinente, ça serait de savoir quels sont les mécanismes commandant ce phénomène.

Des recherches, des études ont permis d'éclairer cette chose. Par exemple la beauté a une influence sur ce qu'on pourrait qualifier de chance. Les enfants considérés comme beaux selon des critères esthétiques fort discutables, mais réels, sont favorisés le plus inconsciemment du monde par leurs professeurs.

Cela ne se vérifie pas dans tous les domaines. On a vu des vedettes du football dont la beauté laisser certainement à désirer. Avec ce genre d'athlète, c'est d'une part la loterie génétique qui les favorise (battements du cœur d'une lenteur hors du commun, par exemple), d'autre part un talent prouvé dans l'art (idiot) de se servir d'un ballon.

Dans les entreprises, c'est pareil. Les physiques énergiques et de grandes tailles doublés pour les hommes d'une voix plutôt grave favorisent incontestablement les montées en grade, quitte à placer les plus chanceux dans leur domaine d'incompétence.

C'est pareil chez les ingénieurs, les architectes, les médecins, les avocats, les ouvriers, les contremaîtres, les marchande de tapis ou de montre en or.

Dans tous les domaines, tous, la loi du vedettariats l'emporte sur les autres lois, et les hommes les plus riches sont toujours accompagnés des femmes les plus belles ...

Que ce soit regrettable ? Bien sûr !

Heureusement qu'il y a la politique dans son volet démocratique, qui, malheureusement n'est pas toujours capable de s'occuper du bonheur de tous. On le voit avec ce que tu dis des gens qui ne gagnent pas bien leur vie en travaillant comme des esclaves par rapport à ceux qui ne foutent rien et qui gagnent plus qu'eux. Le phénomène des squats est du même acabit. Je te dirais ce que je dis parfois : question politique, je préfère être un sujet de sa majesté qu'un citoyen de la république. Heureusement qu'au pays de la république (française), il y a la culture, qui écrase par sa qualité toute les cultures de la monarchie (américano-britannique).

.

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Message par Kercos Mar 3 Sep 2024 - 10:34

Sur ce thème (meme si la présentatrice m'insupporte):
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/avec-philosophie/hegel-seul-le-present-est-frais-tout-le-reste-est-terne-3541606

"""Épisode 2/4 : Hegel: "Seul le présent est frais, tout le reste est terne""""

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Message par Bergame Mar 3 Sep 2024 - 13:20

hks a écrit:L'existence est posée parce que j'en fais l'expérience.
"Eternelle" parce qu'elle est indifférente au temps.(et de surcroit "aux choses" )
[...]
Cette philosophie ( ce que je dis là) est assez simple.
L'existence en soi (quel que soit la succession des instants il y a existence), elle dure ( quel que soient la succession des instants) C'est l'existence éternelle.
Tu fais l'expérience de l'existence si tu veux -la tienne en tout cas.
Mais tu ne fais pas l'expérience d'une existence éternelle, ni l'expérience d'une existence qui dure éternellement.

Donc la "chose éternelle", tu la postules.

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Message par hks Mar 3 Sep 2024 - 14:12

bergame a écrit:Mais tu ne fais pas l'expérience d'une existence éternelle, ni l'expérience d'une existence qui dure éternellement.

Donc la "chose éternelle", tu la postules.

Tout à fait et je l'ai déjà précisé.
Il s agit d'une intellection (métaphysique en l'occurrence)

je me cite
hks a écrit:Pour moi (sans doute spinoziste là dessus mais pas que spinoziste
La durée éternelle est conçue (intelligée) c'est une expérience de pensée. Et elle n'est pas pensée comme "néant".
La durée éternelle ou "existence " est pensée éternellement présente à elle même.
Nous ne la pensons pas comme un néant.


Plus précisément je ne pose pas une existence qui dure sempiternellement. Ce qui serait la déterminer par ses expressions temporelles (instants les uns après les autres sempiternellement)

Elle dure.
Pourquoi lui ajouter cette durée ? ce qui est la déterminer.
On pourrait le concevoir comme en soi (enfermée en soi)
et ne s'exprimant pas ...je dis que ce serait le néant.
L'existence serait néant.

Que puis je lui ajouter si je veux la sortir d un néant ou l'existence n'existe pas ?

je lui ajoute une détermination qui est la durée .
Parce que le seul lien avec la phénomenisation dans les instants temporels se fait par la durée .
La durée fait le lien.

La durée est ce qui ne parcellise pas l'existence.
L'étendue par exemple ne fait pas le lien.
L'étendue parcellise l'existence dans des instants successifs.

je te remercie pour tes remarques et objections

Et donc je ne surajoute pas par exemple la volonté divine.
Ni même la volonté tout court, ni force, ni Energie.
je détermine au minimum par la durée.
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Message par Bergame Mar 3 Sep 2024 - 14:37

Tu présentes tes réflexions comme des raisonnements, mais on ne voit pas de lien logique.

Tu pars de l'existence, dont chacun fait l'expérience. D'accord.
Mais tu prétends définir une expérience qui dure :
Pourquoi lui ajouter cette durée ? ce qui est la déterminer.
On pourrait le concevoir comme en soi (enfermée en soi)
et ne s'exprimant pas ...je dis que ce serait le néant.
L'existence serait néant.
Pourquoi ? Quel est le lien logique, ici ? Une existence qui ne durerait pas serait néant ? Pas du tout. Au regard de ta propre définition, elle serait "instant", si tu veux, mais pas "néant".

Et alors de plus, tu ne poses pas seulement une existence qui dure, mais une existence qui dure éternellement. Pourquoi ? Comment ?

Sois un peu logique, stp : Ton existence à toi est limitée dans le temps -comme celle de chacun d'entre nous. Certes, tu fais l'expérience de cette existence, mais tu fais donc l'expérience d'une existence finie, limitée dans le temps. Qu'est-ce qui te permet de réaliser le saut te faisant passer de ton existence finie à une existence éternelle ?

Rien. Je redis que tu postules cette existence éternelle. Tu la postules "intellectuellement" si tu veux, mais cette intellection n'a rien de logique ni de rationnel. Elle relève de la croyance.

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Message par Saint-Ex Mar 3 Sep 2024 - 14:45

Kercos a écrit:Sur ce thème (meme si la présentatrice m'insupporte):
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/avec-philosophie/hegel-seul-le-present-est-frais-tout-le-reste-est-terne-3541606

"""Épisode 2/4 : Hegel: "Seul le présent est frais, tout le reste est terne""""

J'ai écouté attentivement la discussion en question, et je vois par delà la richesse hégellienne du verbe s'emportant à des altitudes insoupçonnées une concordance remarquable avec ce que dit la biologie.

Si Hegel dit par exemple que l'éternité ne peut se penser qu'au présent, hé bien la biologie lui donne raison en ajoutant que l'éternité ne peut pas être autre que le présent (qui se penche sur l'enregistrement d'une mémoire lui donnant l'illusion de la matérialité d'un passé permettant d'ajuster la matérialité d'un futur illusoire, ajoute la biologie)

Nous voilà donc avec une solide passerelle construite entre la science et la philosophie.

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Message par Saint-Ex Mar 3 Sep 2024 - 15:30

Bergame a écrit:Tu présentes tes réflexions comme des raisonnements, mais on ne voit pas de lien logique.

Tu pars de l'existence, dont chacun fait l'expérience. D'accord.
Mais tu prétends définir une expérience qui dure :
Pourquoi lui ajouter cette durée ? ce qui est la déterminer.
On pourrait le concevoir comme en soi (enfermée en soi)
et ne s'exprimant pas ...je dis que ce serait le néant.
L'existence serait néant.
Pourquoi ? Quel est le lien logique, ici ? Une existence qui ne durerait pas serait néant ? Pas du tout. Au regard de ta propre définition, elle serait "instant", si tu veux, mais pas "néant".

Et alors de plus, tu ne poses pas seulement une existence qui dure, mais une existence qui dure éternellement. Pourquoi ? Comment ?

Sois un peu logique, stp : Ton existence à toi est limitée dans le temps -comme celle de chacun d'entre nous. Certes, tu fais l'expérience de cette existence, mais tu fais donc l'expérience d'une existence finie, limitée dans le temps. Qu'est-ce qui te permet de réaliser le saut te faisant passer de ton existence finie à une existence éternelle ?

Rien. Je redis que tu postules cette existence éternelle. Tu la postules "intellectuellement" si tu veux, mais cette intellection n'a rien de logique ni de rationnel. Elle relève de la croyance.

La biologie n'est pas d'accord avec toi, Bergame ...

C'est regard de soi sur soi qui établit l'éternité d'un soi vu par soi. Ce n'est que lorsque l'être se penche sur le soi des autres qu'il se voit mortel, qu'il prend conscience des limites de la vie, et même ça, il ne peut pas en décider en dehors de son présent. De son présent qui n'a par la capacité de se muer en passé ou en futur.

L'être est enfermé dans son présent. Ni le passé, ni le futur, ni la mort, en encore moins l'avant-vie n'ont le pouvoir d'extraire l'être de son présent.

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Message par Grégor Mar 3 Sep 2024 - 15:34

Je n'ai pas écouté l'émission sur Hegel (je n'en ai pas eu le temps).
Mais il faudrait revenir au début de la Phénoménologie de Hegel :

Hegel a écrit:Le savoir qui est d'abord, ou qui est immédiatement notre objet ne peut être autre que celui qui est lui-même savoir immédiat, savoir de l'immédiat ou de ce qui est. Et nous devons nous comporter de façon tout aussi immédiate et réceptive, ne rien changer donc à ce savoir, tel qu'il se présente à nous, et maintenir la compréhension conceptuelle à l'écart de l'appréhension des choses.
Le contenu concret de la certitude sensible la fait immédiatement apparaître comme la connaissance la plus riche, voire comme une connaissance d'une richesse infinie à laquelle nous ne saurions trouver de limite, aussi bien lorsque nous partons à sa découverte à l'extérieur, dans l'espace et dans le temps, comme ce en quoi cette richesse se déploie, que lorsque nous nous emparons d'un morceau de cette plénitude et pénétrons à l'intérieur de lui en le divisant en parties. Elle apparaît en outre comme la plus véritable, car elle n'a encore rien abandonné de l'objet, elle l'a devant elle dans son intégralité. Or cette certitude, en fait, se donne elle-même pour la vérité la plus abstraite et la plus pauvre. Elle ne dit de ce qu'elle sait que ceci : c'est ; et sa vérité contient uniquement l'être de la chose qui l'occupe ; la conscience, de son côté, n'est dans cette certitude que comme pur Je, ou encore, Je n'y suis que pur celui-ci, et l'objet, pareillement, n'y est que comme pur ceci. Je, ce Je-ci, ne suis pas certain de cette chose parce que Je me suis développé en la circonstance comme conscience et y ai agité multiplement la pensée. Ni non plus parce que la chose dont je suis certain serait, en raison d'une grande quantité de caractéristiques diverses, un riche ensemble de relations à même soi, ou un multiple rapport à d'autres choses. Ces deux raisons ne concernent en rien la certitude sensible ; ni Je ni la chose n'y ont la signification d'une médiation multiple et variée ; Je n'y ai pas la signification d'une activité multiple de représentation et de pensée, et la chose n'y a pas celle d'une multiplicité de caractéristiques ; mais, simplement, la chose est ; et elle est uniquement parce qu'elle est ; elle est, c'est là l'essentiel pour le savoir sensible, et c'est ce pur fait d'être ou cette immédiateté simple qui constitue sa vérité. Et c'est précisément aussi de cette façon que la certitude, en tant que relation, est une relation pure immédiate ; la conscience est Je, rien d'autre, un pur cet individu-ci ; l'individu singulier sait un pur ceci, ou encore : il sait l'entité singulière.
Toutefois, si nous y regardons de plus près, il se joue conjointement dans le pur être qui constitue l'essence de cette certitude, et qu'elle énonce comme sa vérité à elle, un grand nombre d'autres choses encore. Une certitude sensible effective n'est pas seulement telle immédiateté pure, mais aussi un exemple de celle-ci. Parmi les innombrables différences qui se présentent là, nous retrouvons partout cette différenciation principale qui veut que de l'être pur ces deux démonstratifs, ces deux ce... se disjoignent et retombent tout aussitôt chacun de leur côté, un celui-ci comme Je, et un ceci comme objet. Si nous réfléchissons sur cette différence, il appert que ni l'un ni l'autre ce... n'est uniquement immédiatement, dans la certitude sensible, mais qu'ils y sont en même temps intermédiés ; j'ai la certitude par l'intermédiaire d'un autre, la chose ; et celle-ci est pareillement dans cette certitude par l'intermédiaire d'un autre, savoir, de Je.
Ce n'est pas seulement nous qui faisons cette différence entre l'essence et l'exemple, entre l'immédiateté et la médiation : nous la trouvons dans la certitude sensible elle-même. Et c'est dans la forme qu'elle y a, non dans celle que nous venons de déterminer, qu'il faut la prendre. Il y a, d'une part, ce qui est posé en elle comme ce qui tout simplement est immédiatement, ou comme l'essence, l'objet ; mais aussi cette autre chose qui est posée comme l'inessentiel et l'intermédié, qui n'y est pas en soi, mais par un autre, Je, un savoir qui ne sait l'objet que parce qu'il est, et qui peut être, ou tout
aussi bien ne pas être. Tandis que l'objet est, le vrai, et l'essence ; il est, indifférent au fait d'être quelque chose qu'on sait ou qu'on ne sait pas ; il demeure, quand bien même il n'est pas su ; tandis que le savoir n'est pas si l'objet n'est pas.
Il faut donc considérer l'objet en se demandant s'il est bien de fait dans la certitude sensible elle-même tel que l'essence pour laquelle celle-ci le donne ; si ce concept qui est le sien et le définit comme essence, correspond à sa façon d'être en elle. Nous n'avons pas, à cette fin, à réfléchir sur lui, ni à songer à ce qu'il pourrait être en vérité, mais à le considérer simplement tel que la certitude sensible l'a chez elle.
C'est donc à elle-même qu'il faut demander : qu'est-ce que le ceci  ? Si nous le prenons dans la figure redoublée de son être, comme le Maintenant et comme l'Ici, la dialectique dont il est porteur prendra une forme aussi intelligible qu'il l'est lui-même. À la question : qu'est-ce que le Maintenant ? répondons donc, par exemple : le Maintenant, c'est la nuit. Un seul et simple essai suffira pour mettre à l'épreuve la vérité de cette certitude sensible. Nous inscrivons cette vérité quelque part ; une vérité ne peut pas perdre quoi que ce soit à être écrite ; et tout aussi peu à être conservée par nous. Et si nous revoyons maintenant, ce midi, la vérité inscrite, nous serons bien obligés de dire qu'elle est devenue vide et sans saveur.
Le Maintenant qui est la nuit est conservé, c'est-à-dire qu'il est traité comme ce pour quoi il est donné, comme quelque chose qui est ; or il s'avère au contraire comme quelque chose qui n'est pas. Le Maintenant proprement dit se garde certes, mais comme un Maintenant qui n'est pas la nuit ; et pareillement il se maintient face au jour qu'il est maintenant, mais comme un Maintenant qui n'est pas non plus le jour ; ou tout simplement comme un Maintenant négatif. C'est pourquoi ce Maintenant qui se garde n'est pas un Maintenant immédiat, mais un Maintenant intermédié, car en tant que Maintenant qui demeure et se conserve, il est déterminé par le fait qu'autre chose, savoir, le jour et la nuit, n'est pas. Et cependant, il est encore tout aussi simple qu'auparavant : Maintenant, et indifférent dans cette simplicité à tout ce qui se joue encore conjointement à lui ; de même que la nuit et le jour ne sont pas son être, de même et tout aussi bien, il est jour et il est nuit ; il n'est pas du tout affecté par ce changement d'être qui est le sien. Ce genre de chose simple qui est par négation, qui n'est ni ceci ni cela, ce genre de pas ça auquel il est tout aussi indifférent d'être ceci, aussi bien que cela, nous la disons universelle ; l'universel qui, en fait, est le vrai de la certitude sensible.
Mais nous énonçons nous aussi le sensible comme quelque chose d'universel ; ce que nous disons est : ceci, c'est-à-dire le ceci universel ; ou encore : c'est ; c'est-à-dire l'être, tout simplement. Évidemment, nous ne nous représentons pas, ce disant, le ceci universel, ou l'être en général, mais nous énonçons l'universel ; ou encore, tout bonnement, nous ne parlons pas selon l'opinion intime qui est la nôtre dans cette certitude sensible. Mais c'est le langage, nous le voyons, qui est le plus vrai ; en lui, nous réfutons même immédiatement ce qui est notre opinion intime, et comme l'universel est le vrai de la certitude sensible, et que seul le langage exprime ce vrai, il est tout à fait impossible que nous puissions jamais dire un être sensible auquel nous songeons selon notre point de vue intime.
Ce sera aussi le cas avec l'autre forme du ceci, l'Ici. L'Ici, par exemple, est l'arbre. Si je me retourne, cette vérité a disparu, s'est renversée en la vérité opposée : l'Ici n'est pas un arbre, mais au contraire une maison. L'Ici proprement dit ne disparaît pas ; il perdure au contraire dans la disparition de la maison, de l'arbre, etc., et il est indifférent au fait d'être maison, arbre. Le ceci s'avère de nouveau être une simplicité intermédiée, ou encore : une universalité, une généralité.
Dès lors, donc, que cette certitude sensible avère chez elle-même l'universel comme la vérité de son objet, le purêtre demeure comme son essence, mais point cependant comme être immédiat : mais comme un être auquel la médiation et la négation sont essentielles ; et, du coup, non pas comme ce que nous avons en tête et voulons dire par l'être, mais l'être avec la détermination d'être l'abstraction ou le purement universel, et tout ce qui reste encore, face à cet Ici et Maintenant vide ou indifférent, c'est notre point de vue intime, pour qui le vrai de la certitude sensible n'est pas l'universel.
Si nous comparons le rapport dans lequel le savoir et l'objet se sont d'abord présentés, et le rapport auquel ces mêmes savoir et objet ont abouti dans ce résultat, nous voyons qu'il s'est renversé. L'objet, qui était censé être l'essentiel, est désormais l'inessentiel de la certitude sensible, puisque l'universel qu'il est devenu n'est plus le genre de chose que l'objet était censé être essentiellement pour elle : elle se retrouve au contraire dans l'opposé, c'est-à-dire dans le savoir qui antérieurement était l'inessentiel. Sa vérité est dans l'objet en tant qu'il est mon objet, ou dans l'opinion intime qui est la mienne ; l'objet est parce que J'« en sais quelque chose ». La certitude sensible a donc, certes, bien été chassée de l'objet, mais n'est pas encore abolie pour autant : elle est simplement refoulée dans le Je ; voyons ce que l'expérience nous montre quant à cette réalité qui est la sienne.
La force de sa vérité réside donc maintenant dans le Je, dans l'immédiateté de mon : Je vois, J'entends, etc. ; la disparition du Maintenant singulier, de l'Ici singulier que nous « voulons dire » selon notre point de vue intime, est empêchée par le fait que Je les retiens. Le Maintenant est jour parce que je vois le jour ; l'Ici est un arbre pour la même raison. Mais la certitude sensible éprouve chez elle-même dans ce rapport la même dialectique que dans le rapport précédent. Je, ce Je-ci, vois l'arbre et affirme que l'Ici, c'est l'arbre ; mais un autre, un autre Je voit la maison et affirme que l'Ici n'est pas un arbre, mais au contraire une maison. L'une et l'autre vérité sont accréditées de la même manière, savoir, l'immédiateté de la vue et le fait que l'un et l'autre Je sont sûrs de ce qu'ils savent et l'assurent ; mais l'une des deux vérités disparaît dans l'autre.
Ce qui n'y disparaît pas, c'est moi, Je, en tant qu'universel dont la vue n'est ni une vue de l'arbre, ni une vue de telle maison, mais un simple fait de voir, qui est intermédié par la négation de cette maison-là, etc., et y est tout aussi simple et indifférent aux autres exemples qui se jouent encore conjointement à cela, à la maison, à l'arbre. Le Je est seulement quelque chose d'universel, de même que Maintenant, Ici ou Ceci en général ; certes, j'ai en tête un Je individuel, singulier, quand je dis Je, et pourtant, je ne parviens pas plus à le dire qu'à dire ce que j'ai en tête selon mon point de vue intime et veux dire par Maintenant, Ici. En disant cet Ici-là, ce Maintenant, ou en désignant une réalité singulière, je dis TOUS les Ceci, tous les Maintenant, tous les Ici, toutes les entités singulières ; et pareillement, en disant Je, tel Je singulier, je dis d'une manière générale TOUS les Je ; chacun est ce que Je dis : Je, ce Je singulier-ci. Lorsque certains exigent de la science, comme la pierre de touche dont elle ne pourrait absolument pas supporter l'épreuve, qu'elle déduise, construise, trouve a priori, que sais-je encore, une cette chose-ci ou un cet homme-ci, il est légitime de réclamer que cette exigence dise quelle chose-ci, ou quel Je — ou individu-ci elle a en tête ; or dire cela est impossible.
La certitude sensible fait donc l'expérience de ce que son essence n'est ni dans l'objet, ni dans le Je, et que l'immédiateté n'est ni l'immédiateté de l'un, ni celle de l'autre, car chez l'un et l'autre, ce que j'ai en tête est au contraire quelque chose d'inessentiel, et l'objet et le Je sont des choses universelles dans lesquelles le Maintenant, l'Ici et le Je que j'ai en tête n'ont pas de consistance durable, ou encore, ne sont pas. Ce qui nous amène à poser le tout de la certitude sensible comme son essence, et non plus un seul moment de celle-ci, ainsi qu'il est advenu dans les deux cas, où c'était d'abord l'objet opposé au Je, puis le Je qui étaient censés être sa réalité. C'est donc seulement la certitude sensible tout entière elle-même qui s'accroche à elle en tant qu'immédiateté, et exclut de soi par là même tout face-à-face, toute opposition telle qu'elle était survenue auparavant.
Cette immédiateté pure ne concerne donc plus en rien l'être-autre de l'Ici en tant qu'arbre, qui passe dans un Ici qui est non-arbre, ni l'être-autre du Maintenant, en tant que jour, qui passe dans un Maintenant qui est nuit, ni un autre Je, pour qui l'objet est quelque chose d'autre. Sa vérité se conserve comme relation qui demeure identique à soi-même, et ne fait aucune différence d'essentialité ou d'inessentialité entre le Je et l'objet, et dans laquelle donc absolument aucune différence ne peut pénétrer. Je, ce Je-ci, j'affirme donc l'Ici comme arbre, et ne me retourne pas de telle manière que l'Ici pour moi deviendrait un non-arbre ; je n'ai cure non plus de ce qu'un autre Je voit l'Ici comme non- arbre, ou de ce que moi-même, une autre fois, je prenne l'Ici comme non-arbre, le Maintenant comme non-jour, mais Je suis pur regard regardant ; pour moi, j'en reste là, le Maintenant est jour, ou encore, j'en reste là : l'Ici est arbre ; je ne compare pas non plus eux-mêmes l'un avec l'autre l'Ici et le Maintenant, mais m'accroche à une relation immédiate unique : le Maintenant est jour.
Puisque, par conséquent, cette certitude ne veut plus venir nous trouver quand nous attirons son attention sur un Maintenant qui est nuit, ou sur un Je pour qui c'est la nuit, approchons-nous donc nous-mêmes d'elle et faisons-nous montrer le Maintenant en question qu'elle prétend. Il faut que nous nous le fassions montrer, puisque la vérité de cette relation immédiate est la vérité de tel Je, de ce Je- ci qui se limite à un Ici ou à un Maintenant. Si nous nous emparions après coup de cette vérité, ou si nous nous tenions éloignés d'elle, elle n'aurait pas du tout de signification, car nous abolirions alors l'immédiateté qui lui est essentielle. C'est pourquoi nous devons venir nous mettre dans le même point du temps ou de l'espace, nous la faire montrer, c'est-à-dire faire faire de nous le même Je-ci qui sait avec certitude. Voyons donc comment est fait cet immédiat qu'on nous désigne.
On nous montre le Maintenant ; ce Maintenant-ci. Maintenant ; dès lors qu'il nous est montré, il a déjà cessé d'être ; le Maintenant qui est, est un autre Maintenant que celui qui est montré, et nous voyons que le Maintenant est précisément ceci, qui consiste, en étant, à n'être déjà plus. Le Maintenant, tel qu'il nous est montré, est un Maintenant qui a été ; et c'est cela sa vérité ; il n'a pas la vérité de l'être. Donc, il est certes bien vrai qu'il a été. Mais ce qui a été n'est pas en fait une essence. Ce qui a été n'EST pas, et c'est de l'être qu'il s'agissait.
Nous ne voyons donc dans ce désignement qu'un mouvement, qui se déroule comme suit : 1. Je désigne le Maintenant, il est asséré comme étant le vrai ; mais je le montre comme quelque chose qui a été, ou comme quelque chose qui est aboli, j'abolis la première vérité, puis : 2. J'affirme maintenant comme la seconde vérité que ce quelque chose a été, est aboli. 3. Mais ce qui a été n'est pas ; j'abolis l'avoir-été ou l'être-aboli, c'est-à-dire la deuxième vérité, nie, ce faisant, la négation du Maintenant, et reviens ainsi à la première assertion : que Maintenant est. Le Maintenant et le désignement du Maintenant sont donc faits de telle manière que ni le Maintenant ni le désignement du Maintenant ne sont une chose simple immédiate, mais un mouvement qui comporte divers moments ; ceci est posé, mais en même temps, c'est au contraire un autre qui est posé, ou encore, le ceci est aboli : et cet être-autre, ou cette abolition du premier, est aboli à son tour, et donc est revenu au premier moment. Mais ce premier moment réfléchi en lui-même n'est plus exactement le même que ce qu'il était primitivement, savoir, un moment immédiat ; il est au contraire justement quelque chose de réfléchi en soi, un moment simple qui demeure dans l'être-autre ce qu'il est ; un Maintenant qui est absolument un grand nombre de Maintenant, et c'est là le Maintenant véritable. Le Maintenant comme simple jour qui a en lui-même de nombreux Maintenant, des heures. Et de même une heure est aussi ce genre de Maintenant, c'est-à-dire tout autant de minutes, et celles-ci sont pareillement de nombreux maintenant, et ainsi de suite. — Le désignement est donc lui-même le mouvement qui énonce ce que le Maintenant est en vérité ; savoir, un résultat, ou encore, le résumé d'une pluralité de Maintenant ; et désigner, c'est apprendre, faire l'expérience que Maintenant est quelque chose d'universel.
L'Ici désigné, que je fixe fermement, est aussi bien un cet Ici-là qui en réalité n'est pas cet Ici-là, mais un devant et un derrière, un en haut et un en bas, un à droite et un à gauche. L'en haut est lui-même tout aussi bien ce multiple être-autre, en haut, en bas et ainsi de suite. L'Ici qui était censé être désigné disparaît dans d'autres Ici, mais ceux-ci disparaissent tout aussi bien ; ce qui est désigné, fixé fermement, et qui perdure, est un ceci négatif, qui n'est ainsi qu'en ce que les Ici sont pris comme ils sont censés l'être, mais ce faisant s'abolissent. C'est un complexe simple de nombreux Ici. L'Ici qu'on a en tête serait le point ; mais ce point n'est pas : c'est au contraire dès lors qu'il est désigné comme étant, que le désignement montre qu'il n'est pas un savoir immédiat, mais un mouvement qui va de l'Ici qu'on a en tête à l'Ici universel en passant par de nombreux Ici, et cet Ici universel, de même que le jour est une pluralité simple de Maintenant, est une pluralité simple d'Ici.
Il apparaît clairement que la dialectique de la certitude sensible n'est rien d'autre que la simple histoire de son mouvement ou de son expérience, et que la certitude sensible elle-même n'est rien d'autre que simplement cette histoire. C'est pourquoi la conscience naturelle elle aussi ne cesse jamais de progresser elle-même vers ce résultat, vers ce qui chez elle est le vrai, et son expérience se fait dans cet itinéraire ; mais c'est aussi pourquoi elle l'oublie toujours tout aussitôt, et recommence le mouvement au départ. Il y a donc lieu de s'étonner quand, à l'encontre de cette expérience, on instaure comme expérience universelle, mais aussi comme affirmation philosophique, et même comme un résultat du scepticisme, que la réalité ou l'être de choses extérieures en tant qu'elles sont ces choses-ci, ou des choses sensibles, aurait une vérité absolue pour la conscience ; ce genre d'affirmation, dans le même temps qu'elle est posée, ignore ce qu'elle proclame, ignore qu'elle dit le contraire de ce qu'elle veut dire. La vérité du ceci sensible pour la conscience est censée être une expérience universelle ; mais c'est bien plutôt le contraire qui est expérience universelle ; chaque conscience réabolit à son tour les vérités du genre : l'Ici est un arbre, ou, le Maintenant est midi, et énonce le contraire : l'Ici n'est pas un arbre, mais une maison ; et ce qui, dans cette affirmation qui abolit la première, est à son tour affirmation, de même espèce, d'un ceci sensible, elle le réabolit pareillement tout aussitôt ; et dans toute cette certitude sensible, elle n'apprendra en vérité que ce que nous avons vu, nous, savoir, le ceci comme quelque chose d'universel, le contraire de ce que l'affirmation en question assure être expérience universelle. — Face à cette invocation de l'expérience universelle, il peut être permis d'anticiper sur la prise en compte du niveau pratique. Eu égard à quoi, on peut dire à ceux qui affirment cette vérité et certitude de la réalité des objets sensibles qu'ils feraient bien de retourner à l'école la plus élémentaire de la sagesse, aux Mystères d'Éleusis de l'Antiquité, où l'on célébrait Cérès et Bacchus, et qu'ils doivent d'abord apprendre le secret de la consommation du pain et du vin ; car le myste initié à ces secrets n'en vient pas seulement, en effet, à douter de l'être des choses sensibles, il finit par en désespérer ; d'une part il accomplit lui-même en eux leur nullité, et par ailleurs il la voit accomplir. Les animaux eux-mêmes ne sont pas exclus de cette sagesse-là, mais font la preuve, au contraire, qu'ils sont très profondément initiés en cette matière, puisqu'ils ne restent pas en arrêt devant les choses sensibles comme devant autant de choses qui seraient en soi, mais, désespérant de cette réalité et pleinement certains de sa nullité, se servent sans autres manières, et les dévorent ; et la nature tout entière célèbre comme eux ces mystères on ne peut plus transparents qui nous enseignent ce qu'est la vérité des choses sensibles.
Mais ceux qui posent ce genre d'affirmation, pour nous en tenir à nos remarques précédentes, disent aussi eux-mêmes immédiatement le contraire de ce qu'ils ont en tête selon leur point de vue intime ; et ce phénomène est peut-être le plus susceptible de nous amener à réfléchir sur la nature de la certitude sensible. Ils parlent de l'existence d'objets extérieurs qui peuvent être définis de manière plus précise encore comme des choses effectives, absolument singulières, tout à fait personnelles, individuelles, dont aucune n'a plus absolument son identique ; cette existence aurait une certitude et vérité absolues. Ils ont en tête : ce morceau de papier-ci sur lequel j'écris ceci, ou plus exactement, l'ai écrit ; mais ce qu'ils ont en tête, ils ne le disent pas. S'ils voulaient effectivement dire ce morceau de papier-ci qu'ils ont en tête, et si c'est dire qu'ils voulaient, cela est impossible parce que le ceci sensible qu'ils ont en tête est inaccessible au langage, qui ressortit à la conscience, à l'universel en soi. C'est pourquoi, sous la tentative effective de le dire, ce ceci finirait par moisir et se décomposer ; ceux qui auraient commencé à le décrire ne pourraient pas aller jusqu'au bout de la description, mais devraient la confier à d'autres, qui finiraient eux-mêmes par avouer parler d'une chose qui n'est pas. Ils ont donc bien en tête ce morceau de papier-ci, qui est ici un tout autre morceau de papier que celui dont on parlait ci-dessus ; mais ils énoncent par la parole des choses effectives, des objets extérieurs ou sensibles, des essences absolument singulières, et ainsi de suite, c'est-à-dire que ce qu'ils disent d'eux n'est que de l'universel ; aussi, ce que l'on appelle l'ineffable n'est il rien d'autre que le non-vrai, le non-rationnel, l'opinion qui n'est que cela, ce qu'on avait simplement en tête. — Quand on ne dit de quelque chose rien de plus que : « c'est une chose réelle effective, un objet extérieur », cette chose n'est alors énoncée que comme la plus universelle d'entre toutes, et en disant cela c'est bien plutôt son identité avec tout le reste, que la différence, qu'on énonce. Quand je dis une chose singulière, je la dis au contraire, tout aussi bien, comme chose tout à fait universelle, car toutes les choses sont chose singulière ; et pareillement, cette chose-ci est tout ce qu'on voudra. Si nous la décrivons plus précisément, comme ce morceau de papier-ci, toute espèce et tout bout de papier est un ce morceau de papier-ci, et je n'ai toujours rien fait que dire l'universel. Mais si je veux aider la parole, qui a la nature divine de renverser immédiatement ce qu'on croit être selon le point de vue intime, d'en faire quelque chose d'autre, et ce faisant de ne pas le laisser s'exprimer verbalement, en désignant ce morceau de papier-ci, je fais alors l'expérience de ce que la vérité de la certitude sensible est en fait ; je le désigne comme un Ici, qui est un Ici d'autres Ici, ou encore, qui est en lui-même un ensemble, une concomitance simple d'un grand nombre d'Ici, c'est-à-dire un universel. Je le prends et reçois tel qu'il est en vérité, et au lieu de savoir quelque chose d'immédiat, je prends dans sa vérité, je perçois.

Et comprendre que le présent immédiat n'est qu'un universel abstrait car :
Hegel a écrit:Mais c'est le langage, nous le voyons, qui est le plus vrai
Donc toujours un lien entre des Maintenant et jamais la pure certitude sensible.


Dernière édition par Grégor le Mar 3 Sep 2024 - 18:46, édité 1 fois
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Message par Saint-Ex Mar 3 Sep 2024 - 16:13

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Hé ben moi je me suis penché sur la philosophie de Hegel, et voilà ce que j'en ai pondu :

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Tout ce que l'humain croit vrai, il le croit de préférence 

Francis Bacon

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Hegel se donne pour tâche de penser la vie et manifeste très tôt son intérêt pour la question religieuse. Ses premiers essais portent sur l'histoire du christianisme : « La vie de Jésus », « L'esprit du christianisme et son destin ». 

Fortement influencé par le luthérianisme et ses origines souabes, qui défendent avec force un luthérianisme concret, Hegel voit dans la religion des pères souabes la possibilité d'une réconciliation entre l'humain et Dieu que son époque a séparés. 

Unité perdue, contradictions et aliénations de l'humain et de la pensée, tout l'effort philosophique de Hegel consistera à repenser la totalité de l'Histoire en repensant la totalité du réel comme avénement de l'Idée ou de l'Absolu. L'Idée qui prend les nombreuses figures de l'Absolu, et qui dirige l'Histoire vers son terme et son achèvement, par un système de correspondances et d'oppositions, d'identités et de différences qui suit le mouvement du devenir, semble réaliser en son fond une même nature humaine et divine qui, pour se retrouver, doit d'abord s'aliéner. 

Que Hegel ait conçu le Dieu des chrétiens comme un Dieu extérieur au monde, cela reste douteux et on en chercherait longtemps la preuve dans son œuvre. 

Tout laisse croire à une philosophie dont la traduction objective sous forme dialectique atteste de la révélation progressive de l'incarnation et de la réalisation de Dieu sur terre. L'histoire de l'Esprit absolu qu'il nous faut raconter, c'est le récit et l'histoire d'une théodicée.


Entendement et raison

Il y a chez Kant deux facultés de la connaissance : l'entendement et la raison. 

L'entendement unifie sous la forme de catégories les modes du jugement par lesquels nous lions les phénomènes et organisons l'expérience. 

La raison est la faculté qui cherche à s'élever au delà de l'expérience pour trouver dans l'inconditionné ce que l'entendement lui-même n'est pas parvenu à unifier : l'âme, le monde et Dieu. La raison conserve son entière valeur dans le domaine de la philosophie pratique, mais quand elle prétend s'élever au-delà de l'expérience, son activité synthétique donne lieu à une illusion, c'est-à-dire à une impossibilité d'atteindre la chose en soi.

Avec son génie particulier, Hegel reprend l'opposition entre l'entendement et la raison, mais il en change le sens. Ce que Hegel appelle précisément l'entendement, c'est la pensée qui isole, qui décompose. 

L'entendement sépare et oppose ce que la raison unie et relie dans une unité supérieure. L'entendement fige chaque étape ou chaque moment du devenir, tandis que la raison nous en livre le contenu vivant, réel et actif qui contient et développe les différenciations internes.

Cette nouvelle distinction entre l'entendement et la raison sonne le glas de la philosophie, y compris celle de Kant, qui a été impuissant à réaliser l'unité supérieure de la pensée en condamnant la connaissance à n'être rien de plus qu'une logique transcendantale de l'apparence, du phénomène. 

Toute la philosophie moderne s'est édifiée contre la dialectique. 

Descartes en fut le héraut, lui qui avait identifié le bon sens ou la raison aux évidences des idées claires et distinctes. Dialecticiens en intention, les philosophes du passé, Platon, Aristote, sont eux même coupables d'avoir appliqué au réel un mode de pensée fragmentaire, parcellaire, fixatif. 

Il n'y a qu'Héraclite pour trouver grâce aux yeux de Hegel. Héraclite, le philosophe du changement, qui a su saisir le devenir incessant des choses, qui a pensé les opposés comme conflictuels et qui a fait de l'ordre du monde un équilibre instable entre les contraires.

Ironique tout de même ! Celui qui a su se placer du point de vue de l'Absolu, qui dépasse tout point de vue particulier ou relatif, celui qui a su indiquer la porte de sortie à tous ses devanciers, Hegel, le secrétaire et l'interprète de l'Idée, qui trouve en un présocratique le prototype de sa pensée et de la philosophie « vraie ». 

Hegel disait vouer une admiration sans borne à Héraclite au sujet duquel il proclamait : « Il n'est pas une proposition de lui que je n'ai pas reprise dans ma logique. » Or, Héraclite est le premier à avoir enseigné que tout est en mouvement, que la loi du devenir et l'âme de tout développement prend la forme nécessaire de la dialectique !

La philosophie hégelienne est elle aussi une philosophie du devenir. Mais ici s'arrête la comparaison. 

Ne nous méprenons pas : en reprenant l'idée de dialectique, Hegel savait très bien ce qu'il faisait, surtout que, plus près de lui, les post-kantiens Fichte et Shelling avaient tenté d'établir une conception unifiée du monde sur l'identité de la contradiction.

Pour déconsidérer des adversaires trop proches, il peut toujours être utile de revendiquer la paternité d'un vieux philosophe mort depuis plus de 2000 ans …


Des triades de triades

La dialectique hégelienne comme loi dynamique des êtres scande toujours le même mouvements en trois temps. Le moment abstrait, le moment dialectique, le moment spéculatif. Triade elle-même formée d'autres triades. 

Enserrant le mouvement triadique, un premier cercle ou une première triade nous aide à comprendre toutes les autres, lesquelles ne sont que l'extériorisation ou le déploiement de cette première triade. Il s'agit du mouvement dialectique en général, du schéma universel qui gouverne l'ensemble du système « Être/non-Être/Devenir » traduit ordinairement et le plus souvent par « Thèse/Antithèse/Synthèse ».

Le rythme triadique, qui repose sur le grand principe de l'identité de l'être et de la pensée constitue la part originale de l'hégélianisme et le fondement de son idéalisme absolu. L'intention idéaliste de Hegel se traduit dans sa manière de poser et de résoudre les problèmes. Tout part de l'Idée pour revenir à l'Idée. Les choses n'ont d'existence véritable qu'en tant qu'elles sont des dérivations de l'Idée, des déterminations de l'esprit rationnellement et dialectiquement fondées. Tout se passe à l'intérieur de l'Esprit, qui doit découvrir dans le monde ce qui est homogène à l'Idée et à la pensée.

« Ce qui est réel est rationnel et ce qui est rationnel est réel ». La célèbre formule de la préface aux « Principes de la philosophie du droit », tel un slogan publicitaire, annonce en grosses lettres ce que le système tout à la fois présuppose, développe et contient. 

Le monde et ses déterminations n'ont de contenu valable que pour autant qu'ils émanent de la pensée. Tout ce qui s'engendre ne s'engendre que dialectiquement et par la pensée. La méthode dialectique est plus qu'un procédé de construction, c'est la vraie figure de la pensée dans laquelle la vérité existe. 

Ce qui se retrouve d'absolument identique et d'intelligible dans la nature et l'histoire comporte son développement dans l'esprit. 

L'ensemble du système hégelien est ce gigantesque jeu de mécano où l'esprit, porté par la puissance de la raison, les yeux fixés sur l'Absolu et l'Éternel, doit nous livrer le contenu du réel en nous livrant la structure et le dynamisme internes des êtres et des choses !


La phénoménologie de l'esprit

« La phénoménologie de l'esprit » contient tous les germes du système de Hegel. C'est une véritable odyssée du savoir. Elle présente la conscience aux prises avec elle-même et dans sa conquête progressive de la liberté. Elle décrit le chemin parcouru par la conscience lorsqu'elle tente de se reconnaître comme Esprit. La conscience doit franchir différentes étapes. Elle doit passer par différents moments : la certitude sensible, la perception, l'entendement, etc. Elle doit se perdre ou s'aliéner avant de pouvoir se reconnaître et se retrouver dans la religion et le savoir absolu. 

Voilà ce que nous dit Hegel : « J'ai suivi dans '' La phénoménologie de l'esprit '' l'évolution de la conscience, sa marche progressive, depuis la première opposition immédiate entre elle et l'objet jusqu'au Savoir Absolu. Le chemin qu'elle a suivi passe par toutes les formes de rapport entre la conscience et l'objet et a pour aboutissement le concept de la science. »

Le système de la Science, qui est le discours vrai de la science et du réel, et dans lequel toute distinction est abolie entre les deux, est prêt à accueillir toutes les transformation nécessaires de la conscience en visant à recueillir l'ensemble de l'expérience humaine. Il s'agit de porter le réel à la parole et de retracer les modes de constitution du monde par le dire qui révèle au monde sa propre constitution ordonnée et rationnelle. 

Les grandes figures de la conscience y passent en même temps qu'y passe l'histoire du monde et de l'humain puisqu'il s'agit ici du monde qui s'est fait Esprit. Cette « Phénoménologie » ne veut rien laisser de côté. Partant du non-savoir pour aller vers le savoir, l'ordre nouveau qu'elle instaure pour soi n'est que de l'ordre ancien d'un en soi dépassé. Les figures s'échangent mais ne disparaissent jamais complètement. Par le jeu complexe de leur médiation se dessine une nouvelle ordonnance du monde qui forme la constitution du Tout. 

La règle qui est le secret soutenant cette logique en marche vers l'Absolu s'annonce comme les étapes d'une histoire, comme les phases d'un développement.

1 )  D'abord, ce qu'il y a de plus pauvre dans la connaissance : le voir, l'entendre. Ensuite, la perception qui dépasse l'immédiateté sensible pour faire aussitôt place à l'entendement qui discerne identités et différences. Voilà pour un premier mouvement composé de trois moments où l'objet, d'abord différent de la connaissance, s'identifie à celle-ci pour former le Concept.

2 )  En s'élevant au niveau de la réalité, la conscience se découvre elle-même et devient conscience de soi. Prête pour un nouveau départ, partant à la conquête de sa propre vérité, elle rencontre l'intersubjectivité en rencontrant une autre conscience. Deuxièmement, désir et liberté s'affrontent en une lutte pour la reconnaissance où seul celui qui n'a pas peur de perdre sa liberté vaincra, l'autre, préférant sa vie à la liberté, esclave de la vie, deviendra esclave du maître. Suit la dialectique du maître et de l'esclave.

3 )  Le devenir de l'esclave fait apparaître les figures du stoïcisme, du scepticisme et enfin l'attitude chrétienne. Mais ce sont des impasses qui montrent l'échec de la libération. La venue du Christ sur terre, sa mort et sa résurrection, d'espoir de réconciliation avec le monde, se mue en impossibilité. « Dieu est mort ». Par le déchirement, l'esclave demeure prisonnier de la conscience malheureuse.

4 )  Le retour vers le monde pour réaliser le salut terrestre semble être la seule solution. Entrent en scène les figures de Faust et de Don Quichotte. Leurs tentatives se soldent par un nouvel échec. Ils ont été conduits sur les chemins du désespoir. C'est ici que le premier grand cycle se termine. La conscience de soi, à la recherche d'elle-même et de sa propre liberté, voulant s'élever à l'universel véritable, ne rencontre que l'universel illusoire. Les tentatives désespérées et les échecs successifs de la conscience doivent s'élargir à la dialectique de l'Esprit objectif, aux produits et aux œuvres de la Culture, dans la société, la morale, le droit. 

Odyssée de la conscience et voyage initiatique à travers le savoir, cette sorte de spectacle qu'est « La phénoménologie de l'esprit » donne une idée de la façon dont le philosophe enchaîne dialectiquement les concepts. Le positif se change en négatif, et le négatif en positif, selon le schéma universel et nécessaire de tout développement dialectique. L'histoire du monde en raccourci, c'est l'histoire de l'Esprit qui, après tant d'échecs et de réussite, se découvre enfin comme Esprit.

L'Esprit qui prend possession du monde par la raison et la liberté, c'est l'Esprit qui se reconnaît et se justifie à travers ses réalisations et ses œuvres. C'est l'Esprit universel qui anime le monde. C'est le chemin parcouru par la conscience et sa quête vers l'Absolu. 

« La phénoménologie de l'esprit » est le premier moment du système, le grand cercle dans lequel tous les autres cercles viendront s'inscrire une fois que le système aura atteint sa forme achevée et définitive : un cercle de cercles.


Planisphère du système hégelien

C'est dans l'« Encyclopédie des sciences philosophiques » qu'on retrouve l'état achevé du système hégelien. Cet ouvrage est divisé en trois grandes parties. C'est l'exposition d'une vaste triade : « La science de la Logique », « La philosophie de la Nature » et « La philosophie de l'Esprit ». 

Il n'est pas toujours facile d'y voir les liens et d'en percevoir l'unité tant l'arbitraire règne au sein du système. Le schéma en trois moments n'est pas sans danger quand on prétend l'appliquer uniquement à l'ensemble de la réalité. Les trois grandes divisions de la philosophie correspondent à la triade Idée/Nature/Esprit qui gouverne le système et qui se décompose elle-même en de nouvelles triades qui sont le point de départ d'autres triades, etc.

l'Idée renvoie à l'ensemble des caractères logiques et pensables de toute réalité. Elle se compose de trois moments : l'Être, l'Essence, le Concept. Trois moments capables de produire des formes déterminées et susceptibles de recevoir un contenu sensible. Ces trois moment abstraits de l'Idée sont présentés dans la « Science de la logique » et repris au début de l'« Encyclopédie ». La Nature est l'extériorisation de l'Idée qui sort d'elle-même pour se manifester dans les êtres physiques et biologiques. 

Ses trois moments, la mécanique, la physique et l'organique sont les trois moments de la philosophie de la Nature par lesquelles la Science de la Logique reçoit un contenu sensible. Hegel en fait trois moments de la dialectique, où l'Idée, devenue extérieure et étrangère à elle-même, pour en arriver à produire la conscience, doit s'intérioriser au sein de la Nature par un système de degrés sortant nécessairement les uns des autres. 

La Nature qui transmue les réalités physiques et biologiques en moments de la dialectique. L'espace et la matière considérés comme une aliénation de l'Esprit.

Le résultat est ridicule !

L'Esprit est le retour sur soi de l'Idée, l'intériorisation de l'Idée après son aliénation et son extériorisation dans la nature. La philosophie de l'Esprit comporte elle-même trois moments : l'Esprit Subjectif, l'Esprit Objectif et l'Esprit Absolu. L'avénement du règne de l'Esprit consacre l'achèvement du système, dont chaque terme ou chaque moment est une position de l'Esprit ou une définition de l'Absolu. 

On peut se représenter l'ensemble du système sous une forme simplifiée et schématique. L'image du « cercle de cercles » permet d'illustrer le système de Hegel. Un cercle n'a ni début, ni fin. Chaque cercle est à la fois un commencement et un résultat, commencement d'un nouveau cercle, résultat du cercle précédent. Le cercle enserre l'infini dans le fini. 

L'Absolu est à la toute fin, comme accomplissement du système tout entier. Le système achevé du monde englobe toutes les catégories possibles de l'Être et de la Pensée. C'est le couronnement de l'œuvre hégelienne. C'est le processus de constitution de la Science qui renferme en lui les conditions de fermeture de tout discours possible sur la réalité. 

Le fin mot de la Science et le dernier chapitre de l'Histoire universelle s'achève avec Hegel ! ...



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Le système hégelien :



I .  Science de la Logique
II . Philosophie de la Nature
III . Philosophie de l'Esprit




I .  Science de la Logique
===>  l'Être
===>  l'Essence
===>  le Concept



II . Philosophie de la Nature
===>  la Mécanique
===>  la Physique
===>  l'Organique



III . Philosophie de l'Esprit
===>  l'Esprit Subjectif
===>  l'Esprit Objectif
===>  l'Esprit Absolu



===>  l'Esprit Subjectif
------------ >  l'Âme
------------ >  la Conscience
------------ >  l'Esprit




===>  l'Esprit Objectif
------------ >  le Droit
------------ >  la Morale
------------ >  l'État



===>  l'Esprit Absolu
------------ >  l'Art
------------ >  la Religion
------------ >  la Philosophie


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Esprit subjectif et Esprit objectif

L'Idée. 
La Nature. 
L'Esprit. 

Premier moment.
Deuxième moment.
Troisième moment.

L'Esprit, après avoir séjourné hors de soi dans les deux premiers moments de la doctrine (la Science de la Logique et la Philosophie de la Nature), reprend possession de lui-même en rentrant en lui-même pour se réaliser par la pensée et l'activité de l'humain (la Philosophie de l'Esprit).

À son état natif, l'esprit est indistinct de l'âme, d'une âme naturelle elle-même indistincte du corps naturel. L'esprit s'élève par degrés à la sensation, au sentiment, à l'habitude, avant de se faire conscience, conscience de soi et raison, laquelle, par intériorisation et extériorisation, théorie et pratique, devient esprit libre. 

L'Esprit subjectif est le premier moment de l'Esprit, moment abstrait où l'esprit, en s'individualisant, se reconnaît comme esprit libre, libre et riche dans sa certitude de soi et sa vérité. Mais l'Esprit ne peut s'accomplir librement par la seule détermination intérieure. L'individualité libre n'est que l'élément en soi de la culture, auquel il manque la direction décisive, qui est la médiation et la relation interindividuelle. Les progrès de la liberté ne sont possibles que par la sortie de l'Esprit hors de soi, par son extériorisation qui effectue le passage, ou la médiation, de l'Esprit subjectif à l'Esprit objectif. 

Les trois formes de la liberté réelle que l'« Encyclopédie » désigne sous le nom d'Esprit objectif sont :

Le Droit.
La Morale.
L'État.


Le Droit

Le Droit assure la personne dans sa propriété. Une chose m'appartient lorsque ma volonté la fait mienne. Quand je retire ma volonté et qu'un autre y insère la sienne, cette chose lui appartient. La reconnaissance à la propriété repose sur un « contrat » où chacun s'engage à respecter le bien d'autrui à condition que soit respecté le sien propre. En cas d'action délictueuse sur la propriété (user du non mien comme s'il était mien), un juge désintéressé doit établir l'état de droit par la punition ou la contrainte sur  les personnes ou sur la propriété. La théorie du droit de Hegel n'exige aucune implication de l'État.


La Morale

La liberté du droit est liberté mais liberté toute extérieure à soi, liberté abstraite qui se constitue sur le mode de l'avoir, de la possession. D'où la nécessité d'un droit qui vient garantir dans un même temps à la fois le droit, en tant qu'institution privée, et la personne dans sa propriété. Mais ni le contrat lui-même ni la contrainte sur la personne ne peuvent protéger l'individu de l'injustice et de la violence extérieure que l'abstraction du droit formel rend inévitable. Ne pouvant empêcher la possibilité du délit, inhérent au contrat, il a fallu instituer les tribunaux qui servent avant tout à restituer l'état de droit. C'est donc en soi, dans sa subjectivité, que le sujet va chercher sa liberté. 

Ce moment de reprise sur soi et en soi de sa liberté par une exigence d'intériorisation correspond au moment kantien de la philosophie pratique. Kant avait défini la moralité comme une exigence intérieure, un devoir, que la volonté bonne, dans son rapport à autrui, pose comme un universel, c'est-à-dire valable absolument pour tous. 

Hegel dénonce le caractère abstrait de la morale de Kant. La morale subjective de Kant relève non pas de l'être, mais d'un devoir être. La morale kantienne définit un idéal à atteindre, mais cet idéal est inaccessible. Tout s'y oppose, les conditions singulières de l'action, la contradiction entre l'intention voulue, qui est pure, et le fait qu'en agissant l'homme doit accepter la souillure du monde à la pointe de laquelle la conscience retombe et s'abîme. Le fondement abstrait du devoir aboutit à un formalisme vide. Le but, qui est énoncé comme un pur devoir, ne contient en lui-même que la simple injonction : « je dois ». Il a le caractère d'une nécessité, mais d'une nécessité dont l'atteinte est encore incertaine. Sans doute déjà à ce niveau l'individu accède-t-il à la volonté raisonnable, à la liberté voulue, mais c'est une liberté intérieure qui a besoin d'être déterminée. 

La morale effective ne peut être qu'une morale réalisée. L'universel abstrait de la loi morale doit passer à l'universel concret. À savoir l'en soi et le pour soi de l'Esprit objectif : la famille, la société, l'État.


L'État

La famille, la société civile, l'État : toujours le même mouvement en trois temps que scande le prophète de l'Absolu.

Pour Hegel, l'État est la réalité universelle, le lieu de l'apaisement qui est celui du triomphe de la liberté. Les progrès de la liberté, qui a dû passer par différents stades de l'Esprit dans son élévation vers l'Absolu (le droit, la morale, la famille, la société civile), trouvent dans l'État leur repos et leur tranquillité, là où toute négation ou toute opposition (les conflits entre les intérêts privés et les égoïsmes individuels) est abolie, là où l'Esprit objectif se reconnaît en soi et pour soi comme liberté effective : 

« L'essence de l'État, c'est l'universel en et pour soi, l'élément rationnel de la volonté, subjectif toutefois en tant qu'il se sait et s'affirme, et un individu en sa réalité. D'une manière générale, son œuvre, par rapport à l'extrême de l'individualité, c'est-à-dire la foule des individus est double. L'État doit d'abord les conserver comme personne, faire par suite du ''droit'' une réalité nécessaire, puis avancer leur ''bien-être'' auquel chacun travaille pour lui-même, mais qui a un côté général. L'État doit protéger la famille et diriger la société civile. En ''second lieu'', il doit ramener ces deux choses ainsi que toute la mentalité et toute l'activité de l'individu, qui tend à se constituer son propre centre, à la vie de la substance universelle et en ce sens faire obstacle comme puissance libre à ces sphères qui lui sont subordonnées et les conserver dans leur immanence substantielle. »

Suivant le principe hégélien de « l'identité de l'individuel et de l'universel », l'État ne peut être incarné que par le souverain absolu, qui seul représente l'esprit du peuple, esprit dont il est lui-même la loi et la substance vivante, l'autorité rationnelle et la volonté universelle, gouvernement d'un seul qui est l'apologie de l'idéologie absolutiste : 

« Les constitutions démocratique, aristocratique et monarchique, il faut les considérer comme des formulations nécessaires dans le développement et par suite dans l'histoire de l'État. » 

« La souveraineté, qui n'est d'abord que la pensée universelle de cette idéalité, ne devient existence que comme subjectivité sûre de soi. C'est le côté individuel de l'État qui est unique, qui ne se manifeste qu'alors comme unique. Mais la subjectivité n'est vraie que comme sujet, la personnalité comme personne, et dans une constitution qui atteint la réalité rationnelle, chacun des trois moments du concept a son incarnation séparée et réelle pour soit. Cet élément décisif, absolu de l'ensemble n'est donc pas l'individualité en général, mais un individu : le monarque. »

La pensée de l'État, et donc de la souveraineté, se détermine, se concrétise, se particularise et devient identique à l'être que le monarque incarne en son individualité. 

Le monarque est celui par lequel l'absolu du concept accède au moment suprême de l'Idée, de l'universel vrai qui est l'universel concret. 

« Le concept comprend les moments suivants :
1 .  L'universalité comme égalité libre avec elle-même dans sa détermination concrète. 
2 .  La particularité, la détermination concrète où l'universel demeure, sans altération, égal à lui-même.
3 .  L'individualité en tant que réflexion sur soi des déterminations concrètes de l'universalité et de la particularité, qui, unité négative en soi est le déterminé en et pour soi et en même temps l'identique avec soi ou l'universel. »

Impossible ici de ne pas apercevoir l'affinité entre cette théorie de l'État et la situation politique de l'Europe de l'époque. Le pessimisme du début du 19e siècle laisse place à un optimisme où, s'inspirant de l'exemple napoléonien, l'État a été restauré dans sa légitimité et son pouvoir absolu. 

Hegel célèbre ce retour de l'absolutisme :

« L'esprit de l'univers, si occupé par la réalité, entraîné vers l'extérieur, se trouvait empêché de se replier vers le dedans et sur lui-même, pour se rendre dans la patrie qui lui est propre et y jouir de lui-même. Aujourd'hui, alors que le torrent de réalité a été brisé et que la nation allemande a, d'une manière générale, sauvé sa nationalité, le fondement de toute vie vraiment vivante, le temps est venu aussi pour le libre empire de la pensée de fleurir dans l'État, de la manière qui lui est propre, à côté du gouvernement du monde réel. Et la puissance même de l'esprit s'est fait valoir en cette époque, au point que les idées seules et ce qui leur est conforme, sont ce qui peut aujourd'hui d'une manière générale se maintenir et que ce qui veut avoir quelque valeur, doit se justifier devant la sagesse et la pensée. C'est tout particulièrement cet État qui m'a accueilli, qui, par sa prépondérance intellectuelle, s'est élevé à l'importance qui lui convient dans le monde réel et politique, se rendant égal en puissance et en indépendance à des États qui lui eussent été supérieur par leurs moyens extérieurs. »

« Se rendant égal en puissance et en indépendance à des États qui lui eussent été supérieur par leurs moyens extérieurs. ».

Hegel pense à la nation française, bourgeoise, révolutionnaire et napoléonienne : 

« J'ai vu l'Empereur, cette âme du monde, sortir de la ville pour aller en reconnaissance : c'est effectivement une sensation merveilleuse de voir un pareil individu qui, concentré ici sur un point, assis sur un cheval, s'étend sur le monde et le domine. »

C'est le même espoir que Hegel nourrit pour l'Allemagne, mais maintenant, il n'est plus nécessaire de tout détruire pour tout reconstruire. Hegel a su tirer les leçons de l'échec de la Révolution française et de la Terreur.

L'État est la vérité de la société du droit, de la morale, de la société civile. Il n'y a rien de supérieur. Tout ce qui a précédé l'État moderne ne sont que des degrés de l'avénement de l'Esprit, des scansions dans son élévation vers la liberté. L'État est la raison qui se réalise. L'Esprit prenant conscience de lui-même et de sa complète liberté. Actualisation de la liberté, passage du fini à l'infini, incarnation de l'Éternel dans le temps, l'État représente la forme la plus haute de notre destin où l'individu trouve sa fin en tant que membre d'une communauté organique. 

Un « Concert des Nations », des États fédérés, à l'exemple de la Communauté européenne, comme Kant l'avait imaginé, c'est pour Hegel une pure abstraction, un « devoir-être » à la merci de la volonté de chaque État. La raison ne doit concevoir que ce qui existe : au-delà de ce qui existe, on ne constate que le vide. L'État moderne constitue pour Hegel le dernier stade du développement de l'Esprit objectif qui confine à l'Esprit absolu et à ses trois moment :

L'Art
La Religion révélée
la Philosophie


De l'Esprit objectif à l'Esprit absolu

L'histoire rationnelle est l'Histoire qui s'accomplit à travers les œuvres et les réalisations effectives que les hommes poursuivent dans l'espace et le temps. C'est l'Histoire universelle des États tels qu'ils se sont constitués à travers les différents stades de l'Esprit dans son élévation vers l'absolu. Dans chaque peuple, on peut déceler un germe spirituel qui fonde son esprit et qui fait que ce peuple, dans l'Histoire, a pu imposer ou dominer le monde :

« Le peuple, qui reçoit un tel élément comme principe naturel, a pour mission de l'appliquer au cours du progrès en conscience de soi de l'Esprit universel qui se développe. Ce peuple est le peuple dominant dans l'Histoire universelle pour l'époque correspondante. Il ne peut faire époque qu'une seule fois dans l'Histoire et contre ce droit absolu qu'il a parce qu'il est le représentant du degré actuel de développement de l'esprit du monde, les autres peuples sont sans droits, et ceux-ci aussi bien que ceux dont l'époque est passée, ne comptent plus dans l'histoire universelle. »

Il y a une raison dans l'Histoire, et l'Histoire qui se fait raison est l'Histoire universelle consciente d'elle même et consciente du progrès dans sa marche vers la liberté. Chaque peuple fait son bout de chemin. Partant de l'enfance de l'Esprit, Hegel peut retracer les grandes étapes de son propre devenir conscient lui-même jusqu'à sa propre maturité :

*  Les despotismes orientaux. Un seul individu est libre, le monarque. Tous les autres y sont assujettis.
*  La civilisation gréco-romaine. Quelques uns sont libres : les citoyens qui ont passé un contrat entre eux.
*  La civilisation germano-chrétienne. Tous les hommes sont libres. La plus grande liberté réside dans la conscience religieuse, dans la libération de l'esprit, la supériorité spirituelle capable de recevoir la révélation suprême : la révélation protestante.

La substance vivante et consciente d'elle-même de la communauté constitue la complète réalisation de la liberté par laquelle l'Histoire s'achève. La réussite de l'Allemagne administrant la réforme conclue l'Histoire dans sa Vérité, telle une véritable théodicée :

« L'esprit germanique est l'esprit du monde moderne germanique qui a pour fin la réalisation de la vérité absolue en tant que détermination autonome et infinie de la liberté, cette liberté qui a pour contenu sa forme absolue même. La destination des peuples germaniques consiste à fournir des supports au principe chrétien. Le principe fondamental de la liberté spirituelle, le principe de la réconciliation fut placé dans les âmes encore candides et incultivées de ces peuples et il leur fut imposé comme mission, non seulement de détenir pour le service de l'Esprit de l'Univers l'idée de la vraie liberté comme substance religieuse, mais encore de produire en liberté dans le monde en le tirant de la conscience subjective de soi-même. »

Les progrès de l'Esprit objectif dans sa marche et son élévation vers l'Absolu enveloppent les figures successives ou les trois moments d'un processus unitaire dynamique :

Le Droit
La Morale
L'État (que l'Histoire, dans une tentative de systématisation rationnelle recueille comme une succession d'événements et de développements qui s'explicitent en une structure dialectique du Concept, qui s'exprime dans la progression effective d'un dépassement.)


L'Art

Mode d'expression et exigence rationnelle des plus élevés, l'art ou l'esthétique est le premier moment de l'Esprit. C'est l'en soi de l'Esprit absolu qui se manifeste dans une œuvre extérieure à l'Esprit ou l'Idée avant de se présenter comme pure intériorité dans la Religion et la Philosophie et qui apparaît sous une forme sensible :

« [Il y a dans l'Art] un travail qui est à notre avis un des plus importants de tous ceux qui s'offrent à la Science. Dans l'Art, en effet, il ne s'agit pas d'un simple jeu utile ou agréable, mais d'une libération de l'esprit du contenu et de la forme de la finitude. Il s'agit de la présence de l'Absolu dans le sensible et le réel. »

« La plus haute destination de l'Art est celle qui lui est commune avec la religion et la philosophie. Comme celles-ci, il est un mode d'expression du divin, des besoins et exigences les plus élevées de l'esprit. Les peuples ont déposé dans l'art leurs idées les plus hautes, et il constitue pour nous le seul moyen de comprendre la religion d'un peuple. Mais il diffère de la Religion et de la Philosophie par le fait qu'il possède le pouvoir de donner de ces idées élevées une représentation sensible qui nous les rend accessibles. »

Expression de l'infini dans le fini, dualité de fini et de l'infini, voilà pour nouvelle triade où le philosophe du Concept voit la réalité extérieure de l'œuvre peu à peu s'intérioriser :

*  L'art symbolique (égyptien), dont la forme est l'architecture.
*  L'art classique (grec), dont la forme est la sculpture.
*  L'art romantique (chrétien), qui se réalise à travers la peinture, la musique et la poésie.

La mission historique de l'Art se trouvant accomplie, Hegel signe la « mort de l'Art » :

« L'Art reste pour nous, quand à sa suprême destination, une chose du passé. De ce fait, il a perdu pour nous tout ce qu'il avait d'authentiquement vrai et vivant, sa réalité et sa nécessité de jadis, et se trouve désormais relégué dans notre représentation. »

Il n'y a plus personne aujourd'hui qui ne tienne compte sérieusement des vues hégeliennes sur l'avenir de l'Art ...

À travers une analyse idéologique de l'Art, spirituelle en surface, religieuse en son fond, Hegel, selon sa méthode habituelle, en marque les étapes, le chemin parcouru par l'Esprit dans son progrès et son élévation vers l'Absolu.

La supériorité spirituelle du romantisme proclame une fois de plus la supériorité spirituelle du génie allemand. 

Le génie allemand est le seul qui a pu s'élever si haut dans l'expression de son âme spirituelle, celui qui s'est rapproché le plus près du divin et de l'infini de la forme de l'œuvre d'art. 

L'art romantique allemand a porté jusqu'à une subjectivité parfaite la peinture, la musique, et à un degré suprême, la poésie.

« La poésie, qui est l'art de la parole, constitue le moyen terme qui réunit les deux extrêmes formés par les arts plastiques et par la musique, pour en réaliser la synthèse et les porter ainsi réunis, à un niveau supérieur, qui est celui de l'intériorité spirituelle. »

Ne l'oublions pas : quand Hegel réfléchit au grand romantisme, il rêve à la prodigieuse tourmente poétique allemande (Goethe, Schiller, Hölderlin).


La Religion révélée

Le système hégelien reproduit toujours la même pulsation triadique. Le Savoir, d'abord pris dans son immédiateté (premier moment), doit pouvoir se nier pour se dépasser (deuxième moment), et se nier pour se reconquérir (troisième moment). Cette négation n'est pas une suppression, mais un maintien et une conservation de ce qui est nié ou dépassé en vue d'un usage futur. 

L'Esprit en soi est Esprit subjectif, pour soi Esprit objectif, en soi et pour soi Esprit absolu. 

L'Esprit absolu est en soi Art. Il est pour soi Religion, et il est en soi et pour soi Philosophie.

L'Art en tant que réalisation de l'Esprit est la manifestation de l'Esprit hors de soi qui s'exprime diversement dans une œuvre sensible par la saisie immédiate du beau comme vérité. 

La Religion est le retour de l'Esprit vers soi et pour soi dans le rapport de la conscience subjective à Dieu, qui est la progression effective et dramatique de la conscience vers l'Infini réel. 

Les différents moments de l'activité religieuse, qui sont les étapes de l'Esprit cheminant vers l'Esprit absolu, nous les retrouvons dans les « Leçons sur la philosophie de la religion », mais « La phénoménologie de l'esprit » les contient déjà :

*  Les « religions naturalistes », religions fusionnelles où l'esprit est comme un avec la nature : les religions orientales (la magie et l'ancienne religion de Chine, le Tao), les religions de la substantialité (le bouddhisme et le brahmanisme), les religions de la subjectivité abstraite (religions de  Zoroastre et d'Osiris).

*  Les religions de l'individualité spirituelle, où l'esprit s'élève peu à peu au-dessus de la nature, pour sortir de la fixité immédiate (la religion juive, la religion grecque, la religion romaine).

*  La religion absolue, religion de pure spiritualité, forme achevée de la vérité chrétienne qui réconcilie le monde avec Dieu : « La religion chrétienne est la religion de la réconciliation du monde avec Dieu, qui dit-on, a réconciliés le monde avec lui. »

De progrès vers l'intériorité qui est progrès vers l'individualité (conscience de soi individuelle) est le progrès de l'Esprit lui-même dans la saisie et son dépassement vers la liberté : 

« Un Dieu mauvais, un Dieu naturel a pour corrélatif des humains mauvais, des humains naturels, sans liberté. Le concept pur de Dieu, le Dieu spirituel a pour corrélatif l'esprit libre. La représentation que l'humain a de Dieu correspond à ce qu'il a de lui-même, de sa liberté. » 

L'« humain naturel », privé de sa liberté et égaré au sein d'un monde étranger, parvient mal à se dégager de son immédiateté naturelle. Aussi se voit-il obligé d'adorer la nature en s'imaginant adorer Dieu ! Les peuples incapables d'une conscience claire de soi, qui ne connaissent Dieu que par le truchement de la nature, en restent au stade de la représentation abstraite de Dieu.

Les « religions de l'individualité spirituelle » sont des religions déterminées, des religions ethniques qui s'opposent, en séparant différents aspects de l'humain et de la divinité, et préparent l'apparition de la religion absolue en élevant le principe spirituel au-dessus de la nature.

Selon Hegel, la vraie religion est la Religion révélé, celle du Christ et de son incarnation, qui est la plus haute destination de Dieu qui consacre la vérité et la supériorité du christianisme. 

Le passage suivant est un petit bijoux, un joyau de rhétorique conceptuelle a mettre dans son écrin.

C'est l'exemple de l'essence d'un système qui décrète a priori ce que l'expérience n'a qu'à confirmer par la suite :

« L'Idée existe d'abord pour soi dans la simple généralité qui n'a pas encore progressé jusqu'au jugement, à l'altérité qui n'est pas encore développée – c'est le Père. Le particulier vient ensuite, l'Idée phénoménalisée – c'est le Fils. En tant que le premier facteur est concret, l'altérité y est déjà assurément contenue. L'Idée, c'est la vie éternelle, l'éternelle création. Mais le second élément, c'est l'Idée dans l'extériorité, de sorte que l'apparition extérieure devient inversement le premier élément. Elle est comme étant l'Idée divine, l'identité du divin et de l'humain. La conscience de Dieu comme Esprit vient en troisième lieu – C'est le Saint Esprit. Cet Esprit dans son existence et sa réalisation, c'est la communauté. »

Faisons une pause. Ouf ! ...

Continuons :

« L'Idée commence par l'existence de la vérité, de la vérité connue, existante. Cette vérité, c'est ce que Dieu est, qu'il est ''un en trois'' personnes, qu'il est la vie, le processus de lui-même en soi. Le deuxième côté de cette vérité, c'est qu'elle est apparue, se rapportant au sujet, existant pour lui et que le sujet a avec elle un rapport essentiel et qu'il doit devenir un citoyen du Royaume de Dieu. Il y a en ceci que le sujet doit devenir lui-même un enfant de Dieu, que la réconciliation s'est faite en et pour soi dans l'Idée divine, qu'elle est en second lieu apparue et que désormais la vérité est assurée aux humains. La certitude, c'est le phénomène, l'Idée telle qu'en apparaissant, elle parvient à la conscience. Le troisième côté, c'est le rapport du sujet avec cette vérité, c'est que le sujet en tant qu'il est en rapport avec elle, parvient à cette unité consciente, s'en rend digne, la crée en lui et se trouve rempli de l'Esprit divin. Ceci est la notion de la communauté en général, l'Idée qui en ce sens est le processus du sujet en lui et le concerne, du sujet qui est accompli dans l'esprit, qui est spirituel en sorte qu'en lui habite l'Esprit divin. »

Ce travail de l'esprit dans sa conquête de lui-même, cette prise en charge de l'Esprit par lui-même et pour lui-même, l'Esprit prenant conscience degré par degré de sa constitution réelle effective, l'Esprit n'a pu l'accomplir seul, mais en se constituant en communauté. 

La communauté qui réalise la plus haute élévation de l'Esprit, c'est la communauté religieuse protestante, qui unit la piété et le droit, que le catholicisme sépare. C'est la piété dans le droit et dans la conscience qui assure la « paix divine ». 

« Il n'y a pas de conscience sacrée, de conscience religieuse distincte du droit séculier ou, à plus forte raison, opposé à lui. »

Cette fusion de la Religion et de l'État dans l'État germanique, qui répond simultanément aux besoins respectifs du savoir et de la foi, elle vient consacrer l'union intime, et enfin la réconciliation de l'humain et de Dieu, l'humain se reconnaissant en Dieu en reconnaissant que le plus haut degré de l'Esprit trouve son achèvement dans la communauté religieuse, Dieu se reconnaissant en l'humain. 

L'Esprit se reconnaissant lui-même consiste à révéler Dieu à lui-même, car le Dieu réel n'existe qu'en tant que révélé à l'humain.

L'humain en Dieu et Dieu en l'humain : par cette conception de la divinité, Hegel rejoint son maître Spinoza (Dieu est substance, immanence et nature) et renoue du même coup avec ses premiers écrits (« La vie de Jésus », « L'esprit du christianisme et son destin ») qui affichaient déjà un caractère audacieusement irréligieux et irrévérencieux.

La cité terrestre qui se transforme en cité de Dieu, l'union spirituelle parfaite entre l'humain et Dieu, c'est la religion vivante qu'il faut chercher dans les préoccupations théologiques du jeune Hegel.

La substance et le contenu de son luthérianisme messianique et souabe trouve ses présupposés et sa traduction discursive sous la forme de la dialectique !


La Philosophie (« l'Absolu, c'est moi ! »)

La vérité que la Religion déploie sous la forme de la représentation dans l'Idée comme immédiateté de l'Être pour soi, la philosophie a pour tâche de la hausser au niveau théorique de la Science. 

La Philosophie, pour Hegel, c'est le système achevé de la Science, l'en soi et le pour soi de l'Esprit absolu : la connaissance de l'Absolu par lui-même qui, après s'être d'abord pris comme objet, se retrouve comme sujet et efface la différence entre sujet et objet. 

L'Idée consciente d'elle-même, qui se reconquiert après avoir récupéré toutes les aliénations dans l'espace et le temps (la Philosophie de la Nature, l'Esprit subjectif et l'Esprit objectif), et qui s'accomplit comme Esprit absolu, c'est le retour de l'Idée vers elle-même, la réalisation objective de l'esprit dans le monde, par la médiation de l'humain.

« C'est l'Idée éternelle, existant en et pour soi qui se manifeste, s'engendre éternellement elle-même et jouit d'elle-même éternellement comme esprit absolu. »

Hegel avait non seulement pour mission d'éclairer le chemin, mais d'indiquer aussi comment le chemin est parcouru. C'est ce qui est magistralement illustré dans le planisphère hégelien. 

Le système hégelien est le système réfléchi de la Science, que la Science, c'est-à-dire la Philosophie, avait à construire dans un discours qui recense, regroupe et développe l'ensemble des œuvres, des pratiques et des genres culturels, artistiques, esthétiques, éthiques, politiques et religieux de l'Esprit.

L'unité qui se cache derrière toutes ces choses, les liaisons délicates et la succession nécessaires des phénomènes et des événements, la recollection logique et la systémisation des faits objectifs passés et présents, la Philosophie avait pour tâche de les traduire dans le langage spéculatif de la Raison, synthèse de la pensée de l'être, du concept et de la réalité, de la conscience subjective et de la vérité objective.

Parvenu à ce point, toute autre représentation devient inutile... C'est en ce sens qu'il faut comprendre la définition de l'Absolu chez Hegel.

Hegel n'est pas seulement la conscience de son temps. C'est en lui et par lui que l'Idée s'est réalisée, que le savoir devenu conscient de lui-même, c'est-à-dire se sachant et se reconnaissant lui-même comme savoir devient Savoir absolu. 

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« La chouette de Minerve prend son envol au crépuscule. » écrit Hegel ...

Au moment où Hegel arrive dans l'Histoire, pour les philosophies, que Hegel conçoit comme une série d'oppositions et de négations dialectiquement liées qui s'expriment dans leur développement progressif, comme pour les œuvres spirituelles du passé, les attitudes existentielles, les pratiques sociales et les œuvres de la culture, l'heure a déjà sonné ! 

C'est que tout a été dit. Le jour va tomber. Tout est irrémédiablement accompli.

L'État s'est réalisé dans l'État moderne, dont l'État prussien fournit le symbole et le principe rationnel de la plus haute perfection.

L'Art s'est réalisé dans l'Art romantique.

La Religion s'est réalisée dans la religion révélée, qui s'achève avec la Réforme protestante et sa doctrine de sa prédestination luthérienne.

L'Esprit se présente tout entier dans chacun des développements du Système de Hegel : chaque phase, chaque moment, chaque segment de quelque importance tient sa place au sein du Système, qui élève l'Esprit au-dessus de la temporalité et qui conduit l'histoire à son terme final, ce qui marque l'avénement de l'Esprit homogène et universel.

Le Savoir absolu n'est plus Dieu. Ce ne sont plus les Idées platoniciennes, ni la Substance aristotélicienne. 

Là où la métaphysique traditionnelle a échoué et face au impasses, antinomies, et contradictions dans lesquelles le kantisme l'avait placée, Hegel prétend répondre par une métaphysique conséquente.

Le Savoir absolu, qui est l'ensemble du savoir réalisé, c'est Hegel lui-même, c'est son système, c'est sa pensée !

C'est son système de pensée pensé par son système !

Hegel a réussi l'exploit peu commun dans l'histoire, car on l'a cru (!), de mettre en système et de justifier rationnellement dans un discours spéculatif hautement abstrait ses opinions personnelles, qui sont ses propres convictions sociales, politiques et religieuses !

Alors que les commentateurs ou les critiques de Hegel on cherché l'Absolu dans la Religion, l'État ou l'Histoire, l'Absolu s'est niché ailleurs.

Il s'est niché dans l'ontologie idéaliste de Hegel, c'est -à-dire dans l'esprit héraldique et démiurgique du Philosophe, du serviteur de l'Idée, de celui qui a prêté sa plume au Concept et qui, seul, a su se hisser au niveau de l'Universel !

Celui qui apparaît ni trop tôt, ni trop tard, mais au bon moment :

« Hegel le Grand »

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Message par Saint-Ex Mar 3 Sep 2024 - 17:18

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Daniel L. Schacter - Searching for Memory: The Brain, the Mind, and the Past


Vivre le moment présent - Page 10 Captu372



Il n'y a peut-être rien de plus important pour les êtres humains que nous sommes que notre capacité à enchâsser l'expérience et à la rappeler.

Alors que les philosophes et les poètes ont élevé la mémoire à un niveau presque mystique, les psychologues ont eu du mal à la démystifier.

Aujourd'hui, selon Daniel Schacter, un éminent neuroscientifique, les mystères de la mémoire cèdent enfin à des percées scientifiques spectaculaires, voire révolutionnaires.

Daniel Schacter, explore dans cet ouvrage comment le cerveau enregistre et récupère les souvenirs. Il discute des mécanismes neuronaux qui sous-tendent la mémoire et de la manière dont ces mécanismes influencent notre perception du passé.

Cet chercheur fournit une perspective neuroscientifique sur la manière dont la mémoire permet de «consulter» le passé au présent, reliant ainsi des concepts philosophiques à des découvertes empiriques.

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Message par Grégor Mar 3 Sep 2024 - 19:00

Saint-Ex,
J'ai lu une bonne partie de ton travail sur Hegel.
Si c'est intéressant, je ne vois pas le rapport avec le propos et la pensée de Hegel sur le présent (ou devrais-je dire, la certitude immédiate).

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Message par Saint-Ex Mar 3 Sep 2024 - 19:34

Grégor a écrit:Saint-Ex,
J'ai lu une bonne partie de ton travail sur Hegel.
Si c'est intéressant, je ne vois pas le rapport avec le propos et la pensée de Hegel sur le présent (ou devrais-je dire, la certitude immédiate).


C'est ma participation à un concours de zboub.

Et, plus sérieusement, c'est une démonstration voulant que Hegel vu en détail est très captivant, j'ai particulièrement aimé son esthétique, par exemple, mais que vu dans son ensemble, ce n'est certainement pas le plus réjouissant de tous dans sa manie d'étaler ce que ne sont en réalité que des variations permanentes sur le thème «Thèse-Antithèse-Synthèse» axée par définition sur une époque à lui, rien qu'à lui, comme souvent chez les philosophes, d'ailleurs ...

Pour en revenir au détail captivant, j'aime bien sa position retenue plus haut par moi et ma petite personne :

Si Hegel dit par exemple que l'éternité ne peut se penser qu'au présent, hé bien la biologie lui donne raison en ajoutant que l'éternité ne peut pas être autre que le présent (qui se penche sur l'enregistrement d'une mémoire lui donnant l'illusion de la matérialité d'un passé permettant d'ajuster la matérialité d'un futur illusoire, ajoute la biologie)

Nous voilà donc avec une solide passerelle construite entre la science et la philosophie.


En fait, je t'avouerais que je n'ai pas lu ton dernier développement qui me parait très fouillé sur Hegel. Mais je vais le faire pour voir s'il n'y aurais pas moyen de trouver une solide passerelle de plus entre la science et la philosophie, suivant mon système béni par ma cardasse bien aimée de moi.


Vivre le moment présent - Page 10 Captur97


.

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Message par Grégor Mar 3 Sep 2024 - 20:28

Saint-Ex a écrit:Si Hegel dit par exemple que l'éternité ne peut se penser qu'au présent, hé bien la biologie lui donne raison en ajoutant que l'éternité ne peut pas être autre que le présent (qui se penche sur l'enregistrement d'une mémoire lui donnant l'illusion de la matérialité d'un passé permettant d'ajuster la matérialité d'un futur illusoire, ajoute la biologie)

Je pense que ce que tu veux dire c'est, en substance, du Saint-Augustin, le passé est un passé au présent et le futur un futur au présent.
Ce n'est pas faux.
Cela signifie que le temps (et ses trois dimensions) est la manière dont les phénomènes se déploient pour l'homme (position un peu kantienne).
Pourtant, il existe une cohérence entre ce que nous avons vu, voyons et verrons : une logique.
Or, cette logique n'est pas seulement celle de notre cerveau (sinon nous ne survivrions pas) mais bien celle des phénomènes eux-mêmes.
J'ai expliqué que cette adéquation entre la chose en soi et nos représentations (celles de notre cerveau) était le résultat de l'évolution (au sens darwinien du terme). Donc des évolutions aléatoires confrontées à un environnement souvent hostile ont formé notre cerveau, qui se représente le monde non pas tel qu'il est en soi bien sûr mais avec une certaine adéquation tout de même à ce monde en soi.
Donc dire que le passé et l'avenir sont seulement des illusions ou un néant ne me semble pas juste. Et ce n'est certainement pas la position de Hegel pour qui l'absolu s'incarne dans les phénomènes et donc présent, passé et avenir sont liés par une logique (celle de l'absolu) qui nous est accessible, pourvu que l'on dépasse les antinomies de l'entendement.
La position que me semble défendre mes adversaires est celle que critique Hegel dans l'extrait que j'ai publié plus haut, à savoir, la vérité de la certitude sensible.
La vérité de l'immédiat. Or, Hegel montre que cela revient à ne rien dire, sinon un mot abstrait et universel tel que "Moi", "Maintenant" ou "Être", mais qui n'ont aucune détermination : "la nuit où toutes les vaches sont grises". Donc une certitude (celle du cogito) mais sans vérité. Car la vérité est du côté du langage : de la détermination. Or, déterminer c'est nier et donc diviser l'absolu. Finalement, la dialectique hégélienne permet de dépasser ces divisions et de réunifier l'être. Mais ce n'est plus la nuit où toutes les vaches sont grises, car le point d'arrivé conserve le chemin parcouru et n'a de sens que par rapport aux divisions dépassées qui ont tracé son chemin.
Donc la vérité, ce n'est certainement pas un maintenant abstrait dénué de signification, mais plutôt l'histoire universelle qui, certes, passe par ce maintenant et dont ce maintenant possède tous les germes essentiels, mais qui n'est pas compréhensible par lui-même et qui a besoin d'être compris par rapport à une infinité de maintenant.
Il y a qui plus est chez Hegel l'idée d'un progrès, l'Esprit est surtout mémoire, ce qui signifie que le temps n'est pas purement cyclique et qu'il ne revient pas au point de départ à chaque tour. Le chemin parcouru forme l'Esprit et l'humanité qui est histoire.
Si l'on va de l'être à l'être en passant par ses déterminations, le voyage est sans intérêt. Mais si le retour à l'être s'accompagne d'un progrès (connaissance de l'absolu : des débuts à la fin des temps) alors on saura mieux agir au présent (car oui on n'agit qu'au présent). Hegel avait l'ambition de tout connaître de son temps et son système reflète ses connaissances organisées en système. Il ne pouvait rien dire de plus (car sinon il aurait parlé abstraitement). Mais la science ayant progressé on pourrait en dire davantage de nos jours dans un système qui serait assez différent.
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Message par hks Mar 3 Sep 2024 - 22:19

bergame a écrit:Je redis que tu postules cette existence éternelle.
oui je postule l'existence.
A l'évidence je pars d'une expérience de l'existence. Je ne vois pas d autres origine de l'idée que les expériences de l'existence. Idem de sa phénomenisation/manifestation.
.......................
je postule par concept universel.
Ce que tu fais très bien aussi en parlant "d' instant", de "temps " de "limite" et de "finitude"?
et tu quand tu parles
bergame a écrit:de Ton existence à toi est limitée dans le temps
tu emploies ces concepts.
Tu crois (croyance ?) que ces concepts ont un sens général suffisant pour les employer dans des cas particuliers.

J'ai donc le concept d'existence indépendamment de ses applications particulières.

et j'en fais quoi ?

Je te l'ai dit plusieurs fois, je pars à la recherche ( voire conquête) du concept d'existence.

bergame a écrit:Qu'est-ce qui te permet de réaliser le saut te faisant passer de ton existence finie à une existence éternelle ?
très probablement la faculté de cognition, laquelle nous est donnée.

J' intellige l'existence non pas comme finie ou infinie, ni dans le temps comme succession d'instants, ni même orientée (le flèche du temps) encore moins instantanée.

je la comprends comme durée hors du temps.
La durée comme se maintenir par soi même.
Ce qui provient du sens ordinaire du verbe durer . Certains philosophes disent la "continuité du devenir"
qui n'est donc pas le problème
le problème est le devenir de la continuité.

Je ne fais pas de saut, bien au contraire, l'idée de faire du sur place me conviendrait mieux.

Mon problème ce n'est pas l'existence, c'est sa manifestation.

Pour moi ce que je dis de l'existence est assez banal alors que tu y vois une théodicée cachée
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Message par Saint-Ex Mer 4 Sep 2024 - 0:42

Grégor a écrit:dire que le passé et l'avenir sont seulement des illusions ou un néant ne me semble pas juste.

Ce qui n'est certainement pas une illusion ni un néant, ce sont les circuits neuronaux constituant la mémoire sur laquelle se sont imprimés les souvenirs.

Ce qui te sembleras peut-être juste c'est que les circuits neuronaux sont les supports d'une mémoire.

Ce qui te sembleras peut-être juste c'est qu'aucune mémoire neuronale ne peux jamais être consultée au passé.

Ce qui te sembleras peut-être juste c'est que jamais un souvenir ne peut être mémorisé au passé sur un circuit neuronal.

Ce qui te sembleras peut-être juste, c'est que la carte du territoire, ce n'est pas le territoire. Que les souvenirs du passé, ce n'est pas le passé. Que l'agencement neuronal du passé, ce n'est pas le passé.

Peut-être qu'un jour, quand tout cela te sembleras juste, alors tu seras aussi mûr que Daniel Schacter et moi-même sur l'illusion constituant l'essence du passé. Tu te rendras compte peut-être que les philosophes utilisant le terme passé pour développer leur idée du temps sont souvent les victimes d'une telle illusion.

..........

Grégor a écrit:Je pense que ce que tu veux dire c'est, en substance, du Saint-Augustin, le passé est un passé au présent et le futur un futur au présent.
Ce n'est pas faux.

Si l'on pouvait construire une solide passerelle entre la pensée du philosophe Saint-Augustion et celle du scientifique Daniel Schacter et de ma petite personne, je serais des plus heureux !

.

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Message par Grégor Mer 4 Sep 2024 - 7:21

Saint-Ex,
Tu ne réponds pas à mon propos.
Tu cherches seulement à valider et conforter tes propres thèses sans t’embarrasser des arguments des autres.
Ce que tu dis concernant la mémoire n’a rien de révolutionnaire. Je t’assure que c’est ni plus ni moins du Saint-Augustin mais poussé à l’extrême, ton raisonnement signifie que la vérité est dans la certitude immédiate, ce qui est faux de mon point de vue. Parce que cette immédiateté serait insensée.
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Message par baptiste Mer 4 Sep 2024 - 8:33

hks a écrit:

bergame a écrit: il faut commencer par admettre l'existence d'une "chose éternelle" dont nous ne puissions pas faire l'expérience.
Non ce n'est pas cela.
L'existence est posée parce que j'en fais l'expérience.
"Eternelle" parce qu'elle est indifférente au temps.(et de surcroit "aux choses" )


Que Spinoza ait pu affirmer cela en fonction des connaissances de son temps, soit. Mais toi, c'est quoi cette éternité à laquelle tu fais référence. On est au XXI siècle au cas ou cela t'aurai échappé pas à la sortie du moyen age. C'est quoi cette existence éternelle qui n'a pas toujours été? Explique nous, nous avons hate de comprendre.

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Message par Saint-Ex Mer 4 Sep 2024 - 8:38

Grégor a écrit:Saint-Ex,
Tu ne réponds pas à mon propos.
Tu cherches seulement à valider et conforter tes propres thèses sans t’embarrasser des arguments des autres.
Ce que tu dis concernant la mémoire n’a rien de révolutionnaire. Je t’assure que c’est ni plus ni moins du Saint-Augustin mais poussé à l’extrême, ton raisonnement signifie que la vérité est dans la certitude immédiate, ce qui est faux de mon point de vue. Parce que cette immédiateté serait insensée.

Tu as tout le loisir de contester des arguments scientifiques par d'autres arguments scientifiques. Les pensées des philosophies ne m'intéressent que lorsque leurs intuitions sont confirmées par la science.

J'attends donc que tu montres la fausseté des déclaration suivantes :

Les circuits neuronaux sont les supports d'une mémoire.

Aucune mémoire neuronale ne peux jamais être consultée au passé.

Jamais un souvenir ne peut être mémorisé au passé sur un circuit neuronal.

Jamais un souvenir ne peut être modifié au passé sur un circuit neuronal.

Les souvenirs du passé ainsi que l'agencement neuronal du passé ne constituent pas le passé. C'est ce qui est peut-être mieux pensable par le fait que la carte du territoire, ce n'est pas le territoire.

.


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Message par baptiste Mer 4 Sep 2024 - 8:48

Grégor a écrit:
Donc il y a un besoin de reconnaissance.
Celui qui reconnaît telle personne comme un personnage public participe de cette fabrication de stars, même si en définitive il connaît très mal cette personne.
Bref, tout cela pour dire que notre société fabrique des représentants d'une sphère publique qui est comme une représentation de cette société pour elle-même. Ces personnages publics parlent pour nous. Or, quand on se retrouve dans ce qu'ils expriment, on devient des admirateurs ou seulement des gens qui apprécient ce qu'ils font.


Pour l'écologie, la difficulté, il me semble, est que nous avons affaire à un problème mondial. Or, notre espèce n'est pas équipée d'un système politique mondialisé. Donc les guerres économiques font rage qui ont beaucoup plus d'impact à court terme que les problèmes écologiques.
Donc nos représentants sont pris entre Charybde et Scylla : s'ils ne font pas la guerre économique, le pays s'appauvrit et s'ils font cette guerre, notre écosystème en pâtit. La solution serait une économie verte, qui nous enrichisse sans polluer. J'espère qu'elle sera possible et que nous trouverons des solutions viables sur le long terme.

Il me semble qu’il y a deux mouvements vieux comme l’humanité qui se rencontrent, le premier, la recherche de notoriété à n’importe quel prix de certains, l’attrait de la lumière comme certains sont attirés par les précipices et le deuxième, le besoin chez d’autres d’admirer voir déifier. On ne peut faire que l’homme ne soit pas l’homme. Pascal il y a des siècles avait déjà fait ce constat que l’on retrouve dans de nombreux aphorismes.

« l’homme est né pour le plaisir : il le sent, il n’en faut point d’autre preuve. Il suit donc sa raison en se donnant au plaisir » « Tous les hommes cherchent le bonheur, même ceux qui vont se pendre. » « Notre instinct nous fait sentir qu’il faut chercher notre bonheur hors de nous ».

Tous aphorismes que les connaissances scientifiques d’aujourd’hui valident pleinement. Pascal affirme à de multiples occasions qu’égaré par l’amour de soi et les puissances trompeuses de l’imagination, l’homme est voué à la mauvaise foi : il refuse de prendre conscience de son néant.

La biologie nous enseigne que nous sommes dotés d’un puissant système de récompense à travers le jeux d’hormones telles que l’adrénaline, la dopamine...qui sont à l’origine de nos addictions, les plus connues drogue, tabac, alcool mais  aussi tout ce qui a une effet euphorisant, la musique, les mots, les idéologies, les philosophies bavardes ou les religions soit disant justificatrices, mais aussi toutes sortes de passions, celle des supporters sportifs ou bien la marche en montagne...qu’un futur angoissant soit rejeté au profit d’un présent de jouissance ne doit pas surprendre. C’est ainsi que nous sommes fait et pas comme l’ont raconté certains « philosophes » de l’être  qui ont tous eut en commun cette particularité, une grande incapacité d'«  être » tout simplement.

L’évolution de la puissance technologique continue sans frein, on la trouve dans de nombreuses  actions, des initiatives, des innovations où il semble flagrant qu’une pensée « philosophique » soit absente. Que ce soit : l’intelligence artificielle, le « big data », le séquençage de l’ADN, les modifications sur le génome humain par exemple, où se trouve la pensée philosophique permettant d’avoir sur ces sujets un point de vue décalé ?

On peut s’interroger aussi sur ce qu’à de pervers l’absence d’auto critique de la  philosophie académique lorsque l’on voit avec quelle délectation certains entendent confiner leur pensée à des temps révolus juste  pour préserver leurs croyances. Nous ne pouvons nous extraire du monde, si nous voulons le penser, ou, si nous nous en extrayons pour penser, c’est pour mieux y revenir.

Quand à l'écologie, sans réflexion sur l'homme et sa place au sein de la nature, elle n'est qu'un vulgaire discours partisan.


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Message par hks Mer 4 Sep 2024 - 11:23

baptiste a écrit:C'est quoi cette existence éternelle qui n'a pas toujours été?
Je ne comprends pas ta question.
…............................................
Ma métaphysique est du niveau du brevet des collèges .(je n 'ironise pas ) je le dis parce que vous y supposez une grande complexité.
...............................................................................

Ce que je dis est  tres simple. L' existence est sans interruption temporelle. Ni ne vient, ni ne part. au gré des instants.

Il n'y aurait pas de phénomènes (et je m'y inclus moi qui pense ) je n'aurais rien à en dire .

Il y a des phénomènes ce sans quoi l’existence est un néant d’existence.

L'existence se manifestant elle dure et perdure.
c'est ce qui vous pose problème

Ce qui veut dire que  le temps avec ses 3 qualités ( passé present avenir ) sa flèche  ne dépendent pas de l’éternité de l'existence mais de sa manifestation.
Le temps est dans la manifestation ( les phénomènes )

Je pense l'existence comme une condition éternelle de la temporalité. Et donc non soumise à ce dont elle est la condition.
….................................................................................................................................
En revanche ma phénoménologique est beaucoup plus complexe.
Parce que c'est là qu'est LE problème. Mais de ma phénoménologie je ne parle que très rarement.
................................................................................................................
.
des connaissances de son temps
Vivre le moment présent - Page 10 341102842
il ne me sera pas donné le loisir d'attendre les "connaissances" de demain et d'après demain. Tous les savoirs scientifiques sont fort estimables, utiles et tout ce qu'on veut de qualités.
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Message par Kercos Mer 4 Sep 2024 - 11:38

hks a écrit:

Ce que je dis est  tres simple. L' existence est sans interruption temporelle.

.L'existence est comme une phrase unique entamée dès le premier éveil de la conscience, phrase semée de virgules, mais nulle part coupée par des points./// L'âme et le corps, Henri Bergson, ..///....qui connaissait bien Proust

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Message par baptiste Mer 4 Sep 2024 - 12:37

hks a écrit:
baptiste a écrit:C'est quoi cette existence éternelle qui n'a pas toujours été?
Je ne comprends pas ta question.
…............................................
Ma métaphysique est du niveau du brevet des collèges .(je n 'ironise pas ) je le dis parce que vous y supposez une grande complexité.
...............................................................................

Ce que je dis est  tres simple. L' existence est sans interruption temporelle. Ni ne vient, ni ne part. au gré des instants.


….................................................................................................................................
En revanche ma phénoménologique est beaucoup plus complexe.
Parce que c'est là qu'est LE problème. Mais de ma phénoménologie je ne parle que très rarement.
................................................................................................................
.
.

Heureusement que tu ne nous en parles pas trop Vivre le moment présent - Page 10 13039808  Vivre le moment présent - Page 10 3291034321

Le mieux quand on cherche la simplicité c'est d'être précis. Tu peux affirmer que la forme d'existence connue à laquelle nous faisons référence est sans interruption temporelle mais cela ne t'autorise pas à la qualifier pour autant d'éternelle, tout juste "d'ininterrompue" .

Mais je ne parle pas des connaissances de demain, juste celles d'aujourd'hui qui prévalent non pas simplement sur celles d'hier mais en ce qui concerne nombre de dits "philosophes" celles d'avant hier et avant avant hier sur lesquels se fondent exclusivement leurs discours.

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Message par Bergame Mer 4 Sep 2024 - 14:39

hks a écrit:
bergame a écrit:Je redis que tu postules cette existence éternelle.
oui je postule l'existence.
A l'évidence je pars d'une expérience de l'existence. Je ne vois pas d autres origine de l'idée que les expériences de l'existence. Idem de sa phénomenisation/manifestation.
.......................
je postule par concept universel.
Ce que tu fais très bien aussi en parlant "d' instant", de "temps " de "limite" et de "finitude"?
et tu quand tu parles
bergame a écrit:de Ton existence à toi est limitée dans le temps
tu emploies ces concepts.
Tu crois (croyance ?) que ces concepts ont un sens général suffisant pour les employer dans des cas particuliers.

J'ai donc le concept d'existence indépendamment de ses applications particulières.

et j'en fais quoi ?

Je te l'ai dit plusieurs fois, je pars à la recherche ( voire conquête) du concept d'existence.

bergame a écrit:Qu'est-ce qui te permet de réaliser le saut te faisant passer de ton existence finie à une existence éternelle ?
très probablement la faculté de cognition, laquelle nous est donnée.

J' intellige l'existence non pas comme finie ou infinie, ni dans le temps comme succession d'instants, ni même orientée (le flèche du temps) encore moins instantanée.

je la comprends comme durée hors du temps.
La durée comme se maintenir par soi même.
Ce qui provient du sens ordinaire du verbe durer . Certains philosophes disent la "continuité du devenir"
qui n'est donc pas le problème
le problème est le devenir de la continuité.

Je ne fais pas de saut, bien au contraire, l'idée de faire du sur place me conviendrait mieux.

Mon problème ce n'est pas l'existence, c'est sa manifestation.

Pour moi ce que je dis de l'existence est assez banal alors que tu y vois une théodicée cachée
Donc, en somme, de l'ensemble des existences finies dont nous faisons l'expérience, tu abstraits un concept : L'"Existence". Et tu dis : "Ce concept existe -puisque c'est l'Existence. Et il existe donc en-dehors du temps."

Mais on en revient alors toujours à votre erreur, à toi et neopilina : Il n'est pas suffisant que tu penses X pour que X existe.
Tu peux penser à une licorne rose, saisir, poser, définir le concept de "licorne rose", ça ne suffit pas à faire exister les licornes roses.

Donc tu peux penser le concept d'"existence" si tu veux ; ce n'est pas suffisant pour faire exister l'Existence.

Il n'y a pas d'existence en-dehors du temps. Ca n'a pas de sens. Ca ne pourrait en avoir que pour un seul être, qui existerait éternellement et qui, à ce titre, ne serait pas soumis au devenir. Dans le cas, par exemple, où c'est lui qui aurait créé le monde, le temps et le devenir.

Ta théodicée n'est pas cachée, hks. Elle est évidente. Bien que tu cherches à toutes forces à la travestir sous les habits de la philosophie, et c'est bien cela que je critique.

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