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L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne

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Message par Saint-Ex Jeu 23 Nov 2023 - 2:22

Vanleers a écrit:Pour le pape François, l’Église est un « hôpital de campagne » qui soigne et réconforte les blessés de la vie, ceux qui sont exclus d’une façon ou d’une autre comme les désigne Joseph Comblin cité dans mon post précédent.

Le pape François a écrit:Je vois clairement que ce dont l’Église a le plus besoin aujourd’hui, est une capacité de guérir les blessures et de réchauffer les cœurs des fidèles. Cela demande de la proximité. Je vois l’Église comme un hôpital de campagne après la bataille. Il est inutile de demander à une personne sérieusement blessée, si elle a trop de cholestérol ou trop de sucre dans le sang! Il faut guérir ses blessures. Après, on pourra parler du reste. Guérir les blessures, guérir les blessures… Et il faut commencer par le début. L’Église s’est parfois enfermée dans de petites choses, des règles étriquées. Le plus important est la première proclamation : Jésus-Christ vous a sauvé. Et les ministres de l’Église doivent être des ministres de la miséricorde, par-dessus tout. Le prêtre qui confesse, par exemple, risque toujours d’être trop rigoriste ou trop laxiste. Aucune de ces attitudes n’est compatissante, car aucune ne prend toute la personne en compte. Le rigoriste se lave les mains et s’en tient aux commandements. Le ministre laxiste se lave les mains en disant simplement: « Ceci n’est pas un péché », ou quelque chose de ce genre. Dans le ministère pastoral, nous devons accompagner les personnes et guérir leurs blessures. Comment nous occupons-nous du peuple de Dieu? Je rêve d’une Église qui soit mère et bergère. Les ministres de l’Église doivent être compatissants, prendre les personnes à cœur en les accompagnant, tel le bon Samaritain – qui lave, nettoie et relève son prochain. C’est cela l’Évangile. Dieu est plus grand que le péché. Les réformes structurelles et organisationnelles sont secondaires – elles viennent ensuite. La première réforme est dans l’attitude.

https://ericdebeukelaer.be/2013/09/19/pape-francois-leglise-est-un-hopital-de-campagne-apres-la-bataille/

Où l’on voit que le christianisme n’est pas une doctrine abstraite mais une pratique concrète, miséricordieuse et joyeuse, inspirée par l’Esprit du Christ.

Le pape François a t-il entendu parler de l'Institut universitaire en santé mentale Douglas de Montréal, Institut fondé au 19e siècle par des prêtres chrétiens et où, aujourd'hui, au 21e siècle, on ne voit plus trace de religion, la science et le pouvoir démocratique ayant pris le contrôle de l'institut depuis que les Églises sont vides ?

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Message par Vanleers Jeu 23 Nov 2023 - 10:32

Dans un post précédent :

Jean-François Mattéi a écrit:« Si le christianisme est fidèle à la religion de Jésus » écrit Claude Geffré, « alors il est une religion d’avenir parce qu’il rejoint en tout être humain l’aspiration à se libérer de toute violence y compris la violence du sacré ».

Je donne ci-après une citation plus complète de Claude Geffré, extraite de Le christianisme comme religion de l’Évangile – Cerf 2012

Claude Geffré a écrit:Finalement, si je parie pour le christianisme comme religion d’avenir, c’est parce qu’il y a une réelle complicité entre le christianisme comme religion de l’Évangile et l’humain authentique. Il faut résister en effet au postulat typiquement moderne selon lequel il y aurait une contradiction fatale entre Dieu et l’humain authentique, alors que la relation à l’Absolu peut être au principe d’un surcroît d’humanité pour soi-même et pour autrui. Ce qui fait l’originalité du christianisme parmi les religions du monde, c’est le paradoxe de l’incarnation, l’avènement de Dieu dans l’homme. C’est l’inauguration la plus radicale d’une alliance, d’un pacte d’amitié entre Dieu et l’homme. « Plus Dieu est grand et plus les hommes sont grands ! » Jésus dans sa ré-interprétation de la religion d’Israël a mis fin à la violence du sacré, non seulement le sacré des sacrifices rituels mais le sacré d’un Dieu encore violent, un Dieu Tout Autre qui se définit en termes de toute-puissance, de perfection et d’éternité. Si le christianisme est fidèle à la religion de Jésus, alors il est une religion d’avenir parce qu’il rejoint en tout être humain l’aspiration à se libérer de toute violence y compris la violence du sacré.

De plus en plus, le « retour du religieux » dans le monde contemporain nous invite à  réviser les théories habituelles de la sécularisation dans la mesure où celle-ci n’est pas nécessairement synonyme de déreligiosisation (voir Danièle Hervieu-Léger). Autre chose est d’affirmer la laïcité de nos sociétés, le dépérissement de beaucoup d’institutions chrétiennes, la perte d’influence morale et culturelle des Églises et d’en conclure que l’homme de la modernité n’a plus le sens du sacré et est devenu totalement irréligieux. Certains interprètent le « retour du religieux » comme le choc en retour d’une modernité qui n’a pas tenu ses promesses. Mais on peut aussi le comprendre comme l’expression de la modernité elle-même, si par « modernité » on entend l’aspiration constante à un plus-être. Certains sociologues parlent volontiers à son propos d’ultra-modernité. Celle-ci ne désigne pas moins de religieux mais du religieux autrement. Il s’agirait d’un vaste mouvement de réenchantement du monde et de l’homme et du dépassement de l’opposition fatale entre la foi religieuse et la raison. (pp. 62-63)

L’auteur enchaîne ensuite sur La responsabilité historique du christianisme pour nos sociétés européennes.

Très intéressant mais un peu long à citer !

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Message par benfifi Jeu 23 Nov 2023 - 13:07

Alors chevalier Bayard Vanleers, prêt à répondre à ma question ?
Tu peux très bien ne pas avoir envie de répondre. Dans ce cas-là dis-le donc (sachant que, bien entendu, cela constitue en soi une réponse, de même qu'ignorer la requête).


Dernière édition par benfifi le Jeu 23 Nov 2023 - 14:18, édité 2 fois

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Message par Saint-Ex Jeu 23 Nov 2023 - 13:43

Vanleers a écrit:L’auteur enchaîne ensuite sur La responsabilité historique du christianisme pour nos sociétés européennes.

Il fait bien d'enchaîner sur une responsabilité HISTORIQUE.

Cela dit il aurait bien fait aussi d'enchaîner sur la responsabilité historique du christianisme césarien pour les sociétés allant de Los Angeles à Vladivostok et d'Iqaluit à Ushuaia.

Il faut rendre à César-Christ ce qui appartient à César-Christ.

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Message par Vanleers Jeu 23 Nov 2023 - 17:24

benfifi a écrit:
Vanleers a écrit:
benfifi a écrit:
Vanleers a écrit:une religion qui n’apporte pas bonheur et joie à l’adepte ne mérite pas une heure de peine.
Je pense toujours que la religion sert avant tout à lier rassembler des humains en une communauté afin qu'ils soient mieux aptes à vivre ensemble. S'il y a joie et bonheur ils sont ressentis collectivement.
Si la politique divise, la religion unit.

Oui, et le christianisme est encore plus précis car il demande à chacun de travailler dans la joie, selon ses talents, à instaurer le Royaume de Dieu, c’est-à-dire un monde de relations fraternelles entre les hommes.

benfifi a écrit:Est-il une religion qui ne le demande pas, ne le promeut pas ?
Vanleers, n'est-ce pas ? Ou bien...

Vous pouvez répondre vous-même à cette question si vous avez une connaissance suffisante de l’ensemble des religions.
Citons, outre le christianisme, l’islam, l’hindouisme, le bouddhisme, le judaïsme, le taoïsme, le shintoïsme… sans oublier la religion des Algonquins qui honorent Nanabozo le Grand Lapin créateur de la terre.
J’avoue ne pas avoir les connaissances nécessaires qui me permettraient de vous répondre utilement.
Mais si vous-même avez des lumières sur le sujet, n’hésitez pas à m’en faire part, en particulier sur la religion du dieu farceur Nanabozo.
Je suis prêt à changer de religion si vous arrivez à me convaincre de l’excellence du dieu de Oumpah-Pah.
Cela mettrait un peu d’humour dans les débats sur ce forum qui en manque cruellement.

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Message par benfifi Jeu 23 Nov 2023 - 18:14

Vanleers a écrit:Vous pouvez répondre vous-même à cette question si vous avez une connaissance suffisante de l’ensemble des religions.
Il se trouve que c'est à vous que je pose la question.
Vanleers a écrit:J’avoue ne pas avoir les connaissances nécessaires qui me permettraient de vous répondre utilement.
Je ne demande pas une expertise. Seulement votre sentiment sur la question.

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Message par Saint-Ex Jeu 23 Nov 2023 - 20:21

benfifi a écrit:
Vanleers a écrit:Vous pouvez répondre vous-même à cette question si vous avez une connaissance suffisante de l’ensemble des religions.
Il se trouve que c'est à vous que je pose la question.
Vanleers a écrit:J’avoue ne pas avoir les connaissances nécessaires qui me permettraient de vous répondre utilement.
Je ne demande pas une expertise. Seulement votre sentiment sur la question.

Tu es vraiment casse-bonbons avec tes questions.

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Message par benfifi Jeu 23 Nov 2023 - 22:01

Il n'y a pas de mauvaise question...

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Message par Saint-Ex Ven 24 Nov 2023 - 9:42

benfifi a écrit:Il n'y a pas de mauvaise question...

En effet, il n'y pas de mauvaise question.

Joues-tu au [...], ou en es-t-tu un véritablement ?

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Message par benfifi Ven 24 Nov 2023 - 15:34

Humm... (Telle est ma réponse. Sur ce...)

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Message par Vanleers Sam 25 Nov 2023 - 22:32

Dans un article paru dans la revue Christus sur le développement personnel en 2015, Jean-François Noel, prêtre et psychanalyste, explique que « Le christianisme est venu rejoindre ce besoin le plus intime, et presque le plus inavouable, que chacun porte au fond de soi : être reconnu. »

Jean-François Noel a écrit:Dans son livre Quand notre monde est devenu chrétien, Paul Veyne cherche à expliquer le succès du christianisme dans l’antiquité. Il est peu probable, dit-il, que l’annonce de la résurrection d’un homme ait été l’argument décisif qui ait pu emporter l’adhésion d’hommes et de femmes si différents à tous points de vue. On retrouve dans les premières communautés, comme celle de Corinthe, des personnes que rien n’aurait incité à se rassembler, si ce n’est qu’elle portaient toutes un même désir, peut-être sans le savoir, que l’annonce de l’Évangile était d’abord venu réveiller. « Nous sommes en quelque sorte des prétendants à la grandeur, bien plus nous appartenons à Celui qui nous prend en pitié », disent les actes d’André, que cite Paul Veyne en appui de sa démonstration. Autrement dit, si l’homme d’aujourd’hui souffre de l’anonymat, celui d’hier souffrait d’être le jouet d’une fatalité aveugle ou des caprices des dieux, ce qui revient au même. Le christianisme est venu rejoindre ce besoin le plus intime, et presque le plus inavouable, que chacun porte au fond de soi : être reconnu.


Du point de vue psychologique, il s’agit ici de narcissisme, et plus précisément de celui qu’on qualifie de primaire pour signifier qu’il vient en premier et participe à l’estime de soi. Du point de vue théologique, il s’agit ici de la révélation, incroyable et inespérée, que Dieu est Père et que je suis son fils. Une bienveillance attentive et paternelle vient donner une valeur absolue à ma vie, que je sois esclave ou notable. Ma vie, aussi misérable ou précaire soit-elle, est validée. Que je vive deux minutes ou quatre-vingt ans, que je sois riche et reconnu ou pauvre et oublié, que je sois en bonne santé ou malade, le fait même que je sois vivant est définitif (p. 66)

On retrouve ici ce qu’écrit Dominique Collin, cité dans un post antérieur : l’Évangile est la bonne nouvelle adressée à chacun : « Il est bon que tu vives ».
Le chrétien est celui qui a foi dans cette nouvelle pour lui-même et pour tous les hommes.
Il salue chaque  personne qu’il rencontre par un « Il est bon que tu vives ».

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Message par Saint-Ex Sam 25 Nov 2023 - 23:20

Vanleers a écrit:Dans un article paru dans la revue Christus sur le développement personnel en 2015, Jean-François Noel, prêtre et psychanalyste, explique que « Le christianisme est venu rejoindre ce besoin le plus intime, et presque le plus inavouable, que chacun porte au fond de soi : être reconnu. »

Jean-François Noel a écrit:Dans son livre Quand notre monde est devenu chrétien, Paul Veyne cherche à expliquer le succès du christianisme dans l’antiquité. Il est peu probable, dit-il, que l’annonce de la résurrection d’un homme ait été l’argument décisif qui ait pu emporter l’adhésion d’hommes et de femmes si différents à tous points de vue. On retrouve dans les premières communautés, comme celle de Corinthe, des personnes que rien n’aurait incité à se rassembler, si ce n’est qu’elle portaient toutes un même désir, peut-être sans le savoir, que l’annonce de l’Évangile était d’abord venu réveiller. « Nous sommes en quelque sorte des prétendants à la grandeur, bien plus nous appartenons à Celui qui nous prend en pitié », disent les actes d’André, que cite Paul Veyne en appui de sa démonstration. Autrement dit, si l’homme d’aujourd’hui souffre de l’anonymat, celui d’hier souffrait d’être le jouet d’une fatalité aveugle ou des caprices des dieux, ce qui revient au même. Le christianisme est venu rejoindre ce besoin le plus intime, et presque le plus inavouable, que chacun porte au fond de soi : être reconnu.


Du point de vue psychologique, il s’agit ici de narcissisme, et plus précisément de celui qu’on qualifie de primaire pour signifier qu’il vient en premier et participe à l’estime de soi. Du point de vue théologique, il s’agit ici de la révélation, incroyable et inespérée, que Dieu est Père et que je suis son fils. Une bienveillance attentive et paternelle vient donner une valeur absolue à ma vie, que je sois esclave ou notable. Ma vie, aussi misérable ou précaire soit-elle, est validée. Que je vive deux minutes ou quatre-vingt ans, que je sois riche et reconnu ou pauvre et oublié, que je sois en bonne santé ou malade, le fait même que je sois vivant est définitif (p. 66)

On retrouve ici ce qu’écrit Dominique Collin, cité dans un post antérieur : l’Évangile est la bonne nouvelle adressée à chacun : « Il est bon que tu vives ».
Le chrétien est celui qui a foi dans cette nouvelle pour lui-même et pour tous les hommes.
Il salue chaque  personne qu’il rencontre par un « Il est bon que tu vives ».

L'erreur est nécessaire à la vie.

Il est bon que cette erreur soit nécessaire à la vie.

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Message par Vanleers Lun 27 Nov 2023 - 9:54

Je cite un autre passage de l’article de Jean-François Noel qui montre que l’Évangile concerne, de façon singulière, la vie propre de chaque personne en particulier et non, de façon anonyme, la vie en soi des hommes en général.
Chaque personne singulière est invitée à faire sienne, à sa façon, la Bonne Nouvelle en inventant son propre christianisme, c’est-à-dire sa propre et unique façon de se rapporter au Christ inspirée par la foi en un Père miséricordieux qui la fait exister.
C’est ce que J-F Noel appelle « l’effet narcissique de la religion chrétienne ».

Jean-François Noel a écrit:Le fait que je sois ce vivant-là, que je vive un an ou cent ans est définitif. Il faut bien comprendre qu’il ne s’agit pas d’une sorte de mise en valeur de la vie en soi, mais de ma vie propre, c’est-à-dire de la manière unique dont je suis ce vivant. C’est à cela que le christianisme, se différenciant des paganismes ambiants, « doit son succès ». C’est ce que je désignerais par l’effet narcissique de la religion chrétienne. Que l’homme antique se trouve rejoint si profondément au point d’être considéré comme un (ou le) fils perdu et retrouvé, voilà ce qui a provoqué cette incroyable diffusion du christianisme. (op. cit. p. 67)

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Message par Saint-Ex Lun 27 Nov 2023 - 21:29

Vanleers a écrit:Je cite un autre passage de l’article de Jean-François Noel qui montre que l’Évangile concerne, de façon singulière, la vie propre de chaque personne en particulier et non, de façon anonyme, la vie en soi des hommes en général.
Chaque personne singulière est invitée à faire sienne, à sa façon, la Bonne Nouvelle en inventant son propre christianisme, c’est-à-dire sa propre et unique façon de se rapporter au Christ inspirée par la foi en un Père miséricordieux qui la fait exister.
C’est ce que J-F Noel appelle « l’effet narcissique de la religion chrétienne ».

Jean-François Noel a écrit:Le fait que je sois ce vivant-là, que je vive un an ou cent ans est définitif. Il faut bien comprendre qu’il ne s’agit pas d’une sorte de mise en valeur de la vie en soi, mais de ma vie propre, c’est-à-dire de la manière unique dont je suis ce vivant. C’est à cela que le christianisme, se différenciant des paganismes ambiants, « doit son succès ». C’est ce que je désignerais par l’effet narcissique de la religion chrétienne. Que l’homme antique se trouve rejoint si profondément au point d’être considéré comme un (ou le) fils perdu et retrouvé, voilà ce qui a provoqué cette incroyable diffusion du christianisme. (op. cit. p. 67)

Je ne voudrais pas briser ton rêve éveillé, mais « l’effet narcissique de la religion chrétienne » ne me semble pas peser bien lourd face à « l’effet narcissique de la religion musulmane », te dirais-je en tant qu'athée redevable de sa culture au catholicisme et surtout pas à l'islam, ce qui me donne l'impression d'être drapé d'objectivité ...

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Message par Vanleers Mar 28 Nov 2023 - 17:34

Dans un post antérieur, j’ai signalé que :

Jean-François Noel a écrit: Le christianisme est venu rejoindre ce besoin le plus intime, et presque le plus inavouable, que chacun porte au fond de soi : être reconnu.

Du point de vue psychologique, il s’agit ici de narcissisme, et plus précisément de celui qu’on qualifie de primaire pour signifier qu’il vient en premier et participe à l’estime de soi.

Dans l’Ethique de Spinoza, l’estime de soi s’appelle acquiescentia in se ipso.

Spinoza a écrit:L’acquiescentia in se ipso est une Joie née de ce qu'un homme se contemple lui-même ainsi que sa puissance d'agir. (E III déf. aff. 25)

Acquiescentia in se ipso est souvent traduit par « satisfaction de soi » mais, aussi, par Pierre Macherey,  par « assurance en soi-même ».
Acquiescentia  est un mot-clé de l’Ethique.
Il sert à définir la béatitude dans le chapitre 4 de l’Annexe à la partie IV : « en effet la béatitude n’est rien d’autre que la satisfaction même de l’âme (ipsa animi acquiescentia) qui naît de la connaissance intuitive de Dieu ».
On le retrouve dans la proposition 27 de la partie V

Spinoza a écrit:De ce troisième genre de connaissance naît  la plus haute satisfaction d’Esprit (Mentis acquiescentia) qu’il puisse y avoir

Indiquons aussi que :
Spinoza a écrit:Du troisième genre de connaissance naît nécessairement un Amour intellectuel de Dieu. (E V 32 cor.)

En conclusion, dans l’Ethique, l’estime de soi (narcissisme primaire) de fonde sur la connaissance et l’amour de Dieu.

Voilà un parallèle étonnant entre l’Ethique et l’Évangile, la Bonne Nouvelle que tout homme est un fils de Dieu, ce qui lui donne une assurance en lui-même " en béton".

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Message par benfifi Ven 1 Déc 2023 - 11:55

benfifi a écrit:
Vanleers a écrit:Vous pouvez répondre vous-même à cette question si vous avez une connaissance suffisante de l’ensemble des religions.
Il se trouve que c'est à vous que je pose la question.
Vanleers a écrit:J’avoue ne pas avoir les connaissances nécessaires qui me permettraient de vous répondre utilement.
Je ne demande pas une expertise. Seulement votre sentiment sur la question.
Alors, Vanleers, ce sentiment, êtes-vous prêt à en faire part ?

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Message par Vanleers Ven 1 Déc 2023 - 16:48

La Bonne Nouvelle de l’Évangile est exprimée dans des textes qui relatent les actes et les paroles de Jésus-Christ.
Spinoza distingue l’homme Jésus (Christus secundum carnem) et le Christ selon l’esprit (Christus secundum spiritum).
Dans Quatre enquêtes sur Spinoza – Éditions de l’École pratique des hautes études 2021 :

Pina Totaro a écrit:Le Christ représente alors ce dispositif intellectuel qui résume et transcende l’imagination et la raison. Dans ses œuvres ultérieures, de l’Ethique à certaines lettres  de 1675, Spinoza évoque à ce propos (contre le Christ « fils de Dieu » de la tradition chrétienne) l’esprit du Christ (spiritum Christi) comme le seul et véritable « fils » de Dieu, compris comme la sagesse éternelle qui assure la rationalité et l’amour, source de vie et de cohésion entre les hommes. Le philosophe insiste donc sur ce Christ secundum Spiritum et sur l’importance de connaître son rôle et son efficacité. En contact avec Dieu d’esprit à esprit (de mente ad mentem cum Deo communicavit), le Christ n’est pas Dieu parce que il ne peut pas être identifié avec l’infini, qui est unique par définition. En ce sens si le « Christ historique » exprime la commune appartenance ou l’insertion d’éléments finis dans l’ordre de la nature, le « Christ selon l’esprit » exprime l’intégration et l’idée de participation à l’infini et l’amour intellectuel de Dieu. En ce sens, Christ n’est pas un prophète, mais représente une structure éternelle ou, comme l’a dit Melamed, une spiritualisation progressive de la religion selon un processus qui rationalise ou intériorise les principes contenus dans l’Ancien Testament. Selon cet horizon interprétatif, le Christ représente un attribut divin, l’un des modes immédiats de la substantia, ou l’intelligence infinie dont parle Spinoza dans l’Ethique (E IV 68 sc.).

A mon point de vue, le chrétien est celui dont les actes et les paroles sont inspirés par le Christ secundum Spiritum, plus simplement par l’esprit de Jésus-Christ.

Les Exercices Spirituels d’Ignace de Loyola, en proposant à l’exercitant de méditer de nombreux passages des évangiles, l’entraînent à s’imprégner de l’esprit dans lequel Jésus a agi et parlé, jusqu’au point où, comme l’écrit Saint Paul, il pourrait dire : « Je vis, mais non pas moi, c’est le Christ qui vit en moi ».

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Message par Vanleers Ven 8 Déc 2023 - 16:51

Je vous réponds sur ce fil.

hks a écrit:Angoisse, désespoir, ces affects sont forts chez Kierkegaard
à contrario la rationalité de Spinoza ou l’archi-quiétude du bouddhisme.

Mais je n' ai jamais pu congédier Kierkegaard. Toujours il me reconvoque.

Ignace énonce une règle qui éclaire sur l’origine de l’angoisse et du désespoir et permet de s’en défaire.

Ignace de Loyola a écrit:La première règle

C’est le propre de Dieu et de ses anges de donner, dans leurs motions, la véritable allégresse et joie spirituelle, en supprimant toute tristesse et trouble que suscite l’ennemi. Le propre de celui-ci est de lutter contre cette allégresse et cette consolation spirituelle, en présentant des raisons apparentes, des subtilités et de continuels sophismes. (E.S. 329)

A. Demoustier commente :

Adrien Demoustier a écrit:Qu’elle soit directe ou passe par l’intermédiaire de messagers, l’action de Dieu est caractérisée par la joie et l’allégresse. Une véritable consolation vient toujours de Dieu, directement ou indirectement. Cette action divine est dynamique, elle agit par des « motions », c’est-à-dire d’une manière qui met en mouvement l’homme tout entier. Cette mise en route est ressentie, expérimentée, mais aussi reconnue, identifiée. Elle concerne l’homme tout entier corps et âme unifiés. Cette action dynamique de Dieu a un effet : elle supprime toute tristesse et trouble. Elle fait sortir du malheur. Cet effet n’est pas statique : il remplace le malheur et l’obscurité par le bonheur et la clarté.

A cette action divine s’oppose celle de l’ennemi qui, sur la défensive, contre-attaque. Il cherche à lutter contre la paix en semant l’inquiétude. Ce qui augmente la tristesse et le trouble vient de l’ennemi. C’est une règle absolue. Toutes les fois que nous faisons l’expérience que la tristesse ou le trouble tendent à chasser l’allégresse, c’est que nous commençons à laisser prise à l’ennemi. Il s’agit bien alors de trouble et de tristesse, non pas de douleur ou de difficulté à affronter. Face à une épreuve douloureuse, l’ennemi tirera prétexte de la difficulté pour décourager, troubler et attrister, alors que Dieu et ses messagers donneront de vivre la douleur avec force et courage en l’exprimant. Il en naîtra peu à peu le cheminement d’une certaine allégresse et une forme de joie infiniment discrète. (op. cit. p. 72)

Je souligne : « Ce qui augmente la tristesse et le trouble vient de l’ennemi. »

Ignace donne une règle simple et robuste, une boussole pour s’orienter dans la vie.

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Message par Saint-Ex Mer 13 Déc 2023 - 0:42

Pina Totaro a écrit:Le Christ représente alors ce dispositif intellectuel qui résume et transcende l’imagination et la raison. Dans ses œuvres ultérieures, de l’Ethique à certaines lettres  de 1675, Spinoza évoque à ce propos (contre le Christ « fils de Dieu » de la tradition chrétienne) l’esprit du Christ (spiritum Christi) comme le seul et véritable « fils » de Dieu, compris comme la sagesse éternelle qui assure la rationalité et l’amour, source de vie et de cohésion entre les hommes. Le philosophe insiste donc sur ce Christ secundum Spiritum et sur l’importance de connaître son rôle et son efficacité. En contact avec Dieu d’esprit à esprit (de mente ad mentem cum Deo communicavit), le Christ n’est pas Dieu parce que il ne peut pas être identifié avec l’infini, qui est unique par définition. En ce sens si le « Christ historique » exprime la commune appartenance ou l’insertion d’éléments finis dans l’ordre de la nature, le « Christ selon l’esprit » exprime l’intégration et l’idée de participation à l’infini et l’amour intellectuel de Dieu. En ce sens, Christ n’est pas un prophète, mais représente une structure éternelle ou, comme l’a dit Melamed, une spiritualisation progressive de la religion selon un processus qui rationalise ou intériorise les principes contenus dans l’Ancien Testament. Selon cet horizon interprétatif, le Christ représente un attribut divin, l’un des modes immédiats de la substantia, ou l’intelligence infinie dont parle Spinoza dans l’Ethique (E IV 68 sc.).

Deus sive Natura, dit Spinoza.

Si l'on comprend bien ce que dit Spinoza, Pina Totaro est incontestablement un véritable imbécile.

.


Dernière édition par Saint-Ex le Mer 13 Déc 2023 - 0:57, édité 1 fois (Raison : orthographe)
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Message par Saint-Ex Mer 13 Déc 2023 - 0:55

.

Vanleers a écrit:Je souligne : « Ce qui augmente la tristesse et le trouble vient de l’ennemi. »
«L'ennemi est bête. Il croit que l'ennemi c'est nous, alors que l'ennemi, c'est lui !»

Desproges

Vanleers a écrit:Ignace donne une règle simple et robuste, une boussole pour s’orienter dans la vie.
Heureusement que des boussoles, y en a d'autres ...

.
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Message par Vanleers Ven 15 Déc 2023 - 21:21

hks a écrit:En revanche, poser comme "moyen de savoir", et donc comme objet de pensée, ce qui est possible, n'est ce pas reconnaître :

« que la connaissance de ce qui est proprement humain dans l’homme exige une voie d’accès et un type de connaissance qui se distinguent radicalement des moyens cognitifs qui nous font connaître les autres êtres vivants et la nature inanimée. »

En en contestant l'exigence, c'est en fait toute la "conscience de soi"de l'individu qui est envoyée aux oubliettes de la non nécessité.

Je réponds au message que vous avez posté sur le fil « La démocratie, donc »

Spinoza a construit, et donc pensé, un modèle axiomatique du réel.
L’un des axiomes du modèle est d’ailleurs : « L’homme pense ».
Outre les axiomes, son modèle est fondé sur des définitions propres à l’auteur, notamment celles de « substance » et de « mode ».
Per substantiam intelligo...
Spinoza définit le réel comme constitué d’une Substance unique qu’il appelle Dieu ou Nature et de modes de cette Substance : à part la Substance et ses modes il n’y a rien.
C’est donc à bon droit que Frédéric Lordon et Yves Citton ont écrit que le spinozisme était un « naturalisme intégral » (Spinoza et les sciences sociales pp. 22-31 – Amsterdam Poches 2008)
C’est pour cette raison que j’ai soutenu, sur le fil précité, que la doctrine de Jean-Marie Schaeffer, qui conteste la Thèse que vous rappelez dans votre post, s’inscrit dans le modèle du réel de Spinoza.

Toutefois, ce modèle est plus vaste que la doctrine de J.-M. Schaeffer.

En effet, Spinoza introduit un troisième de genre de connaissance qui s’ajoute à la connaissance par opinion ou imagination (premier genre) et à la connaissance rationnelle (deuxième genre).
Ce troisième genre ou science intuitive « procède de l’idée adéquate de l’essence formelle de certains attributs de Dieu à la connaissance adéquate de l’essence des choses » (E II 40 sc. 1).
Spinoza a défini l’essence d’une chose de façon telle que l’on ne peut parler que d’essence de chose singulière.
En conséquence, la connaissance du troisième genre est la connaissance adéquate des choses singulières.
Spinoza précisera, dans la partie V de L’Ethique, qu’il s’agit de la connaissance intellectuelle et affective de l’essence éternelle (hors du temps) des choses singulières.
Le sage est celui qui a cette connaissance car il est « conscient par quelque éternelle nécessité de lui-même, de Dieu et des choses » (E V 42 sc.)

En conclusion de La fin de l’exception humaine, J.-M. Schaeffer distingue ce qu’il appelle les « visions du monde » et les « savoirs empiriques ».

Jean-Marie Schaeffer a écrit:Les visions du monde, quelles qu’elles soient, n’ont donc qu’une fonction vérifonctionnelle marginale. Elle servent essentiellement à maintenir l’état de stabilité  interne de notre identité. Et elles le font en établissant une représentation du monde qui, bien qu’elle renvoie au monde réel, se donne les moyens pour échapper en grande partie aux interférences « nocives » des expériences exogènes. [...]
[…]
Par tous ces traits (et d’autres encore), le statut des visions du monde diffère profondément de celui des savoirs que nous acquérons dans nos interactions avec la réalité (physique et humaine) dans laquelle nous sommes pris. (p. 365)

L’auteur donne des exemples de visions du monde qui relèvent toutes de la connaissance du premier genre. Elles sont ce que Spinoza appelle des « superstitions » qu’il a a critiquées dans la préface du TTP et l’annexe de la partie I de l’Ethique.
J.-M. Schaefffer reste ainsi étranger aux visions du monde qui naissent de la connaissance du troisième genre ; par exemple :

Spinoza a écrit:Notre esprit, en tant qu’il se connaît ainsi que le corps sous l’aspect de l’éternité, a en cela nécessairement une connaissance de Dieu, et sait qu’il est en Dieu et se conçoit par Dieu (E V 30)

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Message par hks Sam 16 Déc 2023 - 0:33

à Vanleers

C’est donc à bon droit que Frédéric Lordon et Yves Citton ont écrit que le spinozisme était un « naturalisme intégral »

Ce mot "naturalisme" est tout à fait ambigu. Le naturalisme renvoie pratiquement toujours au matérialisme. Or le modèle ( si vous voulez) de Spinoza n'est pas matérialiste, ni d'ailleurs idéaliste ou spiritualiste, il excède de par l'infinité des attribut Spinoza est antiréductionniste à l'un ou l'autre des attributs.
On peut, certes, admettre que c'est une vision du monde (y compris la 5eme partie de l'Ethique)

A partir là, il y a un jugement réductionniste porté sur "les visions du monde" .
C'est un jugement (celui de Schaeffer) qui est une vision du monde, laquelle s'autorise à se juger comme
servant essentiellement ("servir à" c'est leur utilité)
Autrement dit la vison de Schaeffer est censée le protéger, elle sert
à maintenir l’état de stabilité  interne de notre identité. Et elles le font en établissant une représentation du monde qui, bien qu’elle renvoie au monde réel, se donne les moyens pour échapper en grande partie aux interférences « nocives » des expériences exogènes. [...]
ce qui est de l'utilitarisme. Grand bien lui fasse.

Alors, Frédéric Lordon et Yves Citton aurait-il pu écrire que le spinozisme
était un « utilitarisme intégral »?

Mais ça ne va pas non plus !
Et ce parce que les expériences spinozistes ne sont pas exogènes .
Le processus est chez Spinoza enfermé dans les limites de la conscience de soi du penseur .
Spinoza parle et ne serait ce que ce "parler" devrait éveiller
à l'exceptionnalité du processus.
Spinoza parle (archi majoritairement) des affects, et de ses affects individuellement ressentis (lesquels il suppose ressemblant chez autrui).

Et là, on est tout à fait dans un autre monde que celui de Schaeffer.

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La violence est ce rythme de perturbations non acceptables, du moins pas sans dommages potentiels."  

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Message par Vanleers Dim 17 Déc 2023 - 10:02

A hks

L’expression « naturalisme intégral » s’applique bien au modèle du réel de Spinoza pour qui, à part la Nature et ses modes (Natura naturans et Natura naturata) il n’y a rien.

Chez Jean-Marie Schaeffer, les visions du monde relèvent de la connaissance du premier genre et servent essentiellement « à maintenir l’état de stabilité  interne de notre identité. ».
La connaissance du troisième genre qu’il ignore a une tout autre ambition : nous faire éprouver une joie profonde, la béatitude, c’est-à-dire « la satisfaction même de l’âme (animi acquiescentia) qui naît de la connaissance intuitive de Dieu ».

La spiritualité ignatienne se fonde sur la connaissance intuitive du Dieu de Jésus-Christ et la béatitude, la joie profonde, est sa boussole.

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Message par hks Dim 17 Déc 2023 - 14:19

Vanleers a écrit:Chez Jean-Marie Schaeffer, les visions du monde relèvent de la connaissance du premier genre et servent essentiellement « à maintenir l’état de stabilité  interne de notre identité. ».
C'est peut être son point de vue.
Du point de vue de Spinoza il me semble que les visions du monde relèvent du second genre. ( exemple: Leibniz, Hegel, Schopenhauer. ... Spinoza... entre autres et qui me viennent à l'esprit).
Du second et qui sait d'un troisième genre dans les cas cités.

Schaeffer en biologise la cause. Mais quasi intégralement.

Pire, elles seraient ce qui révèle, aux yeux de l'expérimentateur,
les  interférences « nocives » des expériences exogènes. [...]
Une phénoménologie de la religion, par exemple, révèlerait là où ça gène dans l'exogène.
Il comprendrait alors  là où ça gène par un moyen exceptionnel (la conscience ). L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne - Page 2 2018971162

..........................
L’expression « naturalisme intégral »
est polysémique.

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Message par Vanleers Lun 18 Déc 2023 - 10:09

Le modèle du réel construit par Spinoza s’accommode très bien de la fin de l’exception humaine (l’homme n’est pas un empire dans un empire) et donne naissance à une éthique (un art de vivre) libératrice et réjouissante.
Que demandez de plus ?

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Message par Saint-Ex Lun 18 Déc 2023 - 11:51

Vanleers a écrit:Le modèle du réel construit par Spinoza s’accommode très bien de la fin de l’exception humaine (l’homme n’est pas un empire dans un empire) et donne naissance à une éthique (un art de vivre) libératrice et réjouissante.
Que demandez de plus ?

Que demandez de plus ?

Réponse :
Du pain, des jeux, des bordels et des humoristes, avec en plus des ordinateurs permettant de s'exprimer sur Spinoza, par exemple.

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