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L'Humanisme : Le Même et l'Autre

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Message par Vanleers Jeu 8 Déc 2022 - 9:53

hks a écrit:nota bene
J'ai eu l'insolence de demander une description de ce qu'on appelle empathie.
baptiste a écrit:L’empathie est un état émotionnel  qui se manifeste aussi bien dans le corps que dans l'esprit

Certes, mais la faim et la soif aussi. La peur et l'effroi aussi .
La colère aussi. Le stress et la confusion voir a contrario la satisfaction des idées claires aussi .

Le terme « empathie » est un pis aller pour caractériser l’humanisme car il est trop proche de la pitié ou commisération qui est une tristesse.

Solange Chavel a écrit:Le terme d’« empathie » est de facture relativement récente, tant en psychologie qu’en philosophie morale. Mais il permet de donner une nouvelle lecture à une controverse sur la nature du jugement moral qui traverse l’histoire de la philosophie, sous des vocables différents. En première approche, on peut dire que, d’un côté, se trouvent des philosophies qui condamnent les différentes formes de sympathie, pitié, compassion, commisération, etc, comme autant de manifestations déplacées du sentiment et de la singularité en morale. Pour prendre un exemple parmi bien d’autres, on peut trouver dans l’Éthique de Spinoza une définition de la commisération qui en fait une modalité de notre moderne empathie lorsqu’il affirme : « La commisération est une tristesse qu’accompagne l’idée d’un mal arrivé à un autre que nous imaginons être semblable à nous. » Mais Spinoza s’appuie précisément sur cette définition pour condamner des actions secourables motivées par le sentiment et non par la raison. D’un autre côté, de nombreux penseurs ont au contraire fait de la capacité à « se mettre à la place d’autrui » ou à imaginer avec vivacité le sort d’autrui un élément essentiel du jugement moral droit. Rousseau ou Smith, que j’évoquerai un peu plus loin, constituent deux exemples de cette tendance.
C’est dire que le développement récent de la psychologie de l’empathie offre l’occasion d’aborder une question qui est tout sauf secondaire pour la philosophie morale, et qu’elle offre une reformulation d’une question qui la travaille depuis longtemps. Déterminer le rôle de l’empathie dans le jugement moral, c’est bien toucher le cœur de notre conception de la moralité et des facultés que celle-ci doit mettre en œuvre pour fonctionner de manière adéquate.

https://books.openedition.org/editionscnrs/17310?lang=fr

Le mot « générosité » caractérise mieux l’humanisme car l’humaniste est celui qui se réjouit de l’existence de l’autre homme, tel qu’il est, dans son unicité, et a le désir d’aider rationnellement cet Autre à prospérer dans son être et de se lier à lui d’amitié.


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Message par Kercos Jeu 8 Déc 2022 - 11:23

hks a écrit:
bergame a écrit:Le droit de rêver, oui, ok, bien sûr. Mais pourquoi le devoir ? Un devoir envers qui, ou quoi ?
C'est déjà une obligation neuro physiologique, assez mal cerné par les neuroscience, pour le moment.
Je pensais, en fait, à l'imagination. et l'idée de "devoir" s'adresse à un déni, relatif certes, d'une faculté beaucoup plus active, qu'elle ne parait l'être aux yeux du rationalisme..

Pourquoi imaginer si on le fait a ta place ? Ca reste un droit et un devoir il me semble.
Pour Le rêve c'est (juste mon avis) effectivement une obligation neuro-physio. Fort probablement un processus utilitariste. Je plaide pour une sorte de mise en situations, en se servant d'informations stockées, afin de tester des comportements à adopter dans certains cas problématiques. Valéry dit que chaque geste, chaque pensée est destiné a l'action suivante...pourquoi pas le rêve.
C'est donc un devoir envers soi.

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Message par hks Jeu 8 Déc 2022 - 11:36

Vanleers a écrit:Le terme « empathie » est un pis aller pour caractériser l’humanisme car il est trop proche de la pitié ou commisération qui est une tristesse.
Un pis allé en ce que l'humanisme peut se détacher théoriquement et pratiquement de cet encrage.
On est alors ( il se peut) "humaniste" par raison, ou pour de de bonnes raisons. Les décisions "humanistes" sont alors rationalisées.
Ces raisons peuvent renvoyer à une conduite bien comprise de réalisation égotique. Je suis alors humaniste par prudence.
Stratégiquement cet "humanisme" me préservera des périls engendrés par la non reconnaissance d'autrui,(ie des antagonismes source de violence)

Cet humanisme relègue, bien évidemment l'empathie
à la sphère des maillons faibles (comme il le fait par ailleurs de  l'imagination).

Un des modes rhétoriques est d'assimiler l'empathie
1) à la commisération.
2) à la moralisation (qui serait mal fondée en l'occurrence)

S Chavel a écrit:Déterminer le rôle de l’empathie dans le jugement moral,
Moi je veux bien mais comme je ne sais pas la suite de l' exposé de S Chavel.L'Humanisme : Le Même et l'Autre - Page 3 2101236583 L'Humanisme : Le Même et l'Autre - Page 3 4221839403

Je procède donc à l'envers et je me pose des questions sur le jugement moral porté sur l'empathie .
Car il y a un jugement moral (plus que rationnel)
porté sur l'antériorité de fait de l'émotionnel.


À partir de là, selon Honneth, on peut observer que la reconnaissance originaire se manifeste chez le jeune enfant à travers
l’identifi cation émotionnelle à un autrui signifi catif qui le conduit
à valoriser l’importance des émotions de cet autrui qu’il imite,
valorisation qui s’étend aussi à sa personne. Cette « sympathie
existentielle »
[Honneth, 2007a, p. 59] avec les états émotionnels
d’autrui n’est pas avant tout d’ordre cognitif et ne repose pas sur
une théorie de la « simulation mentale » des états émotionnels
du partenaire. En suivant les analyses de Sartre et de Cavell, il
faut plutôt soutenir que l’accès à de tels états se fonde sur une
participation émotionnelle directe et immédiate par laquelle on
les connaît parce qu’on en est affecté
et qu’il s’agit là d’un moyen
incontournable de cette connaissance.

https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2011-2-page-259.htm


Dernière édition par hks le Ven 16 Déc 2022 - 0:47, édité 3 fois

_________________
"J'appelle "violence" ce qui excède les capacités d'intégration psychiques et  physiques.
La violence est ce rythme de perturbations non acceptables, du moins pas sans dommages potentiels."  

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Message par Bergame Jeu 8 Déc 2022 - 13:01

hks a écrit:
bergame a écrit:Le droit de rêver, oui, ok, bien sûr. Mais pourquoi le devoir ? Un devoir envers qui, ou quoi ?
C'est déjà une obligation neuro physiologique, assez mal cerné par les neuroscience, pour le moment.
Je pensais, en fait, à l'imagination. et l'idée de "devoir" s'adresse à un déni, relatif certes, d'une faculté beaucoup plus active, qu'elle ne parait l'être aux yeux du rationalisme.
Celui va admettre les émotions, les sensa data (données des sens ) et puis la rationalité, confrontation de deux mondes .
L' imagination est alors comprise comme le maillon faible.
"Relatif", ok. Parce que c'est questionnant, tout de même, cette idée de lier la pensée à un "devoir". Par exemple, celui que tu appelles "le rationaliste" pourra au contraire attendre d'Autrui qu'il pense raisonnablement, rationnellement, prétendra qu'il y a une sorte de devoir moral à contrôler les passions et à rechercher la modération, l'objectivité et la factualité. C'est d'ailleurs un volet de l'Humanisme. Toi, qui es un humaniste plus... esthète peut-être, tu prétends conférer à l'individu le devoir (certes relatif) d'imaginer et de penser utopiquement. Il y a même d'autres parties du monde, d'autres aires culturelles dans lesquelles on enjoint aux individus d'avoir des pensées "pures", càd exemptes de méchanceté, d'envie, de concupiscence, etc.

On sera sans doute d'accord, au final, que ces tentatives / tentations de conférer un devoir à la pensée sont vaines : Les hommes pensent ce qu'ils veulent, comme ils le veulent, et ils ne donnent à Autrui que l'accès à leur pensée qu'ils veulent bien lui donner.
Il n'y a donc ni droit ni devoir à imaginer, ni à user de sa pensée de la manière dont on le souhaite (et/ou dont on le peut) : Fort heureusement, ce n'est pas (encore) soumis à contrôle !

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Message par hks Jeu 8 Déc 2022 - 13:35

à bergame

humm!! dans ce que je dis c'est le déni qui est "certes relatif".
Le rationalisme celui de Spinoza par exemple
sous évalue (relativement) l'imagination ( et justement moins dans les scolies que dans le more geomatrico).
Tout le rationalisme à une forte tendance à sous évaluer
l'imagination.
Il se fait comme un devoir de la minimiser.

Et tu ne me dis pas que personne ne se donne des devoirs.
Bien au contraire tu me dis que
bergame a écrit: Les hommes pensent ce qu'ils veulent, comme ils le veulent,
....................................

Je n'ai pas à conférer à l'individu le devoir d'imaginer.
Ce devoir est constitutif. Nous ne le devons pas comme impératif moral mais comme suivant de notre constitution psychophysiologique. Je dois imaginer comme je dois dormir ou manger ou rêver.

Quand je te dis
hks a écrit:Disons Utopia. On à le droit, voire le devoir, de rêver.
La situation est encore plus drastique .
Parce que : il est de notre nature de suivre notre nature.
Mon devoir (très modestement ) est de le rappeler.


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Message par neopilina Jeu 8 Déc 2022 - 16:02

Bergame a écrit:Tut tut tut. En ce qui concerne la Hongrie, l'UE vise les manquements à l'Etat de droit. Pas la démocratie. Et je t'informe à mon tour, il se trouve que l'UE distingue les deux. Je te laisse prendre connaissance du "règlement relatif à un régime général de conditionnalité pour la protection du budget de l’Union” de 2020, et de l'art. 2 du Traité sur l'Union Européenne auquel ce règlement se réfère.

J'en prends bonne note " sur mes tablettes " (comme disait Sade, en ironisant légèrement). J'ai la naïveté de penser que démocratie et état de droit vont de pair. Sinon, même pas un petit commentaire sur ce genre de choses, ça me chagrine, je suis extrêmement sensible au thème " des doigts dans le pot de confiture ", pas toi ? :

neopilina a écrit:A l'habitant, la Hongrie est l'un des pays qui touchent le plus de fonds européens. Et Orban refuse la traçabilité de cet argent, et pour cause, lui et sa petite mafia en détourne à des fins personnels, c'est un parvenu, un délinquant, un voleur, qui vole en premier lieu les hongrois.


Bergame a écrit:Et qui décide donc de qui est démocrate et de qui ne l'est pas ? Toi ?

Oui !, mais pas que !

Bergame a écrit:Hé bien moi, je dis que celui qui ne respecte pas le verdict des urnes, en particulier (bien évidemment) lorsque ce verdict ne porte pas ses candidats au pouvoir, ne peut décemment pas se dire démocrate.

Qui t'as dit que je n'acceptais pas le verdict démocratique d'urnes démocratiques ! ? Soit dit en passant : tu peux m'expliquer pourquoi certains régimes persistent à organiser des " élections " ? Sinon, si un régime démocratiquement élu s'avère être non-démocratique, alors les démocrates entreront en résistance.

Bergame a écrit:Tu reconnais à Trump et ses partisans le droit de contester l'élection de Biden et prendre d'assaut la Maison-Blanche ?

L'Humanisme : Le Même et l'Autre - Page 3 341102842      Une fois remis de ma stupeur, je me suis dit que c'était plutôt moi qui devrais te poser cette question.

hks a écrit:Je procède donc à l'envers et je me pose des questions sur le jugement moral porté sur l'empathie.
Car il y a un jugement moral (plus que rationnel) porté sur l'antériorité de fait de l'émotionnel.

Christian Lazzeri a écrit:À partir de là, selon Honneth, on peut observer que la reconnaissance originaire se manifeste chez le jeune enfant à travers l’identification émotionnelle à un autrui significatif qui le conduit à valoriser l’importance des émotions de cet autrui qu’il imite, valorisation qui s’étend aussi à sa personne. Cette " sympathie existentielle " [Honneth, 2007a, p. 59] avec les états émotionnels d’autrui n’est pas avant tout d’ordre cognitif et ne repose pas sur une théorie de la " simulation mentale " des états émotionnels du partenaire. En suivant les analyses de Sartre et de Cavell, il faut plutôt soutenir que l’accès à de tels états se fonde sur une participation émotionnelle directe et immédiate par laquelle on les connaît parce qu’on en est affecté et qu’il s’agit là d’un moyen incontournable de cette connaissance.

Hé oui, nous ne naissons pas seul. C'est la base. Même si le nouveau né est abandonné dans la foulée, c'est déjà autre chose. Le mourant qui dit " maman " qui n'a jamais vu sa mère, qui est morte depuis des lustres, etc., c'est un lieu commun : le Sujet, mourant, a peur d'être séparé de Sa Mère, c'est à dire, en fait, l'Objet intégré et constitutif, et projeté, ce qu'il ne comprend pas, mais dans le cas présent, on ne va pas l'accabler par une digression. Le fil frôle la psychanalyse (le rêve, etc.). Pour moi, pas de souci. " Allez !, encore une fois " (Nietzsche) : n'en déplaise, ce n'est pas en premier lieu philosophiquement que se sont forgées les Valeurs de tout un chacun, cogito, et à chacun les Siennes. Tout un chacun s'efforce de s'asseoir sur Son Enfer, Ses Égouts, Ses Démons, etc., je comprends (très bien). L'anarchie absolue, c'est une très très mauvaise " idée " : c'est la pire. Mais il y a une " Victime " collatérale.      L'Humanisme : Le Même et l'Autre - Page 3 2056741440
Personne n'ira plus loin s'il ne devient pas aussi un tel " Voyageur " (comme Gilgamesh, Ulysse, etc.). Après Sade et Nietzsche, il était urgentissime que " Freud " (et consorts) fasse son entrée sur scène.


Dernière édition par neopilina le Ven 9 Déc 2022 - 18:46, édité 1 fois

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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
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Message par baptiste Ven 9 Déc 2022 - 9:59

hks a écrit:nota bene
J'ai eu l'insolence de demander une description de ce qu'on appelle empathie.
baptiste a écrit:L’empathie est un état émotionnel  qui se manifeste aussi bien dans le corps que dans l'esprit

Certes, mais la faim et la soif aussi. La peur et l'effroi aussi .
La colère aussi. Le stress et la confusion voir a contrario la satisfaction des idées claires aussi .

La soif et la fin ne sont pas des émotions mais des sensations, ou alors l’esprit se situe bien bas, de plus il n’a jamais été question d’affirmer qu’il s’agit de la seule émotion. Une musique peut apporter des sensations qui transportent, bouleversent parfois même.  Autrefois, lorsque écouter la musique était rare, les gens pleuraient facilement en écoutant un opéra. Les émotions impliquent une réponse physique et psychique forte et durable, l’empathie de plus est une émotion particulière car elle implique un autre que moi  réagissant à mon action de façon émotionnelle aussi, l’acteur réagissant avec empathie à mon activité, ou ma non activité si je suis dénué d’empathie bien entendu. On peut aussi agir chimiquement sur l’empathie mais on n’enseigne pas l’empathie, par contre on enseigne l’éthique. L’altération d’empathie n’est pas considéré comme circonstance atténuante sur la responsabilité juridique comme cela se passe pour l’altération de la capacité de jugement. L'empathie a peu à voir avec ce que nous appelons la "raison philosophique".

Accessoirement de nombreux problèmes engendrés par les réseaux sociaux proviennent de la perturbation des systèmes de gestion de l’empathie et de l’agressivité pour lesquels nous nous sommes adaptés et qui ne fonctionnent plus face à un écran sans visage.

Pascal disait approximativement, je tiens pour impossible de connaître le tout sans connaître les partis et vice versa. L’empathie est un des phénomènes constitutifs de l’humain, l'humanisme n'existe qu'à partir de l'humain, le discours de l’intuition philosophique sur le même et l’autre apporte-t-il un complément de connaissance à celui de la biologie et de la psychologie sur la « nature » de cette émotion ? Peut-il simplement entrer en contradiction avec ces discours ? Alors quel est le rôle de la philosophie et que nos auteurs contemporains sont en peine de tenir ?

Prenons un exemple  au fondement même des considérations humanistes : le racisme. Celui que l’on a surnommé le prince des philosophes du vingtième siècle était un fieffé raciste qui a justifié son racisme « historié », quelqu’un qui couchait avec ses étudiantes juives et en même temps justifiait l’extermination de leur race. Seule une absence totale d’empathie permet ce genre de comportement. La question de nature philosophique serait de chercher à comprendre pourquoi a-t-il préféré, lui le prince des philosophes, se soumettre à ses émotions plutôt qu’à la « raison » ? Sa  «Lettre sur l'humanisme» serait, d’après les experts, une tentative de refonder l'humanisme à partir de « l’homme qui devient le berger de l’être ». Comme quoi on peut se dire humaniste et être dénué d’empathie.  Bergame dit « moi  l’empathie connais pas » et s’affiche anti-humaniste, au moins c'est cohérent, mais est-vrai? Lui "l'ami du peuple" est-il dénué d'empathie? Remarque que Robespierre se disait l'ami du peuple lui aussi. Ceci étant dit je n’ai trouvé aucune tentative de s'accorder sur une définition de l’humanisme dans vos discussions, ce qui pose la question : êtes vous sûr de tous parler de la même chose?

Après avoir remercié Vanleer de m’avoir obligé à me replonger dans mes notes sur Pascal, je dois remercier Néo de m’avoir incité à relire mes notes, cette fois vieilles de plusieurs décennies, sur Nietzsche. L’influence de Pascal sur Nietzsche est effectivement considérable comme celle sur Camus. On retrouve chez l’un et l’autre des aphorismes pascalien à peine réécrit à l’origine de nombreux développements. Nietzsche avait reconnu cette dette mais pas Camus. Je suis en train d'en inventorier quelques unes.


Dernière édition par baptiste le Ven 9 Déc 2022 - 10:10, édité 5 fois

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Message par Vanleers Ven 9 Déc 2022 - 10:01

hks a écrit:
Vanleers a écrit:Le terme « empathie » est un pis aller pour caractériser l’humanisme car il est trop proche de la pitié ou commisération qui est une tristesse.
Un pis aller en ce que l'humanisme peut se détacher théoriquement et pratiquement de cet ancrage.
On est alors ( il se peut) "humaniste" par raison, ou pour de de bonnes raisons. Les décisions "humanistes" sont alors rationalisées.
Ces raisons peuvent renvoyer à une conduite bien comprise de réalisation égotique. Je suis alors humaniste par prudence.
Stratégiquement cet "humanisme" me préservera des périls engendrés par la non reconnaissance d'autrui,(ie des antagonismes source de violence)

Cet humanisme relègue, bien évidemment l'empathie
à la sphère des maillons faibles (comme il le fait par ailleurs de  l'imagination).

Un des modes rhétoriques est d'assimiler l'empathie
1) à la commisération.
2) à la moralisation (qui serait mal fondée en l'occurrence)

S Chavel a écrit:Déterminer le rôle de l’empathie dans le jugement moral,
Moi je veux bien mais comme je ne sais pas la suite de l' exposé de S Chavel.L'Humanisme : Le Même et l'Autre - Page 3 2101236583 L'Humanisme : Le Même et l'Autre - Page 3 4221839403

Je procède donc à l'envers et je me pose des questions sur le jugement moral porté sur l'empathie .
Car il y a un jugement moral (plus que rationnel)
porté sur l'antériorité de fait de l'émotionnel.

A la réflexion, je suis assez d’accord avec ce que vous écrivez.
Au-delà d’un humanisme rationnel qui substitue la générosité à la commisération, il existe un humanisme spirituel qui met en œuvre l’esprit au sens ancien, c’est-à-dire la capacité de mettre en relation la dimension mentale, intellectuelle et la dimension affective et corporelle de l’être humain, autrement dit le cœur.
L’affectif (l’« émotionnel », pour reprendre votre mot) est, ici, associé à l’intellectuel dès le départ.
Connaître l’autre par le cœur et pas seulement par la tête donne alors tout son sens à l’empathie comme connaissance à la fois intellectuelle et affective de l’autre.
Ce genre de connaissance peut être bouleversante et même déchirante à propos d'un proche accablé par la souffrance.
Ce genre de situation peut nous faire « craquer » et ce genre de « craquement » n’est pas nécessairement une affliction égotiste mais peut témoigner d’une attitude client-centered, pour reprendre l’expression de Rogers.

Je redonne votre texte avec ses références :

Christian Lazzeri a écrit:À partir de là, selon Honneth, on peut observer que la reconnaissance originaire se manifeste chez le jeune enfant à travers l’identification émotionnelle à un autrui significatif qui le conduit à valoriser l’importance des émotions de cet autrui qu’il imite, valorisation qui s’étend aussi à sa personne. Cette « sympathie existentielle » [Honneth, 2007a, p. 59] avec les états émotionnels d’autrui n’est pas avant tout d’ordre cognitif et ne repose pas sur une théorie de la « simulation mentale » des états émotionnels du partenaire. En suivant les analyses de Sartre et de Cavell, il faut plutôt soutenir que l’accès à de tels états se fonde sur une participation émotionnelle directe et immédiate par laquelle on les connaît parce qu’on en est affecté et qu’il s’agit là d’un moyen incontournable de cette connaissance. La reconnaissance de la valeur d’autrui sur cette base purement émotionnelle signifie que l’état émotionnel de Y présente une importance pour X parce qu’il est celui de X par identification et que l’état émotionnel considéré se trouve être doté de cette importance par la tendance de X à y réagir d’une façon ou d’une autre, ou par sa sollicitation à le faire. Cette reconnaissance, qui se confond avec une « forme élémentaire de l’intersubjectivité », ne peut cependant attribuer à Y qu’une valeur indéterminée parce qu’elle se fonde uniquement sur la valeur de ses états émotionnels pour X. Il n’en demeure pas moins que cette forme de reconnaissance « se situe au principe des autres formes plus substantielles de celle-ci dans lesquelles se joue une acceptation des propriétés ou des capacités déterminées des autres personnes » [ibid. p. 134].

https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2011-2-page-259.htm

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Message par hks Ven 9 Déc 2022 - 13:34

baptiste a écrit:La soif et la fin ne sont pas des émotions mais des sensations, ou alors l’esprit se situe bien bas,
il n'y a pas de doctrine unanimement partagée sur les émotions.
Et je ne demandais une description du ressenti que sur l'empathie (voire sur la sympathie que je distingue).
.....................................................................
Sur la soif et la faim L'Humanisme : Le Même et l'Autre - Page 3 4221839403 disons une "vraie faim" et une "vraie soif" et donc à mon avis accompagnées d un ressenti émotionnel.

William James a proposé une définition de l’émotion qui peut surprendre :
W James a écrit:« Les changements corporels suivent immédiatement la perception du fait excitant, et le sentiment que nous avons de ces changements à mesure qu’ils se produisent, c’est l’émotion. »
Nous sommes « affligés parce que nous pleurons, irrités parce que nous frappons, effrayés parce que nous tremblons, et non pas que nous pleurons, frappons ou tremblons parce que nous sommes affligés, irrités ou effrayés, suivant le cas ».

Dans la mesure ou la faim ou la soif ne sont pas des sensations neutres( s'il en existe) il y a bien une situation émotive :je m émeus parce que j'ai faim. C'est lié.
....................................

Le cas de l'empathie est plus difficilement rangeable dans la topique de James

je renvoie à ce long article.
Essai de circulation mutuelle entre science cognitive, sagesse contemplative et philosophie phénoménologique.

https://www.erudit.org/en/journals/theologi/1900-v1-n1-theologi976/011555ar.pdf

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Message par Bergame Ven 9 Déc 2022 - 14:14

bergame a écrit:Et je peux témoigner de la difficulté qu'il y a, aujourd'hui, en tant qu'enseignant par exemple, à faire respecter l'idée qu'il doit y avoir une même règle pour tout le monde, que c'est une condition à l'équité de traitement -et par exemple d'évaluation. Je suis constamment en train de dire "non" à des étudiants qui chacun, l'un après l'autre, réclament une exception, un traitement de faveur, une indulgence, parce que c'est pas de leur faute, parce qu'ils ont manqué de temps, parce qu'il y a des problèmes de train, parce qu'ils ont un TDAH -qui n'est pas encore diagnostiqué, mais justement, ils vont chez le médecin la semaine prochaine- parce que, parce que... Et je dis "non", et j'explique : La règle est la même pour tout le monde. Mais je suis néanmoins autoritaire, je ne suis pas indulgent, je manque d'empathie, etc. etc.
hks a écrit:
bergame a écrit:Mais je suis néanmoins autoritaire, je ne suis pas indulgent, je manque d'empathie, etc. etc.
tu es ironique là ?
baptiste a écrit:Bergame dit « moi  l’empathie connais pas » et s’affiche anti-humaniste, au moins c'est cohérent, mais est-ce vrai?
Les amis, je veux bien croire que vous êtes doués d'une grande empathie, mais mon sentiment est que vous avez quelques lacunes de compréhension.  scratch


hks a écrit:Je n'ai pas à conférer à l'individu le devoir d'imaginer. Ce devoir est constitutif. Nous ne le devons pas comme impératif moral mais comme suivant de notre constitution psychophysiologique. Je dois imaginer comme je dois dormir ou manger ou rêver.

Quand je te dis : "Disons Utopia. On à le droit, voire le devoir, de rêver." La situation est encore plus drastique. Parce que : il est de notre nature de suivre notre nature. Mon devoir (très modestement ) est de le rappeler.
Je trouve personnellement cette position vraiment questionnante. Que tu sois utopiste, hks, c'est évident, et c'est effectivement ton... droit, si l'on veut. En revanche, que tu prétendes en faire un devoir pour tout un chacun, pour tout homme, c'est pour moi, je te l'avoue, d'une prétention extraordinaire.

Comment se fait-il, franchement, qu'au cours d'une vie, on ne se soit pas rendu compte que les autres sont différents ? Qu'ils ne pensent pas comme moi, qu'ils n'ont pas la même vie que moi, qu'ils n'ont pas les mêmes croyances, les mêmes valeurs que moi ? Commet peut-on être resté ainsi engoncé en soi-même ?  
Tu es un esthète, hks -c'est du moins ainsi que je le dirais, si tu me permets. Tu valorises la créativité, la liberté, l'imagination, l'art, c'est entendu. Est-il si difficile de comprendre que d'autres puissent prioriser d'autres valeurs, d'autres principes, d'autres dimensions ? Quelque chose d'aussi simple que par exemple : Plutôt que de rêver à un autre monde, trouver sa place et sa voie dans celui-ci ? Plutôt que de rêver à ce que le monde et l'homme pourraient être, tenter de comprendre le monde et le monde tels qu'il sont ? N'as-tu jamais rencontré de gens qui ont pour volonté de réussir professionnellement, par exemple ? Des hommes qui sont plus intéressés par la mécanique automobile que par l'art ? Des hommes qui consacrent leur existence à l'adoration d'un dieu ? Des hommes dont toute l'attention est orientée vers le gain financier ? Des hommes qui bossent, dur, pour subvenir aux besoin de leur famille, tout simplement, et qui n'ont ni le temps ni l'envie de s'adonner aux délices de l'utopie et de l'imagination ? Des hommes...
La question vaut aussi pour neopilina, par exemple.

Je suis désolé de vous le dire, chers amis, je ne cherche pas à vous vexer inutilement, mais vous n'êtes ni des modèles représentatifs de la "nature humaine", ni des étalons de ce que l'homme devrait être.

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Message par hks Ven 9 Déc 2022 - 15:31

bergame a écrit:Que tu sois utopiste, hks, c'est évident, et c'est effectivement ton... droit, si l'on veut. En revanche, que tu prétendes en faire un devoir pour tout un chacun, pour tout homme, c'est pour moi, je te l'avoue, d'une prétention extraordinaire.

Je n'ai même pas besoin d'en faire un devoir.
Dans les faits je vois que la préoccupation de l'avenir est prégnante.
L'avenir tel qu'on l'imagine est un souci.
A droite comme à gauche on est soucieux.
Toutes situations confondues on est soucieux.
Et chacun d'imaginer des solutions.
Dans les faits (imaginer) anticipent largement le sens du devoir.

et je voudrais bien savoir où tu as trouvé (ne serait ce que) des embryons d'utopie dans mes messages. Tu introduis un supposé finalisme dans ce que je dis.
Je l'ai  remarqué quand je parlais de "sélection naturelle" et antérieurement  de "mondialisation" ou de "progrès"

bergame a écrit: Qu'ils ne pensent pas comme moi,
L'Humanisme : Le Même et l'Autre - Page 3 2101236583  L'Humanisme : Le Même et l'Autre - Page 3 2101236583
Ma conviction profonde est que personne ne pense comme moi.
Pas à l'identique ( parfois ressemblant ).

Si c'est pour nous dire que les hommes sont différents
certes
mais ça crève les yeux .
L'Humanisme : Le Même et l'Autre - Page 3 177519025

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Message par neopilina Ven 9 Déc 2022 - 18:45

(

Vanleers a écrit:e redonne votre texte avec ses références : ...

Merci Vanleers, je n'arrivais pas à ouvrir le fichier d'hks, j'édite pour mentionner l'auteur, et je prends l'extension de la citation. Rendre à César, toujours, pc

)

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Message par hks Ven 9 Déc 2022 - 21:47

Merci Vanleers

J'ai rectifié le lien.L'Humanisme : Le Même et l'Autre - Page 3 3438808084
me dire quand le lien ne marche pas , je ne vérifie pas à chaque fois  

un autre lien sur le même sujet "la réification"
Plus difficile  L'Humanisme : Le Même et l'Autre - Page 3 3438808084 mais plus explicatif sur le cheminement de Honneth vers  ces "pathologies sociales".

j'en extrait ceci  
A Honneth a écrit:Pendant les trois dernières décennies, la critique sociale s’est, pour l’essentiel, bornée à mesurer la valeur normative des sociétés en cherchant à savoir si elles se conformaient à certains principes de justice. Remportant des succès dans la justification de tels principes, capable de présenter de manière différenciée les idées sous-jacentes à une telle approche, elle a en même temps manqué le fait que les sociétés peuvent échouer sur un plan normatif d’une autre façon qu’en violant des principes de justice universellement valables. Pour ce type de défaillances, que l’on peut encore pertinemment subsumer sous le concept de « pathologies sociales », la critique sociale ne manque pas seulement d’attention théorique, mais aussi de critères plausibles19 .

      https://books.openedition.org/pupo/732?lang=fr#ftn42

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Message par baptiste Dim 11 Déc 2022 - 8:16

hks a écrit:

William James a proposé une définition de l’émotion qui peut surprendre :
W James a écrit:« Les changements corporels suivent immédiatement la perception du fait excitant, et le sentiment que nous avons de ces changements à mesure qu’ils se produisent, c’est l’émotion. »
Nous sommes « affligés parce que nous pleurons, irrités parce que nous frappons, effrayés parce que nous tremblons, et non pas que nous pleurons, frappons ou tremblons parce que nous sommes affligés, irrités ou effrayés, suivant le cas ».

Dans la mesure ou la faim ou la soif ne sont pas des sensations neutres( s'il en existe) il y a bien une situation émotive :je m émeus parce que j'ai faim. C'est lié.
....................................

Le cas de l'empathie est plus difficilement rangeable dans la topique de James


Sapere aude, bon Dieu, comme aurait dit Manu. Lorsqu'un événement fortement émotionnant se produit, par exemple un meurtre à la sortie d'un lycée, on mets en place un soutient psychologique parce que cette émotion peut entraîner des dommages à long terme voir des traumatismes durable. Nous en avons, ici même,  parlé récemment de cette très jeune fille Belge qui s'est suicidée en accédant au suicide assisté parce qu'elle ne se remettait pas d'avoir vécu un événement très traumatisant.

Lorsque l'on a  soif... on prend un verre d'eau, pas besoin de soutient psychologique, bien entendu qu'un état de famine prolongée peut être traumatisant mais ce n'est pas le cas d'une sensation de soif.

Assimiler, sans nuance, dans un premier temps deux mots au sens très différents puis dans un second temps sur-intellectualiser en citant les références d'un article sans même tenter d'en tirer l'essentiel, cela nous mène où ???????

Ceci dit la citation de James constate l'interactivité du corps et de l'esprit mais sa conclusion est sujette à caution car elle ne se fonde en rien d'autre que dans la "raison insuffisante".

L'empathie relève des émotions par la nature des échanges corps-esprit, ce mot étant entendu au sens de la totalité des phénomènes non matériels, en jeu dans sa survenue.

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Message par Kercos Dim 11 Déc 2022 - 10:02

hks a écrit:
baptiste a écrit:La soif et la fin ne sont pas des émotions mais des sensations, ou alors l’esprit se situe bien bas,
il n'y a pas de doctrine unanimement partagée sur les émotions.
Et je ne demandais une description du ressenti que sur l'empathie (voire sur la sympathie que je distingue).
.....................................................................
Sur la soif et la faim L'Humanisme : Le Même et l'Autre - Page 3 4221839403 disons une "vraie faim" et une "vraie soif" et donc à mon avis accompagnées d un ressenti émotionnel.

Il faut se résoudre à ce que l' "esprit" parte de tres bas, sinon admettre la nécessité d'une transcendance.
Les vraies faims et soifs implique une souffrance du manque ...MAIS AUSSI une angoisse de ne pas arriver à combler ce manque. Il me semble normal de considérer que les sensations et les émotions non liées aux besoins physiologiques ( en incluant le besoin de protection, de sécurité ), que ces émotions sont un transfert du physiologique au non physiologique.

Le cas de l'empathie, qui concerne l'"autre"et donc une émotion qui ne nous concerne pas en tant que rétroaction physiologie, est obligatoirement un processus de transfert existant au préalable. Sa causalité ne semble se justifier que pour des raisons de socialisation...., être issue d'un processus inné préexistant ..qui concernait que les juvéniles, et devrait être lié au processus du "mème", dans le sens défini sur Wiki (désolé d'insister):

""""Un mème [mɛm]2 (de l'anglais meme [miːm] ; à ne pas confondre avec le français même) est un élément culturel reconnaissable, reproduit et transmis par l'imitation du comportement d'un individu par d'autres individus. L’Oxford English Dictionary définit le « meme » comme « un élément d'une culture (prise ici au sens de civilisation) pouvant être considéré comme transmis par des moyens non génétiques, en particulier par l'imitation »

Le terme anglais « meme » a été proposé pour la première fois par Richard Dawkins dans Le Gène égoïste (1976) et provient d'une association entre le terme anglais « gene » (gène) et le mot grec « mimesis » (imitation). Dawkins construit également ce terme pour sa ressemblance avec le mot français « même » (bien que ce dernier ait une étymologie différente). Les mèmes ont été présentés par Dawkins comme des réplicateurs, comparables à ce titre aux gènes, responsables de l'évolution de certains comportements animaux et des cultures. """"


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Message par Vanleers Dim 11 Déc 2022 - 10:35

A hks

Dans l’article dont vous avez donné la référence plus haut, Evan Thompson définit l’empathie au sens large comme suit :

Evan Thompson a écrit:[...], dans l’empathie nous expérimentons l’Autre directement comme  personne, c’est-à-dire comme un être intentionnel et mental dont la gestuelle et les actions corporelles traduisent l’expérience et les états d’esprit. Finalement, la notion d’empathie, en tant que processus intentionnel, s’applique à tout processus dans lequel une perception attentive de la situation ou de l’état de l’Autre génère chez quelqu’un un état ou une situation qui s’applique davantage à l’état ou à la situation de l’Autre qu’à son propre état ou à sa propre situation antérieure.

https://www.erudit.org/en/journals/theologi/1900-v1-n1-theologi976/011555ar.pdf

Expérimenter l’Autre directement comme personne est la base même de l’humanisme.
Être humaniste, en effet, c’est reconnaître l’autre homme comme un Autre qui porte un nom propre et non un nom commun, le reconnaître dans son altérité foncière et non dans sa mêmeté, ce qu’il a de commun avec les autres hommes.
Cette reconnaissance de l’autre homme dans son unicité est visée de façon inadéquate par la connaissance du premier genre (imagination) chez Spinoza.
Elle est inadéquate car il est impossible de démêler dans cette connaissance ce qui relève du connu et du connaissant.
La connaissance de l’Autre en tant qu’Autre est adéquate dans la connaissance du troisième genre (science intuitive) qui connaît l’Autre en tant qu’éternelle manière d’être unique du Dieu-Nature.
Commentant la fin de la citation d’E. Thompson, je dirais donc que l’empathie est la forme de la science intuitive chez Spinoza.


Dernière édition par Vanleers le Dim 11 Déc 2022 - 11:06, édité 1 fois

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Message par hks Dim 11 Déc 2022 - 10:55

baptiste a écrit:Assimiler, sans nuance, dans un premier temps deux mots au sens très différents puis dans un second temps sur-intellectualiser en citant les références d'un article sans même tenter d'en tirer l'essentiel, cela nous mène où ???????

Je ne comprends pas ta réponse . L'Humanisme : Le Même et l'Autre - Page 3 177519025

De quels deux mots s'agit il ?L'Humanisme : Le Même et l'Autre - Page 3 4221839403
De quel article s'agit- t-il ?L'Humanisme : Le Même et l'Autre - Page 3 4221839403
"totalité des phénomènes non matériels,"L'Humanisme : Le Même et l'Autre - Page 3 4221839403
"raison insuffisante". L'Humanisme : Le Même et l'Autre - Page 3 4221839403

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Message par hks Dim 11 Déc 2022 - 11:17

Evan Thomson a écrit:Finalement, la notion d’empathie, en tant que processus intentionnel, s’applique à tout processus dans lequel une perception attentive de la situation ou de l’état de l’Autre génère chez quelqu’un un état ou une situation qui s’applique davantage à l’état ou à la situation de l’Autre qu’à son propre état ou à sa propre situation antérieure.
D'accord. L'Humanisme : Le Même et l'Autre - Page 3 2101236583
Mais ce n'est pas ce que je demandais à kercoz.

Et j'insiste parce qu' il y a, sur le fond, une description (auto description) phénoménologique, réflexive, de l'empathie (comme de la sympathie que je distingue).

Vous (Vanleers ) me dites que cette connaissance
est inadéquate car il est impossible de démêler dans cette connaissance ce qui relève du connu et du connaissant.
Alors que du côté du connaissant vous éludez la question.
Moi je veux d abord savoir ce que j'éprouve quand je dis "l'empathie".
Et ce parce qu'il n'y a aucun autre moyen de savoir le signification de ce mot.



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Message par hks Dim 11 Déc 2022 - 11:33


Kercoz a écrit:Il faut se résoudre à ce que l' "esprit" parte de tres bas,
L'Humanisme : Le Même et l'Autre - Page 3 2101236583 c'est exactement bien dit ce que je voulais répondre à Baptiste.

Ensuite tu dérives sur une distinction
kercoz a écrit: que ces émotions sont un transfert du physiologique au non physiologique.
entre le physique et le mental (distinction que je pressens chez Baptiste).
Ce qui semble lié on veux le délier théoriquement.

On délie les sensations des émotions et le physiologique du mental.

On pense que mon corps à soif (on dit: c'est une sensation) et comme par miracle ,la sensation augmentant en intensité cause (la variation d'intensité cause) des émotions.
On a comme une différence de potentiel mais sur deux domaine ( corps et esprit) qui ne sont pas de même nature. L'Humanisme : Le Même et l'Autre - Page 3 341102842

Sapere aude L'Humanisme : Le Même et l'Autre - Page 3 3438808084

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Message par Kercos Dim 11 Déc 2022 - 12:16

hks a écrit:

Ensuite tu dérives sur une distinction  
kercoz a écrit: que ces émotions sont un transfert du physiologique au non physiologique.
entre le physique et le mental (distinction que je pressens chez Baptiste).
Ce qui semble lié on veux le délier théoriquement.

On délie les sensations des émotions et le physiologique du mental.



On pourrait sous-titrer l' évolution du vivant par "De l'art d'utiliser les restes".
"Le vivant" ne supprime pas pour reconstruire (du moins à moyen terme de qqs millions d'années). Il empile les modifications en réutilisant certains processus à d'autres usages (le frisson sur un hymne provenant d' une nécessité de paraitre agressif qui provient lui même d'une augmentation du volume des poils sensé préserver du froid).

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Message par neopilina Dim 11 Déc 2022 - 15:45

(allez, encore une fois : on a présentement deux fils actifs qui se croisent régulièrement)

hks a écrit:
neopilina a écrit: ... je la tiens bien de ma psychogenèse.

Certes, mais ce peut être la voie royale du relativisme.

Joël Bégin a écrit:
Fichte a écrit:Ce que l’on choisit comme philosophie dépend ainsi de l’homme que l’on est; un système philosophique […] est animé par l’esprit de l’homme qui le possède.
C’est dire que la philosophie ne semble pas ultimement déterminée par la raison, mais par l’intérêt.

J'entends très bien intellectuellement l'objection. Cogito : il y a autant de Vérités subjectives (elles sont, il faut faire avec, et on fait déjà avec) qu'il y a de Sujets. C'est absolument vrai. Mais comme je viens de le dire : très manifestement, nos sociétés font déjà avec. Le propos c'est de faire mieux, comment faire mieux. Et si tout ce joue d'abord au niveau psychanalytique, alors c'est à ce niveau qu'il faut retourner, avec tout l'arsenal dont on dispose. Faire de la psychanalyse, pas seulement en faisant de la psychanalyse. Comme je l'ai dit à Bergame, selon moi, nous n'avons pas d'autre choix que de s'enfoncer dans la " Nuit ", et à chacun la Sienne, pour y porter la lumière de la connaissance (Minerve).

à  Kercoz,

neopilina a écrit:Hé oui, nous ne naissons pas seul. C'est la base.

En attendant des incubateurs artificiels, c'est comme ça, façon le soleil, la pluie, les étoiles, que ça te plaises ou pas : on fait déjà tous, depuis toujours, constitutivement chacun à Sa (cogito) façon, avec. Alors oui, la suite de l'histoire du Sujet, est très très importante, ça nous donnera un saint homme, un tueur en série, toi ou moi, etc. Sur ce point, nous sommes d'accord, c'est toujours ça. Mais donc cette suite se fait à partir de cette base universelle : utérine.

Avant de poursuivre, une petite digression dans la digression. Quand j'ai vu le titre de ce fil, " L'Humanisme, le Même et l'Autre ", je me suis dis, tiens, je suis devenu somnambule !! Mais non, et en plus c'est de Bergame ! J'avoue que je n'ai pas encore résolu cette petite énigme. Un peu de sérieux.

Vanleers a écrit:Expérimenter l’Autre directement comme personne est la base même de l’humanisme.
Être humaniste, en effet, c’est reconnaître l’autre homme comme un Autre qui porte un nom propre et non un nom commun, le reconnaître dans son altérité foncière et non dans sa mêmeté, ce qu’il a de commun avec les autres hommes.

Rien d'évident : ça sera du cas par cas. Comme je viens de le rappeler à Kercoz, on a d'abord cette base, un Sujet " cosmique " : tout l'univers, c'est lui, tout se passe en interne, c'est donc d'abord pour moi, à ce titre, la " matière première et homogène " (mais ça va très vite se " gâter ") de " l'Univers ", une sorte de " Même ". Lors de la suite de la psychogenèse, viennent moi et l'autre. Mine de rien, à partir de et à la suite de ce " Même ", il n'y a rien de moins qu'une révolution copernicienne, carrément " cosmique ", qui se produit. Au terme de laquelle il y a moi et tous les autres, la situation présente, pour toi, moi, etc. Qu'est-ce que je fais présentement ? Je paraphrase philosophiquement le discours psychanalytique. Et il me semble que nous y sommes contraints si on veut enfin faire la part des choses, y voir plus clair, etc. Y'a du boulot ? Je suis d'accord.

hks a écrit:On pense que mon corps à soif (on dit : c'est une sensation) et comme par miracle, la sensation augmentant en intensité cause (la variation d'intensité cause) des émotions.
On a comme une différence de potentiel mais sur deux domaine (corps et esprit) qui ne sont pas de même nature.   L'Humanisme : Le Même et l'Autre - Page 3 341102842  

J'entends, mais ça ne m'étonne pas autant que toi. Songe à un cône la pointe en bas, j'imagine bien la continuité, la dilatation !


Dernière édition par neopilina le Dim 11 Déc 2022 - 20:49, édité 1 fois

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Message par Vanleers Dim 11 Déc 2022 - 20:48

hks a écrit:
Moi je veux d abord savoir ce que j'éprouve quand je dis "l'empathie".
Et ce parce qu'il n'y a aucun autre moyen de savoir la signification de ce mot.

Si, comme je l’ai écrit, l’empathie est la forme de la science intuitive de Spinoza, « ce que j'éprouve quand je dis "l'empathie" » n’est rien d’autre que ce que je connais quand je me connais selon la science intuitive, c’est-à-dire lorsque je me connais Moi-même comme un Autre ( cf. Ricoeur).
Se connaître Soi-même comme un Autre, c’est se reconnaître comme une manière d’être singulière du Dieu-Nature.

Je réponds en même temps à neopilina :

neopilina a écrit: […] on a d'abord cette base, un Sujet " cosmique " : tout l'univers, c'est lui, tout se passe en interne, c'est donc d'abord pour moi, à ce titre, la " matière première et homogène " (mais ça va très vite se " gâter ") de " l'Univers ", une sorte de " Même ". Lors de la suite de la psychogenèse, viennent Moi et l'Autre. Mine de rien, à partir de et à la suite de ce " Même ", il n'y a rien de moins qu'une révolution copernicienne, carrément " cosmique ", qui se produit. Au terme de laquelle il y a moi et tous les autres, la situation présente, pour toi, moi, etc. Qu'est-ce que je fais présentement ? Je paraphrase philosophiquement le discours psychanalytique. Et il me semble que nous y sommes contraints si on veut enfin faire la part des choses, y voir plus clair, etc. Y'a du boulot ? Je suis d'accord.

En effet, à la base, il y a un Sujet  « cosmique » que Spinoza appelle Dieu (ou Nature).
Ce Dieu produit toute chose singulière : les Moi et les Autre.

Vous posez la question : « Qu'est-ce que je fais présentement ? »
La réponse est simple : puisque le Sujet « cosmique » produit Moi et l’Autre, le mieux est de revenir à la Source dont ils sont issus, dans un retour à Dieu (Retour Amont – René Char).
Ce retour à Dieu est très facile et ne requiert aucun travail (Y a pas de boulot pour reprendre votre expression!).
C’est ce que soutient Kierkegaard, comme le signale Michel Legrain, dans Dédale héros de la démesure (Larousse 2009) qui rappelle que Kierkegaard :
« décrivait trois « stades », autrement dit trois manières de se comporter dans ce qu’on peut appeler le labyrinthe de la vie »

Il s’agit des stades esthétique, éthique et religieux et M. Legrain écrit à propos des deux derniers :

Michel Legrain a écrit: Le stade éthique consiste à prendre le chemin, consciencieusement, et à en suivre humblement les méandres. La vie de celui qui a fait ce choix est une longue et incertaine randonnée qui peut valoir le salut du randonneur qui n’a pas fait de faux pas et ne s’est pas égaré. Ce pourrait être le parcours de Thésée, mais tout le monde n’a pas la chance, du berceau au sépulcre, de tenir le fil d’Ariane. Le stade religieux est le choix du raccourci prodigieux qui fait l’économie des chemins longs et tortueux et, tout de suite, ici et maintenant, prend la verticale qui mène à Dieu.

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L'Humanisme : Le Même et l'Autre - Page 3 Empty Re: L'Humanisme : Le Même et l'Autre

Message par baptiste Lun 12 Déc 2022 - 7:58

Vanleers a écrit:A hks

Dans l’article dont vous avez donné la référence plus haut, Evan Thompson définit l’empathie au sens large comme suit :

Evan Thompson a écrit:[...], dans l’empathie nous expérimentons l’Autre directement comme  personne, c’est-à-dire comme un être intentionnel et mental dont la gestuelle et les actions corporelles traduisent l’expérience et les états d’esprit. Finalement, la notion d’empathie, en tant que processus intentionnel, s’applique à tout processus dans lequel une perception attentive de la situation ou de l’état de l’Autre génère chez quelqu’un un état ou une situation qui s’applique davantage à l’état ou à la situation de l’Autre qu’à son propre état ou à sa propre situation antérieure.

https://www.erudit.org/en/journals/theologi/1900-v1-n1-theologi976/011555ar.pdf

Expérimenter l’Autre directement comme personne est la base même de l’humanisme.
Être humaniste, en effet, c’est reconnaître l’autre homme comme un Autre qui porte un nom propre et non un nom commun, le reconnaître dans son altérité foncière et non dans sa mêmeté, ce qu’il a de commun avec les autres hommes.
.

La définition de Thompson c'est la définition communément admise de l’empathie, elle nous dit que l’empathie est une réalité et lorsque nous en parlons nous partons de cette réalité, mais l’humanisme n’est pas une réalité c’est un concept.

Nietzsche, qui n’aimait pas les concepts, disait « Tout ce que les philosophes ont pensé dans les millénaires, c’était des concepts momies, rien de vivant n’est sorti de leurs mains. Ils tuent, ils empaillent lorsqu’ils adorent, ces messieurs les idolâtres des concepts... » il affirmait et démontrait par ailleurs que les concepts ne sont que des mots auxquels on prétends donner une réalité au mépris de la réalité sensible.

Pour Sartre l'humanisme existentialiste affirmait que l'homme n'a pas une essence figée, mais qu'il se fait à chaque instant : c'est dans cette liberté que réside sa dignité. Pour Heidegger il s’agit de sauver l’être. Pour Levi-Strauss « Un humanisme bien ordonné ne commence pas par soi-même, mais place le monde avant la vie, la vie avant l'homme, le respect des autres êtres avant l'amour-propre.» Quant au dictionnaire il dit  « Doctrine, attitude philosophique, mouvement de pensée qui prend l'homme pour fin et valeur suprême, qui vise à l'épanouissement de la personne humaine et au respect de sa dignité »

Cette tour de Babel soulève deux types de questions

Comment fait-on pour parler sérieusement de l’humanisme si on fait semblant de croire qu’il s’agit d’un concept compris par tous d’une manière semblable ? Si l’humanisme est amour de l’autre, comment peut-on aimer cet homme ivre des promesses des technologies, des idéologies ou des religions, cet homme qui a cru qu’était venu pour lui le temps de disposer de la création tout entière pour satisfaire sa soif de plaisir ? Comment fait-on pour ne pas être dupe de ces « généreuses valeurs » d’un certain humanisme qui ont leurs revers et leurs aveuglements ? L’optimisme des Lumières est-il encore de mise et si l’on veut soutenir encore la cause des hommes aux prises avec leur destin, ne faudra-t-il pas compter avec ce que l’humanité charrie de boue et de sang ?

Enfin d’autre part, que cache cet acharnement de certains depuis de nombreuses années à vouloir démontrer que l’humanisme est l’origine du mal ? Que l’homme soit à l’origine du mal, depuis qu’il a tué Dieu responsable de tout, cela semble évident, alors pourquoi accuser l’humanisme ?

HKS, tu ne comprends pas... c'est simple remonte à ta réponse du 7 à 15H50, la mienne du 9 à 9h, la tienne le même jour à 13h et tu verras que tout se comprends facilement. Remarque , l'esprit n'est pas une réalité juste un concept que certain prennent pour une réalité.

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Message par hks Lun 12 Déc 2022 - 10:27

à baptiste

je suppose que l'article  dont je ne tire rien  est celui de Evan Thomson
https://www.erudit.org/en/journals/theologi/1900-v1-n1-theologi976/011555ar.pdf

Effectivement je n'ai pas commenté car il traite de l'empathie et pas de l'émotion.
Or je t'avais repris sur l'émotion.

Je pense que l'émotion peut être un état beaucoup plus durable  que ce qui en est dit le plus souvent. Une situation de stress se prolonge sur des heures et des jours (le trac avant de passer un examen par exemple).
Tu distingues sensation de émotion.
Quand je demande de faire appel au ressenti (de l'empathie par exemple) tu me renvoies à  une distinction (problématique) de la sensation d'avec l'émotion.
Or je pense que  la faim (la vraie) et la soif (la vraie) sont corrélatif d'une émotion longue. On a un stress prolongé.
Le froid, le grand froid, pour un SDF, c'est une sensation certes ,
mais corrélée à un stress prolongé et permanent, c'est une émotion qui ne se distingue plus de la sensation.
.................................................
Tu fais des distinctions à partir de définitions.
par exemple :
l'humanisme est un concept pas une réalité

Ce serait comme une manière de penser pas vraiment réelle.
Or une bonne part de ce que nous en disons
est que l'humanisme engage l'affectivité, l'émotionnel.
Ce qui renvoie non pas à du théorique mais à du constitutif
physico- psychique.

baptiste a écrit:les concepts ne sont que des mots auxquels on prétend donner une réalité au mépris de la réalité sensible.
et c'est ce que tu fais en parlant de Sartre et consort.
........................................................
Sur le fond : est ce que tu ne refuses pas l'idée que
l'humanisme soit inné.
Car c'est ça le problème de la dite "nature humaine".
On ne veut pas voir que des comportements (même ensuite hautement théorisés) soient innés.


Dernière édition par hks le Lun 12 Déc 2022 - 13:49, édité 1 fois

_________________
"J'appelle "violence" ce qui excède les capacités d'intégration psychiques et  physiques.
La violence est ce rythme de perturbations non acceptables, du moins pas sans dommages potentiels."  

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Message par Vanleers Lun 12 Déc 2022 - 11:12

baptiste a écrit:
Vanleers a écrit:A hks

Dans l’article dont vous avez donné la référence plus haut, Evan Thompson définit l’empathie au sens large comme suit :

Evan Thompson a écrit:[...], dans l’empathie nous expérimentons l’Autre directement comme  personne, c’est-à-dire comme un être intentionnel et mental dont la gestuelle et les actions corporelles traduisent l’expérience et les états d’esprit. Finalement, la notion d’empathie, en tant que processus intentionnel, s’applique à tout processus dans lequel une perception attentive de la situation ou de l’état de l’Autre génère chez quelqu’un un état ou une situation qui s’applique davantage à l’état ou à la situation de l’Autre qu’à son propre état ou à sa propre situation antérieure.

https://www.erudit.org/en/journals/theologi/1900-v1-n1-theologi976/011555ar.pdf

Expérimenter l’Autre directement comme personne est la base même de l’humanisme.
Être humaniste, en effet, c’est reconnaître l’autre homme comme un Autre qui porte un nom propre et non un nom commun, le reconnaître dans son altérité foncière et non dans sa mêmeté, ce qu’il a de commun avec les autres hommes.
.

La définition de Thompson c'est la définition communément admise de l’empathie,  elle nous dit que l’empathie est une réalité et lorsque nous en parlons nous partons de cette réalité, mais l’humanisme n’est pas une réalité c’est un concept.  

L’humanisme est un concept, c’est-à-dire un outil qui sert à nous orienter dans la pensée (Kant) et, plus largement, à nous orienter dans la vie.
Un concept n’est pas un être réel mais un être de raison dont l’intérêt est son utilité, c’est-à-dire l’ensemble des services qu’il rend à celui qui l’utilise.

Si « la joie est ma boussole » (Nikolaas Sintobin), plusieurs concepts, comme celui d’humanisme relié à l’empathie, viendront conforter le désir de suivre cette boussole.
Bien entendu, si le ressentiment est ma boussole, le concept d’humanisme ne me sera d’aucune utilité.

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Message par hks Lun 12 Déc 2022 - 14:01

Vanleers a écrit:L’humanisme est un concept
Certes mais ne le voir que comme un concept c'est donner un angle
d'attaque. Parce que un concept est compris comme une conception parmi d autres possibles  et ainsi relativisée comme étant une vue de l'esprit.
Si vous parlez de "boussole" c'est tout autre chose.
parce que qu'est ce qui oriente ? Le concept ou l'empathie ?

pour reprendre Kant
Des pensées sans contenu  sont vides, des intuitions sans concepts sont aveugles.
A mon avis l'empathie sans concept n'est pas vide du tout.

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