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Message par Grégor Mar 20 Juin 2023 - 14:52


La négation ou l’acte de nier semble être strictement un acte spirituel. Je veux dire en cela que rien de négatif n’existe en soi, il n’est qu’un seul monde et c’est le seul possible.
Or, cet Esprit négateur pourrait dans un premier temps être pris comme le simple souvenir disparu de ce qui est nié. Par exemple le bourgeon devenu fleur : nous pourrions penser qu’il ne subsiste du bourgeon dans la fleur que nous contemplons, que le souvenir aujourd’hui disparu. Et pourtant ce n’est pas par hasard que les bourgeons engendrent des fleurs, certaines propriétés subsistent et constituent l’essence du processus d’évolution de cet étant particulier.
Cette forme de négation est spirituelle, au sens d’un Esprit universel, qui organise et ordonne les événements du monde et qui, à travers ces dépassements continuels, est le devenir même : le Sens du monde. L’Être bascule dans le Néant, mais de telle sorte qu’il subsiste du Néant dans l’Être : L’Être, dit-on, se transforme.
À tel point que l'on peut envisager une stricte nécessité où l'avenir est déjà présent et finalement une forme d'éternité puisque ce n'est que du point de vue partiel d'un être humain que le temps existe séparément et divisé en présent, passé et futur, du point de vue de l'absolu ce temps est un. Dans un tel temps absolu le néant n'est rien et n'existe pas, le néant n'existe que pour nous qui ne pouvons pas contempler et saisir la plénitude de l'absolu. La preuve qu'un tel temps absolu existe pourrait être trouvé dans les lois nécessaires et universelles qui orientent les étants et leurs transformations d'une manière prévisible. Or, cet ordre du monde qui se réalise à travers chaque étant n'est possible que si l'avenir est déjà présent dans le présent et que si le passé continue de se réaliser dans le présent. Tant que le fil de la nécessité n'est pas rompu, ce n'est jamais par hasard que se produisent des événements et cette nécessité implique qu'il existe un point de vue absolu pour lequel passé, présent et avenir s'impliquent strictement et ne peuvent pas être séparés comme des moments indifférents les uns aux autres.
Or, cette fracture du temps existe pour l'homme, lorsqu'il envisage sa propre existence et son être-pour-la-mort.
Le Néant néantise ainsi dans un sens plus existentiel pour l’homme et il se pourrait que ce sens (celui de l’être) soit premier par rapport à celui que nous venons de voir et qui se situe dans le domaine des étants. Avec le faux Néant de l’Esprit, nous étions dans le domaine de l’infini, ici nous sommes dans la plus radicale finitude, le dénuement le plus authentique du souci : l’angoisse où la totalité des étants glisse et nous échappe. Dans l’angoisse pour la mort, où la possibilité de la fin de tout possible est envisagée, nous nous angoissons face au rien. Nous retrouvons une forme de cette angoisse dans l’Ennui le plus total, la tonalité spleenétique du monde où le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle… Cette puissante morosité de tout ce qui habituellement nous divertit, tout cela tombe dans le Néant existentiel, qui est une forme finie de la négation. Et paradoxalement, vis-à-vis de ce Néant, nous pouvons ressentir l’étonnement primordial, comme au premier jour, devant l’incroyable présence des choses : cur aliquid potius existat quam nihil ?
Nous flirtons dans cette seconde tendance existentielle avec une certaine dimension de l’existence humaine, comme un sens du sacré mais totalement athée. L’humanité n’y est plus vue à plat, comme dans un enchaînement de causes naturelles, mais avec une nouvelle dimension, une sorte de profondeur incalculable et incontournable, qui bascule du tout au rien : de la vie à la mort, du sentiment du Néant de tout ce qui est, à l’extraordinaire contemplation de ce tout auquel nous participons.
Car il en est ainsi : nous sommes notre tout et il n’est d’être que pour-soi. Donc de ce fait chaque personne est un monde à part entière qui ne peut être comparée à l’aune d’aucune mesure extérieure. Cette totalité singulière est mise à l’épreuve dans l’angoisse mais aussi bien peut être révélée par l’amour qui colore notre univers dans son ensemble et l’enchante. Il s’agit bien d’une notion d’ensemble : c’est la totalité de notre expérience qui est ébranlée par l’angoisse ou l’amour et de ce fait ce n’est pas un simple étant qui provoque la réaction à plat d’un autre étant mais dans une dimension infiniment profonde, l’édifice de notre âme : un nouveau ciel.
Cette manière de comprendre la métaphysique est poétique. Elle redonne même à la poésie sa dimension fondamentale. L’incalculable légèreté de l’Être que ne cherche pas à dominer le poète mais dont il est simplement à l'écoute.
Il est quelques frémissements d’ailes, celles de notre âme, que ne peuvent atteindre l’entendement classique et ratiocinant. Non qu’il ne faille user d’un tel entendement, qui n’est en rien nié, au sens de détruit, par une telle pensée autre, mais seulement remis en perspective. Une telle vue sur l’essence métaphysique de l’homme sacralise toute vie humaine et offre une dignité incommensurable à l’homme.
Pourtant cette utilité humaniste que l’on peut lui trouver se situe déjà en dehors de la logique de l’être. Car dans cet humanisme, l’homme est pris comme un étant, certes éminent, mais cette éminence qu’on lui accorde ne fait que le conforter dans son rapport aux autres choses du monde avec lesquelles il est placé sur un même plan, à plat, sans la dimension de profondeur propre à l’être. Si l’on demeure fidèle à l’être, alors il n’est tout simplement pas possible de greffer les propriétés des étants à celui-ci, même si tous les étants se situent dans l’ouverture de l’être. Cette ouverture de l’être ou Vérité (ἀλήθεια) exige un saut hors de la pensée traditionnelle qui compare, mesure et évalue les étants les uns par rapport aux autres. Mais par rapport à quoi évaluer l’être, lui qui est le tout des étants ? Être en vie, cela ne se mesure à rien d’autre, sinon au fait de n’être plus en vie, qui est la fin, la cessation de toute vie pour nous. Or, il n’est pas de vie en soi, toute existence se situe dans l’ouverture d’un être vivant et tel que nous connaissons le monde cet être vivant ne peut être qu’un être humain. Un être humain porte son monde et lorsqu’il meurt ce monde s’effondre et disparaît. L’ouverture de l’être se referme pour toujours.

« Der Schritt aus dem Vorstellen des Seienden an sich und als solchen in das Denken des Seyns ist der einzige Gedanke meine Denkens. »
« Le pas hors de la représentation de l’étant en soi et en tant que tel [pour entrer] dans la pensée de l’être est l’unique idée directrice de ma pensée. » Heidegger

Voilà la beauté de la pensée de Heidegger : redonner une certaine profondeur qui mette en valeur la dignité de l’existence humaine, non pas en tant que narcissisme d’un homme qui s’imaginerait être au sommet de la chaîne de l’évolution où je ne sais quelles comparaisons prétentieuses entre l’étant-homme et d’autres étants, mais au contraire dans le dénuement le plus absolu, voir la richesse de la simplicité du là, de l’ouverture gratuite et incontournable de l’être, cette dimension si particulière du monde, qui ne peut pas être aliénée sous l’emprise d’un calcul, d’un accaparement, qui peut si peu être dominée que c’est davantage nous qui sommes pris en elle.
Le Néant arrive et rend toute familiarité avec ce monde glissante et intangible, nous ne reconnaissons plus ce monde, nous ne sommes plus accaparés par les étants et les tâches quotidiennes qui nous distraient du plus profond abîme :

Ouverture

Ouverture libre face à cet innommable
Être découvert chu des étants les plus proches
Quand nous saisit l’Angoisse aux flancs inabordables
Que pouvons-nous faire de ce rien qui s’approche ?

Le silence troublant de cet appel profond
Nous réveille du On et l’Authenticité
De notre être fini révèle notre fond
Un pur Néant se mire en cette cécité

Le monde est retrouvé dans sa pure lumière
Le souci de l’être renferme une prière
Celle d’un nouveau temps, d’ordre métaphysique

Ne plus s’abandonner à la sourde technique
Mais retrouver le sens d’habiter en ce monde
Comme un poète né d’une étoile féconde


Or dans cette familiarité du monde perdue, se révèle par son absence cette pré-figuration du monde dans lequel nous nous retrouvons, parce que nous projetons déjà nos possibilités en lui. Le monde, dit-on, est sensé.
Cette pré-figuration du monde, qui nous le rend familier et qui s’écroule globalement dans l’angoisse, tel est peut-être notre dessein, ce pour quoi nous vivons. Ce sens global de notre existence est peut-être le sens caché de l’être, qui parce que nous sommes pro-jetés dans l’avenir, au-delà de nous-mêmes et que nous anticipons nos possibilités, est le mode le plus propre de notre existence. L’authenticité revient à faire face à cette possibilité la plus propre de nos existences qui est le sens global de notre ouverture au monde, notre dessein et notre Bien. Cet ordre est méta-physique dans le sens où il est au-delà de l’ordre ontique des phénomènes (même si cela revient à appauvrir le sens de la Phusis). Il est à la racine de tous les comportements possibles vis-à-vis de l’étant. En amont, le monde est dans une configuration spéciale pour l’homme, configuration telle qu’il se trouve jeté dans un monde qu’il projette au-delà, vers ces possibilités, vis-à-vis desquelles il est intéressé et soucieux.
De cette configuration-là dépendent bien des comportements humains, qui pour s’orienter auront besoin de comprendre et de maîtriser les possibilités des étants. Cette domination des objets, scientifique et technique permet de réaliser les desseins et projets de l’homme. Nous pourrions nous contenter de cet œuvre et ne pas prêter attention à la dimension spéciale où cette œuvre prend son essor. Se détourner d’un tel regard n’empêchera en rien la réalisation de cette œuvre. D’ailleurs un tel regard n’est utile à rien. À quoi peut-il bien servir de prendre la mesure de l’être ? La réponse est que cela ne sert proprement à rien. Pourtant cet acte est fondamental, il est l’acte de se recueillir devant l’étonnant mystère de l’être, l’acte de plonger dans la dimension de profondeur propre à l’homme. Prendre la mesure de l’être est peut-être la tâche du poète mais il revient à chacun de faire le poème de son existence et cela ne consiste pas seulement à faire des vers, bien que ce souci de la langue soit une ramification de ce souci plus profond et plus mystérieux de l’être, mais à vivre la vie en poète. Cela signifie que la tonalité propre de notre existence puisse sonner authentiquement. Là encore personne ne viendra porter un jugement extérieur sur la qualité de cette tonalité, qui est foncièrement pudique et réservée. Il ne s’agit donc jamais de ce faire le champion de l’authenticité. Celle-ci aime le silence et le dénuement.
Nous cherchons tous, et c’est une banalité de le dire, un fondement à nos existences, mais il est plusieurs manières d’y répondre. Nous pouvons rechercher des justifications extérieures, des raisons objectives par exemple, mais nous pouvons aussi chercher à explorer une autre dimension, celle de l’être, où être-là est le fondement ainsi que la manière dont nous y sommes disposés. Or, une telle disposition est constamment en amont d’elle-même, dans un dessein en vue duquel elle se pro-jette. Cette ek-stase hors du maintenant et de l’aspect purement matériel des choses, telle semble être la racine de l’être tel qu’il se donne pour nous. Or, ce précieux don mérite un regard et une attention particulière si nous voulons prendre la mesure de notre existence et ne pas passer à côté de ce que nous sommes.
Dans un autre texte où nous parlions de la théorie computationnelle du cerveau, théorie qui compare le cerveau à un ordinateur particulièrement sophistiqué, nous disions qu’il pouvait bien s’avérer que cette théorie soit juste mais que cela ne remet en aucun cas notre vision des choses en cause, car une théorie sur le cerveau fait de celui-ci un objet et c’est pour un regard extérieur que ce cerveau est pris comme une chose, alors que nous nous situons toujours du point de vue de celui qui regarde, l’être en acte et découvrant.
Pourtant les théories scientifiques sur l’homme ne sont pas inutiles, elles nous permettent de mieux comprendre la nature humaine. Mais lorsque nous nous situons du point de vue du Dasein, nous faisons de l’homme autre chose qu’un objet et nous essayons de dégager sa situation d’être-au-monde. Et peut-être cette situation de l’homme est-elle à ce point singulière qu’aucune explication objective ne puisse en rendre compte. Ce n’est pas seulement nous qui le supposons mais également notre société qui fait de chaque individu, un sujet moral responsable de ses actes. Nous n’inventons rien de sidérant mais nous nous contentons finalement de décrire une situation très étonnante mais qui passe pour bien comprise et qui n’interroge pas ou peu le commun des mortels.
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Message par neopilina Mar 20 Juin 2023 - 15:44

Le problème avec Heidegger, c'est qu'en tant qu'homme, il ne pouvait pas devenir un " Berger de l'Être ". Déjà, dire " Berger ", c'est bien se planter. pc

_________________
" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
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Message par Omer Desseres Mar 20 Juin 2023 - 15:45

gregorirlande a écrit:Car il en est ainsi : nous sommes notre tout et il n’est d’être que pour-soi

Cette remarque pourrait être confrontée avec la réalité vérifiable voulant que la totalité de ce qui constitue notre tout et notre être pour-soi nous vient de l'altérité.

Ce tel raisonnement pourrait nous porter à nous interroger sur l'essence des êtres n'étant que leur tout et n'étant que pour-soi mais sans qui nous ne serions pas s'ils n'avaient exclusivement été que leur tout et que leur être pour-soi.

Mais je comprends ce que tu veux dire sur ce que je vois comme le regard porté sur soi, qui ne peut se réaliser qu'à l'état vivant et ne le peut pas à l'état mort, ce qui pourrait nous faire dire avec Épicure que lorsque nous sommes vivant, alors la mort n'y est pas, et que lorsque que la mort y est, alors nous n'y sommes pas, parole d'Épicure que tu me sembles énoncer comme suit :

gregorirlande a écrit:Un être humain porte son monde et lorsqu’il meurt ce monde s’effondre et disparaît. L’ouverture de l’être se referme pour toujours.
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Message par Omer Desseres Mar 20 Juin 2023 - 15:51

neopilina a écrit:Le problème avec Heidegger, c'est qu'en tant qu'homme, il ne pouvait pas devenir un " Berger de l'Être ". Déjà, dire " Berger ", c'est bien se planter.     pc

Je ne suis pas d'accord.

On peut dire que Heidegger a été le berger des moutons à qui il a indiqué subrepticement le chemin menant à Treblinka.

.
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Message par neopilina Mar 20 Juin 2023 - 15:58

Omer Desseres a écrit:On peut dire que Heidegger a été le berger des moutons à qui il a indiqué subrepticement le chemin menant à Treblinka.

Un jour j'ai dit un truc dans le genre. C'est le pire moment que j'ai passé avec Bergame, il m'a mis sur le grill.  Retour vers l'être-au-monde 2528771386

P.S. à Omer,
Tu t'en es souvenu, ou c'est un hasard ?

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Message par Omer Desseres Mar 20 Juin 2023 - 16:44

neopilina a écrit:
Omer Desseres a écrit:On peut dire que Heidegger a été le berger des moutons à qui il a indiqué subrepticement le chemin menant à Treblinka.

Un jour j'ai dit un truc dans le genre. C'est le pire moment que j'ai passé avec Bergame, il m'a mis sur le grill.  Retour vers l'être-au-monde 2528771386

P.S. à Omer,
Tu t'en es souvenu, ou c'est un hasard ?

Je m'en suis souvenu parce que je crois que ça été un moment de parfait accord entre ton infinie grandeur et ma petite et humble personne notoirement inculte jusqu'à l'os.

😎 😎 😎

.
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Message par Vanleers Mar 20 Juin 2023 - 16:48

gregorirlande@hotmail.fr a écrit:

Pourtant les théories scientifiques sur l’homme ne sont pas inutiles, elles nous permettent de mieux comprendre la nature humaine. Mais lorsque nous nous situons du point de vue du Dasein, nous faisons de l’homme autre chose qu’un objet et nous essayons de dégager sa situation d’être-au-monde. Et peut-être cette situation de l’homme est-elle à ce point singulière qu’aucune explication objective ne puisse en rendre compte. Ce n’est pas seulement nous qui le supposons mais également notre société qui fait de chaque individu, un sujet moral responsable de ses actes. Nous n’inventons rien de sidérant mais nous nous contentons finalement de décrire une situation très étonnante mais qui passe pour bien comprise et qui n’interroge pas ou peu le commun des mortels.

Vous inspirant de Heidegger, vous proposez de voir le monde, en particulier l’homme dans le monde, du point de vue du Dasein.
Je trouve cette vision du monde stimulante car elle nous sort du train train matérialiste habituel.
Elle fait signe vers la vision en Dieu de la spiritualité chrétienne et, aussi, la vision sub specie aeternitatis de Spinoza.

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Message par Omer Desseres Mar 20 Juin 2023 - 17:08

Vanleers a écrit:Vous inspirant de Heidegger, vous proposez de voir le monde, en particulier l’homme dans le monde, du point de vue du Dasein.
Je trouve cette vision du monde stimulante car elle nous sort du train train matérialiste habituel.

Gott Mit Uns !

Arbeit macht frei !

argumentaire de plus en plus rudimentaire, pavlovien et provocateur.

J'ai supprimé ce qui me semblait ne pas te faire plaisir, camarade. Dis-mois si ça te va ...

.


Dernière édition par Omer Desseres le Mar 20 Juin 2023 - 23:50, édité 1 fois
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Message par neopilina Mar 20 Juin 2023 - 17:31

Même si c'est la même veine, le même tonneau, les nazis n'ont pas eu besoin d'Heidegger. Heidegger se voyait prophète du Reich, mais sa lecture n'était pas à la portée de la plupart des nazis. L'homme en a éprouvé une certaine amertume. Et puis la défaite venue, il a fallu se recycler. Et là, malheureusement, il s'est encore montré remarquablement doué.
N'en déplaise, quand Heidegger écrit sur les autres philosophes (sauf sur Nietzsche, où il brode sur le Nietzsche imaginaire de la Volonté de puissance), il est extrêmement perspicace, il m'a servi,   Retour vers l'être-au-monde 177519025

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Message par Bergame Mar 20 Juin 2023 - 21:37

Ah ben dis, tu es capable de jugements un peu équilibrés ! Bon, il te faut un peu le temps de maturer, faut que ça sédimente, manifestement, mais 10 ans après, on sent la prise de recul ! Retour vers l'être-au-monde 3291034321

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Message par neopilina Mar 20 Juin 2023 - 21:50

Bergame a écrit:Ah ben dis, tu es capable de jugements un peu équilibrés ! Bon, il te faut un peu le temps de maturer, faut que ça sédimente, manifestement, mais 10 ans après, on sent la prise de recul ! Retour vers l'être-au-monde 3291034321

Je proteste. Sérieusement. Oui, je le déteste, mais je n'ai jamais dit que c'était un imbécile, bien au contraire, Heidegger est très dangereux tellement ce n'est pas un imbécile. Tiens, autre chose, déjà dit. Dans " Être et Temps ", avec le Dasein et son Souci, Heidegger ruse avec le cogito. Et, effectivement, il a une circonstance atténuante : il a bien vu, ce n'est pas donné à tout le monde, que la philosophie occidentale académique est dans un cul de sac avec celui-ci en l'état. Mais,  Retour vers l'être-au-monde 3552140731   , heureusement, Zorro (moi) est arrivééééééééééééééé !

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Message par Grégor Mer 21 Juin 2023 - 7:57

Est-ce que l'on peut inclure la totalité de la pensée de Heidegger dans une philosophie nazie ? Je ne le pense pas, mais dégager ce qui est intéressant et faire preuve de discernement, est un peu plus long et complexe que de faire des condamnations sommaires.
Peut-on parler d'une philosophie nazie ? Je n'en suis pas sûr.
On ne peut pas dire par exemple une science nazie.
Peut-être que Heidegger était foncièrement nazi (ce qui n'est pas sûr non plus), mais lorsqu'il philosophait, il était ailleurs que dans ses obsessions (s'il en avait) racistes.
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Message par aliochaverkiev Mer 21 Juin 2023 - 9:00

Bien sûr qu’il existe des lecteurs de Heidegger intéressés par sa philosophie et qui ont pourtant éminemment soufferts de l’idéologie nazie.
Ce qui m’a intéressé chez lui c’est sa tentative de s’appuyer sur le sentiment pour tenter de comprendre le monde de l’interieur. Il n’est pas possible de comprendre le monde dans son ensemble par l’observation puisqu’il faut se placer hors du monde pour l’observer. Se placer hors du monde c’est observer alors un monde privé du sujet qui l’observe, c’est donc observer non le monde mais une partie du monde.
J’ai été passionné par la lecture de « qu’est ce que la métaphysique », j’ai tenté, comme toujours quand je lis un philosophe, de faire l’expérience personnelle de sa pensée.
Partir du sentiment, ici l’angoisse, pour remonter progressivement à l’action génératrice du sentiment, action signifiée  dans le verbe néantiser, pour ensuite laisser l’intuition ou la raison penser à l’acteur du verbe ( mais y a t’il finalement un acteur ?) oblige, quand le lecteur le suit pas à pas, à penser autrement.
J’ai depuis laisser tomber Heidegger, mais il doit m’être resté quelque chose de sa lecture, à savoir que le sentiment, que les hommes ( les mâles) en général méprisent ( manifestation féminine) est aussi un instrument de connaissance du monde. C’est une connaissance par l’intérieur, qui complète nécessairement la connaissance par l’extérieur ( la science, la raison).

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Message par neopilina Mer 21 Juin 2023 - 17:48

gregorirlande@hotmail.fr a écrit:Est-ce que l'on peut inclure la totalité de la pensée de Heidegger dans une philosophie nazie ? Je ne le pense pas, mais dégager ce qui est intéressant et faire preuve de discernement, est un peu plus long et complexe que de faire des condamnations sommaires.
Peut-on parler d'une philosophie nazie ? Je n'en suis pas sûr.
On ne peut pas dire par exemple une science nazie.
Peut-être que Heidegger était foncièrement nazi (ce qui n'est pas sûr non plus), mais lorsqu'il philosophait, il était ailleurs que dans ses obsessions (s'il en avait) racistes.

J'ai grandi avec cette " polémique " grandissante. Et, c'est un point absolument capital, j'ai commencé à lire Heidegger avant d'avoir connaissance de cette polémique. Et bien même avant cela, je me suis dit qu'il y avait quelque chose qui clochait avec son Dasein.

Quant aux questions que tu poses ci-dessus, si tu t'intéresses à Heidegger, je t'invite à lire la somme de Guillaume Payen : " Martin Heidegger. Catholicisme, révolution, nazisme ", édition Perrin, 2016. A titre personnel, je n'ai plus envie de parler de lui (même s'il m'a effectivement servi quant il lit les autres philosophes). Il y a chez lui une extraordinaire lucidité philosophique, il n'empêche qu'elle est mise en oeuvre par un type abject, dangereux, et au service de celui-ci.

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Message par Omer Desseres Mer 21 Juin 2023 - 18:31

gregorirlande@hotmail.fr a écrit:Est-ce que l'on peut inclure la totalité de la pensée de Heidegger dans une philosophie nazie ? Je ne le pense pas, mais dégager ce qui est intéressant et faire preuve de discernement, est un peu plus long et complexe que de faire des condamnations sommaires.
Peut-on parler d'une philosophie nazie ? Je n'en suis pas sûr.
On ne peut pas dire par exemple une science nazie.
Peut-être que Heidegger était foncièrement nazi (ce qui n'est pas sûr non plus), mais lorsqu'il philosophait, il était ailleurs que dans ses obsessions (s'il en avait) racistes.

Il y a certainement eu une utilisation nazie de la science.

La science n'est qu'un outil, une méthode, une pensée visant l'exploration et l'explication du monde, mais qui est aussi entre les mains de l'humain. De l'humain trop humain, comme aurait dit le camarade Nietzsche.

Pour la question du nazisme ou de l'angélisme de Heidegger et sa pensée, tu seras peut-être intéressé par l'enfilade de messages suivante.

https://digression.forum-actif.net/t1538-pour-ou-contre-heidegger

Attention, il y a 19 pages dans cette enfilade. Heidegger mérite au moins ça !

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Message par neopilina Mer 21 Juin 2023 - 19:31

Mouais, disons que la connaissance, c'est comme le reste, tout dépend de ce qu'on en fait.
Dernièrement j'ai lu quelques choses sur Auschwitz. Un médecin allemand, Hans Wilhelm Münch entre dans un baraquement haut dessus de la moyenne, les prisonniers qui travaillent là sont ménagés pour leurs compétences, parce qu'on a besoin d'eux. Münch demande à l'un d'eux : " Que faites vous ? " Le prisonnier, un hollandais qui a survécu, avec quelques autres de ce baraquement : " Je détermine les groupes sanguins des lots ". Et là Münch explose : " Ces débiles ont gazé tous les tsiganes, on n'a plus de groupe B ! " Et effectivement, chez ce groupe le groupe B domine.

_________________
" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
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Message par Grégor Jeu 22 Juin 2023 - 10:49

On peut penser que la science est un simple outil.
Tout dépend de ce qu'on en fait.
On se place ainsi en sujet libre devant des étants que l'on s'approprie.
Mais on peut aussi se questionner quant à cette "neutralité" du phénomène technique. Sommes-nous vraiment libres de renoncer au progrès technique, ou bien sommes-nous sommés de réaliser tous les possibles que la connaissance nous met à disposition ?
Si je prends l'exemple de la voiture par exemple, il me semble que pour certains travailleurs, ce n'est pas un choix mais une obligation.
Pour l'informatique aussi, bien des démarches administratives se font maintenant par ordinateur.
Qui choisit ce genre d'évolution ?
Ce n'est pas un simple sujet qui adhère ou pas au progrès technique.
La science en tant que connaissance pure et désintéressée n'est peut-être qu'un mirage et elle n'est sans doute pas neutre ni un simple outil, mais déjà une volonté de puissance et d'appropriation du monde.
Je ne suis pas en revanche aussi opposé à la technique que Heidegger.
Je suis plutôt favorable au progrès et aux lumières, au triomphe de la raison.
C'est simplement que je pense et Heidegger a raison, qu'il manque une dimension spirituelle au matérialisme. Celle-ci est peut-être à rechercher ailleurs que dans les nues, sur terre, dans l'être-là qui anticipe sur son n'être-plus-là.
Mais j'en reste à ces généralités concernant Heidegger, qui est je crois un philosophe majeur.
Concernant sa participation au régime nazi, j'ai aussi ma théorie, qui est assez fidèle à celle de Gérard Granel.
Mais je ne suis pas sûr d'avoir raison, j'accepte d'autres points de vue.
Cela ne m'intéresse pas car c'est davantage un travail d'historien que de philosophes.
Mais je vois des philosophes qui se servent de l'histoire pour discréditer une philosophie. Je ne suis pas en accord avec leur méthode.
Quels étudiants de philosophie n'étudieraient pas Être et Temps ?
Ce serait une impasse importante dans leur cursus.
Il faut savoir faire la part des choses.
Les sur-interprétations qui voient du nazisme dans tous les concepts de Heidegger sont plus un aveu d'incompétence philosophique qu'autre chose.
Il faut lire Heidegger dans une tradition philosophique.
Il y a peut-être des éléments dans sa philosophie qui sont critiquables, comme son rapport à la technique par exemple. Mais c'est aussi le travail de chaque lecteur de philosophie d'avoir un regard critique. Les non-philosophes pensent que lire un auteur consiste à dire amen à tous ses propos et à se cacher derrière les mots d'un autre. Ils cherchent des slogans pour la prochaine manifestation de leur intelligence. Mais ce genre de lecture superficielle et passive ne vaut rien.
Je vais être un brin provocateur mais je crois que c'est bon d'avoir aussi des auteurs un peu moins neutres et qui bousculent nos points de vue et nos certitudes. Or, j'en vois une belle avec cette certitude d'être bons parce que les méchants ce sont les nazis. Tout le monde tourne autour du totem nazi en se pavanant et en se glorifiant d'avoir une si belle âme.
J'ai fait cette expérience étrange avec Céline... Quoi, l'auteur du Voyage au bout de la nuit serait un salaud de la pire espère ?
Je continue de penser que ce roman est un chef d'oeuvre et que l'auteur était un homme sensible et intelligent, peut-être un brin pessimiste, un peu trop négatif... Je ne sais pas.
Vraiment, ce serait un travail harassant de comprendre de tels individus, de tels cerveaux, malades et géniaux... Et notre interprétation de l'histoire simpliste et manichéenne ne nous aide pas à les comprendre.
Finalement, on se moque de savoir s'ils sont aujourd'hui au paradis ou en enfer, puisque ça n'existe pas, mais on peut remettre en question notre vision simpliste des choses. Par exemple le camp du bien qui a largué deux bombes atomiques, sympathiques et gentilles celles-là, pas du tout un crime de guerre... On voit bien que selon le côté où tombent les bombes, elles sont plus ou moins criminelles. Ce qui signifie que l'horreur de la guerre nous pousse à diaboliser l'ennemi, même si la doctrine nazie était particulièrement écoeurante, il faudrait peut-être revoir les choses d'un point de vue moins diabolisant.
Je crois que de tels exemples peuvent nous y mener.


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Message par aliochaverkiev Jeu 22 Juin 2023 - 11:42

Pour en revenir à Heidegger et à sa pensée, le sujet de Vanleers, Dieu et la Joie (en gros) me fait justement penser à la méthode heideggérienne de partir du sentiment pour remonter vers "l'être".
Il part de l'angoisse pour remonter progressivement vers le Néant, mot qu'à la limite il est impossible de prononcer sans se contredire dès qu'on le prononce puisque le Néant n'est pas ce qui n'est pas, puisque le néant "n'est pas", par définition, "il" ne peut donc pas être dit, et déjà dire "il" est une contradiction. D'où l'emploi du verbe (action) "néantiser" dont on laisse chacun intuitionner quel peut être l'acteur du verbe (de l'action).
Vanleers pose Dieu, puis la joie. Problème : Dieu n'est pas une connaissance "naturelle" c'est un acquit culturel. Je veux dire que quiconque n'a jamais entendu parler de Dieu ne va pas penser Dieu. Mais il peut néanmoins faire l'expérience de la joie. Disons que la démarche de Heidegger est à l'inverse de celle de Vanleers.
La joie est un sentiment plein. Heidegger ne parle que des sentiments pleins, c'est à dire des sentiments qui envahissent totalement l'esprit (il parle ainsi de l'ennui, de l'angoisse, etc). C'est à partir de la joie qu'il va inférer une action, une action qui engendre la joie, action elle-même menée par...Nous pouvons ici introduire l' Etre ou Dieu, mais ce que nous introduirons sera alors culturel, je veux dire fabriqué. Nous allons fabriquer l'Etre ou Dieu où n'importe quoi d'autre d'ailleurs comme acteur de l'action. Il es possible de remplacer l'Etre ou Dieu par un Alien par exemple venu d'une galaxie lointaine.

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Message par Omer Desseres Jeu 22 Juin 2023 - 14:26

gregorirlande@hotmail.fr a écrit:On peut penser que la science est un simple outil.
Tout dépend de ce qu'on en fait.
On se place ainsi en sujet libre devant des étants que l'on s'approprie.

En effet tout dépend de ce qu'on fait du simple outil qu'est la science, mais cette action n'est pas libre, elle est déterminée.

J'adhère volontiers au principe spinozien d'un déterminisme ayant aboli toute liberté et qui annonce paradoxalement que si nous voulons être libre, le seul moyen qui nous est offert, c'est l'adhésion volontaire à notre déterminisme.

***

Je me tiendrais à cet élément de discussion, car pour Heidegger «j'ai déjà donné» depuis son Être et temps pas mal fautif et enjolivé pas l'habituel verbiage juché jusqu'aux cimes du ciel des idées emberlificoteuses et qui peut se résumer en trois lignes (pauvres étudiants en philo) et sa philosophie qui se résume par-delà les tours de passe-passe de sa loghorée à l'éternel questionnement sans réponse (re-pauvres étudiants en philo) jusqu'à la découverte et la publication de ses cahiers noirs, dans lesquels il dit mieux que personne le nazisme de sa pensée.

Je n'ai pas envie de reprendre le détail sans fin de la discussion sur le nazisme d'Heidegger. Rien que d'y penser, je t'assure que ça me fatigues.

Je dirais simplement que tu as raison de reporter la considération du monde dans son histoire. Une telle considération d'Heidegger est modestement inscrite dans le fil de discussion suivant, que je me permets de t'indiquer de nouveau.

https://digression.forum-actif.net/t1538-pour-ou-contre-heidegger

***
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Message par Omer Desseres Jeu 22 Juin 2023 - 14:42

aliochaverkiev a écrit:Pour en revenir à Heidegger et à sa pensée, le sujet de Vanleers, Dieu et la Joie (en gros) me fait justement penser à la méthode heideggérienne de partir du sentiment pour remonter vers "l'être".
Il part de l'angoisse pour remonter progressivement vers le Néant, mot qu'à la limite il est impossible de prononcer sans se contredire dès qu'on le prononce puisque le Néant n'est pas ce qui n'est pas, puisque le néant "n'est pas", par définition, "il" ne peut donc pas être dit, et déjà dire "il" est une contradiction. D'où l'emploi du verbe (action) "néantiser" dont on laisse chacun intuitionner quel peut être l'acteur du verbe (de l'action).
Vanleers pose Dieu, puis la joie. Problème : Dieu n'est pas une connaissance "naturelle" c'est un acquit culturel. Je veux dire que quiconque n'a jamais entendu parler de Dieu ne va pas penser Dieu. Mais il peut néanmoins faire l'expérience de la joie. Disons que la démarche de Heidegger est à l'inverse de celle de Vanleers.
La joie est un sentiment plein. Heidegger ne parle que des sentiments pleins, c'est à dire des sentiments qui envahissent totalement l'esprit (il parle ainsi de l'ennui, de l'angoisse, etc). C'est à partir de la joie qu'il va inférer une action, une action qui engendre la joie, action elle-même menée par...Nous pouvons ici introduire l' Etre ou Dieu, mais ce que nous introduirons sera alors culturel, je veux dire fabriqué. Nous allons fabriquer l'Etre ou Dieu où n'importe quoi d'autre d'ailleurs comme acteur de l'action. Il es possible de remplacer l'Etre ou Dieu par un Alien par exemple venu d'une galaxie lointaine.

Je parle souvent de domaines de réalité.
Ils permettent à mon avis d'un peu se débrouiller dans la compréhension de l'enchevêtre des actions et des pensées.

Le néant, Dieu, la néantisation, la culture, ces choses existent incontestablement dans le domaine de réalité de la psychologie.

Elles n'existent pas dans le domaine de réalité de la physique et de la biologie.

Ce morcellement en domaines de réalité est à mon avis nécessaire. Mais il n'abolit évidemment pas le principe unitaire de l'humain en soi et c'est la réalité de ce principe qui peu parfois embrouiller la pensée, à commencer par la mienne.

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Message par neopilina Jeu 22 Juin 2023 - 18:41

Dans " L'être et le néant ", Sartre, d'une immense rigueur quand il philosophe, reste prisonnier du cogito en l'état, c'est carrément volontaire, conscient, assumé, c'est sa boussole (1). A contrario, Marx, " Manuscrits de 1844 ", Heidegger, " Être et Temps ", etc., envoient paître le cogito en l'état, pour pouvoir nous dire ce qu'ils ont envie de nous dire. Le " bon petit Soldat ", philosophiquement, c'est Sartre, mais il reste prisonnier du cogito en l'état, tout à fait. C'est bien à celui-ci en soi qu'il fallait s'attaquer. Ici et ailleurs, j'ai rempli quelques centaines de pages à ce sujet. Reprendre, élucider, le cogito en l'état, celui du " Discours ", aura été l'une des tâches majeures que je m'étais assigné en philosophie. C'était devenu une manie, un sport, une discipline, un exercice. Périodiquement, plusieurs fois dans l'année, je me disais, allez !, hop !, quelques semaines (jusqu'à plus soif) sur le cogito. Je me suis même " amusé " à le faire à partir des fragments de Métrodore de Chio (reprise disponible sur ce forum avec quelques autres). Là, c'est quasiment du masochisme ? Pas du tout. Après quelques années, on prend du plaisir à se voir s'améliorer, il y a un défi : le faire de plus en plus vite, plus court, plus clair, possible. Sartre écrit " L'être et le néant " en 1943. Et en 1943, il n'existe pas de traduction française intégrale de " Être et Temps ", c'est la débrouille, on traduit des chapitres, ça circule de façon informelle entre particuliers, dans le " milieu ", etc. Il faut prendre la mesure de la chose, Sartre, en 1943, n'a pas lu grand chose du titre phare de Heidegger. Et pourtant Sartre va parfaitement épingler le caractère illicite de la démarche de Heidegger. Mon édition est celle de la collection " tel " de Gallimard, page 121, c'est dans les 26 premières lignes de " Le pour-soi et l'être de la valeur ", italiques de Sartre, je souligne : " ... Heidegger est tellement persuadé que le Je pense de Husserl est un piège aux alouettes fascinant et engluant, qu'il a totalement évité le recours à la conscience dans sa description du Dasein. Son but est de le montrer immédiatement comme souci, c'est à dire comme s'échappant à soi dans le projet de soi vers les possibilités qu'il est ... La compréhension n'a de sens que si elle est conscience de compréhension. Ma possibilité ne peut exister comme ma possibilité que si c'est ma conscience qui s'échappe à soi vers elle. Sinon tout le système de l'être et de ses possibilités tombera dans l'inconscient, c'est à dire dans l'en-soi. Nous voilà rejeté vers le cogito. Il faut en partir ". Tout à fait, absolument. Ces lignes appartiennent à l'histoire de l'humanité, elles constituent un jalon, il y en a peu. Le jeune Marx, qui se meut dans un espace hégélien, Heidegger, etc., ont bien vu que le cadre hégélien, pour le premier, et le cogito en l'état, pour le second, posaient problème, et pas qu'un peu, c'est complétement vrai, il enferme. Alors ? Il fallait s'y coller. Et puis, il faut toujours rendre à César ce qui revient à César. " L'être et le néant " est un solide pavé, j'ai lu ses lignes, je les ai comprises, mais je ne suis pas allé plus avant. Et puis je les ai retrouvé dans un texte de Beaufret : son introduction au Poème de Parménide. Et dans ce texte, il remet tout en branle, redonne de l'air à certains débats, etc. Et c'est cette lecture qui m'a donné envie de creuser certaines problématiques sur lesquelles Beaufret revient avec brio. Mais Beaufret, comme tant d'autres, étaient sous le charme du Grand Escroc, il n'a pas imaginé qu'il pourrait faire mieux que d'être un des organes du " Maître " en France.

(1) A titre personnel, quand je parle de Sartre, c'est uniquement quand il philosophe. Et quand il philosophe, il ne fait pas de politique, pour l'excellente raison qu'il ne peut pas, ce qu'il sait très bien, et j'ai dit pourquoi.


Dernière édition par neopilina le Ven 30 Juin 2023 - 0:27, édité 3 fois

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C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
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Message par Vanleers Jeu 22 Juin 2023 - 20:56

aliochaverkiev a écrit:
Vanleers pose Dieu, puis la joie. Problème : Dieu n'est pas une connaissance "naturelle" c'est un acquit culturel. Je veux dire que quiconque n'a jamais entendu parler de Dieu ne va pas penser Dieu. Mais il peut néanmoins faire l'expérience de la joie. Disons que la démarche de Heidegger est à l'inverse de celle de Vanleers.

La spiritualité ignatienne repose sur un postulat que présente Adrien Demoustier :

Adrien Demoustier a écrit:
« C’est le propre de Dieu […] de donner […] la véritable allégresse et joie spirituelle » (Exercices spirituels 329)

Dieu veut le bonheur de l’homme. Tel est le présupposé de base du discernement [et de la foi en l’Évangile]. Par son acte créateur il a suscité et il suscite tous les jours l’homme, chacun et tous, comme un être différent de lui pour pouvoir lui communiquer sa propre béatitude. L’homme est donc, en sa racine, capacité d’être heureux, possédé du désir d’un bonheur qu’il ne peut se donner, mais qui lui est réellement communiqué. Il lui faut donc faire sien ce bonheur reçu. A lui de s’engager dans l’accueil de la béatitude pour la laisser naître et s’épanouir.

Ce postulat est une conjecture, ni démontrable, ni réfutable.
Son intérêt est purement pragmatique : à chacun de vérifier si, en adoptant ce postulat, il vit davantage et plus facilement dans la béatitude.

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