l'être-au-monde
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l'être-au-monde
NB : Ce sujet avait été composé par notre ami Olaf Oesuden, aujourd'hui définitivement déterritorialisé pour entrer dans le désert.
Nous allons ici approfondir l'essence de l'être humain, qui est d'être plongé dans un monde intersubjectif. Merleau-Ponty va entreprendre la tâche ambitieuse de montrer que l'on est par essence noué au monde et aux autres tout en étant métaphysiquement libre.
A - Etre au monde et psychanalyse
Je suis engagé dans un monde, spatialement, sensoriellement, mais aussi intersubjectivement. Lorsque je choisis mes vêtemens le matin, c'est bien dans un certain type de rapport à l'autre. Je fais "coucou" à un copain, et je fais un respectueux "bonjour" à un professeur, j'ai rapport intersubjectif différent.
Parfois, ce rapport au monde est douloureux, alors je m'en échappe. C'est ce que Sartre appelle la mauvaise foi, le symptôme psychique est une fuite. Refouler, délirer, faire une hystérie de conversion, ce sont d'abord les issues qui me permette de conserver mon rapport au monde. Issues parfois catastrophiques, mais dont je tire toujours un bénéfice secondaire. On est ainsi très proche de l'esquisse d'une théorie des émotions de Sartre, c'est ainsi un repli nécessaire.
La position de merleau-Ponty est cependant plus nuancée là dessus. Si au départ, dans une hypocrisie première, je sais ce que je feins d'être, l'hypocrisie devient vite métaphysique, et je ne sais plus que je sais. Je sais intuitivement, je sais en deça de mon langage, je sais quelque part, mais pas consciemment. Mon corps est au monde, dans un renouvellement perpétuelle. Je suis au monde, véhiculé par mon corps, mon corps, mon intuition, précèdent ma conscience, mon cogito. C'est en deça de ma conscience que je perd le sens.
En ce sens, Merleau-Ponty est un bon Freudien. La jeune femme qui tombe malade pour ne pas se marier, sait quelque part, on sait pas trop où, mais elle sait qu'elle fait ça pour ne pas se marier. Mais elle finit par devenir ce qu'elle a feint, elle finit par ne plus savoir qu'elle sait, elle est malade et c'est tout ce qu'elle sait. La cure de Freud va amener le sujet à se parler, à livrer, à se déverser, vers un autre. Et c'est là quelque chose de fondamentale, il ne suffit pas de se parler à soi-même dans un miroir, comme on entend parfois chez les plus tristounets des adversaires de la psychanalyse, mais l'essentiel est d'abord de dénouer le sujet, de se remettre dans le monde, selon un nouveau rapport.
Ainsi, le sujet se replie, se tort comme un noeud, se retire, s'autistise, face au monde. On voit bien qu'ici la conscience est mis en défaut. Et c'est bien par le rétablissement du rapport au monde, de la parole, du lien à l'autre, que le noeud se défait, que le « fleuve dégèle ». Dans sa synthèse de l'ici, telle la mémoire bergsonnienne, tout mon passé se réactualise à travers mon idée, un torrent gigantesque de mon être dans le monde.
Personnellement, je dirai que Merleau-Ponty est un précurseur gigantesque de la clinique contemporaine. Il lit sans prétention, mais avec bien plus de finesse que beaucoup, l'oeuvre de Freud. Il montre très bien comment le sexuel se surajoute au réel, donnant un pannel de sens totalement nouveau. Cette femme qui danse devant moi, je perçois quelque chose de sexuel là dedans, un en-plus, tout un monde de sens qui s'ajoute, bref, la reprise du Freud de 1905 par Laplanche. L'autre me pénètre constamment de nouveaux matériaux sensoriels, de nouveaux messages, qui me mettent constamment en travail dans le monde, ébauche de la théorie de la séduction généralisée de Laplanche, ou de la pénétration agie de ean-luc Donnet et René Roussillon, article tout récent. Et quand au sujet qui s'ignore ignorer, on ne peut manquer de relever le travail du négatif de Green.
Bref, une étonnante actualité dans ce texte de 1945.
B - Etre au monde et autrui
Comme souligné précédemment, l'homme est un être au monde, un sujet engagé. Bref, l'essence de la condition humaine est d'être un sujet social. C'est ce que nous allons immédiatement voir. Pour Merleau-Ponty, le véritable monde transcendental, c'est la composition du monde naturel et du monde social. Le monde naturel est comme nous l'avons vu, le monde ouvert des choses. Les choses auxquelles je me mêle ont leur consistance propre, leur caractéristique propre, le bloc de cire à sa malléabilité propre.
Le monde social par contre, c'est un poil plus complexe. Je suis un Je-engagé, je suis fondamentalement au monde, plongé dans les autres. Mais là où on pourrait croire que, comme je suis fondamentalement plongé dans les autres, dans leur regard, alors je vis dans un monde de contrainte, Merleau déclare que au contraire nous sommes fondamentalement libre.
Comment? Retournons vers Hegel: à partir d'un espace ouvert, le sujet émerge, dans et par l'autre, s'engageant alors dans une terrible lutte pour la conscience. Ce que ça veut dire, c'est que l'autre en face de moi, ressent une émotion, de la tristesse par exemple, et moi, je comprend cette tristesse, mais ce n'est pas la sienne, c'est ma tristesse, c'est ma compréhension de la tristesse. Bref l'alter-ego se fonde dans l'ego, et il y a un hiatus fondamental entre moi et l'autre, un pont que je n'arriverai jamais à traverser. Hegel déclare qu'il s'agit d'une terrible guerre où l'on vise à tuer l'autre conscience, je veux nier l'autre.
Mais, et sûrement influencé par son copain Sartre, Merleau-ponty surgit à ce moment, et déclare que l'on est métaphysiquement libre. L'autre me prend pour un profond débile, on pourrait alors croire qu'il me nie. Et bien pas du tout, il m'offre un champ ouvert. Si, comme dit précédemment, ma colère, mon repli, ma psychose, sont des modalités de mon être au monde, des modalités d'expressions, d'engagement de moi, alors la négation apparente est en fait un dialogue.
L'autre en face, qui me pose des contraintes, me file des règles, plus profondémment, il communique avec moi, il dialogue. Sous l'apparence de négation, il y a en fait une situation intersubjective, qui ouvre un champ égale à chacun.
Ainsi, je suis fondamentalement libre. Le socius n'est pas une instance, un troisième homme, un tiers qui établit une place à chacun, c'est au contraire l'une des grandes lignes qui traverse mon être au monde, qui me raccroche aux autres, qui me noue au sens, aux signes... D'ailleurs, si je revêts le costume d'ouvrier, ou de bourgeois, c'est bien dans un rapport aux autres. Rien ne me détermine, car ce qui me détermine en réalité me met au monde, m'engage.
C - Temps et Réflexivité
Et tout ça se réalise sous ma conscience. Merleau-Ponty parfois, pose la disctinction entre le Cogito Tacite, et le Cogito Parlé. Je peux sentir des choses, être dans des rapports immédiats, sans que tout cela soit conscientisé, soit sous l'égide du Cogito. Tout un monde me traverse, traverse mon Je. D'ailleurs, mon Je, que l'on croit comme une unité propre, ne possède son unité que dans l'acte réfléxif du Cogito. Ai-je vraiment mon unité quand ma conscience s'absorbe dans la table?
Le Cogito, c'est la réversibilité du monde. Le corps sent le monde, et je me sens sentir le monde. Je me palpe, je me retourne. Le retournement est fondamentale. Mon monde est fait de l'étoffe même du corps, et je suis pris dans ce tissu. Mon corps est une interface, et par rapport à l'animal, qui est tout entier à son spectacle du monde, l'homme se sait être au spectacle. Ma condition d'homme en situation est justement cette capacité de retournement qui est de me voir en situation.
De plus, pour sentir que cette table est lisse, il me faut bien une succession temporelle. Comme Kant le montre, la conscientisation n'est possible que dans la temporalisation. C'est bien parce que je peux me poser
comme objet dans un mouvement de mise en passé que le cogito peut apparaître.
Bien sûr, le monde existe avant moi, il est juste insensé, il ne possède pas cette couche de sens que l'homme lui rajoute. Bien sûr, si la rivière coule, cette bien parce qu'il y a un temps qui donne son mouvement à l'être. Mais mon rapport personnel au temps est tout autre!
Le temps fuse à travers moi, retient l'être du passé dans le présent. Lorsque je regarde une tâche sur mon bureau, cette tâche est ancienne, et pourtant, elle est présente. Il y a un mouvement de rétension du temps, le passé se superpose en une contrition, une synthèse au présent, associé à une protension, synthèse de l'avenir.
Bref, le temps porte l'être, l'être passé, l'être à venir. Et ma subjectivité, ma réflexion, ne peut s'accomplir que le passage du temps à travers moi, ligne qui m'échappe, sur laquelle je n'ai aucun contrôle, et qui constitue ma subjectivité.
Après cette tentative de synthèse conceptuelle, je vais devoir m'employer à faire voler tout cela en éclat. Je ne peux décemment par essayer de retranscrire la pensée de Merleau-Ponty en conceptualisant, pensée qui justement se veut une anti-conceptualisation, une ouverture vers les sens, un retour aux choses. Ainsi, je vais dans une dernière partie étudier l'art chez Merleau-Ponty. :
Nous allons ici approfondir l'essence de l'être humain, qui est d'être plongé dans un monde intersubjectif. Merleau-Ponty va entreprendre la tâche ambitieuse de montrer que l'on est par essence noué au monde et aux autres tout en étant métaphysiquement libre.
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A - Etre au monde et psychanalyse
Je suis engagé dans un monde, spatialement, sensoriellement, mais aussi intersubjectivement. Lorsque je choisis mes vêtemens le matin, c'est bien dans un certain type de rapport à l'autre. Je fais "coucou" à un copain, et je fais un respectueux "bonjour" à un professeur, j'ai rapport intersubjectif différent.
Parfois, ce rapport au monde est douloureux, alors je m'en échappe. C'est ce que Sartre appelle la mauvaise foi, le symptôme psychique est une fuite. Refouler, délirer, faire une hystérie de conversion, ce sont d'abord les issues qui me permette de conserver mon rapport au monde. Issues parfois catastrophiques, mais dont je tire toujours un bénéfice secondaire. On est ainsi très proche de l'esquisse d'une théorie des émotions de Sartre, c'est ainsi un repli nécessaire.
La position de merleau-Ponty est cependant plus nuancée là dessus. Si au départ, dans une hypocrisie première, je sais ce que je feins d'être, l'hypocrisie devient vite métaphysique, et je ne sais plus que je sais. Je sais intuitivement, je sais en deça de mon langage, je sais quelque part, mais pas consciemment. Mon corps est au monde, dans un renouvellement perpétuelle. Je suis au monde, véhiculé par mon corps, mon corps, mon intuition, précèdent ma conscience, mon cogito. C'est en deça de ma conscience que je perd le sens.
En ce sens, Merleau-Ponty est un bon Freudien. La jeune femme qui tombe malade pour ne pas se marier, sait quelque part, on sait pas trop où, mais elle sait qu'elle fait ça pour ne pas se marier. Mais elle finit par devenir ce qu'elle a feint, elle finit par ne plus savoir qu'elle sait, elle est malade et c'est tout ce qu'elle sait. La cure de Freud va amener le sujet à se parler, à livrer, à se déverser, vers un autre. Et c'est là quelque chose de fondamentale, il ne suffit pas de se parler à soi-même dans un miroir, comme on entend parfois chez les plus tristounets des adversaires de la psychanalyse, mais l'essentiel est d'abord de dénouer le sujet, de se remettre dans le monde, selon un nouveau rapport.
Ainsi, le sujet se replie, se tort comme un noeud, se retire, s'autistise, face au monde. On voit bien qu'ici la conscience est mis en défaut. Et c'est bien par le rétablissement du rapport au monde, de la parole, du lien à l'autre, que le noeud se défait, que le « fleuve dégèle ». Dans sa synthèse de l'ici, telle la mémoire bergsonnienne, tout mon passé se réactualise à travers mon idée, un torrent gigantesque de mon être dans le monde.
Personnellement, je dirai que Merleau-Ponty est un précurseur gigantesque de la clinique contemporaine. Il lit sans prétention, mais avec bien plus de finesse que beaucoup, l'oeuvre de Freud. Il montre très bien comment le sexuel se surajoute au réel, donnant un pannel de sens totalement nouveau. Cette femme qui danse devant moi, je perçois quelque chose de sexuel là dedans, un en-plus, tout un monde de sens qui s'ajoute, bref, la reprise du Freud de 1905 par Laplanche. L'autre me pénètre constamment de nouveaux matériaux sensoriels, de nouveaux messages, qui me mettent constamment en travail dans le monde, ébauche de la théorie de la séduction généralisée de Laplanche, ou de la pénétration agie de ean-luc Donnet et René Roussillon, article tout récent. Et quand au sujet qui s'ignore ignorer, on ne peut manquer de relever le travail du négatif de Green.
Bref, une étonnante actualité dans ce texte de 1945.
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B - Etre au monde et autrui
Comme souligné précédemment, l'homme est un être au monde, un sujet engagé. Bref, l'essence de la condition humaine est d'être un sujet social. C'est ce que nous allons immédiatement voir. Pour Merleau-Ponty, le véritable monde transcendental, c'est la composition du monde naturel et du monde social. Le monde naturel est comme nous l'avons vu, le monde ouvert des choses. Les choses auxquelles je me mêle ont leur consistance propre, leur caractéristique propre, le bloc de cire à sa malléabilité propre.
Le monde social par contre, c'est un poil plus complexe. Je suis un Je-engagé, je suis fondamentalement au monde, plongé dans les autres. Mais là où on pourrait croire que, comme je suis fondamentalement plongé dans les autres, dans leur regard, alors je vis dans un monde de contrainte, Merleau déclare que au contraire nous sommes fondamentalement libre.
Comment? Retournons vers Hegel: à partir d'un espace ouvert, le sujet émerge, dans et par l'autre, s'engageant alors dans une terrible lutte pour la conscience. Ce que ça veut dire, c'est que l'autre en face de moi, ressent une émotion, de la tristesse par exemple, et moi, je comprend cette tristesse, mais ce n'est pas la sienne, c'est ma tristesse, c'est ma compréhension de la tristesse. Bref l'alter-ego se fonde dans l'ego, et il y a un hiatus fondamental entre moi et l'autre, un pont que je n'arriverai jamais à traverser. Hegel déclare qu'il s'agit d'une terrible guerre où l'on vise à tuer l'autre conscience, je veux nier l'autre.
Mais, et sûrement influencé par son copain Sartre, Merleau-ponty surgit à ce moment, et déclare que l'on est métaphysiquement libre. L'autre me prend pour un profond débile, on pourrait alors croire qu'il me nie. Et bien pas du tout, il m'offre un champ ouvert. Si, comme dit précédemment, ma colère, mon repli, ma psychose, sont des modalités de mon être au monde, des modalités d'expressions, d'engagement de moi, alors la négation apparente est en fait un dialogue.
L'autre en face, qui me pose des contraintes, me file des règles, plus profondémment, il communique avec moi, il dialogue. Sous l'apparence de négation, il y a en fait une situation intersubjective, qui ouvre un champ égale à chacun.
Ainsi, je suis fondamentalement libre. Le socius n'est pas une instance, un troisième homme, un tiers qui établit une place à chacun, c'est au contraire l'une des grandes lignes qui traverse mon être au monde, qui me raccroche aux autres, qui me noue au sens, aux signes... D'ailleurs, si je revêts le costume d'ouvrier, ou de bourgeois, c'est bien dans un rapport aux autres. Rien ne me détermine, car ce qui me détermine en réalité me met au monde, m'engage.
C - Temps et Réflexivité
Et tout ça se réalise sous ma conscience. Merleau-Ponty parfois, pose la disctinction entre le Cogito Tacite, et le Cogito Parlé. Je peux sentir des choses, être dans des rapports immédiats, sans que tout cela soit conscientisé, soit sous l'égide du Cogito. Tout un monde me traverse, traverse mon Je. D'ailleurs, mon Je, que l'on croit comme une unité propre, ne possède son unité que dans l'acte réfléxif du Cogito. Ai-je vraiment mon unité quand ma conscience s'absorbe dans la table?
Le Cogito, c'est la réversibilité du monde. Le corps sent le monde, et je me sens sentir le monde. Je me palpe, je me retourne. Le retournement est fondamentale. Mon monde est fait de l'étoffe même du corps, et je suis pris dans ce tissu. Mon corps est une interface, et par rapport à l'animal, qui est tout entier à son spectacle du monde, l'homme se sait être au spectacle. Ma condition d'homme en situation est justement cette capacité de retournement qui est de me voir en situation.
De plus, pour sentir que cette table est lisse, il me faut bien une succession temporelle. Comme Kant le montre, la conscientisation n'est possible que dans la temporalisation. C'est bien parce que je peux me poser
comme objet dans un mouvement de mise en passé que le cogito peut apparaître.
Bien sûr, le monde existe avant moi, il est juste insensé, il ne possède pas cette couche de sens que l'homme lui rajoute. Bien sûr, si la rivière coule, cette bien parce qu'il y a un temps qui donne son mouvement à l'être. Mais mon rapport personnel au temps est tout autre!
Le temps fuse à travers moi, retient l'être du passé dans le présent. Lorsque je regarde une tâche sur mon bureau, cette tâche est ancienne, et pourtant, elle est présente. Il y a un mouvement de rétension du temps, le passé se superpose en une contrition, une synthèse au présent, associé à une protension, synthèse de l'avenir.
Bref, le temps porte l'être, l'être passé, l'être à venir. Et ma subjectivité, ma réflexion, ne peut s'accomplir que le passage du temps à travers moi, ligne qui m'échappe, sur laquelle je n'ai aucun contrôle, et qui constitue ma subjectivité.
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Après cette tentative de synthèse conceptuelle, je vais devoir m'employer à faire voler tout cela en éclat. Je ne peux décemment par essayer de retranscrire la pensée de Merleau-Ponty en conceptualisant, pensée qui justement se veut une anti-conceptualisation, une ouverture vers les sens, un retour aux choses. Ainsi, je vais dans une dernière partie étudier l'art chez Merleau-Ponty. :
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