Pour ou Contre Heidegger.
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Pour ou Contre Heidegger.
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Tirez seulement un peu les rideaux. Ce grand jour nous incommoderait un peu, et donnerait peut-être trop d'éclat à certains objets. Oubliez même, si vous le pouvez, que vous avez un corps, et ne pensez qu'à ce que je vais vous dire.
Malebranche. Entretiens sur la métaphysique.
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(à suivre)
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Tirez seulement un peu les rideaux. Ce grand jour nous incommoderait un peu, et donnerait peut-être trop d'éclat à certains objets. Oubliez même, si vous le pouvez, que vous avez un corps, et ne pensez qu'à ce que je vais vous dire.
Malebranche. Entretiens sur la métaphysique.
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Dernière édition par Emmanuel le Mer 17 Oct 2018 - 20:55, édité 2 fois
Emmanuel- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 1321
Date d'inscription : 05/08/2018
Re: Pour ou Contre Heidegger.
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Martin Heidegger naît le 26 septembre 1889 à Messkirch, un petit village rural aux confins de Baden, en pays Souabe. Ses parents sont des petits bourgeois aisés qui lui assurent une éducation catholique. Heidegger fréquente l'école communale de son pays jusqu'en 1903. De 1903 à 1906, il étudie au petit séminaire de Constance puis termine ses études secondaires au lycée classique de Fribourg-en-Brisgau où il obtient son baccalauréat. Il y reçoit une éducation on ne peut plus classique : grec, latin, théologie, philosophie médiévale (quatre trimestres), avant de décider de se consacrer entièrement à la philosophie. Ses premières lectures lui font découvrir Husserl. Dilthey, Nietzsche, Kierkegaard, Kant, Shelling, Hegel. Il est reçu docteur en 1913. Sa thèse sur Duns Scott constitue le point d'aboutissement de sa formation en phénoménologie et en théologie médiévale. En 1915, il est nommé privatdozent à l'université de Fribourg. Il y enseigne comme assistant de Husserl. De 1922 à 1927, il enseigne à Marbourg. Marié et père de deux enfants, il se consacre à son œuvre maîtresse, Être et temps, qu'il rédige en parti dans le calme et la solitude de sa retraite de Dodtnauberg, en Forêt Noire.
De retour à Fribourg et nommé professeur titulaire, Heidegger prend la succession de Husserl en 1928. En 1933, alors que le parti national socialiste accède au pouvoir, il devient recteur élu de l'université de Fribourg. À la fin de la deuxième guerre mondiale, son silence sur les horreurs du régime nazi le rend suspect aux yeux des autorités alliées qui occupent l'Allemagne et le mettent en retraite anticipée en lui interdisant d'enseigner en public.
Heidegger poursuit ses travaux en privé. En 1946, il se lie d'amitié avec Jean Beaufret, qui deviendra son traducteur et son correspondant privilégié auquel il adresse sa Lettre sur l'humanisme en 1947. Grâce à Beaufret, qui l'introduit en France, il connaîtra la renommée internationale. Réintégré à l'université de Fribourg et devenu célèbre, il voyage beaucoup, surtout en France, et dirige des séminaires et donne de nombreuses conférences. (.. L'homme habite en poète, 1951.. Que veut dire «penser»?, 1952.. Qui est le Zarathoustra de Nietzsche?, 1953.. La question de la technique, 1953.. Hegel et les Grecs, 1958.. Temps et être, 1962..). Durant les années qui suivent, ses activités se restreignent progressivement Heidegger meurt dans sa ville natale, Messkiich, à l'âge vénérable de 86 ans, sa popularité croissant en France jusqu'à ce que le retentissant ouvrage de Victor Farias intitulé Heidegger et le nazisne ne remette au jour la question de ses rapports avec l'idéologie nazie …
Être et temps (1927),une ontologie existentiale
C'était plutôt annoncé gros qu'on allait soulever le voile qui recouvre vingt-cinq siècles de la philosophie : depuis Platon et Aristote, et dans toute la tradition occidentale, la question qui a tenu en haleine tous les philosophes allait sortir de l'oubli (Être et temps, page 2) ! À sa place on nous propose un «traité d'ontologie fondamentale» qui ressemble à s'y méprendre au projet phénoménologique premier : c'est que la question de l'être, qui devait être arrachée de l'oubli s'est immédiatement transformée en question du sens de l'être («la question à poser est celle du sens de l'être», page 5). L'homme étant le seul à pouvoir poser cette question, il devient l'étant par excellence, celui qu'il faut d'abord interroger. Glissement significatif de l'être vers cette explication de cet étant particulier que nous sommes, que Heidegger désignera sous le nom de Dasein, («l'être-là»).
Si on appelle «existence» les modes à l'égard desquels l'être-là se comporte de telle ou telle manière, l'analyse de ces modes prend le nom d'«analyse existentiale».
La première section de Être et temps («l'analyse fondamentale préparatoire du Dasein») se présente comme une analyse ontologique du Dasein et de ses modes d'exister. L'être au monde, la disposibilité, l'entendre, le dire, le souci. Ces modes sont vécu de prime abord et le plus souvent dans leur banalité quotidienne.
La deuxième section («Dasein et temporellité») porte sur l'horizon dans lequel s'enracine la problématique centrale de l'ontologie du Dasein. Le temps.
Voilà qui résume l'articulation du traité et qui correspond à la première partie de l'ouvrage, deux grandes sections, alors qu'il devait initialement en comporter six en deux parties. Réduit des deux-tiers, Être est temps est un projet avorté !
Essayons d'en donner un bref aperçu par un éclairage approprié, même s'il s'agit là d'une entreprise difficile puisque l'auteur a tout fait pour nous rendre la tâche compliquée.
1 ) L'être-au-monde est une détermination originaire et constitutive du Dasein. L'expression «Être-au-monde» veut dire d'abord qu'il y a monde. Seul l'être-là peut avoir un monde car seul l'être-là existe dans le monde («La mondéité est elle-même un existential», page 64). L'exister humain est un mode d'être propre à l'être-là.
2) L'être-au-monde désigne un phénomène unitaire. La première modalité de l'être-au-monde sous laquelle se rencontre l'être-là et la préoccupation (l'étant qui sert d'outil ou d'objet pour un usage déterminé que «nous appelons util» [sans e, Messieurs-Dames]. Page 68). Le monde qui s'offre comme outil est ce qui dévoile le monde comme un utilisable. L'outil est «ce dont il est fait usage», «quelque chose qui est fait pour». En tant que pure usualité, l'outil renvoie toujours à quelque chose d'autre que lui-même (son appartenance à un autre outil : la table pour le papier, le papier pour le crayon, la table et le papier pour le travail …) qui l'inscrit dans un réseau entier de renvois. L'ensemble de ces renvois est ce que Heidegger dénomme le monde («La mondéité a été interprétée comme l'intégralité de la significativité», page 123).
3 ) La deuxième modalité de l'être-au-monde est «l'être-avec-autrui» (le Mitsein). Le monde de l'être-là est un monde de coexistence où l'autre se rencontre non pas fortuitement ou après-coup, mais comme ce qui s'annonce de prime abord comme un autre Dasein ayant lui-même la manière d'être de l'être-au-monde. «voudrait-on donc déjà identifier le monde en général à l'état de l'intérieur du monde qu'on devrait alors dire ''le monde '', c'est aussi le Dasein. Sur la base de cet être-au-monde affecté d'un ''avec'', le monde est chaque fois toujours déjà celui que je partage avec les autres. Le monde du Dasein est monde commun (Mitweilt)». (page 118). L'être-avec, dans la banalité quotidienne, est captivé par le «On», mode inauthentique d'existence qui tient le Dasein sous l'emprise d'autrui, qui étend sa marque. «Les autres» comme on les appelle pour camoufler l'essentielle appartenance à eux qui nous est propre, sont ceux qui, dans l'être-en-compagnie quotidien, d'abord et le plus souvent «sont là». Le «qui», ce n'est ni celui-ci, ni celui-là, ni nous autres, ni quelques-uns, ni la somme de tous. Le «qui» est le neutre, le «on» (sans c) (page 126). En se réfugiant dans le on, l'être-là se réfugie dans la frivolité, la curiosité, l'équivoque. Il se retire dans la «grande masse» pour s'y maintenir facticement et se préoccuper par l'être-dans-la-moyenne.
4) L'être-au-monde, c'est le monde qui se rapporte d'emblée à nous et qui détermine notre être-là. Le monde lui-même («l'intégralité des renvois»), les étants qui se rencontrent au sein du monde (les utils, le Mitsein) et l'être-au en tant que tel. Ces trois moments sont indissociablement liés au sein d'un même phénomène unitaire (l'être-au-monde) dont il faut éviter l'émiettement et la fragmentation. L'être-au, le troisième, aurait du logiquement être le premier, mais l'analyse fondamentale préparatoire du Dasein devait être précédée d'un premier signalement (pages 103-131). L'être-au désigne l'ouverture du monde lui-même, ouverture qui est le caractère propre (du là) du Dasein. Trois comportements ou manières cooriginalement constitutives qui déterminent trois modes existentiaux d'être-au-monde.
a) La disposibilité, qu'on peut traduire par «affection», «disposition» ou «humeur». «Ce que nous dénotons ontologiquement sous le terme technique de disposibilité est du point de vue ontique on ne peut plus connu et on ne peut plus quotidien la disposition, ou l'état d'humeur.» (page 134). Ce qui se révèle dans l'être d'humeur, de façon chaque fois différente pour le Dasein, c'est sa facticité (souvent traduit par «déréliction», l'être jeté dans le monde est abandonné à lui-même). Livré à son être, le Dasein est livré à son là (le «Da» du Dasein, le «là» de l'être-là) qui le place devant le monde, ce monde toujours déjà là et dans lequel il se trouve déjà jeté. Le là est la plupart du temps voilé et n'est pas reconnu en tant que tel. Voiler le là, se le cacher ou l'esquiver (d'abord et le plus souvent sous la forme du divertissement) sont aussi des manières d'être (inauthentiques) de la disposibilité. Dans l'esquive ou ce qui se dérobe, le Dasein s'est toujours lui-même déjà trouvé. La fuite de son là est fuite du Dasein devant ce qu'il ne peut fuir que factivement. Même quand la disposibilité recouvre le là, c'est le là qui se livre lui-même dans la disposiblité. En tant qu'«ouvertude» ontologiquement originaire, la disposibilité est une des strucutres constitutives de l'être-au-monde comme l'entendre et le dire (la parole).
b) De la disposibilité, c'est-à-dire du fait d'être toujours jeté dans le là, dépend l'entendre (cet autre originaire) qui fait sienne la disposibilité. «Entendre» est différent de «comprendre» et différent d'«expliquer». Le mot veut dire «tendre vers», «projeter», «être de taille à soutenir ce devant quoi on est». «Viser», «projeter», «être de taille à», voilà qui renvoie à des possibilités. Avant même de s'expliquer le monde, le Dasein s'entend à des possibilités. Le Dasein est d'entendre avec ce qui s'ouvre à lui, ce dans quoi il est jeté, dans le monde comme rayon d'action et de significativité. Ce sont les possibilités mêmes du monde et de l'être-au-monde que le pouvoir-être, en les révélant, détecte que «L'utilisable est, par définition, dévoilé dans son ustensilité, dans son employabilité, dans sa nocivité. L'entièreté de conjointure se révèle comme le tout catégorial d'une possibilié à laquelle l'utilisable est intégré. Même l'unité de l'étant là-devant dans sa multiplicité, la nature, n'est susceptible de se dévoiler que sur la base d'une ouvertude d'une possibilité de celle-ci» (page 144-145). L'entendre est antérieur à toute compréhension thématique ou même pré-thématique («concevoir thématiquement, c'est justement dépouiller le projet de son caractère de possibilité», page 145). L'entendre précédant toute apréhension conceptuelle, pour le Dasein projeter son propre pouvoir-être sur le monde, c'est projeter ce pour quoi il est toujours décidé. En familiarité d'entendre avec le monde, dans l'entendre le Dasein «découvre où il en est avec lui-même» (page 144), étant chaque fois ce qu'il peut être et sa manière d'être cette possibilité. Le développement de l'entendre est l'explication. Le caractère dérivé de l'explication est l'énoncé grâce auquel l'explication gagne un caractère de surcroît de précisions. La clarification de l'énoncé comme communication nous conduit au dire et à la parole.
c ) La parole, comme la disposibilité et l'entendre, est cooriginale à l'ouverture de l'être-au-monde. La parole est «l'articulation de l'intelligence» de l'être-au-monde (page 161). Antérieure à l'explicitation et à l'énoncé, la parole articule ce qui déjà est découvert cooriginalement dans la disposibilité et l'entendre. La parole est toujours parole sur quelque chose. «Parler, c'est parler sur. Même un ordre porte sur. C'est sur quelque chose qu'on forme des vœux. L'intersession aussi porte sur quelque chose.» (pages 161-162). À la parole appartiennent le parler, l'écoute et le silence. La parole n'a pas besoin de toujours se dire. Elle n'a pas toujours besoin de mots. Le pouvoir-écouter et le silence-gardé sont des propriété constitutives de la parole. La parole se rapporte originellement au monde en tant qu'existential fondamental., ainsi qu'à autrui, à l'être-avec et au Dasein lui-même. La parole est un genre d'être ontologique propre au Dasein lui-même.
d ) La structure ontologique qui unifie l'entièreté des modes existentiaux du Dasein et le «souci». Le souci, dont l'explicitation est antérieure à toutes les possibilités ontiques qui se fondent existentiallement à lui (la volonté, l'envie, le penchant, l'appétit) articule en un tout inséparablement unitaire les trois grandes déterminations ontologiques de l'être-là en tant qu'être-au-monde.
I ) L'existentialité.
En tant qu'être jeté, l'être-là est toujours déjà projeté dans ses possibilités d'être. Il est toujours déjà en avance pour lui-même sur son propre pouvoir-être. «Étant toujours la disposibilité qui est essentiellement la sienne, le Dasein a un genre d'être devant qui il est mis devant lui-même et est découvert à lui-même en sont être-jeté. L'être-jeté est le genre d'être d'un étant qui est chaque fois lui-même ses possibilités. (page 181)».
II) La factivité.
L'être-là, originalement livré au monde, est toujours chaque fois jeté en un monde toujours déjà-là et dans lequel le Dasein se découvre à lui-même comme être qui a à être en existant, c'est-à-dire à soutenir son être-là. «Exister est toujours factif. L'existentialié est toujours déterminé par la factivité.»
III ) Le dévallement.
L'être en déval est l'être après l'étant intérieur au monde. L'être-là se tient d'abord et le plus souvent après le monde dont il se préoccupe après l'utilisable ou absorbé dans la publicité du on.
Ces trois déterminations ontologiques composent l'entièreté existentiale du tout structuré du Dasein. «L'être du Dasein s'énonce en toutes lettres : l'être-en-avance-sur-soi-déjà-au (monde) comme être-après (l'étant se rencontrant à l'intérieur du monde). Cet être donne alors au terme ''souci'', dont l'emploi est purement ontologique existential, sa pleine signification. (page 192)».
La première section de Être est temps («L'analyse fondamentale préparatoire du Dasein») se termine par l'analyse existentiale du concept de vérité pour en dégager l'«essence » de la vérité dans le sens le plus original de dévoilement (voir ce qui se présente expressément sous le titre «De l'essence de la vérité», 1933)
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Tout ce bavardage pour en arriver à dire si peu !! …
Pour en arriver à dire si peu que le mode d'exister du Dasein est l'être-au-monde, que le Dasein est un être-jeté dans un monde toujours déjà là, que le monde est la coexistence et le commerce où se rencontrent les «utils», que l'ouverture («l'ouvertude») du monde est projet, où il y va, pour l'être, de son propre pouvoir-être !!
Le philosophe Heidegger a un talent rare pour enchaîner ses lecteurs et les empêcher de voir la minceur de son propos !!
Les nombreux néologismes («ouvertude», «existential», «factivité», «temporellité», on ne les compte plus … ), le vocabulaire abscons, cette déconstruction du langage ordinaire qui est un réel mépris du sens commun, tous ces déplacements et détournements de sens, traits d'union, italiques, guillemets, font du problème du dire le vrai problème, chez Heidegger …
Heidegger a poussé l'analyse philosophiques à des hauteurs apocalyptiques. Ce langage suprêmement éthéré, ce défilé incessant de paroles vides finissent par donner l'impression que la philosophie n'est pas faite pour les mortels !!!
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La deuxième section de Être et temps («Dasein et temporellité»), à partir de l'élaboration préalable des modes existentiaux de l'être-là, de mettre à nu la constitution de l'être qui est la sienne, non plus que l'être-là est «d'abord et le plus souvent» (en son être quotidien) mais plus originalement ce qui se donne à voir comme possibilité dans son existence la plus propre, son existence authentique.
Premier chapitre : l'être vers la mort.
Deuxième chapitre : la conscience morale comme appel ou interpellation adressée au Dasein sur son pouvoir-être le plus propre, l'être vers la mort, qui est la possibilité extrême de l'être-là. Le choix existentiel d'être soi-même, c'est-à-dire pour le Dasein de s'installer dans la possibilité de son pouvoir-être le plus propre, est dénommé la «résolution».
Quatrième chapitre : temporellité et quotidienneté.
Cinquième chapitre : temporellitté et historialité.
«Le Dasein est historial» (page 382). «Historial» est entendu dans le sens de «destinal». Temporellité, historialité, destinalité, ce sont des existentiaux.
Laissons le lecteur méditatif méditer sur les paroles suivantes on ne peut plus claires pour une fois, mais férocement et dangereusement propagandistes :
«Sitôt saisie la finitude de l'existence, c'en est fait des possibilités d'agrément, de facilité, de dérobade qui s'offrent tout de suite à elle en foule. Le Dasein se voit placé dans la simplicité de son ''destin''. La seule raison pour laquelle le Dasein peut subir les coups du destin, c'est qu'au fond de son être il ''est'' destin en ce sens précis. Si le Dasein est destinal, s'il existe essentiellement comme être-au-monde dans l'être-avec en compagnie des autres, son aventure est une aventure partagée et elle se définie comme ''destin commun''. Dans l'être-en-compagnie au sein d'un même monde et dans la résolution à des possibilités données, les destins ont déjà d'avance leur direction. C'est dans la communication et dans le combat que se libère toute la puissance du destin commun. C'est le destin commun partagé dans et avec sa génération qui constitue en ce qu'il a de destinal pour le Dasein la pleine et propre aventure pour le Dasein. » (pages 384-385).
Sixième chapitre : temporalité et intratemporalité.
Cette seconde section de Être et temps a donné prise à de multiples critiques et interprétations raccrochant cet ouvrage au fond proprement idéologique des thèses raciales du nazisme.
Selon Karl Lôwith et Erst Tugendhat, l'ontologie existentiale développée dans Être et temps rend possible une certaine conception de la vérité qu'on peut mettre en relation avec les engagements ultérieurs de Heidegger en faveur du national-socialisme.
Dans leur tentative d'analyser systématiquement Être et temps, Victor Farias et Emmanuel Faye proposent une lecture plus tranchée.
Selon eux, la philosophie mise en place dans Être et temps contient l'ensemble des valeurs et les germes proprement fascistes qui ont nourri l'audience du mouvement national-socialiste naissant. Il n'est certes pas possible de lier terme à terme l'idéologie politique nazie et les philosophèmes heideggeriens, mais il y a matière à penser dans le caractère pernicieux et séditieux des abstractions philosophiques de Être et temps lorsqu'elles sont susceptibles de recevoir un contenu déterminé. Elles deviennent alors annonciatrices de ce qui s'annonçait déjà en Heideger avant 1927 et avant le rectorat nazi.
La suite de Être et temps devait thématiser l'être et le temps pour eux-mêmes, mais n'a pas été publiée. Elle devait passer du sens de l'être ou de l'étant que nous sommes à la vérité de l'être en dégageant la signification intrinsèquement temporelle de l'être en général. Mais pour retrouver dans l'être l'horizon structurel de la temporalité il fallait procéder à une certaine lecture de la tradition pour voir comment la temporalité a chaque fois été elle-même voilée, ce qui n'a évidemment pas été publié non plus.
Ce retour à l'histoire pouvait encore attendre (Introduction à la métaphysique date de 1935), le plus pressant pour l'instant était de reposer la question de l'être, ou, plus précisément, du sens de l'être à partir du déchiffrement du texte kantien.
(à suivre)
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Martin Heidegger naît le 26 septembre 1889 à Messkirch, un petit village rural aux confins de Baden, en pays Souabe. Ses parents sont des petits bourgeois aisés qui lui assurent une éducation catholique. Heidegger fréquente l'école communale de son pays jusqu'en 1903. De 1903 à 1906, il étudie au petit séminaire de Constance puis termine ses études secondaires au lycée classique de Fribourg-en-Brisgau où il obtient son baccalauréat. Il y reçoit une éducation on ne peut plus classique : grec, latin, théologie, philosophie médiévale (quatre trimestres), avant de décider de se consacrer entièrement à la philosophie. Ses premières lectures lui font découvrir Husserl. Dilthey, Nietzsche, Kierkegaard, Kant, Shelling, Hegel. Il est reçu docteur en 1913. Sa thèse sur Duns Scott constitue le point d'aboutissement de sa formation en phénoménologie et en théologie médiévale. En 1915, il est nommé privatdozent à l'université de Fribourg. Il y enseigne comme assistant de Husserl. De 1922 à 1927, il enseigne à Marbourg. Marié et père de deux enfants, il se consacre à son œuvre maîtresse, Être et temps, qu'il rédige en parti dans le calme et la solitude de sa retraite de Dodtnauberg, en Forêt Noire.
De retour à Fribourg et nommé professeur titulaire, Heidegger prend la succession de Husserl en 1928. En 1933, alors que le parti national socialiste accède au pouvoir, il devient recteur élu de l'université de Fribourg. À la fin de la deuxième guerre mondiale, son silence sur les horreurs du régime nazi le rend suspect aux yeux des autorités alliées qui occupent l'Allemagne et le mettent en retraite anticipée en lui interdisant d'enseigner en public.
Heidegger poursuit ses travaux en privé. En 1946, il se lie d'amitié avec Jean Beaufret, qui deviendra son traducteur et son correspondant privilégié auquel il adresse sa Lettre sur l'humanisme en 1947. Grâce à Beaufret, qui l'introduit en France, il connaîtra la renommée internationale. Réintégré à l'université de Fribourg et devenu célèbre, il voyage beaucoup, surtout en France, et dirige des séminaires et donne de nombreuses conférences. (.. L'homme habite en poète, 1951.. Que veut dire «penser»?, 1952.. Qui est le Zarathoustra de Nietzsche?, 1953.. La question de la technique, 1953.. Hegel et les Grecs, 1958.. Temps et être, 1962..). Durant les années qui suivent, ses activités se restreignent progressivement Heidegger meurt dans sa ville natale, Messkiich, à l'âge vénérable de 86 ans, sa popularité croissant en France jusqu'à ce que le retentissant ouvrage de Victor Farias intitulé Heidegger et le nazisne ne remette au jour la question de ses rapports avec l'idéologie nazie …
Être et temps (1927),une ontologie existentiale
C'était plutôt annoncé gros qu'on allait soulever le voile qui recouvre vingt-cinq siècles de la philosophie : depuis Platon et Aristote, et dans toute la tradition occidentale, la question qui a tenu en haleine tous les philosophes allait sortir de l'oubli (Être et temps, page 2) ! À sa place on nous propose un «traité d'ontologie fondamentale» qui ressemble à s'y méprendre au projet phénoménologique premier : c'est que la question de l'être, qui devait être arrachée de l'oubli s'est immédiatement transformée en question du sens de l'être («la question à poser est celle du sens de l'être», page 5). L'homme étant le seul à pouvoir poser cette question, il devient l'étant par excellence, celui qu'il faut d'abord interroger. Glissement significatif de l'être vers cette explication de cet étant particulier que nous sommes, que Heidegger désignera sous le nom de Dasein, («l'être-là»).
Si on appelle «existence» les modes à l'égard desquels l'être-là se comporte de telle ou telle manière, l'analyse de ces modes prend le nom d'«analyse existentiale».
La première section de Être et temps («l'analyse fondamentale préparatoire du Dasein») se présente comme une analyse ontologique du Dasein et de ses modes d'exister. L'être au monde, la disposibilité, l'entendre, le dire, le souci. Ces modes sont vécu de prime abord et le plus souvent dans leur banalité quotidienne.
La deuxième section («Dasein et temporellité») porte sur l'horizon dans lequel s'enracine la problématique centrale de l'ontologie du Dasein. Le temps.
Voilà qui résume l'articulation du traité et qui correspond à la première partie de l'ouvrage, deux grandes sections, alors qu'il devait initialement en comporter six en deux parties. Réduit des deux-tiers, Être est temps est un projet avorté !
Essayons d'en donner un bref aperçu par un éclairage approprié, même s'il s'agit là d'une entreprise difficile puisque l'auteur a tout fait pour nous rendre la tâche compliquée.
1 ) L'être-au-monde est une détermination originaire et constitutive du Dasein. L'expression «Être-au-monde» veut dire d'abord qu'il y a monde. Seul l'être-là peut avoir un monde car seul l'être-là existe dans le monde («La mondéité est elle-même un existential», page 64). L'exister humain est un mode d'être propre à l'être-là.
2) L'être-au-monde désigne un phénomène unitaire. La première modalité de l'être-au-monde sous laquelle se rencontre l'être-là et la préoccupation (l'étant qui sert d'outil ou d'objet pour un usage déterminé que «nous appelons util» [sans e, Messieurs-Dames]. Page 68). Le monde qui s'offre comme outil est ce qui dévoile le monde comme un utilisable. L'outil est «ce dont il est fait usage», «quelque chose qui est fait pour». En tant que pure usualité, l'outil renvoie toujours à quelque chose d'autre que lui-même (son appartenance à un autre outil : la table pour le papier, le papier pour le crayon, la table et le papier pour le travail …) qui l'inscrit dans un réseau entier de renvois. L'ensemble de ces renvois est ce que Heidegger dénomme le monde («La mondéité a été interprétée comme l'intégralité de la significativité», page 123).
3 ) La deuxième modalité de l'être-au-monde est «l'être-avec-autrui» (le Mitsein). Le monde de l'être-là est un monde de coexistence où l'autre se rencontre non pas fortuitement ou après-coup, mais comme ce qui s'annonce de prime abord comme un autre Dasein ayant lui-même la manière d'être de l'être-au-monde. «voudrait-on donc déjà identifier le monde en général à l'état de l'intérieur du monde qu'on devrait alors dire ''le monde '', c'est aussi le Dasein. Sur la base de cet être-au-monde affecté d'un ''avec'', le monde est chaque fois toujours déjà celui que je partage avec les autres. Le monde du Dasein est monde commun (Mitweilt)». (page 118). L'être-avec, dans la banalité quotidienne, est captivé par le «On», mode inauthentique d'existence qui tient le Dasein sous l'emprise d'autrui, qui étend sa marque. «Les autres» comme on les appelle pour camoufler l'essentielle appartenance à eux qui nous est propre, sont ceux qui, dans l'être-en-compagnie quotidien, d'abord et le plus souvent «sont là». Le «qui», ce n'est ni celui-ci, ni celui-là, ni nous autres, ni quelques-uns, ni la somme de tous. Le «qui» est le neutre, le «on» (sans c) (page 126). En se réfugiant dans le on, l'être-là se réfugie dans la frivolité, la curiosité, l'équivoque. Il se retire dans la «grande masse» pour s'y maintenir facticement et se préoccuper par l'être-dans-la-moyenne.
4) L'être-au-monde, c'est le monde qui se rapporte d'emblée à nous et qui détermine notre être-là. Le monde lui-même («l'intégralité des renvois»), les étants qui se rencontrent au sein du monde (les utils, le Mitsein) et l'être-au en tant que tel. Ces trois moments sont indissociablement liés au sein d'un même phénomène unitaire (l'être-au-monde) dont il faut éviter l'émiettement et la fragmentation. L'être-au, le troisième, aurait du logiquement être le premier, mais l'analyse fondamentale préparatoire du Dasein devait être précédée d'un premier signalement (pages 103-131). L'être-au désigne l'ouverture du monde lui-même, ouverture qui est le caractère propre (du là) du Dasein. Trois comportements ou manières cooriginalement constitutives qui déterminent trois modes existentiaux d'être-au-monde.
a) La disposibilité, qu'on peut traduire par «affection», «disposition» ou «humeur». «Ce que nous dénotons ontologiquement sous le terme technique de disposibilité est du point de vue ontique on ne peut plus connu et on ne peut plus quotidien la disposition, ou l'état d'humeur.» (page 134). Ce qui se révèle dans l'être d'humeur, de façon chaque fois différente pour le Dasein, c'est sa facticité (souvent traduit par «déréliction», l'être jeté dans le monde est abandonné à lui-même). Livré à son être, le Dasein est livré à son là (le «Da» du Dasein, le «là» de l'être-là) qui le place devant le monde, ce monde toujours déjà là et dans lequel il se trouve déjà jeté. Le là est la plupart du temps voilé et n'est pas reconnu en tant que tel. Voiler le là, se le cacher ou l'esquiver (d'abord et le plus souvent sous la forme du divertissement) sont aussi des manières d'être (inauthentiques) de la disposibilité. Dans l'esquive ou ce qui se dérobe, le Dasein s'est toujours lui-même déjà trouvé. La fuite de son là est fuite du Dasein devant ce qu'il ne peut fuir que factivement. Même quand la disposibilité recouvre le là, c'est le là qui se livre lui-même dans la disposiblité. En tant qu'«ouvertude» ontologiquement originaire, la disposibilité est une des strucutres constitutives de l'être-au-monde comme l'entendre et le dire (la parole).
b) De la disposibilité, c'est-à-dire du fait d'être toujours jeté dans le là, dépend l'entendre (cet autre originaire) qui fait sienne la disposibilité. «Entendre» est différent de «comprendre» et différent d'«expliquer». Le mot veut dire «tendre vers», «projeter», «être de taille à soutenir ce devant quoi on est». «Viser», «projeter», «être de taille à», voilà qui renvoie à des possibilités. Avant même de s'expliquer le monde, le Dasein s'entend à des possibilités. Le Dasein est d'entendre avec ce qui s'ouvre à lui, ce dans quoi il est jeté, dans le monde comme rayon d'action et de significativité. Ce sont les possibilités mêmes du monde et de l'être-au-monde que le pouvoir-être, en les révélant, détecte que «L'utilisable est, par définition, dévoilé dans son ustensilité, dans son employabilité, dans sa nocivité. L'entièreté de conjointure se révèle comme le tout catégorial d'une possibilié à laquelle l'utilisable est intégré. Même l'unité de l'étant là-devant dans sa multiplicité, la nature, n'est susceptible de se dévoiler que sur la base d'une ouvertude d'une possibilité de celle-ci» (page 144-145). L'entendre est antérieur à toute compréhension thématique ou même pré-thématique («concevoir thématiquement, c'est justement dépouiller le projet de son caractère de possibilité», page 145). L'entendre précédant toute apréhension conceptuelle, pour le Dasein projeter son propre pouvoir-être sur le monde, c'est projeter ce pour quoi il est toujours décidé. En familiarité d'entendre avec le monde, dans l'entendre le Dasein «découvre où il en est avec lui-même» (page 144), étant chaque fois ce qu'il peut être et sa manière d'être cette possibilité. Le développement de l'entendre est l'explication. Le caractère dérivé de l'explication est l'énoncé grâce auquel l'explication gagne un caractère de surcroît de précisions. La clarification de l'énoncé comme communication nous conduit au dire et à la parole.
c ) La parole, comme la disposibilité et l'entendre, est cooriginale à l'ouverture de l'être-au-monde. La parole est «l'articulation de l'intelligence» de l'être-au-monde (page 161). Antérieure à l'explicitation et à l'énoncé, la parole articule ce qui déjà est découvert cooriginalement dans la disposibilité et l'entendre. La parole est toujours parole sur quelque chose. «Parler, c'est parler sur. Même un ordre porte sur. C'est sur quelque chose qu'on forme des vœux. L'intersession aussi porte sur quelque chose.» (pages 161-162). À la parole appartiennent le parler, l'écoute et le silence. La parole n'a pas besoin de toujours se dire. Elle n'a pas toujours besoin de mots. Le pouvoir-écouter et le silence-gardé sont des propriété constitutives de la parole. La parole se rapporte originellement au monde en tant qu'existential fondamental., ainsi qu'à autrui, à l'être-avec et au Dasein lui-même. La parole est un genre d'être ontologique propre au Dasein lui-même.
d ) La structure ontologique qui unifie l'entièreté des modes existentiaux du Dasein et le «souci». Le souci, dont l'explicitation est antérieure à toutes les possibilités ontiques qui se fondent existentiallement à lui (la volonté, l'envie, le penchant, l'appétit) articule en un tout inséparablement unitaire les trois grandes déterminations ontologiques de l'être-là en tant qu'être-au-monde.
I ) L'existentialité.
En tant qu'être jeté, l'être-là est toujours déjà projeté dans ses possibilités d'être. Il est toujours déjà en avance pour lui-même sur son propre pouvoir-être. «Étant toujours la disposibilité qui est essentiellement la sienne, le Dasein a un genre d'être devant qui il est mis devant lui-même et est découvert à lui-même en sont être-jeté. L'être-jeté est le genre d'être d'un étant qui est chaque fois lui-même ses possibilités. (page 181)».
II) La factivité.
L'être-là, originalement livré au monde, est toujours chaque fois jeté en un monde toujours déjà-là et dans lequel le Dasein se découvre à lui-même comme être qui a à être en existant, c'est-à-dire à soutenir son être-là. «Exister est toujours factif. L'existentialié est toujours déterminé par la factivité.»
III ) Le dévallement.
L'être en déval est l'être après l'étant intérieur au monde. L'être-là se tient d'abord et le plus souvent après le monde dont il se préoccupe après l'utilisable ou absorbé dans la publicité du on.
Ces trois déterminations ontologiques composent l'entièreté existentiale du tout structuré du Dasein. «L'être du Dasein s'énonce en toutes lettres : l'être-en-avance-sur-soi-déjà-au (monde) comme être-après (l'étant se rencontrant à l'intérieur du monde). Cet être donne alors au terme ''souci'', dont l'emploi est purement ontologique existential, sa pleine signification. (page 192)».
La première section de Être est temps («L'analyse fondamentale préparatoire du Dasein») se termine par l'analyse existentiale du concept de vérité pour en dégager l'«essence » de la vérité dans le sens le plus original de dévoilement (voir ce qui se présente expressément sous le titre «De l'essence de la vérité», 1933)
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Tout ce bavardage pour en arriver à dire si peu !! …
Pour en arriver à dire si peu que le mode d'exister du Dasein est l'être-au-monde, que le Dasein est un être-jeté dans un monde toujours déjà là, que le monde est la coexistence et le commerce où se rencontrent les «utils», que l'ouverture («l'ouvertude») du monde est projet, où il y va, pour l'être, de son propre pouvoir-être !!
Le philosophe Heidegger a un talent rare pour enchaîner ses lecteurs et les empêcher de voir la minceur de son propos !!
Les nombreux néologismes («ouvertude», «existential», «factivité», «temporellité», on ne les compte plus … ), le vocabulaire abscons, cette déconstruction du langage ordinaire qui est un réel mépris du sens commun, tous ces déplacements et détournements de sens, traits d'union, italiques, guillemets, font du problème du dire le vrai problème, chez Heidegger …
Heidegger a poussé l'analyse philosophiques à des hauteurs apocalyptiques. Ce langage suprêmement éthéré, ce défilé incessant de paroles vides finissent par donner l'impression que la philosophie n'est pas faite pour les mortels !!!
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La deuxième section de Être et temps («Dasein et temporellité»), à partir de l'élaboration préalable des modes existentiaux de l'être-là, de mettre à nu la constitution de l'être qui est la sienne, non plus que l'être-là est «d'abord et le plus souvent» (en son être quotidien) mais plus originalement ce qui se donne à voir comme possibilité dans son existence la plus propre, son existence authentique.
Premier chapitre : l'être vers la mort.
Deuxième chapitre : la conscience morale comme appel ou interpellation adressée au Dasein sur son pouvoir-être le plus propre, l'être vers la mort, qui est la possibilité extrême de l'être-là. Le choix existentiel d'être soi-même, c'est-à-dire pour le Dasein de s'installer dans la possibilité de son pouvoir-être le plus propre, est dénommé la «résolution».
Quatrième chapitre : temporellité et quotidienneté.
Cinquième chapitre : temporellitté et historialité.
«Le Dasein est historial» (page 382). «Historial» est entendu dans le sens de «destinal». Temporellité, historialité, destinalité, ce sont des existentiaux.
Laissons le lecteur méditatif méditer sur les paroles suivantes on ne peut plus claires pour une fois, mais férocement et dangereusement propagandistes :
«Sitôt saisie la finitude de l'existence, c'en est fait des possibilités d'agrément, de facilité, de dérobade qui s'offrent tout de suite à elle en foule. Le Dasein se voit placé dans la simplicité de son ''destin''. La seule raison pour laquelle le Dasein peut subir les coups du destin, c'est qu'au fond de son être il ''est'' destin en ce sens précis. Si le Dasein est destinal, s'il existe essentiellement comme être-au-monde dans l'être-avec en compagnie des autres, son aventure est une aventure partagée et elle se définie comme ''destin commun''. Dans l'être-en-compagnie au sein d'un même monde et dans la résolution à des possibilités données, les destins ont déjà d'avance leur direction. C'est dans la communication et dans le combat que se libère toute la puissance du destin commun. C'est le destin commun partagé dans et avec sa génération qui constitue en ce qu'il a de destinal pour le Dasein la pleine et propre aventure pour le Dasein. » (pages 384-385).
Sixième chapitre : temporalité et intratemporalité.
Cette seconde section de Être et temps a donné prise à de multiples critiques et interprétations raccrochant cet ouvrage au fond proprement idéologique des thèses raciales du nazisme.
Selon Karl Lôwith et Erst Tugendhat, l'ontologie existentiale développée dans Être et temps rend possible une certaine conception de la vérité qu'on peut mettre en relation avec les engagements ultérieurs de Heidegger en faveur du national-socialisme.
Dans leur tentative d'analyser systématiquement Être et temps, Victor Farias et Emmanuel Faye proposent une lecture plus tranchée.
Selon eux, la philosophie mise en place dans Être et temps contient l'ensemble des valeurs et les germes proprement fascistes qui ont nourri l'audience du mouvement national-socialiste naissant. Il n'est certes pas possible de lier terme à terme l'idéologie politique nazie et les philosophèmes heideggeriens, mais il y a matière à penser dans le caractère pernicieux et séditieux des abstractions philosophiques de Être et temps lorsqu'elles sont susceptibles de recevoir un contenu déterminé. Elles deviennent alors annonciatrices de ce qui s'annonçait déjà en Heideger avant 1927 et avant le rectorat nazi.
La suite de Être et temps devait thématiser l'être et le temps pour eux-mêmes, mais n'a pas été publiée. Elle devait passer du sens de l'être ou de l'étant que nous sommes à la vérité de l'être en dégageant la signification intrinsèquement temporelle de l'être en général. Mais pour retrouver dans l'être l'horizon structurel de la temporalité il fallait procéder à une certaine lecture de la tradition pour voir comment la temporalité a chaque fois été elle-même voilée, ce qui n'a évidemment pas été publié non plus.
Ce retour à l'histoire pouvait encore attendre (Introduction à la métaphysique date de 1935), le plus pressant pour l'instant était de reposer la question de l'être, ou, plus précisément, du sens de l'être à partir du déchiffrement du texte kantien.
(à suivre)
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Emmanuel- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 05/08/2018
Re: Pour ou Contre Heidegger.
Tout cela est juste à mon sens, mais je n'ai pas lu que le long passage cité est en faveur du nazisme, et je pense qu'Emmanuel Faye force l'assimilation nazie, dans sa radicalité moralisatrice rétrospective et téléologique : il veut condamner et se payer un homme, jugé "grand" par une brève tradition jusqu'à nos jours, à la géhenne antinazie. Or il est vrai que le heideggerisme est léger, Heidegger lui-même reconnaissait son verbiage de l'être, ce qui ne l'excuse pas forcément. Mais je pense aussi que sans ces alambics il eut été difficile de saisir la Présence philosophiquement/rationnellement (car tout est là, dans cette tentative de saisir la Présence). Qu'ensuite, on juge présomptueux qu'il ait annoncé reprendre l'histoire de la philosophie ontologique depuis Parménide, c'est évidemment une possibilité, mais on voit mal en quoi elle serait un contre-argument per se. Il faut de toute façon beaucoup d'orgueil - les monothéistes le reprochent assez aux philosophes et aux scientifiques - pour expliquer le monde à travers l'intellect et non la foi mystérique. Aussi Heidegger tenta-t-il une intellection de la Présence, aussi faramineux cela soit, aussi nécessiteux de verbiages cela soit afin de faire sentir la ou les logiques - voire de logiciser - ce qui présentement se donne de façon non-discursive. Et il n'y a qu'après l'avoir compris et résumé ainsi que cela fut fait ci-dessus, que l'on peut railler la légèreté du fond. Car pourtant, ce fond a été donné logiquement, ce qui n'était pas rien. Concrètement, cela explique ou croit expliquer, eh bien, "le réel", ou du moins un certain "sens du réel".
Là où Heidegger me semble plus litigieux, et plus nazi en effet, c'est certainement dans le dispositif et l'avenance. Ces deux termes sont des concepts heideggeriens. Le dispositif, désigne - après que l'être-au-monde, avec sa disposibilité, sa mutualité et son ustensilité, a déployé une significativité - ce qui précisément est agencement, réseau, organisation, technicité, dans notre Présence. Or, Heidegger dévalue justement la technique comme réalisation de la métaphysique depuis Platon, faisant oublier l'être ou son sens, tout en déployant lui-même (Heidegger) un dispositif philosophique d'envergure qui - non content de saisir logiquement la Présence - l'emboîte techniquement dans sa logique (la fait séjourner en son langage). C'est une cupidité maximale, quand on y songe en termes nietzschéens : Heidegger s'arroge l'être et son sens dans la logicisation de la Présence, rien de moins, à ce qui du moins est son projet. Mais, comme tout cela est saisi par le devenir qui risque toujours de le faire échapper, il y a la deuxième notion, à savoir l'avenance. L'avenance désigne quelque chose que les juifs connaissent, dans "la notion" de YHWH : je suis celui qui suis, j'adviens tel que j'adviens, c'est précisément l'avenance illimitée, qui fonde toute la poétique de l'être comme création. Là, l'antécédence juive fait de l'ombre au penseur, qui peut bien nazifier contre eux pour se donner la prééminence, qu'il n'en réinvente pas moins cet argile juif dans la temporelleté-destinalité-historialité. Mais les juifs déjà, se les étaient donnés bibliquement dans l'élection divine. Jalousie heideggerienne notionnelle, si l'on veut.
Ce qui, hélas ou pas, n'ôte rien au heideggerisme et son intelligence, certes contestable intelligence, comme toute intelligence - et pas qu'intelligence. Où le terme d'intelligence est à prendre aux sens de réseaux significatifs, renseignements glanés, ententes avec l'ennemi. Au final, la combativité d'une communauté de destin, n'est autre que la forme du souci élargie au groupe et, espace vital nazi ou sionisme (espace vital juif), cela se répond - sans certes que le sionisme ne s'adonne à un abattage militaro-industriel managérial d'humains, quoiqu'on pense de la situation des Palestiniens, qui ne sont pas non plus "sans péché" en cette affaire - mais ce n'est pas le sujet. Bref, les Israéliens ne sont ni les israélites, ni les nazis (avis à l'époque : padamalgam ! ).
Là où Heidegger me semble plus litigieux, et plus nazi en effet, c'est certainement dans le dispositif et l'avenance. Ces deux termes sont des concepts heideggeriens. Le dispositif, désigne - après que l'être-au-monde, avec sa disposibilité, sa mutualité et son ustensilité, a déployé une significativité - ce qui précisément est agencement, réseau, organisation, technicité, dans notre Présence. Or, Heidegger dévalue justement la technique comme réalisation de la métaphysique depuis Platon, faisant oublier l'être ou son sens, tout en déployant lui-même (Heidegger) un dispositif philosophique d'envergure qui - non content de saisir logiquement la Présence - l'emboîte techniquement dans sa logique (la fait séjourner en son langage). C'est une cupidité maximale, quand on y songe en termes nietzschéens : Heidegger s'arroge l'être et son sens dans la logicisation de la Présence, rien de moins, à ce qui du moins est son projet. Mais, comme tout cela est saisi par le devenir qui risque toujours de le faire échapper, il y a la deuxième notion, à savoir l'avenance. L'avenance désigne quelque chose que les juifs connaissent, dans "la notion" de YHWH : je suis celui qui suis, j'adviens tel que j'adviens, c'est précisément l'avenance illimitée, qui fonde toute la poétique de l'être comme création. Là, l'antécédence juive fait de l'ombre au penseur, qui peut bien nazifier contre eux pour se donner la prééminence, qu'il n'en réinvente pas moins cet argile juif dans la temporelleté-destinalité-historialité. Mais les juifs déjà, se les étaient donnés bibliquement dans l'élection divine. Jalousie heideggerienne notionnelle, si l'on veut.
Ce qui, hélas ou pas, n'ôte rien au heideggerisme et son intelligence, certes contestable intelligence, comme toute intelligence - et pas qu'intelligence. Où le terme d'intelligence est à prendre aux sens de réseaux significatifs, renseignements glanés, ententes avec l'ennemi. Au final, la combativité d'une communauté de destin, n'est autre que la forme du souci élargie au groupe et, espace vital nazi ou sionisme (espace vital juif), cela se répond - sans certes que le sionisme ne s'adonne à un abattage militaro-industriel managérial d'humains, quoiqu'on pense de la situation des Palestiniens, qui ne sont pas non plus "sans péché" en cette affaire - mais ce n'est pas le sujet. Bref, les Israéliens ne sont ni les israélites, ni les nazis (avis à l'époque : padamalgam ! ).
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Les absents ont toujours tort.
Re: Pour ou Contre Heidegger.
Morologue a écrit:Tout cela est juste à mon sens, mais je n'ai pas lu que le long passage cité est en faveur du nazisme, et je pense qu'Emmanuel Faye force l'assimilation nazie, dans sa radicalité moralisatrice rétrospective et téléologique : il veut condamner et se payer un homme, jugé "grand" par une brève tradition jusqu'à nos jours, à la géhenne antinazie. Or il est vrai que le heideggerisme est léger, Heidegger lui-même reconnaissait son verbiage de l'être, ce qui ne l'excuse pas forcément. Mais je pense aussi que sans ces alambics il eut été difficile de saisir la Présence philosophiquement/rationnellement (car tout est là, dans cette tentative de saisir la Présence). Qu'ensuite, on juge présomptueux qu'il ait annoncé reprendre l'histoire de la philosophie ontologique depuis Parménide, c'est évidemment une possibilité, mais on voit mal en quoi elle serait un contre-argument per se. Il faut de toute façon beaucoup d'orgueil - les monothéistes le reprochent assez aux philosophes et aux scientifiques - pour expliquer le monde à travers l'intellect et non la foi mystérique. Aussi Heidegger tenta-t-il une intellection de la Présence, aussi faramineux cela soit, aussi nécessiteux de verbiages cela soit afin de faire sentir la ou les logiques - voire de logiciser - ce qui présentement se donne de façon non-discursive. Et il n'y a qu'après l'avoir compris et résumé ainsi que cela fut fait ci-dessus, que l'on peut railler la légèreté du fond. Car pourtant, ce fond a été donné logiquement, ce qui n'était pas rien. Concrètement, cela explique ou croit expliquer, eh bien, "le réel", ou du moins un certain "sens du réel".
Là où Heidegger me semble plus litigieux, et plus nazi en effet, c'est certainement dans le dispositif et l'avenance. Ces deux termes sont des concepts heideggeriens. Le dispositif, désigne - après que l'être-au-monde, avec sa disposibilité, sa mutualité et son ustensilité, a déployé une significativité - ce qui précisément est agencement, réseau, organisation, technicité, dans notre Présence. Or, Heidegger dévalue justement la technique comme réalisation de la métaphysique depuis Platon, faisant oublier l'être ou son sens, tout en déployant lui-même (Heidegger) un dispositif philosophique d'envergure qui - non content de saisir logiquement la Présence - l'emboîte techniquement dans sa logique (la fait séjourner en son langage). C'est une cupidité maximale, quand on y songe en termes nietzschéens : Heidegger s'arroge l'être et son sens dans la logicisation de la Présence, rien de moins, à ce qui du moins est son projet. Mais, comme tout cela est saisi par le devenir qui risque toujours de le faire échapper, il y a la deuxième notion, à savoir l'avenance. L'avenance désigne quelque chose que les juifs connaissent, dans "la notion" de YHWH : je suis celui qui suis, j'adviens tel que j'adviens, c'est précisément l'avenance illimitée, qui fonde toute la poétique de l'être comme création. Là, l'antécédence juive fait de l'ombre au penseur, qui peut bien nazifier contre eux pour se donner la prééminence, qu'il n'en réinvente pas moins cet argile juif dans la temporelleté-destinalité-historialité. Mais les juifs déjà, se les étaient donnés bibliquement dans l'élection divine. Jalousie heideggerienne notionnelle, si l'on veut.
Ce qui, hélas ou pas, n'ôte rien au heideggerisme et son intelligence, certes contestable intelligence, comme toute intelligence - et pas qu'intelligence. Où le terme d'intelligence est à prendre aux sens de réseaux significatifs, renseignements glanés, ententes avec l'ennemi. Au final, la combativité d'une communauté de destin, n'est autre que la forme du souci élargie au groupe et, espace vital nazi ou sionisme (espace vital juif), cela se répond - sans certes que le sionisme ne s'adonne à un abattage militaro-industriel managérial d'humains, quoiqu'on pense de la situation des Palestiniens, qui ne sont pas non plus "sans péché" en cette affaire - mais ce n'est pas le sujet. Bref, les Israéliens ne sont ni les israélites, ni les nazis (avis à l'époque : padamalgam ! ).
Lu et approuvé.
Fort sympathique, ce petit exposé.
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Emmanuel- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 1321
Date d'inscription : 05/08/2018
Re: Pour ou Contre Heidegger.
J'attends ton à-suivre avec impatience ^^
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Les absents ont toujours tort.
Re: Pour ou Contre Heidegger.
Comme il est un peu tard, on me pardonnera de tomber dans la facilité.
Le Souci d'Heidegger a un très très grave souci : il ruse, triche, avec la conscience de Soi. Et il le savait, mais comme il ne trouve pas d'issue au piège du Poêle (qu'il pressentait, éprouvait, profondément, contrairement à d'autres; oui, je suis sympa ce soir), bah, il fait comme Marx, Nietzsche, etc., il tente sa " chance " en dehors de l'académique, et se fend d'un avatar profondément romantique, à sa décharge, comme tout l'Occident à son époque.
Le Souci d'Heidegger a un très très grave souci : il ruse, triche, avec la conscience de Soi. Et il le savait, mais comme il ne trouve pas d'issue au piège du Poêle (qu'il pressentait, éprouvait, profondément, contrairement à d'autres; oui, je suis sympa ce soir), bah, il fait comme Marx, Nietzsche, etc., il tente sa " chance " en dehors de l'académique, et se fend d'un avatar profondément romantique, à sa décharge, comme tout l'Occident à son époque.
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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 8364
Date d'inscription : 31/10/2009
Re: Pour ou Contre Heidegger.
C'est quoi, cette histoire de poêle ?
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Les absents ont toujours tort.
Re: Pour ou Contre Heidegger.
Je suis sérieux : cela me permettra de répondre en conséquence, car j'ai à nuancer. Mais il me faut comprendre cette histoire de poêle.
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Les absents ont toujours tort.
Re: Pour ou Contre Heidegger.
Morologue a écrit:Je suis sérieux : cela me permettra de répondre en conséquence, car j'ai à nuancer. Mais il me faut comprendre cette histoire de poêle.
C'est à se demander si tu m'as jamais lu. Moi aussi je suis sérieux. Commences par mes signatures et poursuis avec tout ce que j'ai bien pu dire à propos du cogito. Tel qu'il est obtenu, le " je suis " de la formule est absolument vide de tout contenu, il a été escamoté, seul le " Je pense " est efficient, où comment générer des explorateurs du néant. Donc à la suite du cogito, on a un très très gros souci : mettre la main sur ce qui a été perdu, en toute inadvertance. Essentiellement, c'est à cause de ça, que Marx, Nietzsche, Heidegger, pour ne citer que ceux là, " claquent " la porte. Mais en philosophie, " claquer " la porte ne suffit pas. Alors on se coltine entièrement le cogito pour comprendre ce qui s'est passé par devers Descartes lui-même, ce pourquoi je dis inadvertance, la première victime du cogito, c'est lui, s'il ne reproduit pas la formule dans les " Méditations " , ce n'est pas pour rien. Dans sa correspondance il dira explicitement qu'il a voulu " atténuer ". Très manifestement, peine perdue. Le cogito en l'état rompt le Lien qui existe a priori entre un Sujet et Son (je prends la conscience de Soi) Monde, il faut le rétablir, philosophiquement, puisqu'avant le cogito il allait de soi. Jamais dit philosophiquement, le cogito en le rompant, nous force à le faire, plus donc, à le rétablir. Je paraphrase de mémoire Sartre, quels que soit ses inconvénients, c'est de là qu'il faut partir. Donc acte. Heidegger ne réussit pas à élucider la difficulté, mais il la pressent, l'éprouve, vivement, il y a du viscéral dans son acrimonie à l'endroit de Descartes et du cogito, et donc il élude avec son Souci, il le sait, et Sartre le voit aussitôt et ne le rate pas.
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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 8364
Date d'inscription : 31/10/2009
Re: Pour ou Contre Heidegger.
C'est toi qui le dit - que je ne te lis pas (comme si je n'avais pas mieux à explorer, en dehors de nos interactions !) et que tels auteurs "claquent" la porte (Marx, ce n'est pas du tout son problème, et au fond il l'intègre dans l'idéologie - la superstructure de fausse conscience, ou conscience aliénée ; Nietzsche, ce pourrait être : je veux, donc je suis, à condition de subconscientiser le vouloir ; Heidegger, c'est précisément le souci d'être au monde !) ... Eh bien voilà : tout est dans l'être-au, et Heidegger y insiste assez. En français comme en allemand, il y a un tiret ou une accolade. Le problème du je pense, c'est précisément sa faculté de détachement, d'extraction, de spéculation, au point de se retourner contre le- et face au- monde, ou au milieu, absurdement (à la camusienne, en quoi Albert Camus est le plus dramatiquement pathologique, voire psychopathique, encore qu'à cause de cela il essaie absurdement de replacer le corps au centre ... mais en comédien ! c'est-à-dire en marionnettiste de soi. Passons.)
Il y a consubstantialité moniste a-dualiste. Pour le dire en matérialiste : si ma "conscience" ou ma "pensée" est identique à un réseau synaptique de neurones, alors la question de "la conscience" et de "la pensée" comme distinctions, est abolie, au profit, justement, d'une identité-monde, d'un être-le-monde, où le monde ne fait que "mondifier" diversement ès neurologie "mondique". L'attention, l'ingéniosité, la sensation, le raisonnement, etc. tout cela, c'est "du monde" qui "mondifie", sans intériorité qu'illusoire, où les psychotropes et autres stimulations électriques cérébrales en laboratoire, abondent dans le sens d'une extériorité totalement moniste au même titre que la pierre - encore que le vécu, comme vécu, dans son instinct de vie, s'obstine nécessairement à se vouloir (un-e) "autre". La conscience et la pensée, telles qu'elles se veulent (telles que nous les vivons, croyons, voulons), sont fallacieusement détachées "pour les besoins de la cause personnelle", et encore que "la cause personnelle" ait bien une perspectivité (à l'instar d'une caméra douée d'une IA, mais organiquement androïde). Bref, si perte par inadvertance il y a depuis "Descartes" (qui, au fond, n'était qu'un empiriste intellectuel dans l'âme, ou un intellectualiste empirque, indistinctement), elle est plutôt causée par l'humanisme, le colonialisme et l'ethnocentrisme européens modernes : à savoir, un complexe de supériorité (pour le dire dans les termes d'Alfred Adler) par quoi l'on détacha conscience et pensée comme en ballon d'hélium, au moment où le terme civilisation prenait le pas sur celui de cultures, jusqu'aux néokantiens. Mais c'était vulgaire, et bassement sociopolitique.
Descartes, lui, faisait de l'ontologie post-sceptique, propice au rationalisme. Éventuellement, Marx, Nietzsche et Heidegger, en firent un petit drame intellectuel, dans cette ambiance vulgaire et bassement sociopolitique, afin de combattre les préjugés philosophiques de leurs époques (préjugé, au sens arendtien de référentiel socioculturel) éventuellement en en étant dupes eux-mêmes un peu - sans quoi ils n'auraient pas ressenti le besoin de les combattre. Finalement, le souci d'être au monde, en tant qu'il ne se connaît pas comme conscience ou pensée, mais comme dispositivité-avenantialité, peut bien se passer de conscience et de pensée ; le Dasein n'en a pas besoin. CQFD.
Il y a consubstantialité moniste a-dualiste. Pour le dire en matérialiste : si ma "conscience" ou ma "pensée" est identique à un réseau synaptique de neurones, alors la question de "la conscience" et de "la pensée" comme distinctions, est abolie, au profit, justement, d'une identité-monde, d'un être-le-monde, où le monde ne fait que "mondifier" diversement ès neurologie "mondique". L'attention, l'ingéniosité, la sensation, le raisonnement, etc. tout cela, c'est "du monde" qui "mondifie", sans intériorité qu'illusoire, où les psychotropes et autres stimulations électriques cérébrales en laboratoire, abondent dans le sens d'une extériorité totalement moniste au même titre que la pierre - encore que le vécu, comme vécu, dans son instinct de vie, s'obstine nécessairement à se vouloir (un-e) "autre". La conscience et la pensée, telles qu'elles se veulent (telles que nous les vivons, croyons, voulons), sont fallacieusement détachées "pour les besoins de la cause personnelle", et encore que "la cause personnelle" ait bien une perspectivité (à l'instar d'une caméra douée d'une IA, mais organiquement androïde). Bref, si perte par inadvertance il y a depuis "Descartes" (qui, au fond, n'était qu'un empiriste intellectuel dans l'âme, ou un intellectualiste empirque, indistinctement), elle est plutôt causée par l'humanisme, le colonialisme et l'ethnocentrisme européens modernes : à savoir, un complexe de supériorité (pour le dire dans les termes d'Alfred Adler) par quoi l'on détacha conscience et pensée comme en ballon d'hélium, au moment où le terme civilisation prenait le pas sur celui de cultures, jusqu'aux néokantiens. Mais c'était vulgaire, et bassement sociopolitique.
Descartes, lui, faisait de l'ontologie post-sceptique, propice au rationalisme. Éventuellement, Marx, Nietzsche et Heidegger, en firent un petit drame intellectuel, dans cette ambiance vulgaire et bassement sociopolitique, afin de combattre les préjugés philosophiques de leurs époques (préjugé, au sens arendtien de référentiel socioculturel) éventuellement en en étant dupes eux-mêmes un peu - sans quoi ils n'auraient pas ressenti le besoin de les combattre. Finalement, le souci d'être au monde, en tant qu'il ne se connaît pas comme conscience ou pensée, mais comme dispositivité-avenantialité, peut bien se passer de conscience et de pensée ; le Dasein n'en a pas besoin. CQFD.
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Re: Pour ou Contre Heidegger.
Sauf que classiquement, c'est à dire bien avant ma naissance, on parle du " Poêle ", " d'Envolée de Murailles ", d'un auto-enfermement de la pensée philosophique, et que manifestement, ce n'est pas tes crises de nerfs logorrhéiques (débit, rythme et autre jargonite) qui vont y remédier.
Mais oui, bien sûr, Marx, hégélien pur sucre, ne claque pas la porte de l'académie, que je suis bête !! Sauf que réintroduire manu militari le Sujet, via l'Homo economicus, en envoyant promener la conscience de Soi, on a vu ce que ça pouvait donner, etc.
Moi par contre, je t'ai lu avec attention. Que ton " aristocratisme ", considéré sur pièces lors de ta petite tyrannie forumique, de très très très mauvais aloi, métal, origine, anathèmise l'humanisme, les droits de l'homme, la démocratie et l'égalité (i.e. en droits a priori), voilà qui s'entend très très bien, c'est carrément la moindre des choses.
Et on gardera ceci à l'esprit, comme parfaitement symptomatique, emblématique, résumée, de la dangerosité d'Heidegger, et de la tienne, dites par toi-même (on n'en demandait pas tant !) :
Et on peut, dés lors, par exemple, dresser les plans de Treblinka.
Mais oui, bien sûr, Marx, hégélien pur sucre, ne claque pas la porte de l'académie, que je suis bête !! Sauf que réintroduire manu militari le Sujet, via l'Homo economicus, en envoyant promener la conscience de Soi, on a vu ce que ça pouvait donner, etc.
Moi par contre, je t'ai lu avec attention. Que ton " aristocratisme ", considéré sur pièces lors de ta petite tyrannie forumique, de très très très mauvais aloi, métal, origine, anathèmise l'humanisme, les droits de l'homme, la démocratie et l'égalité (i.e. en droits a priori), voilà qui s'entend très très bien, c'est carrément la moindre des choses.
Et on gardera ceci à l'esprit, comme parfaitement symptomatique, emblématique, résumée, de la dangerosité d'Heidegger, et de la tienne, dites par toi-même (on n'en demandait pas tant !) :
Morologue a écrit:Finalement, le souci d'être au monde, en tant qu'il ne se connaît pas comme conscience ou pensée, mais comme dispositivité-avenantialité, peut bien se passer de conscience et de pensée ; le Dasein n'en a pas besoin. CQFD.
Et on peut, dés lors, par exemple, dresser les plans de Treblinka.
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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
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Re: Pour ou Contre Heidegger.
déplacé par hks vers le fil "ontologie"
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Re: Pour ou Contre Heidegger.
neopilina a écrit:Et on peut, dés lors, par exemple, dresser les plans de Treblinka.
Non là neo tu es excessif (ou inadéquat)
Cela dit non je ne peux pas défendre Heidegger et je le dis à morologue.
Toute une génération de philosophes français a été sous influence, je n'y peux rien de plus que le regretter...
et des gens très convenables, je pense à Henry Birault par exemple ou à Levinas
... comment cela a -t-il pu arriver?
Par quel pouvoir de séduction?
et rien ne pouvait y faire, ils étaient sous l'emprises de cette réthorique ...
-.............................................
je lis cet article, tout y est http://sens-public.org/article117.html
ça commence assez bien
Si Heidegger a tant pensé la guerre (Krieg) sous les formes que sont le combat (Kampf), la lutte (Streit) ou encore la confrontation (Auseinandersetzung), notion forclose comme nous le verrons dans la reprise de la notion héraclitéenne de Polemos, c'est qu'en celle-ci se manifeste cette tension primordiale de l'homme vers son pouvoir-être, cette capacité qu'il a à être cet « au-delà de soi »[6] qui est aussi le mouvement même de sa propre transcendance. Existant en cette transcendance, c'est-à-dire tendu et en projet vers ce à dessein de quoi, ce qui pour lui fait monde, l'homme ouvre ainsi place en lui à ce « transcendens pur et simple »[7] qu'est l'être. Tel est le « là » de l'homme comme Dasein, « être-là » ouvrant le lieu où l'être en cette entente peut se desceller, le « là » de son être-au-monde se déployer et où il peut, dans le maintien même de ce auquel il tend, lui-même se déployer.
mais ça tourne vite assez mal
Aussi s'agira-t-il pour nous tout d'abord de voir comment et en quelle mesure la guerre, telle qu'elle est conçue en sa dimension concrète, phénoménale, notamment à travers la notion de « communauté de combat », permet de penser la constitution, voire l'avènement d'une communauté historique déterminée, autrement dit, quels sont les « ressorts » qui rendent possible le rassemblement d'un être-ensemble, la genèse d'un peuple, communauté unifiée sur la base d'un monde commun, au point que puisse se dessiner l'idée d'un « destin » commun, d'une histoire collective qui lui est propre. L'intérêt de reparcourir, à rebours, une telle généalogie n'est pas tant ici d'examiner des postulats communs aux tenants de la Kriegsideologie du début du siècle (K. Jaspers, M. Weber, E. Jünger, C. Schmitt) [17], que de souligner ce qu'a de spécifique la réappropriation par Heidegger d'une thèse courante et particulièrement mise à l'honneur en Allemagne par certains mouvements de pensée de l'entre-deux-guerres, en la réinscrivant de façon décisive au sein de sa propre investigation telle qu'elle se donne en 1927, dans Etre et Temps. Condition de possibilité de l'avènement d'un peuple, de la constitution du rassemblement d'où peut émerger une communauté spécifique déterminée, la guerre est en effet dotée par Heidegger d'une dimension quasi transcendantale, jusqu'à être pensée à travers la notion de Polemos comme principe ontologique du mouvement lui-même à partir duquel sera pensable non seulement l'avènement et la figure d'un peuple, mais bien plus largement ce qui peut configurer historiquement un monde.
texte de Servanne Jollivet
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Re: Pour ou Contre Heidegger.
hks a écrit:Il allait de soi que le lien était établi par l'existence de Dieu, ce qui peut interpeller c'est la nécessité pour Descartes de reprendre la question de la preuve de l'existence de Dieu. Idem de Spinoza, s'il reprend à son compte le problème de la preuve c'est qu'un lien a été rompu.
La preuve de Descartes ressemble beaucoup à celle de Saint Anselme mais le contexte n'est plus du tout le même.
Le lien n'est pas rompu du temps de Saint Anselme et jusqu'avant la modernité du temps de Descartes.
C'est sûr que le Dieu de Descartes est une pierre bien lisse, tellement décevante de ce point de vue que ça lui vaudra des ennuis, mais elle est architectonique : si on l'enlève, ça s'écroule. Quant à l'essentiel, une des preuves de Descartes est foncièrement identique à l'argument d'Anselme (je le nomme même l'anselmo-cartésien). Et je trouve qu'il est plus répandu qu'on ne le dit. Cet argument, quant à l'essentiel, revendique une auto-suffisance de la proposition (et il y en a peut être chez Spinoza, c'est une question, tu sais que je ne le lis pas). La seule proposition autosuffisante que je connaisse c'est " l'être est " (sinon il n'y aurait même pas cela). Sauf erreur de ma part, Kant ruine en règle les dites preuves, mais peu importe, tu me donnes l'occasion ici de rappeler ce que j'aime par dessus tout chez Kant, c'est bien la sécularisation de l'idée de Dieu. Ce fut, c'est et ça sera encore longtemps très important. On passe notre temps à les critiquer, alors que nous sommes juchés sur leurs épaules !
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Re: Pour ou Contre Heidegger.
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Re: Pour ou Contre Heidegger.
Ca va pas bien, non ?neopilina a écrit:Et on gardera ceci à l'esprit, comme parfaitement symptomatique, emblématique, résumée, de la dangerosité d'Heidegger, et de la tienne, dites par toi-même (on n'en demandait pas tant !) :Et on peut, dés lors, par exemple, dresser les plans de Treblinka.Morologue a écrit:Finalement, le souci d'être au monde, en tant qu'il ne se connaît pas comme conscience ou pensée, mais comme dispositivité-avenantialité, peut bien se passer de conscience et de pensée ; le Dasein n'en a pas besoin. CQFD.
Néopilina, avertissement 2/3
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Re: Pour ou Contre Heidegger.
Moi, je peux défendre Heidegger, au moins sur la base de l'article cité. Car Heidegger est loin d'être le seul intellectuel, philosophe, etc. dont la pensée conduit à envisager l'existence de communautés politiques, éventuellement en conflit les unes avec les autres. C'est même la grande majorité, puisque l'universalisme pacifique est récent dans l'histoire des idées. Tiens, si on devait lui trouver une borne temporelle, qu'est-ce qu'on dirait ? Les discours de W. Wilson au lendemain de la IWW, peut-être ?
Que Heidegger appartienne au moins en partie à un environnement historico-politique, de l'Allemagne de l'Entre-deux-guerres, à ce qu'on peut appeler le courant Völkisch, c'est donc évident. Que sa pensée s'y résume, c'est superficiel. Et qu'on trouve malin et profond de ne plus envisager cette pensée qu'au travers de la catégorie du nazisme, lui qui a été écarté par les nazis dès 1934 -ils avaient peut-être leurs raisons, tout de même !- c'est tout simplement une bêtise.
Si je fais le parallèle avec la science politique : Carl Schmitt, voila un nazi, un vrai de vrai. Qui a exercé des responsabilités sous le IIIe Reich, et qui a été, pour cette raison, emprisonné après guerre. Il y a un très bon ouvrage de P.Y. Zarka, un spécialiste, qui montre de manière tout à fait convaincante comment, oui, la pensée de Schmitt amorce un subtil virage idéologique dans les années 33-35 pour s'orienter vers le nazisme, comment le concept strictement formel de l'Ennemi acquière progressivement un contenu beaucoup plus déterminé et spécifique. Et néanmoins, cela n'empêche aucunement La Notion de Politique, publié en 1932, d'être un ouvrage de base en science politique.
Evidemment, ceux qui jugent de la pensée et des idées en fonction de la biographie de leurs auteurs, ou ceux -plus nombreux- que la théorie du politique de Carl Schmitt n'arrange pas au regard de leurs propres convictions, s'efforcent de dénigrer l'auteur en rappelant perpétuellement qu'il a été nazi. Mais : Et alors ? Il n'y a que les petits enfants pour croire que qui lit le Capital risque de devenir un dangereux révolutionnaire, ou qui lit Être et Temps, se passionner pour la production du Zyklon B.
Que Heidegger appartienne au moins en partie à un environnement historico-politique, de l'Allemagne de l'Entre-deux-guerres, à ce qu'on peut appeler le courant Völkisch, c'est donc évident. Que sa pensée s'y résume, c'est superficiel. Et qu'on trouve malin et profond de ne plus envisager cette pensée qu'au travers de la catégorie du nazisme, lui qui a été écarté par les nazis dès 1934 -ils avaient peut-être leurs raisons, tout de même !- c'est tout simplement une bêtise.
Si je fais le parallèle avec la science politique : Carl Schmitt, voila un nazi, un vrai de vrai. Qui a exercé des responsabilités sous le IIIe Reich, et qui a été, pour cette raison, emprisonné après guerre. Il y a un très bon ouvrage de P.Y. Zarka, un spécialiste, qui montre de manière tout à fait convaincante comment, oui, la pensée de Schmitt amorce un subtil virage idéologique dans les années 33-35 pour s'orienter vers le nazisme, comment le concept strictement formel de l'Ennemi acquière progressivement un contenu beaucoup plus déterminé et spécifique. Et néanmoins, cela n'empêche aucunement La Notion de Politique, publié en 1932, d'être un ouvrage de base en science politique.
Evidemment, ceux qui jugent de la pensée et des idées en fonction de la biographie de leurs auteurs, ou ceux -plus nombreux- que la théorie du politique de Carl Schmitt n'arrange pas au regard de leurs propres convictions, s'efforcent de dénigrer l'auteur en rappelant perpétuellement qu'il a été nazi. Mais : Et alors ? Il n'y a que les petits enfants pour croire que qui lit le Capital risque de devenir un dangereux révolutionnaire, ou qui lit Être et Temps, se passionner pour la production du Zyklon B.
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Re: Pour ou Contre Heidegger.
Au-delà de la dérive relevée par Bergame (merci), le seul anathémisé ici, c'est moi, où je n'ai la cordialité de te répondre que de ce que tes outrances allégatrices révèlent à quel point tu lis mal et mélange tout. On pardonne plus aisément à l'insensé. De telle sorte que je ne puisse te répondre que ceci : on a perdu Heidegger dans ton propos, au profit d'éléments qui ne valent pas pour contre-arguments, doublés de ad hominem qui - chacun - vaudraient un topic ailleurs sur ce forum, afin de clarifier. Clarifier, peut-être, à condition que ça ne reste pas dans la veine délirante du dernier axolotl, comme tu sembles prédisposé à partir, neopilina. A savoir : tout ce dont traite justement ce paragraphe. Tant de préjugés négatifs laissent pantois, et font songer que - à la manière d'Emmanuel Faye devant Heidegger, mais en ridiculement modeste et bénin sur un forum - tu es simplement excité par te payer un homme. La seule chose qui me fait plaisir, là-dedans, c'est que tu estimes donc que j'en vaux la peine. Alors merci, neopilina - tout comme j'aurais pu remercier axolotl. Cela signifie donc que ces idées savent faire mouche, auprès de ceux précisément qu'elles visent essentiellement : les plus atteints d'humanitarisme aigu. La démocratie n'est pas le problème, mais l'ochlocratie ; l'humanisme n'est pas le problème, mais sa fallace humanitariste ; l'égalité de droits n'est pas le problème, mais l'égalitarisme ; j'en passe et des meilleures, grande folle.neopilina a écrit:Sauf que classiquement, c'est à dire bien avant ma naissance, on parle du " Poêle ", " d'Envolée de Murailles ", d'un auto-enfermement de la pensée philosophique, et que manifestement, ce n'est pas tes crises de nerfs logorrhéiques (débit, rythme et autre jargonite) qui vont y remédier.
Mais oui, bien sûr, Marx, hégélien pur sucre, ne claque pas la porte de l'académie, que je suis bête !! Sauf que réintroduire manu militari le Sujet, via l'Homo economicus, en envoyant promener la conscience de Soi, on a vu ce que ça pouvait donner, etc.
Moi par contre, je t'ai lu avec attention. Que ton " aristocratisme ", considéré sur pièces lors de ta petite tyrannie forumique, de très très très mauvais aloi, métal, origine, anathèmise l'humanisme, les droits de l'homme, la démocratie et l'égalité (i.e. en droits a priori), voilà qui s'entend très très bien, c'est carrément la moindre des choses.
Au hasard, parce que ce n'était pas une rhétorique ni un pouvoir de séduction, mais une rigueur intellectuelle ? ... Pourquoi est-ce que "les gentils antinazistes" (moi-même, je réprouve le nazisme ; cela ne fait pas de moi un antinaziste, c'est-à-dire un militant : le nazisme allemand est bel et bien mort ; le non-nazisme suffit, afin de garder la tête froide, ainsi qu'un Léo Strauss dans ses conférences Nihilisme et politique). Au final, les anti-Heidegger terminent toujours ès indignation, pour ne pas avoir à raisonner et s'en tenir à l'émoi. Cela les rassure quant à leur absence d'arguments. Car, si donc quelque chose fonctionne auprès d'éminences intellectuelles, c'est que ça fonctionne intellectuellement, point.hks a écrit:je ne peux pas défendre Heidegger et je le dis à morologue.
Toute une génération de philosophes français a été sous influence, je n'y peux rien de plus que le regretter...
et des gens très convenables, je pense à Henry Birault par exemple ou à Levinas
... comment cela a -t-il pu arriver?
Par quel pouvoir de séduction?
et rien ne pouvait y faire, ils étaient sous l'emprises de cette réthorique ...
Mais bon : l'antiréalisme ou - plus précisément, car c'est accordé trop de conscience à la démarche - le négréalisme (la négation de la réalité) est vivace. Je me demandais un soir, comment l'intelligence pouvait gagner contre la zumba, après être passé devant un club de gym à la musique dérisoire et aux sportifs trop funs pour être drôles (car le fun est un sérieux atroce). Et, ce soir-là, j'ai compris qu'un nazisme spirituel les animait : un esprit sain dans un corps sain, en dehors de toute éthique ancienne, mais bel et bien en toute certitude contemporaine. Comme les nazis, en leur temps. Ou, disons, des jeunesses hitlériennes pour adultes.
L'intéressant dans ces textes, c'est qu'ils pourraient décrire l'activité des ultraféministes, par exemple, ou encore des ultra-antiracistes contemporains (au point que ce sont eux, qui déploient le plus de réflexes d'analyses racialistes, morphotypiques, prêts à plaquer tous leurs préjugés ostracistes). Ou bien, des axolotl ou des neopilina, qui se croient autorisés de pouvoir me dénigrer, au nom d'une communauté de combat démocratiste.hks a écrit:je lis cet article, tout y est http://sens-public.org/article117.html
ça commence assez bienSi Heidegger a tant pensé la guerre (Krieg) sous les formes que sont le combat (Kampf), la lutte (Streit) ou encore la confrontation (Auseinandersetzung), notion forclose comme nous le verrons dans la reprise de la notion héraclitéenne de Polemos, c'est qu'en celle-ci se manifeste cette tension primordiale de l'homme vers son pouvoir-être, cette capacité qu'il a à être cet « au-delà de soi »[6] qui est aussi le mouvement même de sa propre transcendance. Existant en cette transcendance, c'est-à-dire tendu et en projet vers ce à dessein de quoi, ce qui pour lui fait monde, l'homme ouvre ainsi place en lui à ce « transcendens pur et simple »[7] qu'est l'être. Tel est le « là » de l'homme comme Dasein, « être-là » ouvrant le lieu où l'être en cette entente peut se desceller, le « là » de son être-au-monde se déployer et où il peut, dans le maintien même de ce auquel il tend, lui-même se déployer.
mais ça tourne vite assez malAussi s'agira-t-il pour nous tout d'abord de voir comment et en quelle mesure la guerre, telle qu'elle est conçue en sa dimension concrète, phénoménale, notamment à travers la notion de « communauté de combat », permet de penser la constitution, voire l'avènement d'une communauté historique déterminée, autrement dit, quels sont les « ressorts » qui rendent possible le rassemblement d'un être-ensemble, la genèse d'un peuple, communauté unifiée sur la base d'un monde commun, au point que puisse se dessiner l'idée d'un « destin » commun, d'une histoire collective qui lui est propre. L'intérêt de reparcourir, à rebours, une telle généalogie n'est pas tant ici d'examiner des postulats communs aux tenants de la Kriegsideologie du début du siècle (K. Jaspers, M. Weber, E. Jünger, C. Schmitt) [17], que de souligner ce qu'a de spécifique la réappropriation par Heidegger d'une thèse courante et particulièrement mise à l'honneur en Allemagne par certains mouvements de pensée de l'entre-deux-guerres, en la réinscrivant de façon décisive au sein de sa propre investigation telle qu'elle se donne en 1927, dans Etre et Temps. Condition de possibilité de l'avènement d'un peuple, de la constitution du rassemblement d'où peut émerger une communauté spécifique déterminée, la guerre est en effet dotée par Heidegger d'une dimension quasi transcendantale, jusqu'à être pensée à travers la notion de Polemos comme principe ontologique du mouvement lui-même à partir duquel sera pensable non seulement l'avènement et la figure d'un peuple, mais bien plus largement ce qui peut configurer historiquement un monde.
texte de Servanne Jollivet
Heidegger et son interprète Jollivet ont donc, résolument, raison.
...
Le débat digresse sur Dieu-Descartes-Kant, dans des termes trop extraits pour être substantiel, mais je soutiens hks résolument dans son sens historique, lorsqu'il relève que Saint Anselme était très d'actualité encore, pour Descartes. C'est notre historiographie, ensuite, qui pose une rupture historique qui, dans les expériences quotidiennes, n'était pas vécue. Bref, l'historiographie est de commodité d'exposition contemporaine.
...
Voilà.Bergame a écrit:Moi, je peux défendre Heidegger, au moins sur la base de l'article cité. Car Heidegger est loin d'être le seul intellectuel, philosophe, etc. dont la pensée conduit à envisager l'existence de communautés politiques, éventuellement en conflit les unes avec les autres. C'est même la grande majorité, puisque l'universalisme pacifique est récent dans l'histoire des idées. Tiens, si on devait lui trouver une borne temporelle, qu'est-ce qu'on dirait ? Les discours de W. Wilson au lendemain de la IWW, peut-être ?
Que Heidegger appartienne au moins en partie à un environnement historico-politique, de l'Allemagne de l'Entre-deux-guerres, à ce qu'on peut appeler le courant Völkisch, c'est donc évident. Que sa pensée s'y résume, c'est superficiel. Et qu'on trouve malin et profond de ne plus envisager cette pensée qu'au travers de la catégorie du nazisme, lui qui a été écarté par les nazis dès 1934 -ils avaient peut-être leurs raisons, tout de même !- c'est tout simplement une bêtise.
Si je fais le parallèle avec la science politique : Carl Schmitt, voila un nazi, un vrai de vrai. Qui a exercé des responsabilités sous le IIIe Reich, et qui a été, pour cette raison, emprisonné après guerre. Il y a un très bon ouvrage de P.Y. Zarka, un spécialiste, qui montre de manière tout à fait convaincante comment, oui, la pensée de Schmitt amorce un subtil virage idéologique dans les années 33-35 pour s'orienter vers le nazisme, comment le concept strictement formel de l'Ennemi acquière progressivement un contenu beaucoup plus déterminé et spécifique. Et néanmoins, cela n'empêche aucunement La Notion de Politique, publié en 1932, d'être un ouvrage de base en science politique.
Evidemment, ceux qui jugent de la pensée et des idées en fonction de la biographie de leurs auteurs, ou ceux -plus nombreux- que la théorie du politique de Carl Schmitt n'arrange pas au regard de leurs propres convictions, s'efforcent de dénigrer l'auteur en rappelant perpétuellement qu'il a été nazi. Mais : Et alors ? Il n'y a que les petits enfants pour croire que qui lit le Capital risque de devenir un dangereux révolutionnaire, ou qui lit Être et Temps, se passionner pour la production du Zyklon B.
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Re: Pour ou Contre Heidegger.
evidemment.Bergame a écrit:
Moi, je peux défendre Heidegger, au moins sur la base de l'article cité. Car Heidegger est loin d'être le seul intellectuel, philosophe, etc. dont la pensée conduit à envisager l'existence de communautés politiques, éventuellement en conflit les unes avec les autres.
Tu ne cites pas Fichte souvent cité et ses "discours à la nation allemande ".(et donc je le cite) encore qu'à le lire on y trouve tout autant un ouvrage apologétique de la pédagogie de Pestalozzi ... mais bref Fichte ce n'est pas Heidegger .
Et comme de Heidegger, je n'ai pas envie d'en parler je quitte ce fil de discussion .
hks- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 04/10/2007
Re: Pour ou Contre Heidegger.
Bergame a écrit:Ca va pas bien, non ?neopilina a écrit:Et on gardera ceci à l'esprit, comme parfaitement symptomatique, emblématique, résumée, de la dangerosité d'Heidegger, et de la tienne, dites par toi-même (on n'en demandait pas tant !) :Et on peut, dés lors, par exemple, dresser les plans de Treblinka.Morologue a écrit:Finalement, le souci d'être au monde, en tant qu'il ne se connaît pas comme conscience ou pensée, mais comme dispositivité-avenantialité, peut bien se passer de conscience et de pensée ; le Dasein n'en a pas besoin. CQFD.
Néopilina, avertissement 2/3
Bergame a écrit:Je suis tout à fait d'accord : Le troll ne se caractérise pas par ce qu'il dit, quelles idées il défend, mais par la manière dont il les défend. C'est la raison pour laquelle, sur Digression, on ne modère pas le contenu, mais le style.Vanleers a écrit:A mon avis, le troll de forum se caractérise moins par ce qu’il dit que par son style, tant il est vrai que « le style c’est l’homme ».
Ce qu’il dit peut être parfaitement sensé, intéressant, stimulant, mais c’est la façon dont il le dit qui pose problème.
Par son style, le troll instaure entre lui et les autres intervenants et même chez les intervenants entre eux des relations d’ego à ego.
Et cela pour sa plus grande jouissance mais qui nuit à la sérénité et à l’intérêt des débats.
Ouf ! Comme il n'y a que le style, et uniquement le style, qui est en cause, je vais faire très très attention à mon style, afin de poursuivre sur le contenu, le fond. Juste pour mon édification personnelle, j'avais un avertissement qui " traînait ", et donc oublié par moi, où c'est l'ampleur de la performance " stylistique ", " formelle ", qui m'en vaut deux d'un coup ?
Je reviens au sujet. A partir de cela :
Morologue a écrit:Finalement, le souci d'être au monde, en tant qu'il ne se connaît pas comme conscience ou pensée, mais comme dispositivité-avenantialité, peut bien se passer de conscience et de pensée ; le Dasein n'en a pas besoin. CQFD.
J'ai conclu ceci, je souligne :
neopilina a écrit:Et on gardera ceci à l'esprit, comme parfaitement symptomatique, emblématique, résumée, de la dangerosité d'Heidegger, et de la tienne, dites par toi-même (on n'en demandait pas tant !) : " citation ci-dessus de Morologue ". Et on peut, dés lors, par exemple, dresser les plans de Treblinka.
Je dis que la position exprimée par Morologue, qu'elle soit inconsciente ou consciente, verbalisée ou pas, explicite ou pas, qu'on ait lu Heidegger ou pas, chez le Sujet où elle vaut, où elle est effective, efficiente, rend possible (= "exemple ") Treblinka ou encore le goulag. Nous savons tous très bien qu'Heidegger, comme l'immense majorité des nazis, n'a jamais tenu un fusil au bord d'une fosse à faire des cartons sur des civils et/ou des prisonniers de guerre, etc., et pour cause, ils en étaient tous parfaitement incapables. Nous savons par la hiérarchie même de ceux qui ont réalisés ces actes, que ces hommes étaient gravement affectés (suicides, alcoolisme extrême, troubles psychiatriques, etc.), d'où la nécessité éprouvée, exprimée, de mettre de la distance entre l'assassin et la victime (en plus, pour être complet, des problèmes de " rendement ", de " production "). Par exemple, le christianisme, ça peut donner, selon l'individu, Saint François ou Torquemada. Voilà ce que je dis, et ça vaut pour la pensée, la philosophie, et la métaphysique, parce que via son Souci, etc., etc., il y a bien métaphysique, Projet, pour l'Homme, d'Heidegger. Et Heidegger, sa moustache, entre autres, pour faire vite, ne me fait pas penser à Saint François.
_________________
" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: Pour ou Contre Heidegger.
Quel lien de causalité explicite ? Ou même seulement quelle corrélation ? ... Le souci d'être au monde se passe-t-il de Mitsein (être-avec) ? ... Tu ne dis que de la daube, bonne à hystériser les faibles, après t'être auto-hystérisé tout seul comme un grand, ainsi que savent très bien faire les démocratistes. Mais, comme hks, tu n'as pas envie de parler de Heidegger, et en l'occurrence de tes phobies hystérisantes devant Heidegger. Tout cela "est- inauthentiquement -dans-la-moyenne en impropre", tout de "frivolité", d'"équivoque" et de seule "curiosité".
Voir aussi : Heidegger, le nazisme et la philosophie : nuances (et commentaires)
Voir aussi : Heidegger, le nazisme et la philosophie : nuances (et commentaires)
Re: Pour ou Contre Heidegger.
Morologue a écrit:Quel lien de causalité explicite ? Ou même seulement quelle corrélation ? ... Le souci d'être au monde se passe-t-il de Mitsein (être-avec) ? ... Tu ne dis que de la daube, bonne à hystériser les faibles, après t'être auto-hystérisé tout seul comme un grand, ainsi que savent très bien faire les démocratistes. Mais, comme hks, tu n'as pas envie de parler de Heidegger, et en l'occurrence de tes phobies hystérisantes devant Heidegger.
Mais moi j'ai envie de parler d'Heidegger, je l'ai lu, et toute peine mérite salaire. Fais gaffe quand tu parles d'hystérie : voir ci-dessus.
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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 31/10/2009
Re: Pour ou Contre Heidegger.
La petite moustache était de mode même en France ou aux USA, à l'époque.
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Les absents ont toujours tort.
Re: Pour ou Contre Heidegger.
neopilina a écrit:Bergame a écrit:Ca va pas bien, non ?neopilina a écrit:Et on gardera ceci à l'esprit, comme parfaitement symptomatique, emblématique, résumée, de la dangerosité d'Heidegger, et de la tienne, dites par toi-même (on n'en demandait pas tant !) :Et on peut, dés lors, par exemple, dresser les plans de Treblinka.Morologue a écrit:Finalement, le souci d'être au monde, en tant qu'il ne se connaît pas comme conscience ou pensée, mais comme dispositivité-avenantialité, peut bien se passer de conscience et de pensée ; le Dasein n'en a pas besoin. CQFD.
Néopilina, avertissement 2/3Bergame a écrit:Je suis tout à fait d'accord : Le troll ne se caractérise pas par ce qu'il dit, quelles idées il défend, mais par la manière dont il les défend. C'est la raison pour laquelle, sur Digression, on ne modère pas le contenu, mais le style.Vanleers a écrit:A mon avis, le troll de forum se caractérise moins par ce qu’il dit que par son style, tant il est vrai que « le style c’est l’homme ».
Ce qu’il dit peut être parfaitement sensé, intéressant, stimulant, mais c’est la façon dont il le dit qui pose problème.
Par son style, le troll instaure entre lui et les autres intervenants et même chez les intervenants entre eux des relations d’ego à ego.
Et cela pour sa plus grande jouissance mais qui nuit à la sérénité et à l’intérêt des débats.
Ouf ! Comme il n'y a que le style, et uniquement le style, qui est en cause, je vais faire très très attention à mon style, afin de poursuivre sur le contenu, le fond. Juste pour mon édification personnelle, j'avais un avertissement qui " traînait ", et donc oublié par moi, où c'est l'ampleur de la performance " stylistique ", " formelle ", qui m'en vaut deux d'un coup ?
Je reviens au sujet. A partir de cela :Morologue a écrit:Finalement, le souci d'être au monde, en tant qu'il ne se connaît pas comme conscience ou pensée, mais comme dispositivité-avenantialité, peut bien se passer de conscience et de pensée ; le Dasein n'en a pas besoin. CQFD.
J'ai conclu ceci, je souligne :neopilina a écrit:Et on gardera ceci à l'esprit, comme parfaitement symptomatique, emblématique, résumée, de la dangerosité d'Heidegger, et de la tienne, dites par toi-même (on n'en demandait pas tant !) : " citation ci-dessus de Morologue ". Et on peut, dés lors, par exemple, dresser les plans de Treblinka.
Je dis que la position exprimée par Morologue, qu'elle soit inconsciente ou consciente, verbalisée ou pas, explicite ou pas, qu'on ait lu Heidegger ou pas, chez le Sujet où elle vaut, où elle est effective, efficiente, rend possible (= "exemple ") Treblinka ou encore le goulag. Nous savons tous très bien qu'Heidegger, comme l'immense majorité des nazis, n'a jamais tenu un fusil au bord d'une fosse à faire des cartons sur des civils et/ou des prisonniers de guerre, etc., et pour cause, ils en étaient tous parfaitement incapables. Nous savons par la hiérarchie même de ceux qui ont réalisés ces actes, que ces hommes étaient gravement affectés (suicides, alcoolisme extrême, troubles psychiatriques, etc.), d'où la nécessité éprouvée, exprimée, de mettre de la distance entre l'assassin et la victime (en plus, pour être complet, des problèmes de " rendement ", de " production "). Par exemple, le christianisme, ça peut donner, selon l'individu, Saint François ou Torquemada. Voilà ce que je dis, et ça vaut pour la pensée, la philosophie, et la métaphysique, parce que via son Souci, etc., etc., il y a bien métaphysique, Projet, pour l'Homme, d'Heidegger. Et Heidegger, sa moustache, entre autres, pour faire vite, ne me fait pas penser à Saint François.
Lu et approuvé.
.
Emmanuel- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 1321
Date d'inscription : 05/08/2018
Re: Pour ou Contre Heidegger.
Bis repetita.
Mais c'est drôle, comme on m'assimile à Heidegger, quand je ne fais que chercher à le comprendre, à la manière - par exemple - d'un Emmanuel Lévinas ou, plus récemment, d'un Alain Finkielkraut.Morologue a écrit:Quel lien de causalité explicite ? Ou même seulement quelle corrélation ? ... Le souci d'être au monde se passe-t-il de Mitsein (être-avec) ? ... Tu ne dis que de la daube, bonne à hystériser les faibles, après t'être auto-hystérisé tout seul comme un grand, ainsi que savent très bien faire les démocratistes. Mais, comme hks, tu n'as pas envie de parler de Heidegger, et en l'occurrence de tes phobies hystérisantes devant Heidegger. Tout cela "est- inauthentiquement -dans-la-moyenne en impropre", tout de "frivolité", d'"équivoque" et de seule "curiosité".
Voir aussi : Heidegger, le nazisme et la philosophie : nuances (et commentaires)
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Les absents ont toujours tort.
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