Qu'est-ce que la philosophie ?
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Christianisme ? Euh non, pas du tout, j'ai parlé d'hindouisme...Bergame a écrit:Chapati, ta représentation du concept de "religion" emprunte, semble-t-il, beaucoup au christianisme. La religion contre la philosophie, c'est Giordano Bruno, c'est Galilée, c'est le XIXe s. Ce schéma s'adapte mal à la période grecque, et c'est peut-être aussi cela que Vanleers veut te dire -puisqu'on en est réduit à essayer de deviner ses arguments.
En fait j'amalgame - peut-être hâtivement - deux polythéismes, sur l'idée que je me fais de ce qu'il y a de commun dans le polythéisme.
Ça vient aussi du fait que je me méfie complètement de l'idée qu'on aujourd'hui les occidentaux de la religion dans les pays où elle tient encore lieu de "philosophie", si l'on peut dire : je crois voir comment ils ne comprennent rien à l'hindouisme (ou l'islam), et j'extrapole en me disant que rien ne permet de penser qu'ils comprendraient quoi que ce soit du polythéisme grec (peut-être à tort, j'en sais rien).
Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
mais non... dès l'origine du christianisme les philosophes chrétiens distinguent leur activité philosophique ... et justement en ce qu'ils se réclament des grecs... c'est leur héllénisme.bergame a écrit:Chapati, ta représentation du concept de "religion" emprunte, semble-t-il, beaucoup au christianisme. La religion contre la philosophie, c'est Giordano Bruno, c'est Galilée, c'est le XIXe s.
les philosophes grecs de l' époque( néoplatoniciens) étaient très remontés contre cette religion autant que par cette réappropriation de la philosophie par les chrétiens .
Plotin a écrit:ils emploient des mots vides de sens, inventés uniquement pour donner du corps à leur secte ; car c'est faute d'avoir compris l'antique sagesse des Grecs qu'ils imaginent de telles fictions. Les Grecs avaient parlé avant eux, avec clarté et simplicité, des ascensions des âmes qui sortent de la caverne et qui s'élèvent insensiblement à une contemplation plus vraie. Des dogmes qui composent la doctrine de ces hommes, les uns sont dérobés à Platon; les autres, qu'ils inventent afin d'avoir un système propre, sont des innovations contraires à la vérité.
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
A la question « Qu’est-ce que la philosophie ? », il me paraît intéressant de donner la réponse de Descartes dans la Lettre-préface des Principes de la philosophie.
Les choses à savoir, selon Descartes, concernent ce qu’il appelle ailleurs (dans le Discours de la méthode) la Morale, la Médecine et la Mécanique.
Ce sont les trois fruits que porte l’arbre de la philosophie, la Métaphysique en constituant les racines et la Physique le tronc.
A noter que Descartes, comme Spinoza plus tard, pose qu’il est nécessaire de commencer par la recherche des premières causes.
Descartes a écrit: Ce mot philosophie signifie l’étude de la sagesse, et par la sagesse on n’entend pas seulement la prudence dans les affaires, mais une parfaite connaissance de toutes les choses que l’homme peut savoir, tant pour la conduite de sa vie que pour la conservation de sa santé et l’invention de tous les arts ; et afin que cette connaissance soit telle, il est nécessaire qu’elle soit déduite des premières causes, en sorte que pour étudier à l’acquérir, ce qui se nomme proprement philosopher, il faut commencer par la recherche de ces premières causes, c’est-à-dire des principes ; et que ces principes doivent avoir deux conditions : l’une qu’ils soient si clairs et si évidents que l’esprit humain ne puisse douter de leur vérité, lorsqu’il s’applique avec attention à les considérer ; l’autre, que ce soit d’eux que dépende la connaissance des autres choses, en sorte qu’ils puissent être connus sans elles, mais non pas réciproquement elles sans eux…
Les choses à savoir, selon Descartes, concernent ce qu’il appelle ailleurs (dans le Discours de la méthode) la Morale, la Médecine et la Mécanique.
Ce sont les trois fruits que porte l’arbre de la philosophie, la Métaphysique en constituant les racines et la Physique le tronc.
A noter que Descartes, comme Spinoza plus tard, pose qu’il est nécessaire de commencer par la recherche des premières causes.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Moi je vois là la description d'un type qui nous dit ce que devrait être la philosophie... et qui rêve d'un système d'où, à partir de bases irréfutables, on pourrait déduire un savoir universel qui nous rendrait sages voire heureux.
Conception très personnelle en fait.
On peut rêver mais commencer par dire qu'il faudrait commencer par trouver les premières bases, c'est commencer par une très éventuelle conclusion.
Bref, on anticipe une explication formelle qui tienne lieu de solution à un problème à peine défini. Autant dire que la philosophie n'est plus qu'un savoir comme un autre, à l'instar d'une science qui traiterait les problèmes des hommes par quelque formule mathématique.
Les types étaient drôlement sûrs d'eux quand même, à l'époque !
Conception très personnelle en fait.
On peut rêver mais commencer par dire qu'il faudrait commencer par trouver les premières bases, c'est commencer par une très éventuelle conclusion.
Bref, on anticipe une explication formelle qui tienne lieu de solution à un problème à peine défini. Autant dire que la philosophie n'est plus qu'un savoir comme un autre, à l'instar d'une science qui traiterait les problèmes des hommes par quelque formule mathématique.
Les types étaient drôlement sûrs d'eux quand même, à l'époque !
Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
chapati a écrit:Moi je vois là la description d'un type qui nous dit ce que devrait être la philosophie...
Par rapport à ce que tu écris plus bas...
Est-ce que la médecine "devrait" être ce qui nous rendrait immortels, et les sciences de l'énergie ce qui devrait nous assurer une énergie infinie ? Est-ce que, pire, la physique devrait être (entre autre) ce qui nous permet de traverser le temps et l'espace ?
Si on ne peut pas penser une philosophie parfaite, si c'est absurde, si c'est manquer de réalité, de réalisme, que de prétendre à un savoir absolu, cela a-t-il encore un sens de dire que la philosophie devrait être ce qu'elle n'est pas et ne peut (légitimement) prétendre à être ?
De façon réaliste, la philosophie devrait se pratiquer avec bonne volonté, etc. Et, pour moi, bien philosopher, c'est quelque chose de possible, alors qu'il n'est pas évident qu'on puisse un jour aboutir à quelque chose de véritablement assuré en philosophie. La philosophie devrait être ce qu'elle peut être, et non ce que de toute façon elle ne peut être...non ?
- Tout ceci soit dit en passant.
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Si je comprends bien ce que tu dis, ma réponse est : mais j'aime bien l'utopie moi, je suis sûrement pas celui qui s'engagera à fond dans le pragmatisme.
Je n'affirme pas des limites réalistes ou je-ne-sais quoi dont j'aurais le secret, je dis au contraire que si on la définit comme le fait Descartes, c'est justement comme ça qu'on la limite !
On dirait d'ailleurs que Descartes confond philosophie avec système philosophique... bref ce qu'il entend par philosopher n'est pas ce que moi j'entends par là. Et en bon philosophe il devrait au moins dire qu'il énonce là les buts (ou l'idéal) de ce qu'est pour lui la philo... et non "ce qui se nomme proprement philosopher" (sic)
C'est pour moi un minimum auquel il ne souscrit pas...
Je n'affirme pas des limites réalistes ou je-ne-sais quoi dont j'aurais le secret, je dis au contraire que si on la définit comme le fait Descartes, c'est justement comme ça qu'on la limite !
On dirait d'ailleurs que Descartes confond philosophie avec système philosophique... bref ce qu'il entend par philosopher n'est pas ce que moi j'entends par là. Et en bon philosophe il devrait au moins dire qu'il énonce là les buts (ou l'idéal) de ce qu'est pour lui la philo... et non "ce qui se nomme proprement philosopher" (sic)
C'est pour moi un minimum auquel il ne souscrit pas...
Dernière édition par chapati le Mar 28 Mar 2017 - 19:22, édité 1 fois
Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
rêveur a écrit:De façon réaliste, la philosophie devrait se pratiquer avec bonne volonté, etc.
chapati a écrit:Les types étaient drôlement sûrs d'eux quand même, à l'époque !
Descartes a probablement compris qu'il ne pouvait pas aboutir dans cette voie.
Il est a un moment lucide sur la disjonction entre l'expérimentable et le déductible "philosophico-mathématqiue ".
Autant les mathématiques sont déductibles a priori sans expérience autant pas la physique ou la physiologie.
je citeDescartes rêve d'étendre la certitude mathématique à l'ensemble du savoir, de fonder une mathesis universalis, une mathématique universelle. L'espoir en cette science se trouve chez lui dès 1619, et l'idée d'un ordre unique des connaissances, analogue à l'ordre mathématique, domine les Règles pour la direction de l'esprit.
Alfred Fouillée a écrit:Descartes se formait, on le voit, une idée très exacte des conditions de la science ; beaucoup de nos contemporains s’en font une bien moins parfaite. Son tort est d’avoir préféré trop exclusivement l’ordre déductif à l’ordre inductif. Il va, comme on l’a dit, du centre à la circonférence, du principe aux faits, au lieu d’aller de la circonférence au centre, des faits au principe. D’un seul coup, il se place à la source de toutes choses et prétend en voir sortir, pour le suivre en ses détours, le torrent sans fin des phénomènes.
Après l’expérience du Puy-de-Dôme (17 août 1619), Descartes écrit à Carcavi : « J’avais quelque intérêt de savoir cette expérience, » cause que c’est moi qui avais prié M. Pascal, il y a deux ans, de la vouloir faire ; et je l’avais assuré du succès, comme étant entièrement conforme à mes principes( quand même!!), sans quoi il n’aurait eu garde d’y penser, à cause qu’il était d’opinion contraire.
Dernière édition par hks le Mar 28 Mar 2017 - 19:22, édité 1 fois
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
" S'il n'y avait rien, il n'y aurait même pas cela : cette formule, etc. ".
Il y a du " est ", tout un tas même, le " est " de ce qu'on veut, des mammouths violets par exemple, par la seule grâce de ma fantaisie, ou encore une théière en orbite, le mensonge, l'erreur, etc., sont, existent en tant que tels, nul besoin du Non-Être, Platon peut remballer le Sophiste. Les " est " acquis, conquis, assuré, on a donc plein de trucs qui sont, d'une manière ou d'une autre. A partir de là, parler d'attributs n'est-il pas réducteur. Il y a des " attributs " essentiels, constitutifs, d'autres moins. Dans le cas des premiers, " attributs " est-il le plus pertinent ?
Il y a du " est ", tout un tas même, le " est " de ce qu'on veut, des mammouths violets par exemple, par la seule grâce de ma fantaisie, ou encore une théière en orbite, le mensonge, l'erreur, etc., sont, existent en tant que tels, nul besoin du Non-Être, Platon peut remballer le Sophiste. Les " est " acquis, conquis, assuré, on a donc plein de trucs qui sont, d'une manière ou d'une autre. A partir de là, parler d'attributs n'est-il pas réducteur. Il y a des " attributs " essentiels, constitutifs, d'autres moins. Dans le cas des premiers, " attributs " est-il le plus pertinent ?
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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
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neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
humm sur le fil Spinoza non?neopilina a écrit:A partir de là, parler d'attributs n'est-il pas réducteur
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
chapati, je me disais bien que j'avais été ambigu. Par savoir absolu, je ne voulais pas dire savoir infiniment étendu, je voulais dire savoir assuré... En fait, tout simplement, je parlais de la philosophie telle que la présente Descartes...celle dont tu dis que c'est ce que la philosophie devrait être. C'était seulement pour dire que pour soutenir cela, que la philosophie devrait être ce que présente Descartes, il faudrait que tu admettes celle-ci possible (or il semble bien que tu la critiques).
Mais j'ai conclu "ceci soit dit en passant", parce qu'on reste dans la formule. Je ne dirais pas que je tatillonne seulement, parce qu'à force de distinguer le sérieux du non sérieux, d'en rester toujours aux mêmes discussions, de ne pas s'intéresser aux détails, de ne s'intéresser qu'aux grandes confrontations, grandes idées contre grandes idées, on en vient souvent à se balancer des opinions sans vraiment se préoccuper de ce que dit l'autre. C'est un constat qu'on fait souvent, mais on cherche peu à en donner les raisons. On dit : parce que c'est comme ça, nous sommes des humains, etc., et puis les autres etc. Mais il y a un moment où il faut dire où on pèche dans le concret. Je propose ici une petite piste, que je donne ceci soit dit en passant (en l'occurrence parce que c'est une digression).
Mais j'ai conclu "ceci soit dit en passant", parce qu'on reste dans la formule. Je ne dirais pas que je tatillonne seulement, parce qu'à force de distinguer le sérieux du non sérieux, d'en rester toujours aux mêmes discussions, de ne pas s'intéresser aux détails, de ne s'intéresser qu'aux grandes confrontations, grandes idées contre grandes idées, on en vient souvent à se balancer des opinions sans vraiment se préoccuper de ce que dit l'autre. C'est un constat qu'on fait souvent, mais on cherche peu à en donner les raisons. On dit : parce que c'est comme ça, nous sommes des humains, etc., et puis les autres etc. Mais il y a un moment où il faut dire où on pèche dans le concret. Je propose ici une petite piste, que je donne ceci soit dit en passant (en l'occurrence parce que c'est une digression).
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Rêveur- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Non mais "possible", je m'en fiche moi de ce qui serait "possible" (j'en sais rien).
Je dis simplement et répète par contre qu'en bon philosophe il devrait au moins dire qu'il énonce là les buts (ou l'idéal) de ce qu'est pour lui la philo... et non "ce qui se nomme proprement philosopher" (sic)
... et je répète encore : lui assigner un tel but, c'est réduire la philo ! (par exemple, la philo doit s'interroger sur ce qu'est la sagesse, ce qu'est le savoir, la connaissance, pourquoi on la ou les désire etc)
Je dis simplement et répète par contre qu'en bon philosophe il devrait au moins dire qu'il énonce là les buts (ou l'idéal) de ce qu'est pour lui la philo... et non "ce qui se nomme proprement philosopher" (sic)
... et je répète encore : lui assigner un tel but, c'est réduire la philo ! (par exemple, la philo doit s'interroger sur ce qu'est la sagesse, ce qu'est le savoir, la connaissance, pourquoi on la ou les désire etc)
Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Descartes a écrit:
Ce mot philosophie signifie l’étude de la sagesse, et par la sagesse on n’entend pas seulement la prudence dans les affaires, mais une parfaite connaissance de toutes les choses que l’homme peut savoir, tant pour la conduite de sa vie que pour la conservation de sa santé et l’invention de tous les arts ; et afin que cette connaissance soit telle, il est nécessaire qu’elle soit déduite des premières causes, en sorte que pour étudier à l’acquérir, ce qui se nomme proprement philosopher, il faut commencer par la recherche de ces premières causes, c’est-à-dire des principes ; et que ces principes doivent avoir deux conditions : l’une qu’ils soient si clairs et si évidents que l’esprit humain ne puisse douter de leur vérité, lorsqu’il s’applique avec attention à les considérer ; l’autre, que ce soit d’eux que dépende la connaissance des autres choses, en sorte qu’ils puissent être connus sans elles, mais non pas réciproquement elles sans eux…
Parfait./
C'est simple, soit l'on commence par un enseignement adéquat qui nous permet une approche des principes, soit c'est très exactement là que l'on se retrouve après avoir fait le tour de la philo qui ignorerait cette première étape.( c'est au choix...)
maraud- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
(
J'aime beaucoup cette définition de Descartes, elle rappelle à l'Occidental que la philosophie et la sagesse étaient liées, et ce, aussi, chez nous. Je l'aime bien Descartes, et qui aime bien châtie bien, le cogito en l'état n'est rien de moins qu'une malédiction qui a terriblement compromis la suite en philosophie ( Idéalismes etc. ). Il est avenant, etc., presque obséquieux, du coup, endormi par ses bonnes manières, on peut très facilement le rater, il est de ceux qu'on lit retranché du Monde, en tous cas pour moi. En fait, il est redoutable. Il y a quelques décennies on parlait du théorème de Fermat, et puis sa correspondance avec Fermat et d'autres savants de l'époque ( Et à cause des dangers encourus, la philosophie est alors très discrète, épistolaire. Descartes apprenant la condamnation de Galilée reportera une publication, etc. ) a été édité ou réédité ( Je ne sais plus. ) et on y voit Fermat se faire accrocher par Descartes à propos du dit théorème, il l'accroche tellement bien qu'à la suite on changera " théorème " pour " conjecture ", jusqu'à démonstration il y a seulement quelques années.
)
J'aime beaucoup cette définition de Descartes, elle rappelle à l'Occidental que la philosophie et la sagesse étaient liées, et ce, aussi, chez nous. Je l'aime bien Descartes, et qui aime bien châtie bien, le cogito en l'état n'est rien de moins qu'une malédiction qui a terriblement compromis la suite en philosophie ( Idéalismes etc. ). Il est avenant, etc., presque obséquieux, du coup, endormi par ses bonnes manières, on peut très facilement le rater, il est de ceux qu'on lit retranché du Monde, en tous cas pour moi. En fait, il est redoutable. Il y a quelques décennies on parlait du théorème de Fermat, et puis sa correspondance avec Fermat et d'autres savants de l'époque ( Et à cause des dangers encourus, la philosophie est alors très discrète, épistolaire. Descartes apprenant la condamnation de Galilée reportera une publication, etc. ) a été édité ou réédité ( Je ne sais plus. ) et on y voit Fermat se faire accrocher par Descartes à propos du dit théorème, il l'accroche tellement bien qu'à la suite on changera " théorème " pour " conjecture ", jusqu'à démonstration il y a seulement quelques années.
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Dernière édition par neopilina le Mer 29 Mar 2017 - 2:16, édité 1 fois
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neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Descartes était sur la bonne voie. Le tribunal de l'histoire, de la postérité, ne se trompent jamais ( Rappelons qu'a posteriori c'est toujours facile. ). C'est un peu triste de le dire ainsi, mais une édition originale du " Discours " atteint des sommets qu'aucun ouvrage de Spinoza, Pascal, Leibniz, ne saurait atteindre. Descartes partage encore un trait avec les Grecs, qui voulaient être à la fois scientifiques et philosophes, alors qu'il est un des pères majeurs de la science. En dernier lieu, Parménide, Zénon, Platon, Aristote, Leibniz ( Peut être Spinoza : je ne suis pas assez qualifié pour me prononcer. ) échouent parce qu'ils n'entérinent pas assez cette différence fondamentale entre sens et Sens.
P.S. à hks,
Je te réponds plus tard, .
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neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Avec L. Wittgenstein je dis :
Et ce n'est que par une compréhension des potentialités et limites du langage, invitant à bien dire ce qui peut être dit, qu'elle y parvient.
- "La philosophie est une activité de clarification logique des pensées. Son but et son utilité n'est pas de produire des thèses philosophiques."
Et ce n'est que par une compréhension des potentialités et limites du langage, invitant à bien dire ce qui peut être dit, qu'elle y parvient.
de Mégare- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
C’est un leitmotiv chez Wittgenstein.
Voir, par exemple, ce qu’il en dit dans le Big Typescript.
Je donne un court extrait du paragraphe 90 :
Voir, par exemple, ce qu’il en dit dans le Big Typescript.
Je donne un court extrait du paragraphe 90 :
Wittgenstein a écrit: On ne cesse d’entendre répéter que la philosophie ne fait pas réellement de progrès, et que les problèmes philosophiques auxquels les Grecs avaient déjà affaire nous occupent encore aujourd’hui. Mais ceux qui disent cela ne comprennent pas la raison pour laquelle il doit en être ainsi. C’est que notre langage est resté le même, et qu’il nous fourvoie toujours vers les mêmes questions. Aussi longtemps qu’il y aura un verbe « être » fonctionnant apparemment comme « manger » ou « boire », aussi longtemps que nous aurons des adjectifs comme « identique », « vrai », « faux », « possible », aussi longtemps que nous parlerons du flux du temps ou de l’extension de l’espace, etc., etc., les hommes continueront de se heurter aux mêmes difficultés énigmatiques en fixant de leur regard quelque chose qu’aucune explication ne semble à même d’évacuer.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Merci pour cet extrait très à propos.Vanleers a écrit:C’est un leitmotiv chez Wittgenstein.
Voir, par exemple, ce qu’il en dit dans le Big Typescript.
Je donne un court extrait du paragraphe 90 :Wittgenstein a écrit: On ne cesse d’entendre répéter que la philosophie ne fait pas réellement de progrès, et que les problèmes philosophiques auxquels les Grecs avaient déjà affaire nous occupent encore aujourd’hui. Mais ceux qui disent cela ne comprennent pas la raison pour laquelle il doit en être ainsi. C’est que notre langage est resté le même, et qu’il nous fourvoie toujours vers les mêmes questions. Aussi longtemps qu’il y aura un verbe « être » fonctionnant apparemment comme « manger » ou « boire », aussi longtemps que nous aurons des adjectifs comme « identique », « vrai », « faux », « possible », aussi longtemps que nous parlerons du flux du temps ou de l’extension de l’espace, etc., etc., les hommes continueront de se heurter aux mêmes difficultés énigmatiques en fixant de leur regard quelque chose qu’aucune explication ne semble à même d’évacuer.
Si ce que dit ici Wittgenstein est pertinent, la philosophie a pour tâche d'épurer le langage de toute ambiguïté, dans la mesure du possible...
de Mégare- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Si l'on en croit le propos cartésien apporté par Vanleers, la question se déplace : si la sagesse est parfaite connaissance, voilà qu'on s'interrogera sur les natures de la perfection et de la connaissance. C'est évident : sans l'aide d'un étalon de valeur absolu, impossible d'être jamais sûr. Mais Descartes comptait sur le bon sens, chose du monde si bien partagée que chacun voit surtout midi à sa porte, inextricablement. Reste que Descartes, empiriste intellectuel surtout dans la démarche, rebelle à la tradition, insuffle aux sciences modernes leurs prétentions devant ce qui s'appelait encore la philosophie naturelle, jusqu'au XIXème siècle : c'est surtout une posture (Goodman).
Ensuite il y a chapati qui est assez synthétique, entre sagesse ésotérique et sagesse morale : cette sagesse qui fait passer pour un bizarre initié, et cette autre sagesse fruit d'une vie dont on a su tirer des leçons et une mesure - initiation tactique.
C'est ainsi que maraud pouvait parler d'une sagesse consistant à nier le savoir, aux antipodes de Descartes - sagesse comme humilité, forme spécifique de l'initiation tactique, pouvant revêtir les traits de l'ésotérisme, quand c'est relié à l'ascèse religieuse, etc.
On retrouve tout cela dans la définition de sagesse d'ailleurs. A-t-on avancé ? Le philosophe alors, comme amateur, amoureux ou aspirant à la sagesse, a-t-il loupé une étape ou mal compris quelque chose, qui l'empêcherait d'être un sage ? Et n'est-il pas déjà sage, au fond, de philosopher plutôt que d'assurer une sagesse - assurance, certainement par vanité aussi alors, donc au prix de la connaissance ?
L'étymologie, ici, est fort à même de nous renseigner, puisque ça nous renvoie en cette époque de l'Histoire dont nous avons hérité de la philosophie : sagesse vient de sapiens. Homo sapiens, l'animal sage "par nature" ? ... C'est ce que contredira le premier quidam venu. Oui mais, s'il est sage "par nature", sage de quoi, et par rapport à quoi, et surtout pourquoi, et pour quoi ? ... Probablement, plus sage que les autres animaux. Le néocortex y est pour quelque chose, et toutes les techniques inhérentes, dont il s'est doté, pour le meilleur et pour le pire.
Oui mais, meilleur et pire, selon quels critères ? ... Car c'était précisément le pire, selon certains critères pacifistes, hédonistes et écologistes, qui faisait douter de la sagesse d'homo sapiens. En tout cas, ces techniques nécessitent des connaissances. Mais par connaissances là, on songe aux faire-savoir, savoir-faire et savoir-vivre.
Allons plus loin : sapiens vient du verbe sapio, je sens, et sapiens qualifie ce qui a du goût, qui mesure, qui connaît. Aussi la sagesse renvoie soudainement à l'évaluation, au discernement, à la justesse. Il y a un avoyage et un ajustement nécessaires de l'appréhension psychique, nerveuse (mentale et comportementale réunies). C'est-à-dire qu'est sage, qui fait preuve de sagacité ; et est philosophe, celui qui exerce sa sagacité.
En soi, la philosophie comme discipline, se définirait très exactement comme cet exercice de sagacité.
Où l'on n'a plus besoin de critères, d'étalons de valeur : la sagacité est une compétence psychologique pouvant tourner seule, en autonomie, et capable donc de définir ses propres échelles.
C'est Protagoras, l'homme mesure de toutes choses ; et Platon ne vient encontre que pour affirmer qu'il y a une absoluité sur laquelle procéder à l'alignement de notre sagacité (tout comme nos imprimantes nécessitent d'aligner leurs têtes d'impression). Seulement, la posture (Goodman) platonicienne nous renvoie au problème cartésien ; inversement, la posture protagorassienne nous envoie au problème de la relativité.
Autant de vieux problèmes ; mais une scie à ruban nous tranche à tous le bras. Platon avait raison ? ... A condition qu'on y passe le bras ... Et les fakirs, le contre-argument est-il recevable ? Pourquoi tenir autant à nos bras ? ... Ces questions sont-elles aussi insensées qu'il n'y paraît ? Alors pourquoi le transhumanisme, dans ce cas ? ... Protagoras est de retour devant Platon, jusqu'à quel point ?
L'étymologie de sapio, je sens, est précisément l'indo-européen *sap, sentir. Où la sagesse est une affaire ... de sentiment. De sentiment, oui, à condition qu'on ne le réfère pas qu'à l'émotion, mais aussi à la sensation, car le terme recouvre ces éléments-là aussi.
En tout cas, ça nous éloigne d'un raisonnement pur, vous savez, cet espèce de positivisme ou empirio-rationalisme dans lequel nous avons tendance à baigner, aujourd'hui (sans parler du "kantisme de droit commun", stigmatisant sujet et objet).
En tout cas, à travers mon raisonnement depuis le début de ce poste, se dégage le sens de σοφία (sophia). Or σοφία, c'est l'habileté manuelle que ce soit dans les arts mécaniques ou dans l'art de jouer un instrument ; le savoir, la science ; la sagesse, la pratique, la prudence ; et même l'habileté, la malignité, la ruse. Autant de sagacités ? ...
En tout cas, fondamentalement, existentiellement, cela nous renvoie à la nécessité de nous adapter. En fait, philosopher renverrait à la concentration originelle de la personne désireuse de (sur)vivre, et sans laquelle elle ne parviendrait à rien, déployant ainsi des arts & métiers, faire-savoir, savoir-faire et savoir-vivre. En quoi philosopher est d'abord et avant tout expérienciel. Ce qui nous renvoie aux trois posteurs cités ci-dessus : Vanleers, chapati et maraud.
Philosopher est avant tout un moment tréfondamental de l'expérience humaine, originel. Or, si tout le monde ne philosophe pas au sens où ça demande une concentration et l'exercice de la sagacité, c'est précisément parce que des philosophes (s'ignoreraient-ils comme "philosophes" : des politiques, des religieux, des techniciens, des inventeurs, des concepteurs, etc.) ont généré un monde duquel hérita le commun des mortels, et duquel on peut vivre, et dans lequel on peut (se) laisser vivre, sans philosopher.
Bref, la philosophie est alors la source de tous les (dé)conditionnements et reconditionnements, jusque dans les productions les plus triviales, à condition de se concentrer et exercer sa sagacité*.
Vous ne trouvez pas que cela manque, par les temps qui courent ? ^^
Enfin mine de rien, les philosophants médiatques aident ou cherchent à aider, et à aiguiller hélas certes aussi.
______________
* Et même si l'on s'ignore comme "philosophe", et même - aussi - si l'on n'a aucune originalité et qu'à ce titre on ne finira jamais au "panthéon des philosophes". D'ailleurs, la concentration et l'exercice de sagacité premiers, indiquent qu'on ne peut pas raisonnablement surclasser ce panthéon comme par magie - au hasard : par la "magie" de la liberté d'expression ...
Ensuite il y a chapati qui est assez synthétique, entre sagesse ésotérique et sagesse morale : cette sagesse qui fait passer pour un bizarre initié, et cette autre sagesse fruit d'une vie dont on a su tirer des leçons et une mesure - initiation tactique.
C'est ainsi que maraud pouvait parler d'une sagesse consistant à nier le savoir, aux antipodes de Descartes - sagesse comme humilité, forme spécifique de l'initiation tactique, pouvant revêtir les traits de l'ésotérisme, quand c'est relié à l'ascèse religieuse, etc.
On retrouve tout cela dans la définition de sagesse d'ailleurs. A-t-on avancé ? Le philosophe alors, comme amateur, amoureux ou aspirant à la sagesse, a-t-il loupé une étape ou mal compris quelque chose, qui l'empêcherait d'être un sage ? Et n'est-il pas déjà sage, au fond, de philosopher plutôt que d'assurer une sagesse - assurance, certainement par vanité aussi alors, donc au prix de la connaissance ?
L'étymologie, ici, est fort à même de nous renseigner, puisque ça nous renvoie en cette époque de l'Histoire dont nous avons hérité de la philosophie : sagesse vient de sapiens. Homo sapiens, l'animal sage "par nature" ? ... C'est ce que contredira le premier quidam venu. Oui mais, s'il est sage "par nature", sage de quoi, et par rapport à quoi, et surtout pourquoi, et pour quoi ? ... Probablement, plus sage que les autres animaux. Le néocortex y est pour quelque chose, et toutes les techniques inhérentes, dont il s'est doté, pour le meilleur et pour le pire.
Oui mais, meilleur et pire, selon quels critères ? ... Car c'était précisément le pire, selon certains critères pacifistes, hédonistes et écologistes, qui faisait douter de la sagesse d'homo sapiens. En tout cas, ces techniques nécessitent des connaissances. Mais par connaissances là, on songe aux faire-savoir, savoir-faire et savoir-vivre.
Allons plus loin : sapiens vient du verbe sapio, je sens, et sapiens qualifie ce qui a du goût, qui mesure, qui connaît. Aussi la sagesse renvoie soudainement à l'évaluation, au discernement, à la justesse. Il y a un avoyage et un ajustement nécessaires de l'appréhension psychique, nerveuse (mentale et comportementale réunies). C'est-à-dire qu'est sage, qui fait preuve de sagacité ; et est philosophe, celui qui exerce sa sagacité.
En soi, la philosophie comme discipline, se définirait très exactement comme cet exercice de sagacité.
Où l'on n'a plus besoin de critères, d'étalons de valeur : la sagacité est une compétence psychologique pouvant tourner seule, en autonomie, et capable donc de définir ses propres échelles.
C'est Protagoras, l'homme mesure de toutes choses ; et Platon ne vient encontre que pour affirmer qu'il y a une absoluité sur laquelle procéder à l'alignement de notre sagacité (tout comme nos imprimantes nécessitent d'aligner leurs têtes d'impression). Seulement, la posture (Goodman) platonicienne nous renvoie au problème cartésien ; inversement, la posture protagorassienne nous envoie au problème de la relativité.
Autant de vieux problèmes ; mais une scie à ruban nous tranche à tous le bras. Platon avait raison ? ... A condition qu'on y passe le bras ... Et les fakirs, le contre-argument est-il recevable ? Pourquoi tenir autant à nos bras ? ... Ces questions sont-elles aussi insensées qu'il n'y paraît ? Alors pourquoi le transhumanisme, dans ce cas ? ... Protagoras est de retour devant Platon, jusqu'à quel point ?
L'étymologie de sapio, je sens, est précisément l'indo-européen *sap, sentir. Où la sagesse est une affaire ... de sentiment. De sentiment, oui, à condition qu'on ne le réfère pas qu'à l'émotion, mais aussi à la sensation, car le terme recouvre ces éléments-là aussi.
En tout cas, ça nous éloigne d'un raisonnement pur, vous savez, cet espèce de positivisme ou empirio-rationalisme dans lequel nous avons tendance à baigner, aujourd'hui (sans parler du "kantisme de droit commun", stigmatisant sujet et objet).
En tout cas, à travers mon raisonnement depuis le début de ce poste, se dégage le sens de σοφία (sophia). Or σοφία, c'est l'habileté manuelle que ce soit dans les arts mécaniques ou dans l'art de jouer un instrument ; le savoir, la science ; la sagesse, la pratique, la prudence ; et même l'habileté, la malignité, la ruse. Autant de sagacités ? ...
En tout cas, fondamentalement, existentiellement, cela nous renvoie à la nécessité de nous adapter. En fait, philosopher renverrait à la concentration originelle de la personne désireuse de (sur)vivre, et sans laquelle elle ne parviendrait à rien, déployant ainsi des arts & métiers, faire-savoir, savoir-faire et savoir-vivre. En quoi philosopher est d'abord et avant tout expérienciel. Ce qui nous renvoie aux trois posteurs cités ci-dessus : Vanleers, chapati et maraud.
Philosopher est avant tout un moment tréfondamental de l'expérience humaine, originel. Or, si tout le monde ne philosophe pas au sens où ça demande une concentration et l'exercice de la sagacité, c'est précisément parce que des philosophes (s'ignoreraient-ils comme "philosophes" : des politiques, des religieux, des techniciens, des inventeurs, des concepteurs, etc.) ont généré un monde duquel hérita le commun des mortels, et duquel on peut vivre, et dans lequel on peut (se) laisser vivre, sans philosopher.
Bref, la philosophie est alors la source de tous les (dé)conditionnements et reconditionnements, jusque dans les productions les plus triviales, à condition de se concentrer et exercer sa sagacité*.
Vous ne trouvez pas que cela manque, par les temps qui courent ? ^^
Enfin mine de rien, les philosophants médiatques aident ou cherchent à aider, et à aiguiller hélas certes aussi.
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* Et même si l'on s'ignore comme "philosophe", et même - aussi - si l'on n'a aucune originalité et qu'à ce titre on ne finira jamais au "panthéon des philosophes". D'ailleurs, la concentration et l'exercice de sagacité premiers, indiquent qu'on ne peut pas raisonnablement surclasser ce panthéon comme par magie - au hasard : par la "magie" de la liberté d'expression ...
Dernière édition par Morologue le Ven 7 Sep 2018 - 17:13, édité 7 fois (Raison : corrections, typo)
Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Vanleers a écrit:On peut aborder la question « Qu’est-ce que la philosophie ? » en se demandant à quoi sert une philosophie.
Clément Rosset soutient une thèse intéressante dans Le principe de cruauté – Minuit 1988.
Selon lui, la vertu d’une philosophie est d’ordre hygiénique comme il l’écrit dans l’extrait ci-dessous en l’illustrant ensuite par l’exemple du matérialisme d’Epicure et de Lucrèce.Clément Rosset a écrit: Mais l’intérêt principal d’une vérité philosophique consiste en sa vertu négative, je veux dire sa puissance de chasser des idées beaucoup plus fausses que la vérité qu’elle énonce a contrario. Vertu critique qui, si elle n’énonce par elle-même aucune vérité claire, parvient du moins à dénoncer un grand nombre d’idées tenues abusivement pour vraies et évidentes. Il en va un peu de la qualité des vérités philosophiques comme de celle des éponges qu’on utilise au tableau noir et auxquelles on ne demande rien d’autre que de réussir à bien effacer. En d’autres termes, une vérité philosophique est d’ordre hygiénique : elle ne procure aucune certitude mais protège l’organisme mental contre l’ensemble des germes porteurs d’illusion et de folie. (p. 37)
…
Il va de soi, en effet, et c’est en quoi la doctrine épicurienne est philosophiquement exemplaire, que ce matérialisme est à la fois intenable et salutaire : intenable quant à sa vérité propre, salutaire quant à la somme d’erreurs et d’absurdités qu’il révoque. Les deux maximes fondamentales de l’épicurisme peuvent apparaître à juste titre comme des pensées particulièrement courtes et pauvres. Assimiler la vérité à l’existence matérielle, le bien à l’expérience du plaisir, revient certes à décevoir toute attente d’élucidation en profondeur et à s’en tenir, sur ces deux points, au plus minimaliste des discours. Mais on doit observer, d’un autre côté, que la tentative d’assimiler la vérité à autre chose que la matière, le bien à autre chose que le plaisir, aboutit généralement à des énoncés eux-mêmes beaucoup plus suspects et absurdes que les formules épicuriennes. En tant que philosophie critique, le matérialisme constitue la pensée peut-être la plus élevée qui soit ; en tant que philosophie « vraie », il est en revanche la plus triviale des pensées. (pp. 39-40)
Lu et approuvé.
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Emmanuel- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Étrange discours ...hks a écrit:bergame a écrit:Qu'est-ce que la philosophie, non pas pour Hegel ou d'autres, mais pour toi ?
OK....
Pour moi c'est un genre de réponses à un genre de questions.
Il y a de mes questions que j'appelle philosophiques et un genre de réponses que j' appelle philosophiques .
Cela dit je ne crée pas ex nihilo le sens du mot. Le mot a un sens commun.
La philosophie pour moi c'est la manière qui me convient (à moi) de répondre à certaines de mes questions . ... et les autres font ce qu'ils veulent avec leur questions.
Moins étrange, mais étrange quand même ...hks a écrit:Si j'ai une conversation, je ne dis pas "vous devez faire"
Je dis : "je fais ainsi et vous en faites ce que vous voulez.
Vous avez d'autres questions, d'autres démarches... grand bien vous fasse.
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Ce qui peut sembler étrange, c'est de dire de telles choses sur un quotidien métaphorique qui tirerais métaphoriquement à cent millions d'exemplaires.
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Emmanuel- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Historiquement, je placerais plutôt Démocrite en tête.neopilina a écrit: Historiquement, [...], le premier scientifique est l'Aristote final
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Emmanuel- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
et traduit en bon français, ça donne quoi ?victor a écrit:Ce qui peut sembler étrange, c'est de dire de telles choses sur un quotidien métaphorique qui tirerais métaphoriquement à cent millions d'exemplaires.
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Personnellement, j'aurais tendance à penser plutôt aux frères Wright, à propos d'ailes.hks a écrit: Et à propos d'ailes pensez plutôt à Icare
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Emmanuel- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
hks a écrit:et traduit en bon français, ça donne quoi ?victor a écrit:Ce qui peut sembler étrange, c'est de dire de telles choses sur un quotidien métaphorique qui tirerais métaphoriquement à cent millions d'exemplaires.
Ça donne que si on ne se pose que des questions à soi en n'y donnant que des réponses à soi en se foutant pas mal de ce quiconque peut en faire ou en penser, hé bien on reste conséquent en se consacrant à la culture des navets et pas à la diffusion de son narcissisme autiste.
Dit cependant avec tout le respect que je te dois.
(Parce que tu ne t'en tiens pas à « ça », quand même...)
Emmanuel- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Emmanuel a écrit:Historiquement, je placerais plutôt Démocrite en tête.neopilina a écrit: Historiquement, [...], le premier scientifique est l'Aristote final.
C'est un peu court ! J'appuie mon propos, entre autres, le premier qui me vient à l'esprit, sur le " Aristote " de Werner Jaeger.
Du temps que j'y suis, sauf erreur de ma part, 1 - l'introduction de la traduction de la " Métaphysique " de Jaeger, 2 - l'essai qu'il a écrit sur celle-ci et 3 - l'introduction de Ross à son édition de la " Métaphysique ", ne sont toujours pas traduits en français. Le recueil des 3 en français, j'achète de suite.
_________________
" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
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