Qu'est-ce que la philosophie ?
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
bergame a écrit:Qu'est-ce que la philosophie, non pas pour Hegel ou d'autres, mais pour toi ?
OK....
Pour moi c'est un genre de réponses à un genre de questions.
Il y a de mes questions que j'appelle philosophiques et un genre de réponses que j' appelle philosophiques .
Cela dit je ne crée pas ex nihilo le sens du mot. Le mot a un sens commun.
La philosophie pour moi c'est la manière qui me convient (à moi) de répondre à certaines de mes questions . ... et les autres font ce qu'ils veulent avec leur questions.
Si j'ai une conversation, je ne dis pas "vous devez faire"
Je dis : "je fais ainsi et vous en faites ce que vous voulez.
Vous avez d'autres questions, d'autres démarches... grand bien vous fasse.
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Bergame a écrit:Ok, donc il s'agit, par le raisonnement dialectique, de se présenter les fausses vérités et les faux biens pour ce qu'ils sont, des illusions.
Bah quand la réalité nous les renvoie à la gueule; on en tire une expérience et des conséquences. Mais c'est une double articulation: c'est notre action sur la réalité qui reçoit une réaction et c'est l'action de la réalité sur nous qui reçoit notre réaction. Nous devons faire face à la réalité même lorsque nous ne générons pas des causes qui produisent elles-mêmes leurs effets, mais pour cela, la philo n'est pas nécessaire ( d'autres s'en sont passés). La philo n'apparaît que là où il y a désir d'agir sur la réalité sans vouloir subir le contrecoup de notre action. En cela, la philo est une boîte à outil ( organon) qui nous rassure sur le fait que le risque en vaut la peine.
Il est clair que la vie mentale ne peut se contenter de la philo qui, n'a finalement d'autre objectif que d'accompagner notre subjectivité, sans jamais pouvoir la précéder sans susciter frustration, agacement, exaspération, toutes choses que la philo passe le plus clair de son temps à résoudre, ou plutôt à résorber. La philo donne la certitude de l'action bonne, comme si l'action bonne n'entretenait aucun rapport avec l'action mauvaise...
L'objet en question, Bergame, c'est la philo.
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maraud- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Dans son livre d’entretiens avec Jeannie Carlier et Arnold I. Davidson, Pierre Hadot ne cesse de défendre l’idée que la philosophie est avant tout une manière de vivre (La philosophie comme manière de vivre – Albin Michel 2001).
Donnons ici un extrait de l’Introduction par Jeannie Carlier :
J’adhère totalement à cette conception de la philosophie comme manière de vivre et c’est pour cette raison que je me suis intéressé à Spinoza, dont l’ouvrage principal est une éthique (une « philosophie pratique » pour reprendre le titre d’un ouvrage que Deleuze lui consacre).
Donnons ici un extrait de l’Introduction par Jeannie Carlier :
Jeannie Carlier a écrit: C’est parce que pour les Anciens, la philosophie est avant tout une manière de vivre qu’ils ont appelé philosophes les cyniques, qui n’avaient aucun discours théorique, ou encore des personnages de toute sorte, femmes, simples citoyens, hommes politiques, qui n’écrivirent rien et n’enseignaient pas, mais vivaient en philosophes ; et c’est pour sa vie et sa mort que les Anciens admiraient Socrate, plus que pour sa doctrine, non écrite et tout de suite accaparée et modifiée par ceux qui se sont servis de son nom. Pierre Hadot donne ici de brèves indications sur les résurgences de ce thème au-delà du Moyen Âge chrétien. Il souligne aussi la tentation pour tout philosophe, de croire que philosopher c’est construire un discours théorique impeccable, et de préférence nouveau. « La construction plus ou moins habile d’un édifice conceptuel va devenir une fin en soi », « Le philosophe a toujours une tendance à se contenter de son discours ». (pp. 10-11)
J’adhère totalement à cette conception de la philosophie comme manière de vivre et c’est pour cette raison que je me suis intéressé à Spinoza, dont l’ouvrage principal est une éthique (une « philosophie pratique » pour reprendre le titre d’un ouvrage que Deleuze lui consacre).
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Si la philosophie, d’une manière générale, est une manière de vivre, les différentes philosophies, celles qui ont une réelle importance pour l’homme, sont des doctrines de salut, le salut étant celui que définit l’utilisateur.
Dans cette perspective, la thèse de Clément Rosset exposée ci-dessus prend toute sa valeur. En effet, je le cite à nouveau :
C. Rosset prend l’exemple du matérialisme d’Epicure et Lucrèce mais il aurait pu prendre l’exemple encore plus probant du scepticisme.
Le sceptique cherche à guérir le dogmatique des deux maux qui l’affligent : la présomption (oiêsis) et la précipitation (propeteia).
Son remède : la suspension de l’assentiment (epokhê).
Est-ce à dire qu’avec l’epokhê le sceptique aurait trouvé le graal précieux et définitif ?
Pas du tout car l’epokhê s’élimine avec les maux qu’elle supprime : sa vertu est purement négative et la suspension est elle-même suspendue. Comme l’écrit Pierre Pellegrin (Esquisses pyrrhoniennes p. 531) :
Le sceptique est donc ce philosophe imprémédité et fortuit dont parle Montaigne
Bien entendu, il est invincible et les dogmatiques n’auront jamais raison contre lui.
Dans cette perspective, la thèse de Clément Rosset exposée ci-dessus prend toute sa valeur. En effet, je le cite à nouveau :
Clément Rosset a écrit: Mais l’intérêt principal d’une vérité philosophique consiste en sa vertu négative, je veux dire sa puissance de chasser des idées beaucoup plus fausses que la vérité qu’elle énonce a contrario. Vertu critique qui, si elle n’énonce par elle-même aucune vérité claire, parvient du moins à dénoncer un grand nombre d’idées tenues abusivement pour vraies et évidentes.
C. Rosset prend l’exemple du matérialisme d’Epicure et Lucrèce mais il aurait pu prendre l’exemple encore plus probant du scepticisme.
Le sceptique cherche à guérir le dogmatique des deux maux qui l’affligent : la présomption (oiêsis) et la précipitation (propeteia).
Son remède : la suspension de l’assentiment (epokhê).
Est-ce à dire qu’avec l’epokhê le sceptique aurait trouvé le graal précieux et définitif ?
Pas du tout car l’epokhê s’élimine avec les maux qu’elle supprime : sa vertu est purement négative et la suspension est elle-même suspendue. Comme l’écrit Pierre Pellegrin (Esquisses pyrrhoniennes p. 531) :
Pierre Pellegrin a écrit: La suspension sceptique est une sorte de « métasuspension » qui s’applique à la suspension elle-même : « Je ne donne pas l’assentiment plus que je ne le suspends, pourrait dire le pyrrhonien : je m’abstiens » (Couissin)
Le sceptique est donc ce philosophe imprémédité et fortuit dont parle Montaigne
Bien entendu, il est invincible et les dogmatiques n’auront jamais raison contre lui.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Mais pourquoi faudrait-il que les dogmatiques aient raison contre lui ? Que veut dire ici "invincible" ?
Le sujet est : "Qu'est-ce que la philosophie ?" et je suis toujours étonné par le vocabulaire agonistique que tu utilises quand tu en parles, Vanleers.
Le sujet est : "Qu'est-ce que la philosophie ?" et je suis toujours étonné par le vocabulaire agonistique que tu utilises quand tu en parles, Vanleers.
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Bergame- Persona
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Le sceptique est invincible, au sens où ce qu’il recherche, l’ataraxie, il l’obtient par un moyen insensible aux raisons des dogmatiques, ni même aux siennes propres.
C’est ce moyen que décrit Sextus Empiricus (Esquisses Pyrrhoniennes, 29) :
C’est ce moyen que décrit Sextus Empiricus (Esquisses Pyrrhoniennes, 29) :
Sextus Empiricus a écrit: Les sceptiques, donc, espéraient aussi acquérir la tranquillité [ataraxia] en tranchant face à l’irrégularité des choses, et, étant incapables de faire cela, ils suspendirent leur assentiment [epokhê]. Mais quand ils eurent suspendu leur assentiment, la tranquillité s’ensuivit fortuitement, comme l’ombre suit un corps.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 15/01/2017
Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Ce qui le regarde ... à la limite moi que le sceptique se sente ceci ou cela m'est tout à fait égal.Le sceptique est invincible,
Je ne suis pas dans un rapport "agonistique". (de challenge).
Qu'il se soit rendu imperméable (autant qu'invincible) c'est son affaire et qu'il n'en fasse pas la publicité.
Ne voit- on pas tant de sceptiques qui cherchent à convertir (rapport agonistique) et pire, qui surenchérissent en scepticisme comme s'il y avait une médaille d'or du scepticisme en concours.
En voila qui ne sont au moins pas si sceptiques sur la valeur de leurs arguments supposés dévastateurs.
L'adjectif est mal choisi, car qui veut le vaincre ?Le sceptique est invincible,
S'il est censé ne plus vouloir le conflit des argumentations, il est hors de l'invincibilité comme de la vincibilté .
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Jeannie Carlier a écrit:
C’est parce que pour les Anciens, la philosophie est avant tout une manière de vivre qu’ils ont appelé philosophes les cyniques, qui n’avaient aucun discours théorique, ou encore des personnages de toute sorte, femmes, simples citoyens, hommes politiques, qui n’écrivirent rien et n’enseignaient pas, mais vivaient en philosophes ; et c’est pour sa vie et sa mort que les Anciens admiraient Socrate, plus que pour sa doctrine, non écrite et tout de suite accaparée et modifiée par ceux qui se sont servis de son nom. Pierre Hadot donne ici de brèves indications sur les résurgences de ce thème au-delà du Moyen Âge chrétien. Il souligne aussi la tentation pour tout philosophe, de croire que philosopher c’est construire un discours théorique impeccable, et de préférence nouveau. « La construction plus ou moins habile d’un édifice conceptuel va devenir une fin en soi », « Le philosophe a toujours une tendance à se contenter de son discours ». (pp. 10-11)
Je crois comprendre que Jeannie Carlier est traductrice; ce qui peut impliquer une absence de point de de vue concernant ceux des "anciens" qui n'ont rien écrit, ou qui n'ont pas tout écrit.
L'idée très répandue que la transmission du savoir passe nécessairement par l'écrit n'est pas fondée, elle est même fautive pour ce qui concerne les premiers philosophes. Car, il se trouve que Pythagore, à l'instar de beaucoup d'autres, n'a lui non plus rien écrit tout en initiant* Platon. N'oublions pas que Pythagore à été plusieurs fois initié, notamment à l'école des mystères . On peut donc en déduire qu'il a reçu une formation ésotérique et exotérique, or ce qui se transmettait à l'écrit relève exclusivement du savoir exotérique ( profane), de fait, lorsque l'on traduit les textes qui circulaient à cette époque, des anciens, on ne tenait que la part exotérique de leurs connaissance.
Ainsi, lorsque l'on dit que c'est la vie et la mort d'un Socrate que l'on admirait , on fait montre de notre ignorance concernant ce qui pouvait nourrir la sagesse qui menait à cette conduite.
Il ne faisait pas de doute dans l'Antiquité que la philo n'était pas le plus haut degré de connaissance, c'est-à-dire qu'elle n'était pas la sagesse, car réduite à la connaissance rationnelle des choses.
ou encore des personnages de toute sorte, femmes, simples citoyens, hommes politiques, qui n’écrivirent rien et n’enseignaient pas, mais vivaient en philosophes
Ils vivaient en " philosophes" ou en "sages"..?
« La construction plus ou moins habile d’un édifice conceptuel va devenir une fin en soi », « Le philosophe a toujours une tendance à se contenter de son discours ». (pp. 10-11)
En effet, le philosophe qui tire un enseignement de la philosophie n'est jamais qu'un "non initié" qui imite dans la forme ce qu'il croit être le tout de la philo des premières heures.
*Initiation= influence spirituelle.
maraud- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
maraud a écrit:
Ainsi, lorsque l'on dit que c'est la vie et la mort d'un Socrate que l'on admirait , on fait montre de notre ignorance concernant ce qui pouvait nourrir la sagesse qui menait à cette conduite.
Il ne faisait pas de doute dans l'Antiquité que la philo n'était pas le plus haut degré de connaissance, c'est-à-dire qu'elle n'était pas la sagesse, car réduite à la connaissance rationnelle des choses.
Qu’est-ce qui pouvait nourrir la sagesse de Socrate ?
Je ferai l’hypothèse que c’était un sentiment intérieur de tranquillité (ataraxie). Socrate avait le sentiment d’être bien comme il était, qu’il n’avait pas besoin de changer, de guérir de quoi que ce soit car il était déjà guéri. Cette tranquille assurance en lui-même était ce en quoi consistait sa sagesse.
Peut-être s’était-il essayé à la connaissance rationnelle des choses (la philosophie ?) mais il avait passé outre, dans une démarche que l’on peut qualifier de sceptique (rappelons que l’Académie de Platon devint sceptique avec Arcésilas, scholarque se référant au Socrate des premiers Dialogues, celui qui disait ne rien savoir). En reconnaissant qu’il ne savait rien, Socrate avait connu l’ataraxie.
Hypothèse ?
A voir.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Nourrir n'est pas le terme qui convient, car la sagesse participe peut-être bien plus de la négation que de l'accumulation de connaissance , ou du moins de savoirs. Socrate n'est-il pas celui qui a dit en voyant la profusion de marchandises sur le marché: " que de chose dont je n'ai pas besoin..!"
Sa tranquillité intérieure et son détachement ne font pas de doute,. Seulement voilà: il ne faut pas déduire la sagesse de Socrate de son mode de vie et indirectement de sa philosophie car , je crois, qu'il y aurait là une inversion dans l'ordre de la cause et de l'effet. Ce n'est pas parce que Socrate était philosophe qu'il était sage; mais parce qu'il était sage qu'il était, aussi de fait, philosophe. Dire que la philosophie est une manière de vivre, n'implique pas que cette manière de vivre soit nécessairement sage ( philo et sagesse ne sont pas des synonymes).
Il est, en effet, assez clair que Socrate était plus qu'un philosophe; votre hypothèse est justifiée.
Personnellement, je ne crois pas que la philo soit ne serait-ce que l'antichambre de la sagesse, simplement parce que la pratique philosophique ne peut répondre qu'aux questionnements, alors que la sagesse consiste à ne plus avoir de "problèmes" avec les questionnements, fussent-ils hautement philosophiques.
La sagesse de Socrate se trouve dans " l'état d'être" pas dans l'état de "sachant". Et même si l'on peut supposer une énorme capacité intellectuelle chez Socrate, il y a, à l'évidence, des influences extérieures qui n'auront pas manquées de le guider vers cette sagesse.
Il nous dit: " je sais que je ne sais rien"; façon de dire " je suis un élève" ( un sage pourrait-il dire: " je suis un sage" ..? Non, il dira quelque chose comme: " je suis sur le chemin de la sagesse, ou encore: j' aime la sagesse; comme un Pythagore a pu dire: " j'aime la vérité")
Autre "possibilité": on peut dire que l'être est ce qu'il connait et que connaissant la distinction ( ex: la philo) , il est quelque chose de moins pur, de moins élevé que l'être qui ne connait "rien", sinon un état d'être recentré et donc supérieur.( y-avait-il de l'ironie chez Socrate )
Sa tranquillité intérieure et son détachement ne font pas de doute,. Seulement voilà: il ne faut pas déduire la sagesse de Socrate de son mode de vie et indirectement de sa philosophie car , je crois, qu'il y aurait là une inversion dans l'ordre de la cause et de l'effet. Ce n'est pas parce que Socrate était philosophe qu'il était sage; mais parce qu'il était sage qu'il était, aussi de fait, philosophe. Dire que la philosophie est une manière de vivre, n'implique pas que cette manière de vivre soit nécessairement sage ( philo et sagesse ne sont pas des synonymes).
Il est, en effet, assez clair que Socrate était plus qu'un philosophe; votre hypothèse est justifiée.
Personnellement, je ne crois pas que la philo soit ne serait-ce que l'antichambre de la sagesse, simplement parce que la pratique philosophique ne peut répondre qu'aux questionnements, alors que la sagesse consiste à ne plus avoir de "problèmes" avec les questionnements, fussent-ils hautement philosophiques.
La sagesse de Socrate se trouve dans " l'état d'être" pas dans l'état de "sachant". Et même si l'on peut supposer une énorme capacité intellectuelle chez Socrate, il y a, à l'évidence, des influences extérieures qui n'auront pas manquées de le guider vers cette sagesse.
Il nous dit: " je sais que je ne sais rien"; façon de dire " je suis un élève" ( un sage pourrait-il dire: " je suis un sage" ..? Non, il dira quelque chose comme: " je suis sur le chemin de la sagesse, ou encore: j' aime la sagesse; comme un Pythagore a pu dire: " j'aime la vérité")
Autre "possibilité": on peut dire que l'être est ce qu'il connait et que connaissant la distinction ( ex: la philo) , il est quelque chose de moins pur, de moins élevé que l'être qui ne connait "rien", sinon un état d'être recentré et donc supérieur.( y-avait-il de l'ironie chez Socrate )
maraud- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Maraud a écrit:alors que la sagesse consiste à ne plus avoir de "problèmes" avec les questionnements, fussent-ils hautement philosophiques.
A ce compte là, la quasi totalité des mes concitoyens sont sages, ils n'ont aucun problèmes avec les questionnements hautement philosophiques (ni même avec les plus basiques).
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Plus, je dis "plus" parce que je crois que la philo n'est pas un indépassable...
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maraud- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Oh, à voir. Il y a des éléments qui plaident en faveur d'un Socrate malade, au contraire, épileptique. Mais ayant trouvé les ressources de prévenir et maitriser les crises.Qu’est-ce qui pouvait nourrir la sagesse de Socrate ?
Je ferai l’hypothèse que c’était un sentiment intérieur de tranquillité (ataraxie). Socrate avait le sentiment d’être bien comme il était, qu’il n’avait pas besoin de changer, de guérir de quoi que ce soit car il était déjà guéri.
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Bergame- Persona
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
J 'avais bien compris.Maraud a écrit:Plus, je dis "plus" parce que je crois que la philo n'est pas un indépassable...
Moi je n'aime pas trop l' éloge de la suspension d 'activité ( intellectuelle) et comme la mienne (d'activité intellectuelle) est essentiellement portée à la philosophie ... tu en tires les conclusions quant à mon humeur du jour.
Comme manière de vivre je veux bien, mais y inclure alors la manière de vivre qui consiste à tenter de répondre aux questionnements.
.....................
Car le sujet du fil ce n'est pas : qu'est- ce que la sagesse ?
Parce que la sagesse est portée au pinacle et que c'est une manière de vivre exhaussée
on y intègre charitablement la philosophie mais comme manière de vivre ... et pas plus.
La philosophie n'a rien demandé à la sagesse mais cette dernière lui dicte sa loi .
C'est un comble, la philosophie au sens le plus classique est exclue , ce au bénéfice d'un sens moins classique et au point qu'il faille en faire une défense bien argumentée (voir Hadot)
On veut bien encore accepter la philosophie dans la sagesse mais seulement comme un certaine manière de vivre, et pas n'importe laquelle puisque précisément celle qui abandonne le théorétique.
.
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Sade, " Conseils d'un militaire à son fils ", 1781, page 18 de l'E.O. ou de sa réimpression à l'identique. Cet ouvrage se trouve dans toutes les Écoles de guerre du monde occidental dés l'année de sa parution.
" Il faut des passions à l'homme : les étouffer, c'est priver l'âme de son ressort le plus puissant, les modérer, les diriger vers le bien, c'est le chef-d'oeuvre de la philosophie. Mais si l'habitude des vertus, si les réflexions les plus judicieuses sont souvent impuissantes contre les efforts des passions; si l'homme le plus attentif sur soi-même, ne peut espérer d'acquérir une sagesse infaillible, du moins, avec le secours de l'âge, & et d'une raison long-tems exercée, pourra-t-il parvenir à ce moindre degré de folie, dans lequel consiste peut être toute la sagesse humaine ".
Gageons qu'il savait de quoi il parlait. J'élargis : il faut un bon cheval et un bon cavalier.
" Il faut des passions à l'homme : les étouffer, c'est priver l'âme de son ressort le plus puissant, les modérer, les diriger vers le bien, c'est le chef-d'oeuvre de la philosophie. Mais si l'habitude des vertus, si les réflexions les plus judicieuses sont souvent impuissantes contre les efforts des passions; si l'homme le plus attentif sur soi-même, ne peut espérer d'acquérir une sagesse infaillible, du moins, avec le secours de l'âge, & et d'une raison long-tems exercée, pourra-t-il parvenir à ce moindre degré de folie, dans lequel consiste peut être toute la sagesse humaine ".
Gageons qu'il savait de quoi il parlait. J'élargis : il faut un bon cheval et un bon cavalier.
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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Hks
Ressaisis-toi mon vieux!
Philo et bonne humeur
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maraud- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 04/11/2012
Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
à Maraud
Ce que tu ne sais pas c'est que depuis quelques temps (voire des années ) Vanleers me dessine Spinoza essentiellement en figure de sage.
Je l' aime bien Vanleers cela dit, or il est des plus sérieux en matière de savoir ( de sagesse peut- être aussi) mais sérieux en matière de savoir philosophique au sens classique, il l'est.
Maintenant s'il opère un court- circuit qui le ferait passer du début de l' Ethique à la fin ( la sagesse ) sans médiation théorétique, il y a risque d'oubli de ce qu'est la philosophie, c'est à dire un savoir théorique consistant.... et pas un non savoir
Je dis que la médiation théorétique est en occident le propre et la fin de la philosophie.
Qui a le plus lutté contre cette compréhension classique...? et bien Heidegger...et pour quoi in fine, in fine pour réintroduire un savoir à lui, celui des existentiaux.
Ce que tu ne sais pas c'est que depuis quelques temps (voire des années ) Vanleers me dessine Spinoza essentiellement en figure de sage.
Je l' aime bien Vanleers cela dit, or il est des plus sérieux en matière de savoir ( de sagesse peut- être aussi) mais sérieux en matière de savoir philosophique au sens classique, il l'est.
Maintenant s'il opère un court- circuit qui le ferait passer du début de l' Ethique à la fin ( la sagesse ) sans médiation théorétique, il y a risque d'oubli de ce qu'est la philosophie, c'est à dire un savoir théorique consistant.... et pas un non savoir
Je dis que la médiation théorétique est en occident le propre et la fin de la philosophie.
Qui a le plus lutté contre cette compréhension classique...? et bien Heidegger...et pour quoi in fine, in fine pour réintroduire un savoir à lui, celui des existentiaux.
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
maraud a écrit:
Il est, en effet, assez clair que Socrate était plus qu'un philosophe
François Roustang a écrit un livre intéressant sur Socrate : « Le secret de Socrate pour changer la vie ».
Il en est question dans l’entretien en :
https://www.youtube.com/watch?v=C_RUhtIMExE
Il soutient que le but du dialogue socratique n’est pas la recherche de la vérité – c’est Platon qui a voulu faire croire cela – mais l’expérience du non-savoir.
Socrate serait davantage un chaman qu’un philosophe.
Ceci pose la question du rapport entre la philosophie et la vie, entre la théorie et la pratique.
Que suffit-il de savoir, en théorie, pour vivre ? Autrement dit, en quoi consiste la philosophie ?
Ce point étant réglé, comment ce savoir théorique peut-il être mis en pratique, comment la philosophie devient-elle effective ?
A ces deux questions, F. Roustang répond (p. 17) :
François Roustang a écrit: Il suffit en théorie de poser que l’être humain est accompli, c’est-à-dire que la compétence d’être humain lui est donnée, qu’il n’a donc pas à l’acquérir et qu’il suffit qu’il la laisse exister et se développer. Cela est facile et ne demande aucun effort puisque c’est déjà accordé. Un être humain sait d’entrée de jeu ce qu’est, peut-être pas la justice, mais la justesse qui établit les rapports convenables, c’est-à-dire convenant aux circonstances, et les modifie sans cesse pour qu’ils le restent.
Mais comment la justesse s’établit-elle et comment peut-elle demeurer toujours changeante et toujours adéquate ? Autrement dit, comment, dans la pratique, une pareille théorie peut-elle devenir effective ? Socrate répond pour lui-même en geste : par le retrait sur le seuil d’une maison. Il répond pour ses interlocuteurs : par la possession, effet du langage du dialogueur, qui tient lieu de chant et de danse, à condition que le dialogué se laisse submerger par des paroles qui n’ont plus de sens. Il le fallait, parce que c’est le non-savoir qui introduit l’être humain à ce qu’il est. La pratique effectue alors la théorie et une fois de plus la vertu devient savoir.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
hks a écrit:Qui a le plus lutté contre cette compréhension classique...? et bien Heidegger...et pour quoi in fine, in fine pour réintroduire un savoir à lui, celui des existentiaux.
Tout à fait. Le type proclame la mort de la métaphysique. Et qu'est-ce qu'il fait ? Il en réintroduit de la manière la plus dérégulée qui soit, via, cogito, judicieuse et parfaite critique sartrienne, Ses existentiaux. C'est " fort " quand même.
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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
A hks
Vous êtes réel (du moins je le suppose) donc parfait (Par réalité et perfection, j’entends la même chose – Ethique II déf. 6)
Vous n’avez donc aucun souci à vous faire pour atteindre la perfection : vous y êtes déjà.
Les jugements des autres ou votre propre jugement sur vous-même ne retrancheront ni n’ajouteront rien à cette perfection.
C’est ça la sagesse.
Mais vous pouvez aussi feindre, faire semblant de l’oublier afin de vous livrer à vos passe-temps favoris. Par exemple, étudier les philosophes, en parler, échanger, rechercher chez eux de quoi vous parfaire.
Pourquoi pas ? Si la philosophie vous est agréable, comme peuvent l’être la danse ou la culture des bégonias, vous auriez tort de vous en priver.
Vous êtes réel (du moins je le suppose) donc parfait (Par réalité et perfection, j’entends la même chose – Ethique II déf. 6)
Vous n’avez donc aucun souci à vous faire pour atteindre la perfection : vous y êtes déjà.
Les jugements des autres ou votre propre jugement sur vous-même ne retrancheront ni n’ajouteront rien à cette perfection.
C’est ça la sagesse.
Mais vous pouvez aussi feindre, faire semblant de l’oublier afin de vous livrer à vos passe-temps favoris. Par exemple, étudier les philosophes, en parler, échanger, rechercher chez eux de quoi vous parfaire.
Pourquoi pas ? Si la philosophie vous est agréable, comme peuvent l’être la danse ou la culture des bégonias, vous auriez tort de vous en priver.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
hks a écrit:Je dis que la médiation théorétique est en occident le propre et la fin de la philosophie.
Médiation théoritique qui peut déboucher sur une forme de sagesse, voir accéder à d'autres formes sagesse via cette médiation théoritique spécifique ! Si ci-dessus je place une citation de Sade, ce n'est pas seulement par gout ( Des bégonias, des philosophes, ou autres. ).
_________________
" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Je comprends cette idée de quiétude. Il est "certain" ( si l'on peut dire) que la quiétude versus l'inquiétude a un rapport étroit avec la sagesse. Ne serait- ce que partout cela a été noté et notifié.Vanleers a écrit:A hks
Vous êtes réel (du moins je le suppose) donc parfait (Par réalité et perfection, j’entends la même chose – Ethique II déf. 6)
Manifestement si la philosophie est une inquiétude alors elle ne peut espérer la sagesse.
Or la philosophie est une inquiétude.
Parce que nous ne sommes pas un entendement infini, ce qui ne suffit pas à expliquer l'inquiétude .
Donc et parce que nous ne sommes pas un entendement infini ET que la finitude tend à l'infinitude, nous sommes dans l' inquiétude.
Notre situation n'est donc pas un " passer le temps", ce qui ne constituerait pas l'inquiétude,
mais d'être un temps qui passe.
Ce que nous avons extrêmement de difficulté à oublier.
Car ce qu'il faudrait oublier, c'est l'oubli même, c'est à dire la mémoire.
Or ne plus avoir de mémoire c'est être mort .... ni sage ni non sage, ni philosophe ... mais un néant d'être.
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
C'est clair.hks a écrit:Or la philosophie est une inquiétude.
C'est d'ailleurs étrange, Vanleers, de s'être référé à Socrate d'abord. Pour Socrate, le philosophe est un entre-deux, un médiateur entre les dieux et les hommes. Un daïmon. Souviens-toi de Hadot, justement : Socrate, c'est Eros -et Eros, c'est Socrate.
Maintenant, cette inquiétude n'est pas forcément une "bonne chose". Et il est fort possible qu'elle ne soit qu'une manière d'occuper le temps. Envisager véritablement la philosophie comme un chemin vers la sagesse, voila peut-être l'erreur. Il n'y a sans doute rien à la fin de la philosophie, pas plus qu'il n'y a quoique ce soit à la fin de l'existence. Si ce n'est la mort.
En somme, aussi longtemps qu'on est en vie, c'est-à-dire aussi longtemps qu'on n'est pas encore parfait, la philosophie est effectivement une occupation comme une autre.
_________________
...que vont charmant masques et bergamasques...
Bergame- Persona
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
Ceci n'est pas faux:
Les philosophes des premières heures étaient plutôt humbles, ils ne prétendaient pas détenir la Vérité. Les Modernes eux, prétendent faire de leurs connaissances, des vérités propres, des propriétés privées; chacun son petit système bien à soi... Au reste,Spinoza ne déroge pas à cet état d'esprit, mieux, il nous propose une doctrine...
Alors, en effet, s'attarder sur la vie des philosophes anciens, est une bonne source de renseignement ( la monstration, telle que pratiquée par Diogène, vaut bien des discours), mais cela ne suppose en rien des causes effectives qui les agissent, c'est même plus improbable encore que de ne pas les écouter à ce sujet ( les grecs ne sont pas une génération spontanée, ils ont reçu des influences. C'est tout de même curieux que cela ne suscite pas plus d'intérêts..?)
Oui, mais il y a quelque chose avant...
Il souligne aussi la tentation pour tout philosophe, de croire que philosopher c’est construire un discours théorique impeccable, et de préférence nouveau. « La construction plus ou moins habile d’un édifice conceptuel va devenir une fin en soi », « Le philosophe a toujours une tendance à se contenter de son discours ». (pp. 10-11)
Les philosophes des premières heures étaient plutôt humbles, ils ne prétendaient pas détenir la Vérité. Les Modernes eux, prétendent faire de leurs connaissances, des vérités propres, des propriétés privées; chacun son petit système bien à soi... Au reste,Spinoza ne déroge pas à cet état d'esprit, mieux, il nous propose une doctrine...
Alors, en effet, s'attarder sur la vie des philosophes anciens, est une bonne source de renseignement ( la monstration, telle que pratiquée par Diogène, vaut bien des discours), mais cela ne suppose en rien des causes effectives qui les agissent, c'est même plus improbable encore que de ne pas les écouter à ce sujet ( les grecs ne sont pas une génération spontanée, ils ont reçu des influences. C'est tout de même curieux que cela ne suscite pas plus d'intérêts..?)
Bergame a écrit:Il n'y a sans doute rien à la fin de la philosophie,[...]
Oui, mais il y a quelque chose avant...
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maraud- Digressi(f/ve)
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Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
hks a écrit:
Manifestement si la philosophie est une inquiétude alors elle ne peut espérer la sagesse.
Or la philosophie est une inquiétude.
Parce que nous ne sommes pas un entendement infini, ce qui ne suffit pas à expliquer l'inquiétude .
Donc et parce que nous ne sommes pas un entendement infini ET que la finitude tend à l'infinitude, nous sommes dans l' inquiétude.
Notre situation n'est donc pas un " passer le temps", ce qui ne constituerait pas l'inquiétude,
mais d'être un temps qui passe.
Comme vous le savez, chez Spinoza acquiescentia est un autre nom de beatitudo.
L’acquiescentia exprime un ensemble de nuances affectives : tranquillité, sécurité, assurance en soi-même, satisfaction de soi… et, plus généralement, de quiétude.
Vous avez donc raison de noter que, depuis longtemps, la sagesse a été associée à la quiétude (par exemple l’ataraxia grecque).
A mon point de vue, la philosophie n’est pas une inquiétude car le désir de philosopher n’est pas le désir de combler un manque. Ce serait se tromper sur la nature du désir, ce qu’a bien montré Spinoza.
Il n’y a pas, non plus, de tension de la finitude à l’infinitude, ce qui serait faire la même erreur sur la nature du désir.
Nous sommes finis mais cela ne nous empêche pas d’être parfaits et de sentir et d’expérimenter que nous sommes éternels.
Le temps passe mais l’éternité, elle, ne passe pas.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 15/01/2017
Re: Qu'est-ce que la philosophie ?
je ne vous parle pas Vanleers du désir de philosopher.vanleers a écrit:car le désir de philosopher n’est pas le désir de combler un manque. Ce serait se tromper sur la nature du désir, ce qu’a bien montré Spinoza.
Je ne désire pas philosopher, savoir même si je ne désirerais pas plutôt de pas avoir à le faire.
Je suis simplement en acte et pour autant que je vois l'acte, il s' y exprime une tension. Une intention si vous voulez. Une in -tension.
Maintenant que je fasse erreur sur la nature de ce que je vois, certes .
Je vois une tension mais on m'explique qu'il n'y en a pas.
Plus exactement qu'il ne devrait pas y en avoir ...
Oui mais ( bis repetita placent)
Ce que nous éprouvons nous avons extrêmement de difficulté à l'oublier.
............................
Je ne vais pas dire que je sois "faustien" le mot est trop connoté ...mais il y a de ça .
Kierkegaard écrivait à un ami ceci
« Je te faisais part l'autre jour d'une idée pour un Faust, et maintenant
seulement je sens que c'était moi-même que je décrivais».
autres citations de Kierkegaard
Kierkegaard a écrit:Remarquer que cette pensée( la sienne) est duelle à tous les niveaux, c'est tout simplement prendre en compte cette structure d'oscillation. En effet, à propos de toute question
existentielle, il faut toujours prendre en compte deux côtés ou deux points de vue; aucun des deux n'a de consistance en lui-même, mais la vie est une oscillation sans terme entre les deux.
par cette citation (paradoxale pour qui défend le théorétique) je veux montrer l'e/a/ncrageKierkegaard a écrit:La langue de l'abstraction ne mentionne, à vrai dire, jamais ce qui constitue la difficulté de l'existence et de l'existant, et elle en donne encore moins l'explication. Justement parce quelle est sub specie æterni [sous le point de vue de l'éternité], la pensée abstraite ne tient pas compte du concret, de la temporalité, du devenir propre à l'existence et de la misère que connaît l'existant du fait qu'il est une synthèse d'éternel et de temporel, plongée dans l'existence. Si l'on admet maintenant que la pensée abstraite est ce qu'il y a de plus élevé, il en résulte que la science et les penseurs délaissent fièrement l'existence et qu'ils nous laissent à nous autres, hommes, le pire à digérer. Et même, il en résulte encore autre chose pour le penseur abstrait lui-même : comme il est pourtant lui aussi un existant, il doit être en quelque façon un distrait.
de la tension.
Effectivement le distrait (le mot est dur) n' est plus dans la tension, ni dans l'attention. Il s'agirait donc pour moi de ne pas être distrait.
Dernière édition par hks le Jeu 23 Mar 2017 - 15:55, édité 2 fois
hks- Digressi(f/ve)
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