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Saint-Ex
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Message par Saint-Ex Mer 12 Juin 2024 - 16:44

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Position de la philosophie

Publié en mai 2016

"Notre vie est une ligne que la nature nous ordonne de décrire à la surface de la terre sans jamais pouvoir nous en écarter un instant. […] Cependant malgré les entraves continuelles qui nous lient, on prétend que nous sommes libres, ou que nous déterminons nos actions et notre sort indépendamment des causes qui nous remuent."Baron d’Holbach, Système de la Nature, Partie I, ch.XI

"On pourrait se demander comment d’Holbach a fait cette découverte."Peter van Inwagen, Essai sur le libre arbitre, 5.2.

1. Le libre arbitre et ses menaces

Imaginez que les Martiens, au cours d’un voyage sur la terre, aient enlevé un être humain, monsieur Smith, et lui aient implanté dans le cerveau un mécanisme qui permet de contrôler à distance chacune de ses actions ; puis, après cette opération, les Martiens auraient renvoyé Smith sur terre. Quelques mois plus tard, les Martiens décident de contrôler Smith pour lui faire tuer le président des Etats-Unis. C’est ce qu’ils font, et Smith tue le président des Etats-Unis, puis il est arrêté et mis en prison.

Face à ce scénario, la réaction la plus naturelle est de dire que l’action de Smith (tuer le président des Etats-Unis) n’était pas une action libre, et que par conséquent il ne peut pas en être tenu pour moralement responsable. En ce sens, il n’est pas légitime de le mettre en prison, puisqu’il n’était pas lui-même au contrôle de son action. Cette réaction fait apparaître deux éléments fondamentaux dans la manière dont nous concevons naturellement nos actions :

Contrôle : Nous considérons ordinairement que nous avons un certain contrôle de nos actions, en vertu duquel ces actions peuvent être dites « libres ».
Responsabilité Morale : Nous considérons également que ce contrôle des actions (la « liberté ») est une condition nécessaire pour être moralement responsable.
Ces deux éléments permettent de donner une première définition du libre arbitre, qui est utilisée par beaucoup de philosophes :

Définition : Le libre arbitre est le type de contrôle des actions qui est une condition nécessaire de la responsabilité morale.

Dans cette entrée, nous utiliserons « liberté » et « libre arbitre » comme des synonymes, mais cette terminologie appelle quelques remarques. Tout d’abord le terme « liberté » est un terme ambigu, qui peut aussi bien désigner le concept de liberté politique, ou le concept de liberté psychologique. Le sens de « liberté » qui nous intéresse ici est celui qu’on appelle généralement le sens « métaphysique », celui que désigne précisément l’expression « libre arbitre ». Deuxièmement, l’expression « libre arbitre » est parfois prise dans un sens plus précis que celui que nous utilisons ici, notamment lorsqu’il sert à désigner la conception particulière qu’en avait Saint Augustin, l’inventeur de la locution latine « liberum arbitrium ». Mais la notion que nous employons ici, la liberté comme contrôle requis pour la responsabilité morale, est une notion générale que l’on retrouve à toutes les époques de la philosophie, et même dans toutes les cultures. Elle semble bien appartenir à ce que certains philosophes ont appelé le « sens commun », c’est-à-dire une conception du monde qui est inscrite dans la nature même des esprits humains. Si l’on nous apprenait que nous ne sommes pas libres, par exemple parce que nous sommes équipés de dispositifs martiens comme dans le scénario décrit un peu plus haut, c’est le fondement même de notre conception du monde qui serait ébranlé.

Fort heureusement, nous ne sommes pas équipés de dispositifs martiens. Mais est-ce si sûr ? N’y a-t-il pas certains aspects de la réalité qui menacent de nous priver de libre arbitre de manière tout aussi radicale que les dispositifs martiens ? A différentes époques de l’histoire de l’humanité, des philosophes ont estimé que notre libre arbitre nous était retiré parce que nos actions étaient « déterminées ». La menace la plus ancienne est peut-être celle du déterminisme « théologique » : notre destin serait déterminé par les Parques, par les dieux ou par le Dieu unique. C’est un problème important, qui est encore discuté en philosophie de la religion, mais qui ne sera pas abordé ici. Le déterminisme qui semble le plus menaçant aujourd’hui pour le libre arbitre, c’est le déterminisme « naturel » ou « causal ». C’est ce type de déterminisme que défend le Baron d’Holbach, un philosophe matérialiste du XVIIIème siècle, dans la citation placée en exergue : pour lui, la nature est un tissu inextricable de causes et d’effets, où il n’y a pas la moindre place pour la liberté. Sa déclaration sonne comme une révélation tragique et déprimante ; mais on peut se demander, comme le fait Peter van Inwagen avec un brin d’ironie, si Holbach avait vraiment de bonnes raisons pour avancer une affirmation aussi tonitruante. En effet, la démarche philosophique ne consiste pas à s’effrayer avec des hypothèses terrifiantes, mais à examiner posément les arguments et les raisons. C’est donc ce que nous allons faire à présent en commençant par examiner les arguments des philosophes qui ont affirmé le déterminisme causal et ont nié en conséquence la liberté humaine (section 2, c’est ce qu’on appelle le « déterminisme dur »), puis les arguments de ceux qui ont défendu l’existence du libre arbitre en postulant une forme d’indéterminisme dans le monde (section 3, on appelle cette position « libertarienne », à ne pas confondre avec le libertarianisme en philosophie politique). Enfin, nous examinerons une position philosophique originale qui prétend pouvoir tenir ensemble à la fois le déterminisme causal et la liberté humaine (section 4, c’est ce qu’on appelle le « compatibilisme »).

2. Le déterminisme dur

Pourquoi certains philosophes, comme le Baron d’Holbach, mais aussi les Stoïciens bien avant lui ou encore Spinoza, ont-il affirmé le déterminisme causal ? Si le déterminisme causal s’oppose frontalement à notre conception naturelle du monde, il faut certainement avoir des raisons puissantes pour renverser une telle conviction. Quelles sont donc ces raisons ?

Les raisons de croire au déterminisme causal se trouvent essentiellement dans l’étude scientifique de la nature. Dès l’antiquité, les philosophes et « physiciens » grecs se sont efforcés de comprendre et d’interpréter les causes à l’œuvre dans la nature (causes des éclipses, des maladies, etc.). Les succès toujours grandissants de cette entreprise scientifique ont amené de nombreux philosophes de la nature à considérer que tout événement a une cause, laquelle à son tour a une cause, etc. à l’infini, menant à une conception générale de l’univers comme un tissu de causes toutes reliées les unes aux autres. Autrement dit, la démarche scientifique semble avoir une certaine « affinité » avec une image déterministe de l’univers. Notez que pour l’instant, il ne s’agit pas d’un argument bien rigoureux : après tout, il semble aussi y avoir une certaine affinité entre le fait d’être brésilien et le fait d’aimer le football, mais cela ne veut pas dire que tous les Brésiliens aiment le football. De même, n’est-il pas possible d’être scientifique et de ne pas croire au déterminisme causal ?

Si l’on veut défendre le déterminisme de manière plus rigoureuse, il faut en fait distinguer deux types d’arguments, l’un qui s’appuie sur les conditions de possibilité de la pratique scientifique, l’autre qui s’appuie sur les résultats des sciences.

Le premier argument est dit « a priori », c’est-à-dire qu’il ne repose pas sur les résultats des sciences mais sur les principes (métaphysiques) qui doivent être admis d’entrée de jeu pour pouvoir faire de la science. Le principe important ici est le « principe de raison suffisante », que Leibniz a formulé ainsi :

« Jamais rien n’arrive sans qu’il y ait une cause, ou du moins une raison déterminante. »

Pourquoi la pratique scientifique requerrait-elle d’admettre ce principe ? L’idée est la suivante : la démarche scientifique consiste toujours à chercher la cause de tel ou tel événement ou état de choses. Or il n’y a pas de sens à chercher la cause d’un événement si l’on ne postule pas qu’il y en a une à trouver. Donc tout événement doit avoir une cause.

Que penser de cet argument ? La plupart des philosophes (et des scientifiques) aujourd’hui doutent fortement qu’il soit nécessaire de fonder la pratique scientifique sur un principe métaphysique de ce genre : après tout, comment pourrait-on savoir a priori, sans se confronter expérimentalement avec la nature, que la nature fonctionne toujours de telle ou telle manière (en l’occurrence, de manière déterministe) ? Par conséquent, depuis au moins deux siècles, les philosophes qui ont affirmé le déterminisme l’ont fait sur la base de données empiriques, et non sur la base d’un principe métaphysique a priori.

C’est le deuxième argument déterministe, l’argument empirique ou « a posteriori » : il repose sur les résultats des sciences naturelles. Aux XVIIIème et XIXème siècles, les progrès considérables en sciences naturelles nous ont donné une meilleure connaissance des lois qui régissent les composants élémentaires de la nature (notamment les lois de stoechiométrie régissant les atomes). En découvrant des lois déterministes du fonctionnement des atomes, on a pu déduire que tout ce qui est composé d’atomes se comporte également de manière déterministe. Le physicien Pierre-Simon de Laplace est représentatif de cette période : il considérait le monde comme un système entièrement régi par des lois déterministes, de telle sorte qu’un « démon » suffisamment intelligent pourrait prédire l’état du système à n’importe quel moment en connaissant simplement les lois et l’état initial du système.

Le déterminisme a-t-il donc été « prouvé » par la science ? Rien n’est moins sûr en réalité. Le principal problème est qu’aujourd’hui les lois de la « physique classique » (du XIXème siècle) ont été supplantées par celles de la « mécanique quantique » (début du XXème siècle) qui semblent au contraire, selon certaines interprétations, introduire un indéterminisme irréductible au niveau des particules élémentaires. Peu de philosophes, aujourd’hui, sont donc disposés à affirmer le « déterminisme universel » tel que l’envisageaient d’Holbach ou Laplace. Reste à savoir si les indéterminismes de la physique quantique peuvent vraiment servir à « sauver » la liberté humaine. C’est une question délicate que nous aborderons dans la section suivante.

Pour terminer cette section, considérons brièvement les conséquences philosophiques d’une conception déterministe du monde. Elles ont été bien développées par le philosophe Spinoza. La première conséquence, c’est que notre « expérience » de la liberté est une pure illusion : si nous croyons être libres c’est simplement parce que, lorsque nous agissons, nous ignorons les causes de nos actions. Mais si nous considérions nos actions avec une approche théorique et scientifique, nous reconnaîtrions immédiatement qu’elles doivent avoir certaines causes déterminantes. La deuxième conséquence, c’est que les agents ne sont pas réellement responsables de leurs actes. Cela ne veut pas forcément dire, pour Spinoza, qu’il ne faut pas mettre les criminels en prison : il se pourrait qu’il soit utile de les mettre en prison pour protéger la société, ou pour changer leur caractère. Mais en tout cas, on ne pourra pas dire qu’ils l’ont mérité. Certains philosophes, aujourd’hui, acceptent la première conséquence sans la seconde : John Fischer, par exemple, considère que nous n’avons pas de libre arbitre, mais que nous sommes néanmoins moralement responsables au sens fort.

3. La position libertarienne

Face aux auteurs déterministes, un certain nombre de philosophes se sont efforcés de défendre la conception du sens commun, celle selon laquelle nous sommes moralement responsables de nos actions (ou au moins certaines d’entre elles) parce que nous avons le libre arbitre. Et traditionnellement, ces auteurs en ont tiré la conclusion que nous vivons dans un monde qui contient des indéterminismes : Epicure, par exemple, faisait l’hypothèse que les atomes ne suivent pas toujours un mouvement absolument déterminé, mais sont parfois sujets à une changement de direction indéterministe (le clinamen). Comme on l’a vu, la physique du XIXème siècle semblait donner tort à Epicure, mais la théorie quantique du XXème siècle semble au contraire rejoindre son idée d’un mouvement indéterministe des particules. Peut-on en conclure que la physique quantique a tout simplement confirmé l’existence du libre arbitre et que le problème est désormais résolu ? Malheureusement, la situation est plus compliquée que cela. Le problème, c’est qu’il n’est pas facile de comprendre comment ma liberté d’agir pourrait résider ultimement dans les mouvements hasardeux de particules microscopiques. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui le problème de l’intelligibilité : l’idée d’un contrôle de nos actions qui repose sur l’indéterminisme microscopique n’est pas clairement intelligible, et le philosophe libertarien devra donc essayer de rendre cette idée intelligible.

Le problème de l’intelligibilité peut être divisé en deux questions : une question générale du rapport entre hasard et liberté, qu’on appelle le problème de la chance, et une question empirique sur la place de l’indéterminisme dans la nature.

Le problème de la chance est l’objection suivante : un événement indéterministe est, par définition, un événement « hasardeux », un événement qui peut aussi bien se produire que ne pas se produire étant données les conditions initiales. Mais une action libre doit être une action contrôlée par l’agent. Or comment une action pourrait-elle être contrôlée si elle se produit de manière parfaitement hasardeuse ? Finalement, peut-être que le déterminisme exclut le libre arbitre, mais il semble que l’indéterminisme l’exclut également. Auquel cas, le libre arbitre serait absolument impossible puisqu’il serait incompatible aussi bien avec le déterminisme qu’avec sa négation, l’indéterminisme. Certains auteurs contemporains, par exemple Galen Strawson, défendent cette thèse qu’on appelle l’impossibilisme. Cela reviendrait à dire que notre conception de sens commun est une conception confuse et contradictoire en elle-même et qui, étant contradictoire, n’a aucune chance d’être vraie.

Pour éviter l’impossibilisme et répondre au problème de la chance, il faut montrer que certaines formes d’indéterminisme ne rendent pas notre action « hasardeuse » mais augmentent au contraire le contrôle que nous en avons. Pour cela, il est fondamental de bien situer le moment auquel l’indéterminisme intervient. Par exemple, si l’indéterminisme intervient entre le moment où je décide de lever le bras et le moment où je lève le bras, alors il est clair que cet indéterminisme diminue le contrôle de l’action et la liberté : en effet, si le mouvement de bras peut aussi bien se produire que ne pas se produire alors même que j’ai pris la décision de le lever, il est clair que je ne suis plus pleinement au contrôle de mon bras. Pour la plupart des auteurs libertariens, notamment Robert Kane, le bon indéterminisme doit donc intervenir de la manière suivante : l’événement qui doit être indéterminé est la décision elle-même, ou le choix que je fais, après avoir considéré des raisons de faire une action A ou une action B, et lorsque les raisons de faire A sont aussi fortes que celles de faire B (ou qu’elles sont incommensurables), de telle sorte que je suis réduit à la nécessité de prendre moi-même une décision. C’est ce qu’on appelle une situation de « choix difficile ». Un choix difficile, s’il dépend vraiment de l’agent lui-même et de rien d’autre, doit être un événement indéterministe d’après les auteurs libertariens, et le fait qu’il soit indéterministe ne le rend pas « hasardeux ».

Le deuxième problème qui se pose pour rendre intelligible la conception libertarienne, c’est celui d’expliquer la place de la liberté dans le monde naturel tel que nous le décrivent les sciences. La question est en particulier celle du rapport entre les indéterminismes quantiques, qui sont situés au niveau des particules microscopiques, et nos actions libres, qui sont situées à un niveau macroscopique et n’ont donc, semble-t-il, pas grand-chose à voir avec le niveau des indéterminismes quantiques.

Pour répondre à ce défi, les libertariens doivent montrer que les indéterminismes microscopiques peuvent parfois être « amplifiés » pour devenir des indéterminismes des mouvements macroscopiques, et qu’ils peuvent être situés justement au bon endroit dans le cerveau (c’est-à-dire au moment du choix) pour rendre possible le choix libre. D’autres auteurs, comme Timothy O’Connor, défendent que les indéterminismes sur lesquels repose le libre arbitre humain ne sont pas les indéterminismes quantiques microscopiques, mais qu’il s’agit d’indéterminismes qui apparaissent directement au niveau macroscopique des actions humaines.

4. La position compatibiliste

Le problème d’intelligibilité est certainement un problème difficile à résoudre pour le défenseur du libertarianisme. Certains auteurs, comme on l’a dit, en ont conclu que le libre arbitre est une notion totalement inintelligible et contradictoire. Mais d’autres auteurs à l’époque moderne, à commencer par Hobbes, Locke et Hume, ont proposé une nouvelle hypothèse : si le libre arbitre n’est pas compatible avec des indéterminismes, peut-être est-il finalement compatible avec le déterminisme ; peut-être sommes-nous à la fois totalement déterminés par les lois de la nature, et néanmoins réellement libres. C’est ce qu’on appelle la théorie compatibiliste, une théorie qui a fait l’objet d’un très large consensus dans le monde anglo-saxon jusqu’aux années 1960.

A première vue, la théorie compatibiliste peut sembler difficilement intelligible : n’y a-t-il pas une contradiction dans les termes à dire qu’on est à la fois libre et totalement déterminé ? Tout dépend de ce que signifie « être libre ». Or pour les compatibilistes classiques, « être libre » signifie très exactement « avoir le pouvoir de faire ce que l’on veut faire ». Par exemple : si j’ai la volonté de lever le bras, je le lève, et si j’avais la volonté de ne pas le lever, je ne le lèverais pas. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui l’analyse conditionnelle de la liberté. Cela semble à première vue une analyse plausible du sens de « être libre ». Mais remarquez que cette analyse est en fait compatible avec un déterminisme complet. En effet, imaginez qu’il soit déterminé que je veuille lever le bras ; dans ce cas, il sera aussi déterminé que je vais le lever, sans que cela altère le lien de dépendance conditionnelle entre ma volonté et mon mouvement de bras : on peut continuer de dire que « si » je n’avais pas eu la volonté de le lever, je ne l’aurais pas levé ; seulement il était déterminé que je veuille le lever.

Aujourd’hui, l’analyse conditionnelle des premiers auteurs compatibilistes n’est plus beaucoup défendue, car elle a fait l’objet d’objections très fortes, mais certains philosophes (par exemple John Fischer ou Harry Frankfurt) ont proposé de nouvelles analyses compatibilistes du sens de « être libre ».

Sans entrer dans le détail des différentes analyses compatibilistes, on peut envisager une objection générale que Carl Ginet et Peter van Inwagen ont formulée dans les années 1960-1970 contre toute forme de compatibilisme. L’argument, qu’on appelle argument de la conséquence, est le suivant : il est clair que je ne peux rien changer au passé (P), et il est clair également que je ne peux rien changer aux lois de la nature (L) ; si je ne peux rien changer à P et à L, il semble évident que je ne peux rien changer aux conséquences logiques de P et L (cela semble être un principe logique évident) ; or, par définition, le déterminisme nous dit que tout événement futur (y compris chacune de mes actions futures) est une conséquence logique du passé et des lois de la nature ; donc si le déterminisme est vrai, je ne peux rien changer à aucune de mes actions futures, c’est-à-dire que je n’ai de contrôle libre sur aucune d’elles. Autrement dit, si le déterminisme est vrai, le libre arbitre est impossible, ce qui est la thèse incompatibiliste.

Certains auteurs compatibilistes ont apporté des réponses intéressantes à l’argument de la conséquence (notamment David Lewis), mais la force de cet argument (et d’autres arguments incompatibilistes) a néanmoins mis fin au consensus compatibiliste qui régnait auparavant ; un nombre important de philosophes se sont reportés sur des thèses incompatibilistes, soit sous la forme du libertarianisme (avec les problèmes d’intelligibilité que cela peut poser) soit sous la forme d’une négation totale du libre arbitre (qui a l’inconvénient de renverser notre conception de sens commun).

Bibliographie

Pour une autre introduction au problème du libre arbitre, à peu près de la taille de celle-ci mais avec un angle d’attaque différent, on pourra lire le chapitre « Libre arbitre » (ch.6) dans Qu’est-ce que tout cela veut dire, de Thomas Nagel (L’Eclat, 1993).

Pour une introduction plus substantielle au débat contemporain, on se reportera au livre de Cyrille Michon, Qu’est-ce que le libre arbitre ? (Vrin, 2011).

A part cet ouvrage introductif, il existe encore peu de choses traduites en français dans le débat contemporain, et les œuvres traduites ne sont pas forcément les contributions les plus importantes et représentatives. Un des représentants contemporains du déterminisme a ainsi été traduit : il s’agit de Ted Honderich, Etes-vous libre ? Le problème du déterminisme (Syllepse 2009). Il existe également un article traduit de Roderick Chisholm, qui représente une version particulière de la position libertarienne : « La liberté humaine et le moi » (traduit dans La Responsabilité : Questions philosophiques, PUF 1997, et dans Métaphysique contemporaine, Vrin 2007). Pour ce qui est du compatibilisme, la définition du libre arbitre de Harry Frankfurt est présentée dans « La liberté de la volonté et le concept de personne » (traduit dans Théorie de l’Action, Mardaga 1995, et dans Psychologie morale, Vrin 2008). Mais on se reportera utilement aux définitions des grands compatibilistes historiques : Hobbes (De la liberté et de la nécessité, §30, Vrin 1977), Locke (Essai sur l’entendement humain, livre II, ch. XXI, Vrin 2002) et Hume (Traité de la nature humaine, II, III, 1 "De la liberté et de la nécessité", Ellipses 2002, ou encore Enquête sur l’entendement humain, ch.VIII, Vrin 2008).

Pour une approche plus historique du libre arbitre chez les grands auteurs du passé, on pourra se reporter à l’ouvrage de Cyril Morana et Eric Oudin, La liberté, D’Epicure à Sartre (Eyrolles 2010). C’est un manuel qui est pédagogique mais qui a l’inconvénient de présenter les thèses des auteurs chacune en son système isolé, sans donner les moyens de construire une discussion générale entre eux.

Les textes des grands auteurs classiques sur la liberté sont connus et aisément accessibles en traduction. Je ne mentionnerai ici que les plus importants : pour Epicure, voir le ch.20 de Long et Sedley, Les philosophes hellénistiques, tome I, Pyrrhon, L’Epicurisme (GF 2001), et pour les stoïciens voir les ch.55 et 62 du tome II, Le Stoïciens (GF 2001). Le traité de Saint Augustin Le libre arbitre (Institut d’Etudes Augustiniennes, 1993) reste une étape importante de l’histoire du concept de libre arbitre. Enfin, pour les thèses de Spinoza, il faut consulter particulièrement la lettre 58 à Schuller (Traité Politique, Lettres, GF 1993). On pourrait bien sûr ajouter à cette liste les ouvrages de Descartes, Leibniz, Kant ou encore Sartre. Pour les références à ces auteurs, on pourra se reporter aux notices de l’ouvrage de Morana et Oudin.

En anglais, la littérature sur le libre arbitre est immense ; je ne mentionnerai que deux ouvrages qui constituent de bonnes « portes d’entrée ». Tout d’abord, l’excellente introduction de Robert Kane, A contemporary introduction to Free Will (OUP 2005, 196p.). Pour une présentation plus avancée des différentes thèses défendues, on peut commencer par consulter The Oxford Handbook of Free Will, édité également par Robert Kane (OUP 2002, 638p., 2nde éd. 2011).

Un problème que je n’ai pas abordé dans cette introduction est celui des prétendues réfutations scientifiques du libre arbitre qui viennent de certaines études en neurosciences (Libet) ou en psychologie (Wegner) : Alfred Mele a pris la peine d’expliquer pédagogiquement pourquoi ces prétendues réfutations reçoivent peu de crédit parmi les philosophes spécialistes de la question (Effective Intentions, The Power of Conscious Will, OUP 2009, 178p.)

Jean-Baptiste Guillon
Attaché temporaire d'enseignement et de recherche au Collège de France

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Message par Saint-Ex Mer 12 Juin 2024 - 16:52

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Position de la science

Publié en 2022

Robert Sapolsky est l'auteur de plusieurs livres, dont Behave: The Biology of Humans at Our Best and Worst et Determined: A Science of Life Without Free Will, sorti à la fin de l'année dernière aux USA.

Dans ce dernier livre, Sapolsky affirme que «derrière chaque pensée, action et expérience se cache une chaîne de causes biologiques et environnementales s'étendant du moment où le neurone émerge jusqu'au début de notre espèce et au-delà. Nulle part dans cette séquence infinie il n'y a un un endroit où le libre arbitre peut jouer un rôle.»

Qu'est-ce que le libre arbitre ?

Selon ce chercheur, la meilleure façon d’expliquer le libre arbitre est d’expliquer ce que n’est pas le libre arbitre.

«C'est là que les gens font la plus grande erreur. Il existe des circonstances dans lesquelles nous prenons une décision tous les jours, par exemple, où choisir quoi manger. Mais ce n'est pas de cela dont nous parlons lorsque nous parlons de libre arbitre», explique-t-il.

«Pour prendre une décision, nous sommes conscients, nous avons une intention et nous agissons en conséquence. Nous savons quel sera le résultat probable, nous savons aussi ce que nous devons faire et ce que nous ne devons pas faire, nous avons des alternatives et , pour la plupart des gens, intuitivement, cela signifierait avoir le libre arbitre.»

«Aux États-Unis, tout le système juridique repose sur l'idée que les gens ont des choix et qu'ils auraient pu, en toute connaissance de cause, prendre une décision différente.»

Mais, selon Sapolsky, la perspective va bien au-delà.

«Comment êtes-vous devenu le genre de personne qui a tendance à avoir ce genre d'intention ou à prendre un certain type de décision ? Comment est-ce arrivé ? Et c'est là que le libre arbitre n'existe tout simplement pas, c'est là qu'il s'évapore.»

Un autre domaine dans lequel les gens ont tendance «émotionnellement et intuitivement» à percevoir le libre arbitre est celui des grandes réalisations, explique Sapolsky.

Par exemple, quand vous regardez quelqu'un qui n'était peut-être pas aussi talentueux dans certains domaines et qui pourtant, grâce à son travail acharné et à son autodiscipline, s'est démarqué.

«Quand une personne pouvait profiter de la vie avec les autres, elle étudiait. Et c'est très inspirant. Peut-être qu'elle n'avait pas une grande mémoire ou un grand esprit logique ou analytique, mais elle avait beaucoup de ténacité.»

Quand quelqu’un a beaucoup de talent mais que d’autres considèrent qu’il l’a «gaspillé», ils ont aussi tendance à penser au libre arbitre – la personne aurait choisi de ne pas agir.

«Ce sont deux domaines dans lesquels les gens décident simplement que c'est là que se trouve le libre arbitre, mais il n'y est pas.»

Déterminisme

Sapolsky propose que lorsque notre cerveau génère un comportement particulier, celui-ci est déterminé par quelque chose qui s'est produit peu de temps auparavant, qui à son tour est déterminé par quelque chose qui existait avant cela, dans une longue chaîne.

«Pour moi, c’est comme si chaque instant était le résultat de ce qui l’a précédé", dit-il pour expliquer ce qu’est le déterminisme. "C'est un monde dans lequel rien ne se produit sans explication, sans précédent.»

«Ce qui s'est passé est arrivé à cause de ce qui s'est passé avant et cela s'applique à tous les mécanismes qui font de nous ce que nous sommes.»

Sapolsky a cessé de croire au libre arbitre lorsqu'il était adolescent.

«Cela a été pour moi un impératif moral de voir les humains sans les juger et sans croire que quiconque mérite quelque chose de spécial. C'est vivre sans haine et sans croire que je mérite des privilèges», écrit-il dans le livre.

«Si vous acceptez qu'il n'y a pas de libre arbitre, que nous ne sommes ni plus ni moins que la somme de la biologie et de l'environnement, si vous croyez vraiment cela, le blâme et la punition n'ont de sens que si vous les comprenez en termes instrumentaux», explique-t-il à lq BBC.

Par exemple, dit-il, si l'on prend l'aplaysia, un escargot de mer qui a fait l'objet d'études approfondies dans le domaine des neurosciences, on sait que si on le frappe à la tête, cel provoquera une réaction de sa part.

«Vous faites cela pour comprendre le comportement. Vous ne le frappez pas parce que vous pensez qu'il est mauvais", explique-t-il. "De la même manière, les éloges et les récompenses n'ont aucun sens en eux-mêmes. Ils peuvent être utilisés de manière instrumentale, mais ils ne sont pas des vertus en soi.
«Et si tel est le cas, personne n’a le droit que ses besoins soient considérés comme plus importants que ceux des autres. Et détester quelqu’un a autant de sens que détester le coronavirus.»

«Il faut faire quelque chose pour remédier au fait que nous avons tous été élevés dans l’acceptation que certaines personnes sont bien mieux traitées que d’autres pour des choses sur lesquelles elles n’ont aucun contrôle», dit-il.

«De même, certains sont traités bien plus mal pour des choses sur lesquelles ils n'ont aucun contrôle. Le plus gros problème est que nous tenons cela pour acquis la plupart du temps.»

Toiles d'araignée

Dans le débat sur le libre arbitre, il y a une question qui est fondamentale pour Sapolsky : d’où viennent nos intentions ?
Ne pas se poser cette question - dit-il - c'est comme croire qu'il suffit de voir les trois dernières minutes d'un film pour l'évaluer.

Pour expliquer le sens de cette question, il sort un stylo et dit qu'il fait cet acte consciemment, que l'acte de le tenir est "plein d'intention».
«Il est inconcevable pour moi d'imaginer tout ce qui a conduit à ce moment, ce serait très difficile de le faire», dit-il.

De plus, «notre intention de faire quelque chose semble si puissante que nous ne pouvons pas imaginer que nous ne pouvons pas prendre cette décision si nous ne le voulons pas».

Ou en d'autres termes : notre désir de faire quelque chose est si fort qu'il ne nous vient pas à l'esprit que nous ne pouvons pas ne pas désirer ce que nous désirons.

Sapolsky décrit un autre scénario :

imaginez un homme qui assassine un groupe de personnes. À l'âge de 10 ans, cet individu avait subi un accident de voiture qui avait détruit 75 % de son cortex frontal, une zone du cerveau importante pour l'interprétation, l'expression et la régulation des émotions. «Pourquoi cette personne est-elle devenue ce qu’elle est ? Un seul événement [l’accident] a été comme un tremblement de terre» dans sa vie, dit-il. «Maintenant, regardez nous tous. Imaginez qu'il y ait des millions et des millions de toiles d'araignées invisibles, de petits fils, qui vous ont amené à ce moment et ont fait de vous ce que vous êtes.»

L’accident de la route dans le cas du criminel ou la taille d’une star du basket sont des «causes uniques» et sont «très faciles à comprendre».

Des problèmes surgissent – ​​explique l’expert – lorsque l’on aborde la «causalité distribuée».

«Quand nous parlons de qui nous sommes, dans la plupart des cas, il s'agit de millions de ces petits fils invisibles. Ensemble, c'est aussi déterministe que la destruction de votre cortex frontal dans un accident de voiture.»

L'argument scientifique

Sapolsky explique qu'un neurone donné (cellule du système nerveux) fonctionne en fonction de ce que font les milliers d'autres neurones qui l'entourent.

«Il pourrait avoir des connexions avec jusqu'à 50 000 autres neurones, ce n'est pas une île. Quoi qu'il fasse, cela s'inscrit dans ce contexte.»

Comme argument pour défendre sa thèse, il demande qu'on lui montre «un neurone (ou un cerveau) dont la génération de comportement est indépendante de la somme de son passé biologique».

L'enseignant nous invite à réfléchir à notre adolescence, à notre enfance, lorsque nous étions dans le ventre de notre mère.

«Vos neurones sont constitués des gènes avec lesquels vous avez commencé lorsque vous étiez une cellule.»

Et bien avant cela : «Vos ancêtres étaient-ils des bergers ou des agriculteurs ? Vivaient-ils dans une forêt tropicale ou dans le désert ? Parce que cela se transmettra siècle après siècle et que le travail de chaque génération est de sculpter le cerveau de leurs enfants pour qu'ils aient le mêmes valeurs culturelles».

Il en va de même pour les autres mécanismes de fonctionnement du corps.

L'adénosine triphosphate (ATP), par exemple, est une molécule que les cellules utilisent pour obtenir de l'énergie.
Si vous n’avez pas bien dormi la nuit dernière ou si vous n’avez pas mangé, certaines cellules auront moins d’ATP que la normale.
«Il y a des années, mon laboratoire a montré que si vous êtes stressé pendant votre sommeil, vous accumulerez moins d'ATP dans votre cerveau que si vous n'étiez pas stressé.»

Un autre exemple est celui des hormones. Si nous avons un niveau plus élevé d'une certaine hormone, cela peut influencer si, par exemple, nous nous sentons plus irritables ou plus disposés à prendre des risques, ainsi que la sensibilité de notre cerveau à certains stimuli externes.

Sapolsky nous rappelle que les hormones régulent les gènes et que, à leur tour, les gènes ont beaucoup à voir avec le carrefour de la prise de décision.
Avec tout cela à l’esprit, il pose le défi : «allez changer tous ces facteurs. Si le neurone fait exactement la même chose, alors c’est ça, le libre arbitre.»

«Montrez-moi que votre cerveau vient de produire un comportement indépendant de tout cela, et si vous faites cela, vous démontrez votre libre arbitre», dit-il.

Pour ce neurobiologiste, au 21ème siècle, nous disposons de nombreuses connaissances scientifiques qui ont montré à quel point les gènes, la partie hormonale et l'environnement sont importants comme éléments qui, ensemble, font de nous ce que nous sommes.

«Ce n’est pas à moi de prouver que le libre arbitre n’existe pas. Je pense que la charge de la preuve incombe à ceux qui insistent sur l’existence du libre arbitre», dit-il.

«Montrez-moi des hormones qui font le contraire de ce qu'elles font normalement. Montrez-moi que vous venez de modifier votre séquence d'ADN. Faites-le et nous parlerons ensuite de libre arbitre.»

Référence : BBC

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Message par hks Mer 12 Juin 2024 - 23:18

Victor

je ne sais pas si tu réalises la somme d'arguments ( tout à fait raisonnables et coherents cela dit) qui n'entament en rien la conviction que "je me sens libre".

La "croyance"! . Libre arbitre . Serf arbitre . 4221839403 disent certains, mot qui ne me semble pas aproprié en ce qu'il renvoie aux superstitions ou à l'imagination toujours vue comme "folle du logis".

Ce n'est pas une croyance, c'est un vécu.

Parle- t -on de croyance quand on a une migraine ?
Non, c'est un vécu (un sentir et ressentir)
Je ne crois pas à ma liberté, je l'eprouve, j'en fais l'experience.

Qu'est ce qu'il me dit Sapolsky ?
Il me dit non vous n'avez pas de migraine.
Est -ce que Sapolsky a cessé de croire à ses migraines lorsqu'il était adolescent ?

Pour moi Sapolsky est completement hors sujet.(intelligent mais hors du sujet tel que je le comprends).

Voila bien le problème posé et reposé maintes fois,
nous ne regardons pas au même endroit.

cordialement

hks
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Message par Saint-Ex Jeu 13 Juin 2024 - 1:50

.

HKS

Tu te sens libre de dire «J'ai mal à la tête» lorsque cette parole a une cause : ton mal de tête.

Tu es libre de dire aussi «j'ai mal à la tête» sans avoir mal à la tête, et là, ce sera plutôt à toi de me dire la cause exacte d'une telle expression, d'une telle liberté d'expression ...

Tu parles de la croyance indiquée par certains en affirmant que ce mot ne te semble pas aproprié.

Tu dis que tu ne sais pas si je réalise la somme d'arguments qui n'entament en rien ta conviction de te sentir libre.

Je trouve que ces deux affirmations sont contradictoires, car sauf erreur, la conviction, c'est l'état d'esprit de quelqu'un qui croit fermement à la vérité de ce qu'il pense

Je souligne le verbe penser pour rappeler qu'un scientifique se méfie comme de la peste de sa pensée, sauf après avoir procédé à une vérification de la dite pensée au moyen de la méthode scientifique, pensée qu'il offrira à toute réfutation de la part de quiconque voudra s'en charger au moyen de la méthode scientifique.

Cela dit, je suis d'accord, nous ne regardons pas les mêmes endroits, au pluriel, si tu permets, car je me targues de regarder au moins deux endroits, celui de la philosophie et celui de la science, et je suis très humblement d'accord avec moi-même sur un point de vue particulier que je me suis permis d'indiquer il y a près de 12 ans, ici, sur Digression :

Cette idéologie où les croyances s'affrontent dans la confusion des théories et l'arbitraire anecdotique des « dépassements », c'est l'histoire de la philosophie revêtue de sa ridicule robe d'apparat. La philosophie continue de s'accrocher au préjugé voulant que sans « point de vue philosophique », la science ne peut qu'errer ou se perdre, que les savants sont incapables de s'interroger sur les fondements de leurs sciences, préjugé qui est absolument faux.

Il est plutôt grave que l'académisme philosophique continue à véhiculer les mêmes mensonges sur la science afin de détourner le regard du travail scientifique véritable et, surtout, des avancements véritables de la science dont les progrès font pâlir les philosophes. Cette méfiance à l'égard des sciences cherche à maintenir l'illusion d'un lustre perdu, ce qu'on se garde bien cependant d'avouer.

Curieux retournement : ce sont les sciences qui sont en train d'organiser la faillite de la philosophie dont les systèmes ne sont plus qu'un sauve-qui-peut général devant ce qui menace les privilèges et les prérogatives des Socrates fonctionnaires ! Si la philosophie osait réellement donner la parole aux sciences, il ne resterait plus rien de son édifice théorique et de son vain bavardage.


Très cordialement, même si je sais que tu ne seras peut-être pas d'accord ...

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Message par hks Jeu 13 Juin 2024 - 13:40

victor st ex a écrit:Je trouve que ces deux affirmations sont contradictoires, car sauf erreur, la conviction, c'est l'état d'esprit de quelqu'un qui croit fermement à la vérité de ce qu'il pense


et je pense quoi à ton avis ? . Libre arbitre . Serf arbitre . 3438808084

est- ce que la conviction d'avoir mal à la tête c'est l'état d'esprit de quelqu'un qui croit fermement à la vérité de ce qu'il pense

Question: Est -ce que "je crois à la vérité" d'avoir mal à la tête ?

NON. La conviction d'avoir mal à la tête ce n'est pas un état d'esprit. Avoir une douleur ce n'est pas un etat d'esprit [u]qui juge de la vérité ou pas de la douleur.

Je me sens libre comme je me sens empêché/entravé, tout comme je me sens en forme ou malade.
Occasionnellement, je me sens libre.

Je n'en pense rien qui tombe sous la vérification possible.
.................................................................................................
Mais alors, cest bien cette immediateté  ou immanence du resentir qui reste une question philosophique.
Car la situation du sentir est antérieure à l'experimenation des sciences.
Je ne fais d'experiences (scientifiques) qui SI D'ABORD j'ai un senti/ ressenti.

...................................................................................

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Message par Saint-Ex Jeu 13 Juin 2024 - 16:38

hks a écrit:
victor st ex a écrit:Je trouve que ces deux affirmations sont contradictoires, car sauf erreur, la conviction, c'est l'état d'esprit de quelqu'un qui croit fermement à la vérité de ce qu'il pense


et je pense quoi à ton avis ? . Libre arbitre . Serf arbitre . 3438808084

est- ce que la conviction d'avoir mal à la tête c'est l'état d'esprit de quelqu'un qui croit fermement à la vérité de ce qu'il pense

Question: Est -ce que "je crois à la vérité" d'avoir mal à la tête ?

NON. La conviction d'avoir mal à la tête ce n'est pas un état d'esprit. Avoir une douleur ce n'est pas un etat d'esprit qui juge de la vérité ou pas de la douleur.

Je me sens libre comme je me sens empêché/entravé, tout comme je me sens en forme ou malade.
Occasionnellement, je me sens libre.

Je n'en pense rien qui tombe sous la vérification possible.
.................................................................................................
Mais alors, cest bien cette immediateté  ou immanence du resentir qui reste une question philosophique.
Car la situation du sentir est antérieure à l'experimenation des sciences.
Je ne fais d'experiences (scientifiques) qui SI D'ABORD j'ai un senti/ ressenti.

...................................................................................

Lorsque tu affirmes «J'ai mal à la tête», il y a une cause à cette affirmation.

La vérité à laquelle tu crois, ce n'est pas celle de la croyance à ton mal de tête, c'est celle de la croyance à un arbitre sans cause, à un arbitre libre, à un arbitre libre de toute cause.

Tu dis «cest bien cette immédiateté ou immanence du ressentir qui reste une question philosophique»

Je ne m'appesantirai pas sur le caractère philosophique du matérialisme scientifique malgré que ce caractère ait un rapport certain avec l'exploration et l'explication de l'arbitre ... Je dirais plutôt que ton affirmation d'immédiateté ou d'immanence du ressentir, qui peut rester une question philosophique au sens où tu entends la philosophie, camoufle en réalité le fait que tu n'as aucune ou que tu tiens à n'avoir aucune connaissance de la ou des causes de ton ressentir. Or, ton ressentir qui se manifeste par exemple par ton mal de tête, il a une ou plusieurs causes. Et cette ou ces causes ont elles aussi une ou plusieurs causes.

L'enchaîtement de toutes les causes et effets qui ont précédé et ont abouti à ton mal de tête est pratiquement impossible à connaître au moment précis où tu te mets à avoir mal à la tête.

Tu dis «Car la situation du sentir est antérieure à l'experimenation des sciences.
Je ne fais d'experiences (scientifiques) qui SI D'ABORD j'ai un senti/ ressenti.»


Sauf ton respect, tu exprimes ainsi une lapalissade (avant d'expérimenter il faut avoir ressenti l'objet de l'expérience).

Mais cette chronologie n'abolit certainement pas toute expérience ayant pour objet le libre ou le serf arbitre. Le type d'expérience valide peut dans ce cas être une expréience de pensée du même type que celle ayant permis à Einstein d'élaborer sa relativité générale.

L'un des types d'expérience de pensée applicable à la causalité consiste à se poser la question de savoir s'il est possible qu'un neurone (ou un cerveau) ait une génération de comportement indépendante de la somme de son passé biologique. La réponse à cette question est indubitablement NON et cette réponse conditionne la causalité commandant le serf arbitre, le déterminisme, la nécessité, le «destin»

Une autre expérience s'écarte un peu de l'expérience de pensée.

L'adénosine triphosphate est une molécule que les cellules utilisent pour obtenir de l'énergie. Quelqu'un qui n'aurait pas bien dormi ou qui n'aurait pas mangé aurait moins d'adénosine triphosphate que la normale dans certaines de ses cellules. Une expérience de laboratoire a montré que lorsqu'on est stressé pendant le sommeil, alors on n'accumule moins d'adénosine triphosphate dans le cerveau que lorsqu'on n'est pas stressé. Inutile de parler de la baisse d'énergie intellectuelle le jour suivant une nuit de cauchemar (cela, c'est la partie pensée de l'expérience, que tout le monde aura le loisir de réfuter s'il en a envie et s'il le peut).

Des expériences de ce type, aujourd'hui elles pullulent en science. La plus remarquable, c'est celle qui permet aujourd'hui de prévoir dès la naissance et sans erreur le quotient intellectuel et les goûts du futur adulte grâce à une lecture attentive de son acide désoxyribonucléique ! ...


Dernière édition par Saint-Ex le Jeu 13 Juin 2024 - 22:39, édité 1 fois (Raison : grammaire)

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Message par hks Jeu 13 Juin 2024 - 22:34

victor a écrit:La vérité à laquelle tu crois, ce n'est pas celle de la croyance à ton mal de tête, c'est celle de la croyance à un arbitre sans cause, à un arbitre libre, à un arbitre libre de toute cause.


Priere de ne pas penser à ma place si tu veux bien ...(un "arbitre" substantiel, je ne l'ai pas trouvé)

La phenomenologie ne cherche pas des causes, elle cherche à décire le phenomène.
En l'occurence un ressenti occasionnel de liberté, c'est du moins le mot qui y est attribué. Tout comme j'ai aussi un ressenti de vouloir (volonté) c'est du moins le mot qui y est attribué.
J"ai Des ressentis d'emotions diverses et variées.

(remplace ressenti par "experience" si tu veux, mais au sens de William james et ce ne sont pas des experimentations.

Tu fais pour ta part des experiences de pensée (sur les causes) que je ne fais pas et tu en tires un tableau métaphysique materialiste/ mecaniste de la réalité.

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Message par Saint-Ex Jeu 13 Juin 2024 - 23:39

.

hks a écrit:(un "arbitre" substantiel, je ne l'ai pas trouvé)
Le terme arbitre est le substantif qualifié de libre ou de serf dans le titre de cette discussion (. Libre arbitre . Serf arbitre .)

hks a écrit:Priere de ne pas penser à ma place si tu veux bien ...
Tu me permettras quand même de tenter de répondre à ta question suivante :
hks a écrit:je pense quoi à ton avis ?
Et je réponds à ta question en étant d'accord avec ce que tu y réponds toi-même, à savor que

la phenomenologie ne cherche pas des causes, elle cherche à décire le phenomène.
En l'occurence un ressenti occasionnel de liberté, c'est du moins le mot qui y est attribué.
Tout comme j'ai aussi un ressenti de vouloir (volonté) c'est du moins le mot qui y est attribué.
J"ai Des ressentis d'emotions diverses et variées.


Autrement dit, pour préciser ma réponse à ta question, toi, tu penses en phénoménologue. Moi non.

hks a écrit:
(remplace ressenti par "experience" si tu veux, mais au sens de William james et ce ne sont pas des experimentations.
Je ne me permettrais certainement pas de remplacer «ressenti» par «expérience», parce que cela prouverait que je m'égare complètement en ne comprenant pas ce qu'est au juste la méthode scientifique.

hks a écrit:
Tu fais pour ta part des experiences de pensée (sur les causes) que je ne fais pas et tu en tires un tableau métaphysique materialiste/ mecaniste de la réalité.
En effet je part d'expériences de pensée (mais aussi d'expériences tout court) sur les causes des ressentis.

Et mon but est une explication philosophiquement matérielle et scientifique du serf arbitre (et certainement pas un tableau métaphysique; quelle idée ! ...)

Autrement dit, entre le libre arbitre et le serf arbitre je défends le second aidé par la méthode scientifique au détriment du premier aidé par la philosophie traditionnaliste, c'est-à-dire par pas grand chose (à mon humble avis, tu l'auras deviné).

Je suis sûr que tu seras capable de comprendre qu'une conscience de la réalité incontestable du serf arbitre dépend étroitement d'une explication de l'enchaînement de toutes les causes ayant commandé ce serf arbitre, concept auquel ont d'ailleurs adhéré autant Spinoza que Nietzsche, en passant ...


Dernière édition par Saint-Ex le Ven 14 Juin 2024 - 18:33, édité 1 fois (Raison : Grammaire)

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Message par hks Ven 14 Juin 2024 - 13:27

Victor je ne parle pas de "libre arbitre ".
J'ai dit maintes fois que ce mot me déplaisait fortement, ainsi donc que les théories environnant ce mot là.
Les mots sont très loin d'être neutres.
Excuse la platitude de ma remarque.
.........................................................................
Victor a écrit:(et certainement pas un tableau métaphysique; quelle idée !
et pourtant c'est une idée à laquelle je tiens beaucoup.
Whitehead a écrit:« chaque scientifique, afin de préserver sa réputation, doit dire qu'il déteste la métaphysique. Ce qu'il veut dire par là, c'est qu'il déteste voir sa métaphysique se faire critiquer »

Bref, il est question de causes... et alors là c'est le tonneau des danaïdes.(ou le rocher Sisyphe, tu peux choisir le mythe)

 Par respect pour le travail acharné des savants qui s'épuisent à en trouver, je ne vais pas redire que c'est l'asile de l'ignorance.
Qui ne cherche pas à trouver des causes ?

merci pour ta réponse . Libre arbitre . Serf arbitre . 3438808084

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Message par Saint-Ex Ven 14 Juin 2024 - 14:57

hks a écrit:
Bref, il est question de causes... et alors là c'est le tonneau des danaïdes.(ou le rocher Sisyphe, tu peux choisir le mythe)
Par respect pour le travail acharné des savants qui s'épuisent à en trouver, je ne vais pas redire que c'est l'asile de l'ignorance.
Qui ne cherche pas à trouver des causes ?
Je me demande quelles sont les causes qui te poussent à affirmer de telles choses.

Trente ans de travaux sur les seules causes génétiques de certains comportements viennent de conclure qu'on peut prédire à la naissance le penchant pour les arts ou pour les mathématiques, la facilité ou les difficultés de lire et de comprendre ce qu'ont lit, la facilité ou les difficulté de mémoriser ce qu'on apprend, la dyslexie, le quotient intellectuel, certaines maladies ayant une influence sur le comportement, comme le diabète, l'excès d'embonpoint, la schizophrénie, la paranoïa, la démence.

Je ne te parlerai même pas des causes hormonales et métaboliques et de leurs effets sur les actions et les pensées, ni des accidents de voiture, d'avion, de travail, et de tout ce qu'on voudra, qui sont la cause de bifurcations parfois extrêmement importantes des pensées et des actions.

Es tant qu'on y est, tu connais le programme de formation universitaire des futurs psychologues et psychiatres, et les multiples cours de ce programme sur les causes et leurs effets concernant les pensées et les actions de leur futurs patients ? Permet-moi de répondre à ta place : non, tu ne les connais pas.

Et tu me dis sans rire que la recherche des causes est l'asile de l'ignorance ?

Je crois que tu badines, HKS ...

Très cordialement ...

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Message par hks Ven 14 Juin 2024 - 16:45

victor st ex a écrit:Je me demande quelles sont les causes qui te poussent à affirmer de telles choses.

Les cause qui me poussent ! . Libre arbitre . Serf arbitre . 3438808084
et je dirai que jamais on ne pense à celles qui attirent.
Ou si rarement.

Parce que de deux "riens" celui du passé qui n'est plus rien et de l'avenir qui n'est encore rien, l'un pousse  ...et l'autre que fait- il ? il ne fait rien.
Du moins n'en parle- t -on pas comme actant. C'est le point aveugle.

L'éternel présent (ou actuel) est déséquilibré.
Les  causes (à gauche) mais pas sans l'absence de causes (à droite).
A droite, l'avenir, c'est rien, c'est l'absence absolue de causes comme d'effets

Quand même curieux cette affaire où dans un monde déterminé en tout point il soit néanmoins nécessaire l'absence de causes

je ne badine pas ... à un niveau de l'existence la recherche des causes est  pragmatiquement vitale. Il se peut que la nature aille d'un autre train.

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Message par Bergame Ven 14 Juin 2024 - 18:06

hks a écrit:
victor st ex a écrit:Je me demande quelles sont les causes qui te poussent à affirmer de telles choses.
Les cause qui me poussent ! . Libre arbitre . Serf arbitre . 3438808084
et je dirai que jamais on ne pense à celles qui attirent.
Ou si rarement.
Bien sûr que si. Causes efficientes et causes finales, la distinction est classique depuis Aristote au moins.

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Message par Saint-Ex Ven 14 Juin 2024 - 18:27

hks a écrit:
victor st ex a écrit:Je me demande quelles sont les causes qui te poussent à affirmer de telles choses.

Les cause qui me poussent ! . Libre arbitre . Serf arbitre . 3438808084
et je dirai que jamais on ne pense à celles qui attirent.
Ou si rarement.

Parce que de deux "riens" celui du passé qui n'est plus rien et de l'avenir qui n'est encore rien, l'un pousse  ...et l'autre que fait- il ? il ne fait rien.
Du moins n'en parle- t -on pas comme actant. C'est le point aveugle.

L'éternel présent (ou actuel) est déséquilibré.
Les  causes (à gauche) mais pas sans l'absence de causes (à droite).
A droite, l'avenir, c'est rien, c'est l'absence absolue de causes comme d'effets

Quand même curieux cette affaire où dans un monde déterminé en tout point il soit néanmoins nécessaire l'absence de causes

je ne badine pas ... à un niveau de l'existence la recherche des causes est  pragmatiquement vitale. Il se peut que la nature aille d'un autre train.

La science approuve aujourd'hui la déclaration suivante de Spinoza :

«Les hommes se trompent quand ils se croient libres; cette opinion consiste en cela seul qu'ils sont conscients de leurs actions et ignorant des causes par lesquelles ils sont déterminés.»

Mais la science ne se contente pas de cet était de fait. Elle a la volonté inexorable d'explorer et expliquer la moindre des causes que les hommes ignorent tout en étant conscients de leurs actions.

L'éternité de l'instant ne sera d'aucune utilité face à cet inexorable déterminisme matérialiste scientifique.

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Message par hks Ven 14 Juin 2024 - 23:27

à Victor stex

Inexorable est la volonté de rechercher des causes
et pour ça, c'est certain.

En fonction du principe de raison suffisante. Leibniz, Kant, Schopenhauer et d'autres en font un principe de l'entendement...mais on peut le reconduire à un principe plus primitif de la sensibilité.
On ne sort pas de la causalité.
Sauf qu'existe conjointement un ressenti de liberté.(dont on ne sort pas non plus).

Il n'y a pas plus de vérité dans l'un que dans l'autre, ce sont des états de faits et en plus constatables). Il n'y a pas meilleure preuve
d'un état de fait que de le constater.
Ce n'est pas la causalité qui est vraie, c'est le fait de la constater qui est un vrai constat. Le qualificatif de vrai n'apportant rien du tout.
je constate que j'ai un ressenti de liberté, ce n'est pas la liberté qui est vraie, c'est le ressenti qui est un vrai ressenti.
.........................................................................................
Spinoza parle de l'opinion etc...des idées qu'on se fait.

Alors là, oui, il y a sans doute un/des dispositifs explicatifs, imaginés...mais on est au delà du ressenti. On va imaginer un système de causes et d'effets.. Et pour Spinoza, dans son dispositif, c'est Dieu ou la Nature qui est libre.

On peut alors parler de "vérité" parce que des explications concurrentes prétendent décrire l'essence des causes (ou de la liberté).
mais alors on n'y parle plus des faits, on y parle des explications.

et tu m'expliques ceci cela ...les avantages... tout ça.... mais ça ne change en rien mon ressenti de liberté.

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Message par Saint-Ex Sam 15 Juin 2024 - 13:00

.

- La vérité a disparu de la méthode scientifique. Elle a été remplacée par le probabilisme. Par une probabilité fixée sur un grade de l'échelle du faux au vrai.

- Le constat scientifique d'une cause précise établit une probabilité de véracité de cette cause. Cette véracité peut atteindre 100 % moins un iota de certitude. Nous diront que c'est une quasi-certitude de quasi-vérité.

- Rien ne t'interdit de conserver intact ton ressenti de liberté, comme rien ne t'interdit d'explorer scientifiquement ton ressenti et de t'expliquer toi-même en conséquence la cause exacte d'un tel ressenti en conservant ainsi intacte l'illusion de ta liberté. J'allais dire de ta liberté chérie (comme celle de la Marseillaise).

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Message par hks Sam 15 Juin 2024 - 15:12

Victor

C'est toi qui me parle de "vérité"
Victor St ex a écrit:La vérité à laquelle tu crois, ce n'est pas celle de la croyance à ton mal de tête, c'est celle de la croyance à un arbitre sans cause, à un arbitre libre, à un arbitre libre de toute cause

je ne suis pas certain que tu me montres des causes du ressenti du liberté .
Ce que tu montres ce sont des causes, au mieux, des émotions .Or il se trouve que sujets aux émotions, je me sens privé de liberté, on dit : sous l'emprise des émotions.
Tu me montres des causes expliquant que je ne me sens pas libre.largement plus que de causes de ce que "je me sens libre".

A la limite mobilisant la neuro physiologie tu vas tenter
de m'expliquer pourquoi je prends (ou pas) mon parapluie s'il menace de pleuvoir et que je me sens libre d'en décider.

Tu vas mobiliser des causes neuronales que tu veux privilégier... alors que la présence de nuages menaçant dans le ciel me parait tout autant explicatif ... du contexte.
Voila bien qu'il y maintenant un contexte à faire enter en ligne de compte dans ton jeu des causes .

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Message par Saint-Ex Sam 15 Juin 2024 - 17:07

hks a écrit:Victor
C'est toi qui me parle de "vérité"
Victor St ex a écrit:La vérité à laquelle tu crois, ce n'est pas celle de la croyance à ton mal de tête, c'est celle de la croyance à un arbitre sans cause, à un arbitre libre, à un arbitre libre de toute cause

Je ne te parle pas de «vérité», je parle de «la vérité à laquelle tu crois».

hks a écrit:je ne suis pas certain que tu me montres des causes du ressenti du liberté .
Ce que tu montres ce sont des causes, au mieux, des émotions .Or il se trouve que sujets aux émotions, je me sens privé de liberté, on dit : sous l'emprise des émotions.
Tu me montres des causes expliquant que je ne me sens pas libre.largement plus que de causes de ce que "je me sens libre".

A la limite mobilisant la neuro physiologie tu vas tenter
de m'expliquer pourquoi je prends (ou pas) mon parapluie s'il menace de pleuvoir et que je me sens libre d'en décider.

Tu vas mobiliser des causes neuronales que tu veux privilégier... alors que la présence de nuages menaçant dans le ciel me parait tout autant explicatif ... du contexte.
Voila bien qu'il y maintenant un contexte à faire enter en ligne de compte dans ton jeu des causes .

Tu n'es pas certain que je te montre des causes du ressenti de ta liberté et tu m'en montres une avec tes nuages, cause d'un ressentir, d'un ressentir de liberté, de liberté de quoi, de prendre ton parapluie ! Ou de ne pas le prendre, et donc d'obéir aveuglément à une autre cause que celle de la présence de nuages (dans un ciel qui n'est pas celui de l'origine de la chute des idées pures ayant lourdement cabossé le crâne de Platon). Il y a quelque chose d'ironique ...

Le contexte de toute décision ce n'est pas la décision, c'est l'ensemble des causes qui ont eu pour effet la décision.

Au moment précis de la prise de décision, il est fortement probable que le décideur de la décision ignore toutes les causes qui ont eu pour effet sa décision. Mais ce n'est parce qu'il ne sait rien des causes de sa décision que ces causes n'existent pas ! Non seulement elles existent, mais elles sont aujourd'hui le sujet d'études de la philosophie matérialiste scientifique dans le but (un peu utopique, mais elle s'en fout) de toutes les débusquer.

Le jour où toutes les causes auront été débusquées, ce qui est pour l'instant incertain, certes, il sera fortement probable qu'au moment précis de sa décision le décideur de la décision ignorera toutes les causes qui ont eu pour effet sa décision. L'explication est simple : le décideur n'aura jamais le temps de savoir toutes les causes de sa décision au moment précis de sa décision. Tes nuages et ton parapluie pourraient continuer une exception à cette règle, mais tu ne m'pas précisé ni les causes de tes nuages, ni celles de de l'existence de ton parapluie ...

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Message par hks Sam 15 Juin 2024 - 19:24

Victor a écrit:Je ne te parle pas de «vérité», je parle de «la vérité à laquelle tu crois».
et je t'ai déjà repondu sur la vérité, que ce n'était pas "la vérité de ce qui est cru vrai", mais qu'on avait un vrai acte.
je me cite
Hks a écrit:Ce n'est pas la causalité qui est vraie, c'est le fait de la constater qui est un vrai constat. Le qualificatif de vrai n'apportant rien du tout.
je constate que j'ai un ressenti de liberté, ce n'est pas la liberté qui est vraie, c'est le ressenti qui est un vrai ressenti.

Ce à quoi je crois est que je crois bien avoir un ressenti de liberté et je crois que je l'ai parce que je l'ai..

Mais tu veux m'entrainer sur le terrain d'une ontologie de la liberté.  Et je ne suis pas sur ce  terrain.
C'est le même procédé qu'avec la foi religieuse.
Ces questions sont traitées par des athées sur le modèle  sujet /objet où il faut bien que le sujet ait un objet (à définir)  
ce qui se dit : le sujet à une expérience d'un objet (Dieu par exemple)
pas de chance!!! Le sujet (que je ne nie pas) a l'expérience de son expérience.
.................................................................................
maintenant ta réponse est intelligente. . Libre arbitre . Serf arbitre . 3438808084

Est- ce que le contexte est "une cause" ou "une raison d'agir."
Une raison d'agir c'est tout différent de la causalité matérielle .

Pour moi les nuages en question ne causent rien (sauf la pluie).
Le parapluie non plus ne cause rien. Ils ne causent rien tant qu'il ne sont pas pris dans un acte .
ils ne causent d'ailleurs pas plus ni moins que la pesanteur ou le climat.
Alors là, il y a une myriade de causes conditionnelles de ma situation ici et maintenant.
Des conditions pas des causes. Et en observant on repère des conditions plus ou moins importantes .

En revanche pour activer des raisons d'agir, il y a non pas une/des  causes mais une constitution de l'individu.
L'individu vivant est constitué tel que la conscience soit intentionnelle.
(même chez les animaux pour tout dire  et des plus primitifs, le sentir est intentionnel)
C est ma constitution d'individué sensible qui est la cause
(si l'on veut persister à dire "cause" mais qui crée des tautologies : l'eau mouille car elle est mouillante)

J'agis avec une intention dans un contexte.
Et occasionnellement l'activité s'accompagne d'un ressenti de liberté.

Ce que tu me décris c'est un mécanisme et un mécanisme n'a aucune intention et aucun ressenti de liberté .
...............................................

Maintenant il y a parfois, et parfois pas, de "ressenti de la liberté".
Il y a des situation avec et des situations sans.
des favorables et d'autres non.

Alors décrivons les situation /les contextes et moins les causes neuronales ou autres.

Et on comprendra aussi bien sinon mieux .

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Message par Saint-Ex Dim 16 Juin 2024 - 0:06

hks a écrit:
Alors décrivons les situation /les contextes et moins les causes neuronales ou autres.
Et on comprendra aussi bien sinon mieux .

On comprendra tellement bien, tellement mieux, que le jour où un patient se rendra aux urgences d'un hôpital en se plaignant d'un horrible mal au ventre on décrira la situation et le contexte et on s'occupera moins de trouver la ou les causes de son mal pour ne pas trop éclairer les médecins qui n'auront donc pas à déterminer si le patient devra subir une opération de chimiothérapie ou d'appendicite.

Lors d'une opération obstétrique préimplantatoire on ne s'occupera pas trop d'une génétique pouvant causer l'une des maladies les plus horribles qui existent sur terre. On préimplantera une quelconque morula en prévoyant bien à l'avance de décrire la situation, le contexte et l'horreur de la maladie en question après naissance de l'enfant destiné à mourir à l'âge de cinq ans car on ne s'était pas trop occupé d'une génétique ayant causé l'une des maladie les plus horribles qui existe sur terre.

C'est pareil avec l'autisme. On pourra déterminer la cause avancée par la psychanalyse lacanienne en accusant la mère de l'enfant autiste de ne pas savoir communiquer avec son enfant, comme ça on aura déterminé un effet : la destruction simultanées de la psyché de la mère et de son enfant, qui ne guériront pas de si tôt, mais on pourra décrire la situation et le contexte d'une telle situation, d'un tel contexte ... ... ... Ou alors, et à condition de suivre le travail de la science sur les causes génétiques et neuronales de l'autisme de l'enfant en question, on pourra recevoir les directives neuropsychologiques destinées à guérir l'enfant de son autisme en quelques années de patience opiniâtre par recâblage opiniâtre aussi des circuit neuronaux mal câblés, cause de l'autisme en question.

Les connaissances actuelles de la génétique ont mis en évidence le principe de causes à effets. Aujourd'hui il est possible de lire les mots et les phrases inscrites dans la génétique du premier venu dès sa naissance et d'indiquer sans erreur les effets comportementaux et psychologiques de l'adulte qu'il sera plus tard. Le principe d'école sur mesure et de prévention médicale promet de s'installer un jour partout dans le monde à cause de ses coûts substantiellement réduits.

L'avantage de la philosophie matérielle, c'est qu'elle est plus sensible à l'éthique que la philosophie idéelle ... La première guérit (pas toujours, cependant, ça c'est vrai) ... La seconde tue ... (pas toujours, cependant, ça aussi c'est vrai, mais elle tue sans jamais le faire exprès, comme une véritable petite sainte nitouche)

Ou alors, il faudra m'expliquer pourquoi tu n'as pas encore pensé aux causes déterminant les diagnostics et les décisions médicales salvatrices. Et aussi les situations et contextes ayant résulté en permettant surtout de ne pas se tromper de causes la prochaine fois.

Causes >>> Détermination d'une action >>> Situation et contexte résultant >>> Feed back >>> Causes >>> Détermination d'une action >>> Situation et contexte résultant >>> Feed back  >>> Causes >>> Détermination d'une action >>> Situation et contexte résultant >>> Feed back

C'est l'éternel retour du même lol!

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Message par Saint-Ex Dim 16 Juin 2024 - 6:50

.

Pour mémoire, le message suivant extrait du fil de discussion sur la liberté :

Saint-Ex a écrit:.
À propos de la liberté.

Qui a été libre de naître ou de ne pas naître ?

Qui a été libre de boire ou de ne jamais boire ?

Qui a été libre de manger ou de ne jamais manger ?

Qui a été libre d'éjecter ou de ne jamais éjecter ses matières indésirables ?

Qui a été libre de respirer ou de ne jamais respirer ?

Qui a été libre de sentir ou de ne jamais sentir le froid, les sons, les images, les goûts, les odeurs, l'équilibre et l'attraction terrestre ?

Qui a été libre de parler ou de ne jamais parler de sa vie ?

Qui a choisi librement sa langue maternelle ?

Qui a choisi librement sa locomotion bipède ou de continuer à marcher toute sa vie à quatre pattes ?

Qui a été libre de s'habiller ou de rester nu toute sa vie ?

Qui a été libre de supporter nu et dehors toute sa vie les intempéries ou de toujours chercher à s'en prémunir ?

Qui parmi les morts a été libre de ne jamais mourir ?

Réponse à chacune de ses questions : absolument personne !

Mais chacun peut penser librement qu'il a toujours été libre de lever ou de ne pas lever le petit doigt, car, oui, c'est ça, «la liberté», la «vraie» liberté.

En résumé, chacun n'est pas libre de ses actions les plus vitales, car il est facile d'en déterminer les causes et les effets, mais pour les actions dont il ignore ni la cause ni l'effet, là oui, «il est libre de se croire libre».

L'exploration scientifique de l'inconscience des causes et des effets a fait d'énormes progrès ses dernières années ...

La seule liberté, la seule, c'est celle d'adhérer à son serf arbitre au point de l'aimer absolument. Au point d'aimer absolument et sincèrement son serf arbitre.

Il n'y a pas d'autre liberté nous disent Spinoza et Nietzsche dans un fulgurant éclair de lucidité !


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Message par hks Dim 16 Juin 2024 - 12:49

victor a écrit:que le jour où un patient se rendra aux urgences d'un hôpital en se plaignant d'un horrible mal au ventre
je ne vois plus bien le rapport avec le thème du "libre arbitre".

Tu réponds  sur le terrain d'à coté où y a des règles différentes pour un jeu différent.
Tu demandes : qui a été libre alors qu'il ne l'est pas ?
Réponse unanime universelle et de logique basique : personne n'est libre alors qu'il ne lest pas ..
Que tu veux faire comprendre par en renversant l'implication
Alors qu'il ne l'est pas personne n'est libre.
Le bébé est emporté avec l'eau du bain.
Le ressenti de liberté est emporté avec l'eau du bain.

Si je pars du ressenti alors ce sont les causes qui sont emportées.
Les causes sont secondes parce que les causes sont ressenties.
or les causes tu les posent "en soi" dans un monde sans moi , sans conscience et d'abord sans sentir.(sans expérience)

Un monde en soi dit "réel objectif" et je dis que c'est une posture métaphysique.
...............................................................

Quand "à aimer son ressenti de liberté" ... c'est selon les cas. Il y a des occasions où il pèse autant que parfois il enchante.
Il n'est pas absolu. Il est selon l'occasion.
Il n'y a pas de statut ontologique ferme, constant, chose objective, de la liberté.
Le catalogue des causes comme substantielles n'est pas plus, lui, posé sur des assises fermes. C'est un sol des plus fluctuants.

Tu t'approvisionnes au magasin des "causes véritables".
Parce qu'il faut bien manger philosophiquement on mange des causes.

Et comme je te parle en philosophe et non en tant qu'urgentiste, je suis prudent sur la causalité.

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Message par Saint-Ex Dim 16 Juin 2024 - 13:38

hks a écrit:
Tu réponds  sur le terrain d'à coté où y a des règles différentes pour un jeu différent.

Quiconque connaît mes interventions sur quelque forum sait que je ne m'appuie surtout pas sur la philosophie de l'idéalisme traditionaliste dans sa totalité, mais sur la philosophie du matérialisme scientifique, qui permet aujourd'hui de faire le tri au sein des déclarations idéalistes traditionalistes pour en extraire les pensées qui s'accordent au matérialisme scientifique, qui, lui, prend de l'expansion depuis quatre ou cinq siècles en se fondant sur la méthode scientifique après avoir été étouffé pendant mille ans par la médiocrité du rouleau-compresseur-platonicien-judéo-christianiste.

Les remarques cartésiennes du genre «Je pense [être libre], donc je suis [libre]» n'ont pas l'heur de m'intéresser ni de m'impressionner.

Les remarques spionzienne ou nietzschéenne de la philosophie de l'idéalisme traditionaliste du genre «Le libre arbitre est une totale illusion qui vient de ce que l'homme a conscience de ses actions mais non des causes qui le déterminent à agir», ces remarques m'intéressent et me plaisent car elles s'accordent aux explorations et aux explications de la philosophie matérialiste scientifique.

Au cas où la chose aurait disparue de la discution, je rappellerai que le sujet de cette enfilade de messages, c'est le libre arbitre opposé au serf arbitre.

Et dans le cadre d'une telle opposition je prends partie pour le serf arbitre indiqué par Spinoza, Nietzsche et la philosophe matérialiste scientifique épaulée par la méthode scientifique.

Les tentative de digression par rapport à cette opposition sont fondées sur des pensées ne semblant obéir qu'à la volonté de ne se dérouler que sur le terrain sacro-saint d'une philosophie qui est morte. Je me permets de répondre à cette opposition de la façon suivante depuis le début et ça va continuer comme ça jusqu'a ce que tout le monde comprenne :

UN OUI.  UN NON.  UN BUT.  point.

Nota :
si je ne te nomme pas, HKS, c'est par simple respect.


Dernière édition par Saint-Ex le Dim 16 Juin 2024 - 14:02, édité 2 fois (Raison : Tain de Djeuh, quelle salade d'erreurs de français ! ! Ça ne s'arrange pas ! ...)

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Message par hks Dim 16 Juin 2024 - 16:06

victor a écrit:«Je pense [être libre], donc je suis [libre]»
oui bon je ne le dis pas comme ça .
Je dis "je ressens être libre et j'en suis heureux ".
Ce qui veux dire que ce n'est pas une passion triste.

La question de "libre arbitre" est incluse dans un contexte
(chez Spinoza on ne peut plus puisqu'il s'oppose à Descartes dans le contexte cartésien )
Je ne suis pas dans ce contexte.

victor a écrit:ces remarques m'intéressent et me plaisent car elles s'accordent aux explorations et aux explications de la philosophie matérialiste scientifique.

Evidemment qu'elles te plaisent puisque tu es dans le même contexte; le contexte rationnel cartésien de la causalité efficiente.
Descartes a écrit:« Je désire que vous considériez que ces fonctions [vitales des animaux] suivent tout naturellement, en cette machine, de la seule disposition de ses organes, ni plus ni moins que font les mouvements d'une horloge de celle de ses contrepoids et de ses roues. »
Descartes Traité de l'homme

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Message par Saint-Ex Dim 16 Juin 2024 - 20:45

hks a écrit:
victor a écrit:«Je pense [être libre], donc je suis [libre]»
oui bon je ne le dis pas comme ça .
Je dis "je ressens être libre et j'en suis heureux ".
Ce qui veux dire que ce n'est pas une passion triste.
Il ne te viendrait donc jamais à l'esprit que l'être libre de ton ressenti est en réalité un être serf qui te trompe surtout parce qu'il te rends heureux ? La poursuite du bonheur aristotélicien ne serait-elle pas plus importante pour toi que le bonheur de la poursuite de la vérité ?

****************

hks a écrit:La question de "libre arbitre" est incluse dans un contexte
(chez Spinoza on ne peut plus puisqu'il s'oppose à Descartes dans le contexte cartésien )
Je ne suis pas dans ce contexte.
Le contexte cartésien ne m'intéresse pas, car la seule remarque de Spinoza sur le serf arbitre est compatible avec la philosophie matérialiste scientifique, ce que je dis d'ailleurs par la remarque suivante : «Les remarques qui m'intéressent et me plaisent s'accordent aux explorations et aux explications de la philosophie matérialiste scientifique».

hks a écrit:Evidemment qu'elles te plaisent puisque tu es dans le même contexte; le contexte rationnel cartésien de la causalité efficiente.
Les déclarations qui s'accordent avec la philosophie matérialiste scientifique m'intéressent quelque soit le philosophe.

****************

Descartes a écrit:« Je désire que vous considériez que ces fonctions [vitales des animaux] suivent tout naturellement, en cette machine, de la seule disposition de ses organes, ni plus ni moins que font les mouvements d'une horloge de celle de ses contrepoids et de ses roues. » Descartes Traité de l'homme
Je méprise profondément cette déclaration de Descartes; elle ne s'accorde pas à la philosophie matérialiste scientifique, qui ne traite pas exclusivement de mécanique, mais aussi de psychologie, et de personnalité en tant qu'âme du vivant aussi. Cette façon de voir les animaux est de la part de Descartes l'idiotie, la stupidité, la bêtise produites par une pensée tombée de la théologie d'un ciel des idées pures, médiocres et fausses.

Je préfère de loin la pensée de Montaigne.  Il affirmait rechercher l'homme dans l'animal, selon l'étymologie latine du mot animal ce qui possède le souffle, respire, est vivant, c'est-à-dire pour Montaigne ce qui témoigne bien mieux que nous de la nature telle qu'elle devrait aussi être vécue en nous.

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Message par hks Lun 17 Juin 2024 - 11:14

Victor a écrit:Il ne te viendrait donc jamais à l'esprit que l'être libre de ton ressenti est en réalité un être serf qui te trompe surtout parce qu'il te rends heureux ?
J'évite soigneusement mais ce n'est apparemment pas assez
de parler d'un être libre qui serait etc....

je dis "qui ressent", qui a "un ressenti de liberté". je parle d'individué,  comme organisme vivant, mais pas comme d'un être libre .
Cet individu est (pour moi) un complexe de relations dans un complexe de relations.(on a déjà cette idée dans Spinoza d'ailleurs).https://journals.openedition.org/methodos/114

Cette façon de voir les animaux est de la part de Descartes l'idiotie,
le plus critiquable aux yeux de la science contemporaine serait sa conception des horloges.
Il y a une question d'échelle que Descartes ne pouvait pas deviner.

https://journals.openedition.org/appareil/595?lang=en

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