Re: La démocratie, donc

[Invité]

et surtout, ces derniers jours, le gouvernement libéral actuellement au pouvoir en Belgique qui vient de faire entrer la cause animale dans la constitution !
Du strict point de vue juridique, le dernier exemple est quand même assez dingue : A priori, une constitution prévoit et protège les droits des citoyens d'un Etat, et sa légitimité dérive irréductiblement de la volonté de ces citoyens. Depuis quand les animaux sont-ils des sujets politiques, des citoyens ?

L'insertion de la cause animale dans la Constitution a été votée avec une majorité des deux tiers. C'est donc la volonté démocratique du peuple, à travers ses représentants, qui s'est exprimée. Eh oui, être démocrate, c'est accepter que des règles que tu n'aimes pas soient votées ;-)

On assiste à une sorte de fétichisation de la constitution, supposée surplomber la volonté populaire et s'imposer à elle.

Au contraire, c'est la volonté populaire, démocratique, qui fait le contenu de la Constitution. Une Constitution est constamment modifiée, des procédures existent pour cela, et les décisions se votent au Parlement avec les représentants élus par le peuple.

La Constitution ne contraint pas le peuple d'"en haut" : elle est une contrainte que le peuple a choisi de se donner, honorant le sens profond de la démocratie, c'est-à-dire d'un régime où le peuple choisit sa propre loi.

De toute façon, pas de panique : si une grande majorité du Peuple veut former une Constitution liberticide tout en se définissant comme "démocratique", cela se fera. La Hongrie, par exemple, s'autodéfinit comme étant une "démocratie illibérale".

[Bergame]

Ok, tu as raison, et nous sommes donc d'accord. Et je vois que tu fais bien la distinction, toi aussi, entre démocratie et libéralisme. J'ai eu tellement de mal à faire comprendre cette distinction sur ce forum !...

Mais quand même, ces usages de la constitution sont questionnants. Tu es d'accord que, dans les cas dont nous parlons, il a manifestement été considéré qu'une "simple" loi ne suffisait pas ? Je ne suis pas le seul à penser qu'une constitution devrait rester l'énonciation des grands principes de la politie, la norme fondamentale de l'ordre juridique. Et je ne pense pas souhaitable qu'une constitution doive évoluer en fonction des changements de majorité. Mais enfin...

[Invité]

Mais quand même, ces usages de la constitution sont questionnants. Tu es d'accord que, dans les cas dont nous parlons, il a manifestement été considéré qu'une "simple" loi ne suffisait pas ?

Au contraire, cette modification faite dans la Constitution belge est parfaitement sensée.

Déjà, voici la phrase qui y a été ajoutée :

"Dans l'exercice de leurs compétences respectives, l'État fédéral, les Communautés et les Régions veillent à la protection et au bien-être des animaux en tant qu'êtres sensibles."

Ce n'est pas une loi concrète, c'est plutôt un principe éthique. Plus précisément, cela redéfinit les limites de la sphère de considération morale (définie ici) en la faisant englober les animaux sensibles. La Constitution me semble être le lieu approprié pour expliciter ce cadre fondamental.

Même si, quand on suit le dossier de la cause animale, on sait que malgré cette avancée, on est encore très loin de considérer les animaux sensibles comme des personnalités juridiques (des sujets). Ce changement relève du welfarisme, qui est la démarche consistant à diminuer les souffrances des animaux tout en continuant à les exploiter impunément. Au mieux, ça permettra de modérer les élevages industriels, qui sont des atrocités. D'ailleurs, les sondages montrent que la majorité de la population est contre ce type d'élevage.

[Bergame]

on est encore très loin de considérer les animaux sensibles comme des personnalités juridiques (des sujets).

Absolument. Raison pour laquelle, selon moi, cela n'a rien à faire dans une constitution qui prévoit les grands principes du vivre-ensemble entre sujets de la politie.

Il n'est jamais bon, à mon sens, de mêler éthique et politique. Rien ne peut faire que, dans des sociétés plurielles, les individus n'adhèrent pas à des principes éthiques différents. Vouloir en inscrire certains dans une constitution, c'est tenter de les sanctuariser.
Tu trouves cela très bien puisque, tout simplement, tu es manifestement toi-même un défenseur de la cause animale. Mais tu soutiens alors simplement le fait d'imposer politiquement tes convictions éthiques à d'autres, qui ne les partagent peut-être pas. Et pourquoi ne pas inscrire le végétarisme dans la constitution, aussi ?

[Saint-Ex]

Dans l'exercice de leurs compétences respectives, l'État [...] veillent à la protection et au bien-être des animaux en tant qu'êtres sensibles

La maladie de Lyme est causée par une bactérie appelée Borrelia burgdorferi, qui se transmet par la morsure de tiques à pattes noires infectées. Les tiques à pattes noires infectées doivent rester accrochées pendant au moins 24 heures afin de transmettre la bactérie qui cause la maladie de Lyme.

La plupart des gens contractent la maladie de Lyme après avoir été mordus par :

une nymphe, qui a à peu près la taille d'une graine de pavot

une tique femelle adulte, qui a à peu près la taille d'une graine de sésame

Vous ne remarquerez peut-être pas qu'une tique vous a mordu car les tiques sont minuscules et leurs morsures ne causent habituellement pas de douleur.

Pas toutes les tiques à pattes noires sont porteuses de la bactérie qui cause la maladie de Lyme. Les tiques à pattes noires sont infectées par la bactérie lorsqu'elles se nourrissent d'animaux infectés comme des oiseaux ou des rongeurs (souris à pattes blanches et les tamias)

Les humains et autres animaux peuvent contracter la maladie de Lyme lorsqu'une tique infectée s'accroche sur eux pour se nourrir et y reste assez longtemps pour transmettre la bactérie.

>>> La tique est un animal sensible à l'environnement animal qui a déclenché un intérêt très particulier de la part de Giles Deleuze, qui ne savait rien de la maladie de Lyme ...

>>> L'universalité des propos humanistes mérite la méfiance la plus élémentaire ...

[Invité]

Mais tu soutiens alors simplement le fait d'imposer politiquement tes convictions éthiques à d'autres, qui ne les partagent peut-être pas.

Tu appelles "imposer" le fait d'appliquer une décision votée démocratiquement. Il va falloir revoir ton vocabulaire.

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