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Science intuitive et biodanza

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Message par Vanleers Ven 20 Juil 2018 - 9:52

Dans l’article signalé ci-dessus, Eric Delassus confirme ce qui était déjà évoqué par Balthasar Thomass : c’est l’amour de Dieu-Nature qui fait d’un homme une personne.

Eric Delassus a écrit: C’est donc par la connaissance de la nature même des liens qui l’unissent à une Nature dont il est partie intégrante et par les relations qu’il entretient avec les autres hommes à l’intérieur de celle-ci, que l’homme peut conquérir sa dignité de personne.
C’est donc bien le caractère relatif de l’existence humaine qui est la condition pour que l’homme puisse accéder au statut de personne.
Ainsi, bien que n’ayant aucune réalité substantielle et ne disposant d’aucun libre arbitre, l’homme est-il en mesure de conquérir sa liberté, son statut et sa dignité de personne grâce à la réflexion qui lui permet de connaître son union à la Nature en s’interrogeant principalement sur les causes qui le déterminent. Autrement dit si la définition de la personne qui peut se dégager de la philosophie de Spinoza ne peut en aucun cas être substantialiste, elle s’accorde cependant avec la dimension relationnelle que nous avions soulignée chez un penseur comme Boèce. C’est par sa capacité à entretenir des relations avec ses semblables et avec la nature tout entière que l’homme peut être considéré comme une personne.

Si On ne naît pas « personne », on le devient (Jacqueline Lagrée, citée par E. Delassus), ce « devenir personne » est accessible à tout homme comme Spinoza le démontre en Ethique II 47 :

Spinoza a écrit: L’Esprit humain a une connaissance adéquate de l’essence éternelle et infinie de Dieu.

Ce qu’il confirme au début du scolie : « Nous voyons par-là que l’essence infinie de Dieu et son éternité sont connues de tous »

De même que l’on ne peut parler de « personne humaine » dans un sens substantialiste dans la philosophie de Spinoza mais uniquement dans un sens relationnel, on parlera de dignité humaine non pas au sens absolu mais en tant que dignité de l’homme pour l’homme :

Eric Delassus a écrit: De ce point de vue, si l’on définit la dignité humaine comme ce qui fait la valeur distinctive de l’homme pour l’homme, par rapport à toutes les autres parties de la Nature, il est possible de parler de dignité humaine dans le cadre de l’éthique spinoziste. Certes, il ne s’agit pas d’une valeur absolue, il ne s’agit que de la valeur de l’homme pour l’homme.

La séance de biodanza est un lieu où nous éprouvons tout particulièrement, corps et esprit, l’amour de la Vie (de Dieu-Nature) et chaque participant est ainsi naturellement porté à considérer l’autre comme une personne et à reconnaître sa dignité, aux sens donnés ci-dessus.

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Message par Vanleers Sam 21 Juil 2018 - 10:27

On a vu que :

Balthasar Thomass a écrit: Cette compréhension de la singularité des choses ne saurait se passer de la connaissance de leur nécessité. Comprendre une chose, c’est connaître ses causes : c’est savoir d’où elle vient, pourquoi elle existe, pourquoi elle est ainsi et non autrement.

Cette connaissance de la nécessité des choses apaise l’esprit et nous rend tolérants :

Balthasar Thomass a écrit: L’acceptation de la nécessité apaise nos affects, mais les transforme aussi. Car notre amour ou notre haine ne s’adresseront plus seulement à la personne singulière que nous croyons responsable de nos passions, mais à l’enchaînement causal, à la série de circonstances qui l’ont poussée à se comporter ainsi.
[…]
L’acceptation du déterminisme et de l’absence de liberté des êtres humains nous enseigne ainsi la tolérance.
[…]
L’imbécile, le fou, le fanatique et l’excessif ont bien le même droit d’exister et de se comporter comme ils l’entendent que le sage et l’homme raisonnable. Nous tolérons leur comportement parce que nous savons qu’ils n’agissent pas ainsi de manière délibérée. Notre haine ou notre irritation disparaissent quand nous prenons en compte l’enchaînement de circonstances qui les ont menés à se conduire ainsi. Nos affects, s’adressant ainsi à la Nature entière, se diluent et s’affaiblissent, puisqu’ils ne sont plus focalisés sur une seule personne mais sur un réseau de causes.
Cette tolérance n’a certes pas de limites théoriques, mais elle a des limites pratiques. Il y a des gens dont le comportement fait qu’il vaut mieux ne pas les fréquenter. Il y en a d’autres qu’il vaut mieux éloigner de la vie en société, dont il faut par tous les moyens possibles changer le comportement. C’est pourquoi nous devons maintenant nous intéresser à la question du mal. (op. cit. pp. 82-83)

Qu’est-ce que le mal pour Spinoza? Nous examinerons cette question dans le post suivant.

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Message par Vanleers Sam 21 Juil 2018 - 11:10

A propos du mal, la position de Spinoza, que rapporte Balthasar Thomass est nette :

Il n’y a pas de mal, que des empoisonnements.

Balthasar Thomass a écrit: Comment considérer alors l’existence de choses qui détruisent la vie humaine, qui menacent la paix, qui empêchent l’entente entre les êtres humains ?
[…]
La réponse de Spinoza est ainsi la suivante : le mal n’est pas dans les choses, il n’est que dans la relation entre elles. Aucune chose n’est mauvaise en elle-même, elle ne le devient que quand elle est en situation de nuire à une autre ou de la détruire. Spinoza conçoit ainsi le mal sur le modèle de l’empoisonnement : il se produit lorsque deux choses qui n’auraient pas dû de rencontrer se rencontrent. (op. cit. pp. 85-86)

B. Thomass développe ensuite l’idée que le mal est d’autant plus grand qu’on l’ignore :

Balthasar Thomass a écrit: Le problème du mal se résout lorsqu’on sait adapter les choses à leurs circonstances appropriées. Il n’y a de mal que dans la mesure où on ignore comment l’utiliser, comment l’adapter à ses propres besoins […]
[…]
L’existence du mal est donc directement proportionnelle à notre ignorance. Une chose n’est dangereuse que lorsque nous ignorons son pouvoir de nuisance. Si nous le connaissions, nous saurions non seulement comment l’éviter, mais de plus comment nous en servir. (p. 87)

Si le mal n’est pas dans les choses mais dans la relation entre elles, en est-il de même du bien ?

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Message par axolotl Sam 21 Juil 2018 - 11:33

Oui la connaissance, ou si on préfère la Connaissance nous emmène ou nous emmènerait plutôt vers le Bien. Alors que l'ignorance, la bêtise, la méchanceté vers le mal...
Ça je crois qu'on peut dire que tous les philosophes sont d'accord sur ce point.
Marguerite Yourcenar fait dire à Zénon je crois, c'est son nom d'alchimiste dans l'Oeuvre au noir, que le "mal est infini dans sa substance".
Voilà c'est tout
Une remarque en forme de citation, juste en passant..
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Message par Vanleers Sam 21 Juil 2018 - 15:25

Nous posions la question :
Si le mal n’est pas dans les choses mais dans la relation entre elles, en est-il de même du bien ?
Il en est bien ainsi selon Spinoza :

Spinoza (définitions 1 et 2 d’Ethique IV) a écrit: Par bien, j’entendrai ce que nous savons avec certitude nous être utile.
Et par mal, ce que nous savons avec certitude nous empêcher de posséder un bien.

Balthasar Thomass commente :


Balthasar Thomass a écrit: Spinoza définit le bien par l’utilité d’une chose, c’est-à-dire le bénéfice qu’elle peut nous apporter, et non par une qualité intérieure et indépendante de la chose. (p. 91)

Dans un paragraphe intitulé Le monde n’a pas de sens :

Balthasar Thomass a écrit: Nous continuons à croire que l’existence doit avoir un but, que l’homme doit s’y conformer, selon une idée abstraite du bien et du mal, et qu’il sera plus ou moins parfait selon sa conformité à un tel modèle.
Or, dans le mal-être le plus répandu de notre époque – la dépression – nous voyons encore les traces pernicieuses de ces idées. Car le dépressif souffre de ce qu’il perçoit comme une absence de sens à l’existence. Il perd toute motivation et envie d’agir, car il lui semble que, faute d’un but global à poursuivre, la vie n’a pas de sens. Le dépressif peut alors apparaître comme le nostalgique d’une vision archaïque du monde. La réponse de Spinoza lui paraîtra alors assez brutale : la vie n’a pas de but ; le monde n’a pas de sens, l’homme n’a aucun rôle prédéterminé à jouer. Dieu n’avait aucune intention en créant le monde, il n’a rien demandé à l’homme et n’attend rien de lui. (pp. 92-93)

Le sens de l’existence est, tout simplement, la joie d’être soi :

Balthasar Thomass a écrit: En réalité, le but de chaque chose n’est que d’être ce qu’elle est, le plus pleinement possible. Rien n’a de finalité en dehors de soi, le but de toute chose est en elle-même – chaque chose est à soi-même son but. Être pleinement soi-même signifie réaliser son potentiel, déployer sa puissance, agir en fonction de sa nature – ce qui se découvre par l’expérience de la joie. Le sens de l’existence se résume ainsi à la simple joie d’exister, à la joie d’être soi-même et de s’exprimer à travers ses actions. (p. 93)

B. Thomass pose alors la question: Qu’est-ce qui nous empêche, comme le dépressif, de faire l’expérience de cette joie, de ressentir cette plénitude d’être nous-mêmes ?
Il répond :

Balthasar Thomass a écrit: C’est notre tendance à sans cesse nous comparer à un modèle de perfection que nous sommes incapables d’atteindre. Cette idée abstraite et creuse de la perfection nous empêche littéralement d’être nous-mêmes. […]
Pourquoi notre époque en particulier est-elle victime de ce cercle vicieux ? Nous croyons aujourd’hui que non seulement chacun a les moyens de se réaliser, mais de plus qu’il en a le devoir. L’Etat, la religion et les forces de la nature ne s’opposant plus à notre bonheur, chacun aurait le devoir d’être heureux. Chacun, s’il n’est pas unique, original et épanoui, se vit alors comme un échec. Pourtant, l’idée que nous nous faisons de la réussite et de l’originalité est tout à fait stéréotypée. […] (pp. 93-94)

Les morales du devoir n’ont pas fini de faire des dégâts !

A suivre.

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Message par Vanleers Dim 22 Juil 2018 - 9:41

Enchaînant avec le post précédent :

Balthasar Thomass a écrit: N’atteignant pas ce qu’on nous présente comme la perfection, nous sentant faibles et inadéquats, nous n’osons plus être ce que nous sommes. (p. 94)

Dans le paragraphe intitulé Être plus joyeux, c’est être plus parfait, B. Thomass écrit que Spinoza propose une coupure radicale avec ce genre de raisonnement, en citant la définition 6 d’Ethique II : Par réalité et perfection, j’entends la même chose.
Il rappelle également la définition 8 d’Ethique IV : Par vertu et puissance, j’entends la même chose et commente :

Balthasar Thomass a écrit: Nous sommes davantage nous-mêmes quand nous agissons que quand nous souffrons ou pâtissons. Nous sommes davantage nous-mêmes quand nous éprouvons de la joie que quand nous sommes tristes. Etant davantage nous-mêmes, nous sommes plus réels, et donc plus parfaits. En effet, nous sommes tristes lorsque les circonstances extérieures nous écrasent, affaiblissent notre potentiel, épuisent notre volonté de vivre. La tristesse surgit lorsque nos conditions de vie nous empêchent d’agir, et donc d’être nous-mêmes. […]
C’est donc le sentiment de joie qui nous apprend que nos actions et notre environnement correspondent à notre nature, que ce que nous faisons et vivons augmente notre puissance et nous permet d’être nous-mêmes. C’est dans la joie que nous devons trouver l’indice de notre perfection. Plus nous serons joyeux, plus nous serons parfaits, plus nous serons tristes, plus nous serons imparfaits et impuissants. (pp. 95-96)

Il indique alors le principe de la méthode pratique de Spinoza :

Balthasar Thomass a écrit: L’enseignement de la vertu doit alors consister à nous apprendre comment augmenter à la fois notre joie et notre activité. Nous verrons que ces deux aspects sont liés : plus nous serons actifs, plus nous serons joyeux. Et plus nous serons joyeux, plus nous deviendrons aptes à agir. (p. 96)

La biodanza est une célébration de la Vie qui développe également une culture de la joie.

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Message par Vanleers Dim 22 Juil 2018 - 14:50

Dans le prologue du Traité de la Réforme de l’Entendement :

Spinoza a écrit:[…] la félicité ou l’infélicité réside toute entière en ceci seul, à savoir dans la qualité de l’objet auquel nous adhérons d’amour. (9)
[…]
Mais l’amour envers une chose éternelle et infinie repaît l’âme de la seule joie, et cette joie est exempte de toute tristesse […] (10)

A propos du cas particulier de la perte d’un être aimé, Balthasar Thomass explicite l’attitude concrète qui se fonde sur ces deux passages du TRE :

Balthasar Thomass a écrit: Nous pouvons alors voir l’être aimé, l’être perdu, comme la partie d’un tout. Si la partie s’est transformée ou a disparu, le tout – Dieu ou la Nature selon Spinoza – continue à exister et à inspirer notre amour.
Nous parviendrons ainsi à nous consoler de la perte d’une chose par notre amour de toute chose, par l’amour pour l’existence en tant que telle, pour le monde ou l’univers, pour la vie et ce qu’il y a au-delà d’elle. (p. 152)

Notons au passage que si l’on parle de la Vie, il n’y a rien au-delà de la Vie.

Dans le paragraphe intitulé Aimer la vie d’un amour intellectuel :

Balthasar Thomass a écrit: Aimer la vie, ce n’est pas s’attacher démesurément à certains aspects ou moments de l’existence au détriment d’autres, mais suivre tout son mouvement, le creux comme le plein, le doux comme l’amer, l’intense comme le fade. Aimer la vie, c’est en fait aimer l’ensemble de la nature et le simple fait d’exister en son sein : c’est donc aimer le dieu spinoziste. (p. 153)

Aimer la Vie, aimer le dieu spinoziste est le meilleur amour qui soit comme l’écrit Spinoza dans le TRE.
C’est aussi tout le programme de la biodanza.

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Message par Vanleers Mar 24 Juil 2018 - 15:34

Jacques Darriulat a publié les textes de six conférences sur Spinoza et la plénitude de ce monde.
La sixième a pour titre « Nous sentons et éprouvons que nous sommes éternels ».
On peut la lire en :

http://www.jdarriulat.net/Auteurs/Spinoza/Introduction/Introd6.html

Le texte est remarquable et mériterait d’être cité en totalité, ce qui n’est pas possible sur ce forum, compte tenu de sa longueur.
Je ne cite que le dernier paragraphe qui résume bien le texte.

Jacques Darriulat a écrit: C’est ainsi que la vie, selon Spinoza, n’a d’autre fin qu’elle-même, et que la connaissance intuitive de la puissance infinie qui la porte dans l’Exister. Elle n’a ni sens ni but, puisqu’elle est à elle-même son propre sens et son propre but. Aussi n’est-il besoin d’aucune récompense dans l’au-delà, car il n’est pas de don ni de récompense plus merveilleux que l’existence elle-même, et la béatitude qu’elle inspire à l’esprit qui sait se rendre attentif à sa continuelle activité. C’est assez de vivre et de pouvoir être conscient de l’infinité de ce don. Et il est vain d’espérer en un salut qui nous serait donné pour prix de ce don, qui est déjà par lui-même suprême et inestimable : « La béatitude n’est pas la récompense de la vertu, mais la vertu elle-même » (prop. 42, dernière proposition de l’Ethique). Cet extraordinaire ouvrage nous enseigne paradoxalement que nous vivons en paradis et jouissons présentement de l’éternité. Car il n’est besoin que de ce monde pour trouver l’éternité et la perfection que les hommes n’ont su imaginer qu’en un autre monde. Car, comme il est écrit dès la première page du livre I de l’Ethique : « J’entends par éternité l’existence elle-même, en tant qu’elle est conçue comme suivant nécessairement de la seule définition d’une chose éternelle » (I, déf. huit), c'est-à-dire en tant qu’elle est connue par son essence même, effet de la puissance infinie de la causation divine ; et réaffirmé d’une autre façon dès la première page du livre II : « Par réalité et par perfection, j’entends la même chose. » Ce monde est parfait. Tout est accompli.

L’auteur montre qu’à la fin de l’Ethique, Spinoza sort le grand jeu de la Vie qui était déjà pressenti et annoncé dès le début de son œuvre philosophique (Court Traité, TRE...) .
Il insiste en effet sur la notion de vie (101 occurrences avec les dérivés) et d’existence (58 occurrences avec les dérivés), ce qui montre le lien entre l’Ethique et la biodanza, la danse de la vie, comme cela a déjà été signalé de nombreuses fois sur ce fil.

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Message par Vanleers Mer 25 Juil 2018 - 10:33

Il est clair que le texte de Jacques Darriulat se nourrit d’une culture biblique certaine, ce que confirme la lecture de ses autres conférences.
L’auteur s’en démarque néanmoins, comme dans le passage suivant :

Jacques Darriulat a écrit: Le dieu de Spinoza n’est pas un dieu personnel, qui s’adresse à sa créature par son nom – Abraham, Isaac ou Jacob ; il est l’éternelle activité de l’universelle nécessité, toujours en travail de gésine et de création, de génération et de production. Il n’est d’autre sagesse que celle qui nous conduit à en prendre conscience et à jouir, autant qu’il est en notre pouvoir, de cette force qui nous irradie tant que dure notre existence dans le sein de la nature. Le dieu de Spinoza engendre et produit, il n’aime ni ne connaît (ou plutôt il n’aime que lui-même, en tant qu’il est cause de soi et s’affecte ainsi en se donnant à lui-même l’Exister). Mais il importe beaucoup à notre béatitude que nous le connaissions, d’une connaissance intuitive et non déductive, subjective et non objective, d’un amour tout intellectuel qui prend sa source au plus profond de nous-mêmes, et non dans l’empreinte, ou l’image, qui obnubile notre raison par le choc d’une rencontre aliénante.

Il n’en reste pas moins qu’une culture biblique est une propédeutique à la lecture de l’œuvre de Spinoza et aide à comprendre cette dernière.
A la comprendre, non pas intellectuellement ce qui, somme toute, est assez facile et ne demande que de la logique et de l'attention, mais à la comprendre intuitivement, « comme un poème » écrit J. Darriulat :

Jacques Darriulat a écrit: Ne commençons-nous pas à lire l’Ethique elle-même, proposition par proposition, comprenant peut-être la lettre de tel ou tel passage, mais incapables de saisir d’une vue la pensée directrice, la vue de l’esprit qui inspire la lettre ? Et pourtant, à force de lire et de relire ce texte, nous finissons par le lire comme un poème qui exprime et module de diverses façons une seule et même joie de vivre, qui l’inspire en toutes ses parties.

La sagesse de l’homme libre est une méditation de la vie (Ethique IV 67) qui peut prendre la forme d’une lecture méditante de l’Ethique, le « poème qui exprime et module de diverses façons une seule et même joie de vivre, qui l’inspire en toutes ses parties. »

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Message par Vanleers Sam 28 Juil 2018 - 11:15

La quatrième conférence de Jacques Darriulat sur Spinoza et la plénitude de ce monde. a pour titre « Le désir est l’essence même de l’homme ».
On peut la lire en :

http://www.jdarriulat.net/Auteurs/Spinoza/Introduction/Introd4.html

J. Darriulat explicite, à plusieurs reprises, la distinction entre morale et éthique selon Spinoza.
J’en cite quelques passages :

Jacques Darriulat a écrit: La morale énonce ce que nous devons faire ; l’éthique s’intéresse davantage à ce nous pouvons faire. Mais même en ce sens, en apparence plus modeste, le titre que Spinoza donne à son ouvrage – Ethica – peut dérouter, puisqu’il laisse entendre qu’il appartient à l’homme de tracer son chemin, que chacun est libre de choisir sa voie, alors que nous savons à l’inverse que, selon Spinoza, nos pensées comme nos actes sont rigoureusement déterminés par l’enchaînement des causes qui suivent de l’infinie puissance qui est en Dieu, que cette puissance s’exprime par la suite des idées sous l’attribut de la pensée ou par l’enchaînement des mouvements sous l’attribut de l’étendue.
[…]
Mais s’il en est ainsi, à quoi bon chercher le chemin d’une vie meilleure, puisque nous sommes déterminés de toute éternité à suivre ce chemin ? A quoi bon une éthique pour la pierre qui tombe puisque, avec ou sans éthique, elle n’en tombera pas moins ? Spinoza répondrait ici que la pierre, ou l’homme, peut avoir plus ou moins conscience des forces qui l’entraînent, et que ce degré de conscience lui permet d’accéder à la jouissance, qui est la plus haute béatitude, de se savoir portée dans l’existence par une nécessité divine, par la puissance infinie qui s’exprime à la fois, sous l’attribut de la pensée, par l’enchaînement des idées, et sous l’attribut de l’étendue, par l’incessant mouvement des corps qui ne cessent d’échanger leurs forces et leurs éléments dans l’immensité de la Nature.
[…]
Et de même que Dieu existe pour exister, que la Nature ne tend à aucune autre fin qu’à l’affirmation éternelle de sa puissance, qu’à la causation éternelle d’une infinité d’existences singulières et rigoureusement déterminées, de même, l’éthique de Spinoza – à l’encontre des morales qui définissent en premier lieu un souverain bien, puis assignent chaque existant à la réalisation de cette fin suprême – ne propose aucun idéal moral à l’horizon de notre progrès, mais nous commande plutôt de jouir pleinement de l’existence qui nous est donnée, présentement, ici et maintenant. La morale nous enseigne à vivre en vue du bien, tandis que l’éthique nous fait comprendre que nous ne vivons que pour vivre, et que la vie est à elle-même sa propre fin.
[...]
Etrange éthique de Spinoza qui ne nous dicte aucun devoir – ce pourquoi elle n’est pas une morale – mais seulement d’être pleinement ce que nous sommes, et de jouir pleinement du don de l’exister pendant le temps qui nous est imparti. C’est ainsi que le conatus n’est pas un effort pour devenir autre que nous-mêmes, mais au contraire pour vivre plus intensément ce que nous sommes déjà. Pour Spinoza comme pour Nietzsche, la vie n’a d’autre fin qu’elle-même, et l’existence est un absolu qui trouve en lui-même sa propre cause, ce qui revient à l’affirmation de la substance comme pure cause de soi.
[…]
C’est ainsi que l’Ethique nous enseigne, non à soumettre notre vie à des impératifs qui lui seraient dictées de l’extérieur, et tiendraient leur dignité inconditionnelle de la transcendance de l’autorité qui les énonce, mais bien davantage à nous réconcilier avec la plénitude immanente de cette vie, telle que nous pouvons la goûter dans le présent même où nous la goûtons, et dans l’essentielle béatitude qui illumine tout vivant capable de s’élever à la plus haute sagesse : recevoir à chaque instant le don de l’existence, savoir en prendre conscience et s’en réjouir comme d’une grâce à la fois inestimable et incompréhensible. Prendre conscience de ce qu’il y a d’absolu dans le seul acte de vivre, et ainsi apprendre à en jouir.
[…]
C’est pourquoi l’éthique n’énonce pas les maximes auxquelles doit obéir l’action droite, agie en vue du bien : elle nous conduit plutôt à prendre toujours une conscience plus lumineuse et forte de la nécessité au sein de laquelle notre existence individuelle se trouve plongée. Et plus nous sommes conscients du conatus qui nous soulève et nous fait vivre, plus nous adhérons à la vie qui s’épanouit en notre individualité singulière, en notre personnalité propre. Il ne nous appartient pas de modifier le cours des choses, mais il nous appartient de l’approuver, de participer à son élan créateur, de jouir toujours davantage de cette affirmation infinie de l’Etre qui nous environne et nous anime nous-mêmes intérieurement : « Cette doctrine est utile en ce qu'elle nous apprend que nous agissons par le seul geste de Dieu (ex solo dei nutu) et participons de la nature divine et cela d'autant plus que nous faisons des actions plus parfaites et connaissons Dieu davantage et encore davantage » (Ethique II 49 sc. I°).

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Message par Vanleers Dim 29 Juil 2018 - 14:47

On a vu avec Jacques Darriulat, dans le post précédent, que « L’éthique de Spinoza nous commande plutôt de jouir pleinement de l’existence qui nous est donnée, présentement, ici et maintenant. »
On retrouve ce « commandement » dans la biodanza, explicité par exemple dans l’interview de Rolando Toro en :

http://www.biodanza-paula.org/journal.htm

Rolando Toro a écrit: En Biodanza, pourtant, on accorde une grande importance à ce que nous appelons la « vivencia », terme qui signifie sentir avec intensité, ici et maintenant, l’acte même d’être vivant.
[…]
Le but de la Biodanza est une réparation, une réinsertion dans la vie et dans ses manifestations de grandeur et d’amplitude.
[…]
Pourtant, la vie a un sens intrinsèque, elle « crie » son sens. Toute la vie ne fait que proclamer sans cesse et uniquement signification.
[…]
Toute la vie manifeste en permanence son sens cosmique et profond, le sens de l’âme, de la relation humaine, et de l’esthétique. Mais les personnes perdent le sens de la vie.

La biodanza insiste tout particulièrement sur la dimension corporelle et sur la connexion à l’autre :

Rolando Toro a écrit: La vivencia a une dimension corporelle, c'est-à-dire qu’elle n’apporte pas uniquement des réponses mentales de transformation, mais aussi des réponses cénesthésiques, des réponses corporelles, de transformation.
[…]
Or, la Biodanza s’intéresse par-dessus tout à la vivencia de connexion avec l’autre. Nous avons des difficultés de connexion, dues aux conventions, aux idéologies, au sentiment d’insécurité en soi, au fait que l’on perçoit l’autre comme un danger, comme un ennemi potentiel. Emergent alors les protections au sein du lien, la personne se défend en permanence, elle essaie de s’affirmer en tant qu’individu, et l’aspect affectif de la connexion, « l’humain », diminue beaucoup. Parfois il n’existe pas, et le dialogue devient information, et non pas communication intime et contact. En Biodanza, nous proposons des exercices pour éveiller les vivencias de lien, de lien humain. Dans notre société, la capacité de lien est très refoulée. Nous parlons en formules toutes faites, en formules « polies » structurées par les mœurs, et nous ne donnons rien de nous-mêmes à l’autre, ni ne l’écoutons vraiment. Le dialogue devient alors pathologique, sous une apparence de communication. S’il n’y a pas de connexion entre deux êtres humains, leur relation n’est pas saine. Le dialogue, dans ce cas, est un mensonge.

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Message par Vanleers Lun 30 Juil 2018 - 11:30

Dans le prolongement de l’idée que l’éthique de Spinoza, tout comme la biodanza « nous commande plutôt de jouir pleinement de l’existence qui nous est donnée, présentement, ici et maintenant » (J. Darriulat, déjà cité), rappelons que Diogène d’Oenoanda, au II° siècle de notre ère, fit graver sur un mur portique, l’enseignement d’Epicure.
Parmi les raisons qu’il invoque pour expliquer son geste :

Diogène d’Oenoanda a écrit: Nous nous trouvons déjà en effet au soir de notre vie (en raison de la vieillesse mais sans être encore arrivé au moment de quitter la vie), et nous avons voulu, par un beau chant de remerciement pour la plénitude des plaisirs (sc. que nous avons connus), afin de ne pas être pris au dépourvu, venir dès maintenant au secours de ceux qui sont de bonne composition

Voir :

http://chaerephon.e-monsite.com/medias/files/oenoanda.html

André-Jean Voelke, in La philosophie comme thérapie de l’âme (Cerf 1993), commente :

André-Jean Voelke a écrit: Avant de « quitter la vie en chantant un beau péan pour la plénitude des plaisirs » dont il avait été comblé (fr. 2 II), il voulait que chacun puisse parvenir à la même plénitude en mettant en pratique l’enseignement d’Epicure. Cette initiative nous a valu une inscription de plus de quarante mètres de longueur exposant les principes fondamentaux de l’épicurisme. (p. 60)

On a déjà insisté, sur un autre fil, sur la gratitude, attitude essentielle en biodanza comme dans l’éthique de Spinoza car elle est un autre nom de la béatitude. J'y reviendrai.

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Message par Vanleers Mar 31 Juil 2018 - 17:00

Je cite à nouveau un texte d’Hélène Levy-Benseft sur la gratitude qui rejoint Diogène d’Oenoanda et ce qui a été dit dans les posts précédents sur le don de la vie :

Hélène Levy-Benseft a écrit: Le don de la vie ne se mérite pas, il est gratuit. Que faisons-nous de ce don ? Comment valorisons-nous le don de voir ? Celui d’entendre ? Celui de savourer ? Celui de humer les senteurs du monde, de recevoir une caresse ?
Lorsque nous comprenons – dans le sens de contenir en soi – le principe biocentrique, nous éprouvons le bonheur d’être vivant et accueillons chaque jour avec joie.
Par-delà l’idéal, les idéalisations, les préférences et autres critères sélectifs, tous les êtres humains, connus, inconnus, proches ou lointains sont le terreau de notre identité. Leurs œuvres, leurs créations, leur cheminement résonnent dans nos propres pas. La gratitude envers nos semblables met un terme immédiat au sentiment de solitude : « Celui qui sait recevoir n’est jamais seul » (Rolando Toro).
La gratitude est un antidote efficace au ressentiment que nous pouvons entretenir dans nos cœurs et qui ternit notre perception. Elle nous libère de l’apitoiement dans la mesure où elle transforme ce qui pourrait ressembler à de la résignation, en acceptation, en adhésion à tout ce qui est.
Elle nous saisit tout entiers lorsque nous sentons, profondément et sans réserve aucune, que tous les pas que nous avons posés sur notre chemin, toutes les expériences – nos errances, nos erreurs, nos rencontres, nos choix…tout – traduisent une seule réalité : nous sommes toujours au bon endroit, au bon moment et qui ne sont rien d’autre qu’ici et maintenant.
Ce sentiment de gratitude se nourrit d’une sagesse intime et profonde : tout est passage. Tout est transitoire et échappe au contrôle si réduit et si réducteur de notre conscience et de notre volonté. La gratitude est un abandon à la sagesse bien plus vaste du flux de la vie, dans lequel le projet individuel, personnel, n’a plus de sens. La gratitude n’est plus assujettie à ce que nous obtenons pour nous-mêmes en termes d’acquisition ou de propriété (biens, personnes ou qualités). Elle n’est pas le fruit de l’avoir. Cette gratitude ne résulte pas non plus d’attributs ou autres qualités qui semblent nous définir. Car cela aussi est transitoire : notre apparence, notre âge, notre humeur…. Ce que nous avons la tentation de définir par « qui nous sommes ».
La gratitude est au-delà du mérite. Elle est gratuite. Elle trouve sa source dans la vivencia intense de plonger dans le flux de la vie, sans y résister ; elle est don inconditionnel de soi face à l’inconnu : l’autre, l’impermanence, l’incontrôlable.
Eprouver, ne serait-ce qu’une seconde, la vivencia de la Gratitude dans toute sa gratuité, peut changer la perception que nous avons de nous-mêmes, des autres, de la vie.

Il suffit alors d’accompagner ce sentiment intense (vivencia) de gratitude de l’idée que notre être vient de Dieu pour éprouver l’amour intellectuel de Dieu, c’est-à-dire la béatitude.

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Message par Vanleers Ven 3 Aoû 2018 - 10:03

Sur le forum spinozaetnous, Henrique Diaz répond à la remarque :

« Spinoza dit qu'il a cherché un objet d'amour qui ne fasse pas souffrir et que cet objet d'amour c'est la Nature entière. Donc il faut aimer la Nature entière mais rien en particulier dans la Nature. SI j'aime quelque chose en particulier dans la Nature cela me fera souffrir. »

C’est en :
http://www.spinozaetnous.org/forum/viewtopic.php?f=11&p=23520#p23520

Je cite la réponse :

Henrique Diaz a écrit: Je ne vois pas où Spinoza dirait qu'il ne faut pas aimer les objets de la nature. Il dit seulement que si on veut éviter de souffrir, il faut les aimer d'un amour intellectuel plutôt qu'imaginaire. Dans l'amour ordinaire, quand j'aime quelqu'un ou quelque chose, j'imagine que cet objet d'amour me fait du bien et renforce ainsi ma puissance d'exister. Comme j'aime alors un être limité à condition qu'il me fasse du bien, cet amour est limité et peut faire souffrir dans la mesure où ce qui me faisait du bien vient à manquer ou cesse de me faire du bien. Spinoza ne dit pas que cet amour est mauvais mais qu'il sera moins instable s'il part plutôt d'un amour intellectuel se fondant sur le troisième genre de connaissance, relevant de l'entendement intuitif. Si je perçois mon ami ou n'importe quoi de naturel comme mode éternel de la nature, parce qu'il est là comme mode singulier de l'étendue, je peux l'aimer d'un amour inconditionnel, comme expression unique et parfaite de la puissance infinie d'exister de la nature, sans avoir besoin pour éprouver une joie à l'idée de son existence qu'il me fasse effectivement du bien. Comme il s'agit de percevoir ce qui dans son essence singulière découle de l'essence absolument infinie de l'étendue et de la pensée, un tel amour ne peut être affecté par les aléas du temps.

La séance de biodanza est un lieu privilégié où s’éprouve l’amour intellectuel pour les partenaires.
« Intellectuel », dans l’oxymore « amour intellectuel » ne signifie pas que cet amour n’est pas affectif, ce qui serait un contresens puisqu’un amour, par définition, est un affect, une joie, mais que ce n’est pas un amour passionnel.
C’est un amour où j’aime l’autre « d'un amour inconditionnel, comme expression unique et parfaite de la puissance infinie d'exister de la nature ».
Les corps sont en présence, il y a le mouvement, la musique et ce qu’apporte l’Ethique, c’est la vision ontologique par laquelle nous percevons de chaque chose « ce qui dans son essence singulière découle de l'essence absolument infinie de l'étendue et de la pensée »
Synergie de la philosophie de Spinoza et de la biodanza.

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Message par Vanleers Lun 6 Aoû 2018 - 11:34

Denis Collin insiste, comme la biodanza, sur l’importance du tonus vital, expression plus moderne du désir (du conatus) au sens de Spinoza. Voir :

http://denis-collin.viabloga.com/news/de-la-nature-et-de-l-origine-des-sentiments

Denis Collin a écrit: Le scolie d’Ethique III 11 est encore un des nœuds qui ordonne l’ensemble de l’œuvre. Il faut s’y arrêter. Dans ce scolie, Spinoza définit les lois fondamentales des changements d’état de l’esprit, les lois qui commandent les variations du « tonus vital ». L’esprit en effet « peut subir de grands changements et passer tantôt à une perfection plus grande, mais tantôt à une moindre ; et ces passions nous expliquent les sentiments de Joie et de Tristesse.
La perfection, c’est l’existence elle-même. Mais comme on l’a vu, on peut augmenter ou diminuer sa puissance d’exister (ou encore l’effort pour persévérer dans son être) et par conséquent notre perfection peut augmenter ou diminuer. Évidemment il n’y a ici aucune espèce de connotation morale. La Joie est l’augmentation de la puissance d’agir, l’augmentation du « tonus vital » et la tristesse la diminution de la puissance d’agir. Rien que de très facile à comprendre. Celui qui est joyeux est en pleine forme et rien ne lui résiste ; au contraire le dépressif est abattu et la moindre difficulté devient un calvaire. L’expérience nous confirme la justesse des propositions spinozistes.

La biodanza est également vigilante à l’égard du tonus vital qui peut être euphorique ou dépressif. Plus attentive que Spinoza à l’aspect corporel des choses, elle essaie d’aller plus loin et, par exemple, le relie au système limbique. Voir :

http://www.imagesetmots.fr/pages/divers/biodanse_presentation.htm

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Message par Vanleers Mar 7 Aoû 2018 - 6:51

Le sage spinoziste dispose d’une force majeure : la joie, que Spinoza décline successivement dans la partie V de l’Ethique comme « amour envers Dieu » (amor erga Deum) puis comme « amour intellectuel de Dieu » (amor intellectualis Dei).
L’expression « force majeure » fait signe vers le livre de Clément Rosset dont je cite à nouveau un passage :

Clément Rosset a écrit: La simple prise en considération de la réalité, le simple exercice de la réflexion suffisent ici à décourager tout effort, – sauf s’il s’y mêle l’assistance de la joie qui, telle celle du Dieu pascalien, vient se substituer aux forces défaillantes pour faire triompher, in extremis et contre toute attente, la cause la plus faible : ce par l’entremise d’un soutien que Pascal, dans l’apologue terminal de la seconde Provinciale, définit justement comme « secours extraordinaire ». Reste que ce secours de la joie demeure à jamais mystérieux, impénétrable aux yeux mêmes de celui qui en éprouve l’effet bienfaisant. Car au fond rien n’a changé pour lui et il n’en sait pas plus long qu’avant : il n’a aucun argument nouveau à invoquer en faveur de l’existence, il est toujours parfaitement incapable de dire pourquoi ni en vue de quoi il vit, – et cependant il tient désormais la vie pour indiscutablement et éternellement désirable. C’est ce mystère inhérent au goût de vivre que résume un vers d’Hésiode, au début des Travaux et les jours : krupsantès gar ékousi théoi bion anthropoisi, « Les dieux ont caché ce qui fait vivre les hommes. (La force majeure pp. 26-27 – Minuit 1983)

A propos de l’amor erga Deum, relié à l’existence du corps (Ethique V 15) :

Spinoza a écrit: Nous pouvons montrer de la même manière qu’il n’y a pas d’affect qui soit directement contraire à cet amour et qui puisse détruire cet amour même (Ethique V 20 scolie)

Et, à propos de l’amor intellectualis Dei qui, lui, est éternel (Ethique V 33) :

Spinoza a écrit: Il n’y a rien dans la nature qui soit contraire à cet Amour intellectuel, autrement dit, qui puisse le supprimer. (Ethique V 37)

Pour aller, dans une certaine mesure, dans le sens de C. Rosset, cette joie paraît survenir comme une grâce pour celui qui, l’ayant perdue de vue, prend à nouveau soudainement conscience de son statut ontologique de mode de Dieu-Nature.

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Message par Vanleers Mer 8 Aoû 2018 - 9:52

Eprouver de la joie, la force majeure selon Clément Rosset, est le signe que tout va bien, que l’on fonctionne à plein régime, que le tonus vital est à son optimum.
Toutes les joies que l'on peut éprouver enveloppent la joie centrale : la satisfaction de soi (acquiescentia in se ipso) dont je rappelle la définition :

Spinoza a écrit: La Satisfaction de soi est une Joie née de ce qu’un homme se contemple lui-même ainsi que sa puissance d’agir (déf 25 des aff.)

La satisfaction de soi qui naît de la raison est ce que nous pouvons espérer de plus haut (Ethique IV 52 sc.).
Et, a fortiori, celle qui naît de la science intuitive, la « Satisfaction de l’âme » (animi acquiescentia), qui est une joie, l’amour constant et éternel envers Dieu, née de ce qu’un homme se contemple lui-même comme une expression singulière de Dieu ainsi que sa puissance d’agir comme une partie de la puissance de Dieu (Ethique V 36 sc.)

La satisfaction de soi est sujette à diminutions, soit par la rencontre avec des choses extérieures qui ne nous conviennent pas, soit par le rappel par la mémoire de rencontres qui ne nous ont pas convenu. Les passions tristes qui en naissent sont le signe que notre puissance d’agir a diminué ; elles s’accompagnent de pensées que l’on peut qualifier, par extension, de « pensées tristes », ce qui facilite la prise de conscience afin d'y remédier.

La biodanza, comme l’Ethique, cherche aussi à « débrider les moteurs », c’est-à-dire à accroître la puissance d’agir des participants.

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Message par hks Ven 10 Aoû 2018 - 11:04

vanleers a écrit:Eprouver de la joie, la force majeure selon Clément Rosset, est le signe que tout va bien, que l’on fonctionne à plein régime, que le tonus vital est à son optimum.
J' ai quelques réticences à intervenir (voire le troubler) dans votre admirable exposé explicatif sur la biodanza (sans ironie)...
mais quand on meurt, est -ce qu'on est triste ? bon, je sais, il est difficile de répondre à cette question.

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Message par Vanleers Ven 10 Aoû 2018 - 14:53

A hks

Comme vous le savez, l’homme libre ne pense à rien moins qu’à la mort (Ethique IV 67) et Pierre Macherey commente :

Pierre Macherey a écrit: Comment l’homme libre s’y prend-il pour maîtriser cette passion fondamentalement aliénante qu’est la crainte de la mort ? Tout simplement, il a cessé d’y penser : l’idée de la mort ne le préoccupe plus parce qu’elle ne retient pas son attention ; celle-ci s’en détourne naturellement du fait qu’elle se consacre à des intérêts d’une tout autre nature qui ne laissent aucune place à la considération de la mort, et coupent ainsi à sa racine le souci que cette considération alimente chez la plupart des hommes.(Introduction IV pp. 382-383)

Vous vous demandez : Est-ce qu’on est triste quand on meurt ?
Je dirai que l’homme libre, parce qu’il a cessé de penser à sa mort, a, de ce fait, cessé de se poser cette question.
Plus exactement, elle ne retient pas son attention, comme l’écrit P. Macherey.
L’idée de la mort et la question que vous posez continuent, certes, à survenir parfois dans l’esprit de l’homme libre mais, appliquant en cela la pratique de la méditation de pleine conscience, il ne s’y attarde pas et les laisse filer.

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Message par hks Ven 10 Aoû 2018 - 18:21

Je pose la question factuellement
.
Eprouver de la joie, la force majeure selon Clément Rosset, est le signe que tout va bien, que l’on fonctionne à plein régime, que le tonus vital est à son optimum
. est une analyse factuelle.

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Message par Vanleers Ven 10 Aoû 2018 - 21:28

En Ethique V 2, Spinoza indique un moyen de sortir d’une situation passionnelle :

Spinoza a écrit: Si nous éloignons une émotion de l’âme, autrement dit un affect, de la pensée d’une cause extérieure, et la joignons à d’autres pensées, alors l’Amour ou la Haine à l’égard de la cause extérieure, ainsi que les flottements d’âme qui naissent de ces affects, seront détruits.

Eloigner un affect de la pensée d’une cause extérieure, c’est ne plus penser à cette cause extérieure. C’est assez facile avec la méthode de la méditation de pleine conscience : relaxer le corps, être attentif à sa respiration et laisser filer les pensées qui viennent à l’esprit, y compris la pensée de la cause extérieure.
Dans cette méthode, il ne s’agit pas de raisonner ou de se raisonner mais de « laisser tomber » l’idée de la cause.
Il se passe alors la chose suivante.
Une multitude de pensées, extrêmement brèves car on les laisse filer, viennent à l’esprit et se suivent rapidement, apparemment sans aucun ordre logique et sans rapport avec l’idée de la cause extérieure. Tout se passe comme si le corps (surtout le cerveau ?) produisait automatiquement un enchaînement d’images, l’esprit formant simultanément les idées correspondantes.
Ce que l’on constate alors, c’est que cette production d’idées, que l’on peut dire automatiques, efface l’idée de la cause et, en conséquence, détruit « l’Amour ou la Haine à l’égard de la chose extérieure », le corps semblant jouer ici le rôle principal.
On pense au scolie d’Ethique III 2 dans lequel Spinoza s’interroge sur ce que peut le corps et prend l’exemple des somnambules.
C’est le corps qui, mis dans la situation de la méditation de pleine conscience, peut être dit préférentiellement source d’effets recherchés comme bénéfiques.
C’est également le cas en biodanza, pratique qui plonge les corps dans des situations dont on attend qu’elles aient des effets positifs sur les pratiquants.

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Message par axolotl Ven 10 Aoû 2018 - 22:16

Vanleers a écrit:A hks

Comme vous le savez, l’homme libre ne pense à rien moins qu’à la mort (Ethique IV 67) et Pierre Macherey commente :

Il y a 2 attitudes possibles diamétralement opposées: une d'inspiration orientale -ou orientalisante je crois- dans une certaine frange ou école du bouddhisme (je m'y suis un petit peu intéressé parce que je suis allé en Thaïlande il y a quelque années) et qui considère que la vie doit être une longue préparation à la mort... d'où découlerait l'attitude et la philosophie zen: je crois -mais comme je suis pas spécialiste c'est à vérifier- que le zen serait issu de la constatation de la finitude de la vie et la nécessaire (?) préparation à sa fin. L'autre à la limite diamétralement opposée -celle d'Epicure- est proche d'un réalisme naïf et proclame: pourquoi vous soucier de la mort ? On ne sent plus rien, on est devenu insensible à ce monde: peut-être sous-entendu à ses tracas, ses misères et ses souffrances.
Donc vivez, ce que semble dire Epicure, sans vous préoccuper de ce qu'il se passera après.
Mais parallèlement la philosophie d'Epicure comporte toute une série de préceptes et recommandations pour éviter justement de son vivant ces tracas et souffrances qui seraient notre lot en ce bas-monde.
Dont celle, contraire à l'hédonisme, qui consisterait à refuser ou refouler le désir car le désir engendre fatalement le manque lequel engendre la tristesse voire la souffrance: ce qui semble rejoindre le point de vue de certaines écoles du bouddhisme tel qu'il est pratiqué en Asie. Et en occident aussi bien sûr
Si le désir est bien un moteur ce qu'il semble bien considérer, il est impossible "ontologiquement" à satisfaire, du moins perpétuellement et en totalité ...
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Message par hks Ven 10 Aoû 2018 - 23:29

Vous (vous deux)  ne répondez pas à ma question. Ma question est factuelle parce que la remarque de Rosset est factuelle.

Il dit (je résume) la joie est concomitante ( il ne dit pas causée, il dit le signe de) d'un tonus vital est à son optimum.
En conséquence je demande  si quand le tonus vital s' éteint on est dans la joie ou bien triste?
On peux au moins se poser la question.

Je ne dis pas qu'on ait une réponse claire et distincte du côté des descriptions de NDE ( Near Death Experience ) mais elles inclinent à penser comme une contradiction factuelle  entre ce que dis Rosset (et qui semble tomber sous le sens commun) et les NDE.

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Message par Vanleers Sam 11 Aoû 2018 - 8:25

A hks

J’ai écrit :

« Eprouver de la joie, la force majeure selon Clément Rosset, est le signe que tout va bien, que l’on fonctionne à plein régime, que le tonus vital est à son optimum.
Toutes les joies que l’on peut éprouver enveloppent la joie centrale : la satisfaction de soi (acquiescentia in se ipso) dont je rappelle la définition : »

L’expression « , la force majeure selon Clément Rosset, » mise entre virgules est un simple lien avec la citation du post précédent. Il suffit de lire celle-ci pour constater que ce n’est pas Rosset qui a écrit le reste (« est le signe que tout va bien, que l’on fonctionne à plein régime, que le tonus vital est à son optimum. ».
L’essentiel du post concerne ce que j’ai appelé la joie centrale : acquiescentia in se ipso ou animi acquiescentia.

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Message par hks Sam 11 Aoû 2018 - 10:20

Il suffit de lire celle-ci pour constater que ce n’est pas Rosset qui a écrit le reste (« est le signe que tout va bien, que l’on fonctionne à plein régime, que le tonus vital est à son optimum. ».
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et ça change quoi ?

Si ce n'est pas Rosset c'est donc son frère ou bien quelqu’un des siens ... et ma question demeure .

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Message par Vanleers Dim 19 Aoû 2018 - 16:46

Revenons au remède aux affects que Spinoza explique en Ethique V 2 :

Spinoza a écrit: Si nous éloignons une émotion de l’âme, autrement dit un affect, de la pensée d’une cause extérieure, et la joignons à d’autres pensées, alors l’Amour ou la Haine à l’égard de la cause extérieure, ainsi que les flottements d’âme qui naissent de ces affects, seront détruits.

Lorsque nous utilisons ce remède dans le cadre de la science intuitive, éloigner (amoveo) un affect de la pensée d’une cause extérieure, c’est, en quelque sorte, s’absenter, être ailleurs, là où nous sommes conscients que toute chose est une expression singulière de la puissance divine.
Curieusement, ce remède peut alors être rapproché d’un célèbre conseil que donne le mystique espagnol Saint Jean de la Croix, tel que le rapporte son confident, le religieux Elisée des Martyrs.

Jean de la Croix a écrit: Lorsque nous sentons le premier mouvement ou le premier assaut de quelque vice comme la luxure, la colère, l’impatience, l’esprit de vengeance à la suite d’une offense reçue, etc… nous ne résisterons pas par un acte de vertu contraire, mais dès que nous le sentirons, nous recourrons sans retard à un acte ou mouvement d’amour anagogique contre le vice, élevant notre cœur à l’union de Dieu. Car, grâce à l’élévation, l’âme se rend absente de là, se présente à son Dieu et s’unit à lui, laissant le vice ou la tentation et l’ennemi frustré de son projet, ne trouvant plus qui frapper ; car l’âme étant plus là où elle aime que là où elle anime, s’est divinement dérobée à la tentation. L’ennemi ne trouve plus qui frapper, il a perdu sa proie, car l’âme n’est plus là où la tentation (ou l’ennemi) voulait la frapper et la blesser.

Ne nous cachons pas qu’un tel rapprochement paraîtra discutable aux yeux de certains.

« La luxure, la colère, l’impatience, l’esprit de vengeance à la suite d’une offense reçue », Spinoza n’appelle pas ça des vices mais des affects, plus précisément des passions et la partie V de l’Ethique montrera « ce que la raison même peut sur les affects, et ensuite ce qu’est la Liberté de l’Esprit ou béatitude » (Ethique V Préface.)
Jean de la Croix, quant à lui, conseille une méthode anagogique (anagogè : action de mener vers le haut) qui n’est pas un agere contra mais une quasi désertion : fuir le lieu du combat et se réfugier en Dieu.
Cette « fuite» sanjuaniste est une façon de recadrer la situation en élevant le débat, qu’il soit intérieur ou avec des tiers. C’est précisément ce qu’opère la connaissance du troisième genre qui nous porte à la connaissance de Dieu, connaissance qui est également amour intellectuel de Dieu.

Jean de la Croix (1542-1591) n’a pu lire Spinoza mais, comme lui, il pointe la nécessité d’éloigner une émotion de l’âme de la pensée d’une cause extérieure (Ethique V 2) : ce n’est pas tel individu qui, par exemple, est la cause de ma colère mais « l’ennemi », sans qu’il soit nécessaire de personnaliser ni même de préciser de quel ennemi il s’agit, et une façon de réprimer et maîtriser cette colère sera de s’y soustraire en s’élevant à Dieu par la science intuitive.

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