Science intuitive et biodanza
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Re: Science intuitive et biodanza
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Invité- Invité
Re: Science intuitive et biodanza
Il est question, en ce moment sur un autre fil, de la pensée de Teilhard de Chardin.
Celui-ci a développé la thèse d’une centralité du Christ qui est analysée dans un article de Michel Fédou à propos de l’ouvrage de Gustave Martelet : Teilhard de Chardin, Prophète d’un Christ toujours plus grand. Voir :
https://www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-theologique-2006-2-page-274.htm
Spinoza cite le Christ à maintes reprises dans le Traité théologico-politique mais seulement une fois dans l’Ethique, en Ethique IV 68 sc.
Citons cette proposition 37 :
Être conduit par l’Esprit du Christ, c’est être conduit par la connaissance de Dieu, c’est-à-dire par le souverain bien de l’Esprit (Ethique IV 28) ce qui nous rend libres et nous fait désirer ce même bien pour les autres.
En d’autres termes, être conduit par l’Esprit du Christ c’est agir religieusement, au sens où, dans le scolie 1 d’Ethique IV 37 précitée :
On pourrait donc parler, mais dans un sens différent de celui que retient Teilhard de Chardin, d’une certaine centralité du Christ dans l’Ethique, même si elle n’est évoquée qu’une seule fois, en passant, dans un scolie.
Celui-ci a développé la thèse d’une centralité du Christ qui est analysée dans un article de Michel Fédou à propos de l’ouvrage de Gustave Martelet : Teilhard de Chardin, Prophète d’un Christ toujours plus grand. Voir :
https://www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-theologique-2006-2-page-274.htm
Spinoza cite le Christ à maintes reprises dans le Traité théologico-politique mais seulement une fois dans l’Ethique, en Ethique IV 68 sc.
Spinoza a écrit: […] conduits par l’Esprit du Christ, c’est-à-dire par l’idée de Dieu, de laquelle seule dépend que l’homme soit libre et désire pour les autres hommes le bien qu’il désire pour lui-même, comme nous l’avons démontré plus haut (par la prop. 37 de cette partie)
Citons cette proposition 37 :
Spinoza a écrit: Le bien auquel aspire pour soi chaque homme qui suit la raison, il le désirera aussi pour tous les autres hommes, et d’autant plus qu’il possédera une plus grande connaissance de Dieu.
Être conduit par l’Esprit du Christ, c’est être conduit par la connaissance de Dieu, c’est-à-dire par le souverain bien de l’Esprit (Ethique IV 28) ce qui nous rend libres et nous fait désirer ce même bien pour les autres.
En d’autres termes, être conduit par l’Esprit du Christ c’est agir religieusement, au sens où, dans le scolie 1 d’Ethique IV 37 précitée :
Spinoza a écrit: Je rapporte à la Religion tous les désirs et toutes les actions dont nous sommes cause en tant que nous avons l’idée de Dieu, c’est-à-dire en tant que nous connaissons Dieu ;
On pourrait donc parler, mais dans un sens différent de celui que retient Teilhard de Chardin, d’une certaine centralité du Christ dans l’Ethique, même si elle n’est évoquée qu’une seule fois, en passant, dans un scolie.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
Pierre Macherey commente la fin du scolie d’Ethique IV 68 citée dans le post précédent :
A la lumière du scolie d’Ethique IV 68 et de son commentaire par Pierre Macherey, la progression vers le point Oméga de Teilhard de Chardin apparaît comme une version mythifiée du « passage à une perfection plus grande » qui est « le projet rationnel qui est à la base de toute l’éthique ».
A propos de « l’Esprit du Christ » qu’évoque Spinoza dans le scolie, Pierre Macherey avait d’ailleurs indiqué en note :
La vision, certes grandiose, de Teilhard de Chardin se présente comme une explication mythique du monde qui peut encourager certains à se mettre en route mais qui appelle à une démythologisation afin de passer à une vision rationnelle des choses tout aussi exaltante.
Pierre Macherey a écrit:[…] le vrai bien, dont la possession est acquise à des hommes libres, est celui que chacun, le désirant pour lui-même, désire aussi pour les autres hommes ; or ceci est la leçon délivrée précédemment dans la proposition 37 de l’Ethique, où elle a été établie par des voies purement rationnelles. Ainsi à l’utopie imaginaire d’un premier homme disposant dans la solitude d’une perfection d’une vie complètement libre, commence à se substituer le projet rationnel qui est à la base de toute l’éthique : réaliser l’union la plus parfaite entre les hommes, de manière à leur permettre d’effectuer ensemble le passage à une perfection plus grande, la possibilité de ce passage étant indiscutablement inscrite dans leur nature même.
A la lumière du scolie d’Ethique IV 68 et de son commentaire par Pierre Macherey, la progression vers le point Oméga de Teilhard de Chardin apparaît comme une version mythifiée du « passage à une perfection plus grande » qui est « le projet rationnel qui est à la base de toute l’éthique ».
A propos de « l’Esprit du Christ » qu’évoque Spinoza dans le scolie, Pierre Macherey avait d’ailleurs indiqué en note :
Pierre Macherey a écrit: Comme il le fait aussi dans le Traité théologico-politique, Spinoza affirme ici que l’éthique géométriquement démontrée recoupe l’enseignement du Christ, ramené à son noyau rationnel qui est une doctrine de la nécessité des affects sociaux, et ainsi dépouillé de son enveloppe affabulatoire.
La vision, certes grandiose, de Teilhard de Chardin se présente comme une explication mythique du monde qui peut encourager certains à se mettre en route mais qui appelle à une démythologisation afin de passer à une vision rationnelle des choses tout aussi exaltante.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
J’ai parlé, dans le post précédent, de démythologisation et de rationalisation de la centralité du Christ selon Teilhard de Chardin.
A l’inverse, Hélène Levy-Benseft, qui présente la biodanza dans le premier post de ce fil, introduit la notion d’archétype christique à la fin de son essai : Pour une pédagogie des archétypes.
Sous réserve d’un examen plus approfondi, je dirais que cette approche par les archétypes paraît compatible avec la démarche de l’Ethique.
Elle aboutit, non pas à l’amor intellectualis Dei de la fin de la dernière partie de l’Ethique mais à l’amor erga Deum qui conclut la première moitié de cette partie.
Les mérites de cette approche sont d’ordre pédagogique, substituant aux « mathématiques sévères » de l’Ethique une voie plus facile, concrète et imagée, qui, à mon avis, peut servir de propédeutique à la voie rationnelle de Spinoza.
A l’inverse, Hélène Levy-Benseft, qui présente la biodanza dans le premier post de ce fil, introduit la notion d’archétype christique à la fin de son essai : Pour une pédagogie des archétypes.
Hélène Levy-Benseft a écrit: Nous avons, tout au long de cet essai, tenté de décrire comment la traduction archétypale, des origines de la vie à l’action dans la vie, se fraie une voie fascinante.
Nous avons évoqué les dimensions multiples de l’univers de notre énergie vitale ; celles des mouvements que nous avons hérités de notre phylogenèse ; celles de nos identifications symboliques à la nature ; et enfin celles de notre rapport aux grands mythes fondateurs.
[…]
Au bout du chemin, nous voici à présent face à un questionnement : quelle peut être, dans notre inconscient collectif, l’expression la plus humaine, peut-être la plus symbolique qui soit, de la puissance de l’amour inconditionnel ? De ce qui, en dehors de toute complaisance, peut tout accepter, tout soutenir, tout aimer de nous ?
Lorsque nous mettons en regard les notions de devenir, de puissance à être et d’inconditionnalité, dans une relation qui soutient et induit cela, une image se profile et évoque la notion de « numineux ».
En un seul mot, cette notion rend compte de la merveille, de la perfection, du sublime. L’image évoque le divin. Et lorsque nous parlons d’amour divin, nous entendons l’amour auquel rien ne manque, et qui à nul être ne manque.
Lorsque Toro [le créateur de la biodanza] se réfère au numineux, il l’accompagne d’un autre terme, celui d’inconscient. Il évoque par-là l’hypothèse que nous sommes structurés, dans le sens où il s’agit d’une capacité naturelle intrinsèque, pour être sensibles à l’expérience numineuse.
Notre interprétation du concept de divin le libère de toute connotation religieuse de quelque nature. Il est cependant évident que nous ne pouvons pas nous empêcher de sauter à pieds joints sur nos associations culturelles.
[…]
Dans les espaces de l’imaginaire et de l’inconscient collectif qui sont les nôtres, les plus proches de nos références, une voix mythique se fait entendre qui les rassemble toutes. Un archétype prend forme pour dire l’amour inconditionnel au cœur du numineux en chacun.
Nous l’appellerons l’archétype christique.
[…]
Je propose que la capacité de reconnaître le divin en soi et en l’autre soit une réponse à l’appel de l’archétype christique. A l’appel en chacun d’entre nous de l’inconditionnalité de l’amour. La dimension archétypale de l’inconditionnalité dans l’amour est le Christ archétype. (pp. 277-278)
Sous réserve d’un examen plus approfondi, je dirais que cette approche par les archétypes paraît compatible avec la démarche de l’Ethique.
Elle aboutit, non pas à l’amor intellectualis Dei de la fin de la dernière partie de l’Ethique mais à l’amor erga Deum qui conclut la première moitié de cette partie.
Les mérites de cette approche sont d’ordre pédagogique, substituant aux « mathématiques sévères » de l’Ethique une voie plus facile, concrète et imagée, qui, à mon avis, peut servir de propédeutique à la voie rationnelle de Spinoza.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
à mon avis (ne nous fachons pas) vous passez à coté de la compréhension du numineux.(du moins si vous le comprenez comme une aide pédagogique).vanleers a écrit:Les mérites de cette approche sont d’ordre pédagogique, substituant aux « mathématiques sévères » de l’Ethique une voie plus facile, concrète et imagée, qui, à mon avis, peut servir de propédeutique à la voie rationnelle de Spinoza.
Toro et la biodanza en général me semble prendre l'idée (de numineux ) par/à travers la psychologie de Jung et Rudolph Otto.(intronisateur du concept ) ...sans oute plus qu'au travers de ce qu'a développé Henry Corbin.
Il n'est pas évident que Jung et Corbin parle tout à fait le même langage, mais bref, c'est une toute autre question .
Il y a une lignée psychologique et puis philosophique qui accorde une grande importance à la sphère intermédiaire imaginale (celle du numineux). Elle est comprise comme existant "objectivement" au sens d' être une instance bien réelle de l'esprit humain.
je dirais que cette approche par les archétypes paraît compatible avec la démarche de l’Ethique.
Ce n'est pas tant, du point de vue de ces psychologues philosophe, que la théorie soit compatible ou pas, qui importe, mais plutôt de savoir que nécessairement la puissance du numineux ... est là, agissante.
L' explication par une théorie (celle de Jung) apporte quelque chose certes, une intelligibilité (rationnelle)
mais elle est à distinguer de l'activité du numineux.
La sphère de l' imaginal exerce sa puissance d'agir quelle que soit l' explication rationnelle .
oumél
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
A hks
J’ai déjà longuement parlé sur ce fil de l’inconscient numineux de Roland Toro, le créateur de la biodanza, et montré comment ce dernier utilise, tout en l’adaptant, la notion de numineux chez Rudolf Otto et Carl Jung.
Je n’y reviens pas.
Le titre même du livre l’indique, Hélène Levy-Benseft développe dans son essai une pédagogie s’appuyant sur les archétypes.
Il s’agit pour elle d’utiliser un langage familier à la fois au corps et à l’esprit afin que « les portes de l’apprentissage s’ouvrent plus facilement » (op. cit. p. 52)
Elle écrit qu’elle utilise les notions de « numineux » et d’« inconscient numineux » pour signifier que l’homme a « la capacité naturelle intrinsèque » de faire l’expérience du divin.
Spinoza, lui, le démontre rationnellement :
La notion d’archétype christique, écrit-elle, s’adresse à quelqu’un qui a déjà entendu parler du Christ (« Dans les espaces de l’imaginaire et de l’inconscient collectif qui sont les nôtres, les plus proches de nos références. »)
Dans le cadre général de sa pédagogie des archétypes, elle justifie l’introduction de l’archétype christique, afin de renforcer la capacité de reconnaître le divin :
« Je propose que la capacité de reconnaître le divin en soi et en l’autre soit une réponse à l’appel de l’archétype christique. »
Je maintiens donc que l’archétype christique d’Hélène Levy-Benseft est un moyen pédagogique de donner à celui qui baigne déjà dans une culture chrétienne, une conscience et une connaissance plus vive de Dieu et du divin, à la fois intellectuelle et affective.
J’ai déjà longuement parlé sur ce fil de l’inconscient numineux de Roland Toro, le créateur de la biodanza, et montré comment ce dernier utilise, tout en l’adaptant, la notion de numineux chez Rudolf Otto et Carl Jung.
Je n’y reviens pas.
Le titre même du livre l’indique, Hélène Levy-Benseft développe dans son essai une pédagogie s’appuyant sur les archétypes.
Il s’agit pour elle d’utiliser un langage familier à la fois au corps et à l’esprit afin que « les portes de l’apprentissage s’ouvrent plus facilement » (op. cit. p. 52)
Elle écrit qu’elle utilise les notions de « numineux » et d’« inconscient numineux » pour signifier que l’homme a « la capacité naturelle intrinsèque » de faire l’expérience du divin.
Spinoza, lui, le démontre rationnellement :
Spinoza a écrit:
L’Esprit humain a une connaissance adéquate de l’essence éternelle et infinie de Dieu (Ethique II 47)
Notre Esprit, en tant qu’il se connaît ainsi que le Corps sous l’aspect de l’éternité, a en cela nécessairement une connaissance de Dieu, et sait qu’il est en Dieu et se conçoit par Dieu (Ethique V 30).
La notion d’archétype christique, écrit-elle, s’adresse à quelqu’un qui a déjà entendu parler du Christ (« Dans les espaces de l’imaginaire et de l’inconscient collectif qui sont les nôtres, les plus proches de nos références. »)
Dans le cadre général de sa pédagogie des archétypes, elle justifie l’introduction de l’archétype christique, afin de renforcer la capacité de reconnaître le divin :
« Je propose que la capacité de reconnaître le divin en soi et en l’autre soit une réponse à l’appel de l’archétype christique. »
Je maintiens donc que l’archétype christique d’Hélène Levy-Benseft est un moyen pédagogique de donner à celui qui baigne déjà dans une culture chrétienne, une conscience et une connaissance plus vive de Dieu et du divin, à la fois intellectuelle et affective.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
Vanleers a écrit:Je maintiens donc que l’archétype christique d’Hélène Levy-Benseft
pour moi, un archétype n'est pas un moyen. Ce serait à la limite une cause de l'explication laquelle en tant qu'explication agit comme une explication.
mais bref, comme j'ignore tout de la pédagogie des archétypes.
J'ai déjà tellement de mal à comprendre Jung
La description du symbolique archétypal c'est une chose et Jung a abondamment décrit des symbolisations (mandala par exemple ou symboles alchimiques)
La question de la cure c'est une autre chose
Par exemple quand je vois que James Hillman, se focalise sur l'émotion véhiculée par l'image, se passant de toute interprétation littérale et intellectuelle.
Je me dis que celui là a sans doute compris qu'une explication n'en était qu'une.
Je dirais bien que l'explication ne guérit rien, mais que celui qui comprend l'explication, la comprend parce qu'il est déjà guéri.
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
hks a écrit:Je dirais bien que l'explication ne guérit rien, mais que celui qui comprend l'explication, la comprend parce qu'il est déjà guéri.
Malheureusement, non. On peut avoir très vite la réponse à une difficulté, un énoncé parfaitement correcte de celle-ci. Par exemple celui d'une Intention (une pulsion) constitutive, ontogénique, et néanmoins il faudra des années pour en lessiver son âme, si j'ose dire. Il faudra la pourchasser, la coincer, en faire le constat, ad libitum et ad nauseam. Une Intention constitutive ne peut pas en soi renoncer, elle n'est elle-même pas raisonnable, c'est le tout qui l'est. Alors à force de la traquer, de la coincer, de l'admettre, d'en prendre conscience, etc., etc., elle s'efface, tout doucement, beaucoup trop doucement : la métaphore n'est pas gaie, mais ça s'apparente à une reconquête neurone par neurone. Je l'ai déjà dit, pour paraphraser Descartes qui estime que c'est véritablement ne pas vivre que vivre sans philosopher, je dis qu'avoir une démarche de type psychanalytique quand à soi doit devenir une seconde nature, faire partie de soi, de la vie, bien comprendre que c'est très long.
_________________
" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
Mais si tu es d'accord avec ce que je suggère, ne faudrait- il pas dire alors : Malheureusement, ouineopilina a écrit:Malheureusement, non.
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
La notion d’archétype christique d’Hélène Levy-Benseft a été introduite à la suite d’un examen du rapport entre le christocentrisme de Teilhard de Chardin (son dernier essai s’intitule Le Christique) et la place du Christ dans l’œuvre de Spinoza.
On a rappelé l’unique référence au Christ dans l’Ethique (Esprit du Christ – IV 68 sc.).
J’y reviens en citant le début du commentaire de Robert Misrahi d’Ethique IV 68 sc.
Dans le scolie d’Ethique IV 68, Spinoza assimile l’Esprit du Christ à l’idée de Dieu et R. Misrahi précise que l’idée de Dieu c’est le mode infini immédiat de l’attribut Pensée.
Ceci montre l’importance de la figure du Christ dans la philosophie de Spinoza, ce qui peut justifier un rapprochement avec le christocentrisme de Teilhard de Chardin.
D’autre part, si la sagesse éternelle de Dieu s’est, selon Spinoza, manifestée plus particulièrement en Jésus-Christ, cela justifie qu’H. Levy-Benseft parle d’archétype christique, le Christ étant l’archétype, au sens de modèle ou, selon Jung, de symbole universel, de la sagesse de Dieu.
On a rappelé l’unique référence au Christ dans l’Ethique (Esprit du Christ – IV 68 sc.).
J’y reviens en citant le début du commentaire de Robert Misrahi d’Ethique IV 68 sc.
Robert Misrahi a écrit: L’expression « Esprit du Christ » ne signifie en rien que Spinoza reconnaisse la « divinité » du Christ ou exprimerait une religiosité chrétienne cachée : d’une part, il reprend l’expression spiritu Christi des Ecritures elles-mêmes (TTP ch. 1) ; d’autre part, il critique une conception réaliste et charnelle de la divinité du Christ (ibid. ainsi que la lettre 73) ; enfin et surtout, il identifie exactement et explicitement cet « esprit du Christ » à l’« idée de Dieu ». Or, l’« idée de Dieu » est infinie (cf. Ethique I 21 dém.), elle correspond à la conscience de l’Être dans l’Être même comme Attribut de la Pensée, et elle est elle-même identifiée à la Sagesse de Dieu (TTP ch. 1) désignée comme Fils éternel de Dieu ou « sagesse éternelle de Dieu qui s’est manifestée en toute chose, surtout dans l’esprit humain, et plus particulièrement en Jésus-Christ » (lettre 73). On peut donc dire, pour résumer, que l’« esprit du Christ » désigne la sagesse exprimée dans toutes choses (et désignée comme « Idée de Dieu », « Fils éternel de Dieu », c’est-à-dire mode infini immédiat : lettre 64, CT II 8, 3 et Ethique I 22 et 23). Cette sagesse existe donc en tout homme.
Dans le scolie d’Ethique IV 68, Spinoza assimile l’Esprit du Christ à l’idée de Dieu et R. Misrahi précise que l’idée de Dieu c’est le mode infini immédiat de l’attribut Pensée.
Ceci montre l’importance de la figure du Christ dans la philosophie de Spinoza, ce qui peut justifier un rapprochement avec le christocentrisme de Teilhard de Chardin.
D’autre part, si la sagesse éternelle de Dieu s’est, selon Spinoza, manifestée plus particulièrement en Jésus-Christ, cela justifie qu’H. Levy-Benseft parle d’archétype christique, le Christ étant l’archétype, au sens de modèle ou, selon Jung, de symbole universel, de la sagesse de Dieu.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
Dans un paragraphe intitulé « Le personnage du Christ » de son article Spinozisme et religiosité, Eric Delassus explique qui est le Christ selon Spinoza.
Voir :
http://edelassus.free.fr/Bienvenue_files/spinorelig.pdf
J’en cite un passage :
Le Christ, selon Spinoza, est un homme comme les autres : on est loin ici du Christ cosmique de Teilhard de Chardin.
Il est le modèle du sage, on peut dire : l’archétype. Il occupe donc, selon Spinoza, une place particulière, centrale, dans l’humanité.
Voir :
http://edelassus.free.fr/Bienvenue_files/spinorelig.pdf
J’en cite un passage :
Eric Delassus a écrit: Ainsi le Christ peut-il être considéré comme la réalisation, l’actualisation parfaite du philosophe et du sage dans la mesure où il est l’homme uni à Dieu par excellence, celui chez qui la connaissance du troisième genre semble être totalement à l’œuvre : « ...le Christ a perçu en vérité les choses révélées, c’est-à-dire les a connues intellectuellement ; car on dit qu’une chose est connue intellectuellement quand elle est perçue par la pensée pure en dehors des mots et des images » (TTP chap. V)
Et c’est, nous le pensons, cette perception par la pensée pure de la vérité dans son universalité qui constitue la véritable spiritualité sur laquelle s’ouvre tout autant le message du Christ que la pensée de Spinoza. L’esprit de l’homme et l’esprit de Dieu ou de la nature sont alors en parfaite adéquation l’un avec l’autre dans la mesure où le premier retrouve sa véritable source dans le second, au point même que la séparation entre les deux perd d’ailleurs toute signification. Par l’amour intellectuel de Dieu l’homme comprend qu’il n’est qu’une partie de la nature et constitue donc comme la partie capable de penser le tout et s’identifie ainsi à Dieu comme nous l’avons déjà souligné.
Si cependant le Christ est l’exemple le plus éclairant du sage, de l’homme qui par la pensée est parvenu à l’union parfaite à Dieu, cela ne signifie pas que Spinoza adhère pleinement à la foi chrétienne. En effet pour Spinoza ce qui fait précisément l’exemplarité du Christ, c’est qu’il est un homme comme les autres, par sa nature (Spinoza affirme clairement ne rien comprendre aux allégations des chrétiens concernant la manière dont ils conçoivent la divinité du Christ ainsi que sa résurrection – lettre 73) et qu’il est parvenu par la seule puissance de la raison à s’unir à Dieu.
Le Christ, selon Spinoza, est un homme comme les autres : on est loin ici du Christ cosmique de Teilhard de Chardin.
Il est le modèle du sage, on peut dire : l’archétype. Il occupe donc, selon Spinoza, une place particulière, centrale, dans l’humanité.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
hks a écrit:Mais si tu es d'accord avec ce que je suggère, ne faudrait- il pas dire alors : Malheureusement, ouineopilina a écrit:Malheureusement, non.
J'y ai pensé à plusieurs reprises, rien à faire, quand il faut il faut : je n'entends pas, je n'ai pas compris.
_________________
" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
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neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
L’amour intellectuel de Dieu, qui naît de la science intuitive (Ethique V 32 cor.) constitue notre salut (Ethique V 36 sc.).
Nous sommes sauvés, ou plutôt nous prenons conscience d’être sauvés, en nous reconnaissant insérés en Dieu (connaissance du troisième genre ou science intuitive).
Spinoza donne comme équivalents au salut la béatitude et la liberté (ibid.) : nous sommes sauvés de la tristesse et de l’aliénation : de la tristesse née d’une connaissance inadéquate de nous-mêmes.
La séance de biodanza est également le lieu privilégié où nous prenons conscience de qui nous sommes véritablement sous l’effet du regard positif des autres.
Tant il est vrai que nous ne sommes réellement nous-mêmes que par le regard aimant de l’autre.
Je dirai donc que la biodanza, comme la science intuitive, nous sauve.
Ce à quoi fait écho cette parole de Lacan (Ecrits – Seuil 966 p. 524) :
Nous sommes sauvés, ou plutôt nous prenons conscience d’être sauvés, en nous reconnaissant insérés en Dieu (connaissance du troisième genre ou science intuitive).
Spinoza donne comme équivalents au salut la béatitude et la liberté (ibid.) : nous sommes sauvés de la tristesse et de l’aliénation : de la tristesse née d’une connaissance inadéquate de nous-mêmes.
La séance de biodanza est également le lieu privilégié où nous prenons conscience de qui nous sommes véritablement sous l’effet du regard positif des autres.
Tant il est vrai que nous ne sommes réellement nous-mêmes que par le regard aimant de l’autre.
Je dirai donc que la biodanza, comme la science intuitive, nous sauve.
Ce à quoi fait écho cette parole de Lacan (Ecrits – Seuil 966 p. 524) :
Lacan a écrit: La fin que propose à l’homme la découverte de Freud, a été définie par lui à l’apogée de sa pensée en des termes émouvants : Wo es war, soll Ich werden. Là où fut ça, il me faut advenir.
Cette fin est de réintégration et d’accord, je dirai de réconciliation (Versöhnung).
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
Il a été question, plus haut (page 16) de Pensouillard, le hamster intérieur qui, selon Serge Marquis, son créateur, s’inquiète à propos de tout ce qui peut être pris par l’ego pour une menace, fût-elle minime, et déclenche un stress.
Pensouillard est une figure imagée du système nerveux sympathique (orthosympathique) qui gère le stress.
Le système nerveux parasympathique, autre composant du système nerveux autonome, gère la détente et le relâchement et fonctionne donc en opposition au système sympathique.
Afin de ne pas vivre dans un état de stress trop élevé lorsque la situation extérieure ne le justifie pas, il est nécessaire d’agir sur les systèmes nerveux sympathique et parasympathique, ce qui peut paraître a priori paradoxal s’agissant de composants du système nerveux autonome.
1) Action sur le système nerveux sympathique
Le système nerveux sympathique réagit à des stimuli externes et internes.
Une première action consiste à réduire les sources externes de stress en ne se mettant pas dans des situations qui risquent de le déclencher, ce qui n’est pas toujours possible.
Une deuxième action sera de travailler sur les perceptions.
L’exemple classique est celui de l’individu qui voit une corde et la prend pour un serpent, ce qui déclenche une réaction de stress.
En ayant une connaissance claire et distincte des choses qui nous affectent, en mettant en jeu les remèdes aux affects (cf. la partie V de l’Ethique) et, plus généralement, en ayant une vision du monde apaisée (connaissance du troisième genre), on réduit le stress.
2) Action sur le système nerveux parasympathique.
Il s’agit de favoriser le processus inverse du stress, c’est-à-dire la détente et le relâchement, gérés par le système nerveux parasympathique.
Diverses pratiques corporelles sont efficaces, par exemple la respiration profonde, la méditation de pleine conscience, mais aussi la biodanza, le yoga, etc.
Sur le yoga, on peut lire un article dont s’inspire ce post en :
https://www.dharmalyon.com/fonctionnement-systeme-nerveux-action-possible-yoga/
Pensouillard est une figure imagée du système nerveux sympathique (orthosympathique) qui gère le stress.
Le système nerveux parasympathique, autre composant du système nerveux autonome, gère la détente et le relâchement et fonctionne donc en opposition au système sympathique.
Afin de ne pas vivre dans un état de stress trop élevé lorsque la situation extérieure ne le justifie pas, il est nécessaire d’agir sur les systèmes nerveux sympathique et parasympathique, ce qui peut paraître a priori paradoxal s’agissant de composants du système nerveux autonome.
1) Action sur le système nerveux sympathique
Le système nerveux sympathique réagit à des stimuli externes et internes.
Une première action consiste à réduire les sources externes de stress en ne se mettant pas dans des situations qui risquent de le déclencher, ce qui n’est pas toujours possible.
Une deuxième action sera de travailler sur les perceptions.
L’exemple classique est celui de l’individu qui voit une corde et la prend pour un serpent, ce qui déclenche une réaction de stress.
En ayant une connaissance claire et distincte des choses qui nous affectent, en mettant en jeu les remèdes aux affects (cf. la partie V de l’Ethique) et, plus généralement, en ayant une vision du monde apaisée (connaissance du troisième genre), on réduit le stress.
2) Action sur le système nerveux parasympathique.
Il s’agit de favoriser le processus inverse du stress, c’est-à-dire la détente et le relâchement, gérés par le système nerveux parasympathique.
Diverses pratiques corporelles sont efficaces, par exemple la respiration profonde, la méditation de pleine conscience, mais aussi la biodanza, le yoga, etc.
Sur le yoga, on peut lire un article dont s’inspire ce post en :
https://www.dharmalyon.com/fonctionnement-systeme-nerveux-action-possible-yoga/
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
Lorsque, à la suite d’un évènement traumatisant (un trauma), il s’est installé un état d’hypervigilance et de stress élevé permanent, on dit qu’il y a traumatisme.
Cyrinne Ben Mamou expose, dans quatre vidéos, ce qu’est le traumatisme, en quoi il est différent du trauma, ses caractéristiques, et enfin, dans la vidéo n° 4, quelques pistes pour en sortir. Voir :
https://www.youtube.com/watch?v=Iqm9AZyr7Oc
Les 9 pistes sont les suivantes :
1) Comprenez votre physiologie
2) (Ré) investissez votre corps
3) (Ré) apprenez à respirer
4) (Ré) éduquez votre attention
5) (Re) centrez-vous sur le présent
6) Responsabilisez-vous
7) Choisissez vos fréquentations
8] Ecoutez vos rêves
9) Demandez de l’aide
Il est clair que ces 9 moyens agissent sur les systèmes nerveux sympathique et parasympathique, comme indiqué dans le post précédent, ce qui montre qu’il est important de conjuguer des moyens relatifs à ces deux systèmes pour sortir d’un état de stress élevé permanent.
Plus généralement, notons que certaines pistes visent plus spécifiquement le corps et d’autres l’esprit, tout en rappelant que, dans la philosophie de Spinoza, il n’y a pas d’action causale du corps sur l’esprit et réciproquement, le corps et l’esprit étant la même chose considérée selon deux aspects différents.
Cyrinne Ben Mamou expose, dans quatre vidéos, ce qu’est le traumatisme, en quoi il est différent du trauma, ses caractéristiques, et enfin, dans la vidéo n° 4, quelques pistes pour en sortir. Voir :
https://www.youtube.com/watch?v=Iqm9AZyr7Oc
Les 9 pistes sont les suivantes :
1) Comprenez votre physiologie
2) (Ré) investissez votre corps
3) (Ré) apprenez à respirer
4) (Ré) éduquez votre attention
5) (Re) centrez-vous sur le présent
6) Responsabilisez-vous
7) Choisissez vos fréquentations
8] Ecoutez vos rêves
9) Demandez de l’aide
Il est clair que ces 9 moyens agissent sur les systèmes nerveux sympathique et parasympathique, comme indiqué dans le post précédent, ce qui montre qu’il est important de conjuguer des moyens relatifs à ces deux systèmes pour sortir d’un état de stress élevé permanent.
Plus généralement, notons que certaines pistes visent plus spécifiquement le corps et d’autres l’esprit, tout en rappelant que, dans la philosophie de Spinoza, il n’y a pas d’action causale du corps sur l’esprit et réciproquement, le corps et l’esprit étant la même chose considérée selon deux aspects différents.
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Re: Science intuitive et biodanza
La dernière proposition de l’Ethique énonce que « La béatitude n’est pas la récompense de la vertu, mais la vertu même ».
Dans le scolie, Spinoza écrit que le sage est « conscient de soi, de Dieu et des choses ».
M’inspirant de Bruno Giuliani et François Roustang, j’appellerai la conscience de soi, de Dieu et des autres qui naît dans la béatitude : l’hyperje.
Bruno Giuliani décrit l’expérience de la béatitude dans L’expérience du bonheur – Almora 2014.
B. Giuliani exprime le dépassement du « je » personnel par un oxymore, le « je impersonnel », ce qu’il précise plus loin :
J’appellerais plutôt ce moi impersonnel : l’hyperje, un mot emprunté à F. Roustang.
A la fin de son ouvrage : … Elle ne le lâche plus – Minuit 1980, il introduit :
Par la science intuitive, d’où naît la béatitude (Ethique V 32), nous prenons conscience que notre esprit est une expression singulière de Dieu :
« Expression de Dieu », ce qui signifie le dépassement d’un moi personnel, mais « singulière » pour dire qu’il n’y a pas fusion dans un grand Tout.
La notion d’hyperje traduit ce double aspect des choses.
Dans le scolie, Spinoza écrit que le sage est « conscient de soi, de Dieu et des choses ».
M’inspirant de Bruno Giuliani et François Roustang, j’appellerai la conscience de soi, de Dieu et des autres qui naît dans la béatitude : l’hyperje.
Bruno Giuliani décrit l’expérience de la béatitude dans L’expérience du bonheur – Almora 2014.
Bruno Giuliani a écrit: Le « je » personnel disparaît et il ne reste plus que la réalité qui apparaît sans personne à qui elle apparaît : tout devient alors pure présence au sein d’un nouveau « je » impersonnel qui est la vie elle-même. (p. 256)
B. Giuliani exprime le dépassement du « je » personnel par un oxymore, le « je impersonnel », ce qu’il précise plus loin :
Bruno Giuliani a écrit: Je peux explorer les sons, les odeurs, les saveurs, explorer l’univers tactile en touchant ou en étant touché, et à chaque fois je rentre dans un nouvel espace de perception beaucoup plus ample, beaucoup plus profond, beaucoup plus riche, dans lequel je ne suis plus un sujet en face d’un monde d’objets, mais une conscience qui se remplit de la perception intense de toute réalité qui vit, non plus hors de moi, mais en moi, un moi impersonnel et sans limite, un moi universel qu’on peut appeler le soi. (p. 257)
J’appellerais plutôt ce moi impersonnel : l’hyperje, un mot emprunté à F. Roustang.
A la fin de son ouvrage : … Elle ne le lâche plus – Minuit 1980, il introduit :
François Roustang a écrit: […] une instance psychique que je propose d’appeler l’hyperje. Le « je » coutumier n’est que l’expression du moi ou de la conscience, et l’ipséité ou le self n’en sont jamais que le redoublement ; (p. 216)
Par la science intuitive, d’où naît la béatitude (Ethique V 32), nous prenons conscience que notre esprit est une expression singulière de Dieu :
« Expression de Dieu », ce qui signifie le dépassement d’un moi personnel, mais « singulière » pour dire qu’il n’y a pas fusion dans un grand Tout.
La notion d’hyperje traduit ce double aspect des choses.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
L’ego, c’est l’ensemble des mécanismes de défense et il est activé lorsque l’homme se sent en danger.
Lorsque la situation est ressentie comme dangereuse, le système nerveux sympathique déclenche des réactions corporelles en vue d’assurer la survie.
Il est donc vain de vouloir « dissoudre l’ego », comme on le lit quelquefois, car c’est un système naturel qui a son utilité et qui l’a eu surtout au temps où l’homme était un chasseur cueilleur menacé par de multiples dangers.
L’ego n’agit pas sous le commandement de la raison et, considéré sous l’aspect de l’attribut Pensée, il est constitué d’idées inadéquates, mutilées et confuses, d’où naissent les passions (Ethique III 3).
Or :
La proposition suivante précise ce qu’il faut entendre par « agir absolument par vertu » :
Précisons que Spinoza pose l’équivalence de la vertu et de la puissance (Ethique IV déf. huit).
Agir par vertu, c’est donc agir de telle sorte que l’action puisse s’expliquer par sa propre puissance.
Dans le système de Spinoza, il ne s’agit pas de dissoudre l’ego et encore moins de le raisonner directement mais de ne pas en rester à une réaction primaire et de comprendre toute situation perçue initialement comme dangereuse, c’est-à-dire d’en avoir une idée adéquate, claire et distincte. De cette compréhension naîtra une joie qui pourra supplanter les passions issues des idées inadéquates de l’ego (tristesse, crainte, …).
Les neurosciences ont mis en évidence qu’au plan corporel la compréhension, c’est-à-dire la connaissance du deuxième genre ou raison, était associée au néocortex alors que les pensées de l’ego l’étaient à l’amygdale.
Lorsque la situation est ressentie comme dangereuse, le système nerveux sympathique déclenche des réactions corporelles en vue d’assurer la survie.
Il est donc vain de vouloir « dissoudre l’ego », comme on le lit quelquefois, car c’est un système naturel qui a son utilité et qui l’a eu surtout au temps où l’homme était un chasseur cueilleur menacé par de multiples dangers.
L’ego n’agit pas sous le commandement de la raison et, considéré sous l’aspect de l’attribut Pensée, il est constitué d’idées inadéquates, mutilées et confuses, d’où naissent les passions (Ethique III 3).
Or :
Spinoza (Ethique IV 23) a écrit: L’homme, en tant qu’il est déterminé à faire quelque chose du fait qu’il a des idées inadéquates, ne peut être absolument dit agir par vertu ; mais seulement en tant qu’il est déterminé du fait qu’il comprend.
La proposition suivante précise ce qu’il faut entendre par « agir absolument par vertu » :
Spinoza a écrit: Agir absolument par vertu n’est en nous rien d’autre qu’agir, vivre, conserver son être (trois façons de dire la même chose) sous la conduite de la raison, et ce d’après le fondement qui consiste à chercher son propre utile.
Précisons que Spinoza pose l’équivalence de la vertu et de la puissance (Ethique IV déf. huit).
Agir par vertu, c’est donc agir de telle sorte que l’action puisse s’expliquer par sa propre puissance.
Dans le système de Spinoza, il ne s’agit pas de dissoudre l’ego et encore moins de le raisonner directement mais de ne pas en rester à une réaction primaire et de comprendre toute situation perçue initialement comme dangereuse, c’est-à-dire d’en avoir une idée adéquate, claire et distincte. De cette compréhension naîtra une joie qui pourra supplanter les passions issues des idées inadéquates de l’ego (tristesse, crainte, …).
Les neurosciences ont mis en évidence qu’au plan corporel la compréhension, c’est-à-dire la connaissance du deuxième genre ou raison, était associée au néocortex alors que les pensées de l’ego l’étaient à l’amygdale.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
Associée?Vanleers a écrit:Les neurosciences ont mis en évidence qu’au plan corporel la compréhension, c’est-à-dire la connaissance du deuxième genre ou raison, était associée au néocortex alors que les pensées de l’ego l’étaient à l’amygdale.
Si vous me dite qu'au niveau "corporel" MA douleur à MON pied est associée à l'amygdale... autant (et pourquoi pas) me dire qu'elle est associée à MON pied.
.........................................
L’ego, c’est l’ensemble des mécanismes de défense et il est activé lorsque l’homme se sent en danger.
Ce qui ne correspond pas du tout à l'expérience que je fais.
Excusez -moi mais je me sens quand même mieux placé que les neurosciences pour parler de mon Ego et ce en tant que sujet conscient de MOI- même, ce qui et pas le cas du neuro-scientifique lambda lequel est probablement conscient de lui-même, mais ce n'est pas MON affaire.
Mon expérience est donc la suivante : je suis particulièrement conscient de moi- même quand je ne suis pas sur la défensive.
Quand j'ai à me défendre, j'ai autre chose à faire que de prendre conscience de mon MOI.
Imaginez- vous Fichte (ce grand apologue du MOI) faisant le coup de poing d'une main et rédigeant sa thèse de l'autre.
Non, non... et autant de Descartes ou Maine de Biran, il leur fallait la sécurité de la chambre.
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
Spinoza démontre que le salut vient de la connaissance claire et distincte de la réalité, autrement dit de la raison, c’est-à-dire de la connaissance du deuxième genre ou raison proprement dite et de la connaissance du troisième genre ou science intuitive.
Ce que Spinoza démontre théoriquement, chacun peut le constater pratiquement lorsque la connaissance claire et distincte d’une situation ressentie comme dangereuse prend le relais et vient supplanter la connaissance spontanée, mutilée et confuse, de cette situation.
L’affect de crainte initial est ainsi réprimé par un affect de joie né de la connaissance adéquate de la situation et c’est en cela que consiste le « salut ».
L’Ethique est une philosophie de la joie.
Précisons : de la joie par la raison, non pas qu’il faille se raisonner afin de vaincre les passions tristes mais parce que la raison, c’est notre esprit en tant qu’il comprend clairement et distinctement et que :
Ce que Spinoza démontre théoriquement, chacun peut le constater pratiquement lorsque la connaissance claire et distincte d’une situation ressentie comme dangereuse prend le relais et vient supplanter la connaissance spontanée, mutilée et confuse, de cette situation.
L’affect de crainte initial est ainsi réprimé par un affect de joie né de la connaissance adéquate de la situation et c’est en cela que consiste le « salut ».
L’Ethique est une philosophie de la joie.
Précisons : de la joie par la raison, non pas qu’il faille se raisonner afin de vaincre les passions tristes mais parce que la raison, c’est notre esprit en tant qu’il comprend clairement et distinctement et que :
Spinoza (Ethique V 3) a écrit: Un affect qui est une passion cesse d’être une passion sitôt que nous en formons une idée claire et distincte.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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