Science intuitive et biodanza
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Re: Science intuitive et biodanza
hks a écrit:stoïquement vous suivez votre fil de pensée ...
heureux homme!!!
C’est que la confrontation entre l’Ethique et la biodanza est un véritable filon.
Vous paraissez moins heureux, ces temps-ci, dans vos débats sur d’autres fils. Espérons que ce n’est que passager.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
Je vous sais fin psychologue ...Vanleers a écrit:Vous paraissez moins heureux, ces temps-ci, dans vos débats sur d’autres fils.
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
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Le recul de la pensée par rapport au monde, la psychologie du contrôle de l'état d'âme, la froideur des raisonnements non enflammés par les humeurs, c'est-à-dire la philosophie, voilà qui n'est certes pas facile ...
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Le recul de la pensée par rapport au monde, la psychologie du contrôle de l'état d'âme, la froideur des raisonnements non enflammés par les humeurs, c'est-à-dire la philosophie, voilà qui n'est certes pas facile ...
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Emmanuel- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
Swâmi Prajnânpad a écrit: Savez-vous ce qu’est la libération ? Le relâchement complet de toutes les tensions, physiques, émotionnelles et mentales.
Montaigne a écrit: La plus expresse marque de la sagesse, c'est une éjouissance constante ; son état est comme des choses au-dessus de la lune : toujours serein.
Spinoza a écrit: Itou (Idem)
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
L’allégresse se rapporte principalement au corps comme Spinoza le précise dans l’explication de la définition 3 des affects.
Elle est introduite dans le scolie d’Ethique III 11 auquel se réfère Spinoza dans la démonstration d’Ethique IV 42 :
Commentant cette démonstration :
Dans le scolie d’Ethique III 11 dans lequel est introduite l’allégresse, Spinoza étudie les affects qui sont des passions.
Ce n’est qu’à la fin de la partie III, dans la proposition 58, que seront introduits les affects actifs.
L’allégresse, définie au départ comme une passion, peut-elle néanmoins être un affect actif ?
Pour ce faire, il faut que le corps soit activement affecté d’allégresse, ce qui renvoie à l’article de Pascal Sévérac cité plus haut : Le devenir actif du corps affectif :
On retiendra que l’allégresse est un affect actif lorsque le corps est affecté par un autre corps « à travers la communauté agissante qui les constitue ».
On tirera de tout cela les conclusions suivantes :
- L’allégresse est avant tout un sentiment physique
- L’allégresse est un affect actif lorsque le corps est affecté par des corps à travers ce qu’il a de commun avec ces corps
- L’allégresse, lorsqu’elle est un affect actif, est l’équivalent, au plan du corps, de la béatitude (animi acquiescentia) au plan de la pensée.
La biodanza est une pratique qui vise essentiellement l’allégresse active et on peut vérifier expérimentalement qu’elle est éprouvée lorsque le corps est affecté en harmonie avec les corps des partenaires avec lesquels il est en interaction.
Elle est introduite dans le scolie d’Ethique III 11 auquel se réfère Spinoza dans la démonstration d’Ethique IV 42 :
Spinoza a écrit: L’Allégresse (voir sa déf. en Ethique III 11 sc.) est une joie qui, en tant qu’elle se rapporte au Corps, consiste en ce que toutes les parties du Corps sont affectées à égalité, c’est-à-dire (par Ethique III 11) que la puissance du Corps se trouve augmentée ou aidée de telle sorte que toutes ses parties gardent entre elles le même rapport de mouvement et de repos ; et par suite (par Ethique IV 39) l’Allégresse est toujours bonne, et ne peut être excessive.
Commentant cette démonstration :
Pierre Macherey a écrit: En dépit de ses inévitables retentissements mentaux, l’allégresse est avant tout un sentiment physique, lié à certaines dispositions de l’organisation corporelle qui en favorisent l’épanouissement harmonieux. Les équivalents proprement mentaux de ce sentiment seront étudiés dans la cinquième partie de l’Ethique : ce sont la « jubilation » (gaudium) et la « sérénité » (acquiescentia) associées à la pratique de l’amor intellectualis Dei
Dans le scolie d’Ethique III 11 dans lequel est introduite l’allégresse, Spinoza étudie les affects qui sont des passions.
Ce n’est qu’à la fin de la partie III, dans la proposition 58, que seront introduits les affects actifs.
L’allégresse, définie au départ comme une passion, peut-elle néanmoins être un affect actif ?
Pour ce faire, il faut que le corps soit activement affecté d’allégresse, ce qui renvoie à l’article de Pascal Sévérac cité plus haut : Le devenir actif du corps affectif :
Pascal Sévérac a écrit: Il nous faut ici sans doute revenir sur l’idée qu’être affecté équivaut à pâtir pris au sens de « être passif » : l’expression « aptitude à pâtir ou à agir » n’intervient en fait qu’une seule fois dans l’Éthique, au scolie de II, 13, que nous avons déjà cité. Or, il n’est pas certain que, à ce niveau de l’Éthique, les termes pâtir et agir aient déjà le sens fort que leur donnera la définition 2 de la partie III. Si donc l’expression « aptitude à être affecté » équivaut à « aptitude à pâtir », c’est que pâtir ici ne doit pas être pris en un sens technique, mais général : il ne signifie pas tant être cause inadéquate qu’être déterminé par autre chose – être affecté justement. Or « être affecté » ne peut être assimilé à « être passif », au sens fort du terme : en effet, lorsqu’on est affecté, on n’est pas nécessairement passif. Nous ne développerons pas ici ce point important du spinozisme, mais il faut noter que si on assimile être affecté à être passif au sens d’être cause inadéquate, alors on ne comprend plus comment l’activité humaine est simplement possible. Dans la mesure en effet où tout mode fini est nécessairement déterminé par une autre chose finie, et ce à l’infini (Ethique I 28), le déterminisme intermodal interdirait la pensée de tout devenir actif. En vérité, comme le montrera en II, 39, la démonstration, il est possible que notre corps soit affecté « par un autre corps à travers quelque chose qui leur est commun » (c’est-à-dire à travers une propriété qui leur est commune). Être déterminé par autre chose (ab alio), ce n’est donc pas nécessairement être déterminé à pâtir : même si le plus souvent être affecté par un corps extérieur équivaut à une contrainte qui nous rend passifs, il se peut, sous certaines conditions, que la détermination ab alio soit une détermination à l’activité. Autrement dit – et pour reprendre l’opposition du scolie de II, 29, entre interne et externe –, lorsque le corps est affecté par un autre corps, il n’est pas nécessairement déterminé du dehors (même si c’est le cas le plus souvent) : le corps peut être affecté par un autre corps de manière interne, ou du dedans – s’il l’est à travers la communauté agissante qui les constitue.
On retiendra que l’allégresse est un affect actif lorsque le corps est affecté par un autre corps « à travers la communauté agissante qui les constitue ».
On tirera de tout cela les conclusions suivantes :
- L’allégresse est avant tout un sentiment physique
- L’allégresse est un affect actif lorsque le corps est affecté par des corps à travers ce qu’il a de commun avec ces corps
- L’allégresse, lorsqu’elle est un affect actif, est l’équivalent, au plan du corps, de la béatitude (animi acquiescentia) au plan de la pensée.
La biodanza est une pratique qui vise essentiellement l’allégresse active et on peut vérifier expérimentalement qu’elle est éprouvée lorsque le corps est affecté en harmonie avec les corps des partenaires avec lesquels il est en interaction.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
Robert Misrahi résume bien la philosophie de Spinoza dans le texte qu’on peut lire en :
http://www.akadem.org/medias/documents/--1_La_joie_selon_Spinoza.pdf
Je le reproduis ci-dessous.
Je relève que la philosophie de Spinoza « est un système du monde qui rend possible une éthique, et celle-ci est une éthique de "l’homme libre" et de la "félicité" (ou bonheur) ».
« La voie qui conduit [à la joie souveraine et parfaite] passe par la critique des obstacles intérieurs et extérieurs, c’est-à-dire de toutes les formes de la "servitude" : passions (désirs passifs et non pas désirs en tant que tels), "superstition religieuse", imagination, autoritarisme politique ».
« Cette éthique de la libre joie n’est pas seulement l’indication d’un style personnel d’existence. Elle implique, pour être pleinement réalisable, des conditions politiques qui sont comme les exigences d’un programme : instauration d’une société de "paix" et de "concorde" qui rende possible la "vraie vie de l’esprit" et qui soit fondée sur un pacte social démocratique »
http://www.akadem.org/medias/documents/--1_La_joie_selon_Spinoza.pdf
Je le reproduis ci-dessous.
Robert Misrahi a écrit:
La joie selon Spinoza
Spinoza organise toute son œuvre et sa pensée autour de la félicité. L’Ethique n’est pas seulement une ontologie moniste qui identifie l’ancien Dieu à la Nature infinie ; elle n’est pas seulement une anthropologie qui combat le dualisme de l’âme et du corps ; elle est un système du monde qui rend possible une éthique, et celle-ci est une éthique de "l’homme libre" et de la "félicité" (ou bonheur).
L’essence de l’homme est le Désir, en quoi réside le fondement de l’éthique. Libéré de toute transcendance, de toute fantasmagorie et de tout moralisme ascétique, l’homme libre reconnaît dans le Désir un "effort pour persévérer dans l’être", un dynamisme, une "puissance d’exister". Quand cette puissance est affirmée naît la joie : elle est accroissement de notre être et donc accomplissement du Désir en ses diverses expressions, les "affects". Le Désir n’est pas une quête de l’impossible ni un manque indépassable, mais un dynamisme qui est la source de ses propres valeurs et qui peut accéder à la plénitude, c’est-à-dire à la satisfaction. C’est pourquoi l’éthique est la définition et la recherche de ce "vrai bien" qu’est "la permanence d’une joie souveraine et parfaite". La voie qui y conduit passe par la critique des obstacles intérieurs et extérieurs, c’est-à-dire de toutes les formes de la "servitude" : passions (désirs passifs et non pas désirs en tant que tels), "superstition religieuse", imagination, autoritarisme politique.
Cette éthique de la joie n’est pas un ascétisme. La joie est l’ensemble des jouissances du corps et de l’esprit lorsqu’elles sont "adéquates", à savoir autonomes et réellement expressives de l’essence de chaque individu : plaisirs, joies esthétiques, souci du cadre de vie, exercices physiques, connaissance réflexive de la Nature et de l’homme. A la différence de l’idéalisme dualiste, ce n’est donc pas le Désir qui, pour Spinoza, est source de servitude (d’"aliénation"), c’est la passion. Celle-ci n’est qu’un désir rendu passif par l’ignorance de la Nature et par l’ignorance de soi, c’est-à-dire des associations imaginaires qui nourrissent trop souvent l’affectivité. La joie (appelée "béatitude" lorsqu’elle est constante et parfaite) est donc l’accomplissement véritable du Désir, tel qu’il est saisi par la "connaissance réflexive".
C’est pourquoi la félicité est aussi l’accord avec soi-même, la cohérence intérieure qui a dépassé le "flottement de l’âme" et l’ambivalence des affects irréfléchis. Elle est donc satisfaction de soi et "amour de soi". Mais elle implique aussi l’amitié, c’est-à-dire l’accord des esprits libres qui se réclament de la raison et désirent pour les autres, le bien qu’ils désirent pour eux-mêmes. Cette éthique de la libre joie n’est pas seulement l’indication d’un style personnel d’existence. Elle implique, pour être pleinement réalisable, des conditions politiques qui sont comme les exigences d’un programme : instauration d’une société de "paix" et de "concorde" qui rende possible la "vraie vie de l’esprit" et qui soit fondée sur un pacte social démocratique ; garantie de la tolérance et indépendance du pouvoir politique à l’égard des instances religieuses ; liberté d’expression("Dans une libre République chacun peut penser ce qu’il veut et dire ce qu’il pense") ; enfin, propriété collective de la terre et citoyens en armes.
De condition modeste par choix, excommunié par la Synagogue pour son hétérodoxie, haï par l’Europe chrétienne pour son "athéisme", ascète par nécessité et mort à quarante-cinq ans, Spinoza propose au contraire à ses lecteurs une voie pour accéder à cette félicité qu’on appelle aussi bonheur, et qui est la permanence de la joie d’être et d’agir. Cette jouissance, toujours qualifiée comme joie concrète, est si justifiée et si réfléchie qu’elle suscite en nous, sans aucune immortalité, le sentiment et l’expérience de notre éternité. C’est pourquoi, en subvertissant le sens des mots, Spinoza peut identifier explicitement "béatitude", "liberté" et "salut".
Je relève que la philosophie de Spinoza « est un système du monde qui rend possible une éthique, et celle-ci est une éthique de "l’homme libre" et de la "félicité" (ou bonheur) ».
« La voie qui conduit [à la joie souveraine et parfaite] passe par la critique des obstacles intérieurs et extérieurs, c’est-à-dire de toutes les formes de la "servitude" : passions (désirs passifs et non pas désirs en tant que tels), "superstition religieuse", imagination, autoritarisme politique ».
« Cette éthique de la libre joie n’est pas seulement l’indication d’un style personnel d’existence. Elle implique, pour être pleinement réalisable, des conditions politiques qui sont comme les exigences d’un programme : instauration d’une société de "paix" et de "concorde" qui rende possible la "vraie vie de l’esprit" et qui soit fondée sur un pacte social démocratique »
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
Comme l’écrit Robert Misrahi en résumant la philosophie de Spinoza (cf. post précédent) :
« L’éthique est la définition et la recherche de ce "vrai bien" qu’est "la permanence d’une joie souveraine et parfaite" »
Dans un schéma spatial qui distingue surface et profondeur, la « joie souveraine et parfaite » est permanente en profondeur alors qu’en surface, l’état affectif est variable : joies et tristesses alternent en fonction des rencontres avec les choses extérieures.
Les remèdes aux affects que décrit l’Ethique visent à stabiliser la vie affective de surface et à la rendre aussi joyeuse que possible.
La science intuitive, quant à elle, est le moyen de gagner la profondeur, là où la joie est permanente.
La biodanza, elle aussi, vise la joie, qu’elle soit de surface ou en profondeur.
« L’éthique est la définition et la recherche de ce "vrai bien" qu’est "la permanence d’une joie souveraine et parfaite" »
Dans un schéma spatial qui distingue surface et profondeur, la « joie souveraine et parfaite » est permanente en profondeur alors qu’en surface, l’état affectif est variable : joies et tristesses alternent en fonction des rencontres avec les choses extérieures.
Les remèdes aux affects que décrit l’Ethique visent à stabiliser la vie affective de surface et à la rendre aussi joyeuse que possible.
La science intuitive, quant à elle, est le moyen de gagner la profondeur, là où la joie est permanente.
La biodanza, elle aussi, vise la joie, qu’elle soit de surface ou en profondeur.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
L’Ethique n’envisage pas un salut dans une vie future (il n’y a pas de vie future) car le salut est déjà là, au présent.
Que nous jugions notre vie en-deça de nos espérances, médiocre et même complètement ratée, c’est la vie de Dieu et elle ne pouvait pas être différente.
Cette éthique calme toute détresse existentielle, toute crainte comme toute espérance. Il suffit de comprendre la structure ontologique du monde : il n’y a que Dieu et des modes de Dieu.
La vision du monde de l’Ethique n’est pas une vision tragique et la Vie n’est pas un combat mais l’autoproduction d’elle-même (Dieu est Cause de soi).
Le salut consiste dans l’amour intellectuel de Dieu (Ethique V 36 sc.), c’est-à-dire dans l’amour de tout ce qui est (l’amor fati de Nietzsche).
Cet amour nous rend libres (ibid.), c’est-à-dire actifs au sens de Spinoza (Ethique III déf. 2), ce qu’on peut rapprocher, sans doute, de l’authenticité selon Heidegger.
« Il n’y a rien dans la nature qui soit contraire à cet amour intellectuel, autrement dit, qui puisse le supprimer » (Ethique V 37)
Cet amour qui est salut et liberté est aussi béatitude, acquiescentia (ibid.) : nous nous réjouissons de notre réalité propre, c’est-à-dire de notre perfection singulière (Ethique II déf. 6) ; la béatitude nous rend à nous-mêmes.
Que nous jugions notre vie en-deça de nos espérances, médiocre et même complètement ratée, c’est la vie de Dieu et elle ne pouvait pas être différente.
Cette éthique calme toute détresse existentielle, toute crainte comme toute espérance. Il suffit de comprendre la structure ontologique du monde : il n’y a que Dieu et des modes de Dieu.
La vision du monde de l’Ethique n’est pas une vision tragique et la Vie n’est pas un combat mais l’autoproduction d’elle-même (Dieu est Cause de soi).
Le salut consiste dans l’amour intellectuel de Dieu (Ethique V 36 sc.), c’est-à-dire dans l’amour de tout ce qui est (l’amor fati de Nietzsche).
Cet amour nous rend libres (ibid.), c’est-à-dire actifs au sens de Spinoza (Ethique III déf. 2), ce qu’on peut rapprocher, sans doute, de l’authenticité selon Heidegger.
« Il n’y a rien dans la nature qui soit contraire à cet amour intellectuel, autrement dit, qui puisse le supprimer » (Ethique V 37)
Cet amour qui est salut et liberté est aussi béatitude, acquiescentia (ibid.) : nous nous réjouissons de notre réalité propre, c’est-à-dire de notre perfection singulière (Ethique II déf. 6) ; la béatitude nous rend à nous-mêmes.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
L’objectif de la philosophie, selon Clément Rosset, consiste à « ne plus se raconter d’histoires » (En ce temps-là p. 23 – Minuit 1992).
C’est également l’objectif de la psychothérapie comme l’illustre plaisamment Serge Marquis (cité dans des posts précédents) en nous conseillant de prendre conscience de Pensouillard, le hamster intérieur qui accapare notre attention avec ses tristes histoires.
La science intuitive est la connaissance que notre essence procède de l’essence de Dieu (Ethique II 40 sc. 2).
C’est la contemplation silencieuse, sans discours et sans histoires, de notre enracinement en Dieu.
Nous sommes dans cette contemplation silencieuse, en biodanza, dans le geste immobile qu’est l’étreinte lorsque celle-ci est vécue dans la vivencia.
Il s’agit alors d’une rencontre des corps par laquelle les deux partenaires prennent conscience de l’éternité de leur essence en Dieu et de celle de l’autre.
Il y a lieu de noter que la science intuitive, d’où naît l’amour intellectuel de Dieu (Ethique V 32 cor.), vient, ici, de la présence de deux corps qui s’étreignent.
Il semble bien que cela soit une loi générale et que la science intuitive requière que le corps soit en présence d’un autre corps pour être effective.
C’est ce que montre Henrique Diaz dans un remarquable article Peut-on éprouver l’amour intellectuel ? que j’ai déjà cité in extenso sur le fil et qu’on peut lire en :
http://www.spinozaetnous.org/blog/2003/02/28/eprouver-l-amour-intellectuel/
C’est également l’objectif de la psychothérapie comme l’illustre plaisamment Serge Marquis (cité dans des posts précédents) en nous conseillant de prendre conscience de Pensouillard, le hamster intérieur qui accapare notre attention avec ses tristes histoires.
La science intuitive est la connaissance que notre essence procède de l’essence de Dieu (Ethique II 40 sc. 2).
C’est la contemplation silencieuse, sans discours et sans histoires, de notre enracinement en Dieu.
Nous sommes dans cette contemplation silencieuse, en biodanza, dans le geste immobile qu’est l’étreinte lorsque celle-ci est vécue dans la vivencia.
Il s’agit alors d’une rencontre des corps par laquelle les deux partenaires prennent conscience de l’éternité de leur essence en Dieu et de celle de l’autre.
Il y a lieu de noter que la science intuitive, d’où naît l’amour intellectuel de Dieu (Ethique V 32 cor.), vient, ici, de la présence de deux corps qui s’étreignent.
Il semble bien que cela soit une loi générale et que la science intuitive requière que le corps soit en présence d’un autre corps pour être effective.
C’est ce que montre Henrique Diaz dans un remarquable article Peut-on éprouver l’amour intellectuel ? que j’ai déjà cité in extenso sur le fil et qu’on peut lire en :
http://www.spinozaetnous.org/blog/2003/02/28/eprouver-l-amour-intellectuel/
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
Comme l’écrit Bruno Giuliani (Le bonheur avec Spinoza p. 20 – Almora 2011), la lecture de l’Ethique ainsi que la biodanza sont des pratiques d’éveil :
Joie et détente, c’est le programme de l’Ethique comme de la biodanza.
Bruno Giuliani a écrit:[…] chacun peut à tout moment se réveiller de son conditionnement mental, se libérer de la morale, revenir à la perception directe du réel, libérer l’expression de son désir, retrouver le sens de la Vie et accéder à la Joie. C’est la fonction des pratiques d’éveil et la véritable tâche de la philosophie. Chacun peut décider de devenir philosophe, ouvrir sa conscience et se laisser agir par la Vie : cesser de croire et chercher à comprendre en ne se fiant qu’à la lumière naturelle de sa propre raison, qui est aussi la force de son propre désir de joie. C’est la grande leçon de l’Ethique : avec un peu de courage et de détermination, la sagesse la plus haute – la sagesse de la Vie, créatrice de l’Univers – peut naître et s’auto-enthousiasmer dans tous les esprits. La vraie philosophie est comme l’improvisation musicale : difficile au début, mais vertigineusement facile et jubilatoire dès qu’on la vit comme un art.
La lecture de l’Ethique peut d’ailleurs se comparer à la pratique de la musique, de la poésie ou mieux encore de la danse vivencielle et intégrante telle que la propose cette formidable pratique d’éveil du cœur qu’est la Biodanza : l’illumination surgit toujours lors d’un moment de grâce
Joie et détente, c’est le programme de l’Ethique comme de la biodanza.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
En somme, la biodanza est l'équivalent anthropologique d'un néopaganisme ou, du moins, d'un besoin de religieux. Philosophiquement, au grand mieux, mais c'est déjà beaucoup dire, il y a du vitalisme là-dedans. Rien à voir avec Spinoza. Mais si d'aucuns y trouvent leur bonheur, qu'ils l'y trouvent, si seulement ça pouvait ne pas tout mélanger ... à confondre, par exemple, cause efficiente et cause finale (Aristote).
_________________
Les absents ont toujours tort.
Re: Science intuitive et biodanza
Vanleers a écrit:L’objectif de la philosophie, selon Clément Rosset, consiste à « ne plus se raconter d’histoires » (En ce temps-là p. 23 – Minuit 1992).
C’est également l’objectif de la psychothérapie comme l’illustre plaisamment Serge Marquis (cité dans des posts précédents) en nous conseillant de prendre conscience de Pensouillard, le hamster intérieur (l'EGO dictateur et massacreur de soi si on le laisse faire) qui accapare notre attention avec ses tristes histoires.
Lu attentivement et approuvé sans appel.
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Emmanuel- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
René Girard a mis au début de son livre Mensonge romantique et vérité romanesque un vers (je crois) d'Hölderlin : l'homme possède ou un Dieu ou une idole. Il y a beaucoup de choses à dire sur le spinozisme, et (plus encore) sur le rossétisme qui (comme on l'ignore) est une reformulation quelquefois intelligente du spinozisme sur des sujets triviaux (à la pop philosophie zizékienne), impliquant par conséquent toutes les contradictions de Spinoza. Parmi lesquelles d'ailleurs l'anti-relativisme relativiste anti-relativiste. Autrement dit : l'idée selon laquelle savoir qu'on sait que tout et rien a de la valeur suffit pour se soustraire en quelque sorte de l'emprise des masses idéologisantes, et se tenir confortablement sur le sommet de son Aventin.
Invité- Invité
Re: Science intuitive et biodanza
La philosophie n’est pas une somme de connaissances purement livresques mais une « manière de vivre » (Pierre Hadot)
Par ailleurs, « Dieu est la Vie » comme le soutient Bruno Giuliani, s’autorise de Spinoza lui-même :
Bernard Pautrat a écrit: Spinoza, pas plus qu’Epicure, Epictète ou Lucrèce ou Sénèque, n’a écrit pour donner un jour prétexte à interrogations écrites ou à exhibitions doctorales, ni pour laisser une doctrine portant son nom. Son seul souci fut d’entraîner un lecteur sur la voie qu’il avait lui-même suivie, la seule qui lui parût certaine, la voie purement démonstrative de la raison, et de le conduire « comme par la main », à être enfin un homme heureux. Qui ne le souhaite ?
Par ailleurs, « Dieu est la Vie » comme le soutient Bruno Giuliani, s’autorise de Spinoza lui-même :
Spinoza (Pensées Métaphysiques II 6) a écrit: Nous entendons donc par “ vie ” la force par laquelle les choses persévèrent dans leur être et, comme cette force est distincte des choses elles-mêmes, nous disons à juste titre que les choses elles-mêmes ont la vie. Mais la force par laquelle Dieu persévère dans son être n’est rien d’autre que son essence : ceux-là parlent donc très bien, qui appellent Dieu “ la vie ”
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
Agathos a écrit:Manière de vivre = religion. C'est une redite.
Les matérialistes et athées radicaux et sans aucune concession philosophique ou religieuse n'ont aucune manière de vivre ! ...
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Emmanuel- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
Croyez-vous ? Le mythe, dans sa définition la plus complète, c'est ce qui nous motive sans que nous le voyons. Un moteur idéologique aperçu devient aussitôt un mythe. De là, je ne peux pas m'étendre davantage en recensant exhaustivement les modalités d'existence des athées, ou les miennes : le mythe ne se constate qu'a posteriori ! Le reste se déduit logiquement : il n'y a pas eu de césure biologique radicale entre nous et nos devanciers médiévaux. Pourquoi aurions-nous autant changé ?
Invité- Invité
Re: Science intuitive et biodanza
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Il n'y a rien à croire, circulez !
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Il n'y a rien à croire, circulez !
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Emmanuel- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
Agathos a écrit:Il n'y a rien à circuler, croyez !
Et donnez ! ...
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Emmanuel- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
Agathos a écrit:Manière de vivre = religion. C'est une redite.
Oui, la religion au sens de Spinoza compose, avec la moralité et l’honnêteté, la manière de vivre (humanité) exposée dans l’Ethique.
Dans le scolie 1 d’Ethique IV 37, Spinoza définit les trois vertus qui constituent l’humanité de l’homme qui suit la raison. Il s’agit de la Religion (religio), de la Moralité (pietas) et de l’Honnêteté (honestas).
Spinoza a écrit:[…], celui qui s’efforce de conduire les autres par la Raison agit non par impulsion mais avec humanité et bienveillance, et il est en parfait accord avec lui-même. Poursuivons. Je rapporte à la Religion tous les désirs et toutes les actions dont nous sommes cause en tant que nous avons l’idée de Dieu, c’est-à-dire en tant que nous connaissons Dieu ; mais j’appelle Moralité le Désir de bien agir qui naît du fait que nous vivons sous la conduite de la Raison. Le Désir par lequel un homme vivant sous la conduite de la Raison est poussé à établir avec autrui un lien d’amitié, je l’appelle Honnêteté […] (traduction Misrahi)
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
La religion de Spinoza n'est pas la religion, puisque le Dieu de Spinoza n'est pas Dieu – mais la nature.
Invité- Invité
Re: Science intuitive et biodanza
Agathos a écrit:La religion de Spinoza n'est pas la religion, puisque le Dieu de Spinoza n'est pas Dieu – mais la nature.
Le Dieu-Nature de Spinoza est une transition précédant la néantisation de toute idée de Dieu.
Aujourd'hui, la nature n'a plus besoin d'être Dieu, celui-ci fût-il celui de Spinoza.
Elle se suffit à elle-même.
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Emmanuel- Digressi(f/ve)
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Re: Science intuitive et biodanza
Agathos a écrit:Tu es tellement intelligent.
Ça ne te donne pas le droit de te prosterner à mes pieds pour les lécher en passant la langue entre les orteils.
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Emmanuel- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 05/08/2018
Re: Science intuitive et biodanza
Agathos a écrit:La religion de Spinoza n'est pas la religion, puisque le Dieu de Spinoza n'est pas Dieu – mais la nature.
Ajoutons que la Nature de Spinoza n’est pas la nature.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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