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Science intuitive et biodanza

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Message par Vanleers Ven 2 Mar 2018 - 9:43

On a pu dire que la doctrine de l’Ethique était une sotériologie et, dans le scolie d’Ethique V 36, Spinoza assimile en effet liberté, béatitude et salut.
Mais en quoi consiste ce salut, de quoi sommes-nous sauvés ?

On trouve une réponse à ces deux questions en :

http://spinozaetnous.org/wiki/Salut

Henrique Diaz a écrit: Le salut humain consiste dans "un amour constant et éternel pour Dieu, ou si l'on veut, dans l'amour de Dieu pour nous" (Éthique V 36 sc.). Cela revient à la béatitude par la science intuitive et l'amour intellectuel de Dieu, du monde et de soi-même.
Le salut consiste donc non à nous sauver de la mort, de la douleur ou d'autres désagréments extérieurs et inévitables mais de la tristesse, de l'ennui, de la haine et autres façons d'appréhender intérieurement sa propre existence et sur lesquelles l'intellect a quelque prise par le biais des affects actifs.
L'autre nom du salut spinoziste, en tant que réalisation concrète de la raison est l'acquiescement intérieur (acquiescentia in se ipso) à soi-même et à tout ce que nous vivons (Ethique IV 52).

Pascal Sévérac exprime les mêmes idées d’une autre façon.
Commentant le prologue du Traité de la Réforme de l’Entendement, il écrit (Spinoza Union et Désunion p. 23) :

Pascal Sévérac a écrit:[…] le problème éthique peut se formuler en ces termes : il ne sera possible de résister, comme Spinoza dit l’avoir fait, au sentiment d’absurdité du monde – humain surtout – qu’à partir de cette certitude qu’il existe un ordre éternel par lequel tout est uni ; se sauver, c’est jouir, en la partageant, en la communiquant aux autres, de cette connaissance de l’union qui ensemble nous rend plus forts, plus fermes, plus parfaits.

La biodanza vise précisément à ce que chacun éprouve, dans la vivencia, la connaissance intuitive d’être une partie étroitement unie à un tout éternel et c’est en cela que nous nous reconnaissons sauvés.

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Message par Vanleers Dim 4 Mar 2018 - 20:14

Je reviens sur une expression de la dernière phrase du post précédent car elle peut poser problème.
Il s’agit de « la connaissance intuitive d’être une partie étroitement unie à un tout éternel »
Il est question, ici, d’un être humain, c’est-à-dire un mode fini, considéré comme une partie d’un tout, c’est-à-dire de Dieu, la Substance infinie.
Comment concevoir l’union d’un mode fini avec la Substance infinie qui est indivisible comme Spinoza l’a démontré dans la partie I de l’Ethique ?
Maxime Rovere (Exister Méthodes de Spinoza – CNRS Editions 2010), dans son analyse du scolie d’Ethique III 3 écrit :

Maxime Rovere a écrit: Ainsi, l’idée de soi comme partie de la nature s’origine dans une perte de conscience (partielle, comme par hasard) qui fait que l’Esprit « se considère » (consideratur) comme une partie. Cela ne saurait être que confus pour deux raisons. D’une part, on ne peut s’affirmer soi-même que comme un tout, car le concept de « partie » enveloppe négation ; d’autre part et inversement, nul ne saurait avoir l’idée du tout dont il prétend s’affirmer partie. En effet, quand on pense la nature positivement, on ne se conçoit pas comme une partie de cette affirmation, on conçoit cette affirmation comme l’expression d’une puissance (par exemple, celle de la Pensée). Ainsi, de même que dire partie de Dieu sera toujours mal parler (car l’infini n’est pas divisible), de même penser qu’on est une partie de la nature, c’est rêver de quelque chose qui serait au-delà de ce que nous sommes et de ce que nous savons, qui serait donc comme au-delà de ce qui s’affirme. Autrement dit, c’est affirmer les choses de manière délirante. Une partie de la nature en fait se trouve dans l’alternative suivante : soit elle s’affirme et comme telle ne se conçoit pas comme une partie, soit elle se considère comme une partie et dans cette mesure même, elle se divise. Par conséquent, il faut admettre que le concept de partialité ne peut avoir affaire qu’à de la passion. (pp. 196-197)

Pascal Sévérac (Spinoza Union et Désunion) explicite cela :

Pascal Sévérac a écrit: Le rapport de partie à partie, et de partie à tout, n’est donc pas seulement un rapport comparatif et limitatif (que nous avons nommé « extrinsèque ») ; il peut être, positivement, un rapport constitutif ou productif. C’est ce rapport que pense la cinquième partie de l’Ethique, qui jamais ne parle de l’entendement humain ou de l’amour intellectuel à l’égard de Dieu comme de modes éternels qui seraient en même temps finis. Ce syntagme « mode éternel fini » n’existe d’ailleurs nulle part sous la plume de Spinoza.
[…] il n’y a pas de commune mesure entre l’infini et le fini parce que l’infini, en lui-même n’est pas multiple, divisible, mesurable. Il n’est pas composé de parties finies. Et ce qui vaut pour l’infinité de l’attribut vaut pour l’infinité des modes : on peut distinguer des parties ou des modalités dans un attribut ou un mode infini, mais ces modes, entendus dans leur lien intime aux choses éternelles qui les constituent ou qu’ils contribuent à constituer, ne peuvent être considérés comme finis.
Ainsi, pour un mode, être une partie de la nature naturée ne saurait signifier nécessairement en être une partie finie.
Certes, on ne dira pas de ces parties qu’elles sont infinies, ni par elles-mêmes, ni même par leur cause : l’entendement humain, l’amour qu’il porte à Dieu, ne sont pas infinis comme l’est l’entendement de Dieu, ou l’amour qu’il se porte à lui-même. Mais en tant qu’ils sont éternels, ces modes ne sont pas bornés, limités, niés. Ils ne sont ni finis (car ils ne sont pas rapportés à ce qui les borne), ni infinis (car ils ne sont que les parties constituantes de modes eux-mêmes infinis). Ce sont seulement des modes éternels, de la pensée, de l’étendue ou de tout autre attribut. (p. 75)

On essaiera de tirer des conséquences pratiques de ces analyses dans le post suivant.

Vanleers
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Message par neopilina Lun 5 Mar 2018 - 0:12

Vanleers a écrit:Il est question, ici, d’un être humain, c’est-à-dire un mode fini, considéré comme une partie d’un tout, c’est-à-dire de Dieu, la Substance infinie.

Je me permets de reformuler comme je l'entends, moi : " Un être humain, c'est à dire un mode fini, considéré comme une partie d'un tout, qui est en premier lieu le réel continu et fini ". Que ce réel continu, d'un point de vue scientifique, soit également, du point de vue métaphysique le Dieu reste à démontrer. Tout comme le fait que ce réel continu, qui serait également le Dieu, soit infini. La science, suite à des observations de l'astronome Hubble au début du siècle dernier, a montré que notre univers est en expansion, c'est à dire qu'il continue de générer de l'espace. Mieux, plus récemment, prix Nobel 2011 sauf erreur de ma part, elle a montré que la vitesse de cette expansion s'accélérait. A titre personnel, je ne réussis pas à concevoir un infini en expansion.

_________________
" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
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Message par hks Lun 5 Mar 2018 - 7:50

neopilina a écrit: A titre personnel, je ne réussis pas à concevoir un infini en expansion.
Moi non plus et Spinoza non plus...

Mais on est en "science intuitive" là Science intuitive et biodanza - Page 5 2101236583  Je laisse Hubble à sa science non intuitive. Je l'y laisse parce que je ne pense pas que ces questions soient du domaine de sa science, au grand dam de ceux qui pensent que tout est du domaine de la science et que donc  rien n' y échappe.
Newton fut bien embarrassé sur la question de la nature de l'espace et nos physicien actuels ne semblent guère plus performants.

Ce qui me générait serait dans la contradiction entre LE "continu" et sa supposée finitude.
Logiquement un continu qui  serait en expansion serai fini et le serait  dans un non espace et alors la question d' un hyper espace le contenant se re-pose plus loin .
Car dans quel milieu ce continu s' expanse- t- il ?
Un néant d'espace comme ce "là" où l expansion conquiert, est -il pensable ?
Pour moi LE continu n'a pas de clôture il est infini .

 "Générer de l'espace": je comprends mal . Science intuitive et biodanza - Page 5 177519025
A titre personnel, je ne réussis pas à concevoir un infini en expansion.
moi c'est un continu en expansion que j'ai du mal à penser.
Si pour moi LE continu est infini, il ne génère pas plus (ou un surcroît) d' espace et n' est donc pas en expansion
et donc je ne réussis pas à concevoir un infini en expansion.

 je dis bien LE continu  Science intuitive et biodanza - Page 5 2101236583 (et pas une substance continue en elle- même (comme l' eau) et qui aurait néanmoins une clôture autour d'elle (le récipient contenant l 'eau).
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Message par Vanleers Lun 5 Mar 2018 - 9:18

A neopilina

Le Dieu de Spinoza est un autre nom du Réel et on mettra une majuscule car le Réel est unique.
Ce Réel est infini, c’est-à-dire in-fini au sens où, très logiquement, il ne saurait être limité par quoi que ce soit, tout simplement parce qu’en dehors du Réel il n’y a rien par définition.
Spinoza ajoute, et il le démontre, que le Réel est indivisible, l’indivisibilité étant peut-être une notion proche de ce que vous appelez le continu.
Reprenant à mon tour votre formulation, je dirai qu’un être humain est une partie du Réel in-divisible et in-fini.
L’un des attributs du Réel est l’Etendue. L’Etendue est indivisible et il ne faut pas la confondre avec l’espace qui, lui, est divisible (voir Ethique I 15 scolie).
La vision ontologique de Spinoza n’est donc pas incompatible avec la théorie scientifique d’un Univers spatialement en expansion.
Il faut d’ailleurs bien comprendre que, dans cette théorie, l’Univers n’est pas en expansion dans un milieu qui lui serait extérieur, ce qui ne serait qu’une image inadéquate du phénomène : l’Univers de la théorie scientifique est fini et pourtant non borné par quoi que ce soit de spatialement extérieur à lui (cf. l’image classique d’êtres à 2 dimensions qui se meuvent sur une sphère de diamètre fini : ils vivent dans un monde fini et pourtant ils ne rencontreront jamais de limite à leur monde.
Il faut dire simplement que, dans cette théorie non falsifiée pour le moment, la métrique de l’Univers dépend de la variable t et que la distance spatiale entre deux points fixes de l’Univers augmente avec t (la plupart des galaxies sont pratiquement fixes les unes par rapport aux autres, bien que les distances qui les séparent augmentent avec le temps et il semble même que ces distances croissent de plus en plus vite – expansion accélérée ?).
Mais ceci nous écarte du sujet et je compte y revenir prochainement avec la notion de « partie totale » empruntée à Leibniz.

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Message par neopilina Lun 5 Mar 2018 - 14:04

( comme d'habitude, dans l'ordre, à hks donc. )

hks a écrit: ... au grand dam de ceux qui pensent que tout est du domaine de la science et que donc rien n'y échappe.

Ce qui, tu le sais bien, n'est pas mon cas, pour le moins. A peine eu-je possédé une ordinateur, que je me suis empressé de poster à peu près partout, une nouvelle interprétation du poème de Parménide suivi d'une étude sur le " Sophiste " de Platon, entre lesquels j'intercale nécessairement le minuscule, quantitativement, et néanmoins prodigieux, qualitativement, corpus de Zénon, l'homme qui, avec les Mégariques et autres princes noirs issus de la dévastation nihiliste sans aucun parallèle de Gorgias, a pourri les nuits d'Aristote. Tout ça pour dire qu'il y a des choses, philosophiquement dit des étants, et tout ce qui existe d'une façon ou d'une autre, même la licorne de la fable, le délire de l'aliéné, etc., est un étant, et que, au sein de cette catégorie absolument générale, il y a des Étants produits par un Sujet. La licorne de la fable est un étant, une chose, une, numériquement, et une dialectiquement ( Principe d'identité dit la logique formelle. ), par la grâce de moi-même, c'est à dire un Sujet, qui pour une foule de raisons, d'abord vitales, fait une foule de distinctions de ce genre, Unes et unes, au sein du réel continu ( Concept qui bondit sur la scène philosophique grâce à Zénon à cause de ses fameuses apories, qui visaient dans un premier temps à ruiner le pythagorisme, ce qui fut fait, mais dont la portée, les effets, ne s'en sont pas tenus là. ), dont il fait partie. Alors oui, moi qui délivre ainsi, avec cette distinction entre étant, cas général, et Étant, un des cas particuliers, qui en tant que production du Sujet va forcément l'intéresser au dernier degré, la philosophie grecque de ce cul de sac aporétique, moi, le grand promoteur de cette distinction, je sais " un peu " que tel étant sera examiné en tant que tel, relevant du sens, sera examiné par " la " science : la licorne de la fable est d'abord un étant, et, si je veux, je peux me pencher sur elle en tant que telle, biologiquement, physiologiquement, neurologiquement, etc. Et je peux donc aussi me pencher sur elle en tant qu'Étant, relevant du Sens, alors exit le scientifique, place aux spécialistes du Sens. Tu m'accorderas que pour qu'il y ait une licorne de la fable dont s'occupera l'anthropologue, etc., il faut d'abord la licorne de la fable dont s'occupera le scientifique. La licorne de la fable qui se trouve être un Étant n'en est pas moins d'abord un étant.

C'est moi qui souligne et numérote :

hks a écrit:Newton fut bien embarrassé sur la question de la nature de l'espace et nos physicien actuels ne semblent guère plus performants ... Logiquement un continu qui serait en expansion serai fini et le serait dans un  1 -non espace et alors la question 2 - d'un hyper espace le contenant se re-pose plus loin. Car dans quel milieu ce continu s'expanse t-il ? Un néant d'espace comme ce 3 - " là " 4 - l'expansion conquiert, est-il pensable ? " Générer de l'espace " : je comprends mal.

Quand à la nature de l'espace, Aristote qui a parfaitement compris que l'infernal monstre de foire Zénon, poussait jubilatoirement tout le monde dans " l'impasse ", l'aporie, de l'itération a l'infini ( On comprend les guillemets relativistes à " impasse " ! ) du lieu du lieu et ainsi de suite, a écrit, je signale aimablement que l'on n'a toujours pas fait mieux depuis, " Physique ", IV, 3, 210 b, 22-26 ", le fameux passage du " lieu ", qui n'en est pas un, du lieu, Henri Carteron pour Les Belle Lettres : " D'autre part, la difficulté que soulève Zénon , en disant que si le lieu est quelque chose, il est dans quelque chose, ce n'est pas bien difficile à résoudre; rien n'empêche, en effet, que le premier lieu soit en autre chose , mais non cependant là comme dans un lieu ... " Le propos d'Aristote serre de prêt autant qu'il peut, je résume : le lieu du lieu n'est pas un lieu. Ci-dessus, entre 1 et 2,3,4, tu as déjà, chuté, basculé, dans " l'impasse " de l'itération à l'infini. 2, 3 et 4 pour avoir un sens requièrent déjà,  préalablement, catégoriquement, pour avoir un sens, ce qui leur confère leur sens, l'espace. Avec 1, non-espace, tu faisais d'entrée le mieux possible. Du temps que j'y suis, un mot sur les deux autres piliers de notre univers, le temps et la matière. Avec la nature du temps, on est toujours dans la même mouise qu'avec l'espace. Il y a peu, par ta " faute ", tu avais communiqué un excellent texte sur le thème de l'actualisation de l'infini chez Aristote, j'ai éprouvé le besoin de relire la " Physique ". J'en avais grand besoin. Au fil du temps, dans mon esprit, une confusion s'était faite. Aristote démontre qu'il ne peut pas y avoir de corps infini. Petit à petit, insidieusement, dans mon neurone, c'est devenu " Aristote récuse tout infini en acte ". Ce qui est totalement faux, Aristote admet très vite, sans aucune difficulté, un infini en acte, et c'est tellement non-problématique pour lui qu'il règle ça en trois mots. Donc, dans mon esprit le très long développement sur un hypothétique corps infini, qui marque profondément le lecteur, finit par prendre ses aises pour devenir, chez Aristote, " pas d'infini en acte ". Alors qu'il en reconnaît très vite un : le temps. A l'aune des quelques insignes progrès advenus depuis, j'étoffe prudemment ainsi : une fois advenu et tant qu'il durera, le temps est, sera, infini. Un mot sur la matière. La situation n'est pas aussi désespérément aporétique qu'avec les deux autres. Nous savons maintenant que la matière c'est de l'énergie sous certaines formes ( Particules élémentaires, E=mc². ). A titre personnel, intellectuellement, en l'état, je n'ai pas trouvé d'autre issue. C'est pour ça que je dis volontiers que notre univers, dont on se gargarise tant ne pourrait bien être qu'un déchet du " vide " quantique ( Et si le type qui a dit " vide " à ce sujet pour la première fois, était toujours vivant, je proposerais bien volontiers le bonnet d'âne ! ), un épiphénomène marginal au dernier degré, mais c'est le nôtre ! Et c'est si beau, merveilleux, grandiose, une grenouille, un lynx, une forêt, etc., que je laisse bien volontiers les gluons, muons et autre bosons, à ceux que ça intéressent !

hks a écrit:Si pour moi LE continu est infini, il ne génère pas plus (ou un surcroît) d'espace et n'est donc pas en expansion et donc je ne réussis pas à concevoir un infini en expansion.

La formule " un infini en expansion " est un oxymore radical, c'est du très très lourd dans le genre: elle fait fi du principe d'identité et du principe de non-contradiction. Ce n'est pas et ça ne peut donc pas être, un infini qui est expansion. Notre univers est en expansion, il ne peut donc pas à ce titre être infini, même si quelques milliards d'années lumière c'est effectivement pas mal grand !

hks a écrit:Ce qui me générait serait dans la contradiction entre LE " continu " et sa supposée finitude ... Pour moi LE continu n'a pas de clôture il est infini.

La vraie difficulté, impossibilité, est inverse : je vois très très mal comment le continu, sa consistance et sa résistance plastiques, une foule de ses qualités les plus foncièrement constitutives, etc., pourrait être continu s'il était infini.

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Message par neopilina Lun 5 Mar 2018 - 14:05

à Vanleers,

Vanleers a écrit:Ce Réel est infini, c’est-à-dire in-fini au sens où, très logiquement, il ne saurait être limité par quoi que ce soit, tout simplement parce qu’en dehors du Réel il n’y a rien par définition.

Comme expliqué à hks, il n'y a pas de " en dehors ", s'il n'y a pas d'abord l'espace, par définition : il n'y a pas d'espace en dehors de l'espace. " En dehors ", c'est de l'espace relativement à de l'espace. Ce qui ne permet pas de conclure que le réel est infini, bien au contraire : infini est un concept a contrario , mais il est bien " de chez nous ", de cet univers, il n'a de sens que relativement à et au sein de celui-ci, de choses constitutives de celui-ci ( Si le temps est infini, c'est ici, au sein de cet univers dont il est un des éléments constitutifs. ) et de choses produites par celui-ci, qui y sont contenues, etc. On a là affaire à une " limite ", amputée de moitié si j'ose dire, qui n'a de sens qu'intérieurement, il est sa limite, c'est tout. Pour le réel, je suis plus prudent, nuancé, je dis qu'il y a le notre, foncièrement caractérisé par le temps, l'espace et la matière, tels que nous les connaissons, ne serait-ce qu'empiriquement, a priori. Et je suis bien certains que sans ceux-ci tels, rien de ce que nous connaissons ne saurait être, persister, tels qu'il est : ils en constituent les possibilités.

Vanleers a écrit:Spinoza ajoute, et il le démontre, que le Réel est indivisible, l’indivisibilité étant peut-être une notion proche de ce que vous appelez le continu.

Je ne connais pas la démonstration, mais je pense de même.

Vanleers a écrit:Reprenant à mon tour votre formulation, je dirai qu’un être humain est une partie du Réel in-divisible et in-fini.

Non, tu ne reprends pas ma formulation, j'ai récusé " infini ".

Vanleers a écrit:L’un des attributs du Réel est l’Etendue. L’Etendue est indivisible et il ne faut pas la confondre avec l’espace qui, lui, est divisible (voir Ethique I 15 scolie).

Ton, et/ou celle de Spinoza, Étendue et ton, et/ou celui de Spinoza, espace redondent : l'espace n'est pas divisible, c'est les volumes qui le sont réellement ou par opération de l'esprit.

C'est moi qui numérote :

Vanleers a écrit:Il faut d’ailleurs bien comprendre que, dans cette théorie, l’Univers n’est pas en expansion 1 - dans un milieu qui lui serait extérieur, ce qui ne serait qu’une image inadéquate du phénomène : l’Univers de la théorie scientifique est fini et pourtant 2 - non borné par quoi que ce soit de spatialement extérieur à lui (cf. l’image classique d’êtres à 2 dimensions qui se meuvent sur une sphère de diamètre fini : ils vivent dans un monde fini et pourtant ils ne rencontreront jamais de limite à leur monde.).

1 et 2, bis repetita : il n'y a pas d'extérieur à l'espace, " extérieur " requiert préalablement l'espace. Et il n'y a de borne, d'extérieur, ou encore de limite, qu'au sein de l'espace. Les uns et les autres requièrent préalablement celui-ci.

J'abats une de mes cartes : il apparaît scientifiquement que le réel, le notre, est fini, et parallèlement, il m'apparaît que c'est également le cas dialectiquement. Forcément me dira t-on : la science est une dialectique, un logos, une logique, un discours, etc., parmi tous les autres, qui trouvent tous leurs racines dans l'ontologie et la dialectique !

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Message par Vanleers Lun 5 Mar 2018 - 14:39

On s’inspirera d’un article de Joseph Moreau Nature et individualité chez Spinoza et Leibniz, qu’on peut lire en :

http://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1978_num_76_32_6001

Joseph Moreau a écrit: Cette notion de « partie totale », par laquelle Leibniz désigne les esprits et plus généralement les individus doués de perception ou monades, éclaire rétrospectivement la notion spinoziste de mode.

De même que notre corps, en son essence, est un mode éternel de l’attribut Etendue, notre esprit, en tant qu’il comprend (qu’il est un entendement) est un mode éternel de l’attribut Pensée (Ethique V 40 sc.)
Si un homme, considéré dans son existence dans la durée, est bien une partie de la Nature (Ethique IV 4), considéré dans son essence, il est un mode de la Substance éternelle, une partie de la Nature que l'on dira "totale" pour la distinguer de la simple partie énoncée ci-avant.
La science intuitive est donc cette connaissance par laquelle nous sommes conscients que nous-mêmes et toutes choses sont des modes, des « parties totales » de Dieu.
Sylvain Zac a donc raison d’écrire (L’idée de vie dans la philosophie de Spinoza) :

Sylvain Zac a écrit: Mais la suprême sagesse, fondée sur « l’amour intellectuel de Dieu », conscience de l’éternité de notre esprit, mode éternel du penser, partie de l’entendement éternel et infini de Dieu, ne saurait comporter de degrés, car, à ce niveau, le Sage, sans se perdre en Dieu, tout en gardant son essence individuelle, est en quelque sorte Dieu lui-même. L’union de l’homme avec Dieu […] est certes union du fini avec l’infini, mais comme le fini est mode de l’infini, comme le fini vit et demeure dans l’infini, cette union, ou plus précisément cette prise de conscience de cette union, est unité plus qu’union. (pp. 187-188)

La biodanza peut être l’occasion de prendre conscience de cette unité avec Dieu, c’est-à-dire d’en être une partie « totale ».


Dernière édition par Vanleers le Lun 5 Mar 2018 - 14:53, édité 1 fois

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Message par hks Lun 5 Mar 2018 - 14:51

Vanleers a écrit:(cf. l’image classique d’êtres à 2 dimensions qui se meuvent sur une sphère de diamètre fini : ils vivent dans un monde fini et pourtant ils ne rencontreront jamais de limite à leur monde.
argument de Poincaré.

Vanleers a écrit:La vision ontologique de Spinoza n’est donc pas incompatible avec la théorie scientifique d’un Univers spatialement en expansion.
....
Il faut dire simplement que, dans cette théorie non falsifiée pour le moment, la métrique de l’Univers dépend de la variable t
Spinoza n' introduit pas de variable t. Il est peut- être l'idiot du village ... ce que je ne pense pas Science intuitive et biodanza - Page 5 2101236583 .
...................................................................................................


je compte y revenir prochainement avec la notion de « partie totale » empruntée à Leibniz.
allez -y, pas de problèmes. Science intuitive et biodanza - Page 5 2101236583


Pour Leibniz, l'espace est idéal, parce qu'il représente la façon dont nous mettons un ordre de juxtaposition entre les choses lorsque nous découvrons le monde. A cet effet, l'espace ne peut pas se séparer de cette opération de connaissance intellectuelle du monde. En plus, Leibniz s'insurge contre la conception de l'espace absolu et propose sa conception de l'espace idéal et relatif. En sus, l'espace est dû aux relations qui existent entre des objets matériels coexistant, d'ou le terme relation caractérise la conception leibnizienne pour désigner l'espace. Contre les newtoniens il conteste avec véhémence et dit : « Ces messieurs (Newton et ses disciples) soutiennent donc que l'espace est un être réel absolu, mais cela les mène à des grandes difficultés. Car, il parait que cet être doit être éternel et infini. C'est pourquoi, il y en a qui ont crut que c'était Dieu lui-même, ou bien son attribut, son immensité. Mais, comme il a des parties, ce n'est pas une chose qui puisse convenir à Dieu »
 https://www.memoireonline.com/10/13/7494/m_Elements-dune-philosophie-de-lespace-chez-Ernest-Cassirer4.html

_________________
"J'appelle "violence" ce qui excède les capacités d'intégration psychiques et  physiques.
La violence est ce rythme de perturbations non acceptables, du moins pas sans dommages potentiels."  

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Message par Vanleers Mar 6 Mar 2018 - 8:11

A toutes fins utiles, je me permets de signaler un fil sur un autre forum auquel j’ai emprunté certains éléments concernant le présent sujet.
Il s’intitule « La béatitude est-elle une grâce ? » et on peut le voir en :

http://www.spinozaetnous.org/forum/viewtopic.php?f=11&t=1594

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Message par Vanleers Mer 7 Mar 2018 - 11:01

On a déjà dit que la proposition 39 de la partie V de l’Ethique et son scolie établissaient un lien étroit entre la connaissance du troisième genre ou science intuitive d’où naît l’amour envers Dieu et l’aptitude du corps à un grand nombre de choses, c’est-à-dire sa sensibilité.
Mais mettre l’accent sur la sensibilité du corps, ce que fait la biodanza, était déjà requis par la connaissance du deuxième genre ou connaissance rationnelle comme le souligne Pascal Sévérac (Spinoza Union et Désunion) :

Pascal Sévérac a écrit: Le scolie de la proposition 13 d’Ethique II l’affirmait : l’excellence d’un esprit dépend de l’excellence de son corps, qui est faite de sa haute plasticité, de sa sensibilité, entendue comme haute aptitude à disposer ou à être disposé d’une multiplicité de façons à la fois. Le critère de la multiplicité simultanée équivaut donc à la capacité de faire communauté avec les autres corps : dans la mesure où mon corps, à travers le réseau des propriétés communes qu’il a avec les autres corps, convient avec eux, mon esprit a la puissance de former des idées de ces convenances, et de comprendre ainsi les relations à travers lesquelles ils se conviennent, s’opposent ou se différencient. Et le critère de l’autonomie corporelle ne vient pas s’ajouter au premier mais l’exprime d’une autre manière : plus les actions de mon corps dépendent de lui seul, c’est-à-dire s’expliquent par sa propre nature sans qu’il soit besoin de prendre en compte le concours des autres corps, plus mon esprit a la capacité de comprendre distinctement ces actions. L’activité intellectuelle de l’esprit trouve donc bel et bien un ancrage dans l’activité d’un corps susceptible d’être affecté par les autres selon une causalité commune, et partant d’agir de façon singulière et autonome.
Les propositions 38 et 39 de la partie II de l’Ethique, et leurs corollaires, exposent ainsi, à partir de cette communauté agissante entre notre corps et les corps extérieurs, quels sont les fondements de notre connaissance rationnelle, et comment il est possible d’accéder à une perception adéquate de plus en plus riche. Or la voie royale du développement de la connaissance rationnelle est l’enrichissement de notre individualité corporelle : plus notre corps a de communauté avec les autres corps, plus il convient avec eux, et plus l’esprit peut comprendre certaines choses. Se faire un corps qui, par sa sensibilité, partage de plus en plus de choses en commun avec les autres corps est donc une exigence éthique. (p. 150)

La biodanza met en évidence que la béatitude s’éprouve esprit et corps. Sans participation du corps, il n’y aurait que sécheresse car la béatitude est un amour, c’est-à-dire un affect où le corps joue un rôle essentiel (cf. la définition de l’affect – Ethique III déf. 3)

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Message par Vanleers Jeu 8 Mar 2018 - 14:03

L’ouvrage principal de Spinoza s’appelle « Ethique » et je viens d’écrire, sur un autre fil que le seul critère d’appréciation de cette philosophie est de voir, comme l’écrit Pautrat, « si, chemin faisant, cette lecture [de l’Ethique] change le lecteur en homme, sinon heureux, tout du moins plus heureux ».
A la réflexion, ceci est très insuffisant car l’ambition de Spinoza est bien plus grande, lui qui veut « nous conduire, comme par la main, à la suprême béatitude » (Ethique début de la partie II).
Ce projet était déjà annoncé dans le prologue du Traité de la Réforme de l’Entendement
La biodanza peut être vue comme un laboratoire où s’expérimentent les conditions d’apparition de la béatitude dans et par la vivencia.

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Message par neopilina Jeu 8 Mar 2018 - 16:35

(

1 - Récemment, j'ai relu un Aristote, sa " Physique ".
2 - Je lis régulièrement hks et Vanleers, les docteurs es Spinoza bien connus de ce forum.
3 - De 2 et 3, il résulte ceci : Spinoza s'est choisi un adversaire, majeur, principal, bien évidemment digne de lui : Aristote.

)

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Message par Vanleers Ven 9 Mar 2018 - 8:04

A neopilina

Si la question vous intéresse, je vous signale l’excellent ouvrage de  Frédéric Manzini Spinoza : une lecture d’Aristote – PUF 2009.

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Message par Vanleers Ven 9 Mar 2018 - 14:00

Dans l’Ethique, acquiescentia provient de acquiescentia in se ipso que Spinoza emprunte à une traduction en latin d’Henri Desmarets des Passions de l’âme (II 63) de Descartes, dans laquelle le latin « acquiescentia in se ipso » rendait le français « satisfaction de soi-même ». Spinoza s’en inspire mais lui donne un sens nouveau (assurance en soi-même, paix intérieure,…) qui le conduira à faire d’acquiescentia un équivalent de beatitudo.

Le corps et l’esprit étant la même chose considérée selon les attributs Etendue et Pensée de la Substance, posons-nous la question : qu’est-ce que la béatitude pour le corps ?
Dans la notion d’acquiescentia, il y a l’idée de repos (quies), ce qui ouvre une première piste : la béatitude, c’est la relaxation, le corps en repos en lui-même, totalement détendu.
Mais l’acquiescentia est aussi une joie, ce qui ouvre la piste de l’allégresse (hilaritas) qui est la joie lorsque toutes les parties du corps sont affectées à égalité (Ethique III 11 sc.)
L’acquiescentia ou béatitude, envisagée sous son aspect corporel, est donc une allégresse parfaitement relaxée, une détente complète et joyeuse du corps, ce que l’on peut expérimenter, notamment, au cours d’une séance de biodanza.
L’éthique de Spinoza est un antistress psychosomatique et on pense à Epicure :

Epicure a écrit: Il est vide, le discours du philosophe qui ne soigne aucune affection humaine. De même en effet qu’une médecine qui ne chasse pas les maladies du corps n’est d’aucune utilité, de même aussi une philosophie, si elle ne chasse pas l’affection de l’âme.

Par rapport à Epicure, l’éthique de Spinoza, à la fois médecine et philosophie, apporte joie et détente en même temps au corps et à l’âme, qui sont des aspects différents d’une même réalité.

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Message par Vanleers Dim 11 Mar 2018 - 11:00

La question de la béatitude par la voie du corps est abordée par Éric Delassus dans Vivre et penser son corps en :

https://www.cairn.info/revue-societes-2014-3-page-117.htm

L’auteur signale l’article de psychomotriciens qui mettent en œuvre la relaxation, l’eutonie, la danse thérapie (dont la biodanza est une expression) afin de restaurer toute la puissance du conatus de leurs patients.
Il conclut son article comme suit :

Éric Delassus a écrit: Penser son corps pour mieux le vivre et mieux vivre son corps pour mieux le penser sont deux voies de salut que nous offre la philosophie de Spinoza qui pense l’homme comme un tout qui se vit corps et âme.

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Message par Vanleers Lun 12 Mar 2018 - 9:51

Je reviens à l’acquiescentia in se ipso que Pierre Macherey traduit par « assurance en soi-même ».
Spinoza démontre en Ethique IV 52 que l’acquiescentia in se ipso qui naît de la raison (la connaissance du deuxième genre) est ce que nous pouvons espérer de plus haut.
Toutefois, Ethique V 27 démontre que du troisième genre de connaissance naît la plus haute satisfaction d’esprit (mentis acquiescentia) qu’il puisse y avoir.
Ceci suggère qu’en passant du deuxième au troisième genre de connaissance, on passe de l’assurance en soi-même à l’assurance en Dieu, c’est-à-dire en la Vie.
En effet la connaissance du troisième genre nous fait comprendre intuitivement notre « enracinement » en Dieu : nous sommes des expressions de Dieu, de la Vie.
Cette assurance en la Vie nous invite à un décentrement de soi et à un laisser-faire la Vie.

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Message par Vanleers Mar 13 Mar 2018 - 13:52

Je poursuis.
Le décentrement de soi consiste à prendre de la distance par rapport à l’image que nous avons spontanément de nous-mêmes.
Quant à l’assurance en la Vie, on peut l’assimiler à une confiance fondamentale en la Vie (en soi-même, aux autres et à Dieu).

Laurent Bove explicite ces deux remarques en écrivant (La stratégie du conatus – Vrin 1996) :

Laurent Bove a écrit: Vivre de cette confiance qui est notre être même (comme alliance singulière dynamique et multiple au Réel-universel en son autoconstitution), c’est, dans le procès d’adéquation, se sentir assez étranger à cette autre vie imaginée, épuisée dans les stratégies de l’amour-propre et de l’orgueil, pour désormais pouvoir accroître, expérimenter et défendre activement sa puissance singulière d’agir, libre des œillères, des illusions et des valeurs, du sujet amoureux. Il y a dans cette distance à soi (comme image de soi) le principe même de notre affirmation singulière et de notre libération. (p 316)

Il s’agit, en quelque sorte, d’avoir le courage (animositas) d’être soi, c’est-à-dire le désir de persévérer dans son être, non seulement sous la seule dictée de la raison (cf. Ethique III 59 sc.) mais, aussi, dans la perspective ouverte par la science intuitive qui nous fait comprendre que nous sommes des « parties totales » de la Vie.
On écarte ainsi la notion de passivité qui pourrait s’attacher à l’expression « laisser-faire la Vie ».

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Message par Vanleers Mer 28 Mar 2018 - 8:06

Spinoza nous invite au Grand Jeu de l’amour intellectuel de Dieu, ce que l’on a traduit, dans la perspective de la biodanza, par l’amour pur de la Vie.
Ce qui est remarquable, c’est que, historiquement, le christianisme a également invité à un Grand Jeu, celui de la charité (agapé), initié dans le judaïsme.
C’est qu’il y a équivalence entre amor intellectualis Dei, amour pur de la Vie et ἀγάπη.
On peut y ajouter le Grand Jeu de la Voie qui fait l’objet du Tao Te King.
D’autres aussi, sans doute.
En somme, les hommes sont invités au même Grand Jeu qui prend des noms différents selon le contexte dans lequel ils vivent.

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Message par Vanleers Dim 1 Avr 2018 - 18:55

Ce qui est également remarquable dans la biodanza, c’est de constater qu’au fil des séances, les exercices corporels proposés, « les gestes que nous sommes invités à danser » pour reprendre les mots d’Hélène Lévy Benseft (cf. le premier post du fil), induisent progressivement un sentiment d’empathie mutuel entre les participants au groupe.
Ce lien affectif de solidarité se produit parce que les corps sont en présence, se regardent, s’entendent, se touchent, se caressent.
On serait presque tenté de dire que l’empathie ne naît que parce qu’il y a contact corporel, au sens large (qui peut n’être que visuel).
(Entre parenthèses, cela peut expliquer les difficultés relationnelles sur un forum d’échanges épistolaires sur Internet : les participants n’ayant aucun contact physique entre eux, l’empathie reste problématique.)

Or, si Spinoza n’utilise pas explicitement le concept d’empathie, la notion est sous-jacente dans l’Ethique.
Chez l’homme tout est affectif (« Le désir est l’essence de l’homme ») et Spinoza distingue simplement les affects passifs ou passions et les affects actifs, notamment la force d’âme (fortitudo) composé de la fermeté (animositas) et de la générosité (generositas) (Ethique III 59 sc.).
La générosité, c’est-à-dire le désir, sous la conduite de la raison, d’aider autrui à persévérer dans son être et à se lier à lui par l’amitié étant nécessairement associée, dans la force d’âme, à la fermeté, c’est-à-dire au désir, sous la conduite de la raison, de persévérer dans son être, a, de ce fait, une dimension empathique.
Précisons que la générosité est une empathie rationnelle que l’on distinguera de la pitié, qui, elle, est une empathie passionnelle (Définition 18 des affects).
Mais c’est avec la science intuitive, développée dans la partie V de l’Ethique que la notion d’empathie est la plus appropriée.
Le scolie de la proposition 36 montre que la science intuitive nous fait connaître que « tout est en Dieu », de façon affective et non plus de façon purement intellectuelle comme dans la partie I de l’Ethique.
Autrement dit, nous nous sentons alors affectivement liés et solidaires avec toute chose, ce qui n’est autre que se sentir en empathie avec la Nature naturée, production de la Nature naturante.
En suscitant l’empathie par le contact corporel entre participants, la séance de biodanza révèle donc l’importance du corps dans la science intuitive et apparaît comme un lieu possible où cette dernière s'initie et se développe.

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Message par Vanleers Mer 4 Avr 2018 - 18:29

On peut distinguer deux approches de l’Ethique de Spinoza, livre composé de cinq parties.

Dans la première, considérant que, chez l’homme, tout est affectif (« Le désir est l’essence de l’homme »), on visera la vie bonne comme une vie où l’affectivité est active et non passive, rationnelle et non passionnelle, une vie où l’affectivité est commandée par la raison. Dans ce cas on privilégiera les parties II, III et IV de l’Ethique.

Dans la seconde, l’Ethique sera considérée comme une vision du monde (Weltanschauung) au sens qu’en donne Freud, en 1932, dans la trente-cinquième Conférence Sur une Weltanschauung :

« Une Weltanschauung est une construction intellectuelle qui résout de façon homogène tous les problèmes de notre existence à partir d’une hypothèse qui commande le tout, où par conséquent aucun problème ne reste ouvert et où tout ce à quoi nous nous intéressons trouve sa place déterminée. » 

La vision du monde de l’Ethique est fixée dès la partie I et même, pourrait-on dire, dès les huit définitions qui ouvrent cette partie, la suite ne faisant qu’expliciter et tirer les conséquences de ces définitions.
Cette vision du monde suffit : elle est béatifique, libératrice et salvatrice, pour reprendre les termes du début du scolie d’Ethique V 36.
Toutefois, la partie V de l’Ethique va au-delà de la « construction intellectuelle » de la partie I et la prolonge par la science intuitive qui met l’accent sur l’éternité de l’esprit et qui affecte davantage notre esprit comme Spinoza le note à la fin du même scolie.
Cette deuxième approche privilégie les parties I et V de l’Ethique.

Quant à la biodanza, on peut également la considérer de deux façons.
Soit comme une méthode de développement personnel qui peut se réclamer des parties II, III et IV de l’Ethique.
Soit comme un Grand Jeu s’inspirant des parties I et V, la biodanza se fondant sur la même vision du monde (Dieu est la Vie). On parlera, ici, de développement universel et non pas de développement personnel.

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Message par Vanleers Lun 9 Avr 2018 - 8:59

La biodanza est une pratique psychocorporelle hédoniste.
Le plaisir est également central dans l’éthique de Spinoza et on lira l’article de Simone Manon Eloge du plaisir. Spinoza en :

http://www.philolog.fr/eloge-du-plaisir-spinoza/

Simone Manon a écrit: Mais il faut substituer la nécessité rationnelle à la nécessité passionnelle pour promouvoir une éthique aussi subversive. Car on ne dira jamais assez combien l’éthique spinoziste l’est.  En affirmant que la vertu n’a pas d’autre fondement que le désir ou la tendance à déployer son existence et sa joie, Spinoza remanie en profondeur les leçons de la sagesse. Il rompt avec les morales traditionnelles enclines à réprimer le désir au nom du bien. Il substitue à la préoccupation moralisatrice du bien, la préoccupation existentielle de la joie. Et le paradoxe, c’est qu’en liquidant toute transcendance religieuse (le spinozisme est une philosophie de l’immanence radicale) ou normative (l’éthique n’est pas la morale), il n’encourage pas une libération anomique du désir avec la violence et les effets pervers qui en découlent. Aux antipodes du cynisme d’un Calliclès, l’éthique spinoziste montre que le déploiement du désir de chacun sous la conduite de la raison et non des affects passifs contribue à l’augmentation de la joie de tous car rien n’est plus utile à l’homme que l’harmonie sociale, la paix et le partage de la joie.

Comme l’écrit l’auteur, « Notre philosophe affirme donc que le plaisir est bon. Tous les plaisirs de l’existence sont bons dès lors qu’ils ne sont pas excessifs et ne nuisent pas à autrui. »

En réponse à une question dans laquelle on lui demande quelle est la différence entre Spinoza et Epicure,

Simone Manon a écrit: Cependant si le bonheur est le plaisir pour Epicure, pour Spinoza, le bonheur est la béatitude de l’homme libre en accord avec les autres dans un Etat bien constitué et avec l’ordre des choses grâce à la connaissance du troisième genre.

On retrouve ici l’importance de la science intuitive (connaissance du troisième genre), ce qui invite également, en ce qui concerne la biodanza à un dépassement du simple hédonisme.

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Message par Vanleers Ven 13 Avr 2018 - 8:19

Au fond, ce que Spinoza propose, dans son Ethique, c’est de vivre en aristocrate, en aristocrate de la pensée et du cœur que chacun est éternellement car il est une expression singulière de Dieu.
La principale difficulté est d’en avoir conscience, ce que Spinoza souligne dans le scolie de la dernière proposition de l’Ethique quand il parle du sage qui, à la différence de l’ignorant, est « par une certaine nécessité éternelle, conscient de soi, de Dieu et des choses ».

Jean-Claude Fraisse parle de l’aristocratisme de la pensée spinoziste en ces termes (L’œuvre de Spinoza pp. 329-330 – Vrin 1978) :

Jean-Claude Fraisse a écrit: Il n’y a pas, stricto sensu, à confirmer la foi par l’intelligence, comme le demandaient par exemple Saint Augustin ou, à l’époque de Spinoza, Malebranche, ni à venir à la foi par l’intelligence, comme le fera la philosophie des lumières, ni à substituer la foi à l’intelligence, comme le fera Kant, ou, inversement, à voir dans la foi, comme le feront Marx ou Nietzsche, un alibi ou une illusion de la conscience. Ainsi Spinoza, s’il a longtemps été rejeté par tous, ne pouvait être en accord avec personne. La foi et la lumière naturelle sont, pour lui, le fait de deux hommes différents, souvent unis dans le même individu, mais qui le sont toujours dans la vie de la cité. Elles s’accordent sur le fond, mais ont deux finalités différentes, procédant de la distinction inhérente à l’homme même dans ses diverses facultés de connaître, et dans les conduites que ces facultés, imagination et raison, déterminent. Que d’autres n’aient pas admis une telle distinction, ou aient trop voulu l’effacer par des continuités plus impératives, explique sans doute que cette pensée spinoziste, qui se veut la plus tolérante, ait été la moins tolérée ; mais cela explique aussi la certitude tranquille qui est le fondement de cette tolérance et de l’aristocratisme indifférent qu’elle proclame, aristocratisme du sage et de sa pensée elle-même, qui ne peut être aisément communiquée et, bien plus, semble se moquer de sa propre diffusion, la sachant presque impossible.

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Message par Vanleers Dim 15 Avr 2018 - 8:17

Prendre conscience d’être un aristocrate de la pensée et du cœur parce que l’on est une expression singulière de Dieu fait penser au titre d’un livre de Marie Milis Souviens-toi de ta noblesse.
Or, « noblesse d’âme » est une traduction possible du latin generositas, l’une des deux composantes de la fortitudo (l’autre étant l’animositas) (Ethique III 59 sc.).
La generositas est la marque de l’aristocratisme spinozien, ce que l’on rapprochera de la générosité au sens de Descartes dans le Traité des passions de l’âme (art. 153) :

Descartes a écrit: Ainsi je crois que la vraie générosité, qui fait qu'un homme s'estime au plus au point qu'il se peut légitimement estimer, consiste seulement, partie en ce qu'il connaît qu'il n'y a rien qui véritablement lui appartienne, que cette libre disposition de ses volontés, ni pourquoi il doive être loué ou blâmé sinon pour ce qu'il en use bien ou mal ; partie en ce qu'il sent en soi-même une ferme et constante résolution d'en bien user, c'est-à-dire de ne manquer jamais de volonté pour entreprendre et exécuter toutes les choses qu'il jugera être les meilleures. Ce qui est suivre parfaitement la vertu.

Dans sa Préface au Traité :

Samuel Sylvestre de Sacy a écrit: Il y a là chez Descartes une ultima ratio : un argument au bout des arguments, et qui les termine absolument ; comme sont pour lui d’autre part le Cogito ou l’absurdité de l’hypothèse d’un Dieu trompeur. C’est ce qu’il appelle d’un mot auquel il a seul osé donner un sens aussi opulent, et qui, après trois siècles passés, quand nous observons notre condition présente, n’a rien perdu de sa pureté soûlante : générosité.

Notons que, dans la séance de biodanza, « La vivencia permet de relier la perception corporelle, la sensation, l’émotion, l'expression de nos émotions sensibles, positives et des sentiments les plus nobles de l’être humain dans un mouvement plein de sens et duquel naît l’harmonie, harmonie interne, harmonie avec la nature, avec le macrocosme et avec l’humanité par nos relations avec les autres participants. »

La generositas spinozienne est, par excellence, l’un « des sentiments les plus nobles de l’être humain » et elle se fonde, non seulement, selon sa définition, sur la raison mais, dans la partie V de l’Ethique, sur la science intuitive, c’est-à-dire, d’une certaine façon, sur l’intuition d’une « harmonie avec la nature, avec le macrocosme et avec l’humanité »
Ce qui souligne, une fois encore, la convergence entre l'Ethique et la biodanza.

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Message par Vanleers Mar 17 Avr 2018 - 14:02

Je reviens à l’idée, émise plus haut, que les hommes sont invités au même Grand Jeu qui prend des noms différents selon le contexte dans lequel ils vivent.
Comparons le Grand Jeu de l’Ethique et le Grand Jeu chrétien, celui de l’ἀγάπη.
Il s’agit, en quelque sorte de comparer deux religions, même si la « vraie religion » au sens de l’Ethique est bien différente de la religion chrétienne.
On s’inspirera d’un article de Pierre-François Moreau La vraie nature de Dieu, publié par Le Point dans le numéro hors-série Spinoza L’ultramoderne – Octobre 2015.

Pierre-François Moreau a écrit: Spinoza remarque qu’il faut distinguer la vraie religion de la fausse (qui s’identifie sans doute à la superstition, par sa diversité comme par son goût des passions tristes comme la mélancolie ou l’humilité). Quant à la vraie, il la définit dans un passage où il traite des relations de l’homme avec autrui : « Tout ce que nous désirons et faisons, dont nous sommes causes en tant que nous avons l’idée de Dieu, autrement dit en tant que nous connaissons Dieu, je le rapporte à la religion » (Ethique IV 37 sc. 1).
Dieu n’est donc pas l’objet de la religion, mais en quelque sorte son garant épistémologique. Ce Dieu, c’est le principe des lois de la nature, par lequel nous connaissons aussi les lois des comportements humains. Dès lors, le seul culte possible, c’est la compréhension, fondée sur la raison, du lien qui nous unit aux autres hommes et des lois de la sociabilité. (p. 52)

Interrompons un instant la lecture pour dire que, dans la partie V de l’Ethique, Spinoza montre comment la connaissance du troisième genre nous donne l’intuition, et non plus seulement la compréhension fondée sur la raison, du lien qui nous unit à Dieu et aux hommes.

Reprenons.
Spinoza a montré dans le Traité théologico-politique que le vrai culte de Dieu consiste à pratiquer la justice et la charité. Mais il s’agit alors d’une religion de l’obéissance et non de la raison. La vraie religion, telle que la définit l’Ethique (voir ci-dessus), est-elle, elle aussi, une pratique de la justice et de la charité ? P. – F. Moreau poursuit :

Pierre-François Moreau a écrit: Ce que l’on appelle traditionnellement la justice et la charité. Ou, ici, la piété et l’honnêteté : « Quant au désir de bien agir, qui est issu de ce que nous vivons sous la conduite de la raison, je le nomme piété. Ensuite, le désir par lequel un homme qui vit sous la conduite de la raison est tenu de se joindre aux autres d’amitié, je le nomme honnêteté. [Ethique IV 37 sc. 1] (ibid.)

Notons d’abord que la piété et l’honnêteté sont pratiquement équivalentes à la fermeté (animositas) et à la générosité (generositas) qui composent la fortitude (fortitudo) (Ethique III 59 sc.)
L’Ethique appelle à passer de l’état de servitude à l’état de fortitude, donc, compte tenu de ce qui précède, à pratiquer la justice et la charité.
Au niveau des actes, il n’y a donc pas de distinction entre l’Ethique et le noyau essentiel d’une religion d’obéissance, le « credo minimum » que Spinoza a isolé dans le TTP.
Toutefois :

Pierre-François Moreau a écrit: Reste une question : il faut bien vivre avec les autres, ceux qui n’ont pas la vraie connaissance de Dieu. Sont-ils condamnés aux effets destructeurs de la superstition ? Non, s’ils pratiquent eux aussi la justice et la charité, même pour des raisons largement imaginaires. On peut donc constituer un credo minimum, commun à la vraie religion qui fonde ces enseignements sur la raison, et à la fausse qui les fonde sur des images, du moment que les unes et les autres aboutissent aux mêmes conséquences éthiques : ainsi, on dira que Dieu est souverainement juste et miséricordieux – que ce soit parce qu’on se le représente comme ayant des traits humains, comme le fait la foule, ou parce que c’est par son idée que nous comprenons ce que sont justice et miséricorde, comme le fait la raison. Ce credo minimum, cette « foi universelle », dit Spinoza, on le trouve aussi bien dans le cœur des hommes que dans la cohérence de l’Ecriture Sainte. Cette religion pour tous n’est donc pas une « religion pour le peuple » : c’est une religion compatible avec la raison – même si elle n’utilise pas le langage de la raison. (ibid.)

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Message par Vanleers Mer 18 Avr 2018 - 10:25

La « vraie religion » selon l’Ethique est une religion de salut et je cite à nouveau Henrique Diaz qui explique en quoi consiste ce salut :

Henrique Diaz a écrit: Le salut humain consiste dans "un amour constant et éternel pour Dieu, ou si l'on veut, dans l'amour de Dieu pour nous" (Éthique V 36 sc.). Cela revient à la béatitude par la science intuitive et l'amour intellectuel de Dieu, du monde et de soi-même.
Le salut consiste donc non à nous sauver de la mort, de la douleur ou d'autres désagréments extérieurs et inévitables mais de la tristesse, de l'ennui, de la haine et autres façons d'appréhender intérieurement sa propre existence et sur lesquelles l'intellect a quelque prise par le biais des affects actifs.
L'autre nom du salut spinoziste, en tant que réalisation concrète de la raison est l'acquiescement intérieur (acquiescentia in se ipso) à soi-même et à tout ce que nous vivons (Ethique IV 52).

En résumé, être sauvé c’est être sauvé « de la tristesse, de l'ennui, de la haine et autres façons d'appréhender intérieurement sa propre existence » qui naissent de toutes sortes de désagréments extérieurs.
C’est le cas, par exemple, du stress post-traumatique qui naît d’un trauma parfois extrême.
Le salut s’opère lorsque des affects actifs supplantent les affects tristes.
Comme nous l’avons vu dans le post précédent, c’est le cas de la fortitude mais on peut citer également l’acquiescentia in se ipso lorsqu’elle naît de la raison et, de façon éminente, l’amour intellectuel de Dieu.
Nous prenons conscience de notre salut dans certaines situations favorables.
C’est parfois le cas dans une séance de biodanza au cours de laquelle nous sentons et expérimentons que nous sommes sauvés.
Formule que l’on rapprochera du célèbre « Nous sentons et expérimentons que nous sommes éternels » du scolie d’Ethique V 23 car il est vrai que, pour Spinoza, le salut c’est l’éternité.
En effet, la biodanza favorise l’expérience de l’amour de la Vie au double sens de l’amour pour la Vie et de l’amour de la Vie pour nous, Vie étant un autre nom du Dieu de Spinoza.

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