L'allégresse selon Clément Rosset
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L'allégresse selon Clément Rosset
En relisant Le réel Traité de l’idiotie de Clément Rosset à propos de Kant, j’ai retrouvé un passage sur l’allégresse que j’avais oublié. Il y a là trois pages que je trouve remarquables. J’en cite une bonne partie.
On peut lire ce texte, au moins partiellement, sur internet en :
https://books.google.fr/books?id=00VSCwAAQBAJ&pg=PT87&lpg=PT87&dq=cl%C3%A9ment+rosset+all%C3%A9gresse+r%C3%A9el+trait%C3%A9+idiotie+all%C3%A9gresse&source=bl&ots=APTfYj7DVa&sig=eyl0cwCXk901GA39sjUnK1jmaws&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwj3l8OmpN7VAhVFVRoKHRMEAUoQ6AEIRzAG#v=onepage&q=cl%C3%A9ment%20rosset%20all%C3%A9gresse%20r%C3%A9el%20trait%C3%A9%20idiotie%20all%C3%A9gresse&f=false
Clément Rosset a écrit: Par allégresse nous entendons, strictement et seulement, l’amour du réel : c’est-à-dire ni l’amour de la vie, ni l’amour d’une personne, ni l’amour de soi, ni à supposer qu’il existe l’amour de Dieu – tous amours que l’amour du réel implique mais auxquels il ne se limite pas et qui, surtout, ne le conditionnent en aucune manière. Par rapport à l’amour du réel, de tels attachements sont circonstanciels, c’est-à-dire que leur défaut ne saurait en aucun cas le remettre en cause. Si la vie est défaillante en son propre corps, s’il n’y a plus à l’horizon de personne aimée, si Dieu n’existe pas plus que, fondé en lui, un principe de raison suffisante appelé à rendre compte de toute réalité, l’allégresse, si allégresse il y a, n’en a cure. Comme le dit Pascal, l’homme plutôt de la grâce cependant : « J’ai mes brouillards et mon beau temps au-dedans de moi ; le bien et le mal de mes affaires même, y fait peu. » Telle aussi la Joie dont parle Spinoza, amour sans complément d’objet, à la différence de l’amour proprement dit qui est « la Joie accompagnée de l’idée d’une cause extérieure », dépendant par conséquent de l’allégresse, et non le contraire.
Quelques remarques brèves, pour conclure et esquisser l’impossible description philosophique de l’allégresse :
- L’allégresse ou amour du réel, si elle est indifférente à tout objet particulier, est cependant attachée à un objet propre, qui englobe d’ailleurs tous les objets existants et tous les objets possibles : le fait ontologique, le fait que le réel existe, qu’il y ait quelque chose plutôt que rien. Mais elle n’est liée à aucun autre objet. Elle ne se confond pas, par exemple, avec l’amour de la vie. La vie n’est qu’un aspect du réel : une variété de la mort, comme le dit Nietzsche, une variété très rare sans doute, mais cela ne suffit pas à l’ériger en objet privilégié de l’amour. Bien entendu l’amour du réel implique l’amour de la vie. Mais pas le contraire : l’amour de la vie, à lui seul, est un sentiment invalide, vulnérable parce qu’attaché à l’exception. L’allégresse aime la vie parce qu’elle aime le réel, pas le réel parce qu’elle aime la vie.
- L’allégresse est, dans tous les cas, un sentiment peu avouable : un sentiment irraisonné dont il est impossible de révéler à quiconque la teneur, pour l’ignorer soi-même. Aucune raison solide ne saurait établir l’avantage à ce qu’il y ait de l’être plutôt que rien ; pas même le principe du meilleur, énoncé par Leibniz qui subordonne des raisons à un avantage en être, tout comme Spinoza à un avantage en puissance d’agir, mais ne s’interroge pas sur les avantages de cet avantage même. C’est pourquoi l’allégresse, et l’amour de la vie qu’elle implique, est un sentiment toujours plus ou moins secret : bonheur dont on ne fera jamais part à personne puisqu’on est hors d’état de le faire figurer à ses propres yeux. S’il est un mystère, c’est-à-dire une chose dont on connaît l’existence mais aussi, selon l’étymologie, devant laquelle on reste myope parce qu’elle demeure elle-même fermée, soustraite ainsi à toute possibilité de divulgation, c’est bien la nature de sa propre allégresse, la façon qu’on a, différente probablement de toute autre, c’est-à-dire idiote, d’être épris du réel : lieu du seul quant à soi absolument intraduisible et indivulgable.
- Le problème de la mort et de l’insignifiance, laissé en suspens tant dans le cas des ruses médiocres qui consistent à les nier ou à les différer (névroses noires ou blanches) que dans celui des ruses supérieures, telles la ruse grecque ou la rédemption chrétienne qui, pariant à l’aveuglette pour la vie contre la mort, c’est-à-dire sans aucune chance contre toute chance, font miraculeusement triompher la pauvreté au détriment de la richesse, est en revanche assumé, et sans dommage, par l’allégresse. Car l’amour du réel est indépendant de la mort du réel. Le réel n’est pas ce qui se conserve mais ce qui à chaque instant est présent, offrande de l’être sur fond d’éventuel non-être qui ne vaut que dans l’instant où il est, pas en tant qu’il a été ou pourrait être dans l’avenir. […]
Remarquons enfin que l’allégresse – telle celle de l’ivrogne, de l’amoureux, de l’artiste, du philosophe – implique une voyance : pas seulement un amour, mais aussi un sentiment du réel. Dans l’allégresse, le réel se présente tel qu’en lui-même, idiot, sans couleur de signification, sans effet de lointain. Présence du réel, qu’aucun regard sinon allègre n’est capable d’approcher de si près. En sorte que l’allégresse n’est pas seulement un mode de réconciliation avec la mort et l’insignifiance ; elle est aussi un moyen de connaissance, une voie sûre d’accès au réel.
On peut lire ce texte, au moins partiellement, sur internet en :
https://books.google.fr/books?id=00VSCwAAQBAJ&pg=PT87&lpg=PT87&dq=cl%C3%A9ment+rosset+all%C3%A9gresse+r%C3%A9el+trait%C3%A9+idiotie+all%C3%A9gresse&source=bl&ots=APTfYj7DVa&sig=eyl0cwCXk901GA39sjUnK1jmaws&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwj3l8OmpN7VAhVFVRoKHRMEAUoQ6AEIRzAG#v=onepage&q=cl%C3%A9ment%20rosset%20all%C3%A9gresse%20r%C3%A9el%20trait%C3%A9%20idiotie%20all%C3%A9gresse&f=false
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: L'allégresse selon Clément Rosset
Dans un premier temps j'ai eu envie de trier ce qui me parlait particulièrement bien. Mais je vais plutôt résumer mon point de vue : tout ce qui touche à Mon Rapport; Lien, a priori au réel de façon réductrice m'agresse physiquement, ensuite il m'a fallu le penser, l'élaborer, le justifier, le dire, etc. Je vis dans cette allégresse :
Clément Rosset a écrit:L’allégresse aime la vie parce qu’elle aime le réel, pas le réel parce qu’elle aime la vie.
Etc. Une " petite précision " tout de même. Je lui donne tort quant aux Grecs, eux aussi vivaient complètement cette allégresse, avant Socrate. Plus radieux qu'eux, tu prends feu !
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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: L'allégresse selon Clément Rosset
Clément Rosset a fait allusion auparavant à la mètis grecque qu’il a illustrée par l’histoire de Poros et Pénia du Banquet.
Les présocratiques ignoraient-ils la mètis ?
Les présocratiques ignoraient-ils la mètis ?
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: L'allégresse selon Clément Rosset
Vanleers a écrit:Clément Rosset a fait allusion auparavant à la mètis grecque qu’il a illustrée par l’histoire de Poros et Pénia du Banquet.
Les présocratiques ignoraient-ils la mètis ?
Non seulement ils ne l'ignoraient pas, mais ils y excellaient bien mieux que ceux qui viennent avec et après Socrate. Et ça commence très tôt et magnifiquement avec Homère. Ulysse est l'homme aux mille tours. Troie ne pouvait pas être prise de force, elle ne pouvait l'être que par la ruse, etc. Des premiers aux derniers mots de l'Odyssée, Homère met en oeuvre cette métis. Ne leur en déplaisent, la pensée, la conscience, la raison, la connaissance, etc., viennent en dernier, donc, et ça c'est de l'impératif catégorique digne de ce nom, elles sont contraintes à cette métis ( Et je fais là un parallèle me semble t-il pertinent avec la morale provisoire du Grand René. ). Vernant, se sachant mourant, à fait sa dernière conférence publique sur l'Odyssée, il y tenait beaucoup. Littérairement, philologiquement, l'Iliade et l'Odyssée ne sont guère comparables. La seconde est décousue, presque maladroite, il y a de grosses ficelles, l'assemblage d'éléments préexistants est manifeste, etc., mais le chef d'oeuvre de la Métis grecque c'est l'Odyssée.
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neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: L'allégresse selon Clément Rosset
Clément Rosset écrit simplement que l’allégresse ne peut pas perdre et gagne à tous les coups alors que la mètis parie à l’aveuglette.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: L'allégresse selon Clément Rosset
Vanleers a écrit:Clément Rosset écrit simplement que l’allégresse ne peut pas perdre et gagne à tous les coups alors que la mètis parie à l’aveuglette.
Clément Rosset a écrit:Le problème de la mort et de l’insignifiance, laissé en suspens tant dans le cas des ruses médiocres qui consistent à les nier ou à les différer (névroses noires ou blanches) que dans celui des ruses supérieures, telles la ruse grecque ou la rédemption chrétienne qui, pariant à l’aveuglette pour la vie contre la mort, c’est-à-dire sans aucune chance contre toute chance, font miraculeusement triompher la pauvreté au détriment de la richesse, est en revanche assumé, et sans dommage, par l’allégresse.
( Je cite donc le seul passage que tu mets à disposition. )
Frontalement, je dis non, surtout pour les Grecs d'avant Socrate, c'est les méconnaître. Pour eux, aucun arrière monde ne vaut le monde, le réel, pour l'individu, chez eux, l'essentiel, etc., etc., se passera ici et de leur vivant. Voir la conversation d'Ulysse avec le fantôme d'Achille dans l'Odyssée. Les Grecs aimaient bien supposer ( Ils n'en savaient guère plus que nous à ce sujet. ) qu'Homère était aveugle, c'était chez eux de l'humour, de l'ironie, les Grecs savaient bien " physiquement " qu'il n'y a guère eu plus clairvoyant qu'Homère. Quand je dis " homme des bois, fils d'un homme des bois ", je vois qu'il me faut préciser, ça me paraissait évident, que le dit homme fait partie des dits bois. Idem pour le soi-disant Grec " archaïque ". Il faudrait peut être arrêter de penser le poisson hors de la rivière, c'est n'importe quoi, voire contre-productif.
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neopilina- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 31/10/2009
Re: L'allégresse selon Clément Rosset
Il est également question d’allégresse dans un entretien de Clément Rosset avec Jean-Louis Maunoury qu’on peut lire en :
http://pierre.campion2.free.fr/rosset_maunoury.htm
Je cite un passage sur le détachement :
C. Rosset avait dit auparavant que Bien sûr, c'est « on » qui est joyeux, ce n'est pas « je ». La joie implique une disparition complète du « je ».
A rebours de ce qu’énonce Heidegger, c’est « on » qui est authentique et « je » qui est aliéné. Mais il s’agit d’un « on » on… tologique.
Spinoza démontre que lorsqu’elle naît de la raison, la satisfaction de soi (acquiescentia in se ipso) est ce que nous pouvons espérer de plus haut (Ethique IV 52 scolie).
Mais il est remarquable de constater que le in se ipso disparaît ensuite de l'Ethique et que ne reste que l’acquiescentia, autre nom de la béatitude, ce que C. Rosset appelle l’allégresse.
L’allégresse ou amour du réel, a écrit C. Rosset (cf. post initial), est cependant attachée à un objet propre, qui englobe d’ailleurs tous les objets existants et tous les objets possibles : le fait ontologique, le fait que le réel existe, qu’il y ait quelque chose plutôt que rien.
C’est le « on ontologique » qui se réjouit du fait ontologique. Non pas parce que cela procure un avantage en puissance d’agir, comme le soutient Rosset mais parce qu’il coule de source d’éprouver l’allégresse, parce que, en réalité, c'est la nature de Dieu qui se réjouit en nous et par nous de son infinie perfection : Dei natura gaudet infinita perfectione (Ethique V 35 démonstration)
Nous sommes ici, pour reprendre les mots de C. Rosset, dans une très grande distanciation à l’égard de l’existence.
http://pierre.campion2.free.fr/rosset_maunoury.htm
Je cite un passage sur le détachement :
Clément Rosset a écrit: Si je devais parler de vrai détachement, je parlerais d'un détachement dans un tout autre sens qui serait lui toujours impliqué dans l'expérience de la joie. Il me semble que de même que le rire implique une distanciation à l'égard de l'existence, la joie implique, en même temps qu'une adhésion inconditionnelle à l'existence, quelque chose comme une liberté qui ne serait pas une liberté métaphysique, morale, un libre-arbitre mais la liberté dont parle Spinoza à la fin de L'Éthique, c'est-à-dire une libération et là je parlerais de vrai détachement. Comme nous l'avons dit tout à l'heure, l'expérience de la joie implique une adhésion, mais pas une adhésion de « je ».
C. Rosset avait dit auparavant que Bien sûr, c'est « on » qui est joyeux, ce n'est pas « je ». La joie implique une disparition complète du « je ».
A rebours de ce qu’énonce Heidegger, c’est « on » qui est authentique et « je » qui est aliéné. Mais il s’agit d’un « on » on… tologique.
Spinoza démontre que lorsqu’elle naît de la raison, la satisfaction de soi (acquiescentia in se ipso) est ce que nous pouvons espérer de plus haut (Ethique IV 52 scolie).
Mais il est remarquable de constater que le in se ipso disparaît ensuite de l'Ethique et que ne reste que l’acquiescentia, autre nom de la béatitude, ce que C. Rosset appelle l’allégresse.
L’allégresse ou amour du réel, a écrit C. Rosset (cf. post initial), est cependant attachée à un objet propre, qui englobe d’ailleurs tous les objets existants et tous les objets possibles : le fait ontologique, le fait que le réel existe, qu’il y ait quelque chose plutôt que rien.
C’est le « on ontologique » qui se réjouit du fait ontologique. Non pas parce que cela procure un avantage en puissance d’agir, comme le soutient Rosset mais parce qu’il coule de source d’éprouver l’allégresse, parce que, en réalité, c'est la nature de Dieu qui se réjouit en nous et par nous de son infinie perfection : Dei natura gaudet infinita perfectione (Ethique V 35 démonstration)
Nous sommes ici, pour reprendre les mots de C. Rosset, dans une très grande distanciation à l’égard de l’existence.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 15/01/2017
Re: L'allégresse selon Clément Rosset
La bonne nouvelle, lorsqu’on lit Clément Rosset et Spinoza, c’est que vivre dans l’allégresse ne requiert pas de connaissances théoriques étendues.
De C. Rosset on retiendra que l’allégresse est l’amour du réel.
De Spinoza il suffit de retenir qu’à part Dieu et ses modes il n’y a rien.
On dira peut-être qu’il s’agit là d’une « approximation grossière » du réel au sens où l’on parle de la théorie de la gravitation de Newton comme d’une approximation grossière de la théorie de la relativité générale.
Mais l’expérience montre que cette « approximation » suffit pour vivre dans la joie.
On ne prétendra donc pas que l’ontologie spinoziste est exactement correcte mais probablement approximativement correcte (cf. op. cit.)
Mais cette approximation, si approximation il y a, est éthiquement suffisante.
Le spinoziste est ainsi délivré de toute attitude dogmatique : il n’est pas tenu de prouver que l’ontologie sur laquelle se fonde sa pratique est définitive.
Mieux encore, il constate qu’il suffit de laisser filer ses pensées, de suspendre son jugement, de pratiquer l’épochè sceptique (par exemple dans la méditation de pleine conscience) pour que l’allégresse s’ensuive fortuitement, comme le notait déjà Sextus Empiricus.
Alliance inattendue entre un apparent dogmatisme théorique et une pratique sceptique à la grecque.
De C. Rosset on retiendra que l’allégresse est l’amour du réel.
De Spinoza il suffit de retenir qu’à part Dieu et ses modes il n’y a rien.
On dira peut-être qu’il s’agit là d’une « approximation grossière » du réel au sens où l’on parle de la théorie de la gravitation de Newton comme d’une approximation grossière de la théorie de la relativité générale.
Sokal et Bricmont a écrit: Ainsi, l’ontologie de la mécanique newtonienne peut être conçue en un certain sens comme une version « grossière » de l’ontologie plus fondamentale de la relativité générale (Pseudosciences et Posmodernisme p. 197 – Odile Jacob 2005)
Mais l’expérience montre que cette « approximation » suffit pour vivre dans la joie.
On ne prétendra donc pas que l’ontologie spinoziste est exactement correcte mais probablement approximativement correcte (cf. op. cit.)
Mais cette approximation, si approximation il y a, est éthiquement suffisante.
Le spinoziste est ainsi délivré de toute attitude dogmatique : il n’est pas tenu de prouver que l’ontologie sur laquelle se fonde sa pratique est définitive.
Mieux encore, il constate qu’il suffit de laisser filer ses pensées, de suspendre son jugement, de pratiquer l’épochè sceptique (par exemple dans la méditation de pleine conscience) pour que l’allégresse s’ensuive fortuitement, comme le notait déjà Sextus Empiricus.
Alliance inattendue entre un apparent dogmatisme théorique et une pratique sceptique à la grecque.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 15/01/2017
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