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Husserl, Ideen 3

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Husserl, Ideen 3 Empty Husserl, Ideen 3

Message par Bergame Ven 21 Sep 2007 - 22:54

Olaf, Philautarchie



Ideen, section III : Méthodes et problèmes de la phénoménologie pure



Ce sujet fait partie de l'ensemble de sujets portant sur les Ideens.
Vaste champ : après avoir présenté rapidement la méthode d'investigation phénoménologique que constitue la réflexivité, je tenterai d'exposer les 3 concepts de Noème, Noèse et Hylé dans leur interaction fondamentale. Et de l'exposition des structures noético-noèmatique découlera naturellement les modalités doxiques et jugements de position.

*** *** ***


De région parmis les régions, la région conscience est devenue par l'épokhè la proto-région, la région première qui soutient toutes les autres régions du monde et de l'être.

*


I- La réflexion

Si l'on y regarde de plus près, la phénoménologie comme exploration éidétique du sujet percevant, est toute entière bâtie sur le concept de réflexion. La réflexion consiste en un recul sur soi-même et sur son activité. Ainsi, je passe d'une attitude naturelle à une position réflexive en contemplant mon attitude naturelle. Je passe de "je vois une pomme" à "je me vois voir une pomme".

Mais celà pose plusieurs problèmes : tout d'abord, comment une telle réflexion est-elle possible ? En effet, quand je suis plongé dans l'attitude naturelle, je vois, je vis, tout simplement. La position réflexive, elle, vient se loger dans une espèce de creux, de négativité, pour contempler ce qu'auparavant je faisais naturellement, pré-réflexivement. Or, si je me vois en train de voir la pomme, je ne suis plus tout-à-fait en train de voir la pomme ; je suis déjà dans une autre activité. De pure présence originaire à la pomme, je passe à une pure présence à moi-même, comme sujet percevant la pomme.

Husserl introduit ainsi le concept de rétention, (qui se distingue du re-souvenir mais n'entrons pas les détails), processus qui retient ce qui vient juste d'être, pour pouvoir l'explorer.

*


Tout vécu peut se prêter à la réflexion. Ce que l'on pourrait se demander, c'est si l'on perd quelque chose de la perception originaire dans l'acte réflexif. Or, la question n'est pas vraiment importante pour Husserl, car pour pouvoir simplement poser cette question, on fait déjà preuve de réflexivité, de mise en doute, de négation. Bref, la réflexion est une attitude naturelle, et il faut la penser, aller de réflexion en réflexion jusqu'à débusquer l'essence de la réflexion (la rétention par exemple).

D'ailleurs, la rétention est un mécanisme courant : si je déclare "je suis joyeux", en fait, je fais la synthèse des différents impressions joyeuses successives de mon flux du vécu. Je retiens les vécus joyeux qui s'enchaînent pour déclarer que maintenant, je suis joyeux. Son corrolaire, l'anticipation du futur, se nomme la protention.


II- Noème / Noèse / Hylé

La structure intentionnelle est ternaire, formée de 3 composés : Le Noème, la Noèse, et la Hylé.
Prenons un seul et même exemple : j'entend une musique, la 5e Symphonie de Beethoven.

Le §85 ouvre le couple Noèse / Hylé :

a - La Hylé, c'est la matière, c'est les data des sens (data de couleurs, de toucher, de sons...). Ces éléments ont, en soi, rien d'intentionnel. Pour notre exemple, en l'occurence, il s'agirait de la pure succession de sons. Si l'on y regarde de plus près, le pur vécu que constitue la Hylé s'enracine dans le temps, par la succession d'impressions sensorielles, par le flux des esquisses.

b - La Noèse, c'est la "donation de sens" [Sinngebung], la forme apposée à la matière hylétique ; c'est le sujet qui se pose sur les data. Je n'entends pas une pure succession de sons puisque je suis un sujet plongé dans le monde, dans la culture. Bref, la Noèse, c'est le sujet posé sur les data.

À partir de là, l'un ne va pas sans l'autre : « le flux de l'être phénoménologique a une couche matérielle et une couche noétique » (p.294). Mais dans la sphère du sujet, il y a bien plus que des sensations et bien plus que du sujet : il y a de l'objet. Il y a le représenté, le signifié, le Cogitatum. C'est ce qu'ouvre le §88 :

c - Le Noème, c'est l'objet visé, représenté, signifié. C'est le noyau de ma perception qui conserve sa valeur d'objet réel (dans le champ de la sphère monadique bien sûr). C'est l'objet 5e Symphonie, que je ne peux diluer dans le sens ni les sensations, qui subsiste et résiste malgré toutes les réductions possibles. Le Noème est à la Noétique ce que le représenté est à la représentation : son point de butée.

*


Toute conscience est conscience de quelque chose. Et ce quelque chose a cette faculté de concentrer en soi les structures noétiques. Bien que je ne vois pas la face cachée de cette maison, ou de ce livre, je perçois naturellement une unité qui possède une face arrière. Le Noème est un pôle qui réunit les donations, c'est le noyau de ma perception.

Juger quelque chose, vouloir quelque chose, décider quelque chose, se rappeler de quelque chose... ces formes de vécu sont également des structures noético-noèmatiques.

Prenons un autre exemple (l'exemple du §97, qui est éclairant à cet égard) : cet arbre en face de moi. Je le vois partiellement, de chez moi, derrière une fenêtre.

Décomposons cette perception :
1 - Les couleurs du tronc, des feuilles, et toutes les nuances qu'elles comportent, ce sont les moments hylétiques de ma perception. En soi, ces moments hylétiques sont multiples, variés, mais ce sont simplement de purs matériaux.
2 - Le moment noétique, c'est le moment de la conscience, du sujet. J'organise et j'anime ces matériaux, je les vis, les ressens. Je vis ces couleurs. L'arbre s'organise en fonction de souvenirs d'arbre, par exemple.
3 - Mais ces data organisées ne sont pas que pour moi, ne sont pas qu'un pur apparaître, qu'un pur vécu subjectif de moments hylétiques. Elles appartiennent à cet arbre, en face de moi et ne se balladent pas librement dans la perception. C'est le moment noématique, le moment de l'objet.

Bien que la matière soit vécue par un sujet, le moment réel de l'objet dans la sphère du sujet démarque largement Husserl de Berkeley :

    Son esse consiste exclusivement dans son « percipi » - avec cette réserve que cette proposition ne doit nullement être prise dans le sens berkeleyen, puisque le percipi ne contient nullement ici l'esse à titre de composante réelle.
    Husserl, Ideen I, p.342

On pourrait résumer tout ça ainsi :
Toute conscience est conscience de = Tout vécu noético-hylétique vise un noème.


III- Modalités Doxiques et de Positions

Il est possible de s'intéresser d'avantage aux structures noético-noèmatiques selon leur contenu.
Si par exemple, je m'imagine un éléphant rose, le noème éléphant rose n'est pas considéré comme réel, mais invraisemblable. D'ailleurs, noétiquement, je n'y crois pas, ce n'est pas une certitude. Par contre, le noème de l'arbre en face de moi est considéré comme réel. Pour moi, c'est une certitude.
Mais je peux me tromper : je peux voir une personne au loin, noématiquement considérée comme réel et noétiquement certaine, mais lorsque je m'approche, je vois qu'en fait, c'était un panneau publicitaire. Toutefois, cela ne change rien à la structure précédente.

    Noèse---------------Noème
    Certitude------------Réel
    Supputation---------Possible
    Conjecture----------Vraisemblable
    Question------------Problématique
    Doute---------------Douteux

Ces modalités de croyance de l'objet sont dites modalités doxiques. Finalement, croire, douter, affirmer, sont autant de manière de poser l'objet. On s'achemine alors doucement vers la thèse du monde que l'on avait précédemment suspendue par l'épokhè, car finalement, qu'est-ce que l'attitude naturelle sinon poser les choses comme existantes ?

Il convient ainsi d'ajouter aux modalités doxiques les jugements de position. S'il est possible d'affirmer / poser l'être de l'objet, il est aussi possible de biffer, c'est-à-dire de nier, l'objet qui surgit à ma conscience. C'est précisément le déni psychanalytique, qui refuse l'existence de l'objet. Je peux dénier ma souffrance, dénier la perte d'un proche. Mais l'être de l'objet a déjà été posé, le proche en question est quand même mort, quelque part dans mon champ de perception. Je le refuse simplement. Je pose une espèce de "non-être".

    Jugement de position-------------Revient à
    Affirmation-----------------------Poser l'être de l'objet
    Négation-------------------------Biffer l'être de l'objet
    Neutralité------------------------Epokhé

L'épokhè, qui consiste à suspendre la thèse du monde, à le poser comme existant, consiste en une neutralisation. C'est-à-dire qu'il ne s'agit ni d'affirmer/poser l'être de l'objet, ni de nier/refuser l'être de l'objet, mais de s'abstenir de poser son être.
Mais l'imagination elle-même traite son objet par neutralité : l'éléphant rose est, au moment de la perception, quasi existant, il n'est ni posé, ni nié. Il en va de même pour l'arrière-plan des objets sur lequel nous fixons notre attention.

Pour simplifier les choses, on peut considérer un tableau à double entrée. Chacun des items des modalités doxiques peut être, être nié ou être quasi-existant. La conscience peut poser ou suspendre.

*


Après avoir distingué la structure générale de la conscience intentionnelle, c'est-à-dire l'animation noétique subjective des data hylétiques vers la constitution d'un objet noèmatique, cette 3e Section se conclue de manière assez complexe sur l'avènement de l'ontologie formelle, comme structure générale de l'expression noético-noèmatique.
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