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Réflexions à propos du bien et de la vérité

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Réflexions à propos du bien et de la vérité Empty Réflexions à propos du bien et de la vérité

Message par vinc0987 Ven 26 Mar 2010 - 18:14

Voici une petite expérience mi-philosophique, mi-psychologique que je soumets à la sagacité de vos réactions avant de la poster sur mon blog..





Si au XIXe siècle l'optimisme positiviste tendait à confondre progrès de la science et progrès de l'humanité, on sait aujourd'hui (les grandes tragédies du XXe siècle étant passé par là) que bonheur des peuples et progrès techniques ne marchent pas nécessairement main dans la main.

Néanmoins, on continue souvent à penser - notamment dans les milieux scientifiques - que vérité et épanouissement vont de paire et que la quête de la vérité peut être définie comme un but de l'existence humaine. "Ce qui est vrai, c'est ce qui est bien", cet axiome aux accents platoniciens fonctionne comme un présupposé dans beaucoup de discours scientifiques. Ainsi, par exemple, les thérapies cognitives vont chercher à libérer le sujet des fausses croyances qui empoisonnent son existence.

Il faut bien avouer que le plus souvent, en effet, le "vrai" et le "bien" (1) vont de paire. Par exemple l'idée selon lauqelle on peut voler en agitant les bras et en sautant de la tour Montparnasse est une idée fausse ; c'est également une mauvaise idée, qui ne concourre pas au bien-être des individus.. Idem, croire que l'on va guérir d'un cancer en utilisant l'homéopathie n'est ni "vrai", ni "bien".

Au vu de ces exemples, on pourrait donc penser que le quête de la vérité doit être le but de tout scientifique (voire même de tout homme) et que les grandes découvertes scientifiques vont dans le sens du "bien". Je dois avouer que cette question m'a longtemps posé problème : chasser les fausses croyances, aller dans le sens de la vérité, est-ce toujours un moyen d'être plus heureux?

Une petite expérience doit permettre, me semble-t-il, de répondre à cette question. Nous saurons ainsi si les vérités dégagées par les sciences permettent toujours, lorsque l'on en a une pleine conscience, de vivre de manière épanouie.

Réflexions à propos du bien et de la vérité Verite


Preuve de la non-congruence entre vrai et bien

Première étape:


Tout d'abord, énumérons une série de vérités que les sciences ont permis de dégager. Cette liste n'est pas exhaustive, et certains énoncés peuvent ête débattus; il n'en demeure pas moins qu'ils font consensus chez la grande majorité des scientifiques.

Exemple de vérités scientifiques :

1/Le cerveau humain fonctionne comme un ordinateur (hypothèse de base du cognitivisme).

2/ Le fonctionnement de la pensée humaine est réductible à une machine de Turing (hypothèse du cercle de Vienne).

3/ Les sentiments (notamment le sentiment amoureux) et les émotions sont liés à des sécrétions hormonales (neurobiologie).

4/ La notion de liberté n'a pas de valeur scientifique. Les choix des humains comme tous les phénomènes sont déterminés par une série de facteurs.

5/ Il n'y a rien (sinon la dispersion de particules matérielles) ni après la mort, ni avant la vie.

6/ Il n'existe entre l'humain et l'animal que des différences de nature.

7/ Le temps ne sécoule pas (conséquence des théories einsteiniennes).

8/ A l'échelle quantique, le temps s'écoule de manière discontinue par des "sauts" de 10^-27 secondes (physique quantique).

9/ A l'échelle quantique toujours, la notion de particule n'a pas de sens et l'on ne saurait parler que d'événements ayant une plus ou moins grande probabilité d'apparition.


Deuxième étape :


Choisissez cinq énoncés parmi ceux de cette liste et, pendant tout une journée, essayez de les garder à l'esprit et de réfléchir à leurs conséquences, à leurs implications sur votre vie de tout les jours.

Si vous êtes plus heureux, alors ma démonstration est un échec. Si par contre, comme je m'y attends, vous finissez déprimé ou angoissé à la fin de la journée, alors c'est que le bonheur individuel et les vérités scientifiques ne vont pas toujours de paire.


Discussion :


Les implications de cette modeste démonstrations sont nombreuses. Nous nous bornerons donc à quelques remarques.

Tout d'abord, ces différents énoncés ne sont pas angoissants pour les mêmes raisons. Certains renvoient à une image angoissante de l'être humain (le cerveau comme machine, la chimie des émotions, etc.). D'autres dépassent les capacités du cerveau de se représenter le monde (les "vérités" concernant le temps notamment).

Ensuite, il me semble que l'on peut dire que le scientifique croit à ses théories sans y croire. C'est-à-dire qu'il les donne pour vraies, mais se comporte dans le reste de sa vie comme si elles étaient fausses. Il sait que ses actions sont le fruit du déterminisme mais il continue de gronder ses enfants comme si leurs actions étaient le fruit de leur libre-arbitre (les exemples sont sans fin). Cette attitude rappelle, de manière inversée, celle du lecteur de fiction, tel qu'il est vu par Coleridge : il sait que la fiction est fausse mais il se comporte, le temps de la lecture, comme si elle était vraie.
En fait, les théories ne vont pas être totalement prises au sérieux de différentes manières :
- Toutes les conséquences des théories ne sont pas pensées (notamment leurs conséquences dans la vie quotidienne).
- Les théories sont postulées abstraitement mais on ne se les représente pas.
- Un clivage s'opère entre la vie quotidienne (les décisions prises dans la vie courante..) et les théories.

Pour finir, il me semble que l'homme n'est pas qu'un ordinateur parfait et rationnel. Il a également d'autres besoins : des besoins nutritifs, affectifs, symboliques, irrationnels, etc. L'être humain a notamment besoin de divinités intérieures, de règles irrationelles - qui peuvent être contredites par la science - pour pouvoir vivre, se lever le matin... Si l'homme était une machine rationnelle parfaitement opérationnelle, la contemplation des vérités scientifiques suffirait à son bonheur. Tel n'est pas le cas.

----

(1) Je me permets d'utiliser ces notions dans leurs sens le plus courant. On dira donc que le "vrai" est une opinion qui tend à s'approcher asymptotiquement d'une hypothétique vérité absolue. Le "bien" devra être entendu comme ce qui concourre au bonheur de l'individu. Ces définitions sont bien sûr contestables mais je crois qu'elles ne forment pas le centre de mon propos.
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Message par Vargas Sam 3 Avr 2010 - 11:49

Et si on n'est ni plus ni moins heureux ? ^^
il y a pratique et il y a théorie.
J'ai une chérie, je suis très amoureux d'elle. Je suis conscient et accepte sans peine que les sentiments soient liées aux sécrétions hormonales;
Cela remet-il en cause la force de mes sentiments dans cette expérience amoureux actuelle ?
Cela signifie-t-il que ces sécrétions expliquent le pourquoi, remplissent tout le cadre de cette relation ?

Je ne pense pas.
En fait, je pense que si je l'étais, c'est que je serais plus amoureux de la théorie que de la pratique.
Amoureux d'un amour qui n'accepterait pas le drame de sentir le théorique souillé par son absence d'apport joyeux à la pratique.
Et, en conséquence, ignorerait le pratique pour son incapacité à incarner ce vrai.

Ou quand le vrai est l'ennemi du bien.


Sinon, la comparaison de l'attitude scientifique avec la position de Coleridge me semble tout à fait pertinente.
Et pas seulement dans ce cadre.
Le temps de la lecture peut être celui de la lecture de bien des expériences (amoureuse, professionnelle, idéologique, etc...)

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Message par Courtial Lun 5 Avr 2010 - 1:02

J'observe que les exemples relevant de l'identité entre le vrai et le bien (la Tour Montparnasse, etc.) entendent le bien au sens de l'utilité, voire de l'efficacité. C'est un bien au sens pragmatique (pas kantien du tout!).
La dimension ethique (dans un sens plus large) de la science n'est pas encore assignée.

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Message par vinc0987 Lun 5 Avr 2010 - 15:45

@Vargas : j'aime beaucoup la phrase : "si je l'étais, c'est que je serais plus amoureux de la théorie que de la pratique".
Pour le reste, je suis assez d'accord avec l'idée que la vérité scientifique peut être pensée sans s'opposer à la vérité du vécu dès lors que l'on sait que la science ne dit pas le tout de l'existence.
Il n'en demeure pas moins que cette opinion n'est pas partagée par tout le monde et ce texte visaient sans les citer un certain nombre de penseurs:
Je pense notamment à certains livres comme "pourquoi, comment?" ou "Devenez sorciers, devenez savants" ou encore à l'université de zététique de Charpak.
A chaque fois, l'idée est de combattre les superstitions (les horoscopes par exemple) car les superstitions, en ce qu'elle sont irrationnelles et en opposition avec les progrès de la science, seraient en soi mauvaises.
De même, les thérapies cognitives ont pour but de lutter contre les "fausses croyances". Dans tous ces cas on associe le vrai à la vérité scientifique et sa victoire sur les fausses croyances, les superstitions, etc. à un progrès.
On retrouve aussi -quoique de façon plus subtile - cette lutte pour le vrai dans toutes les réflexions sur l'illusion dans les années 60-70 : illusion référentielle (Brecht..), illusion romanesque (Nouveau roman..), illusion que représente la religion etc .

Or je pense que ce que montre l'opposition entre la pensée de la science et l'expérience vécue c'est que l'illusion est nécessaire à la vie et qu'il faut combattre "l'irrationnel triste" (version freudienne des passions tristes spinoziennes) non l'irrationnel en soi....
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Message par vinc0987 Lun 5 Avr 2010 - 15:47

@ Courtial : C'est vrai que je suis en train de virer utilitariste, il faut bien le reconnaître..
Pour ce qui de ta remarque sur la dimension éthique de la science, pourrais tu préciser ta pensée? Réflexions à propos du bien et de la vérité Icon_question
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Message par Courtial Lun 5 Avr 2010 - 20:11

Je voulais dire seulement que d'ordinaire, s'agissant de la science, on disjoint le vrai et le bien, avec l'idée que la connaissance du vrai ne constitue nullement une norme du bien.
C'est l'amoralisme scientifique.
Ainsi on aura du mal à trouver dans la science elle-même une règle de son utilisation. Y a-t-il des objections proprement scientifiques contre la vivisection, par exemple? Ou l'utilisation de la fission nucléaire à des fins de destruction massive?
Les jugements de valeur et les décisions fondées axiologiquement étant renvoyés à la subjectivité que la science, par principe, met entre parenthèses, les rapports entre la science et l'éthique semblent assez distendus.
En témoigne par exemple le fait que, s'agissant des recherches sur la biologie humaine, on a cru bon de créer en France un Comité d'éthique (il a été présidé par Jean Bernard, puis Jaccard, je ne sais plus qui c'est maintenant) pour surveiller les protocoles expérimentaux (ceux de la recherche publique), ce qui laisse entendre que les scientifiques sont incapables de se normer eux-mêmes.

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