Du langage
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Bergame
Grégor
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Re: Du langage
J'aurais la prétention de penser que, peut-être, cet échange t'a conduit à descendre aux principes sur lesquels repose -au moins en partie- tes réflexions, Gregor. Ce dont je serais heureux. Mais c'est aussi le moment où nous devons acter d'un désaccord, sans pouvoir, peut-être, continuer bien plus avant.
Par exemple :
Si nous étions véritablement capables de concevoir ce qu'est la vie, il n'y aurait sans doute qu'une règle : Profite au maximum du temps qu'il t'est donné. Fort heureusement, ce qu'est la vie dépasse largement notre entendement -et nous ne sommes que des marionnettes aux mains des dieux.
Par exemple :
Je pense totalement différemment, et je pense que c'est une différence de principe, dont on ne peut sans doute discuter. Je pense que la vie n'a rien de sacré, et surtout pas la mienne. Ma vie a la durée et l'importance de celle d'un moucheron à l'échelle de l'humanité, et l'humanité a la durée et l'importance d'un moucheron à l'échelle de l'univers. De plus, la vie m'apparaît comme un monstre dont les dimensions dépassent largement notre entendement, un ogre qui se nourrit des êtres mêmes qu'il met au monde. La vie est "divine", certes, et tout ce que nous appelons des dieux ou des démons désigne l'une ou l'autre des facettes du monstre. Mais la vie ne respecte rien ni personne, et tous les pauvres jugements et valeurs que les hommes conçoivent et professent, y compris sur la vie elle-même, ne les extrait ni ne les sauve en rien du gigantesque maëlstrom dans lequel ils sont engagés -à leur esprit défendant.Gregor a écrit:celui qui redonne à notre vie sa dimension sacrée (parce qu'éphémère et temporelle)
Si nous étions véritablement capables de concevoir ce qu'est la vie, il n'y aurait sans doute qu'une règle : Profite au maximum du temps qu'il t'est donné. Fort heureusement, ce qu'est la vie dépasse largement notre entendement -et nous ne sommes que des marionnettes aux mains des dieux.
Bergame- Persona
- Nombre de messages : 5358
Date d'inscription : 03/09/2007
Re: Du langage
Bonjour Bergame,
Il me semble que je comprends votre point de vue.
Il est celui de la connaissance ontique de l'homme tel un étant-là-devant parmi d'autres étants-là-devant.
C'est aussi il me semble le point de vue de Spinoza : l'homme n'est pas un empire dans un empire. Il n'est qu'une partie d'un tout plus vaste.
Or, et seulement d'un point de vue spatial, le Dasein n'est pas comme un étant dans un étant (une marionnette dans un boite) : il est au-monde, ouvert au-monde.
Si vous comprenez cette différence qui est assez élémentaire bien que difficile peut-être à saisir et à communiquer, alors vous comprenez que toute les considérations ontiques d'une connaissance comme tirée hors du monde sont non pas premières dans l'expérience, mais reconstituées après coup dans une représentation du monde.
À partir de là, le temps qui est imparti à chacune de ces ouvertures-au-monde est limité et fugace. Le Dasein se sait condamné, non pas uniquement en tant que sujet, mais en tant qu'ouverture-au-monde, c'est le monde qu'il perd en chaque seconde et définitivement lors de l'ultime.
J'ai utilisé le mot "sacré" pour désigner le caractère précieux de ce temps qui nous est offert (surtout, il faut le reconnaître, quand on occupe une position privilégiée et qu'on est relativement heureux, comme je le suis).
L'extraordinaire grandeur et puissance de l'univers n'est pas du même ordre que la pensée qui se projette dans le temps, se sait mortelle et a conscience de son existence.
Que l'univers n'en sache rien est tout de même le signe que l'ordre du Dasein n'est pas celui d'un étant-là-devant (chose parmi les choses) mais bien un être-là, ouvert-au-monde, et dont l'essence est le souci. L'homme porte un intérêt à sa vie et à celle de ses proches ainsi qu'à tout ce qui peut lui rendre la vie plus vivante (je pense à Dostoievski).
Pourquoi ce souci est-il son essence ?
Il est peut-être son but, sa vocation, ce pourquoi tout le reste n'est qu'un faisceau de renvois (de fait-pour). Comme le disait Kant, l'homme est une fin en soi. Le royaume des fins sur terre, l'instauration d'un paradis terrestre. Mais tout cela est ontologique. Ce n'est pas le simple calcul des avantages et inconvénients des étants pour l'homme (bien que ce calcul fasse partie du souci), ce n'est pas seulement un accord raisonnable entre les besoins des hommes. Pour moi, il existe une autre dimension, plus profonde et mystérieuse, plus créative et plus inventive, elle est la phrase encore non écrite qui demande à être trempée, une sorte de luxe que l'on s'accorde, un caprice divin devant l'étrange beauté éphémère de notre situation.
Luxe
Marc 14
« Καὶ ὄντος αὐτοῦ ἐν Βηθανίᾳ, ἐν τῇ οἰκίᾳ Σίμωνος τοῦ λεπροῦ, κατακειμένου αὐτοῦ, ἦλθεν γυνὴ ἔχουσα ἀλάβαστρον μύρου νάρδου πιστικῆς πολυτελοῦς ; καὶ συντρίψασα τὸ ἀλάβαστρον, κατέχεεν αὐτοῦ κατὰ τῆς κεφαλῆς.
Et comme il était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, pendant qu'il était à table, une femme vint, ayant un vase d'albâtre plein d'un parfum de nard pur de grand prix ; et ayant brisé le vase d'albâtre, elle le lui répandit sur la tête.
Ἦσαν δέ τινες ἀγανακτοῦντες πρὸς ἑαυτούς, καὶ λέγοντες, Εἰς τί ἡ ἀπώλεια αὕτη τοῦ μύρου γέγονεν ;
Mais quelques-uns exprimaient entre eux leur indignation. Pourquoi cette perte du parfum a-t-elle été faite ?
Ἠδύνατο γὰρ τοῦτο πραθῆναι ἐπάνω τριακοσίων δηναρίων, καὶ δοθῆναι τοῖς πτωχοῖς. Καὶ ἐνεβριμῶντο αὐτῇ.
Car ce parfum pouvait être vendu plus de trois cents deniers, et être donné aux pauvres. Et ils murmuraient contre elle.
Ὁ δὲ Ἰησοῦς εἶπεν, Ἄφετε αὐτήν: τί αὐτῇ κόπους παρέχετε ; Καλὸν ἔργον εἰργάσατο ἐν ἐμοί.
Mais Jésus dit : Laissez-la, pourquoi lui faites-vous de la peine ? c'est une bonne œuvre qu'elle a faite à mon égard !
Πάντοτε γὰρ τοὺς πτωχοὺς ἔχετε μεθ’ ἑαυτῶν, καὶ ὅταν θέλητε δύνασθε αὐτοὺς εὖ ποιῆσαι : ἐμὲ δὲ οὐ πάντοτε ἔχετε.
Car vous avez toujours les pauvres avec vous, et quand vous voulez, vous pouvez leur faire du bien ; mais moi, vous ne m'avez pas toujours.
Ὃ ἔσχεν αὕτη ἐποίησεν : προέλαβεν μυρίσαι μου τὸ σῶμα εἰς τὸν ἐνταφιασμόν.
Ce qu'elle a pu, elle l'a fait ; elle a par avance embaumé mon corps pour la sépulture. »
Nous plaçons notre philosophie sous la double ramure de deux ontologies.
La première est infinie, au sens du vrai infini, c’est-à-dire, celui qui n’est pas une réitération sans fin mais plutôt le sans limite, au sens où rien ne peut être pensé en-dehors de lui.
On pense généralement cet infini de manière scientifique comme un enchaînement de causes et de conséquences nécessaires. Pourtant, une telle démarche n’explique pas l’in-fini au sens absolu du terme, puisqu’elle se situe d’emblée dans le faux infini.
Nous reviendrons sur cette distinction plus tard, disons simplement que cette première ontologie est celle de la science.
La seconde est poétique et se situe du point de vue singulier d’un être humain qui sait que chacune de ses secondes est vouée à disparaître.
Un être qui se sait mourant nous l’appelons spirituel.
Ce temps disparaissant est infiniment précieux et rien n’est trop beau pour celui qui se sait mortel.
Voilà pourquoi, la recherche du luxe se heurte parfois au service de l’universel.
Le service de l’universel se situe dans l’ontologie de l’infini, où rien n’est véritablement précieux, ni condamné à mourir, où tout se transforme.
À la rigueur rien n’existe pour soi dans un tel monde, tout est mû par d’autres choses, elles-mêmes mues par d’autres et ainsi de suite.
Dans le texte de Marc, ce sont les pauvres. Les pauvres, en tant que masse informe d’indigents ou, si l’on se voulait plus moderne, en tant que statistique chiffrée, ne sont pas destinés à mourir. Bien sûr chaque pauvre est, d’un point de vue singulier, conscient d’être mortel mais du point de vue plus abstrait de ceux qui ne vivent pas sa vie de l’intérieur et qui l’objectivent donc, il n’est qu’une chose du monde.
Seul Jésus dans le texte de Marc est destiné à mourir, parce qu’il existe d’un point de vue singulier et que sa mort est proche.
Cette différence de focalisation est ce qui caractérise un changement d’ontologie.
Dans le service de l’universel, nous servons les intérêts généraux de la société à laquelle nous appartenons. En réalité, l’ontologie pure de l’infini ne se soucie pas d’intérêts ni particuliers ni généraux. Tout ce qui arrive, arrive selon sa puissance d’être, dans le seul monde possible puisque tout y est nécessaire. Disons que selon notre niveau de conscience nous pouvons en tant qu’êtres humains embrasser plus ou moins universellement le monde qui nous entoure afin de servir au mieux nos intérêts. Or, nos intérêts dépendent d’une longue série de causes dont la compréhension est la condition de notre bonheur.
Pourtant, il existe aussi le caprice, symbolisé par la femme dans la maison de Simon le Lépreux, qui n’est pas motivé par l’intérêt mais qui est simplement une grâce rendue à la beauté de la vie. Cette beauté éphémère du Nevermore : ce temps qui n’est déjà-plus.
Le luxe est un caprice et un tel caprice est spirituel : il est le produit d’une âme qui se sait mourante.
Du point de vue de ceux qui observent un tel comportement spirituel, il s’agit d’égoïsme.
Mais je crois que les pères la vertu, qui se font les champions d’une morale généreuse et résolument tournée vers l’universel, sous-estiment cette passion en l’homme pour l’éphémère beauté de son existence.
Ce n’est pas un péché, seulement une sensibilité plus forte à leur finitude.
Pourquoi alors cet acte spirituel est-il condamné par certaines philosophies ?
Le goût du luxe est considéré comme un péché pour diverses raisons.
La première est évidente, il s’agit de l’égoïsme et du besoin de distinction de ceux qui profitent des richesses de ce monde. C’est le reproche qui est fait à la femme qui verse du parfum dans les cheveux de Jésus : avec cet argent, elle aurait pu sauver des pauvres.
La seconde raison est plus implicite, elle concerne davantage celui qui s’adonne au luxe que ceux qui en sont privés. En effet, celui qui possède beaucoup de choses peut facilement combler ses désirs, si bien qu’il peut en devenir l’esclave et vivre une vie misérable. L’autre problème de la richesse est que chaque chose que l’on possède est un fardeau pour nous, car il nous faut l’entretenir pour qu’elle ne se gâte pas et la protéger de ceux qui voudraient s’en emparer. Finalement celui qui trop possède n’a plus de temps pour entretenir son esprit de livres et de philosophie, il devient l’esclave de biens matériels, voilà pourquoi s’adonner au luxe passe pour une activité peu spirituelle.
Mais ces conseils de sagesse n’expliquent pas pourquoi la vie est infiniment précieuse pour l’homme qui se sait mortel et pourquoi il désire capricieusement une belle vie.
Pour autant, je suis de ceux qui veulent mesurer cet attrait pour le luxe et pour l’existentialisme plus généralement.
Les deux ontologies que nous essayons de dégager doivent se compléter l’une l’autre et l’on ne peut raisonnablement choisir l’une aux dépens de l’autre.
Si l'on part d'une définition du monde objective et neutre, celle des sciences : rien ne pourra jamais être sensible ou vivant.
C'est simplement que la logique est mécanique et froide.
Elle permet de comprendre mais pas de ressentir de l'intérieur ce que c'est que d'être vivant.
Je crois les poètes plus proches des fleurs que les botanistes.
Ils sont plus proches de l'intérieur.
Parce que toute connaissance est extérieure : elle fait de vous un objet, observé et calculé.
Elle vous aliène.
Donc pour la science rien ne sent, rien n'existe, tout est objet de pensé.
Donc ce n'est pas étonnant que pour elle, le passage entre le monde physique et biologique soit problématique.
La science ne dit rien de la vie, qui n'est pas objectivable.
Il existe un hiatus entre les explications scientifiques du monde et le fait de se sentir simplement vivant.
Parce que dans un cas nous avons affaire à de simples phénomènes et dans l'autre il s'agit de notre vie, unique et fragile... éphémère. Les uns sont éternels, les autres condamnés.
Il faut donc être scientifique et poète.
L'un sans l'autre serait catastrophique.
Car ce sont bien deux dispositions mentales, deux ontologies.
L'une connaît le monde comme des objets, l'autre ressent l'existence.
L'une tend vers l'éternité : la manière dont les objets se meuvent, les lois du mouvement. L'autre est prise par le monde éphémère et se soucie de son existence, de l'existence des êtres qui lui sont chers, de tous ces moments précieux qui ne se reproduiront plus, jamais plus. Or, cette dimension fragile de l'existence donne du relief à la vie. J'y pensais ce matin par exemple, parce qu'un pigeon vient régulièrement me demander des graines, il est quasiment apprivoisé et je trouve ces moments beaux. Or, je sais bien qu'un jour, il ne viendra plus. Ce moment est d'autant plus précieux qu'il est irrémédiablement condamné à n'être plus. Je me dis souvent que la meilleure vie que l'on puisse vivre c'est celle que l'on vit maintenant. C'est elle que nous regretterons et à propos de laquelle nous aurons toujours le sentiment d'avoir été ingrat. Comment pouvions-nous nous plaindre et faire des caprices d'enfants, alors que nous avions tout ce qu'aujourd'hui nous avons inexorablement perdu ?
Ce temps précieux ne l'est pas pour l'autre ontologie qui ne voit pas cette dimension éphémère de l'existence. La science est neutre du point de vue du temps. Elle est en-soi et non pour-soi. Il n'est plus pour elle de bien ni de mal, de beau ni de laid, d'ordre ni de désordre etc. Adopter ce point de vue est intéressant si l'on veut pouvoir comprendre et non juger des phénomènes du monde. Or, il est courant que les hommes prennent leurs désirs pour la réalité et qu'ils s'imaginent vivre dans un monde fait pour eux. De ce fait, la moindre contrariété est pour eux un crime causé par la méchanceté, un mal. Il cherche des coupables pour tout, comme si quelqu'un cherchait en tout à les priver du bonheur qu'ils croient leur être dû. Cette mauvaise disposition mentale, disposition superstitieuse, est bien amendée par les sciences qui enseignent en tout à ne juger que des causes véritables qui ne sont ni bonnes ni mauvaises et très rarement faîtes pour ou contre nous.
Il me semble que je comprends votre point de vue.
Il est celui de la connaissance ontique de l'homme tel un étant-là-devant parmi d'autres étants-là-devant.
C'est aussi il me semble le point de vue de Spinoza : l'homme n'est pas un empire dans un empire. Il n'est qu'une partie d'un tout plus vaste.
Or, et seulement d'un point de vue spatial, le Dasein n'est pas comme un étant dans un étant (une marionnette dans un boite) : il est au-monde, ouvert au-monde.
Si vous comprenez cette différence qui est assez élémentaire bien que difficile peut-être à saisir et à communiquer, alors vous comprenez que toute les considérations ontiques d'une connaissance comme tirée hors du monde sont non pas premières dans l'expérience, mais reconstituées après coup dans une représentation du monde.
À partir de là, le temps qui est imparti à chacune de ces ouvertures-au-monde est limité et fugace. Le Dasein se sait condamné, non pas uniquement en tant que sujet, mais en tant qu'ouverture-au-monde, c'est le monde qu'il perd en chaque seconde et définitivement lors de l'ultime.
J'ai utilisé le mot "sacré" pour désigner le caractère précieux de ce temps qui nous est offert (surtout, il faut le reconnaître, quand on occupe une position privilégiée et qu'on est relativement heureux, comme je le suis).
Pascal exprime à sa manière l'idée que je défends.Pacal a écrit:L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser ; une vapeur, une goutte d'eau suffit pour le tuer. Mais quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue puisqu'il sait qu'il meurt et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien.
L'extraordinaire grandeur et puissance de l'univers n'est pas du même ordre que la pensée qui se projette dans le temps, se sait mortelle et a conscience de son existence.
Que l'univers n'en sache rien est tout de même le signe que l'ordre du Dasein n'est pas celui d'un étant-là-devant (chose parmi les choses) mais bien un être-là, ouvert-au-monde, et dont l'essence est le souci. L'homme porte un intérêt à sa vie et à celle de ses proches ainsi qu'à tout ce qui peut lui rendre la vie plus vivante (je pense à Dostoievski).
Pourquoi ce souci est-il son essence ?
Il est peut-être son but, sa vocation, ce pourquoi tout le reste n'est qu'un faisceau de renvois (de fait-pour). Comme le disait Kant, l'homme est une fin en soi. Le royaume des fins sur terre, l'instauration d'un paradis terrestre. Mais tout cela est ontologique. Ce n'est pas le simple calcul des avantages et inconvénients des étants pour l'homme (bien que ce calcul fasse partie du souci), ce n'est pas seulement un accord raisonnable entre les besoins des hommes. Pour moi, il existe une autre dimension, plus profonde et mystérieuse, plus créative et plus inventive, elle est la phrase encore non écrite qui demande à être trempée, une sorte de luxe que l'on s'accorde, un caprice divin devant l'étrange beauté éphémère de notre situation.
Luxe
Marc 14
« Καὶ ὄντος αὐτοῦ ἐν Βηθανίᾳ, ἐν τῇ οἰκίᾳ Σίμωνος τοῦ λεπροῦ, κατακειμένου αὐτοῦ, ἦλθεν γυνὴ ἔχουσα ἀλάβαστρον μύρου νάρδου πιστικῆς πολυτελοῦς ; καὶ συντρίψασα τὸ ἀλάβαστρον, κατέχεεν αὐτοῦ κατὰ τῆς κεφαλῆς.
Et comme il était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, pendant qu'il était à table, une femme vint, ayant un vase d'albâtre plein d'un parfum de nard pur de grand prix ; et ayant brisé le vase d'albâtre, elle le lui répandit sur la tête.
Ἦσαν δέ τινες ἀγανακτοῦντες πρὸς ἑαυτούς, καὶ λέγοντες, Εἰς τί ἡ ἀπώλεια αὕτη τοῦ μύρου γέγονεν ;
Mais quelques-uns exprimaient entre eux leur indignation. Pourquoi cette perte du parfum a-t-elle été faite ?
Ἠδύνατο γὰρ τοῦτο πραθῆναι ἐπάνω τριακοσίων δηναρίων, καὶ δοθῆναι τοῖς πτωχοῖς. Καὶ ἐνεβριμῶντο αὐτῇ.
Car ce parfum pouvait être vendu plus de trois cents deniers, et être donné aux pauvres. Et ils murmuraient contre elle.
Ὁ δὲ Ἰησοῦς εἶπεν, Ἄφετε αὐτήν: τί αὐτῇ κόπους παρέχετε ; Καλὸν ἔργον εἰργάσατο ἐν ἐμοί.
Mais Jésus dit : Laissez-la, pourquoi lui faites-vous de la peine ? c'est une bonne œuvre qu'elle a faite à mon égard !
Πάντοτε γὰρ τοὺς πτωχοὺς ἔχετε μεθ’ ἑαυτῶν, καὶ ὅταν θέλητε δύνασθε αὐτοὺς εὖ ποιῆσαι : ἐμὲ δὲ οὐ πάντοτε ἔχετε.
Car vous avez toujours les pauvres avec vous, et quand vous voulez, vous pouvez leur faire du bien ; mais moi, vous ne m'avez pas toujours.
Ὃ ἔσχεν αὕτη ἐποίησεν : προέλαβεν μυρίσαι μου τὸ σῶμα εἰς τὸν ἐνταφιασμόν.
Ce qu'elle a pu, elle l'a fait ; elle a par avance embaumé mon corps pour la sépulture. »
Nous plaçons notre philosophie sous la double ramure de deux ontologies.
La première est infinie, au sens du vrai infini, c’est-à-dire, celui qui n’est pas une réitération sans fin mais plutôt le sans limite, au sens où rien ne peut être pensé en-dehors de lui.
On pense généralement cet infini de manière scientifique comme un enchaînement de causes et de conséquences nécessaires. Pourtant, une telle démarche n’explique pas l’in-fini au sens absolu du terme, puisqu’elle se situe d’emblée dans le faux infini.
Nous reviendrons sur cette distinction plus tard, disons simplement que cette première ontologie est celle de la science.
La seconde est poétique et se situe du point de vue singulier d’un être humain qui sait que chacune de ses secondes est vouée à disparaître.
Un être qui se sait mourant nous l’appelons spirituel.
Ce temps disparaissant est infiniment précieux et rien n’est trop beau pour celui qui se sait mortel.
Voilà pourquoi, la recherche du luxe se heurte parfois au service de l’universel.
Le service de l’universel se situe dans l’ontologie de l’infini, où rien n’est véritablement précieux, ni condamné à mourir, où tout se transforme.
À la rigueur rien n’existe pour soi dans un tel monde, tout est mû par d’autres choses, elles-mêmes mues par d’autres et ainsi de suite.
Dans le texte de Marc, ce sont les pauvres. Les pauvres, en tant que masse informe d’indigents ou, si l’on se voulait plus moderne, en tant que statistique chiffrée, ne sont pas destinés à mourir. Bien sûr chaque pauvre est, d’un point de vue singulier, conscient d’être mortel mais du point de vue plus abstrait de ceux qui ne vivent pas sa vie de l’intérieur et qui l’objectivent donc, il n’est qu’une chose du monde.
Seul Jésus dans le texte de Marc est destiné à mourir, parce qu’il existe d’un point de vue singulier et que sa mort est proche.
Cette différence de focalisation est ce qui caractérise un changement d’ontologie.
Dans le service de l’universel, nous servons les intérêts généraux de la société à laquelle nous appartenons. En réalité, l’ontologie pure de l’infini ne se soucie pas d’intérêts ni particuliers ni généraux. Tout ce qui arrive, arrive selon sa puissance d’être, dans le seul monde possible puisque tout y est nécessaire. Disons que selon notre niveau de conscience nous pouvons en tant qu’êtres humains embrasser plus ou moins universellement le monde qui nous entoure afin de servir au mieux nos intérêts. Or, nos intérêts dépendent d’une longue série de causes dont la compréhension est la condition de notre bonheur.
Pourtant, il existe aussi le caprice, symbolisé par la femme dans la maison de Simon le Lépreux, qui n’est pas motivé par l’intérêt mais qui est simplement une grâce rendue à la beauté de la vie. Cette beauté éphémère du Nevermore : ce temps qui n’est déjà-plus.
Le luxe est un caprice et un tel caprice est spirituel : il est le produit d’une âme qui se sait mourante.
Du point de vue de ceux qui observent un tel comportement spirituel, il s’agit d’égoïsme.
Mais je crois que les pères la vertu, qui se font les champions d’une morale généreuse et résolument tournée vers l’universel, sous-estiment cette passion en l’homme pour l’éphémère beauté de son existence.
Ce n’est pas un péché, seulement une sensibilité plus forte à leur finitude.
Pourquoi alors cet acte spirituel est-il condamné par certaines philosophies ?
Le goût du luxe est considéré comme un péché pour diverses raisons.
La première est évidente, il s’agit de l’égoïsme et du besoin de distinction de ceux qui profitent des richesses de ce monde. C’est le reproche qui est fait à la femme qui verse du parfum dans les cheveux de Jésus : avec cet argent, elle aurait pu sauver des pauvres.
La seconde raison est plus implicite, elle concerne davantage celui qui s’adonne au luxe que ceux qui en sont privés. En effet, celui qui possède beaucoup de choses peut facilement combler ses désirs, si bien qu’il peut en devenir l’esclave et vivre une vie misérable. L’autre problème de la richesse est que chaque chose que l’on possède est un fardeau pour nous, car il nous faut l’entretenir pour qu’elle ne se gâte pas et la protéger de ceux qui voudraient s’en emparer. Finalement celui qui trop possède n’a plus de temps pour entretenir son esprit de livres et de philosophie, il devient l’esclave de biens matériels, voilà pourquoi s’adonner au luxe passe pour une activité peu spirituelle.
Mais ces conseils de sagesse n’expliquent pas pourquoi la vie est infiniment précieuse pour l’homme qui se sait mortel et pourquoi il désire capricieusement une belle vie.
Pour autant, je suis de ceux qui veulent mesurer cet attrait pour le luxe et pour l’existentialisme plus généralement.
Les deux ontologies que nous essayons de dégager doivent se compléter l’une l’autre et l’on ne peut raisonnablement choisir l’une aux dépens de l’autre.
Si l'on part d'une définition du monde objective et neutre, celle des sciences : rien ne pourra jamais être sensible ou vivant.
C'est simplement que la logique est mécanique et froide.
Elle permet de comprendre mais pas de ressentir de l'intérieur ce que c'est que d'être vivant.
Je crois les poètes plus proches des fleurs que les botanistes.
Ils sont plus proches de l'intérieur.
Parce que toute connaissance est extérieure : elle fait de vous un objet, observé et calculé.
Elle vous aliène.
Donc pour la science rien ne sent, rien n'existe, tout est objet de pensé.
Donc ce n'est pas étonnant que pour elle, le passage entre le monde physique et biologique soit problématique.
La science ne dit rien de la vie, qui n'est pas objectivable.
Il existe un hiatus entre les explications scientifiques du monde et le fait de se sentir simplement vivant.
Parce que dans un cas nous avons affaire à de simples phénomènes et dans l'autre il s'agit de notre vie, unique et fragile... éphémère. Les uns sont éternels, les autres condamnés.
Il faut donc être scientifique et poète.
L'un sans l'autre serait catastrophique.
Car ce sont bien deux dispositions mentales, deux ontologies.
L'une connaît le monde comme des objets, l'autre ressent l'existence.
L'une tend vers l'éternité : la manière dont les objets se meuvent, les lois du mouvement. L'autre est prise par le monde éphémère et se soucie de son existence, de l'existence des êtres qui lui sont chers, de tous ces moments précieux qui ne se reproduiront plus, jamais plus. Or, cette dimension fragile de l'existence donne du relief à la vie. J'y pensais ce matin par exemple, parce qu'un pigeon vient régulièrement me demander des graines, il est quasiment apprivoisé et je trouve ces moments beaux. Or, je sais bien qu'un jour, il ne viendra plus. Ce moment est d'autant plus précieux qu'il est irrémédiablement condamné à n'être plus. Je me dis souvent que la meilleure vie que l'on puisse vivre c'est celle que l'on vit maintenant. C'est elle que nous regretterons et à propos de laquelle nous aurons toujours le sentiment d'avoir été ingrat. Comment pouvions-nous nous plaindre et faire des caprices d'enfants, alors que nous avions tout ce qu'aujourd'hui nous avons inexorablement perdu ?
Ce temps précieux ne l'est pas pour l'autre ontologie qui ne voit pas cette dimension éphémère de l'existence. La science est neutre du point de vue du temps. Elle est en-soi et non pour-soi. Il n'est plus pour elle de bien ni de mal, de beau ni de laid, d'ordre ni de désordre etc. Adopter ce point de vue est intéressant si l'on veut pouvoir comprendre et non juger des phénomènes du monde. Or, il est courant que les hommes prennent leurs désirs pour la réalité et qu'ils s'imaginent vivre dans un monde fait pour eux. De ce fait, la moindre contrariété est pour eux un crime causé par la méchanceté, un mal. Il cherche des coupables pour tout, comme si quelqu'un cherchait en tout à les priver du bonheur qu'ils croient leur être dû. Cette mauvaise disposition mentale, disposition superstitieuse, est bien amendée par les sciences qui enseignent en tout à ne juger que des causes véritables qui ne sont ni bonnes ni mauvaises et très rarement faîtes pour ou contre nous.
Grégor- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 366
Date d'inscription : 14/04/2022
Re: Du langage
Grégor a écrit:
Pourtant, il existe aussi le caprice, symbolisé par la femme dans la maison de Simon le Lépreux, qui n’est pas motivé par l’intérêt mais qui est simplement une grâce rendue à la beauté de la vie. Cette beauté éphémère du Nevermore : ce temps qui n’est déjà-plus.
Vous avez donné un extrait de Marc 14, un long chapitre qui expose comment débute la Passion du Christ (Marc 14, 1-72 jusqu’au reniement de Pierre)
Les grands prêtres et les scribes cherchaient le moyen d’arrêter Jésus (Marc 14, 1-2) et on lit ensuite « l’onction de Béthanie » (Marc 14, 3-9) que vous rapportez.
Juste après cet épisode dans la maison de Simon le Lépreux, « Judas, l’un des Douze, s’en alla offrir aux grands prêtres de leur livrer » (Marc 14, 10)
C’est dans le contexte tragique de la mort prochaine de Jésus qu’il faut replacer le fait rapporté par l’évangéliste : « Alors qu’il était à table, une femme vint, avec un flacon d’albâtre contenant un nard pur de grand prix. Brisant le flacon, elle le lui versa sur la tête ».
Jésus dit alors : « Elle a fait ce qui était en son pouvoir : d’avance elle a parfumé mon corps pour l’ensevelissement »
Mais, en plaçant l'onction à cet endroit de son évangile, Marc n’a-t-il pas voulu faire signe, également vers la Résurrection de Jésus ?
Vanleers- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 4214
Date d'inscription : 15/01/2017
Re: Du langage
Grégor a écrit:Il me semble que je comprends votre point de vue.
Il est celui de la connaissance ontique de l'homme tel un étant-là-devant parmi d'autres étants-là-devant.
[...]
Or, et seulement d'un point de vue spatial, le Dasein n'est pas comme un étant dans un étant (une marionnette dans un boite) : il est au-monde, ouvert au-monde.
Si vous comprenez cette différence qui est assez élémentaire bien que difficile peut-être à saisir et à communiquer, alors vous comprenez que toute les considérations ontiques d'une connaissance comme tirée hors du monde sont non pas premières dans l'expérience, mais reconstituées après coup dans une représentation du monde.
À partir de là, le temps qui est imparti à chacune de ces ouvertures-au-monde est limité et fugace. Le Dasein se sait condamné, non pas uniquement en tant que sujet, mais en tant qu'ouverture-au-monde, c'est le monde qu'il perd en chaque seconde et définitivement lors de l'ultime.
J'ai utilisé le mot "sacré" pour désigner le caractère précieux de ce temps qui nous est offert (surtout, il faut le reconnaître, quand on occupe une position privilégiée et qu'on est relativement heureux, comme je le suis).
"Sacré", "précieux" sont des jugements de valeur. Or, j'ai cru apprendre que toute élucidation phénoménologique commence par l'épochè, c'est-à-dire la suspension du jugement ?
Tu attribues beaucoup de choses à la pensée et à l'univers, et ce que tu leur attribues toi-même, tu le réinterprètes ensuite comme des "signes".L'extraordinaire grandeur et puissance de l'univers n'est pas du même ordre que la pensée qui se projette dans le temps, se sait mortelle et a conscience de son existence.
Que l'univers n'en sache rien est tout de même le signe que l'ordre du Dasein n'est pas celui d'un étant-là-devant (chose parmi les choses) mais bien un être-là, ouvert-au-monde, et dont l'essence est le souci. L'homme porte un intérêt à sa vie et à celle de ses proches ainsi qu'à tout ce qui peut lui rendre la vie plus vivante (je pense à Dostoievski).
Je comprends très bien que quelqu'un pour qui la vie est "sacrée" puisse s'autoriser à un luxe "divin". Puisque, encore une fois, c'est le fondement de toute doctrine humaniste, y compris l'humanisme laïc : Il y a quelque chose de "divin" en l'homme, lorsque ce n'est pas l'Homme lui-même qui est un dieu pour l'homme.Gregor a écrit:Pourquoi ce souci est-il son essence ?
Il est peut-être son but, sa vocation, ce pourquoi tout le reste n'est qu'un faisceau de renvois (de fait-pour). Comme le disait Kant, l'homme est une fin en soi. Le royaume des fins sur terre, l'instauration d'un paradis terrestre. Mais tout cela est ontologique. Ce n'est pas le simple calcul des avantages et inconvénients des étants pour l'homme (bien que ce calcul fasse partie du souci), ce n'est pas seulement un accord raisonnable entre les besoins des hommes. Pour moi, il existe une autre dimension, plus profonde et mystérieuse, plus créative et plus inventive, elle est la phrase encore non écrite qui demande à être trempée, une sorte de luxe que l'on s'accorde, un caprice divin devant l'étrange beauté éphémère de notre situation.
Je ne pourrais être davantage d'accord. Si ce n'est que cette "autre ontologie" dont tu parles et que tu exposes bien voit très clairement la dimension éphémère de l'existence -comme je pense en avoir témoigné, par exemple. Simplement, peut-être qu'elle n'ajoute pas à son expérience de l'existence une dimension "sacrée", et cherche à maintenir une position de neutralité initiale en face de la vie ? En tout cas, c'est ce que je prétends, pour ma part -y compris malgré la monstruosité des conséquences (certes, strictement intellectuelles dans mon cas, mais enfin...)Gregor a écrit:Ce temps précieux ne l'est pas pour l'autre ontologie qui ne voit pas cette dimension éphémère de l'existence. La science est neutre du point de vue du temps. Elle est en-soi et non pour-soi. Il n'est plus pour elle de bien ni de mal, de beau ni de laid, d'ordre ni de désordre etc. Adopter ce point de vue est intéressant si l'on veut pouvoir comprendre et non juger des phénomènes du monde. Or, il est courant que les hommes prennent leurs désirs pour la réalité et qu'ils s'imaginent vivre dans un monde fait pour eux. De ce fait, la moindre contrariété est pour eux un crime causé par la méchanceté, un mal. Il cherche des coupables pour tout, comme si quelqu'un cherchait en tout à les priver du bonheur qu'ils croient leur être dû. Cette mauvaise disposition mentale, disposition superstitieuse, est bien amendée par les sciences qui enseignent en tout à ne juger que des causes véritables qui ne sont ni bonnes ni mauvaises et très rarement faîtes pour ou contre nous.
A part cela, tu as aussi une belle plume, Gregor, c'est indéniable.
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Re: Du langage
Grégor a écrit:
C'est aussi il me semble le point de vue de Spinoza : l'homme n'est pas un empire dans un empire. Il n'est qu'une partie d'un tout plus vaste.
Ce n’est pas aussi simple et je me permets de citer un post dans lequel j'écrivais que, dans le modèle du réel construit par Spinoza, un homme considéré dans son essence était une partie « totale » de Dieu.
Vanleers a écrit:On s’inspirera d’un article de Joseph Moreau Nature et individualité chez Spinoza et Leibniz, qu’on peut lire en :
http://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1978_num_76_32_6001Joseph Moreau a écrit: Cette notion de « partie totale », par laquelle Leibniz désigne les esprits et plus généralement les individus doués de perception ou monades, éclaire rétrospectivement la notion spinoziste de mode.
De même que notre corps, en son essence, est un mode éternel de l’attribut Étendue, notre esprit, en tant qu’il comprend (qu’il est un entendement) est un mode éternel de l’attribut Pensée (Ethique V 40 sc.)
Si un homme, considéré dans son existence dans la durée, est bien une partie de la Nature (Ethique IV 4), considéré dans son essence, il est un mode de la Substance éternelle, une partie de la Nature que l’on dira « totale » pour la distinguer de la simple partie énoncée ci-avant.
La science intuitive est donc cette connaissance par laquelle nous sommes conscients que nous-mêmes et toutes choses sont des modes, des « parties totales » de Dieu.
Sylvain Zac a donc raison d’écrire (L’idée de vie dans la philosophie de Spinoza) :Sylvain Zac a écrit: Mais la suprême sagesse, fondée sur « l’amour intellectuel de Dieu », conscience de l’éternité de notre esprit, mode éternel du penser, partie de l’entendement éternel et infini de Dieu, ne saurait comporter de degrés, car, à ce niveau, le Sage, sans se perdre en Dieu, tout en gardant son essence individuelle, est en quelque sorte Dieu lui-même. L’union de l’homme avec Dieu […] est certes union du fini avec l’infini, mais comme le fini est mode de l’infini, comme le fini vit et demeure dans l’infini, cette union, ou plus précisément cette prise de conscience de cette union, est unité plus qu’union. (pp. 187-188)
Vanleers- Digressi(f/ve)
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