La chose et l'objet
Page 1 sur 1
La chose et l'objet
La chose et l’objet
La philosophie transcendantale de Kant a banni la chose de la philosophie, en soutenant que la chose en soi est inconnaissable et transcendante (transcendantal signifie que notre perception est subjective et non transcendante), et que « l'être n'est pas un prédicat réel ». D'après Kant, l'être n'est pas une réalité mais un concept grammatical par lequel nous indiquons et qualifions les choses, car nous ne pouvons pas vérifier l'existence objective et extérieure d'une chose. A partir de Kant, l'être est remplacé en philosophie par le phénomène (qui signifie étymologiquement apparaître), qu'analysera la phénoménologie, et la chose par l'objet.
Mais en renonçant à l'être et à la chose, nous renonçons au réel et à l'absolu, et cantonnons la philosophie à la sphère subjective. Heidegger a tenté de réintroduire l'être en philosophie, mais a transformé ce concept simple en concept mystique et antisémite. L'être, selon Heidegger, serait profond, enraciné, lié à la terre, et historiquement prédestiné. Le Juif représente dans ce schéma le non-être ou l'étant (sorte de sous-être ou d'être inessentiel), parce qu'il est allogène et étranger au destin des nations. Par analogie, la plante serait un être, alors qu'une mauvaise herbe ou un parasite serait un étant (on devine dans quelle catégorie l'ontologie de Heidegger place les Juifs). Heidegger a de cette manière réussi à obscurcir et à salir le concept le plus simple et le plus pur de la philosophie.
Si l'être est exclu de la philosophie, celle-ci perd son caractère contemplatif, car c'est principalement l'être que l'on contemple. D'après Aristote, l'origine de la philosophie est l'étonnement devant l'être. La chose est un être. Elle peut donc servir à régénérer l'être en philosophie.
La chose est naturelle, alors que l'objet est culturel (créé par l'homme). Cette distinction essentielle est rarement faite. Elle reprend la distinction aristotélicienne entre la nature et la culture. La philosophie moderne, y compris la phénoménologie, confondent la chose et l'objet, niant le statut particulier de la chose. La phénoménologie voulait « retourner aux choses mêmes », mais nous en a en réalité éloignés.
Ensuite, la chose est objective, existe en soi (bien que son apparence soit subjective), alors que l'objet est en partie subjectif (la matière de l'objet est objective, mais sa forme est subjective), existe par rapport à nous. La forme n'est pas l'apparence : celle-là définit l'être particulier, alors que celle-ci est accidentelle. Par exemple, le soleil nous paraît jaune, mais cette qualité accidentelle et subjective du soleil ne le définit pas. La forme du soleil est d'être une étoile.
Un objet est par l'homme et pour l'homme. Sa forme et sa fonction sont donc humaines. Seul l'homme peut identifier l'objet, comme l'a expliqué la phénoménologie. Un crayon, par exemple, n'est un crayon que pour l'homme. Pour la nature, le crayon n'est qu'un morceau de bois.
Le fait que l'objet soit humain lui donne une familiarité et une clarté que n'ont pas les choses. Leur statut eidétique (relation de la conscience à l'objet) est donc différent : l'objet est clair et distinct (la clarté concerne la forme d'une chose, la distinction sa finalité ; l'opposé de clair est confus, l'opposé de distinct est obscur) parce qu'il réfléchit notre propre nature et que l'on sait sa finalité, alors que la chose est à la fois claire et obscure : claire, parce que nous pouvons connaître sa forme par l'expérience ou par la science, et obscure, parce que sa finalité est mystérieuse. La chose a aussi un caractère mystique, parce qu'elle révèle ou suggère l'extériorité du monde et manifeste donc le réel. Par analogie, l'objet est un miroir, alors que la chose est une fenêtre.
On ne contemple pas les objets, parce qu'ils nous sont familiers et ne nous étonnent pas, alors qu'on contemple le monde et la nature (qui sont des choses), parce qu'ils nous transcendent et nous étonnent par leur existence même. En revanche, on contemple la qualité des objets, parce qu'elle exprime le génie humain.
Avec l'urbanisation, les objets envahissent le paysage (la ville est elle-même un immense objet). Nous sommes environnés d'objets et ne voyons plus la nature. Donc la chose a non seulement été exclue conceptuellement de la philosophie, mais est physiquement exclue de la vie moderne par la civilisation.
La part de nature que nous avons gardée ou introduite en ville (les parcs, les arbres, etc.) est aliénée par son utilité et son arrangement humains et ressemble donc davantage à un objet qu'à une chose. Les choses peuvent être humanisées et perdent alors leur beauté naturelle, qui vient principalement de leur spontanéité. Par exemple, une fontaine est une cascade humanisée, mais ne sera pas du tout perçue de la même façon (on contemplera la cascade mais pas la fontaine, qui est un objet malgré son imitation de la nature).
La nature resurgit parfois en ville ou à la campagne (qui est aussi une région fortement humanisée), quand elle se manifeste librement devant nous et nous rappelle alors ce qu'est une chose : une tempête pluviale en ville, un lièvre ou un renard traversant un champ à la campagne, etc. Ces instants sont précieux, parce qu'ils nous rappellent ce qu'est la nature.
La civilisation remplace esthétiquement la nature par l'art (au sens libéral). L'objet d'art est un objet singulier, par sa beauté et sa libéralité, opposé à l'objet fonctionnel ou consommable. De plus, l'objet d'art semble naturel (l'art cache l'art). Il a donc trois qualités de la chose : beauté, liberté (l'art est une finalité sans fin, comme l'a dit Kant, et ressemble en cela à la nature, dont on ne connaît pas les fins) et spontanéité (qualité apparente dans l'art). Mais l'objet d'art reste humain et n'a donc pas le même statut ontologique et eidétique qu'une chose.
La chose désigne la nature, mais aussi ce qui la transcende, notamment les Idées et Dieu (Platon s'est intéressé aux Idées, Aristote à Dieu), qui sont des choses parce qu'ils sont éternels et précèdent la culture. L'athéisme et le relativisme (selon lequel une idée comme la justice est relative et non universelle et absolue, et par conséquent n'est pas une essence éternelle), qui dominent la culture contemporaine, nient l'existence de ces choses et expliquent donc l'effacement de la chose dans la culture et plus particulièrement en philosophie.
Pour renouer avec la chose et pouvoir la penser et la contempler, il n'est donc pas nécessaire de recourir à la nature et de s'aventurer à l'extérieur. Il suffit de réfléchir et de retrouver en soi les Idées et Dieu, qui sont des idées innées en nous (bien qu'ils existent hors de nous et hors du monde), comme l'ont démontré Platon (concernant les Idées) et Descartes (concernant Dieu). D'après les philosophes, contempler les choses (naturelles et surnaturelles) et se détacher des objets, qui nous aliènent en nous occupant inutilement et nous abaissent en nous divertissant, est la finalité de la philosophie.
Une chose reste intacte et éternelle dans la civilisation : la femme, qui appartient à la fois à l'humanité et à la nature (l'homme en tant que penseur et technicien est beaucoup plus éloigné de la nature). La femme possède une nature et un naturel irréductibles. Elle rappelle donc la chose (une chose peut être animée et consciente, son principal attribut étant la liberté et non la matière) tout en réfléchissant l'humanité. En conséquence, elle est une source spirituelle (la chose étant un objet spirituel) qui permet de résister à l'aliénation matérielle et de donner un sens profond à une existence machinale, coupée de la nature.
La femme a le même statut eidétique qu'une chose, parce qu'elle est mystérieuse et résiste à l'analyse. Son intériorité développée lui confère aussi une forme de transcendance. Enfin, sa beauté idéale lui donne un aspect surnaturel et la rend supérieure à la culture, qui caractérise l'objet. Sa beauté fait d'elle aussi un objet de contemplation, comme la nature. On retrouve donc dans la femme tous les attributs de la chose : libre, belle, naturelle (même surnaturelle) et mystérieuse. Pour finir, la femme est la seule chose qui soit par Dieu pour l'homme (une chose est normalement par Dieu et pour Dieu, tandis que l'objet est par l'homme et pour l'homme), ce qui rend sa situation unique et complexe, entre liberté et dépendance.
Mais en renonçant à l'être et à la chose, nous renonçons au réel et à l'absolu, et cantonnons la philosophie à la sphère subjective. Heidegger a tenté de réintroduire l'être en philosophie, mais a transformé ce concept simple en concept mystique et antisémite. L'être, selon Heidegger, serait profond, enraciné, lié à la terre, et historiquement prédestiné. Le Juif représente dans ce schéma le non-être ou l'étant (sorte de sous-être ou d'être inessentiel), parce qu'il est allogène et étranger au destin des nations. Par analogie, la plante serait un être, alors qu'une mauvaise herbe ou un parasite serait un étant (on devine dans quelle catégorie l'ontologie de Heidegger place les Juifs). Heidegger a de cette manière réussi à obscurcir et à salir le concept le plus simple et le plus pur de la philosophie.
Si l'être est exclu de la philosophie, celle-ci perd son caractère contemplatif, car c'est principalement l'être que l'on contemple. D'après Aristote, l'origine de la philosophie est l'étonnement devant l'être. La chose est un être. Elle peut donc servir à régénérer l'être en philosophie.
La chose est naturelle, alors que l'objet est culturel (créé par l'homme). Cette distinction essentielle est rarement faite. Elle reprend la distinction aristotélicienne entre la nature et la culture. La philosophie moderne, y compris la phénoménologie, confondent la chose et l'objet, niant le statut particulier de la chose. La phénoménologie voulait « retourner aux choses mêmes », mais nous en a en réalité éloignés.
Ensuite, la chose est objective, existe en soi (bien que son apparence soit subjective), alors que l'objet est en partie subjectif (la matière de l'objet est objective, mais sa forme est subjective), existe par rapport à nous. La forme n'est pas l'apparence : celle-là définit l'être particulier, alors que celle-ci est accidentelle. Par exemple, le soleil nous paraît jaune, mais cette qualité accidentelle et subjective du soleil ne le définit pas. La forme du soleil est d'être une étoile.
Un objet est par l'homme et pour l'homme. Sa forme et sa fonction sont donc humaines. Seul l'homme peut identifier l'objet, comme l'a expliqué la phénoménologie. Un crayon, par exemple, n'est un crayon que pour l'homme. Pour la nature, le crayon n'est qu'un morceau de bois.
Le fait que l'objet soit humain lui donne une familiarité et une clarté que n'ont pas les choses. Leur statut eidétique (relation de la conscience à l'objet) est donc différent : l'objet est clair et distinct (la clarté concerne la forme d'une chose, la distinction sa finalité ; l'opposé de clair est confus, l'opposé de distinct est obscur) parce qu'il réfléchit notre propre nature et que l'on sait sa finalité, alors que la chose est à la fois claire et obscure : claire, parce que nous pouvons connaître sa forme par l'expérience ou par la science, et obscure, parce que sa finalité est mystérieuse. La chose a aussi un caractère mystique, parce qu'elle révèle ou suggère l'extériorité du monde et manifeste donc le réel. Par analogie, l'objet est un miroir, alors que la chose est une fenêtre.
On ne contemple pas les objets, parce qu'ils nous sont familiers et ne nous étonnent pas, alors qu'on contemple le monde et la nature (qui sont des choses), parce qu'ils nous transcendent et nous étonnent par leur existence même. En revanche, on contemple la qualité des objets, parce qu'elle exprime le génie humain.
Avec l'urbanisation, les objets envahissent le paysage (la ville est elle-même un immense objet). Nous sommes environnés d'objets et ne voyons plus la nature. Donc la chose a non seulement été exclue conceptuellement de la philosophie, mais est physiquement exclue de la vie moderne par la civilisation.
La part de nature que nous avons gardée ou introduite en ville (les parcs, les arbres, etc.) est aliénée par son utilité et son arrangement humains et ressemble donc davantage à un objet qu'à une chose. Les choses peuvent être humanisées et perdent alors leur beauté naturelle, qui vient principalement de leur spontanéité. Par exemple, une fontaine est une cascade humanisée, mais ne sera pas du tout perçue de la même façon (on contemplera la cascade mais pas la fontaine, qui est un objet malgré son imitation de la nature).
La nature resurgit parfois en ville ou à la campagne (qui est aussi une région fortement humanisée), quand elle se manifeste librement devant nous et nous rappelle alors ce qu'est une chose : une tempête pluviale en ville, un lièvre ou un renard traversant un champ à la campagne, etc. Ces instants sont précieux, parce qu'ils nous rappellent ce qu'est la nature.
La civilisation remplace esthétiquement la nature par l'art (au sens libéral). L'objet d'art est un objet singulier, par sa beauté et sa libéralité, opposé à l'objet fonctionnel ou consommable. De plus, l'objet d'art semble naturel (l'art cache l'art). Il a donc trois qualités de la chose : beauté, liberté (l'art est une finalité sans fin, comme l'a dit Kant, et ressemble en cela à la nature, dont on ne connaît pas les fins) et spontanéité (qualité apparente dans l'art). Mais l'objet d'art reste humain et n'a donc pas le même statut ontologique et eidétique qu'une chose.
La chose désigne la nature, mais aussi ce qui la transcende, notamment les Idées et Dieu (Platon s'est intéressé aux Idées, Aristote à Dieu), qui sont des choses parce qu'ils sont éternels et précèdent la culture. L'athéisme et le relativisme (selon lequel une idée comme la justice est relative et non universelle et absolue, et par conséquent n'est pas une essence éternelle), qui dominent la culture contemporaine, nient l'existence de ces choses et expliquent donc l'effacement de la chose dans la culture et plus particulièrement en philosophie.
Pour renouer avec la chose et pouvoir la penser et la contempler, il n'est donc pas nécessaire de recourir à la nature et de s'aventurer à l'extérieur. Il suffit de réfléchir et de retrouver en soi les Idées et Dieu, qui sont des idées innées en nous (bien qu'ils existent hors de nous et hors du monde), comme l'ont démontré Platon (concernant les Idées) et Descartes (concernant Dieu). D'après les philosophes, contempler les choses (naturelles et surnaturelles) et se détacher des objets, qui nous aliènent en nous occupant inutilement et nous abaissent en nous divertissant, est la finalité de la philosophie.
Une chose reste intacte et éternelle dans la civilisation : la femme, qui appartient à la fois à l'humanité et à la nature (l'homme en tant que penseur et technicien est beaucoup plus éloigné de la nature). La femme possède une nature et un naturel irréductibles. Elle rappelle donc la chose (une chose peut être animée et consciente, son principal attribut étant la liberté et non la matière) tout en réfléchissant l'humanité. En conséquence, elle est une source spirituelle (la chose étant un objet spirituel) qui permet de résister à l'aliénation matérielle et de donner un sens profond à une existence machinale, coupée de la nature.
La femme a le même statut eidétique qu'une chose, parce qu'elle est mystérieuse et résiste à l'analyse. Son intériorité développée lui confère aussi une forme de transcendance. Enfin, sa beauté idéale lui donne un aspect surnaturel et la rend supérieure à la culture, qui caractérise l'objet. Sa beauté fait d'elle aussi un objet de contemplation, comme la nature. On retrouve donc dans la femme tous les attributs de la chose : libre, belle, naturelle (même surnaturelle) et mystérieuse. Pour finir, la femme est la seule chose qui soit par Dieu pour l'homme (une chose est normalement par Dieu et pour Dieu, tandis que l'objet est par l'homme et pour l'homme), ce qui rend sa situation unique et complexe, entre liberté et dépendance.
Kokof- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 157
Date d'inscription : 07/03/2019
Sujets similaires
» Qu'est-ce qu'une chose ?
» Où est la "chose en soi" ?
» Qu'est-ce qu'une chose abstraite ?
» Kant la chose en soi et Fichte
» Y a-t-il quelque chose en nous qui échappe à la culture?
» Où est la "chose en soi" ?
» Qu'est-ce qu'une chose abstraite ?
» Kant la chose en soi et Fichte
» Y a-t-il quelque chose en nous qui échappe à la culture?
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum