La femme

[Kokof]

La femme

Outre son rôle de mère, la femme a un destin métaphysique. Elle ne se résume pas à la maternité, ni à la société ou à l’humanité. Certains conçoivent aujourd’hui la femme comme un simple être humain, comme si l’espèce pouvait définir la femme et percer sa complexité. Définir la femme comme un homme, c’est nier sa singularité et sa place particulière dans l’humanité. C’est aussi oublier ce que la femme apporte au monde, en dehors de l’humanité. La femme étant l’ultime création de Dieu, elle doit aussi être pensée sous ce rapport. Pourquoi Dieu a-t-il créé la femme ? D’abord, la femme complète l’homme. Ensuite elle parachève la Création.

L’imperfection masculine est patente. L’homme est indéterminé. Il se cherche. Dieu a probablement conçu l’homme ainsi pour créer un être libre. La femme, plus déterminée et plus aboutie, a été créée pour équilibrer l’humanité, menacée par l’imperfection masculine. Si l’homme est imparfait, la femme au contraire est d’une perfection étonnante : ses instincts sont réglés et mesurés, ses désirs sont purs, ses aspirations sereines et ses ambitions pacifiques. Elle semble imperfectible (la perfectibilité ne concerne que l’homme). La femme sert donc de pilier social et de norme régulatrice pour éviter que l’humanité ne dérive trop ou sombre à cause du mal engendré par la liberté masculine. Historiquement, la femme a aussi pour fonction de renouveler l’humanité en donnant naissance à des hommes potentiellement meilleurs (parce qu’ils naissent innocents et peuvent apprendre des erreurs de leurs parents et de l’humanité passée).

Mais la femme a un autre rôle. L’homme est un être si unique qu’il est éloigné de tout : de Dieu, de l’animal et de l’ange. La femme est un être intermédiaire entre l’humain et le non-humain : elle est proche de l’animal (par sa condition et ses instincts), de l’enfant (par son innocence et sa fragilité) et de l’ange (par sa pureté et sa beauté). La femme est donc une synthèse de différents types de créature et de plusieurs états d’innocence. Elle réduit ainsi l’isolement de l’humain dans la nature. Cela explique pourquoi la Genèse dit que la femme a été créée pour que l’homme ne soit pas seul. Il s’agit ici d’une solitude ontologique due à la singularité de l’homme. La femme rapproche l’humanité de la nature. Moralement, elle est aussi un modèle de sainteté, qui rapproche l’homme du Ciel (ou le Ciel de l’homme). Avant le Médiateur, Dieu a envoyé une médiatrice.

La femme doit aussi être pensée par rapport à la Création (et pas seulement par rapport à l’homme). La femme est l’ultime création de Dieu, qui a voulu résumer la Création en elle (à la façon du bouclier d’Achille), tout en la dépassant esthétiquement (car il ne fallait pas non plus que la femme répète simplement la Création). La femme, en tant que création ultime, devait être à la fois le chef-d’œuvre de Dieu, donc la plus belle et la plus parfaite créature qui soit, et une synthèse de la Création, qui permette d’embrasser tout l’univers et ses merveilles à une petite échelle (l’esprit de Dieu pouvant embrasser tout l’univers, cette fonction de la femme s’adresse surtout à l’homme, qui a une vue limitée).

D’abord, la femme évoque tous les éléments : elle a la légèreté du vent, la fertilité de la terre, la douceur de l’eau et l’éclat du feu. Ensuite, elle ressemble à tous les animaux (le poisson, l’oiseau, la fourmi, le félin, le serpent, etc.) et rappelle des paysages variés (la vallée, le champ, la rivière, le désert, la montagne enneigée, le volcan endormi, etc). Enfin, elle évoque l’espace (on ne sait pas si l’espace est une image du ventre féminin ou si le ventre féminin est une image de l’espace), un astre (aussi bien une étoile qu’une planète), en particulier la Terre et la Lune, et une constellation. La femme est donc une image de la Terre, de la vie et de l’univers. Mais sa beauté surpasse toute la Création, c’est pourquoi la beauté féminine semble surnaturelle. En tant que beauté supérieure à la nature, la beauté féminine est transcendante.
En conclusion, la femme n’est pas seulement un humain, mais une création originale et une synthèse totale du monde, où se concentre tout le génie artistique de Dieu.

Dans la Création, la femme a un dernier rôle : alléger le monde par sa futilité et sa contingence. Les plantes et les animaux devaient être créés (car il fallait que la vie existe pour que le monde ait un sens), et tous les organismes étaient écologiquement nécessaires. L’homme aussi devait être créé, car il fallait une conscience et une âme dans l’univers. En revanche, quelle est la nécessité métaphysique de la femme ? Sa vanité apparente a longtemps alimenté la misogynie, qui y voit la preuve de l’infériorité féminine. En fait, c’est justement la superficialité et la contingence de la femme qui la justifient, font son charme et apportent une légèreté et une grâce à l’univers, qui autrement aurait été entièrement soumis à la nécessité. Les animaux doivent vivre, les hommes doivent penser. Mais la femme n’a pas de devoir métaphysique (c’est pourquoi la femme est plus libre que l’homme, dont la liberté est limitée et régie par le devoir). Elle orne généreusement l’univers. La Création aurait été moins parfaite si elle avait été plus parfaite (sans création inutile). La femme est la touche finale de Dieu à la Création, qu’il a parachevée avec une nuance de futilité.