NIETZSCHE Une semaine sur Fr. Culture.

[kercoz]

Lien sur la derniere émission :
https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/nietzsche-le-gai-savoir-44-dieu-est-mort

Passionnant et tres accessible. F.N. rejette absolument l' organicisme, ce en quoi je pense qu' il se trompe en argumentant une absence de finalité. L' évolution avance sans finalisme mais par erreurs et essais, en épuisant les niches.
La série d' émission est intéressante ( intervenants différents chaque jour), mais celle d' aujourd' hui est remarquable.

[maraud]

Nietzsche ne tire pas la synthèse de son " évolutionnisme " et de son " hindouisme"; ce qui est dommage ( pas eu le temps j'imagine). En tout cas son éternel retour n'est autre que la doctrine des cycles du Védenta ( dans une approche partielle puisqu'on la découvrait tout juste en Occident)

Il ne pouvait qu'être suspicieux face à une éventuelle finalité, puisqu'il avait ,malgré tout, l'intuition d'un retour qui serait le même mais sans être le même... ( ce qui correspond parfaitement à un déroulement en spirale, c'est à dire à un mouvement cyclique qui reproduit un même* irréversible donc éternel)


* si revivre le même contredit l’irréversibilité du temps, il faut, pour ne pas achopper, que ce même revienne tout en ne contredisant pas cette irréversibilité. Ne revivant pas ce même avec la mémoire de l'avoir déjà vécu, il faut bien qu'il échappe à la mémoire, autrement dit qu'il ne soit pas vécu dans le même état d'être: si je dois revivre une même existence sans en avoir la mémoire, il faut que je sois un autre sans quoi la mémoire n'implique pas la conscience; ce qui serait absurde.

Il n'y a pas d'organicisme là où il n'y a pas d'organe, or si le problème est considéré d'un point de vue purement métaphysique, il ne peut être question d'un organisme qui, lui, relève de la physique.

[kercoz]

Il n'y a pas d'organicisme là où il n'y a pas d'organe, or si le problème est considéré d'un point de vue purement métaphysique, il ne peut être question d'un organisme qui, lui, relève de la physique.

Pas évident: Pour former un organe plus complexe, la cellule qui était éternelle et potentielle, en se spécialisant perd son éternité ( scissiparité) et sa liberté de choix. On peut aisément montrer une homologie entre individu et cellule, société et organisme.

[maraud]

Il n'y a rien d'éternel dans la cellule; c'est un agencement à court terme de "nanobactéries". Les nanobactérie, en revanche, peuvent durer une temps géologique sans perdre leur potentialité de reviviscence.

..........

L'organicisme dit que tout est système; le vivant comme l'inerte et obéit à l'idée que l'univers ne gagne ni ne perd en masse/énergie, et Nietzsche a tort, si c'est le cas, de ne pas admettre ce fait. Maintenant, ce fait peut très bien s'intégrer dans l'éternel retour et dans la volonté de puissance, puisque l'Organe en question est limité matériellement et qu'en cela il n'est pas un absolu, mais un relatif.

[Morologue]

Je tombe là-dessus, de 2003 déjà ! : The Telegraph - 'Madness' of Nietzsche was cancer not syphilis

[Jans]

En allemand, Nietzsche parle de : "die ewige Wiederkehr des Gleichen" : l'éternel retour... du même ? du semblable ?
L'allemand cultivé distingue dasselbe de das gleiche :  le même et le semblable : On dira Peter und Hans haben einen Golf, sie haben das gleiche Auto : Peter et Hans ont une Golf, ils ont la même voiture (mais il y en a deux) ; on ne pourra pas dire ici : dasselbe.
Au quotidien, la plupart des Allemands disent le plus souvent gleich au sens de selb, ce qui complique les choses. Mais je suppose que Nietzsche faisait la différence.

[axolotl]

Ne pas confondre le Gai savoir et le savoir gay.
Chépa , sur Nietzsche, j'ai envie de raconter des bêtises.

[Morologue]

L'anglais gay signifie gai.

Au-delà, s'il fallait psychanalyser Nietzsche, il pourrait avoir eu - pour le dire dans ses termes à lui - une forte spiritualisation d'un instinct homophilique at least. Entre sa philologie le mettant en contact avec l'Antiquité et sa conception de l'amitié masculine - sans parler de l'homosexualité initiatique grecque ni de l'éphébophilie romaine, - l'image où on le voit avec Paul Rée et Lou Salomé, et d'abord sa thèse des épousailles d'Apollon et Dionysos dans la tragédie attique - sans parler non plus de son obsession paranoïde pour Richard Wagner à travers la figure idéalisée de sa femme en Ariane (et lui, Nietzsche, en Thésée !) à l'heure de la folie notamment ... ^^

Au reste, la psychanalyste Dolto dit de l'homosexualisme qu'il est une puissante tendance à s'adonner à "la culture" jusqu'à s'y sacrifier - ce qui ne signifie pas qu'on y sera mémorable. Mais la culture est un objet central de la pensée de Nietzsche, et il y a le critique William Marx, récemment, qui a écrit un livre valorisant tout l'apport homosexual à la vie de l'esprit. N'oublions pas qu'André Gide, Oscar Wilde, etc. sont des figures emblématiques des cultures occidentales, de l'ère industrielle vigoureuse déjà ^^
Et Verlaine, et Rimbaud, sans qui la poésie française ... quoi ? n'aurait pas connu d'apothéose finale ? ^^ (car de poésie, aujourd'hui, on n'en trouve plus guère). Néanmoins après eux, Apollinaire, et ça n'est pas que Paul Valéry soit homosexuel, mais son nom est efféminé, à n'en point douter (ceci dit sans tomber dans le cliché de l'homosexuel efféminé, puisque l'effémination ne fait pas l'homosexuel, etc. mais bon, les stéréotypes sont bel et bien des indicateurs socioculturels).
Enfin, Nietzsche était en dialectique psychopoétique avec Baudelaire, plutôt gynophobe dans l'âme quoiqu'amateur sensuel de félinité ...

A savoir, donc, que - ici comme ailleurs - tu (te) rabougris pour rien, axolotl ^^

[Were-one]

Je conseille vraiment l'écoute de Philippe Sollers, qui a de la sensibilité. C'est disponible sur YouTube - Écoute de Nietzsche, leçon philosophique de Philippe Sollers. Après bien sûr on peut toujours juger qu'il ergote et exagère avec le Nietzsche francophile, sans compter qu'on juge souvent que Philippe Sollers palabre, et ainsi il ferait de Nietzsche son miroir. Néanmoins Sollers est le premier chez qui j'entends le concept de corporation, le fait de corporer, et je crois qu'il essaie de rendre cela, mais comment le verbaliser ? Ça passe par des comparaisons culturelles, littéraires, artistiques, donc sensibles, et par une telle mise en scène peut-être, comme s'il pouvait être à Nietzsche ce que Lacan fut à Freud.

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