Deleuze
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Re: Deleuze
A part ça et pour la énième fois, ce qui est dit dans le texte, c'est que la morale fait l'opération malsaine de s'auto-justifier en prenant des valeurs établies pour ce faire.
Par exemple : "ah voyez la culpabilité, tout le monde culpabilise c'est donc la preuve de l'existence du Bien"
(niveau CM2 les gars)
Par exemple : "ah voyez la culpabilité, tout le monde culpabilise c'est donc la preuve de l'existence du Bien"
(niveau CM2 les gars)
Re: Deleuze
maraud a écrit:
On a envie de lire la suite de Deleuze, pour voir comment il unifie morale et éthique...
Je ne réponds pas en ce qui concerne Deleuze mais pour ce qui est de Spinoza, je dirai ceci.
Spinoza démontre que l’homme qui vit sous la conduite de la raison fait preuve de fermeté (animositas) et de générosité (generositas) les deux étant des affects actifs (actions) et non des affects passifs (passions).
Ces deux affects sont des composantes indissociables de la force d’âme (fortitudo).
La fermeté se subdivise en espèces, dont trois sont mentionnées par Spinoza :
1) La frugalité est le désir de se conserver sous la dictée de la raison ou la fermeté appliquée à la nourriture
2) La sobriété est la fermeté appliquée à la boisson
3) La présence d’esprit (animi praesentia) est la fermeté appliquée au danger, terme sous lequel Spinoza entend tout ce qui peut être cause de mal, c’est-à-dire de tristesse, de haine, de discorde (Eth. IV 69 sc.)
On peut y ajouter, en vertu de la définition 48 des affects :
4) La chasteté (castitas) qui est le désir de se conserver sous la dictée de la raison ou la fermeté appliquée à l’union des corps
A l’instar de la fermeté, la générosité se subdivise à son tour en espèces. Spinoza en donne deux exemples :
1) La modestie ou humanité (modestia seu humanitas), désir de faire ce qui plaît aux hommes et de s’abstenir de ce qui leur déplaît (def. 43)
2) La clémence, puissance par laquelle l’homme modère colère et vengeance, qui s’oppose à la cruauté
Ainsi que l’écrit Chantal Jaquet :
« La modestie, c’est la générosité appliquée au plaisir et au déplaisir d’autrui. La clémence est la générosité appliquée à la colère et à la vengeance »
Bien que la question de l’éthique se pose, avec Spinoza, dans le cadre d’un naturalisme intégral dans lequel l’homme n’est pas un empire dans un empire, le sage spinoziste agit avec humanité.
Dans le scolie 1 d’Eth. IV 37, Spinoza définit les trois vertus qui constituent l’humanité de l’homme qui suit la raison. Il s’agit de la Religion (religio), de la Moralité (pietas) et de l’Honnêteté (honestas). Il écrit :
« […], celui qui s’efforce de conduire les autres par la Raison agit non par impulsion mais avec humanité et bienveillance, et il est en parfait accord avec lui-même. Poursuivons. Je rapporte à la Religion tous les désirs et toutes les actions dont nous sommes cause en tant que nous avons l’idée de Dieu, c’est-à-dire en tant que nous connaissons Dieu ; mais j’appelle Moralité le Désir de bien agir qui naît du fait que nous vivons sous la conduite de la Raison. Le Désir par lequel un homme vivant sous la conduite de la Raison est poussé à établir avec autrui un lien d’amitié, je l’appelle Honnêteté […] » (traduction Misrahi)
L’homme qui vit sous la conduite de la raison, entendue au sens de Spinoza, est strictement amoral au sens de Deleuze.
Cela ne l’empêche pas de faire preuve de nombreuses vertus éthiques.
J’ajoute ceci : en morale on parlera de valeurs et, en éthique, de vertus (au sens de la virtù machiavélienne).
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Deleuze
Une autre ?
(ok j'arrête)
Deleuze a écrit:Le projet le plus général de Nietzsche consiste en ceci : introduire en philosophie les concepts de sens et de valeur
(ok j'arrête)
Re: Deleuze
Le combat de Deleuze contre la morale n'est à mon sens pas tant même de se débarrasser du concept de transcendance... puisque celui-ci n'explique rien et que la philo est supposée comprendre, que de s'attaquer directement au jugement.maraud a écrit:On a envie de lire la suite de Deleuze, pour voir comment il unifie morale et éthique...
C'est ce que je crois et c'est en tous cas l'interprétation qu'il me plaît d'en faire.
Re: Deleuze
Un jour, peut-être, je me mettrais à la lecture de Spinoza.
Je trouve le propos de Spinoza plus profond que celui de Deleuze. Spinoza "rabat" l'Un sur la Nature; cependant que Deleuze le laisse flotter dans le flou.
Deleuze dit que la morale n'est pas fractale et qu'elle ne peut être conçue par un être pour un être, et qu'elle ne peut venir que d'un être supérieur ( l’Être, le Bien) qui la distribue sur les êtres humains.( il suppose donc que l'Un ne partage rien avec l'un)
Spinoza dit qu' il faut que l'être s'élève par la spiritualité vers la morale. J'ai le sentiment que Spinoza opère la jonction entre morale et éthique, et que le point de rencontre se situe dans l'être, non pas commun, mais spirituel. ( je ne vois pas cela dans le texte cité de Deleuze).
Je trouve assez puéril la démarche de ceux qui prétendent se contenter, les uns de la Morale seule, les autres de l’Ethnique seule.( comme s'il pouvait y avoir quelque chose de trop dans ce monde)
Je trouve le propos de Spinoza plus profond que celui de Deleuze. Spinoza "rabat" l'Un sur la Nature; cependant que Deleuze le laisse flotter dans le flou.
Deleuze dit que la morale n'est pas fractale et qu'elle ne peut être conçue par un être pour un être, et qu'elle ne peut venir que d'un être supérieur ( l’Être, le Bien) qui la distribue sur les êtres humains.( il suppose donc que l'Un ne partage rien avec l'un)
Spinoza dit qu' il faut que l'être s'élève par la spiritualité vers la morale. J'ai le sentiment que Spinoza opère la jonction entre morale et éthique, et que le point de rencontre se situe dans l'être, non pas commun, mais spirituel. ( je ne vois pas cela dans le texte cité de Deleuze).
Je trouve assez puéril la démarche de ceux qui prétendent se contenter, les uns de la Morale seule, les autres de l’Ethnique seule.( comme s'il pouvait y avoir quelque chose de trop dans ce monde)
maraud- Digressi(f/ve)
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Re: Deleuze
chapati a écrit:Je sais pas comment il faut vous expliquer mieux : les valeurs dont Deleuze ne veut pas sont les valeurs transcendantes, morales, reconnues, établies... il n'est pas question de dire qu'il refuserait toute valeur !
Ce qu'il refuse c'est un genre de justification. Ce qui se voit à la première lecture.
Pour moi il ne refuse pas les valeurs, Il se retrouve avec les valeurs sur les bras . Mais comme il a si bien argumenté ,avant, contre les valeurs, il n'emploie plus du tout le mot ensuite quand il parle d'éthique.
Je t'ai dit qu'il s' exprimait à front renversé .
Expression qui prend son origine dans un contexte militaire et qui signifie que l'on a le territoire ennemi derrière soi.
L' ennemi qui était devant et qui a été critiqué se retrouve derrière lui sous la forme des valeurs.
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Deleuze
Je vois. On n'aura donc pas le droit de savoir quelles sont ces valeurs que Deleuze un coup refuserait un coup garderait sur les bras, sans rien d'autre à se mettre sous la dent en guise de précisions que de répéter sans cesse la même chose. Toute tentative d'échange est donc impossible, d'autant que rien de ce que j'ai pu dire n'est jamais commenté. Il n'y a donc aucun intérêt (pour moi) à poursuivre ces monologues.
Notons juste pour la énième fois que, contrairement à ce qui vient d'être dit, Deleuze n'a jamais argumenté contre les valeurs dans ce texte, mais bien contre les valeurs morales !
Je passe donc à autre chose...
J'ai parlé de Joe Bousquet dans cette affaire (ici). Ci-joint un autre résumé fait lui aussi à partir d'un cours de Deleuze où il est certes question de valeurs, mais qui semble aussi une bonne illustration de ce qu'est la nature d'un "événement" chez Deleuze :
Notons juste pour la énième fois que, contrairement à ce qui vient d'être dit, Deleuze n'a jamais argumenté contre les valeurs dans ce texte, mais bien contre les valeurs morales !
Je passe donc à autre chose...
J'ai parlé de Joe Bousquet dans cette affaire (ici). Ci-joint un autre résumé fait lui aussi à partir d'un cours de Deleuze où il est certes question de valeurs, mais qui semble aussi une bonne illustration de ce qu'est la nature d'un "événement" chez Deleuze :
http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/article.php3?id_article=215Joe Bousquet, c’est un auteur trés curieux. Il a reçu une blessure par éclat d’obus, pendant la guerre de 14/18. Il en est sorti paralysé. Il a vécu dans son lit, a beaucoup écrit, pas du tout sur lui heureusement, sur quelque chose qu’il estimait avoir à dire. Une phrase de Bousquet dit "ma blessure me pré-existait, j’était né pour l’incarner".
Ça parait d'un orgueil diabolique : "je suis né pour l’incarner". Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu’un évènement n’existe que comme effectué (il n’y a pas d’événement non-effectué, il n’y a pas d’Idée platonicienne de la blessure), mais en même temps, il faut dire les deux : il y a dans l’événement toujours une part qui dépasse, qui déborde son effectuation.
Un événement n’existe que comme effectué dans des personnes, des choses, des états de choses. La guerre n’existe pas indépendamment des soldats qui la subissent. Sinon on parle de quoi : une pure idée de la guerre, qu’est ce que ça veut dire ? Je dois donc maintenir que tout événement est de ce type, et en même temps soutenir que dans tout événement il y a quelque chose qui déborde son effectuation.
Ce quelque chose c'est ce que j’appelle l’individuation propre à l’événement, qui ne passe plus par les personnes ni les états de choses. Et c’est là ce qu’il faut bien appeler "la splendeur d’un événement". A la fois il ne peut pas ne pas être effectué et il déborde sa propre effectuation... comme s’il avait un "en plus", un surcroit, quelque chose qui déborde l’effectuation par les choses, dans les choses et par les personnes.
Alors on comprend Bousquet quand il dit : "le problème, c’est être digne". C'est sa morale à lui, "être digne de ce qui nous arrive", quoi que ce soit, que ce soit bon ou mauvais. L’événement à la fois s’effectue dans les corps et n’existe pas sinon, mais contient en lui-même quelque chose d’incorporel. "Ma blessure existait avant moi, je suis né pour l’incarner". Elle s’effectue en moi mais contient quelque chose qui n’est plus "ma" blessure, c'est "il" blessure... d'où "être digne de ce qui nous arrive", quoi que ce soit : de la merde, une catastrophe ou un grand bonheur.
Il y a des gens qui sont perpétuellement indignes de ce qui leur arrivent, leurs souffrances, leurs joies. Je crois que c’est ceux qui font le centrage sur la première ou la seconde personne, c’est ceux qui ne dégagent pas la sphère de l’événement. Il y a des gens qui médiocrisent la mort ou leur maladie (pourtant ils ont des maladies). Il y a des gens qui rendent tout sale : le type qui écrit "suicidez vous" (une formule de médiocrité fondamentale), c'est pas quelqu’un qui a un rapport avec la mort : ceux qui ont un rapport avec la mort ont au contraire un culte de la vie, ils ne font pas les petits cons. Etre digne de ce qui nous arrive, c’est dégager dans l’événement qui s’effectue en moi ou que j’effectue, c’est dégager la part de l’ineffectuable.
Re: Deleuze
( je suppose que Bousquet est un personnage fictif inventé par Deleuze)
Deleuze opère une analogie entre évènement et être, car l'on pourrait remplacer évènement par être et l'on obtiendrait la source qui la inspirée ( doctrine traditionnelle). De "multiple états de l'être", on est passé à "multiple états d'évènement". Le débordement dont il parle est analogiquement le supra-humain ( état de manifestation qui déborde l'individualité: penser le "nous" par exemple) etc
Ici, évènement vaut manifestation. On reconnaît très vite sa source d'inspiration...
Je finis par trouver assez amusant de saisir, chez de grands auteurs, l'architecture du système qu'ils auront, consciemment ou inconsciemment, érigé en imposant quelque limitation à la Possibilité Universelle.
C'est là le signe le plus manifeste d'une décadence, en ce qu'ils nanifient le grand pour l'amener à la portée du commun.
maraud- Digressi(f/ve)
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Re: Deleuze
à chapati
......................................................
Ce qui veut dire en terme clair qu on ne peut juger de l' être .(ou à propos de l' être )
Sauf s'il y a une instance supérieure et comme il n'y en a pas on ne peut juger de l'étre.
La seule autre option est que l'être est jugement.
Ce n'est pas l'option de Deleuze parce qu'il distingue l' être ET le jugement.(il distingue l' un de l'autre )
L' être est en quelque sorte posé en instance neutre. C'est un dasein ( et oui Heidegger imprègne le siècle ).
Un être là indifférent à toute valorisation.
L' être est là, factuel, échappe à toutes valorisation: esthétique morale ou logique.
On ne juge pas de ce qui est on affirme seulement tautologiquement que: l' être est.
Pour moi cette affirmation est un jugement de valeur.
L' existence y est hautement et suprêmement valorisée. Ce au point que le jugement de valeur opposé: l' être n est pas ne tient pas la route.
..........................................
Et je signale à Maraud que Joe Bousquet n' a rien d un personnage de fiction.né à Narbonne (Aude) le 19 mars 1897 et mort à Carcassonne (Aude) le 28 septembre 1950
Mais tu n'as rien commenté de ce que je dis non plus . Tu ne m'as pas compris et puis c'est tout .chapati a écrit:Toute tentative d'échange est donc impossible, d'autant que rien de ce que j'ai pu dire n'est jamais commenté.
......................................................
Deleuze a écrit:En effet, la morale c’est l’entreprise de juger non seulement tout ce qui est, mais l’être lui-même. Or on ne peut juger de l’être que au nom d’une instance supérieure à l’être.
Ce qui veut dire en terme clair qu on ne peut juger de l' être .(ou à propos de l' être )
Sauf s'il y a une instance supérieure et comme il n'y en a pas on ne peut juger de l'étre.
La seule autre option est que l'être est jugement.
Ce n'est pas l'option de Deleuze parce qu'il distingue l' être ET le jugement.(il distingue l' un de l'autre )
L' être est en quelque sorte posé en instance neutre. C'est un dasein ( et oui Heidegger imprègne le siècle ).
Un être là indifférent à toute valorisation.
L' être est là, factuel, échappe à toutes valorisation: esthétique morale ou logique.
On ne juge pas de ce qui est on affirme seulement tautologiquement que: l' être est.
Pour moi cette affirmation est un jugement de valeur.
L' existence y est hautement et suprêmement valorisée. Ce au point que le jugement de valeur opposé: l' être n est pas ne tient pas la route.
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Et je signale à Maraud que Joe Bousquet n' a rien d un personnage de fiction.né à Narbonne (Aude) le 19 mars 1897 et mort à Carcassonne (Aude) le 28 septembre 1950
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Deleuze
et après comme ça ne colle pas, comme il est à front renversé ...Deleuze réintroduit "un plus" dans l' indifférence de l'être.
Si l' être est valorisation( c'est mon avis ) ça déborde. ça déborde de sens .
Deleuze a écrit:A la fois il ne peut pas ne pas être effectué et il déborde sa propre effectuation... comme s’il avait un "en plus", un surcroit, quelque chose qui déborde l’effectuation par les choses, dans les choses et par les personnes.
évidemment.Deleuze a écrit:il y a quelque chose qui déborde son effectuation.
Si l' être est valorisation( c'est mon avis ) ça déborde. ça déborde de sens .
hks- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 04/10/2007
Re: Deleuze
Ce qui se conçoit clairement...hks a écrit:Mais tu n'as rien commenté de ce que je dis non plus . Tu ne m'as pas compris et puis c'est tout .chapati a écrit:Toute tentative d'échange est donc impossible, d'autant que rien de ce que j'ai pu dire n'est jamais commenté.
Faut dire, vu tes délires sur Deleuze, je t'accorde que ta critique devient euh... "aléatoire" !
Comme c'est démontré là :
Ouille, té, peuchère : l'être une instance neutre ??? chez Deleuze ???hks a écrit:L' être est en quelque sorte posé en instance neutre. C'est un dasein ( et oui Heidegger imprègne le siècle ).Deleuze a écrit:En effet, la morale c’est l’entreprise de juger non seulement tout ce qui est, mais l’être lui-même. Or on ne peut juger de l’être que au nom d’une instance supérieure à l’être.
Un être là indifférent à toute valorisation.
L' être est là, factuel, échappe à toutes valorisation: esthétique morale ou logique.
On ne juge pas de ce qui est on affirme seulement tautologiquement que: l' être est.
Dis-moi, hks, la dasein je connais pas bien. Ce serait pas cet "être nu" dont tu as parlé à un moment, comme une espèce d'essence de l'homme qu'il faudrait retrouver ?
Parce que si oui c'est clair, je n'ai plus qu'a reprendre tout le texte... que tu as lu de façon complètement dingue ! (je t'ai pourtant répété sans fin que, fait pour des étudiants et de plus oral, il était très simple mais rien n'y a fait)
C'est exactement le contraire : tu peux quasiment interchanger l'être par "un bonhomme" dans le texte !!!
Exemple :
En effet, la morale c’est l’entreprise de juger non seulement tout ce qui est, mais l’être lui-même. Or on ne peut jugerde l’êtred'un bonhomme que au nom d’une instance supérieureà l’êtreà l'homme.
Bon dieu, millième fois : le texte est simple.
La norme le pouvoir/savoir veut que la spécificité de l'homme soit la raison (voir fil "Raison et sensible en occident"). Elle croit en la raison, et veut la voir triompher de tout, elle veut la Connaissance, le Savoir (c'est au nom du Savoir qu'on légitime le pouvoir). Selon elle l'homme est, doit être un "animal raisonnable" : la raison le savoir doit triompher, ne peut que triompher, il ne peut pas en être autrement !
Deleuze dit que pour arriver à ses fins, il est question de justifier par tous les moyens (valeurs) l'existence de quelque chose de "au dessus de nous", face auquel on n'ait plus qu'à s'écraser : c'est la religion, Dieu, le Bien et le Mal etc.
(la morale justifie Dieu, les valeurs justifient la morale)
Il poursuit en disant que la morale entraîne le jugement : que "au nom du bien", on juge. On juge "l'autre" et on juge soi-même (il faut se conformer, sinon on culpabilise etc etc)... et ce donc au nom de ce truc supérieur à l'homme, face auquel on peut rien faire, il n'y a pas à discuter !
C'est ça la morale.
Et face à ça il (Deleuze Spinoza) introduit "l'éthique" (en très gros morale à échelle humaine si tu veux), où l'homme crée lui-même ses propres valeurs ; crée et assume les/ses valeurs, forcément "à l'échelle de l'homme"... puisqu'il les a créées : puisque c'est l'homme qui les a créées !
Je te jure, c'est à s'arracher les cheveux d'avoir à expliquer ça pendant dix plombes à un type intelligent comme toi !
Dernière édition par chapati le Mer 1 Fév 2017 - 3:25, édité 1 fois
Re: Deleuze
C'est de l'événement dont il est question, pas de l'être...hks a écrit:et après comme ça ne colle pas, comme il est à front renversé ...Deleuze réintroduit "un plus" dans l' indifférence de l'être.Deleuze a écrit:A la fois il ne peut pas ne pas être effectué et il déborde sa propre effectuation... comme s’il avait un "en plus", un surcroit, quelque chose qui déborde l’effectuation par les choses, dans les choses et par les personnes.évidemment.Deleuze a écrit:il y a quelque chose qui déborde son effectuation.
Si l' être est valorisation( c'est mon avis ) ça déborde. ça déborde de sens .
"L'événement" (deleuzien) ne peut pas exister sans s'incarner à travers quelqu'un... et en même temps est plus que cette situation spécifique, ponctuelle, subjective etc, dans la mesure ou la situation la rencontre crée de la nouveauté.
Un futur inédit, imprévisible, est virtuellement en train de s'écrire à chaque fois à chaque événement à chaque rencontre, un futur du type "la vie", qui n'est pas écrite et que chaque événement fait avancer en ce sens qu'il crée du réel, de la matière à être à sentir...
Re: Deleuze
Synthétiquement dit et à tout ce qui est au dessus : non !maraud a écrit:( je suppose que Bousquet est un personnage fictif inventé par Deleuze)
Deleuze opère une analogie entre évènement et être, car l'on pourrait remplacer évènement par être et l'on obtiendrait la source qui la inspirée ( doctrine traditionnelle). De "multiple états de l'être", on est passé à "multiple états d'évènement". Le débordement dont il parle est analogiquement le supra-humain ( état de manifestation qui déborde l'individualité: penser le "nous" par exemple) etc
Ici, évènement vaut manifestation. On reconnaît très vite sa source d'inspiration...
Je finis par trouver assez amusant de saisir, chez de grands auteurs, l'architecture du système qu'ils auront, consciemment ou inconsciemment, érigé en imposant quelque limitation à la Possibilité Universelle.
C'est là le signe le plus manifeste d'une décadence, en ce qu'ils nanifient le grand pour l'amener à la portée du commun.
PS : je rappelle à chacun qu'il y a en premier post de ce fil une modeste tentative de résumer voire synthétiser la philosophie de Deleuze : chacun peut s'y référer.
Re: Deleuze
chapati a écrit:
Je te jure, c'est à s'arracher les cheveux d'avoir à expliquer ça pendant dix plombes à un type intelligent comme toi !
Que hks (hokousai sur d’autres forums) excelle à faire tourner en bourrique son interlocuteur, ce n’est pas le moindre de ses talents.
La seule question que je me suis toujours posée mais sans trouver la réponse c’est : est-ce qu’il le fait exprès ?
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Deleuze
Vanleers a écrit:chapati a écrit:
Je te jure, c'est à s'arracher les cheveux d'avoir à expliquer ça pendant dix plombes à un type intelligent comme toi !
Que hks (hokousai sur d’autres forums) excelle à faire tourner en bourrique son interlocuteur, ce n’est pas le moindre de ses talents.
La seule question que je me suis toujours posée mais sans trouver la réponse c’est : est-ce qu’il le fait exprès ?
Question au combien pertinente que je me suis souvent posée. La réponse est oui... mais non. Il y a en premier lieu la volonté systématique de mettre en doute les dire de l'adversaire, ce qui le conduit à des acrobaties intellectuelles acadabrantesques lorsqu'il n'y a objectivement aucune raison de le faire mais qu'il veut tout de même contester ce qui est dit. Ensuite, il y a la volonté systématique aussi de ne pas aborder franchement ce qui dérange ses certitudes et qu'il perçoit comme une agression, ou bien s'il accepte de le faire de les aborder sous un angle systématiquement biaisé. Oui il le fait exprès, mais pas nécessairement pour faire tourner en bourrique son interlocuteur... ce à quoi il aboutit tout de même.
baptiste- Digressi(f/ve)
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Re: Deleuze
A baptiste
J’ajoute quand même que, une fois qu’on a compris la stratégie hokousienne, on peut le lire avec un certain profit et même engager parfois un dialogue intéressant.
J’ajoute quand même que, une fois qu’on a compris la stratégie hokousienne, on peut le lire avec un certain profit et même engager parfois un dialogue intéressant.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Deleuze
Quand baptiste réduit la critique de la finalité au melon coupé en tanche de Bernardin de ST Pierre (c'est un exemple entre autres) évidemment que je tends à compliquer .baptiste a écrit: Ensuite, il y a la volonté systématique aussi de ne pas aborder franchement ce qui dérange ses certitudes et qu'il perçoit comme une agression, ou bien s'il accepte de le faire de les aborder sous un angle systématiquement biaisé.
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Deleuze
chapati a écrit:Bon dieu, millième fois : le texte est simple.
La norme le pouvoir/savoir veut que la spécificité de l'homme soit la raison
Voila une valorisation éminente et elle est critiquée en tant qu éminente c'est à dire comme lieu de pouvoir.....
Elle est critiquée au nom d' une autre valeur aspirant à un occuper un espace de pouvoir et qui peut être la sensibilité ( si tu veux )
Moi je n'ai rien contre la valorisation de la sensibilité . Ce n'est simplement pas la question que je pose
Ma question porte sur la valorisation en général et au plus général qui soit puisque je fais de l'être un valorisateur.
La seule stratégie d 'argumentation consisterait a me persuader que l'être puisse être un pur factuel qui ne valorise pas.
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Deleuze
Hks a écrit:La seule stratégie d 'argumentation consisterait a me persuader que l'être puisse être un pur factuel qui ne valorise pas.
Ah oui, mais là tu fais appel à la métaphysique, or il est parlé ici d'un Deleuze qui aurait déjà réglé le problème...
wiki a écrit:Sa thèse de philosophie était centrée sur le concept de « différence » et « répétition », c'est-à-dire au rapport du même à la ressemblance, de la copie au double, et de l'effet de la répétition à l'infini par rapport à un original. Il y prend comme référence Gottfried Wilhelm Leibniz à la fois métaphysicien et mathématicien. Deleuze tente d'y développer une métaphysique, en accord avec la physique et les mathématiques de son temps
Deleuze tente de développer une métaphysique en accord avec la physique; autrement dit: comment faire pour qu'une Rolls-Royce ressemble à une "boite à savon". Et toujours cet infini confondu avec indéfini... Leibniz, c'était déjà la métaphysique ramenée à un système; Deleuze, c'est donc le Système de Leibniz ramené à un sous-système...
J'aime bien le "tente" de développer... Comment pourrait-il " développer" ce qu'il est en train de réduire ( bougre d'andouille!)
Bon'fin'bref.
..............................................................
Je souligne deux point de vue en particulier: l'un voit l'être comme tendant vers cet absolu qu'est l'Etre vers lequel il tend dans une tentative d'harmonisation et c'est là l'objet de sa liberté, et l'autre tend vers la liberté, en ayant perdu de vue l’Être en question et cherche quoi faire de cette liberté...
Dans les deux cas l'être valorise, dans le premier, c'est à la grandeur de sa tâche qu'il subordonne sa liberté, dans l'autre cas, c'est à sa liberté que l'être subordonne les valeurs.
Le jugement que je porte la dessus est que: le premier peut rejoindre le second cependant que ce second risque bien de ne rien comprendre au premier.
maraud- Digressi(f/ve)
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Re: Deleuze
Hum hum, ça s'anime ici !
Maraud, vous êtes un génie. Quand on pense que depuis quarante ans les trois quart des philosophes du monde entier pensent étudient commentent débattent écrivent sur Deleuze (et Foucault), qui sont considérés partout comme LES philosophes de la deuxième partie de XX° siècle... il faut absolument leur faire part de votre fulgurante analyse (n'oubliez pas de découper l'article wikipedia pour étayer votre critique). J'alerte immédiatement La Croix et Témoignage Chrétien qui devraient dès demain faire la une de vos révélations !
Who is hks, autre sujet brûlant. Hks or not hks, that is the question. Mon Dieu vite, un fil pour débattre de ce passionnant problème. Suggérons également un fil sur Baptiste et les mots et les choses, Bergame et Poutine, Vanleers et la logique de Spinoza, Neo ou ante, Quid dort dine... que les oubliés me pardonnent.
Maraud, vous êtes un génie. Quand on pense que depuis quarante ans les trois quart des philosophes du monde entier pensent étudient commentent débattent écrivent sur Deleuze (et Foucault), qui sont considérés partout comme LES philosophes de la deuxième partie de XX° siècle... il faut absolument leur faire part de votre fulgurante analyse (n'oubliez pas de découper l'article wikipedia pour étayer votre critique). J'alerte immédiatement La Croix et Témoignage Chrétien qui devraient dès demain faire la une de vos révélations !
Who is hks, autre sujet brûlant. Hks or not hks, that is the question. Mon Dieu vite, un fil pour débattre de ce passionnant problème. Suggérons également un fil sur Baptiste et les mots et les choses, Bergame et Poutine, Vanleers et la logique de Spinoza, Neo ou ante, Quid dort dine... que les oubliés me pardonnent.
Dernière édition par chapati le Mer 1 Fév 2017 - 13:06, édité 1 fois
Re: Deleuze
L'être un valorisateur. Ça veut dire que l'être valorise les choses ? Ben oui et alors ?hks a écrit:Ma question porte sur la valorisation en général et au plus général qui soit puisque je fais de l'être un valorisateur.
La seule stratégie d 'argumentation consisterait a me persuader que l'être puisse être un pur factuel qui ne valorise pas.
Personne ne dit le contraire !
(en tous cas c'est ce que dit Deleuze)
Re: Deleuze
Chapati
il ne vous est pas venu à l'esprit que Deleuze pouvait laisser indifférent...
Voue pensez que je suis un génie, oui...; je vous vois bien comme un chat qui aurait bu du vinaigre, alors pourquoi pas puisque Tous les points de vue valent quelque chose.
il ne vous est pas venu à l'esprit que Deleuze pouvait laisser indifférent...
Voue pensez que je suis un génie, oui...; je vous vois bien comme un chat qui aurait bu du vinaigre, alors pourquoi pas puisque Tous les points de vue valent quelque chose.
_________________
La vie est belle!
maraud- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 04/11/2012
Re: Deleuze
Vous avez bien raison, il laisse indifférent... sauf les philosophes on dirait.maraud a écrit:il ne vous est pas venu à l'esprit que Deleuze pouvait laisser indifférent...
Bah...
à+
Re: Deleuze
chapati a écrit:
Who is hks, autre sujet brûlant. Hks or not hks, that is the question.
Mon cher chapati
Si vous ne vous posez pas la question, ne serait-ce qu’une fois dans votre vie, « Who is hks ? », vous allez continuer à vous faire drôlement arranger par ledit hks.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 15/01/2017
Re: Deleuze
C' est bien justement que Deleuze le dit par ailleurs que CE texte ( un cours mais peu importe ) sur Spinoza m'a interpellé.chapati a écrit:L'être un valorisateur. Ça veut dire que l'être valorise les choses ? Ben oui et alors ?
Personne ne dit le contraire !
(en tous cas c'est ce que dit Deleuze)
et dès le début du texte
Perso je ne sais pas pourquoi Spinoza appelle son ouvrage "Ethique"Deleuze a écrit:Spinoza fait une tentative qui est sûrement une des tentatives les plus audacieuses en ce sens qui vont le plus loin, à savoir le projet d’une ontologie pure. Mais ma question c’est toujours : comment ça se fait que cette ontologie pure, il l’appelle une Éthique ? il ne l’appelle pas ontologie, il l’appelle éthique.
Vanleers a peut- être un avis là dessus. soit un avis perso soit inspiré par des commentateurs éclairés ).
Admettons que L' Ethique de Spinoza soit de l'ontologie pure... en partie. Alors la partie est appelée de Deo ( première partie). ... et puis suivent 4 parties qui ne sont pas de l'ontologie pure .
Il se peut que Spinoza ait appelé son ouvrage" Ethique" à cause des 4 autres parties.
et d'ailleurs Deleuze est réservé
......suite de la citation faite au dessus et qu tu ne cites pasDeleuze a écrit:Alors il n’y a pas de réponse définitive. Ce serait plutôt par l’accumulation de traits que s’imposerait petit à petit : ah oui c’était très bien qu’il appelle ça une Éthique.
Mais bref sur cette question là.
...................................................
Ce qui m'intéresse est plus bas dans Ce cours de Deleuze
c est à dire que partant de Spinoza on obtient une échelle quantitative . Effectivement les valeurs c'est du qualitatifs . Pour moi la question est là et seulement là .Deleuze a écrit:Du point de vue d’une éthique, tous les existants, tous les étants sont rapportés à une échelle quantitative qui est celle de la puissance. Ils ont plus ou moins de puissance.
- Cette quantité différenciable, c’est la puissance. Le discours éthique ne cessera pas de nous parler, non pas des essences, il ne croit pas aux essences, il ne nous parle que de la puissance, à savoir les actions et passions dont quelque chose est capable. Non pas ce que la chose est, mais ce qu’elle est capable de supporter et capable de faire. Et s’il n’y a pas d’essence générale, c’est que, à ce niveau de la puissance tout est singulier. On ne sait pas d’avance alors que l’essence nous dit ce qu’est un ensemble de choses. L’éthique ne nous dit rien, ne peut pas savoir. Un poisson ne peut pas ce que le poisson voisin peut. Il y aura donc une différenciation infinie de la quantité de puissance d’après les existants. Les choses reçoivent une distinction quantitative parce qu’elles sont rapportées à l’échelle de la puissance.
Parce que chez Spinoza l'appréciation de la Joie ( versus la tristesse ) est ( à mon avis) qualitative .
Pourquoi est- elle ( à mon avis ) qualitative ? Et bien parce qu' elle est appréciée/ estimée/ jugée par la pensée .( pas par l'étendue ).
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Il y a un auteur qui fait dans le quantitatif c est Damasio
et il titre son livre "Spinoza avait raison " sauf que Damasio n'a pas raison .je cite a écrit:En effet, dans son livre, Damasio se fonde sur Spinoza pour délivrer son message concernant le cerveau. En gros, explique-t-il, nous éprouvons des émotions et des sentiments qui nous viennent directement de la matière cérébrale.
c'est la fameuse critique de la glande pinéale de Descartes.Spinoza a écrit:Ainsi, puisque la puissance de l'âme, comme je l'ai fait voir, est déterminée par l'intelligence toute seule, nous ne chercherons que dans la connaissance de l'âme ces remèdes des affects que tout le monde essaye, mais que personne ne sait ni bien employer ni bien connaître, et c'est exclusivement de cette connaissance que nous conclurons tout ce qui regarde son bonheur.
http://www.spinozaetnous.org/wiki/%C3%89thique_V#Pr.C3.A9face
hks- Digressi(f/ve)
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