Deleuze
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Re: Deleuze
Préface à l'Anti-Oedipe (Michel Foucault)
Pendant les années 1945-1965 (je parle de l'Europe), il y avait une certaine manière correcte de penser, un certain style du discours politique, une certaine éthique de l'intellectuel. Il fallait être à tu et à toi avec Marx, ne pas laisser ses rêves vagabonder trop loin de Freud, et traiter les systèmes de signes - le signifiant- avec le plus grand respect. Telles étaient les trois conditions qui rendaient acceptables cette singulière occupation qu'est le fait d'écrire et d'énoncer une part de vérité sur soi et son époque.
Puis vinrent cinq années brèves, passionnées, cinq années de jubilations et d'énigmes. Aux portes de notre monde le Vietnam, et évidement, et le premier grand coup porté aux pouvoirs constitués. Mais si à l'intérieur de nos murs que se passait-il exactement ? Un amalgame de politique révolutionnaire et anti-répressive ? Une guerre menée sur deux fronts -l'exploitation sociale et la répression psychique ? Une montée de la libido modulée par le conflit des classes ? C'est possible. Quoi qu'il en soit c'est par cette interprétation familière et dualiste que l'on a prétendu expliquer les événements de ces années. Le rêve qui, entre la Première Guerre mondiale et l'avènement du fascisme, avaient tenu sous son charme les fractions les plus utopistes de l'Europe – l'Allemagne de Wilhelm et la France des surréalistes- était revenu embrasser la réalité elle-même : Marx et Freud éclairés par la même incandescence.
Mais est-bien ce qui s'est passé ? Était-ce bien une reprise du projet utopique des années trente, à l'échelle, cette fois, de la pratique historique ? Ou y a-t-il eu, au contraire, un mouvement vers des luttes politiques qui ne se conformaient plus au modèle prescrit par la tradition marxiste ? Vers une expérience et une technologie du désir qui n'étaient plus freudiennes ? On a certes brandi les vieux étendards, mais le combat s'est déplacé et a gagné de nouvelle zones.
L’Anti-Œdipe montre, tout d'abord, l'étendue du terrain couvert. Mais il fait beaucoup plus. Il ne se dissipe pas dans le dénigrement des vieilles idoles, mais il s'amuse beaucoup avec Freud. Et, surtout, il nous incite à aller plus loin.
Ce serait une erreur de lire L’Anti-Œdipe comme la nouvelle référence théorique (vous savez cette fameuse théorie qu'on nous a si souvent annoncée : celle qui va tout englober, celle qui est absolument totalisante et rassurante, celle, nous assure-t-on, dont « nous avons tant besoin » en cette époque de dispersion et de spécialisation d'où l'« espoir » a disparu). Il ne fait pas chercher une « philosophie » dans cette extraordinaire profusion de notions nouvelles et de concepts surprises : L’Anti-Œdipe n'est pas un Hegel clinquant. La meilleure manière, je crois de lire L’Anti-Œdipe , est de l'aborder comme un « art », au sens ou on parle d'art érotique, par exemple. S'appuyant sur les notions en apparence abstraites de multiplicités, de flux, de dispositifs et de branchements, l'analyse du rapport du désir à la réalité et à la « machine » capitaliste apporte des réponses à des questions concrètes. Des questions qui se soucient moins du pourquoi des choses que de leur comment. Comment introduit-on le désir dans la pensée, dans le discours, dans l'action ? Comment le discours peut-il et doit-il déployer ses forces dans la sphère du politique et s'intensifier dans le processus de renversement de l'ordre établi ? Ars erotica, ars theoretica, ars politica.
D'où les trois adversaires auxquels L’Anti-Œdipe se trouve confronté. Trois adversaires qui n'ont pas la même force, qui représentent des degrés divers de menace, et que ce livre combat par des moyens différents.
1) Les ascètes politiques, les militants moroses, les terroristes de la théorie, ceux qui voudraient préserver l'ordre pur de la politique et du discours politique. Les bureaucrates de la révolution et les fonctionnaires de la Vérité.
2) Les pitoyables techniciens du désir, les psychanalystes et les sémiologues qui enregistrent chaque signe et chaque symptôme, et qui voudraient réduire l'organisation multiple du désir à la loi binaire de la structure et du manque.
3) Enfin, l'ennemi majeur, l'adversaire stratégique (alors que l'opposition de L’Anti-Œdipe à ses autres ennemis constitue plutôt un engagement tactique) : le fascisme. Et non seulement le fascisme historique de Hitler et de Mussolini qui a su si bien mobiliser et utiliser le désir des masses, mais aussi le fascisme qui est en nous tous, qui hante nos esprits et nos conduites quotidiennes, le fascisme qui nous fait aimer le pouvoir, désirer cette chose même qui nous domine et nous exploite.
Je dirais que L’Anti-Œdipe (puissent ses auteurs me pardonner) est un livre d'éthique, le premier livre d'éthique qu'on ait écrit en France depuis assez longtemps (c'est peut-être la raison pour laquelle son succès ne s'est pas limité à un « lectorat » particulier : être anti-Oedipe est devenu un style de vie, un mode de pensée et de vie. Comment faire pour ne pas devenir fasciste même quand (surtout quand) on croit être un militant révolutionnaire ? Comme débarrasser nos discours et nos actes, nos coeurs et nos plaisirs du fascisme ? Comme débusquer le fascisme qui s'est incrusté dans notre comportement ? Les moralistes chrétiens cherchaient les traces de la chair qui s'étaient logées dans les replis de l'âme. Deleuze et Guattari, pour leur part, guettent les traces les plus infimes du fascisme dans le corps.
En rendant un modeste hommage à Saint-François-de-Sales, on pourrait dire que L’Anti-Œdipe est une Introduction à la vie non-fasciste.
Cet art de vivre contraire à toutes les formes de fascisme, qu’elles soient déjà installées ou proches de l’être, s’accompagne d’un certain nombre de principes essentiels, que je résumerais comme suit si je devais faire de ce grand livre un manuel ou un guide de vie quotidienne :
- libérez l’action politique de toute forme de paranoïa unitaire et totalisante ;
- faites croître l’action, la pensée et les désirs par prolifération, juxtaposition et disjonction, plutôt que par subdivision et hiérarchisation pyramidale ;
- affranchissez-vous des vieilles catégories du Négatif (la loi, la limite, la castration, le manque, la lacune), que la pensée occidentale a si longtemps sacralisées comme forme du pouvoir et mode d’accès à la réalité. Préférez ce qui est positif et multiple, la différence à l’uniforme, le flux aux unités, les agencements mobiles aux systèmes. Considérez que ce qui est productif n’est pas sédentaire, mais nomade ;
- n’imaginez pas qu’il faille être triste pour être militant, même si la chose qu’on combat est abominable. C’est le lien du désir à la réalité (et non sa fuite dans les formes de la représentation) qui possède une force révolutionnaire ;
- n’utilisez pas la pensée pour donner à une pratique politique une valeur de vérité ; ni l’action politique pour discréditer une pensée, comme si elle n’était que pure spéculation. Utilisez la pratique politique comme un intensificateur de la pensée, et l’analyse comme un multiplicateur des formes et des domaines d’intervention de l’action politique ;
- n’exigez pas de la politique qu’elle rétablisse des « droits » de l’individu tels que la philosophie les a définis. L’individu est le produit du pouvoir. Ce qu’il faut, c’est « désindividualiser » par la multiplication et le déplacement des divers agencements. Le groupe ne doit pas être le lien organique qui unit des individus hiérarchisés, mais un constant générateur de « désindividualisation » ;
- ne tombez pas amoureux du pouvoir.
On pourrait même dire que Deleuze et Guattari aiment si peu le pouvoir qu'ils ont cherché à neutraliser les effets de pouvoirs liés à leur propre discours. D'ou les jeux et les pièges qu'on trouve un peu partout dans le livre, et qui font de sa traduction un véritable tour de force. Mais ce ne sont pas les pièges familiers de la rhétorique, ceux qui cherchent à séduire le lecteur sans qu'il soit conscient de la manipulation, et finissent par le gagner à la cause des auteurs contre sa volonté. Les pièges de L’Anti-Œdipe sont ceux de l'humour : tant d'invitations à se laisser expulser, à prendre congé du texte en claquant la porte. Le livre se donne souvent à penser qu'il n'est qu'humour et jeux là où pourtant quelque chose d'essentiel se passe, quelque chose qui est du plus grand sérieux : la traque de toutes les formes de fascisme, depuis celles, colossales, qui nous entourent et nous écrasent jusqu'aux formes menues qui font l'amère tyrannie de nos vies quotidiennes.
Pendant les années 1945-1965 (je parle de l'Europe), il y avait une certaine manière correcte de penser, un certain style du discours politique, une certaine éthique de l'intellectuel. Il fallait être à tu et à toi avec Marx, ne pas laisser ses rêves vagabonder trop loin de Freud, et traiter les systèmes de signes - le signifiant- avec le plus grand respect. Telles étaient les trois conditions qui rendaient acceptables cette singulière occupation qu'est le fait d'écrire et d'énoncer une part de vérité sur soi et son époque.
Puis vinrent cinq années brèves, passionnées, cinq années de jubilations et d'énigmes. Aux portes de notre monde le Vietnam, et évidement, et le premier grand coup porté aux pouvoirs constitués. Mais si à l'intérieur de nos murs que se passait-il exactement ? Un amalgame de politique révolutionnaire et anti-répressive ? Une guerre menée sur deux fronts -l'exploitation sociale et la répression psychique ? Une montée de la libido modulée par le conflit des classes ? C'est possible. Quoi qu'il en soit c'est par cette interprétation familière et dualiste que l'on a prétendu expliquer les événements de ces années. Le rêve qui, entre la Première Guerre mondiale et l'avènement du fascisme, avaient tenu sous son charme les fractions les plus utopistes de l'Europe – l'Allemagne de Wilhelm et la France des surréalistes- était revenu embrasser la réalité elle-même : Marx et Freud éclairés par la même incandescence.
Mais est-bien ce qui s'est passé ? Était-ce bien une reprise du projet utopique des années trente, à l'échelle, cette fois, de la pratique historique ? Ou y a-t-il eu, au contraire, un mouvement vers des luttes politiques qui ne se conformaient plus au modèle prescrit par la tradition marxiste ? Vers une expérience et une technologie du désir qui n'étaient plus freudiennes ? On a certes brandi les vieux étendards, mais le combat s'est déplacé et a gagné de nouvelle zones.
L’Anti-Œdipe montre, tout d'abord, l'étendue du terrain couvert. Mais il fait beaucoup plus. Il ne se dissipe pas dans le dénigrement des vieilles idoles, mais il s'amuse beaucoup avec Freud. Et, surtout, il nous incite à aller plus loin.
Ce serait une erreur de lire L’Anti-Œdipe comme la nouvelle référence théorique (vous savez cette fameuse théorie qu'on nous a si souvent annoncée : celle qui va tout englober, celle qui est absolument totalisante et rassurante, celle, nous assure-t-on, dont « nous avons tant besoin » en cette époque de dispersion et de spécialisation d'où l'« espoir » a disparu). Il ne fait pas chercher une « philosophie » dans cette extraordinaire profusion de notions nouvelles et de concepts surprises : L’Anti-Œdipe n'est pas un Hegel clinquant. La meilleure manière, je crois de lire L’Anti-Œdipe , est de l'aborder comme un « art », au sens ou on parle d'art érotique, par exemple. S'appuyant sur les notions en apparence abstraites de multiplicités, de flux, de dispositifs et de branchements, l'analyse du rapport du désir à la réalité et à la « machine » capitaliste apporte des réponses à des questions concrètes. Des questions qui se soucient moins du pourquoi des choses que de leur comment. Comment introduit-on le désir dans la pensée, dans le discours, dans l'action ? Comment le discours peut-il et doit-il déployer ses forces dans la sphère du politique et s'intensifier dans le processus de renversement de l'ordre établi ? Ars erotica, ars theoretica, ars politica.
D'où les trois adversaires auxquels L’Anti-Œdipe se trouve confronté. Trois adversaires qui n'ont pas la même force, qui représentent des degrés divers de menace, et que ce livre combat par des moyens différents.
1) Les ascètes politiques, les militants moroses, les terroristes de la théorie, ceux qui voudraient préserver l'ordre pur de la politique et du discours politique. Les bureaucrates de la révolution et les fonctionnaires de la Vérité.
2) Les pitoyables techniciens du désir, les psychanalystes et les sémiologues qui enregistrent chaque signe et chaque symptôme, et qui voudraient réduire l'organisation multiple du désir à la loi binaire de la structure et du manque.
3) Enfin, l'ennemi majeur, l'adversaire stratégique (alors que l'opposition de L’Anti-Œdipe à ses autres ennemis constitue plutôt un engagement tactique) : le fascisme. Et non seulement le fascisme historique de Hitler et de Mussolini qui a su si bien mobiliser et utiliser le désir des masses, mais aussi le fascisme qui est en nous tous, qui hante nos esprits et nos conduites quotidiennes, le fascisme qui nous fait aimer le pouvoir, désirer cette chose même qui nous domine et nous exploite.
Je dirais que L’Anti-Œdipe (puissent ses auteurs me pardonner) est un livre d'éthique, le premier livre d'éthique qu'on ait écrit en France depuis assez longtemps (c'est peut-être la raison pour laquelle son succès ne s'est pas limité à un « lectorat » particulier : être anti-Oedipe est devenu un style de vie, un mode de pensée et de vie. Comment faire pour ne pas devenir fasciste même quand (surtout quand) on croit être un militant révolutionnaire ? Comme débarrasser nos discours et nos actes, nos coeurs et nos plaisirs du fascisme ? Comme débusquer le fascisme qui s'est incrusté dans notre comportement ? Les moralistes chrétiens cherchaient les traces de la chair qui s'étaient logées dans les replis de l'âme. Deleuze et Guattari, pour leur part, guettent les traces les plus infimes du fascisme dans le corps.
En rendant un modeste hommage à Saint-François-de-Sales, on pourrait dire que L’Anti-Œdipe est une Introduction à la vie non-fasciste.
Cet art de vivre contraire à toutes les formes de fascisme, qu’elles soient déjà installées ou proches de l’être, s’accompagne d’un certain nombre de principes essentiels, que je résumerais comme suit si je devais faire de ce grand livre un manuel ou un guide de vie quotidienne :
- libérez l’action politique de toute forme de paranoïa unitaire et totalisante ;
- faites croître l’action, la pensée et les désirs par prolifération, juxtaposition et disjonction, plutôt que par subdivision et hiérarchisation pyramidale ;
- affranchissez-vous des vieilles catégories du Négatif (la loi, la limite, la castration, le manque, la lacune), que la pensée occidentale a si longtemps sacralisées comme forme du pouvoir et mode d’accès à la réalité. Préférez ce qui est positif et multiple, la différence à l’uniforme, le flux aux unités, les agencements mobiles aux systèmes. Considérez que ce qui est productif n’est pas sédentaire, mais nomade ;
- n’imaginez pas qu’il faille être triste pour être militant, même si la chose qu’on combat est abominable. C’est le lien du désir à la réalité (et non sa fuite dans les formes de la représentation) qui possède une force révolutionnaire ;
- n’utilisez pas la pensée pour donner à une pratique politique une valeur de vérité ; ni l’action politique pour discréditer une pensée, comme si elle n’était que pure spéculation. Utilisez la pratique politique comme un intensificateur de la pensée, et l’analyse comme un multiplicateur des formes et des domaines d’intervention de l’action politique ;
- n’exigez pas de la politique qu’elle rétablisse des « droits » de l’individu tels que la philosophie les a définis. L’individu est le produit du pouvoir. Ce qu’il faut, c’est « désindividualiser » par la multiplication et le déplacement des divers agencements. Le groupe ne doit pas être le lien organique qui unit des individus hiérarchisés, mais un constant générateur de « désindividualisation » ;
- ne tombez pas amoureux du pouvoir.
On pourrait même dire que Deleuze et Guattari aiment si peu le pouvoir qu'ils ont cherché à neutraliser les effets de pouvoirs liés à leur propre discours. D'ou les jeux et les pièges qu'on trouve un peu partout dans le livre, et qui font de sa traduction un véritable tour de force. Mais ce ne sont pas les pièges familiers de la rhétorique, ceux qui cherchent à séduire le lecteur sans qu'il soit conscient de la manipulation, et finissent par le gagner à la cause des auteurs contre sa volonté. Les pièges de L’Anti-Œdipe sont ceux de l'humour : tant d'invitations à se laisser expulser, à prendre congé du texte en claquant la porte. Le livre se donne souvent à penser qu'il n'est qu'humour et jeux là où pourtant quelque chose d'essentiel se passe, quelque chose qui est du plus grand sérieux : la traque de toutes les formes de fascisme, depuis celles, colossales, qui nous entourent et nous écrasent jusqu'aux formes menues qui font l'amère tyrannie de nos vies quotidiennes.
Re: Deleuze
Quant à la suite du programme, avec en particulier bientôt un texte sur Différence et Répétition, vous la trouverez ailleurs, aimable lectorat (si vous le voulez bien).
Je m'en vais maintenant ouvrir un fil autrement passionnant sur l'œuvre philosophique d'Eric Zemmour.
(nan c'est une blague)
Je m'en vais maintenant ouvrir un fil autrement passionnant sur l'œuvre philosophique d'Eric Zemmour.
(nan c'est une blague)
Re: Deleuze
chapati a écrit:Le livre se donne souvent à penser qu'il n'est qu'humour et jeux là où pourtant quelque chose d'essentiel se passe, quelque chose qui est du plus grand sérieux : la traque de toutes les formes de fascisme, depuis celles, colossales, qui nous entourent et nous écrasent jusqu'aux formes menues qui font l'amère tyrannie de nos vies quotidiennes.
Je n'avais pas vu ! Mais bon, comme je suis un adepte de Deleuze comme chapati est adepte des éléates, tout s'explique ! Un peu de sérieux. Ce qui est souligné est donc toujours d'une brûlante actualité, et le restera longtemps : c'est une possibilité du Sujet et la première qualification qu'on peut lui donner est celle de névrotique, c'est " Abel et Caïn " ensuite ainsi ou ainsi déclinée, selon les circonstances, le Sujet, etc. C'est maladif, pathologique, ça se voit de façon flagrante, caricaturale, etc., chez les spécimens particulièrement décérébrés.
_________________
" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 8364
Date d'inscription : 31/10/2009
Re: Deleuze
Oui, Foucault (c'est pas Deleuze, que tu devrais lire d'ailleurs mais bref) parle beaucoup de "micro-pouvoirs" auxquels on est sans cesse confronté chez les uns et les autres.
De fascisme intérieur donc, comme il le dit plus haut.
Par contre, je n'ai personnellement pas vu de relation particulière entre types "décérébrés" et ce goût obscène pour le rapport de force voire l'abus de pouvoir. Mais peut-être que tu as raison, que ça "se voit" mieux sur de tels sujets.
En attendant, moi je le constate plus souvent au contraire ches les types en haut de l'échelle sociale, qui transforment - ou voudraient tant le faire - leur savoir en pouvoir.
Un flic et un médecin ou un avocat, dès qu'on les pare d'un uniforme, ne sont pas très éloignés...
Mais les gens simples sont plutôt plus cools. C'est en général par réaction qu'ils investissent dans des comportements de pouvoir... ce qui est moins tordu à mon sens, moins malsain.
De fascisme intérieur donc, comme il le dit plus haut.
Par contre, je n'ai personnellement pas vu de relation particulière entre types "décérébrés" et ce goût obscène pour le rapport de force voire l'abus de pouvoir. Mais peut-être que tu as raison, que ça "se voit" mieux sur de tels sujets.
En attendant, moi je le constate plus souvent au contraire ches les types en haut de l'échelle sociale, qui transforment - ou voudraient tant le faire - leur savoir en pouvoir.
Un flic et un médecin ou un avocat, dès qu'on les pare d'un uniforme, ne sont pas très éloignés...
Mais les gens simples sont plutôt plus cools. C'est en général par réaction qu'ils investissent dans des comportements de pouvoir... ce qui est moins tordu à mon sens, moins malsain.
Re: Deleuze
chapati a écrit:Par contre, je n'ai personnellement pas vu de relation particulière entre types "décérébrés" et ce goût obscène pour le rapport de force voire l'abus de pouvoir. Mais peut-être que tu as raison, que ça "se voit" mieux sur de tels sujets.
Je parlais de ce qui est soulignée, de cette forme de haine, de violence, qu'est le fascisme et toutes ses déclinaisons, qui sautent particulièrement à la figure dans les cas les plus indigents en matière de ressources mentales, intellectuelles, etc.
chapati a écrit:Mais les gens simples sont plutôt plus cools. C'est en général par réaction qu'ils investissent dans des comportements de pouvoir, ce qui est moins tordu à mon sens, moins malsain.
Oui mais Le Pen et compagnie prennent délibérément le risque insensé de " jouer " avec cette " corde ", " fibre ", qu'on sait être présente chez quasiment tout le monde, c'est, typiquement " le pompier pyromane ", " jeter de l'essence sur le feu ", attiser des forces obscures, etc. Sinon, des individus de la base de la pyramide sociale particulièrement " arrangés " de ce point de vue, j'en ai vu et j'en vois encore, trop à mon gout.
_________________
" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 8364
Date d'inscription : 31/10/2009
Re: Deleuze
Bah, disons que je suis plus sensible au fascisme au quotidien, aux micro-fascismes faits de toute la bêtise humaine, qui fait que plus on contre les types et moins ils sont capables de répondre, plus ils s'entêtent voire deviennent hargneux. Ils s'affirment en jugeant, ça leur donne un peu de personnalité, c'est bien c'est pas cher... autant de petitesses qui peuvent se transformer en drames.
La bêtise toujours la bêtise.
Mais y'a aussi le fascisme de masse sans doute, que je connais pas trop... où les types sont entraînés vers le n'importe quoi que les foules suscitent chez certains.
En fait j'ai l'impression qu'il y a toujours des allers-retours extrêmement louches entre l'individu et le collectif. Qu'on s'y réfère, qu'on passe de l'un à l'autre, c'est comme ça y'a rien à dire... c'est comme ça qu'on pense.
Mais pour le racisme par exemple. Le type isolé commence par dire : "il est pas comme moi"... ensuite il passe du "moi" au "nous" : "il est pas comme nous", ça renforce son opinion (qui sans doute en avait besoin), et puis peut-être comme "pris" dans le collectif, ça finit par : "ils sont pas comme nous".
C'est même pas forcément méchant, juste très con (dans neuf cas sur dix, juste que le type a rien vu rien compris à l'autre)... et le tour est joué : MLP +1 !
Mais faut distinguer encore. Ça c'est plutôt le racisme genre campagne, je crois pas celui dont tu parles ; où en même temps y'a des traditions solidaires... ça se mélange et s'amplifie (si besoin est, quand les types se foutent pas sur la gueule).
Mais le voyou par exemple, c'est autre chose. Lui il est d'habitude plutôt pris dans le collectif, bien moins individualisé que l'autre, alors il cherche à se distinguer, se rendre original, revendiquer une personnalité. Lui il partira plutôt de mots d'ordres collectifs ("c'est des arabes, des riches" etc) pour essayer de retrouver l'individualité de "gens comme lui", ben des voyous du coup
Et puis y'a la culture, et le bouc émissaire etc etc.
Faudrait distinguer tout ça (y'a de quoi faire).
Et puis y'a plusieurs racismes : celui haineux peut-être le plus pathologique ; celui viscéral plus genre caste ; celui de type colonial, essentiellement paternaliste.
Le Pen semble exhaler le premier et le troisième (c'est pas une haute caste les Le Pen ), haineux comme un voyou, et paternaliste comme un type qui réfléchit pas beaucoup, qui comprend pas tout. Pas trop viscéral je pense, possible qu'ils aient des potes africains ou arabes à Montretout.
Bon je suis passé du fascisme au racisme...
Mais pour moi la vraie peste c'est le fasciste inconscient, persuadé de la pureté de sa (bonne) conscience. C'est celui-la le plus dangereux... et c'est celui-là qui se répand partout en occident.
La bêtise toujours la bêtise.
Mais y'a aussi le fascisme de masse sans doute, que je connais pas trop... où les types sont entraînés vers le n'importe quoi que les foules suscitent chez certains.
En fait j'ai l'impression qu'il y a toujours des allers-retours extrêmement louches entre l'individu et le collectif. Qu'on s'y réfère, qu'on passe de l'un à l'autre, c'est comme ça y'a rien à dire... c'est comme ça qu'on pense.
Mais pour le racisme par exemple. Le type isolé commence par dire : "il est pas comme moi"... ensuite il passe du "moi" au "nous" : "il est pas comme nous", ça renforce son opinion (qui sans doute en avait besoin), et puis peut-être comme "pris" dans le collectif, ça finit par : "ils sont pas comme nous".
C'est même pas forcément méchant, juste très con (dans neuf cas sur dix, juste que le type a rien vu rien compris à l'autre)... et le tour est joué : MLP +1 !
Mais faut distinguer encore. Ça c'est plutôt le racisme genre campagne, je crois pas celui dont tu parles ; où en même temps y'a des traditions solidaires... ça se mélange et s'amplifie (si besoin est, quand les types se foutent pas sur la gueule).
Mais le voyou par exemple, c'est autre chose. Lui il est d'habitude plutôt pris dans le collectif, bien moins individualisé que l'autre, alors il cherche à se distinguer, se rendre original, revendiquer une personnalité. Lui il partira plutôt de mots d'ordres collectifs ("c'est des arabes, des riches" etc) pour essayer de retrouver l'individualité de "gens comme lui", ben des voyous du coup
Et puis y'a la culture, et le bouc émissaire etc etc.
Faudrait distinguer tout ça (y'a de quoi faire).
Et puis y'a plusieurs racismes : celui haineux peut-être le plus pathologique ; celui viscéral plus genre caste ; celui de type colonial, essentiellement paternaliste.
Le Pen semble exhaler le premier et le troisième (c'est pas une haute caste les Le Pen ), haineux comme un voyou, et paternaliste comme un type qui réfléchit pas beaucoup, qui comprend pas tout. Pas trop viscéral je pense, possible qu'ils aient des potes africains ou arabes à Montretout.
Bon je suis passé du fascisme au racisme...
Mais pour moi la vraie peste c'est le fasciste inconscient, persuadé de la pureté de sa (bonne) conscience. C'est celui-la le plus dangereux... et c'est celui-là qui se répand partout en occident.
Re: Deleuze
En tous cas, Melenchon a raison de nous faire une nouvelle dépression, l'alternative ça m'a l'air d'être la pire qui puisse être, et bien apte à dérouler le tapis rouge.
On se prépare de beaux lendemains...
On se prépare de beaux lendemains...
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