Husserl, Méditations Cartésiennes 5
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Husserl, Méditations Cartésiennes 5
Olaf, Philautarchie
Husserl, Méditation 5 : Détermination du domaine transcendantal comme intersubjectivité monadologique
Les précédentes Méditations nous ont conduites à la reconnaissance d'une monade. Un Ego pur constitue le monde et ses objets (par genèse) tout comme il se constitue lui-même, tout comme il constitue un Moi. Les objets sont des noèmes, c'est-à-dire des pôles d'identités qui regroupent et font converger les synthèses constitutives, tout comme l'Ego est un pôle d'identité qui fait converger le flux du vécu.
Au final, le monde, c'est mon monde, il n'y a que mon monde. J'y acquiers des habitudes, des habitus, c'est-à-dire des régularités dans ma constitution du monde. Husserl se fait Humien, mais prend garde de conserver l'activité constitutive de l'Ego transcendantal.
À ce stade, nous sommes dans un parfait solipsisme. Mais la 5e Méditation va faire bouger ces conceptions. Ricoeur dira que, tout comme Dieu faisait éclater la sphère du Cogito Cartésien, chez Husserl, Autrui fera éclater la monade solipsiste de l' ego cogito.
La sphère d'appartenance, la chair
Je constitue mon monde, et je rencontre dans ce monde des objets. Dans ce monde, je rencontre mon corps. Je perçois ce corps, je le découpe, je distingue bras, jambe, tronc... Mais ça reste mon corps.
La spécificité de cette rencontre, c'est qu'elle me lie au monde. C'est qu'elle fait de moi un être psycho-physique, elle fait de moi un étant dans le monde, et non plus un pur ego constitutif du monde. Avec la découverte de mon corps, je découvre que j'appartiens au monde. Et c'est par mon corps que je rencontre les objets du monde.
Par mon corps, je suis là. Cette incarnation fait de ce corps ma chair. Le corps est l'objet que je rencontre, la chair est cette habitation, cette incarnation du corps comme objet mien, comme corps propre par lequel je saisis les objets, par lequel je sens et je touche les choses du monde. Bref, Husserl oppose Corps et Chair tout comme il oppose Esprit et Psychè.
Je suis incarné. Je suis un être du monde. Le monde devient Sphère d'appartenance et avec la découverte de l'autre, le monde est une Sphère intersubjective. Ce livre que je découvre en face de moi n'est pas seulement pour moi, il est aussi à l'usage d'un autre. C'est un livre pour tous.
C'est avec la découverte de l'autre que l'on découvre le monde de la culture. Ce livre qui vient de sortir, ce film que je viens de voir, ils ne sont pas seulement pour moi, ils sont là pour chacun. Le moindre objet est chargé du regard de l'autre. Il est temps d'approfondir la question d'autrui.
Autrui
La découverte d'autrui confronte Husserl à une double tension :
... Mais il reste autre. Je ne peux pleinement saisir autrui, il reste un corps étranger de ma sphère du Moi. Autrui n'est pas seulement un alter ego que je perçois de manière immanente, autrui possède une forme de transcendance. C'est un étranger que je ne suis pas.
D'ailleurs finalement, c'est peut-être bien par l'autre que je fais de mon Moi mon Moi. Cette mienneté de mon Moi n'est que par rapport à l'étrangeté de l'autre. Le propre et l'autre sont en rapport dialectique.
Descriptivement, l'autre est plus qu'une simple image de moi-même. C'est un autre moi, une autre Monade. Merleau-Ponty dira que l'autre vient à moi avec son propre monde, c'est dire le choc de la rencontre. L'autre est un Ego qui m'échappe, qui n'est pas moi. C'est même un véritable trou pour Sartre, une béance que je peux constamment constituer. Je m'engouffre dans l'autre. Mais l'autre me tient aussi, il fait de moi ce que je suis et suppose ma propre existence comme Moi.
Bref, 3 moments de la constitution d'autrui :
Sartre écrira d'ailleurs une grande pièce sur Autrui : Huis-Clos (1944). Les personnages sont en enfer. Leur paupières sont arrachées et ils ne peuvent par là s'absenter du monde, s'absenter dans le néant que procure les yeux qui se ferment. Nous sommes toujours avec l'autre, l'autre qui nous voit, nous juge... Voilà ce qu'est l'enfer, ne pouvoir néantiser l'autre.
Le monde devient une communauté intermonadique. Nous réalisons dans cette intersubjectivité des synthèses constitutives, nous constituons une même temporalité.
Avec les deux dernières Méditations, Husserl ouvre la voie de la Krisis avec ses analyses du monde de la vie (Lebenswelt). Cette dernière Méditation qui conclue l'oeuvre est de loin la plus riche, la plus dense... Et la plus longue. Car Autrui est un réel problème, un problème qui vient poser le monde partagé, le monde commun.
Ses propos sur le corps et sur la chair influenceront bien évidemment Merleau-Ponty.
Husserl, Méditation 5 : Détermination du domaine transcendantal comme intersubjectivité monadologique
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Les précédentes Méditations nous ont conduites à la reconnaissance d'une monade. Un Ego pur constitue le monde et ses objets (par genèse) tout comme il se constitue lui-même, tout comme il constitue un Moi. Les objets sont des noèmes, c'est-à-dire des pôles d'identités qui regroupent et font converger les synthèses constitutives, tout comme l'Ego est un pôle d'identité qui fait converger le flux du vécu.
Au final, le monde, c'est mon monde, il n'y a que mon monde. J'y acquiers des habitudes, des habitus, c'est-à-dire des régularités dans ma constitution du monde. Husserl se fait Humien, mais prend garde de conserver l'activité constitutive de l'Ego transcendantal.
À ce stade, nous sommes dans un parfait solipsisme. Mais la 5e Méditation va faire bouger ces conceptions. Ricoeur dira que, tout comme Dieu faisait éclater la sphère du Cogito Cartésien, chez Husserl, Autrui fera éclater la monade solipsiste de l' ego cogito.
La sphère d'appartenance, la chair
Je constitue mon monde, et je rencontre dans ce monde des objets. Dans ce monde, je rencontre mon corps. Je perçois ce corps, je le découpe, je distingue bras, jambe, tronc... Mais ça reste mon corps.
La spécificité de cette rencontre, c'est qu'elle me lie au monde. C'est qu'elle fait de moi un être psycho-physique, elle fait de moi un étant dans le monde, et non plus un pur ego constitutif du monde. Avec la découverte de mon corps, je découvre que j'appartiens au monde. Et c'est par mon corps que je rencontre les objets du monde.
Par mon corps, je suis là. Cette incarnation fait de ce corps ma chair. Le corps est l'objet que je rencontre, la chair est cette habitation, cette incarnation du corps comme objet mien, comme corps propre par lequel je saisis les objets, par lequel je sens et je touche les choses du monde. Bref, Husserl oppose Corps et Chair tout comme il oppose Esprit et Psychè.
Je suis incarné. Je suis un être du monde. Le monde devient Sphère d'appartenance et avec la découverte de l'autre, le monde est une Sphère intersubjective. Ce livre que je découvre en face de moi n'est pas seulement pour moi, il est aussi à l'usage d'un autre. C'est un livre pour tous.
C'est avec la découverte de l'autre que l'on découvre le monde de la culture. Ce livre qui vient de sortir, ce film que je viens de voir, ils ne sont pas seulement pour moi, ils sont là pour chacun. Le moindre objet est chargé du regard de l'autre. Il est temps d'approfondir la question d'autrui.
Autrui
La découverte d'autrui confronte Husserl à une double tension :
- - D'une part l'autre est un être en moi, pour moi. Il est dans mon monde.
- D'autre part, autrui est plus que cela. Il est hors de mon monde.
... Mais il reste autre. Je ne peux pleinement saisir autrui, il reste un corps étranger de ma sphère du Moi. Autrui n'est pas seulement un alter ego que je perçois de manière immanente, autrui possède une forme de transcendance. C'est un étranger que je ne suis pas.
D'ailleurs finalement, c'est peut-être bien par l'autre que je fais de mon Moi mon Moi. Cette mienneté de mon Moi n'est que par rapport à l'étrangeté de l'autre. Le propre et l'autre sont en rapport dialectique.
- Aparté psychanalytique : Peut-être cette dialectique du propre et de l'autre est une piste pour la compréhension des phénomènes obsessionnels. Plus je suis confronté à l'autre, plus l'étranger devient menaçant et incontrôlable plus je dois investir le 'propre', la propreté. Se faire une maison propre, un monde à soi propre, n'est-ce pas endiguer l'invasion de l'étranger dans son pour moi ?
Descriptivement, l'autre est plus qu'une simple image de moi-même. C'est un autre moi, une autre Monade. Merleau-Ponty dira que l'autre vient à moi avec son propre monde, c'est dire le choc de la rencontre. L'autre est un Ego qui m'échappe, qui n'est pas moi. C'est même un véritable trou pour Sartre, une béance que je peux constamment constituer. Je m'engouffre dans l'autre. Mais l'autre me tient aussi, il fait de moi ce que je suis et suppose ma propre existence comme Moi.
Bref, 3 moments de la constitution d'autrui :
- 1 - Je le saisis analogiquement comme image de moi-même.
2 - Je lui insuffle une vie propre.
3 - Je suis un là, autrui est un là-bas.
Sartre écrira d'ailleurs une grande pièce sur Autrui : Huis-Clos (1944). Les personnages sont en enfer. Leur paupières sont arrachées et ils ne peuvent par là s'absenter du monde, s'absenter dans le néant que procure les yeux qui se ferment. Nous sommes toujours avec l'autre, l'autre qui nous voit, nous juge... Voilà ce qu'est l'enfer, ne pouvoir néantiser l'autre.
Le monde devient une communauté intermonadique. Nous réalisons dans cette intersubjectivité des synthèses constitutives, nous constituons une même temporalité.
*
Avec les deux dernières Méditations, Husserl ouvre la voie de la Krisis avec ses analyses du monde de la vie (Lebenswelt). Cette dernière Méditation qui conclue l'oeuvre est de loin la plus riche, la plus dense... Et la plus longue. Car Autrui est un réel problème, un problème qui vient poser le monde partagé, le monde commun.
Ses propos sur le corps et sur la chair influenceront bien évidemment Merleau-Ponty.
Bergame- Persona
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Date d'inscription : 03/09/2007
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