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L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne

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L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne - Page 38 Empty Re: L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne

Message par Omer Desseres Jeu 8 Juin 2023 - 17:54

Vanleers a écrit:
aliochaverkiev a écrit:

Le mythe de Jésus pour moi c'est la situation de l'homme soudain confronté à l'abandon et à la déréliction. Mon Dieu pourquoi m'as tu abandonné ? Commet faire face à cette tragédie ?


Jésus nous est connu par les évangiles qui ne sont pas des biographies, des récits historiques.
En ce sens, pourrait-on parler de « mythe » ?
Ils ont été écrits afin que les lecteurs y trouvent de quoi bien vivre (bene agere et laetari) (et bien mourir?).
Ils ont été souvent mal compris et le lecteur d’aujourd’hui doit effectuer un gros travail de décapage pour tenter d’accéder à son message central.
Mais, de toute façon, il n’aboutira qu’à son interprétation à lui, conjecturale, débattable et jamais assurée d’une certitude absolue.

J'ajouterais qu'en opposition à cette volonté de fournir une méthode de réaliser une bonne vie, il y a celle de réaliser une bonne mort promesse de souffrance à l'état vivant par l'exposition permanente d'une mort horrible dans tous les lieux de culte chrétiens, ce qui est matérialisé par le symbole repoussant de la torture par le clouage sur du bois que constitue la crucifixion potée au summum du bonheur chrétien !

Si Jésus était né aux États-Unis et qu'il aurait été envoyé outre au moyen de l'électricité appliquée à son corps bien ensanglanté, les chrétiens se baladeraient avec des petites chaises électriques portées en pendentif ou en décoration de tee-shirt anti-avortement.

La joie, quoi ...

.


Dernière édition par Omer Desseres le Jeu 8 Juin 2023 - 18:28, édité 1 fois

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Message par Omer Desseres Jeu 8 Juin 2023 - 18:13

Vanleers a écrit:
Pierre Macherey a écrit:Hegel a focalisé sa lecture de Spinoza sur la première et la deuxième partie de l’Éthique : c’est ce qui l’amené à faire de lui un penseur de l’être et de sa représentation, dont la philosophie consiste pour l’essentiel en une ontologie assortie d’une théorie de la connaissance. S’il n’avait pas fait l’impasse sur les trois parties suivantes de l’ouvrage et sur les textes politiques, il n’aurait pas pu soutenir que Spinoza est le philosophe d’une substance destinée à ne pas devenir sujet, coupée en conséquence des réalités du monde et de la vie. Il n’a pas compris, il n’a pas voulu comprendre, il ne pouvait se permettre d’admettre que la philosophie de Spinoza est avant tout, comme Deleuze la caractérise, une « philosophie pratique », essentiellement préoccupée par le problème des conditions de la libération. Ce n’est pas un hasard si Spinoza a intitulé le grand traité dans lequel il a rassemblé les différents aspects de sa philosophie « Éthique », en prenant ce mot dans son sens ancien, celui que lui avait donné Aristote, à savoir un positif art de vivre (« bene agere et laetari ») et non l’énoncé de règles de morale ayant avant tout une valeur restrictive et négative d’obligation, donc de contrainte. La grande question à laquelle Spinoza ne cesse de revenir est celle de savoir comment s’y prendre pour devenir de plus en plus actif et de moins en moins passif, sous l’horizon d’une substantialité qui n’est pas massive et statique, mais exerce dynamiquement sa puissance dans de multiples directions et sans point d’arrêt : à cette puissance on participe à des degrés d’intensité divers susceptibles d’être infiniment modulés, ce qui donne lieu à tout un spectre d’attitudes dont chacune négocie à sa manière le rapport entre servitude et liberté.

Je suis absolument d'accord avec ce Pierre Macherey que je ne connais d'ailleurs pas. Il a vu juste sur le raisonnement qu'il attribut à Hegel, qui est en fait un bigot jouant sur le principe de la thèse, de l'antithèse et de la synthèse transformé en multitude de cercles dont il fait croire qu'il est l'inventeur en nous faisant prendre des vessies pour des lanternes avec une intelligence remarquable du développement de ses idées partout dans ce qu'il écrit en tant que «Hegel le Grand».

.
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Message par Bergame Jeu 8 Juin 2023 - 19:02

Vanleers a écrit:Au passage et avant de revenir plus précisément au sujet du fil, je cite ce texte qui éclaire le rapport de Hegel à Spinoza :
Pierre Macherey a écrit:Hegel a focalisé sa lecture de Spinoza sur la première et la deuxième partie de l’Éthique : etc.

Je suppose que cette nouvelle citation n'a pas vocation à répondre à mes objections ? Puisque moi, je ne conteste pas que la philosophie de Spinoza soit pratique. J'objecte à cette idée de Deleuze, citée par toi, selon laquelle "Spinoza ferait l'expérience qu'il est éternel". C'est sûr qu'on peut faire tout plein d'expériences, moi une fois j'ai fait l'expérience que j'étais une "langouste cosmique" -le copain qui partageait ma chambre à Amsterdam cette nuit-là s'en souvient encore ! Mais bon, quelle est la valeur philosophique de ce genre d'expérience ?
Tu fais l'expérience d'être éternel, toi, Vanleers ?

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Message par aliochaverkiev Ven 9 Juin 2023 - 9:52

Vanleers a écrit:Comme déjà indiqué, Lytta Basset montre dans Faire face à la perversion  comment Jésus a fait face avec l’autorité de la Vie à ce qu’il y a de mortifère en l’homme.
Ce combat fut aussi celui de Spinoza comme le présente magnifiquement Deleuze dans Spinoza. Philosophie pratique – Minuit 1981 :

Gilles Deleuze a écrit: Le reproche que Hegel fera à Spinoza, d’avoir ignoré le négatif et sa puissance, c’est la gloire et l’innocence de Spinoza, sa découverte propre. Dans un monde rongé par le négatif, il a assez confiance dans la vie, dans la puissance de la vie, pour mettre en question la mort, l’appétit meurtrier des hommes, les règles du bien et du mal, du juste et de l’injuste. Assez de confiance dans la vie pour dénoncer tous les fantômes du négatif. L’excommunication, la guerre, la tyrannie, la réaction, les hommes qui luttent pour leur esclavage comme si c’était leur liberté, forment le monde du négatif où vit Spinoza ; l’assassinat des frères De Witt est pour lui exemplaire. Ultimi barbarorum. Toutes les manières d’humilier et de briser la vie, tout le négatif ont pour lui deux sources, l’une tournée vers le dehors et l’autre vers le dedans, ressentiment et mauvaise conscience, haine et culpabilité. « La haine et le remords, les deux ennemis fondamentaux du genre humain » (Court traité, premier dialogue). Ces sources, il ne cesse de les dénoncer comme liées à la conscience de l’homme et ne devant tarir qu’avec une nouvelle conscience, sous une nouvelle vision, dans un nouvel appétit de vivre. Spinoza sent, expérimente qu’il est éternel.
La vie n’est pas une idée, une affaire de théorie chez Spinoza. Elle est une manière d’être, un même mode éternel dans tous les attributs. Et c’est seulement de ce point de vue que prend tout son sens la méthode géométrique. Celle-ci dans l’Ethique s’oppose à ce que Spinoza appelle une satire ; et la satire, c’est tout ce qui prend plaisir à l’impuissance et à la peine des hommes, tout ce qui exprime le mépris et la moquerie, tout ce qui se nourrit d’accusations, de malveillances, de dépréciations, d’interprétations basses, tout ce qui brise les âmes (le tyran a besoin d’âmes brisées, comme les âmes brisées, d’un tyran). (pp. 22-23)

Spinoza a subi l’excommunication et la mise au ban de la société,  à Amsterdam. Sa vie ne cessa d’évoluer vers la passivité. Il ne parvint pas à reprendre l’activité économique de son père, ce fut même une déroute, il refusa de payer ses dettes, ce qui dut aussi précipiter son excommunication.
Je ne vois pas comment il serait possible de qualifier Spinoza d’homme d’action. De même je ne vois pas Hegel, ni Deleuze d’ailleurs hommes d’action. Je vois même en eux une impuissance à l’action. Spinoza termine sa vie en taillant ses diamants, Hegel meurt dans la première épidémie de choléra, Deleuze se défenestre de l’appartement de la fameuse dominatrice sado-maso Françoise. Difficile, difficile l’action pour des hommes qui, à mon avis, ont espéré vainement que la pensée pure puisse se muer en action. Je pense à ce propos à Sartre tout émoustillé de parvenir enfin à réaliser une action concrète en vendant Libération sur les Grands Boulevards. Il croyait même qu’il allait terminer en prison pour avoir le courage de passer à l’action.

Quant à Spinoza et à son rapport à l’éternité il ne croyait pas à l’immortalité de l’âme. Cela n’a pas arrangé ses affaires. Encore qu’il rejoignait là cette position aristocratique des Sadducéens, les grands prêtres du Temple, lesquels ne croyaient pas non plus à l’immortalité de l’âme. Une telle croyance pour eux étaient bonne pour le peuple mais dérisoire pour les maîtres. Les Sadducéens ont disparu après la destruction du Temple en 70.

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Message par neopilina Ven 9 Juin 2023 - 14:35

(

aliochaverkiev a écrit:..., Deleuze se défenestre de l’appartement de la fameuse dominatrice sado-maso Françoise.

Un soupçon de moraline ? On peut compléter : Deleuze se savait condamné à court terme par une maladie qui lui promettait de mourir littéralement asphyxié. Il souffrait beaucoup et ce n'était que " l'apéritif ". Je ne lis pas Deleuze, je n'y arrive pas, c'est physique. Mais hks nous a un jour sorti une petite vidéo où il est littéralement fantastique, j'ai retranscrit mot à mot ce qu'il disait, mais je ne sais plus où c'est !

)

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Message par Vanleers Ven 9 Juin 2023 - 15:47

« Bien agir et être dans la joie » (bene agere et laetari) est une expression qui revient deux fois dans l’Ethique (E IV 50 sc. et E IV 73 sc.).
Dans son commentaire de la première occurrence :

Pierre Macherey a écrit:En effet, l’homme que conduit la raison se fixe avant tout pour objectif personnel de « bien agir et se réjouir » (bene agere et laetari). Cette formule, que l’éthique spinoziste pourrait prendre pour devise, est à nouveau utilisée à la fin du de Servitute, dans le scolie de la proposition 73, qui cite précisément ce scolie de la proposition 50. Elle signifie que l’idéal de vie conforme à la haute intelligence des choses qui définit l’existence de l’homme libre se détermine d’abord en rapport à des valeurs positives : tout ce que fait un tel homme, il l’accomplit dans le sens de l’affirmation de sa puissance : au lieu de s’abandonner à des automatismes imaginaires qui l’aliènent, il s’arrange dans tous les cas pour « bien agir », c’est-à-dire pour que ses actions soient bien des actions au sens propre du terme et non des manifestations incontrôlées d’impuissance ; et le fait d’agir ainsi selon les lois de sa seule nature déclenche en lui un sentiment de joie sans mélange, qui ne concède aucune place à la tristesse. Un homme libre ne fait rien qu’il puisse regretter : il ne cède à aucun entraînement qui l’amènerait à faire des autres hommes moins de cas ou plus de cas qu’ils ne le méritent ; et c’est pourquoi il évite de se laisser irriter ou apitoyer au gré des occasions et des rencontres.

Ceci est un idéal, conforme au modèle d’une vie parfaite, telle que la mène un homme que conduit la raison. Cet idéal, Spinoza sait bien qu’il n’est que très rarement réalisé, si d’ailleurs il peut l’être complètement. C’est pourquoi il ajoute [...]
Dans le commentaire de la deuxième occurrence :

Pierre Macherey a écrit:Il est bien sûr capital que l’exposé du de Servitute, dans lequel ont été analysées toutes les vicissitudes de la condition humaine, se termine par cet appel à la joie, à une joie de vivre qui donne finalement sa perspective d’ensemble à tout le processus éthique. (Note 1 : Sur ce point, l’éthique de Spinoza se situe manifestement dans le sillage de l’éthique épicurienne, dont elle se sépare néanmoins lorsqu’il s’agira d’expliquer quels moyens sont requis pour parvenir à cet état final de joie qui donne son but à l’entreprise de libération.)

Cela paraîtra peut-être surprenant mais les propos de P. Macherey  s’appliquent mutatis mutandis, à la spiritualité ignatienne.
En effet, bien agir c’est, pour Ignace de Loyola, faire la volonté de Dieu et :

Adrien Demoustier a écrit:Choisir de faire la volonté de Dieu sera toujours, d’une façon ou d’une autre, une détermination qui permettra de trouver paix et joie au travers de la difficulté de vivre (op. cit. p. 7)

Bien entendu, accepter cela demande un acte de foi ou, si l’on veut, demande de poser le postulat que « Dieu veut le bonheur de l’homme parce que telle est sa très sainte et libre volonté » (A. Demoustier p. 7).
Le reste est une affaire d’expérience personnelle pour vérifier si, chemin faisant, un tel acte de foi conduit ou non à vivre davantage dans la joie.

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Message par Vanleers Ven 9 Juin 2023 - 16:19

aliochaverkiev a écrit:

Spinoza a subi l’excommunication et la mise au ban de la société,  à Amsterdam. Sa vie ne cessa d’évoluer vers la passivité. Il ne parvint pas à reprendre l’activité économique de son père, ce fut même une déroute, il refusa de payer ses dettes, ce qui dut aussi précipiter son excommunication.

Je signale le roman de Maxime Rovère Le clan Spinoza, et la recension de Steven Nadler en :

https://laviedesidees.fr/L-affaire-Spinoza

Steven Nadler a écrit:Le roman s’ouvre sur les aïeuls de Spinoza – ses grands-parents, tandis qu’ils fuient le Portugal à la suite du décret de Manuel Ier qui ordonne la conversion de tous les Juifs du Royaume, et aboutit à la traque menée par l’Inquisition des Nouveaux Chrétiens hypocrites qui pratiqueraient le judaïsme en secret. La famille, emmenée par Miguel, le père de Spinoza, passe par Nantes et s’installe finalement à Amsterdam, où naît le futur philosophe. Avant la fin des années 1630, Miguel est déjà veuf deux fois, et engagé dans l’import-export de fruits, d’huile et de vin, tandis que ses fils étudient à l’école Talmud Torah de la congrégation séfarade. La famille prospère et devient relativement éminente au sein de la communauté juive d’Amsterdam : Miguel est au service du ma’amad, le bureau des directeurs de la congrégation. Pourtant, les affaires familiales souffrent d’importantes pertes quand la guerre et la piraterie en haute mer font payer un lourd tribut aux navires de Miguel. Au moment où Bento et son frère Gabriel prennent la relève de leur père après sa mort en 1654, l’affaire est criblée de dettes très importantes que les jeunes gens ne peuvent rembourser (Spinoza semble ne pas être taillé pour les affaires de toute façon ; Rovère fait d’ailleurs le récit des tentatives incompétentes et humiliantes de Spinoza pour récupérer ses pertes auprès des frères Alvares, personnages arrogants et violents.)

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Message par neopilina Sam 10 Juin 2023 - 16:11

(

aliochaverkiev a écrit:Pour moi la Thorah est un récit mythique écrit par les scribes de Babylone à partir d’écrits partiels qui ont jalonné l’histoire d’Israël.

Je m'autorise une petite digression relative au titre du fil. En l'état des connaissances actuelles, les premières mises à l'écrit de textes bibliques (les plus anciens donc) commencent sous le règne de Jeroboam II, royaume du Nord, donc vers le 8° siècle. Les Hébreux sont encore polythéistes, mais c'est bien ainsi que la geste de Yahvé à l'écrit commence. Bien évidemment, le traumatisme de l'Exil va précipiter les choses : il y a désormais un projet de sauvegarde et finalement un projet de Canon.

)

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Message par Vanleers Sam 10 Juin 2023 - 17:03

En effet, c’est une digression par rapport à la préoccupation du fil : vivre davantage dans la joie en confrontant deux éthiques de la joie : l’Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne.

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Message par aliochaverkiev Sam 10 Juin 2023 - 17:43

Oui, il existe de nombreux papyrus et autres supports, avec des textes relatifs à l'histoire des Hébreux, avant que fut écrite la Torah et d'une manière plus générale le Tanakh. Le problème avec de simples textes, et ce problème est réel pour des évènements de notre propre histoire, c'est qu'il est difficile de savoir s'ils disent des évènements objectifs ou s'ils sont intentionnels, c'est à dire déformés, dans ce qu'ils disent, par des intentions. Par exemple nombre d'écrits anciens sont issus de scribes judéens (habitants de la Judée, habité par les deux tribus de Juda et de Benjamin) qui systématiquement vont décrier les évènements de Samarie (où vécurent les dix tribus perdues d'Israël). C'est ainsi que même dans les Evangiles nous voyons Jésus, issu de la Judée-Galilée en butte avec les préjugés contre les Samaritains, qui sont pourtant eux aussi des Hébreux, mais issus de tribus hébraïques vivant en Samarie. Mais ce problème existe évidemment pour nos propres histoires. Il est nécessaire du coup de recouper les écrits avec des fouilles archéologiques qui nous donneront d'autres informations, ou avec des informations factuelles pour notre histoire contemporaine.
Quand les scribes écrivent la Thorah ils disposent de toutes ces informations écrites et des information orales. Ils vont écrire un texte intentionnel, destiné à assoir le monothéisme et à valoriser les Judéens. Connaissant le passé et son déroulement ils peuvent alors faire parler des prophètes dont les scribes diront qu'ils avaient prévu les évènements. Ainsi ils diront que les royaumes de David et surtout celui de Salomon sont tombés parce que Salomon n'avait pas respecté le monothéisme (il honorait parait-il les dieux de ses maitresses) ce qui provoqua la colère de Yahvé.
Bon ce que je dis là est banal. Nous ne cessons nous-mêmes de récrire notre histoire passée sans même nous en rendre compte (et même, nous récrivons notre histoire personnelle, intime, au fur et à mesure que nous faisons de nouvelles expériences).
Ce qui est intéressant avec les scribes de Babylone, c'est de discerner leurs intentions. Je pense que leurs intentions étaient de sauvegarder une identité hébraïque, ils ont refusé l'assimilation. Démarche étonnante car ils auraient pu s'assimiler à la population dominante de Babylone. Curieuse démarche à l'époque qui a conduit à l'instauration pure et dure du monothéisme, et à la création d'une notion finalement nouvelle : celui de "peuple", agglomérat de personnes unies dans une histoire commune, même si cette histoire est mythique.
Mais les idées des scribes n'auraient pas perduré si les exilés Babyloniens n'étaient revenus à Jérusalem. Une fois revenus à Jérusalem, ils ont instauré une véritable dictature. Soumission au Dieu unique de qui procède toutes les règles de vie, obligation faite aux judéens restés à Jérusalem (les paysans n'avaient pas été déportés) de changer de femme (même si elles étaient originaires d'une tribu d'Israël comme les Samaritains) et de prendre des judéennes ou des converties au monothéisme. Cette exclusion n'était pas raciale mais culturelle.

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Message par Vanleers Dim 11 Juin 2023 - 16:42

(suspendu en vue d'une reprise)

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Message par Bergame Mar 13 Juin 2023 - 9:48

aliochaverkiev a écrit:Quand les scribes écrivent la Thorah ils disposent de toutes ces informations écrites et des information orales. Ils vont écrire un texte intentionnel, destiné à assoir le monothéisme et à valoriser les Judéens. Connaissant le passé et son déroulement ils peuvent alors faire parler des prophètes dont les scribes diront qu'ils avaient prévu les évènements. Ainsi ils diront que les royaumes de David et surtout celui de Salomon sont tombés parce que Salomon n'avait pas respecté le monothéisme (il honorait parait-il les dieux de ses maitresses) ce qui provoqua la colère de Yahvé. [...]
Ce qui est intéressant avec les scribes de Babylone, c'est de discerner leurs intentions. Je pense que leurs intentions étaient de sauvegarder une identité hébraïque, ils ont refusé l'assimilation. Démarche étonnante car ils auraient pu s'assimiler  à la population dominante de Babylone. Curieuse démarche à l'époque qui a conduit à l'instauration pure et dure du monothéisme, et à la création d'une notion finalement nouvelle : celui de "peuple", agglomérat de personnes unies dans une histoire commune, même si cette histoire est mythique.
Donc si je te comprends bien, tu dis que les scribes judéens déportés à Babylone, plutôt que de s'assimiler lentement à l'élite locale, ont rassemblé les écrits épars dont ils disposaient afin d'élaborer une histoire du peuple juif qui ait du sens, avec l'intention de forger une sorte de "conscience nationale" juive. Et pour cela, ils ont usé de la réécriture a posteriori de l'histoire, et en particulier ils ont présenté les prophètes juifs comme annonçant les évènements qui se dérouleront après eux. Je comprends bien ?
Si oui, c'est une hypothèse... forte.

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Message par Kercos Mar 13 Juin 2023 - 10:54

Pas mal de cours "pointus" sur ce domaine au collège de France Par E. Romer . Agréable d'écoute malgré l'accent:
https://www.college-de-france.fr/fr/agenda/cours/naissance-de-la-bible-suite-et-fin

Le dernier de la série:

Cours
La réécriture de l'histoire et la fin de l'histoire : Esdras-Néhémie, Chroniques, Daniel
Naissance de la Bible (suite et fin)

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Message par Vanleers Mar 13 Juin 2023 - 17:24

Au début de ses Exercices Spirituels :

Ignace de Loyola a écrit:[…] tout bon chrétien doit être plus enclin à sauver la proposition du prochain qu’à la condamner ; et s’il ne peut la sauver qu’il s’enquière de la manière dont il la comprend et, s’il la comprend mal, qu’on le corrige avec amour. Si cela ne suffit pas, qu’on cherche tous les moyens appropriés pour que, la comprenant bien, elle soit sauve. (ES 22)

Ne pas condamner, c’est aussi l’attitude de Spinoza :

Spinoza a écrit:Non ridere, non lugere neque detestari, sed intelligere, « Ne pas ricaner, ne pas déplorer, encore moins maudire, mais seulement comprendre ». (Traité politique I 4)

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Message par Vanleers Jeu 15 Juin 2023 - 9:03

Ignace de Loyola énonce le mot d’ordre : « Chercher et trouver Dieu en toute chose »
Le génie d’Ignace est d’avoir relié la recherche de Dieu à la recherche de la consolation spirituelle et son adage peut donc s’écrire : « Chercher et trouver l’allégresse intérieure en toute chose ».

Quelques passages de La joie de Dieu qui vont dans ce sens en :

https://www.revue-christus.com/article/la-joie-qui-vient-de-dieu-careme-4695

Revue Christus a écrit:C'est le propre de Dieu de nous donner la joie, dit saint Ignace dans son livret des Exercices spirituels (n° 329). En effet, la joie, véritable allégresse ou consolation spirituelle, est un fruit de l'Esprit dans nos vies. En tout temps, il est bon d'apprendre à la repérer en nous, à découvrir ses harmoniques afin d'y consentir pleinement. C'est un exercice peut-être plus difficile qu'il n'y paraît au premier abord.

Nous percevons bien que le sentiment de joie profonde qui nous habite à certains moments ne vient ni de la terre ni de nous. Il vient d'en haut comme une lumière qui nous inonde et irradie, comme une présence mystérieuse et fragile, comme une parcelle de résurrection à répandre autour de nous.

Dieu lui-même en est la source [de notre joie] car il est joie. Et notre propre joie n'est qu'une participation à la joie de Dieu, [...]

Plus nous avançons dans la vie spirituelle, plus il est important de prêter attention aux mouvements intérieurs qui nous agitent aussi bien dans la prière que dans la vie quotidienne : ceux qui vont dans le sens de Dieu, de son appel à vivre ; ceux qui cherchent à nous freiner, à éteindre la vie en nous pour nous conduire à la dérive.

Mettre un nom sur ce qui nous meut nous permet de prendre du recul, de la distance. Nous gagnons alors en liberté. Nommer la tristesse et l'angoisse comme temps de désolation spirituelle, nommer la joie et la paix comme moment de consolation spirituelle.

Nous sommes ainsi faits : il nous est plus facile de nous arrêter à ce qui nous fait difficulté qu'à nous appuyer sur ces moments de joie.

Choisir la joie pour boussole est une décision qui nous conduit à tourner le dos à ce qui lui est contraire : jalousie, mépris des autres, colère, ressentiment, etc. C'est le fruit d'une conversion et du combat spirituel.

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Message par aliochaverkiev Ven 23 Juin 2023 - 9:06

Tout de même je suis un peu surpris en lisant tous ces textes. Dans ma naïveté je croyais que le catholicisme et même le christianisme dans son ensemble était structuré autour du souci de l’autre, de l’amour de l’autre, du moins il me semblait que cela ressortait des Évangiles.
Or je vois qu’ici l’autre disparaît et qu’il s’agit pour le catholique d’établir un lien direct avec Dieu afin de connaître la consolation et même la Joie si possible. Le but du catholique serait donc d’accéder à la jouissance personnelle, solitaire même, non pas une jouissance vulgaire ( physique) mais une jouissance « classe » ( spirituelle) ce qui reste tout de même de l’ordre de la jouissance. Exit le prochain, exit l’autre, l’autre ne tient aucun rôle dans cette histoire de Joie. J’ai dû me tromper concernant le catholicisme. Il s’agit donc d’une technique sophistiquée pour accéder à la jouissance spirituelle pour soi dans un rapport intime avec Dieu.

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Message par Vanleers Ven 23 Juin 2023 - 11:29

aliochaverkiev a écrit:Tout de même je suis un peu surpris en lisant tous ces textes. Dans ma naïveté je croyais que le catholicisme et même le christianisme dans son ensemble était structuré autour du souci de l’autre, de l’amour de l’autre, du moins il me semblait que cela ressortait des Évangiles.
Or je vois qu’ici l’autre disparaît et qu’il s’agit pour le catholique d’établir un lien direct avec Dieu afin de connaître la consolation et même la Joie si possible. Le but du catholique serait donc d’accéder à la jouissance personnelle, solitaire même, non pas une jouissance vulgaire ( physique) mais une jouissance « classe » ( spirituelle) ce qui reste tout de même de l’ordre de la jouissance. Exit le prochain, exit l’autre, l’autre ne tient aucun rôle dans cette histoire de Joie. J’ai dû me tromper concernant le catholicisme. Il s’agit donc d’une technique sophistiquée pour accéder à la jouissance spirituelle pour soi dans un rapport intime avec Dieu.

Vous soulignez, à juste titre, le risque pour le chrétien d’oublier que la joie profonde qui lui est communiquée par Dieu est la joie du Christ ressuscité qui a payé de sa vie son souci des hommes.
Il ne suffit pas de se décentrer de soi-même, encore faut-il se recentrer sur le Christ pour vivre dans la plénitude de la joie de Dieu.
C’est sans doute ici que le chemin que Spinoza a montré mener à la béatitude  s’arrête et que prend le relais celui qu’a balisé Ignace de Loyola.

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Message par Omer Desseres Ven 23 Juin 2023 - 14:44

aliochaverkiev a écrit:Tout de même je suis un peu surpris en lisant tous ces textes. Dans ma naïveté je croyais que le catholicisme et même le christianisme dans son ensemble était structuré autour du souci de l’autre, de l’amour de l’autre, du moins il me semblait que cela ressortait des Évangiles.
Or je vois qu’ici l’autre disparaît et qu’il s’agit pour le catholique d’établir un lien direct avec Dieu afin de connaître la consolation et même la Joie si possible. Le but du catholique serait donc d’accéder à la jouissance personnelle, solitaire même, non pas une jouissance vulgaire ( physique) mais une jouissance « classe » ( spirituelle) ce qui reste tout de même de l’ordre de la jouissance. Exit le prochain, exit l’autre, l’autre ne tient aucun rôle dans cette histoire de Joie. J’ai dû me tromper concernant le catholicisme. Il s’agit donc d’une technique sophistiquée pour accéder à la jouissance spirituelle pour soi dans un rapport intime avec Dieu.

Dans le monde de la croyance en un dieu vivant dans les arrière-mondes, il existe deux christianismes, celui de Paul de Tarse et celui de Jésus.

Le christianisme de Paul de Tarse, c'est celui de la contention des corps interdits de toute jouissance physique et condamnés à recréer leur vie en une mort permanente. C'est celui de la croix et son supplice montré dans tous les lieux de culte chrétien.

Le christianisme de Jésus, c'est celui de l'amour de son prochain et aussi de sa prochaine. C'est celui du partage du pain sorti du four et du poisson pêché dans le lac voisin. C'est celui d'une éthique de l'aide à apporter aux plus faibles, aux malades, aux aveugles, aux pauvres de toutes sortes physiques ou mentale.

Nietzsche, qui était assez perspicace pour avoir compris bien des facettes de l'humain, qu'il qualifiait d'ailleurs de trop humain, lui, il avait compris qu'il n'y avait jamais eu sur terre qu'un seul chrétien : Jésus.

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Message par Omer Desseres Ven 23 Juin 2023 - 15:01

Vanleers a écrit:
Il ne suffit pas de se décentrer de soi-même, encore faut-il se recentrer sur le Christ pour vivre dans la plénitude de la joie de Dieu.
C’est sans doute ici que le chemin que Spinoza a montré mener à la béatitude  s’arrête et que prend le relais celui qu’a balisé Ignace de Loyola.

Tien, c'est la première fois que je te vois clairement séparer Spinoza de Loyola !

Je suis entièrement d'accord avec cette incontestable séparation.

Elle me permet de parcourir le seul et unique chemin indiqué par Spinoza.

Mon matérialisme radical, scientifique et athée ne me permets pas de prendre le chemin de quelque pensée théologique de nature chrétienne (ou musulmane).

En passant, mon attrait pour le judaïsme est construit autour de l'inexistence du prosélytisme mortifère des deux autres monothéismes champions toutes catégories de tous les crimes que ce prosélytisme a commis au nom de Dieu. Fais le compte de tous les meurtres commis par ces religions en le comparant à celui n'ayant pas eu le christianisme et l'islam pour prétexte. Tu m'en diras des nouvelles.

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Message par neopilina Ven 23 Juin 2023 - 15:20

Omer Desseres a écrit:Nietzsche, qui était assez perspicace pour avoir compris bien des facettes de l'humain, qu'il qualifiait d'ailleurs de trop humain, lui, il avait compris qu'il n'y avait jamais eu sur terre qu'un seul chrétien : Jésus.

Lu et approuvé. Mais je serais un peu moins radical, dans tous le lot, il y en a eu tout de même quelques unes et quelques uns de bons : j'en ai connu et j'en connais.

omer a écrit:En passant, mon attrait pour le judaïsme est construit autour de l'inexistence du prosélytisme mortifère des deux autres monothéismes champions toutes catégories de tous les crimes que ce prosélytisme a commis au nom de Dieu. Fais [Vanleers] le compte de tous les meurtres commis par ces religions en le comparant à celui n'ayant pas eu le christianisme et l'islam pour prétexte. Tu m'en diras des nouvelles.

Sur un autre fil, je dis pourquoi selon moi le judaïsme est intrinsèquement contraire à tout prosélytisme, en vertu de la dite Alliance, il exclue, de la communauté juive, précisons. Oui, pour le christianisme et l'islam, des " champions du monde " en la matière. Il n'empêche que ce sont deux " Poissons " qui évoluent dans " l'Aquarium " formalisé par l'Ancien Testament, le judaïsme. Le ou les monothéismes du ou des Livres sont intrinsèquement mortifères. Le plus notoirement du monde, ils ont un très très grave problème avec le sexe. " Naturellement ", une sexualité, c'est éminemment synthétique : il y a du bien et du mal, etc. Alors oui, on a une ou des " culpabilités " " naturelles " quant à celle-ci. Et que fait ce monothéisme ? Il fait de cette culpabilité, de cette mauvaise conscience, un Dieu. Je te pète les genoux, ensuite je te demande de faire un marathon. On n'est pas rendu !! On peut faire un parallèle entre l'écologie et la métaphysique : le judaïsme permet, rend possible, favorise, l'apparition de phénomènes type christianisme et islam, etc., condition sine qua non. C'est affaire de " Cadre ", de paradigme.

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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
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Message par Omer Desseres Ven 23 Juin 2023 - 16:08

neopilina a écrit:
Omer Desseres a écrit:Nietzsche, qui était assez perspicace pour avoir compris bien des facettes de l'humain, qu'il qualifiait d'ailleurs de trop humain, lui, il avait compris qu'il n'y avait jamais eu sur terre qu'un seul chrétien : Jésus.

Lu et approuvé. Mais je serais un peu moins radical, dans tous le lot, il y en a eu tout de même quelques unes et quelques uns de bons : j'en ai connu et j'en connais.

omer a écrit:En passant, mon attrait pour le judaïsme est construit autour de l'inexistence du prosélytisme mortifère des deux autres monothéismes champions toutes catégories de tous les crimes que ce prosélytisme a commis au nom de Dieu. Fais [Vanleers] le compte de tous les meurtres commis par ces religions en le comparant à celui n'ayant pas eu le christianisme et l'islam pour prétexte. Tu m'en diras des nouvelles.

Sur un autre fil, je dis pourquoi selon moi le judaïsme est intrinsèquement contraire à tout prosélytisme, en vertu de la dite Alliance, il exclue, de la communauté juive, précisons. Oui, pour le christianisme et l'islam, des " champions du monde " en la matière. Il n'empêche que ce sont deux " Poissons " qui évoluent dans " l'Aquarium " formalisé par l'Ancien Testament, le judaïsme. Le ou les monothéismes du ou des Livres sont intrinsèquement mortifères. Le plus notoirement du monde, ils ont un très très grave problème avec le sexe. " Naturellement ", une sexualité, c'est éminemment synthétique : il y a du bien et du mal. Alors oui, on a une ou des " culpabilités " " naturelles " quant à celle-ci. Et que fait ce monothéisme ? Il fait de cette culpabilité, de cette mauvaise conscience, un Dieu. Je te pète les genoux, ensuite je te demande de faire un marathon. On n'est pas rendu !! On peut faire un parallèle entre l'écologie et la métaphysique : le judaïsme permet, rend possible, favorise, l'apparition du christianisme et de l'islam. C'est affaire de " Cadre ", de paradigme.

Bien sûr que Nietzsche a tort avec sa fixation sur la valeur du seul Jésus présent dans le christianisme. Camus aussi fait le même genre de fixation, en disant par exemple que Jésus n'avaient jamais débarqué en Algérie.

Cela dit, l'exclusion menée par les Juifs ne s'applique pas à la moitié (à vérifier) du peuple juif devenu athée à la suite de l'abandon impardonnable de Dieu face à la Shoah. Encore que cet athéisme est discutable et peut se justifier par une indicible colère à l'encontre d'un Dieu dont ils ne conteste pas l'existence, mais, qui comme l'a fait Einstein (et ma petite personne) l'ont abolit par le Dieu de Spinoza, qui est tout ce qu'il y de plus tangible, lui, au moins ...

Cela dit, il est quand même vrai que le plus grand mal a été commis par les monothéismes a été commis par la science aussi, mais je vois que c'est en nombre de meurtres moins importants du côté de la science malgré la mitrailleuse Gatling, le gaz moutarde, la bombe atomique et le napalm. La science rejoint le message de Jésus avec Pasteur, Laborit, Crick & Watson, Salk et tout le personnel et les médecins des hôpitaux et cliniques du monde entier, dont l'origine a été du côté des plus fidèles à la pensée de Jésus, avec les bonnes sœurs des hôpitaux portant encore des noms comme «Hôtel Dieu», nom de l'hôpital montréalais où l'on m'a sauvé du diabète et de la mort ...

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Message par Vanleers Jeu 29 Juin 2023 - 9:58

aliochaverkiev a écrit:Tout de même je suis un peu surpris en lisant tous ces textes. Dans ma naïveté je croyais que le catholicisme et même le christianisme dans son ensemble était structuré autour du souci de l’autre, de l’amour de l’autre, du moins il me semblait que cela ressortait des Évangiles.
Or je vois qu’ici l’autre disparaît et qu’il s’agit pour le catholique d’établir un lien direct avec Dieu afin de connaître la consolation et même la Joie si possible. Le but du catholique serait donc d’accéder à la jouissance personnelle, solitaire même, non pas une jouissance vulgaire ( physique) mais une jouissance « classe » ( spirituelle) ce qui reste tout de même de l’ordre de la jouissance. Exit le prochain, exit l’autre, l’autre ne tient aucun rôle dans cette histoire de Joie. J’ai dû me tromper concernant le catholicisme. Il s’agit donc d’une technique sophistiquée pour accéder à la jouissance spirituelle pour soi dans un rapport intime avec Dieu.

J’ai réagi rapidement, trop rapidement sans doute, à ce post et je reprends ma réponse.

Jésus a appelé ceux qui le suivaient à faire advenir le Royaume de Dieu qu’il a comparé à un banquet (Matthieu 22, 1-14 et Luc 14, 15-24).
La mission de celui qui veut suivre le Christ est de travailler à l’avènement de ce joyeux banquet, c’est pourquoi la joie est si importante et le souci de l’autre aussi.

On trouve un écho de cette joie du banquet dans la démonstration de la proposition 35 de la partie V de l’Ethique qui apporte une précision capitale :
Dei natura gaudet infinita perfectione (la nature de Dieu se réjouit d’une perfection infinie).
Dans son commentaire :
Pierre Macherey a écrit:C’est la nature des choses qui, à travers une sorte de vibration universelle, affirme activement son infinie perfection et se réjouit de celle-ci en développant le sentiment de son auto-suffisance : pour le dire d’un mot, le monde est en joie. Cette jubilation n’est manifestement attachée à la représentation d’aucune chose en particulier, puisqu’elle exprime directement un attachement global, un lien intrinsèque dont rien ne peut limiter ou altérer le caractère absolu. (op. cit. p. 164)

« Le monde est en joie » : c’est le message de l’Évangile et de l’Ethique.

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Message par Vanleers Jeu 6 Juil 2023 - 10:08

En Octobre 2015, Le Point a publié un numéro hors-série Spinoza L’ultramoderne.
Bernard Pautrat, traducteur réputé de plusieurs ouvrages de Spinoza, y est interviewé.
Je cite ses réponses à deux questions.

Bernard Pautrat a écrit: Question : Vous n’aimez pas les lectures matérialistes de Spinoza. Pourquoi ?

R : Ce n’est pas que je ne les aime pas, c’est qu’elles sont fausses : ontologiquement parlant, Spinoza n’est pas plus matérialiste qu’idéaliste. Ces lectures visent généralement à faire de lui un athée, or, quand on l’a accusé d’être athée, il s’est fâché tout rouge. Spinoza est pour la religion. Il l’appelle « catholique » au sens grec, c’est-à-dire universelle, une religion simple, pour ceux qui ne peuvent comprendre l’Ethique. Il est même pour toute religion aussi longtemps qu’elle promeut justice et charité. Prenons l’islam, sujet d’actualité : le Coran prône aussi justice et charité, et ces principes sont rationnels et bons. Mais, comme dans les autres religions, il y a tout ce qui dépasse ce contenu rationnel : prescriptions de tous ordres, rituels, cérémonies. Tout cela forme ce que Spinoza appelle superstition.

Question : Et il est contre ?

R : Pas du tout. Tant que les cultes ne troublent pas l’ordre public et tendent à l’exercice de la justice et de la charité, il n’a absolument rien contre. Un État bien constitué doit y veiller, sans plus. Mais si une religion prêche la guerre, alors il faut évidemment intervenir. C’est ce Spinoza-là, ouvert à la religion et théoricien de l’amour de Dieu, qui n’a pas plu aux matérialistes. Toute la fin de l’Ethique ne parle pourtant que de l’amour intellectuel de Dieu, comment y parvenir, s’unir à Dieu et accéder à la béatitude. Oui, Spinoza est un ingénieur du salut. Sauf que le salut, l’éternité pour lui, c’est maintenant. Conquête difficile autant que rare, assurément.

J’ajoute qu’Ignace de Loyola est, lui aussi, un ingénieur du salut pour qui le salut c’est la vie en Dieu (Zôê), la vraie vie et c’est maintenant aussi.

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Message par Vanleers Ven 14 Juil 2023 - 16:55

La vie spirituelle selon Ignace de Loyola est une vie en union avec Dieu.
C’est ce que montre Adrien Demoustier dans son commentaire de la définition de la « désolation » d’Ignace (E. S. 317).
L’auteur montre que la désolation est le résultat d’une désunion d’avec Dieu.
Je cite quelques passages.

Adrien Demoustier a écrit:La vie ordinaire devient désolation, lorsqu’elle est perçue comme une absence de vie véritable et comme éloignement de Dieu, par contraste avec la lumière du salut en Jésus-Christ. Elle est enfermement dans la souffrance quand le poids de la douleur inhérent à toute existence n’est plus vécu en conformité de sentiment avec le Sauveur.
[...]
Au tréfonds de l’être, la désolation provient des obstacles que l’homme met à l’action de Dieu ; obstacles dont il n’est pas conscient et que la bonne volonté est impuissante à vaincre directement. Il y faut une rééducation progressive, l’apprentissage de la manière d’affronter et de contourner les résistances pour collaborer activement à ce que la grâce cherche à faire et qu’elle seule peut réussir sous la seule condition du consentement à la recevoir.
[...]
Le défi n’est plus alors affaire de bonnes ou de mauvaises actions, mais de laisser faire la grâce et de vivre uni à Dieu, quelle que soit la situation. Il s’agit de consentir à être ce que l’on est et d’avancer selon le mouvement que Dieu donne et non pas selon son désir propre et l’image de ce qu’il faudrait être. Faute de croire, à l’encontre de ce qu’il ressent, que le bonheur est non seulement possible mais déjà donné, l’homme qui connaît la désolation restera « comme séparé de Dieu », enfermé dans un malheur grandissant. La désolation est l’épreuve qui entraîne à croire que la consolation disparue est toujours là, comme une promesse cachée à la racine de l’être. (op. cit. pp. 58-59)

Je note que la désolation provient de résistances inconscientes qui peuvent être levées par un patient apprentissage.
Je note aussi que, dans cette spiritualité, il suffit de laisser faire Dieu sans se soucier de l’image de ce qu’il faudrait être : « il s’agit de consentir à être ce que l’on est ».

On verra dans un prochain post que l’Ethique de Spinoza culmine, elle aussi, dans l’union avec Dieu.

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Message par Vanleers Sam 15 Juil 2023 - 10:43

Pascal Sévérac, dans Spinoza union et désunion – Vrin 2011, aborde la question de l’union à Dieu à la fin du livre (pp. 248-253)

Chez Spinoza, l’union à Dieu est une union ontologique avec Dieu, cause immanente de toutes choses.

Pascal Sévérac a écrit:Pour considérer l’esprit comme un être pleinement réel, c’est-à-dire éternel, il faut l’appréhender à travers son union avec Dieu. (p. 250)

Dans ces conditions :

Pascal Sévérac a écrit:La béatitude est satisfaction de l’esprit, jouissance de perfection, réjouissance de son union avec Dieu […] (p. 252)

C’est de la connaissance intuitive que naît la béatitude et :

Pascal Sévérac a écrit:Ce que nous permet de saisir la connaissance intuitive (et que laisse dans l’ombre la simple obéissance à Dieu), c’est que notre béatitude est en vérité celle de Dieu, dans la mesure même où il constitue l’essence non seulement de notre esprit, mais aussi de tous ceux qui sont amoureux de lui. C’est pourquoi, dans cette union amoureuse et salutaire avec Dieu, et dans cette union sub specie aeternitatis de notre esprit avec notre corps, nous éprouvons en même temps l’union éthique d’une communauté intellectuelle [E V 40 sc.] (p. 253)

Se réjouir ensemble en Dieu : c’est aussi ce que propose la spiritualité ignatienne.

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Message par Vanleers Dim 16 Juil 2023 - 16:47

L’Église est l’anti-Qumrân, ce lieu où vivaient ces ascètes dans des conditions terribles et qui se considéraient comme le « Reste », la communauté sacerdotale de la fin des temps.
Commentant, en 1963, les manuscrits de la Mer Morte dans le dernier chapitre de Le message central du Nouveau Testament – Cerf 1966 :

Joachim Jeremias a écrit:Tel est l’univers où paraît Jésus. A toutes ces tentatives d’hommes pour réaliser la société des saints, il oppose son NON radical. Jésus est venu ramener à la maison du Père les enfants de Dieu égarés. Il invite à sa table les publicains, les pécheurs, les exclus, les réprouvés, il appelle au grand banquet les gens des haies et des clôtures (Luc 14, 16-24). Sans faiblir, il ne cesse de répéter précisément aux dévots que leur justice propre les coupe de Dieu. Nous, à qui l’Évangile est dès l’enfance familier, nous ne pouvons plus imaginer quelle subversion religieuse représentait pour les contemporains la prédication d’un Dieu qui veut avoir affaire aux pécheurs. Chaque page de l’Évangile montre le scandale, l’agitation, le bouleversement que Jésus provoque en opposant à toute prétention vis-à-vis de Dieu une fin de non-recevoir, et en appelant au salut précisément les pécheurs. Sans cesse, on lui a demandé raison de cette attitude incompréhensible, et sans cesse, dans ses paraboles surtout, il a donné la même réponse : ainsi est Dieu. Dieu est le père qui ouvre au fils prodigue la porte de sa maison ; il est le berger qui exulte à cause de sa brebis retrouvée, il est l’hôte qui invite à sa table les pauvres et les mendiants. Dieu éprouve plus de joie pour l’unique pécheur qui fait pénitence, que pour les quatre-vingt-dix-neuf justes. Il est le Dieu des petits et des désespérés, celui dont la bonté et la miséricorde sont sans limites. C’est ainsi qu’est Dieu.

Et Jésus ajoute : quand ce message est compris, et que les hommes bâtissent non plus sur ce qu’ils ont fait pour Dieu, mais sur sa seule grâce à lui, quand les égarés sans espoir de retour sont ramenés, quand l’amour du Père va au-devant des enfants perdus – alors le salut cesse d’être un but lointain que l’homme doit gagner par ses propres moyens, alors, ici même et dès aujourd’hui se réalise le Royaume de Dieu. Et c’est la percée de la joie. Joie des invités aux noces, joie de celui qui a trouvé la Perle précieuse, le grand Trésor : subjugué, il ne demande plus rien et sacrifie tout sans hésiter, car tout autre bien pâlit devant l’excellence de ce qu’il a vu. C’est la joie d’être enfant, la joie messianique, l’onction de l’huile sur la tête. Joie si grande que Dieu lui-même y prend part : « de la même manière, Dieu se réjouira pour un pécheur qui fait pénitence (Luc 15, 7 ; cf. 15, 10). Avec cette joie du temps du salut, l’amour va de pair dans le message de Jésus : amour des pauvres, amour des égarés et des grands coupables – amour même des ennemis.

L’Église c’est l’Église des pécheurs, des exclus, des réprouvés.
Ils frappent à la porte et Dieu leur ouvre et leur pardonne tout. Il ne leur demande rien sauf d’accueillir sa grâce accordée sans condition.
Ils ne sont pas jugés, on ne leur fait pas la morale, ils sont simplement invités à entrer et à participer au banquet de la joie messianique.

L’Évangile annonce une voie de salut facile et à la portée de tous.
Spinoza, par contre, écrit à la fin de l’Ethique que le chemin qu’il a montré conduire à la béatitude est très difficile (perardua) et rarement trouvé.

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