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L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne

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Message par Vanleers Dim 16 Juil 2023 - 16:47

L’Église est l’anti-Qumrân, ce lieu où vivaient ces ascètes dans des conditions terribles et qui se considéraient comme le « Reste », la communauté sacerdotale de la fin des temps.
Commentant, en 1963, les manuscrits de la Mer Morte dans le dernier chapitre de Le message central du Nouveau Testament – Cerf 1966 :

Joachim Jeremias a écrit:Tel est l’univers où paraît Jésus. A toutes ces tentatives d’hommes pour réaliser la société des saints, il oppose son NON radical. Jésus est venu ramener à la maison du Père les enfants de Dieu égarés. Il invite à sa table les publicains, les pécheurs, les exclus, les réprouvés, il appelle au grand banquet les gens des haies et des clôtures (Luc 14, 16-24). Sans faiblir, il ne cesse de répéter précisément aux dévots que leur justice propre les coupe de Dieu. Nous, à qui l’Évangile est dès l’enfance familier, nous ne pouvons plus imaginer quelle subversion religieuse représentait pour les contemporains la prédication d’un Dieu qui veut avoir affaire aux pécheurs. Chaque page de l’Évangile montre le scandale, l’agitation, le bouleversement que Jésus provoque en opposant à toute prétention vis-à-vis de Dieu une fin de non-recevoir, et en appelant au salut précisément les pécheurs. Sans cesse, on lui a demandé raison de cette attitude incompréhensible, et sans cesse, dans ses paraboles surtout, il a donné la même réponse : ainsi est Dieu. Dieu est le père qui ouvre au fils prodigue la porte de sa maison ; il est le berger qui exulte à cause de sa brebis retrouvée, il est l’hôte qui invite à sa table les pauvres et les mendiants. Dieu éprouve plus de joie pour l’unique pécheur qui fait pénitence, que pour les quatre-vingt-dix-neuf justes. Il est le Dieu des petits et des désespérés, celui dont la bonté et la miséricorde sont sans limites. C’est ainsi qu’est Dieu.

Et Jésus ajoute : quand ce message est compris, et que les hommes bâtissent non plus sur ce qu’ils ont fait pour Dieu, mais sur sa seule grâce à lui, quand les égarés sans espoir de retour sont ramenés, quand l’amour du Père va au-devant des enfants perdus – alors le salut cesse d’être un but lointain que l’homme doit gagner par ses propres moyens, alors, ici même et dès aujourd’hui se réalise le Royaume de Dieu. Et c’est la percée de la joie. Joie des invités aux noces, joie de celui qui a trouvé la Perle précieuse, le grand Trésor : subjugué, il ne demande plus rien et sacrifie tout sans hésiter, car tout autre bien pâlit devant l’excellence de ce qu’il a vu. C’est la joie d’être enfant, la joie messianique, l’onction de l’huile sur la tête. Joie si grande que Dieu lui-même y prend part : « de la même manière, Dieu se réjouira pour un pécheur qui fait pénitence (Luc 15, 7 ; cf. 15, 10). Avec cette joie du temps du salut, l’amour va de pair dans le message de Jésus : amour des pauvres, amour des égarés et des grands coupables – amour même des ennemis.

L’Église c’est l’Église des pécheurs, des exclus, des réprouvés.
Ils frappent à la porte et Dieu leur ouvre et leur pardonne tout. Il ne leur demande rien sauf d’accueillir sa grâce accordée sans condition.
Ils ne sont pas jugés, on ne leur fait pas la morale, ils sont simplement invités à entrer et à participer au banquet de la joie messianique.

L’Évangile annonce une voie de salut facile et à la portée de tous.
Spinoza, par contre, écrit à la fin de l’Ethique que le chemin qu’il a montré conduire à la béatitude est très difficile (perardua) et rarement trouvé.

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Message par Vanleers Lun 24 Juil 2023 - 12:45

Dans « Moi, je ne juge personne – L’Évangile au-delà de la morale (Albin Michel 2003) :

Lytta Basset a écrit:S’exercer à bénir autrui, à lui souhaiter du bien, à « dire du bien » de lui (selon l’étymologie de béné-diction), c’est expérimenter un bénéfice immédiat. Comment en serait-il autrement, si la parole humaine a ce pouvoir étonnant de devenir vecteur de la Parole créatrice ? Car déclarer bonne une réalité créée ou en dire du bien nous rend immédiatement contemporains de la Parole des origines : « Dieu vit que cela était bon » (TOB) ou : « Elohim voit : quel bien ! » (A. Chouraqui), refrain de Gn 1.
Nous expérimentons alors en nous-mêmes quelque chose de la force créatrice de Dieu : en déclarant bon le fait qu’autrui existe tel qu’il est, en disant du bien de sa simple existence, nous participons de l’intérieur à cette jubilation de Dieu devant toute créature qui vit. (p. 37)

On retrouve une expression de la jubilation de Dieu dans la démonstration de la proposition 35 de la partie V de l’Ethique :
Dei natura gaudet infinita perfectione (« La nature de Dieu se réjouit d’une perfection infinie »).

« S’exercer à bénir autrui » (L. Basset) se retrouve aussi dans les Exercices Spirituels d’Ignace de Loyola qui, plus généralement, exercent à bénir la Vie.

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Message par Vanleers Mer 26 Juil 2023 - 9:48

Je continue la lecture de Lytta Basset qui analyse notre esprit de jugement, le jugement étant entendu comme le jugement qui condamne et non comme la faculté de juger au sens d’ « évaluer » ou « discerner » (p. 38)

Lytta Basset a écrit:Jésus n’a pas moralisé. Il n’a pas formulé d’interdits gratuits. Il a toujours associé ses exhortations d’une promesse de bien-être, car c’est là le seul levier susceptible de nous faire bouger en profondeur : si nous acceptons un jour de changer d’attitude, c’est parce que nous entrevoyons un bénéfice pour nous. Il faut bien que ce à quoi le Christ nous invite soit porteur d’un mieux être ou d’une libération très personnelle, pour que nous parvenions à nous impliquer.(pp. 37-38)

Lorsque nous sommes en proie à l’esprit de jugement, nous sommes suffisamment mal avec nous-mêmes pour ne pas prendre en considération le tort que nous faisons à autrui. Le seul levier qui peut alors nous faire bouger est la miséricorde de Dieu à notre égard. En effet, en proie à ce mal-être et à cette dépréciation de nous-mêmes liés à notre hargne impuissante à l’égard d’autrui, nous pouvons entendre la parole du Christ « devenez miséricordieux comme votre Père » en l’inversant : de même que votre Père ne vous condamne pas mais vous accueille tels que vous êtres dans votre mal-être, avec cet esprit de jugement dont vous souffrez, de même vous deviendrez progressivement accueillants et miséricordieux envers les autres qui vous ressemblent. (p. 40)

Être accueillant et miséricordieux envers autrui au lieu de le juger en le condamnant : tel est l’enseignement du Christ.

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Message par Vanleers Jeu 3 Aoû 2023 - 16:49

Dans la préface de la dernière partie de l’Ethique :

Spinoza a écrit:Je passe enfin à l’autre partie de l’éthique, qui consiste en la façon d’aller à la liberté, autrement dit la voie qui y conduit. J’y traiterai donc de la puissance de la Raison, en montant ce que peut la Raison elle-même sur les affects, et ensuite ce qu’est la liberté de l’âme autrement dit la béatitude, ce qui nous fera voir combien le sage est plus puissant que l’ignorant.(traduction P.F. Moreau)

Spinoza montrera que « la liberté de l’âme, autrement dit la béatitude » est le fruit de l’amour intellectuel de Dieu, c’est-à-dire de « l’amour de Dieu pour les hommes » (E V 36 sc.) : nous ne devenons libres qu’en et par Dieu.

Ceci rejoint la phrase de l’évangile de saint Jean :

saint Jean a écrit:Jésus dit aux Judéens qui avaient eu foi en lui : Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libre. (Jean 8:32)

Dans son commentaire :

Marc Pernot a écrit:Cette parole semble étonnante, car si l’on nous révèle une vérité absolue, quelle liberté avons nous ensuite d’avoir un point de vue personnel ?

Seulement, la notion de « vérité » dans la culture biblique est une vérité de relation, au point que le terme hébreu « émèt » doit être très souvent traduit par « fidélité » dans le texte biblique. Ce mot est de la même famille que le mot foi (èmounah).
De quelle « fidélité », « vérité » est-il question ici dans la bouche de Jésus ? C’est la fidélité de Dieu envers nous. En effet, comme le dit Jean dans ce même Évangile, si Moïse nous a donné une Loi, « la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ » (Jean 1:17), autrement traduit « la tendresse de Dieu et sa fidélité » nous ont été assurées par Jésus-Christ.
Cela signifie effectivement la fin de toute crainte que Dieu nous ferait du chantage. La tendresse de Dieu pour nous est et demeurera ferme quoi qu’il arrive, quoi que nous pensons, quoi que nous devenons, quelque soit le chemin que nous empruntons. C’est effectivement tout à fait libérant. C’est même plus que cela, c’est une vocation, c’est une mission qui nous est adressée.

https://jecherchedieu.ch/texte-biblique/jesus-vous-connaitrez-la-verite-et-la-verite-vous-rendra-libre-jean-8/

Ici aussi, ce qui libère, c’est l’amour de Dieu pour les hommes, la foi que « La tendresse de Dieu pour nous est et demeurera ferme quoi qu’il arrive, quoi que nous pensons, quoi que nous devenons, quel que soit le chemin que nous empruntons. »
Comme l’écrit l’auteur : « C’est effectivement tout à fait libérant ».

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Message par Vanleers Ven 29 Sep 2023 - 15:31

Récemment, sur un autre fil :

Vanleers a écrit:Être chrétien, c’est souscrire au projet de l’instauration du Royaume de Dieu parmi les hommes annoncé par le Christ, c’est-à-dire d’un nouveau style de relation entre les hommes et avec Dieu.
Style marqué par la bienveillance : bienveillance pour les autres et pour soi-même, reconnaissance de Dieu comme « Père bienveillant ».

On peut retrouver cette notion de bienveillance dans l’Ethique.

Je partirai de l’acquiescentia in se ipso de la définition 25 des affects : « la joie née de de ce qu’un homme se contemple lui-même ainsi que sa puissance d’agir ».
On traduit généralement acquiescentia in se ipso par « satisfaction de soi » mais, Pierre Macherey, par « assurance en soi-même » tout en notant : « Il est particulièrement difficile de rendre par un terme français unique cette notion qui évoque, selon les cas, un état d’apaisement ou d’assurance que rien ne peut troubler ».
Je propose de traduire acquiescentia in se ipso par « bienveillance pour soi-même », en me démarquant de la benevolentia d’Ethique III 27 cor. 3 sc. (cupiditas ex commiseratione orta).

Notons que le in se ipso disparaît progressivement dans les parties IV et V de l’Ethique et que ne subsiste que l’acquiescentia que Spinoza utilise pour définir la béatitude : l’« animi acquiescentia qui naît de la connaissance intuitive de Dieu » (E. IV app. ch. 4)
Dès lors, je traduis beatitudo par « bienveillance », une bienveillance  universelle qui s’applique à soi-même et à autrui et qui naît de la connaissance intuitive de Dieu.
Or, Spinoza définit Dieu dans la partie I comme une substance puis démontre que cette substance est unique et cause immanente de toute chose.
Il démontre ensuite dans la partie V que Dieu aime les hommes (E V 36 cor.), non certes d’un amour passionnel car, dans ce sens-là, Dieu n’aime personne (E V 17 cor.) mais d’un amour que je qualifierai d’amour de bienveillance.
Dès lors, connaître intuitivement Dieu, selon Spinoza, c’est le connaître comme Source bienveillante de toute chose, ce que je rapproche du Dieu « Père bienveillant » de l’Évangile.

Les Exercices Spirituels d’Ignace de Loyola visent à mettre l’homme en présence de la Source bienveillante manifestée par le Christ.

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Message par hks Mer 25 Oct 2023 - 22:51

à Vanleers

https://www.cairn.info/revue-droit-et-societe-2019-2-page-397.htm

Je soumets à votre attention ce texte d'anthropologie du droit.

J'ai beaucoup lu il y a une dizaine d'années Pierre Legendre
La question du droit et de l'Etat sur un autre fil
me l'a ramenée à la mémoire.

Je vous vois, de plus citer Lacan de temps en temps.

Bref
c'est particulièrement un court passage que je trouve intéressant.
Je ne nie pas qu'il soit très difficile à discuter.


Voila l'extrait:


IV. De la Schize au droit


Considérons les Textes du Judaïsme et de l’Islam : ils comprennent en leur sein les codes politiques, juridiques et moraux destinés à gouverner les civilisations croyantes, une dimension tout à fait absente du Nouveau Testament. Si bien qu’à la charnière des xiie et xiiie siècles, l’Église devenue triomphante, en position de force face à l’émiettement de l’Empire, ne peut se référer aux Évangiles pour en tirer des principes d’administration : qu’y trouve-t-on en effet si ce n’est le récit d’une vie et le partage d’une foi ? D’où l’exhumation décisive du droit romain auquel un moine bolonais, Gratien, avait grâce à son célèbre Décret donné une nouvelle vie.
C’est une situation originale, et inconnue des autres montages civilisationnels, car le christianisme fournit d’un côté les ressorts de la légitimité, et le droit romain, issu d’une autre tradition, apporte quant à lui les clefs de la gestion politique et sociale. Cette lâcheté entre les deux bouts du montage généalogique allait alors créer le terreau de l’histoire occidentale moderne en laissant la possibilité à chaque partie d’évoluer, de se transformer, de muter tout en préservant l’architecture dogmatique et structurale : et c’est ainsi que la Référence put passer de Dieu à l’État et à la Souveraineté, puis à la Science et à la Vérité ; et que la rationalité juridique, fondée sur les notions de « fait » et de « preuve », put dégénérer, processus encore en cours sous nos yeux, en « management » : comme l’écrit Pierre Legendre, « nous sommes là aux sources de l’institution de la Raison moderne techno-scientifique » [27].

_________________
"J'appelle "violence" ce qui excède les capacités d'intégration psychiques et  physiques.
La violence est ce rythme de perturbations non acceptables, du moins pas sans dommages potentiels."  

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Message par Kercos Jeu 26 Oct 2023 - 8:20

J'aime bien sa définition du terme structure :
"""""Le terme « structure », que j’emprunte au vocabulaire de l’architecture, est utilisé ici selon son étymologie latine, au sens d’arrangement, disposition, assemblage de construction. Transposé dans le domaine des institutions, il signifie que les grands édifices normatifs de l’humanité doivent être compris comme étant soumis à des règles d’élaboration et d’équilibre, mais aussi comme susceptibles de s’inscrire dans des discours de mise en scène et de style aussi multiples ou diversifiés que les peuples, les histoires, les langues, etc. auxquels ils se rattachent [41]
[41]Id., Sur la question dogmatique en Occident, op. cit., p. 194.""""
.

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Message par Vanleers Jeu 26 Oct 2023 - 9:49

doublon


Dernière édition par Vanleers le Jeu 26 Oct 2023 - 10:02, édité 1 fois

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Message par Vanleers Jeu 26 Oct 2023 - 10:01

hks a écrit:
Considérons les Textes du Judaïsme et de l’Islam : ils comprennent en leur sein les codes politiques, juridiques et moraux destinés à gouverner les civilisations croyantes, une dimension tout à fait absente du Nouveau Testament. Si bien qu’à la charnière des xiie et xiiie siècles, l’Église devenue triomphante, en position de force face à l’émiettement de l’Empire, ne peut se référer aux Évangiles pour en tirer des principes d’administration : qu’y trouve-t-on en effet si ce n’est le récit d’une vie et le partage d’une foi ? D’où l’exhumation décisive du droit romain auquel un moine bolonais, Gratien, avait grâce à son célèbre Décret donné une nouvelle vie.
C’est une situation originale, et inconnue des autres montages civilisationnels, car le christianisme fournit d’un côté les ressorts de la légitimité, et le droit romain, issu d’une autre tradition, apporte quant à lui les clefs de la gestion politique et sociale. Cette lâcheté entre les deux bouts du montage généalogique allait alors créer le terreau de l’histoire occidentale moderne en laissant la possibilité à chaque partie d’évoluer, de se transformer, de muter tout en préservant l’architecture dogmatique et structurale : et c’est ainsi que la Référence put passer de Dieu à l’État et à la Souveraineté, puis à la Science et à la Vérité ; et que la rationalité juridique, fondée sur les notions de « fait » et de « preuve », put dégénérer, processus encore en cours sous nos yeux, en « management » : comme l’écrit Pierre Legendre, « nous sommes là aux sources de l’institution de la Raison moderne techno-scientifique » [27].

Il est vrai que Moïse et Mahomet avaient des visées politiques, juridiques et morales alors que la perspective de Jésus était uniquement éthique.
L’Évangile est en effet le récit d’une vie et le partage d’une foi en un Dieu qui veut le bonheur de l’homme : en résumé, une invitation à annoncer le royaume de Dieu et vivre dans la joie.
Afin de diffuser au mieux cette Bonne Nouvelle, l’Église prit le parti, dès le IV° siècle, de la transmettre par le moyen d’une religion d’État.
Nous en sommes revenus aujourd’hui en comprenant que l’Évangile est au-delà de la morale et ne saurait, en aucun cas, « fournir les ressorts de la légitimité » d’une gestion politique et sociale.
La chrétienté est aujourd’hui morte et enterrée :« Laisse les morts ensevelir leurs morts, et toi va et annonce le royaume de Dieu » (Lc 9, 60).

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Message par hks Ven 10 Nov 2023 - 23:45

à Vanleers

Je reponds sur ce fil


Maimonide a recensé et fait éditer un catalogue des  613 obligations.
Et aussi donc ces fameux 13 articles de foi dits dogmatiques
................................................................................................................

un commentaire des thèses de Kellner

Menachem Kellner estime que c’est seulement parce que certains rabbins
postérieurs à Maïmonide ont été amenés à considérer que le monothéisme juif
avait besoin d’une théologie spécifique,
comme les deux autres monothéismes
qui lui ont succédé, qu’un statut théologique, accordé aux articles de foi de
Maïmonide, a fini par prévaloir. Ainsi, non seulement le judaïsme a dû résister
aux défis que lui lançaient le christianisme d’abord et l’islam ensuite, mais le
judaïsme ultérieur, qualifié de "judaïsme orthodoxe", s’est senti dans
l’obligation de combattre le processus de sécularisation des juifs après leur
émancipation en tant que citoyens à part entière.

D’après Menachem Kellner, il a fallu pour cela doter le judaïsme d’une théologie spécifique, seule apte aux yeux de certains rabbins, à défendre une religion. De ce point de vue, les
tenants des 13 articles de foi de Maïmonide les considèrent bien plus comme
étant des fondements du judaïsme, plutôt que comme des conditions
nécessaires et suffisantes de l’être juif.
Je souligne l'aspect sociologique de la question.
https://www.adathshalom.org/wp-content/uploads/2022/05/Le-tournant-theologique-des-13-articles-de-foi-de-Maimonide-par-David-Encaoua.pdf

...........................................................................

Mais bref, à quoi nous mène tout ce débat sur la dogmatique ?

https://www.persee.fr/docAsPDF/ephe_0000-0002_1993_num_106_102_14880.pdf

là je cite la conférence de M kellner

Menachem kerllner a écrit:.Le problème des dogmes est devenu central dans la pensée religieuse
juive de l'orthodoxie contemporaine de deux façons opposées.

Le penseur israélien Y. Leibowitz suit Mendelssohn en affirmant que le
judaïsme n'enseigne absolument rien en matière de foi ou d'éthique. Le
judaïsme est un système de préceptes et rien d'autre. En niant que la
religion émette quelques prétentions que ce soit à la vérité en ce qui
concerne la nature de l'univers (ou qu'elle enseigne un système
spécifique de morale), Leibowitz résout très nettement le problème des relations
entre science et religion : les deux opèrent dans des sphères différentes et
ne peuvent entrer en conflit. Leibowitz exclut la religion de la sphère
cognitive de la science et la science de la sphère comportementale de la
religion. Celle-ci ne fournit aucune information tandis que la science n'a
rien à dire sur la façon dont nous devons agir ; donc le conflit est exclu.

bon d'accord, sur la distinction science/éthique
mais si suivre les règles de vie ce n'est pas de l' éthique qu'est ce que l'éthique ? L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne - Page 39 4221839403

M Kerliner a écrit:    suite du texte Dans l'orthodoxie contemporaine nous trouvons des courants
(spécialement aux États Unis) en opposition déclarée à Leibowitz qui
tentent de conférer aux Treize articles de Maïmonide le statut de dogmes
incontrovertibles. Cette position semble découler du besoin nettement
perçu de distinguer clairement et radicalement l'orthodoxie des autres
formes de la croyance religieuse juive et de refuser toute validité aux
mariages non-orthodoxes, de manière à résoudre les problèmes pressants
du statut légal des enfants qui pourraient surgir si ces mariages étaient
reconnus.

On a donc de plus intégrises que Leibowitz
lequel l'est quand même plus qu'un peu.

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Message par Kercos Sam 11 Nov 2023 - 8:51

hks a écrit:à Vanleers

https://www.cairn.info/revue-droit-et-societe-2019-2-page-397.htm

Je soumets à votre attention ce texte d'anthropologie du droit.

J'ai beaucoup lu il y a une dizaine d'années Pierre Legendre
La question du droit et de l'Etat sur un autre fil
me l'a ramenée à la mémoire.

Je vous vois, de plus citer Lacan de temps en temps.

Bref
c'est particulièrement un court passage que je trouve intéressant.
Je ne nie pas qu'il soit très difficile à discuter.


Voila l'extrait:


IV. De la Schize au droit


Considérons les Textes du Judaïsme et de l’Islam : ils comprennent en leur sein les codes politiques, juridiques et moraux destinés à gouverner les civilisations croyantes, une dimension tout à fait absente du Nouveau Testament. Si bien qu’à la charnière des xiie et xiiie siècles, l’Église devenue triomphante, en position de force face à l’émiettement de l’Empire, ne peut se référer aux Évangiles pour en tirer des principes d’administration : qu’y trouve-t-on en effet si ce n’est le récit d’une vie et le partage d’une foi ? D’où l’exhumation décisive du droit romain auquel un moine bolonais, Gratien, avait grâce à son célèbre Décret donné une nouvelle vie.
C’est une situation originale, et inconnue des autres montages civilisationnels, car le christianisme fournit d’un côté les ressorts de la légitimité, et le droit romain, issu d’une autre tradition, apporte quant à lui les clefs de la gestion politique et sociale. Cette lâcheté entre les deux bouts du montage généalogique allait alors créer le terreau de l’histoire occidentale moderne en laissant la possibilité à chaque partie d’évoluer, de se transformer, de muter tout en préservant l’architecture dogmatique et structurale : et c’est ainsi que la Référence put passer de Dieu à l’État et à la Souveraineté, puis à la Science et à la Vérité ; et que la rationalité juridique, fondée sur les notions de « fait » et de « preuve », put dégénérer, processus encore en cours sous nos yeux, en « management » : comme l’écrit Pierre Legendre, « nous sommes là aux sources de l’institution de la Raison moderne techno-scientifique » [27].

Je reviens sur cette intervention. Le point de vue mérite une attention particulière. Même si les 10 commandements peuvent etre présentés comme une amorce de code civil.
L'important, l'invariant reste le contrôle des comportements. On peut aussi remarquer que ce contrôle ne nécessite d'être écrit qu'en cas d'augmentation de taille du groupe ET de destructuration de la structure originelle morcelée. Cette structure éthologiquement originelle étant auto-organisée n'ayant pas besoin de rigidifier par l'écrit les comportements.
Le texte que tu présente ( que je dois lire plus avant ainsi que P. Legendre que je ne connais pas), insiste bien sur l'aspect structurel et sur l'importance du structurel dans le groupe humain.

Kercos
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Message par Vanleers Sam 11 Nov 2023 - 11:22

A hks

Vous signalez un article intéressant qui analyse le livre de Menachem Keller : Must a Jew believe anything ?

J’en cite deux passages qui mettent en évidence la distinction entre croire que et croire en :

David Encaoua a écrit: Croire que quelque chose est vrai signifie qu’on accorde du crédit à cette chose, c’est-à-dire qu’on est persuadé de sa véracité, que cette persuasion résulte d’une démonstration logique, d’une connaissance bien établie, ou, plus simplement, d’une proposition émise par un auteur prestigieux. De plus, "croire que" n’implique pas que le sujet de cette croyance, adopte nécessairement toutes les conséquences de sa croyance : pour toutes sortes de raisons, il peut exister un écart entre ce qu’il croit et ce qu’il fait. La croyance et l’action peuvent en effet être séparées dans ce cas.

Par comparaison, croire en quelque chose ou en quelqu’un, exprime la confiance qu’on accorde à cette chose ou à ce quelqu’un. La confiance est d’abord une attitude personnelle, avant de devenir partagée.

[…]

De manière générale et pour conclure sur ce point, Menachem Kellner affirme que les 13 Articles de foi font totalement abstraction de la différence entre croire que et croire en. C’est là que résiderait l’erreur de Maïmonide. Elle serait d’autant plus fâcheuse qu’elle s’est perpétuée pour diverses raisons. D’une part, la transmission paraissait plus directe en s’appuyant sur une théologie formée autour d’un ensemble de croyances présentées comme des dogmes, plutôt que sur l’énoncé des responsabilités morales qui incombent à chaque juif. D’autre part, l’appui sur une théologie procure une forte légitimité à ceux qui se prétendent en être les gardiens. La transformation du croire en, en une théologie du croire que, serait d’ailleurs l’objectif que vise toute théologie, et l’Histoire montre combien cela peut être dommageable, que ce soit en termes de guerres de religion, chacune d’elles se croyant plus vraie que les autres, ou en termes de virulences verbales au sein d’une même religion.

https://www.adathshalom.org/wp-content/uploads/2022/05/Le-tournant-theologique-des-13-articles-de-foi-de-Maimonide-par-David-Encaoua.pdf

Alors que l’Évangile nous invite à croire en un Dieu qui veut le bonheur de l’homme, ce message a été transmis en créant une religion dogmatiste qui nous enjoint de croire que certaines propositions théologiques sont vraies.
C’est tout l’intérêt de la spiritualité ignatienne de se fonder sur un croire en :

Ignace de Loyola a écrit: ce n’est pas d’en savoir beaucoup qui rassasie et satisfait l’âme, mais de sentir et de goûter les choses intérieurement

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Message par neopilina Sam 11 Nov 2023 - 16:34

( à Vanleers et hks, merci pour les précisions sur Maïmonide. )

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Message par hks Sam 11 Nov 2023 - 17:17

à Vanleers

Je comprends très bien la différence entre "croire que"
et "croire en".
Mais Il y a une symétrie linguistique qui me gène.

exemple:
Aristote croit en la vertu de sa logique et Maimonide croit en la vertu de la raison. Aristote par raisonnement croit que il y a un premier moteur, il croit que en vertu d'un croire en.
Le croire que ne surgit pas (hors le fidéisme ) sans un croire en préalable.

Il n'y a pas de symétrie excluant l'un de l'autre il y a engendrement.
le croire en engendre des croire que .

On le voit chez Spinoza: le croire en la raison engendre le croire que la causa sui etc...

Je crois en ma douleur quand je tombe par terre, je crois que la terre existe.  
...................................................
Vanleers a écrit:Alors que l’Évangile nous invite à croire en un Dieu qui veut le bonheur de l’homme
Pourquoi ne pas dire  l’Évangile nous invite à croire que Dieu qui veut le bonheur de l’homme.
.........................................................................

Il est manifeste que ce qui est visé ce sont les "croyances métaphysiques" du christianisme que l'on dit dogmatiques.

Ce qui, par contraste, est défendu est que le juifs (avant l'époque de Maimonide) n'en avaient pas (pas de dogmes).
ils n'auraient eu que des préceptes et obligations éthiques pragmatiques infondées métaphysiquement.

On me dit que Maimonide invente une dogmatique pour des juifs qui n'avaient aucunes croyances métaphysiques, et qui donc ne croyaient pas que .

Mais d'où Maimonide sortit- il ses 13 articles ?
Lesquels à l'évidences passèrent très bien la rampe.
et probablement plus rapidement que la dogmatique chrétienne
dans nos régions (longtemps domaine d'une certaine incroyance).

Maimonide s'adresse à une communauté restreinte laquelle adopte globalement 13 dogmes qu'on nous dit imposés en territoire vierge.
Est -ce qu' il lance sans filets l'article sur la résurrection des morts, par exemple ?
ou le 12eme sur le" messie".
Et tous les autres en fait

......................................................


Les 13 articles de foi ont été rédigés par Maïmonide dans son introduction au chapitre Hélek (chapitre X du traité Sanhédrin) en 1168.


Dernière édition par hks le Sam 11 Nov 2023 - 22:35, édité 1 fois

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Message par neopilina Sam 11 Nov 2023 - 20:32

hks a écrit:Les 13 articles de foi ont été rédigés par Maïmonide dans son introduction au chapitre Hélek (chapitre X du traité Sanhédrin) en 1168.

Merci hks. J'ai jeté un oeil. " Bon ". Je ne savais absolument pas que Maïmonide était impliqué à ce point dans l'histoire du judaïsme, en théologie. Je connaissais un peu le grand lecteur d'Aristote, c'est tout. Sauf quelques petites choses d'ordre historique, je ne sais pas grand chose du judaïsme, théologiquement dit, d'après la diaspora.

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Message par hks Dim 12 Nov 2023 - 0:33

Maimonide est archi impliqué.

je viens de lire un texte de Jacques Attali
Attali enonce les 13  propositions dans lesquelles Maimonide résume les actes de foi qui, à son sens, font l’unité du peuple juif :

les trois dernières :
11 – une rétribution, dans ce monde et dans l’autre ; 12 – la venue du Messie ; 13 – la résurrection des morts.

Attali commente ainsi
Seules les dix premières propositions sont importantes pour lui. Il ne croit pas en les trois dernières sans oser le dire.
...................................................................................................

Autre question, il n' y a pas mentionné l'éternité de l'âme
Maimonide est très influencé par al FArabi .
il est notable que pour al Farabi  c'est un problème non résolu explicitement.

al Ghazâlî (musulman) condamne al Fârâbî (et son disciple Avicenne) pour hérésie : « Ils prétendent qu’au Jugement Dernier, les corps humains ne seront pas rassemblés, mais que seules les âmes seront récompensées ou punies. Ils disent aussi que les récompenses et les peines seront spirituelles, et non corporelles. Ils ont raison d’insister sur le spirituel, mais tort de nier le corporel, ce qui est une hérésie »(je cite).


Maimonide s exprime ainsi

Maimonide a écrit: lorsque se désagrège la matière composée des éléments, le souffle vital périt également, car il n’a pas d’existence indépendante du corps de sorte que toute son activité en dépend. Mais la forme de l’âme [i.e. sa partie intellective] n’est pas anéantie, car son activité ne dépend pas du souffle vital. Elle saisit et appréhende les connaissances indépendantes de la matière [i.e. les intelligibles]. Elle connaît aussi le Créateur de toutes choses et subsiste à jamais dans les siècles des siècles58.

.....................................................................................................................

Je veux dire que les  dits "dogmes"  énoncés par Maimonide ne surgissent pas hors d'un contexte du croire que .
Pas hors d'un contexte métaphysique global auquel les penseurs juifs ont un accès.
Dans ce contexte ont croit que  

Peut être que Maimonide ne reprend- il d'ailleurs que les plus rationnelles des croyances métaphysiques.

Maimonide  s'insurge contre des croyances superstitieuses, c'est bien que chez les juifs elles couraient.

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Message par Vanleers Dim 12 Nov 2023 - 10:05

hks a écrit:à Vanleers

Je comprends très bien la différence entre "croire que"
et "croire en".
Mais Il y a une symétrie linguistique qui me gène.


David Encaoua emploie crois que lorsqu’on est persuadé que quelque chose est vraie. On est dans le domaine de la vérité.
Il emploie crois en lorsqu’on accorde sa confiance à quelque chose ou à quelqu’un. On est dans le domaine du sens.

Faire abstraction de la différence entre croire que et croire en, c’est, par exemple, transmettre le message de l’Évangile sous forme « d’un ensemble de croyances présentées comme des dogmes » (un credo) plutôt qu’une invitation à faire l’expérience spirituelle que Dieu veut le bonheur de l’homme.
Je donne un exemple d’une telle expérience :

Nikolaas Sintobin a écrit:La chambre d’Ignace où se trouvait son lit de malade a été conservée. On a écrit sur une poutre de chêne, juste au-dessus de l’endroit où il fut alité pendant un an :

« Ici Ignace de Loyola s’est rendu à Dieu »
(« Aqui se entregó a Dios Ignace de Loyola »)

Nous pourrions penser que c’est une belle formule de piété. Comme on en trouve des milliers dans les églises et les châteaux espagnols. Mais elle exprime exactement ce qu’Ignace avait décidé. A savoir que dorénavant, pour chacun de ses choix, il ne se laisserait guider que par la joie. Il s’appuyait ainsi sur son expérience que la joie véritable lui indique le chemin que Dieu a en vue pour lui. (La joie, ma boussole p. 21)

Il est clair que les guerres de religion et les procès en hérésie sont le fait de personnes qui défendent ce qu’elles croient être des vérités et non de celles qui donnent un sens à leur vie en faisant l’expérience de Dieu.

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Message par Kercos Dim 12 Nov 2023 - 12:00

Vanleers a écrit:

David Encaoua emploie crois que lorsqu’on est persuadé que quelque chose est vraie. On est dans le domaine de la vérité.
Il emploie crois en lorsqu’on accorde sa confiance à quelque chose ou à quelqu’un. On est dans le domaine du sens.

.

C'est une erreur sémantique. Le glissement du sens fait qu 'affirmer "je crois que" introduit une notion de doute plus ou moins forte ...et le temps passant, cette nuance progresse vers l'inversion du sens , tout comme "certainement".
On peut aussi noter que le glissement vers l'inversion est moins évident dans l'écrit. L'écrit engage la parole dans son sens premier.

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Message par hks Dim 12 Nov 2023 - 14:27

kercoz a écrit:
C'est une erreur sémantique. Le glissement du sens fait qu 'affirmer "je crois que" introduit une notion de doute plus ou moins forte ..
Oui L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne - Page 39 2101236583 je crois que c'est du domaine de de l'existence d'une réalité/ objectivité  qui peut être mise en doute par un tier (autrui).
 C'est du domaine public.

Mais je crois en c'est de l'amour ou de la confiance.
C'est du domaine privé.

Maintenant je dirais bien à Vanleers, qu'il y a des amoureux  agressifs et des juristes pacifiques.
Il n'est pas si évident que ce ne soit que dans le "domaine de la vérité" qu'on rencontre des intransigeants.

l’expérience spirituelle que Dieu veut le bonheur de l’homme.
Ce n est pas la seule expérience spirituelle possible .
Il y en a, des spirituels, animés d'un feu sacré et qui le mettent aux poudres.

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Message par neopilina Dim 12 Nov 2023 - 15:12

hks a écrit:Maimonide s'exprime ainsi :
Maimonide a écrit: ... lorsque se désagrège la matière composée des éléments, le souffle vital périt également, car il n’a pas d’existence indépendante du corps de sorte que toute son activité en dépend. Mais la forme de l’âme [i.e. sa partie intellective] n’est pas anéantie, car son activité ne dépend pas du souffle vital. Elle saisit et appréhende les connaissances indépendantes de la matière [i.e. les intelligibles]. Elle connaît aussi le Créateur de toutes choses et subsiste à jamais dans les siècles des siècles58.

C'est une paraphrase de ce qu'on lit dans le " De l'âme " d'Aristote.

D'Averroès, j'ai lu ceci : uniquement le livre III de son " Grand Commentaire du De anima d'Aristote, " L'intelligence et la pensée : Sur le De anima " traduit par Alain de Libera (Flammarion, coll. GF, 1998). Je n'ai jamais lu Maïmonide dans le texte, j'entends par là au moins un livre de lui.

Premièrement. Je suis absolument convaincu que le vieil Aristote a renoncé à quoi ce soit après la mort, c'est à dire l'immortalité de l'âme. Étant entendu que " rétribution ", " châtiment ", " paradis ", " résurrection ", etc., sont naturellement hors de propos pour lui.

wikipédia Grand Commentaire du De anima d'Aristote a écrit:Le conflit des interprétations.
La controverse porte sur le statut ambigu de l'intellect agent chez Aristote : est-il séparé ou non de l'âme individuelle ? Est-il immortel ? Averroès s'oppose à l'interprétation d'Alexandre d'Aphrodise qui admettait l'individualité de l'âme pensante. Pour Averroès, l'intellect existe à l'état séparé. Mais les deux auteurs sont d'accord pour nier l'immortalité individuelle. Cela veut dire que l'âme disparaît avec le corps.

Il est bien évident que je n'ai pas assez lu Averroès et Maïmonide, et donc que je vais surtout exprimer un biais personnel. Ce que j'imagine, c'est qu'Averroès et Maïmonide sont trop imbibés par Aristote pour rallier les trois derniers actes de foi attribués à Maïmonide :

11 – une rétribution, dans ce monde et dans l’autre ; 12 – la venue du Messie ; 13 – la résurrection des morts.

Wikipédia Averroès a écrit:En revanche, Thomas d'Aquin puis les néoplatoniciens de Florence lui [Averroès] reprochent de nier l'immortalité et la pensée de l'âme individuelle, au profit d'un Intellect unique pour tous les hommes qui active en nous les idées intelligibles.

Un mot sur le 12° point, " la venue du Messie ". Des " Messies ", des prophètes, des messagers, etc., dotés d'une oreille fine à l'endroit du Dieu, il y en aura encore plein. Pourquoi ? Dans ce registre, ça va être très difficile de tomber plus bas. Ça me rappelle cette période de la fin de l'antiquité, " la mort du grand Pan " rapportée par Plutarque : le paganisme à l'ancienne est à bout de souffle. Le moment idéal pour un certain Jésus Christ. Il y a vacance, carence, etc., et à toute vacance, carence, etc., succède une ou des propositions, un renouvellement, etc. Bien se rappeler que non seulement la théologie n'est pas morte (même s'il y en a toutes les apparences), mais qu'elle n'a encore jamais été pratiquée correctement.

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Message par Kercos Dim 12 Nov 2023 - 16:06

hks a écrit:
kercoz a écrit:
C'est une erreur sémantique. Le glissement du sens fait qu 'affirmer "je crois que" introduit une notion de doute plus ou moins forte ..
Oui L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne - Page 39 2101236583 je crois que c'est du domaine de de l'existence d'une réalité/ objectivité  qui peut être mise en doute par un tier (autrui).
 C'est du domaine public.

Mais je crois en c'est de l'amour ou de la confiance.
C'est du domaine privé.

Ce n'était pas le sens de mon propos. Celui qui s'exprime par "je crois que" exprime un doute sur ce qu'il dit "croire". Il émet une nuance de doute dans son affirmation....le glissement du sens est moindre que lorsqu'on dit "certainement" , mais il est exprimé. Lorsqu'on nous demande si l'on va à la manif, ..on va répondre "certainement" ..ce qui n'est pas du tout certain, mais permet de se défiler en interdisant à l'interlocuteur d'insister.
En gros, dans le langage courant le signifiant évolue souvent en perdant de sa force en terme de sens ....c'est peut être pour ça que je propose qu'une vraie croyance ne peut être qu'inconsciente

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Message par Vanleers Dim 12 Nov 2023 - 17:04

hks a écrit:

l’expérience spirituelle que Dieu veut le bonheur de l’homme.
Ce n'est pas la seule expérience spirituelle possible .
Il y en a, des spirituels, animés d'un feu sacré et qui le mettent aux poudres.

Certes, ce n’est pas la seule expérience spirituelle possible.

A mon point de vue, une expérience spirituelle est strictement personnelle et celui qui la fait ne peut qu’inviter un autre à la faire lui aussi, à sa façon, sans qu’il ait la possibilité de contraindre ce dernier en quoi que ce soit.
C’est pourquoi, plus qu’à une doctrine, la spiritualité ignatienne s’apparente à une boîte à outils :

Nikolaas Sintobin a écrit:Plus qu’à une doctrine, cette spiritualité, qui accompagne des millions de personnes dans le monde entier, s’apparente à une boîte à outils dont les instruments sont destinés à nous aider à vivre plus intensément et à « trouver Dieu en toutes choses ».

Le spirituel est un « bricoleur », au mieux un artisan accompli qui sera capable transmettre ses tours de main.

Dans Couché par écrit. De la situation analytique – Galilée 1980 :

Jacqueline Rousseau-Dujardin a écrit:Depuis que je suis analyste, je n’ai cessé de m’émerveiller de l’importance de la situation analytique comme découverte. Je la vois parfois comme un des premiers appareils volants, carcasse rigide et fragile, grossièrement entoilée, mal conçue pour résulter aux coups de vent et sautes d’altitude. Mais, avec ça, on volait. Le divan-fauteuil, la régularité et le paiement des séances, la non réponse aux demandes constituent un dispositif médiocrement adapté au monde d’aujourd’hui. Pourtant, avec ça, on décolle. (p. 15)

A l’apprenti spirituel de voir si avec la spiritualité qu’il a bricolée avec les outils à sa disposition, « ça décolle ».


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Message par hks Dim 12 Nov 2023 - 18:33

kercoz a écrit:Ce n'était pas le sens de mon propos. Celui qui s'exprime par "je crois que" exprime un doute sur ce qu'il dit "croire".
Certes, tu peux aller dans le sens d'une philosophie du "langage ordinaire" (Austin et la suite).
Je crois qu' il va pleuvoir, je vais prendre mon parapluie

mais là avec Maimonide on est dans un registre dogmatique tout à fait extra-ordinaire .
Dans le catholicisme (autre exemple de dogmatique)
credo in unum deum ce n'est pas je crois qu'il pleut.

On a une question d'intentionnalité et pas une question
de  langage.

credo in unum deum
on peut le dire en français : je crois que Dieu existe ou bien je crois en l'existence de Dieu.
La distinction ne fonctionne pas si on n'a pas compris l'intention de celui qui distingue (par exemple  comme Vanleers le fait)

Vanleers me dit que  dans le deuxième cas
On est dans le domaine du sens.
.
Or il y a du sens aussi dans le premier cas . L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne - Page 39 3438808084
............................................................................

kercoz a écrit:c'est peut être pour ça que je propose qu'une vraie croyance ne peut être qu'inconsciente
on a déjà bien du mal à clarifier cette questions de la"certitude" consciente,
quid des inconscientes:question-161f:

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Message par Bergame Lun 13 Nov 2023 - 9:36

[Merci pour avoir, de vous-mêmes, déplacé votre conversation dans la rubrique idoine. C'est sympathique à vous. L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne - Page 39 2101236583 ]

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Message par Vanleers Lun 13 Nov 2023 - 9:36

hks a écrit:

credo in unum deum
on peut le dire en français : je crois que Dieu existe ou bien je crois en l'existence de Dieu.
La distinction ne fonctionne pas si on n'a pas compris l'intention de celui qui distingue (par exemple  comme Vanleers le fait)

Vanleers me dit que  dans le deuxième cas
On est dans le domaine du sens.
.
Or il y a du sens aussi dans le premier cas .

De quel Dieu parlez-vous ?

Croire que Dieu existe renvoie abstraitement pour moi au Dieu des philosophes alors que croire en l’existence de Dieu c’est faire concrètement  confiance au Dieu des chrétiens, un Dieu qui donne un sens à ma vie.

Pascal a écrit:Et c'est pourquoi je n'entreprendrai pas ici de prouver par des raisons naturelles, ou l'existence de Dieu, ou la Trinité, ou l'immortalité de l'âme, ni aucune des choses de cette nature; non seulement parce que je ne me sentirais pas assez fort pour trouver dans la nature de quoi convaincre des athées endurcis, mais encore parce que cette connaissance, sans Jésus-Christ, est inutile et stérile. Quand un homme serait persuadé que les proportions des nombres sont des vérités immatérielles, éternelles et dépendantes d'une première vérité en qui elles subsistent, et qu'on appelle Dieu, je ne le trouverais pas beaucoup avancé pour son salut.
Le Dieu des chrétiens ne consiste pas en un Dieu simplement auteur des vérités géométriques et de l'ordre des éléments; c'est la part des païens et des épicuriens. Il ne consiste pas seulement en un Dieu qui exerce sa providence sur la vie et sur les biens des hommes, pour donner une heureuse suite d'années à ceux qui l'adorent; c'est la portion des Juifs. Mais le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de Jacob, le Dieu des chrétiens, est un Dieu d'amour et de consolation; c'est un Dieu qui remplit l'âme et le cœur de ceux qu'il possède; c'est un Dieu qui leur fait sentir intérieurement leur misère, et sa miséricorde infinie; qui s'unit au fond de leur âme; qui la remplit d'humilité, de joie, de confiance, d'amour; qui les rend incapables d'autre fin que de lui-même. (Pensées 556 Br.)

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Message par hks Lun 13 Nov 2023 - 11:36

Vanleers a écrit:De quel Dieu parlez-vous ?

D'abord:
Il ne m'est pas du tout évident  que
Croire que Dieu existe  ne confère pas un sens dans la vie du croyant.
..........................................................................................
Ensuite
Votre  question est conforme à mon explication.
Quelle est l'intentionnalité ?

Inférer "concrètement "un effet de l'objet de mon  amour/confiance sans préoccupation de l'existence de cet objet sera  renvoyée vers le désir d'aimer.
Vous me dites  aimer réjouit l'âme.(d'accord)  L'Ethique de Spinoza et la spiritualité ignatienne - Page 39 3438808084

L'amour est une relation ( non ?)
Et là une foule d'objets d'amour sont convocables.

Entre autres le "Dieu des chrétiens"...lequel n'a  alors comme justification que de" réjouir l'âme"/béatitude .
La thèse dit que : Dieu existe comme objet d'amour en ce qu'il satisfait au désir de jouissance de l'âme.
Ce qui est tautologique.
Car l'objet de mon amour est bien évidemment ce qui me convient.

(je redis là ce que j'ai suggéré plus haut)
.........................................................................................................
Vous me dites : faites l'expérience.
Vous me parlez (quand même un peu) de la votre.

Elle est colorée voire imprégnée de prérequis culturels.

Lire les Exercices spirituels  (et non pas exorcismes) c'est déjà exister dans cette sphère culturelle.
Le texte est saturé de signifiance dans lesquelles on n'entre pas si on n'y est pas déjà entré.


Dernière édition par hks le Lun 13 Nov 2023 - 19:22, édité 2 fois

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La violence est ce rythme de perturbations non acceptables, du moins pas sans dommages potentiels."  

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