"Politiquement correct"
+5
Bergame
lautre
euthyphron
Courtial
sophie.h
9 participants
Page 1 sur 6
Page 1 sur 6 • 1, 2, 3, 4, 5, 6
"Politiquement correct"
Pourquoi la société se conforme aux codes véhiculés par les politiques "moralisantes" et les médias "bien-pensants" ? Par souci de tolérance, le "politiquement correct" impose de ne pas discriminer les individus par catégories que l'on pourrait identifier par sexe, handicap, religion, culture, profession, etc. Ainsi aujourd'hui, les mots "obèse" ou "noir" sont devenus presque insultant ! N'est-ce pas un moyen de se voiler les yeux pour ne pas reconnaître la différence qui semble faire peur ? Il ne faut surtout pas la désigner mais au contraire assujettir l'individu à un langage neutre pour masquer la différence qui dérange, tout en culpabilisant la "brebis galeuse" ou le "mal pensant" qui ne serait pas partisan de la pensée unique. Le "politiquement correct" offre un cadre rassurant pour certains qui préfèrent ne pas appeller un chat : un chat, mais aussi inquiétant pour d'autres qui n'admettent pas cette mascarade. Il pense pouvoir contenir la pensée de l'individu mais en finalité, ce terrorisme intellectuel n'est qu'un moyen d'attiser les haines car il bafoue la liberté d'expression.
sophie.h- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 50
Date d'inscription : 07/07/2012
Re: "Politiquement correct"
Et ceux qui "ne veulent pas appeler un chat un chat" le font j'imagine par pure perversité ? A moins qu'il ne s'agisse d'attardés mentaux qui n'ont pas la chance d'avoir tes capacités intellectuelles ?
Il me semble que si l'on ne veut pas tomber dans le travers même qu'on dénonce, il faudrait commencer par raisonner autrement, ce qui veut dire d'abord comprendre.
Cette expression, "politiquement correct", utilisée à toutes les sauces, finit par vouloir tout dire et rien dire, on se le jette à la figure en toute occasion et parfois complètement hors de propos. On lit même des fascistes se prévalant de l'argument qu'on trouve in fine dans ton message(de la liberté d'expression) pour répandre leur propagande dégueulasse, qui aurait le rare mérite de ne pas être "politiquement correcte".
Un rappel historique ne semble donc pas complètement inutile. La political correctness - car c'est en américain, d'abord, que cela se dit - a été une attitude, à partir des années 70, qui est liée à la culpabilité eu égard aux Minorités essentiellement indienne et noire qui furent exterminées ou honteusement surexploitées pendant des siècles. Par une sorte d'attitude (illusoire, évidemment) de "compensation", on décida qu'il devenait inconvenant de stigmatiser encore davantage ces populations par un discours les visant ou les infériorisant, etc. Il devint "interdit" de montrer dans un film ou un roman un Noir violeur ou un Indien alccolique sous peine d'être identifié aux génocideurs, aux racistes, etc. Il devint très bien porté au contraire, de ne présenter que des Wasps dans les rôles de salauds, etc.
On ne voit donc qu'il ne s'agit nullement d'abord de ne pas voir les différences ou de les nier, mais plutôt d'une sorte d' affirmative action perverse ou de "discrimination positive", comme on dit. (Au reste, l'indifférentialisme et l'universalisme à la française est une idée inaccessible à l'entendement d'un Américain. L'idée que les Noirs sont aussi violeurs que les autres les dépasse, intellectuellement, ou plutôt ils peuvent la comprendre intellectuellement, mais ce n'est pas dans leur habitus). (1)
A partir de là, savoir une idée à peu près claire (qu'on soit d'accord ou pas) commence le dérapage sémantique et l'agrégation de plus en plus incertaine. On ne doit plus parler d'aveugle, terme stigmatisant et infériorisant, mais de non voyant, plus de nains mais de personnes de petite taille et je ne sais plus quel humoriste disait : plus de cons mais de mal comprenants. Ou encore (mon préféré), plus de handicapés, mais de personnes à capacité alternative. Ce qui paraît plus agaçant que scandaleux.
Nouvelle étape dans le dérapage incontrôlé : celle que j'évoquais plus haut, savoir le discours d'extrême droite. Par conséquent, le discours politiquement correct, cela devient le discours de gauche. Je ne dis pas le discours de la gauche-bien-pensante-caviar-bobo, etc. Je dis : de gauche.
Fustiger le politiquement correct devient alors l'apanage des fascistes "décomplexés". Les Nabe, les Soral et toute cette clique ne se sont trouvé que ce gonfalon.
J'en veux pour preuve que si je dis, par exemple : "il faut immédiatement fermer la Bourse, nationaliser le Crédit, instaurer des Soviets ouvriers, exproprier les propriétaires fonciers, etc.", personne ne dira : "oh, il n'est pas politiquement correct, lui". On dira "il est fou, arrierré,etc." mais non "pas politiquement correct". Ceci est réservé aux racistes, aux nazis et autres séides de l'extrême droite.
(1) Quand, en 1973 (je crois?) Brando reçoit un oscar pour son interprétation (génialissime, comme d'habitude) dans le Parrain, non seulement il ne vient pas le chercher, mais il envoie à sa place une Indienne qui vient expliquer devant Hollywood médusé que les Américains sont des criminels, qui ont massacré son peuple, qui continuent de l'opprimer, etc. On peut aimer ou pas, mais ça n'a rien à voir avec ne pas regarder la réalité en face ou ne pas appeler un chat un chat, c'est pas simplement de la mollesse ou de l'inconsistance, ou de l'inconscience, etc.
Il me semble que si l'on ne veut pas tomber dans le travers même qu'on dénonce, il faudrait commencer par raisonner autrement, ce qui veut dire d'abord comprendre.
Cette expression, "politiquement correct", utilisée à toutes les sauces, finit par vouloir tout dire et rien dire, on se le jette à la figure en toute occasion et parfois complètement hors de propos. On lit même des fascistes se prévalant de l'argument qu'on trouve in fine dans ton message(de la liberté d'expression) pour répandre leur propagande dégueulasse, qui aurait le rare mérite de ne pas être "politiquement correcte".
Un rappel historique ne semble donc pas complètement inutile. La political correctness - car c'est en américain, d'abord, que cela se dit - a été une attitude, à partir des années 70, qui est liée à la culpabilité eu égard aux Minorités essentiellement indienne et noire qui furent exterminées ou honteusement surexploitées pendant des siècles. Par une sorte d'attitude (illusoire, évidemment) de "compensation", on décida qu'il devenait inconvenant de stigmatiser encore davantage ces populations par un discours les visant ou les infériorisant, etc. Il devint "interdit" de montrer dans un film ou un roman un Noir violeur ou un Indien alccolique sous peine d'être identifié aux génocideurs, aux racistes, etc. Il devint très bien porté au contraire, de ne présenter que des Wasps dans les rôles de salauds, etc.
On ne voit donc qu'il ne s'agit nullement d'abord de ne pas voir les différences ou de les nier, mais plutôt d'une sorte d' affirmative action perverse ou de "discrimination positive", comme on dit. (Au reste, l'indifférentialisme et l'universalisme à la française est une idée inaccessible à l'entendement d'un Américain. L'idée que les Noirs sont aussi violeurs que les autres les dépasse, intellectuellement, ou plutôt ils peuvent la comprendre intellectuellement, mais ce n'est pas dans leur habitus). (1)
A partir de là, savoir une idée à peu près claire (qu'on soit d'accord ou pas) commence le dérapage sémantique et l'agrégation de plus en plus incertaine. On ne doit plus parler d'aveugle, terme stigmatisant et infériorisant, mais de non voyant, plus de nains mais de personnes de petite taille et je ne sais plus quel humoriste disait : plus de cons mais de mal comprenants. Ou encore (mon préféré), plus de handicapés, mais de personnes à capacité alternative. Ce qui paraît plus agaçant que scandaleux.
Nouvelle étape dans le dérapage incontrôlé : celle que j'évoquais plus haut, savoir le discours d'extrême droite. Par conséquent, le discours politiquement correct, cela devient le discours de gauche. Je ne dis pas le discours de la gauche-bien-pensante-caviar-bobo, etc. Je dis : de gauche.
Fustiger le politiquement correct devient alors l'apanage des fascistes "décomplexés". Les Nabe, les Soral et toute cette clique ne se sont trouvé que ce gonfalon.
J'en veux pour preuve que si je dis, par exemple : "il faut immédiatement fermer la Bourse, nationaliser le Crédit, instaurer des Soviets ouvriers, exproprier les propriétaires fonciers, etc.", personne ne dira : "oh, il n'est pas politiquement correct, lui". On dira "il est fou, arrierré,etc." mais non "pas politiquement correct". Ceci est réservé aux racistes, aux nazis et autres séides de l'extrême droite.
(1) Quand, en 1973 (je crois?) Brando reçoit un oscar pour son interprétation (génialissime, comme d'habitude) dans le Parrain, non seulement il ne vient pas le chercher, mais il envoie à sa place une Indienne qui vient expliquer devant Hollywood médusé que les Américains sont des criminels, qui ont massacré son peuple, qui continuent de l'opprimer, etc. On peut aimer ou pas, mais ça n'a rien à voir avec ne pas regarder la réalité en face ou ne pas appeler un chat un chat, c'est pas simplement de la mollesse ou de l'inconsistance, ou de l'inconscience, etc.
Courtial- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 2030
Date d'inscription : 03/07/2008
Re: "Politiquement correct"
Belle mise au point, instructive et pertinente.
Le mépris du conformisme a toujours été le ressort affectif du militantisme d'extrême-droite. Le problème, c'est qu'il faut du talent pour manifester une réelle originalité. A défaut, effectivement, la grande mode est de se dire politiquement incorrect. Une autre formule en vogue est: "il n'y a pas de questions tabous". Bref, la droite bouge, elle n'a peur de rien, elle accepte tous les sujets, toutes les expressions, elle est décomplexée et sexy. Enfin, c'est ce qu'elle voudrait faire croire.
Le mépris du conformisme a toujours été le ressort affectif du militantisme d'extrême-droite. Le problème, c'est qu'il faut du talent pour manifester une réelle originalité. A défaut, effectivement, la grande mode est de se dire politiquement incorrect. Une autre formule en vogue est: "il n'y a pas de questions tabous". Bref, la droite bouge, elle n'a peur de rien, elle accepte tous les sujets, toutes les expressions, elle est décomplexée et sexy. Enfin, c'est ce qu'elle voudrait faire croire.
_________________
amicus plato sed magis amica veritas
euthyphron- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 1505
Date d'inscription : 01/06/2011
Re: "Politiquement correct"
Et bien voilà... tout de suite, celui qui ne fait pas partie de la pensée unique est un fanatique extrémiste ou je ne sais quoi ! Entre établir un dialogue et diffuser largement des discours de propagande de fanatiques religieux et autres fascistes, il y a un fossé... il me semble ! La liberté d'expression devrait être libre et non restreinte par la pensée unique imposée par les politiques et les médias. Ça me rappelle cette célèbre phrase : "Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'au bout pour que vous puissiez le dire." Parce qu'empêcher un individu de s'exprimer, ce n'est pas annihiler ses pensées mais au contraire empêcher tout dialogue. Et comment comprendre et donc tolérer autrui sans dialogue ? La tolérance passe nécessairement par l'échange.
sophie.h- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 50
Date d'inscription : 07/07/2012
Re: "Politiquement correct"
J'essaie de te l'expliquer autrement : ton titre est mal choisi, c'est pourquoi je revenais sur le sens de "politiquement correct".
Si tu voulais faire un plaidoyer pour la tolérance (tu évoques Voltaire, je ne pense pas comme vous mais etc.) la liberté, etc. contre les discours imposés, je pense que tu ne trouveras pas ici d'adversaire. Nous sommes ici pour échanger avec des gens qui ne sont pas forcément de notre avis, etc.
Par ailleurs et surtout, le politiquement correct, c'est justement ce que tu dis : il peut bien y avoir des gens qui sont hindouistes, par exemple, non ? Et des homosexuels, ils n'ont pas le droit d'exister ? Et les transsexuels, pourquoi ne pourraient-ils dire leur mot ? Et les raeliens ? Et les adventistes du 7ème ? Et ceux du 16ème ?(Moi j'étais moins bien barré, j'étais un adventiste du 20ème, Belleville !)
Ce qui n'est pas "politiquement correct", ce n'est pas le vague appel à la tolérance et à l'échange (avec lequel je suis, nous sommes, il est, vous êtes, ils sont tous d'accord) que tu proposes. Le pas politiquement correct, c'est : dehors les pédés, à bas les bougnoules, etc. J'avais l'impression d'avoir été pourtant assez clair là-dessus...
Je t'invite donc à y réfléchir davantage et t'informer là-dessus ou au moins à considérer avec plus d'attention et moins de passion les éléments que j'ai indiqués.
Si tu voulais faire un plaidoyer pour la tolérance (tu évoques Voltaire, je ne pense pas comme vous mais etc.) la liberté, etc. contre les discours imposés, je pense que tu ne trouveras pas ici d'adversaire. Nous sommes ici pour échanger avec des gens qui ne sont pas forcément de notre avis, etc.
Par ailleurs et surtout, le politiquement correct, c'est justement ce que tu dis : il peut bien y avoir des gens qui sont hindouistes, par exemple, non ? Et des homosexuels, ils n'ont pas le droit d'exister ? Et les transsexuels, pourquoi ne pourraient-ils dire leur mot ? Et les raeliens ? Et les adventistes du 7ème ? Et ceux du 16ème ?(Moi j'étais moins bien barré, j'étais un adventiste du 20ème, Belleville !)
Ce qui n'est pas "politiquement correct", ce n'est pas le vague appel à la tolérance et à l'échange (avec lequel je suis, nous sommes, il est, vous êtes, ils sont tous d'accord) que tu proposes. Le pas politiquement correct, c'est : dehors les pédés, à bas les bougnoules, etc. J'avais l'impression d'avoir été pourtant assez clair là-dessus...
Je t'invite donc à y réfléchir davantage et t'informer là-dessus ou au moins à considérer avec plus d'attention et moins de passion les éléments que j'ai indiqués.
Courtial- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 2030
Date d'inscription : 03/07/2008
Re: "Politiquement correct"
Pour en revenir la valeur de liberté d'expression, attention néanmoins à bien jauger l'implication qui en découle : cela justifierait par exemple d'accepter les propos d'incitation à la haine raciale !
Cela serait alors la perte d'un constructivisme au profit du libéralisme ! Mais cet humanisme n'a-t-il pas ses limites ? En clair, peut-on vraiment avoir une totale confiance en l' homme (à titre individuel) ?
Cela serait alors la perte d'un constructivisme au profit du libéralisme ! Mais cet humanisme n'a-t-il pas ses limites ? En clair, peut-on vraiment avoir une totale confiance en l' homme (à titre individuel) ?
lautre- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 4
Date d'inscription : 10/09/2012
Re: "Politiquement correct"
Et bien je ne trouve pas que mon titre est mal choisi...
Croyez-vous que "la political correctness" des américains soit si éloignée du "politiquement correct" actuel des français ? Il suffit aujourd'hui de parler d'immigration pour se faire taxer de raciste à tout va ! L'immigration est devenue un sujet tabou et très curieusement, les scores du FN n'ont jamais été aussi bons (je doute que 20% des électeurs français soient racistes...). Si on interdit l'échange et le dialogue par la pensée unique, les "censurés" trouveront un autre moyen d'exprimer leurs idées.
Croyez-vous que "la political correctness" des américains soit si éloignée du "politiquement correct" actuel des français ? Il suffit aujourd'hui de parler d'immigration pour se faire taxer de raciste à tout va ! L'immigration est devenue un sujet tabou et très curieusement, les scores du FN n'ont jamais été aussi bons (je doute que 20% des électeurs français soient racistes...). Si on interdit l'échange et le dialogue par la pensée unique, les "censurés" trouveront un autre moyen d'exprimer leurs idées.
sophie.h- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 50
Date d'inscription : 07/07/2012
Re: "Politiquement correct"
A mon sens, le problème est surtout dans la prémisse -comme souvent : "Pourquoi la société se conforme aux codes véhiculés par les politiques "moralisantes" et les médias "bien-pensants" ?"
Ici est posée une représentation de la société qui :
- est construite sur un clivage entre, d'un côté "la société" (entendre "les individus", "le peuple", "vous et moi"), et de l'autre les politiques et les medias (en gros, les élites qui nous gouvernent)
- implique elle-même une représentation des "individus-comme-vous-et-moi" comme des êtres à la conscience manipulée, rendus incapables d'expression vraie et authentique par l'idéologie moralisante et politiquement correcte véhiculée par les politiques et leurs relais médiatiques.
A l'évidence, cette représentation est un tableau déformé de ce qu'on constate empiriquement. Comme le faisait malicieusement remarquer Courtial, on entend ou on lit aujourd'hui bien plus d'individus demander l'abrogation du regroupement familial, la fin des prestations sociales aux immigrés, le rapatriement systématique des immigrés clandestins, etc. que l'expropriation des détenteurs du capital ou l'élection des chefs d'entreprise par les salariés. A mes yeux, il est tout de même très étrange de lire encore des plaidoyers tels que le tien, sophie.h, en faveur de la liberté de s'exprimer à propos de l'immigration, à l'heure où, franchement, on n'entend plus parler que de cela, où ce semble être devenu le thème politique central en France (au détriment de tous les autres, et dieu sait si les sujets d'inquiétude sont pourtant nombreux aujourd'hui), et le sujet de tous les repas de famille. Quand tu dis que "l'immigration est devenue un sujet tabou", on sourit : Quelque chose me dit que tu es jeune, mais les vieux barbons comme mézigue, ça fait 20 ans qu'on l'entend, que l'immigration est devenue un sujet tabou.
En fait, soyons clairs, sophie.h ce que tu demandes, ce n'est pas, à mon sens, de pouvoir exprimer ton opinion sur le sujet de l'immigration. Car tu peux le faire, ici ou ailleurs, tout le monde peut le faire, et d'ailleurs tout le monde le fait. Ne te place pas stp en position de victime, tu n'en es empêchée par rien. Non, à mon sens, ce que tu demandes, au fond, c'est surtout que les autres partagent ton opinion sur ce sujet, qu'ils soient d'accord avec toi. Me trompai-je ?
Mais non, sophie.h, si tout le monde s'exprime aujourd'hui sur le sujet de l'immigration, tout le monde n'est pourtant pas de ton avis -quel qu'il soit. Car c'est ainsi, sur un même sujet, tous les hommes ne partagent pas la même opinion -ce qui, somme toute, est rassurant. Et s'il s'avère que ton opinion apparaît raciste aux yeux de certains, on ne voit pas au nom de quoi ils ne pourraient pas avoir le droit, eux, de dire que ton opinion est raciste. Pourquoi voudrais-tu les empêcher de s'exprimer ?
En somme, on ne peut légitiment en appeler à la liberté d'expression que si on la reconnaît valide pour tout un chacun. Moi, par exemple, je veux bien qu'un quidam dise : "Les bougnouls, dehors !" Mais je réclame aussi le droit, dès lors, à lui rétorquer : "Sale raciste !"
Et pourquoi pas ?
Ici est posée une représentation de la société qui :
- est construite sur un clivage entre, d'un côté "la société" (entendre "les individus", "le peuple", "vous et moi"), et de l'autre les politiques et les medias (en gros, les élites qui nous gouvernent)
- implique elle-même une représentation des "individus-comme-vous-et-moi" comme des êtres à la conscience manipulée, rendus incapables d'expression vraie et authentique par l'idéologie moralisante et politiquement correcte véhiculée par les politiques et leurs relais médiatiques.
A l'évidence, cette représentation est un tableau déformé de ce qu'on constate empiriquement. Comme le faisait malicieusement remarquer Courtial, on entend ou on lit aujourd'hui bien plus d'individus demander l'abrogation du regroupement familial, la fin des prestations sociales aux immigrés, le rapatriement systématique des immigrés clandestins, etc. que l'expropriation des détenteurs du capital ou l'élection des chefs d'entreprise par les salariés. A mes yeux, il est tout de même très étrange de lire encore des plaidoyers tels que le tien, sophie.h, en faveur de la liberté de s'exprimer à propos de l'immigration, à l'heure où, franchement, on n'entend plus parler que de cela, où ce semble être devenu le thème politique central en France (au détriment de tous les autres, et dieu sait si les sujets d'inquiétude sont pourtant nombreux aujourd'hui), et le sujet de tous les repas de famille. Quand tu dis que "l'immigration est devenue un sujet tabou", on sourit : Quelque chose me dit que tu es jeune, mais les vieux barbons comme mézigue, ça fait 20 ans qu'on l'entend, que l'immigration est devenue un sujet tabou.
En fait, soyons clairs, sophie.h ce que tu demandes, ce n'est pas, à mon sens, de pouvoir exprimer ton opinion sur le sujet de l'immigration. Car tu peux le faire, ici ou ailleurs, tout le monde peut le faire, et d'ailleurs tout le monde le fait. Ne te place pas stp en position de victime, tu n'en es empêchée par rien. Non, à mon sens, ce que tu demandes, au fond, c'est surtout que les autres partagent ton opinion sur ce sujet, qu'ils soient d'accord avec toi. Me trompai-je ?
Mais non, sophie.h, si tout le monde s'exprime aujourd'hui sur le sujet de l'immigration, tout le monde n'est pourtant pas de ton avis -quel qu'il soit. Car c'est ainsi, sur un même sujet, tous les hommes ne partagent pas la même opinion -ce qui, somme toute, est rassurant. Et s'il s'avère que ton opinion apparaît raciste aux yeux de certains, on ne voit pas au nom de quoi ils ne pourraient pas avoir le droit, eux, de dire que ton opinion est raciste. Pourquoi voudrais-tu les empêcher de s'exprimer ?
En somme, on ne peut légitiment en appeler à la liberté d'expression que si on la reconnaît valide pour tout un chacun. Moi, par exemple, je veux bien qu'un quidam dise : "Les bougnouls, dehors !" Mais je réclame aussi le droit, dès lors, à lui rétorquer : "Sale raciste !"
Et pourquoi pas ?
_________________
...que vont charmant masques et bergamasques...
Bergame- Persona
- Nombre de messages : 5358
Date d'inscription : 03/09/2007
Re: "Politiquement correct"
Bien sûr que non Bergame ! Il ne s'agit pas de mon opinion ou de convaincre qui que ce soit. Et effectivement, l'immigration est un vaste sujet de polémique. Mais on est autorisé à parler d'immigration que de façon positive. La moindre critique est assimilée à du racisme et je trouve cette attitude aberrante !
sophie.h- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 50
Date d'inscription : 07/07/2012
Re: "Politiquement correct"
N'exagérons rien! La moindre critique, dis-tu? "Moindre", ça doit vouloir dire la plus légère, la moins virulente, non? Moi, la moindre critique que je connais de l'immigration, c'est la fameuse phrase de Rocard qui dit que "la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde". C'est convenu, c'est ressassé, ça ne veut rien dire, ce n'est qu'un slogan creux, voilà tout le mal qu'on peut dire de cette phrase, mais je ne me souviens pas qu'on ait jamais accusé Rocard de racisme. Quel rapport, de toutes façons? L'immigration, c'est l'entrée d'étrangers sur le territoire, or "étranger" n'est pas une race.
Donc, j'aimerais bien savoir ce que c'est que cette moindre critique. Car de deux choses l'une. Ou, si moindre qu'elle se prétend, elle est effectivement ne disons pas raciste mais xénophobe, et si elle l'est c'est normal de dire qu'elle l'est.
Ou bien elle est un élément rationnel de discussion, et alors c'est insulter l'intelligence et l'honnêteté intellectuelle de tous les éventuels contradicteurs que de les taxer par avance d'incapacité à en parler posément.
Donc, j'aimerais bien savoir ce que c'est que cette moindre critique. Car de deux choses l'une. Ou, si moindre qu'elle se prétend, elle est effectivement ne disons pas raciste mais xénophobe, et si elle l'est c'est normal de dire qu'elle l'est.
Ou bien elle est un élément rationnel de discussion, et alors c'est insulter l'intelligence et l'honnêteté intellectuelle de tous les éventuels contradicteurs que de les taxer par avance d'incapacité à en parler posément.
_________________
amicus plato sed magis amica veritas
euthyphron- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 1505
Date d'inscription : 01/06/2011
Re: "Politiquement correct"
Cette fameuse phrase de Rocard est un très bon exemple de "la moindre critique", qui n'a pas de sens pour vous mais qui en avait certainement pour lui. Ce que vous oubliez de dire, c'est que Rocard est un homme de gauche... Le taxer de raciste, ça aurait discrédité les valeurs de gauche. Mais un homme de droite qui aurait tenu ces propos se serait tout de suite fait traité de raciste et de pro-FN.
Sinon, je n'ai jamais dit que l'"étranger" est une race ou alors à quel moment ?! Un étranger, c'est avant tout un être humain qui devrait avoir les mêmes droits et devoirs que n'importe quel autre citoyen français.
Sinon, je n'ai jamais dit que l'"étranger" est une race ou alors à quel moment ?! Un étranger, c'est avant tout un être humain qui devrait avoir les mêmes droits et devoirs que n'importe quel autre citoyen français.
sophie.h- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 50
Date d'inscription : 07/07/2012
Re: "Politiquement correct"
Le chantage dans lequel tu nous mets, sophie -toi et tous ceux qui, comme toi, professent ce genre de slogans- c'est que si nous commençons à discuter, à argumenter raisonnablement, et à montrer en quoi tes arguments manquent de consistance -s'ils en manquent- tu pourras toujours nous accuser de vouloir te brimer au nom du politiquement correct ou de refuser de "voir la réalité en face", aveuglés que nous serions par les médias bien-pensants et autres sortilèges. Tant est efficiente la rhétorique de l'aliénation. Mais je tente quand même. Prenons cette seule phrase, ce slogan lui aussi maintes fois ressassé :
"Un étranger, c'est avant tout un être humain qui devrait avoir les mêmes droits et devoirs que n'importe quel autre citoyen français."
De deux choses l'une:
- Ou bien par "étranger", tu entends véritablement "étranger", c'est-à-dire quelqu'un qui, par définition, n'est pas un citoyen français. Alors ta phrase n'a aucun sens : Si c'est un étranger, précisément, il n'a pas les mêmes droits et devoirs qu'un citoyen français, et il ne peut pas les avoir. D'accord ?
- Ou bien par "étranger", tu entends les citoyens français, citoyens de plein droit mais d'origine "étrangère". Alors on ne comprend pas où se situe exactement ta revendication : Un citoyen français a effectivement les mêmes droits et les mêmes devoirs qu'un autre citoyen français, quelle que soit leur origine, leur religion, leur couleur de peau, etc. et toutes choses étant égales par ailleurs. On ne peut que te le confirmer. Et donc ?
"Un étranger, c'est avant tout un être humain qui devrait avoir les mêmes droits et devoirs que n'importe quel autre citoyen français."
De deux choses l'une:
- Ou bien par "étranger", tu entends véritablement "étranger", c'est-à-dire quelqu'un qui, par définition, n'est pas un citoyen français. Alors ta phrase n'a aucun sens : Si c'est un étranger, précisément, il n'a pas les mêmes droits et devoirs qu'un citoyen français, et il ne peut pas les avoir. D'accord ?
- Ou bien par "étranger", tu entends les citoyens français, citoyens de plein droit mais d'origine "étrangère". Alors on ne comprend pas où se situe exactement ta revendication : Un citoyen français a effectivement les mêmes droits et les mêmes devoirs qu'un autre citoyen français, quelle que soit leur origine, leur religion, leur couleur de peau, etc. et toutes choses étant égales par ailleurs. On ne peut que te le confirmer. Et donc ?
_________________
...que vont charmant masques et bergamasques...
Bergame- Persona
- Nombre de messages : 5358
Date d'inscription : 03/09/2007
Re: "Politiquement correct"
Ce n'est pas du chantage ! Prouvez-moi que mes arguments sont inconsistants !
Je voulais dire par "étranger", un citoyen français issu de l'immigration car effectivement, un "étranger" peut être assimilé à un clandestin ou à un touriste. Et effectivement les clandestins et les touristes n'ont pas les mêmes droits et devoirs que les citoyens français. Je ne faisais que répondre à Euthyphron... Je n'assimile pas l'"étranger" à la race mais à un être humain qui a des droits et des devoirs.
Je voulais dire par "étranger", un citoyen français issu de l'immigration car effectivement, un "étranger" peut être assimilé à un clandestin ou à un touriste. Et effectivement les clandestins et les touristes n'ont pas les mêmes droits et devoirs que les citoyens français. Je ne faisais que répondre à Euthyphron... Je n'assimile pas l'"étranger" à la race mais à un être humain qui a des droits et des devoirs.
sophie.h- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 50
Date d'inscription : 07/07/2012
Re: "Politiquement correct"
... Et donc ? Un "citoyen français issu de l'immigration" a effectivement les mêmes droits et les mêmes devoirs qu'un autre. Je te le confirme de nouveau. Quel est donc le problème que tu prétendais soulever ?
_________________
...que vont charmant masques et bergamasques...
Bergame- Persona
- Nombre de messages : 5358
Date d'inscription : 03/09/2007
Re: "Politiquement correct"
Si je devais soulever un problème, ce serait l'absence de règles pour ceux qui ne respectent ni leurs droits ni leurs devoirs... Mais encore une fois, le "politiquement correct" n'admet pas les règles pour ceux qui ne respectent rien car les politiques entreraient dans la case "fasciste". Alors on préfère laisser ces "étrangers" fixer leurs propres règles au détriment de la société.
sophie.h- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 50
Date d'inscription : 07/07/2012
Re: "Politiquement correct"
Voila tout ton problème : Ils sont alternativement "citoyens français" ou "étrangers" quand cela t'arrange et sert ton argumentation. Il n'y a là que de la rhétorique, sophie. Et c'est uniquement au nom de cette rhétorique malhabile que tu accuses autrui de "politiquement correct".
Mais je te propose ultimement cette réflexion : Autrui n'est peut-être pas tant "politiquement correct" qu'il essaie d'utiliser les bons termes, de faire preuve d'analyse, d'y voir un peu clair dans des problèmes complexes, ce qui commence certainement par éviter les amalgames grossiers comme celui que tu pratiques à l'instant même entre "citoyen français issu de l'immigration" et "étranger". C'est une piste, à toi de voir.
Mais je te propose ultimement cette réflexion : Autrui n'est peut-être pas tant "politiquement correct" qu'il essaie d'utiliser les bons termes, de faire preuve d'analyse, d'y voir un peu clair dans des problèmes complexes, ce qui commence certainement par éviter les amalgames grossiers comme celui que tu pratiques à l'instant même entre "citoyen français issu de l'immigration" et "étranger". C'est une piste, à toi de voir.
_________________
...que vont charmant masques et bergamasques...
Bergame- Persona
- Nombre de messages : 5358
Date d'inscription : 03/09/2007
Re: "Politiquement correct"
Ce n'est pas une question de réthorique, Bergame. Un "citoyen français" issu de l'immigration qui ne respecte ni ses droits ni ses devoirs, c'est pour moi un étranger car il ne portera jamais son pays d'accueil dans son coeur et ne cherchera jamais à s'intégrer. Il profite de l'absence de règles pour insuffler sa haine pour ce pays qu'il n'aime pas. Pour les autres, ils sont citoyens français à part entière.
Si ce "politiquement correct" vous semble légitime, pour moi, il ne l'est pas parce qu'il laisse le pays au bord de l'implosion et se laisse dépasser par l'ampleur du phénomène.
Si ce "politiquement correct" vous semble légitime, pour moi, il ne l'est pas parce qu'il laisse le pays au bord de l'implosion et se laisse dépasser par l'ampleur du phénomène.
sophie.h- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 50
Date d'inscription : 07/07/2012
Re: "Politiquement correct"
Il faut appeler un chat un chat, disais-tu. Voyons cela.
Donc, pour toi, les malheurs du pays proviennent d'une catégorie particulière de Français, ceux dont l'un des deux parents au moins est étranger. Les Polonais, les Norvégiens, les Auvergnats fils de Belges? Des gens que tu n'aimes pas a priori, en tous cas.
Appelons un chat un chat, tu n'aimes pas une certaine catégorie de gens en raison de leur origine, cette haine est généralisée à toute une partie de la population, et seulement à cette partie. Cela s'appelle de la xénophobie, ou du racisme, selon le cas. Tu es xénophobe, ou raciste, selon le critère auquel tu reconnais tes ennemis a priori. Cela n'a absolument rien à voir avec une pensée, c'est ce que l'on appelle un affect.
Eh bien non, il n'y a pas de pour moi qui tienne, si pour toi un chat c'est un lapin, il n'en demeure pas moins que c'est un chat. Un citoyen français, issu de l'émigration ou pas d'ailleurs, qui "ne respecte pas ses droits et ses devoirs", je ne sais ce que tu entends par là, je ne parle pas bien le politiquement correct, mais je suppose que ça veut dire un délinquant, eh bien c'est un délinquant de nationalité française. Et la France est son pays, pas son pays d'accueil. Pays d'accueil, c'est pour les immigrés, pas pour leurs enfants s'ils sont devenus français.sophie.h a écrit:Un "citoyen français" issu de l'immigration qui ne respecte ni ses droits ni ses devoirs, c'est pour moi un étranger.
Donc, pour toi, les malheurs du pays proviennent d'une catégorie particulière de Français, ceux dont l'un des deux parents au moins est étranger. Les Polonais, les Norvégiens, les Auvergnats fils de Belges? Des gens que tu n'aimes pas a priori, en tous cas.
Appelons un chat un chat, tu n'aimes pas une certaine catégorie de gens en raison de leur origine, cette haine est généralisée à toute une partie de la population, et seulement à cette partie. Cela s'appelle de la xénophobie, ou du racisme, selon le cas. Tu es xénophobe, ou raciste, selon le critère auquel tu reconnais tes ennemis a priori. Cela n'a absolument rien à voir avec une pensée, c'est ce que l'on appelle un affect.
_________________
amicus plato sed magis amica veritas
euthyphron- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 1505
Date d'inscription : 01/06/2011
Re: "Politiquement correct"
Vous déformez mes propos ! Je n'ai jamais dit que le problème venait de "ceux dont l'un des deux parents au moins est étranger" ! Vous prenez vos désirs pour la réalité ! Par contre, il faut être aveugle pour refuser de voir ce qui se passe en France ! Il suffit d'aller à Marseille ou en Seine Saint-Denis pour comprendre qu'il y a un vrai problème avec certains jeunes issus de l'immigration qui font la pluie et le beau temps dans les quartiers et maintenant au coeur des villes. Mais vous allez encore me dire que je divague ! Pourquoi regarder les choses en face puisqu'on peut se voiler la face... C'est sans doute plus confortable et tellement plus facile de m'insulter !
sophie.h- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 50
Date d'inscription : 07/07/2012
Re: "Politiquement correct"
Il faudrait dire toutes les vérités en même temps, ou du moins essayer d'en voir plus, le plus confortable est d'en sélectionner quelques unes, de se voiler la face sur d'autres et de se palucher du contentement d'être capable d'agir de façon si brillante.
Chut- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 296
Date d'inscription : 13/07/2012
Re: "Politiquement correct"
Arrêtez d'embêter Sophie qui fait l'effort de réfléchir aux valeurs qui fondent notre nation et surtout nous prouve sa bonne santé mentale.
Etranger : qui est d'une autre nationalité
Ha... Pas mal, mais insatisfaisant si on s'en réfère aux propos de Sophie qui fait d'un citoyen un étranger potentiel. Bon, ça ne marche pas, donc... Essayons autre chose :
Etranger : qui ne fait pas partie d'une collectivité donnée
Déjà mieux. Mais pas totalement satisfaisant puisque nous sommes sensé parler ici le politiquement incorrect, allons plus loin :
Etranger : être étranger à soi-même.
Là c'est parfait. Voilà la limite ultime, la fracture et le point de rupture entre la bonne santé et la schizophrénie. Ne plus être capable de faire la différence entre soi et l'autre, ne plus avoir de notion du réel (mais lequel précisément) et en arriver à se dépersonnaliser. Se couper un bras ou une main parce qu'il ne présente pas les signes de notre appartenance, de notre moi.
Sophie a parfaitement raison, l'étranger c'est ce qui ne fait pas partie de nous et nous sommes seuls juges à ce niveau là. S'il faut nous amputer pour éviter l'angoisse de l'hétéronomie, j'estime qu'il est de notre droit de le faire. Nous avons mis des frontières entre les pays, définis des régions, organisé les collectivités locales, précisé les ascendances et descendances, définis la famille nucléaire (et au passage le foyer fiscal), et avons attribué une limite unipersonnelle à la limite de notre épiderme que les schizophrènes ont eu l'outrecuidance d'exploser. L'autre, l'étranger, commence désormais dans notre intimité. Terriens, compatriote, pays, cousins, parent, enfant, morceau de moi, on trouve toujours un autre sur le pas de sa porte.
Alors, Sophie, pour lutter contre ton angoisse de l'altérité, tu veux commencer par quoi ? Un pied ? Une main ? Evite le corps en amont du cœur et des poumons, la fin pourrait être tragique.
Mais en fait, nous devrions être admiratif : Tu nous montre par ton discours ta parfaite santé mentale, puisque ta liberté d’expression nous a convaincu que tu avais bien conscience de ton unité pensante et corporelle et que ton rejet de l’autre commençait finalement dans la xénophobie ordinaire. Certain appelle ça être décomplexé. Un psychologue te rassurerait en te disant que tu n’es qu’une névrosée parmi d’autres. Rien de bien exaltant en vérité.
Et pour ne pas être venu pour rien, une critique de l'Etranger de Camus :
Ta rhétorique te permet de faire scintiller ta vitre personnelle, Sophie, mais elle est malheureusement opaque aux significations. Il n'y a finalement pas beaucoup de sens dans ce que tu dis.
Et pour être encore plus clair : d'où tiens-tu précisément que les "jeunes issus de l'immigration" font désormais la loi dans "certains quartiers en France" ? J'ai l'audace d'estimer connaître un certain nombre de quartiers en france que les journalistes et politiciens en France qualifient de sensibles (comprenez avec un taux de chomage dépassant les 20%) : je n'y ai jamais vu de légistes jeunes et/ou issus de l'immigrations. Juste des pauvres, des fauchés, des déclassés, issus de tous les milieux possibles... mais de législateurs aucun.
************************
Edit : du coup j'ai relu le fil qui est assez intéressant et je voulais préciser un point au sujet de cette sois-disant déclaration politiquement incorrecte Rocard. La citation complète devrait être : "la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle fera sa part". De la difficulté de comprendre une phrase tirée de son contexte. Ce n'est ni du racisme (à l'évidence avec la phrase complète), ni du politiquement incorrect, c'est simplement de la bonne politique pragmatique et humaniste.
Après recherche, c'est encore plus évident (ici) : "La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part."
Etranger : qui est d'une autre nationalité
Ha... Pas mal, mais insatisfaisant si on s'en réfère aux propos de Sophie qui fait d'un citoyen un étranger potentiel. Bon, ça ne marche pas, donc... Essayons autre chose :
Etranger : qui ne fait pas partie d'une collectivité donnée
Déjà mieux. Mais pas totalement satisfaisant puisque nous sommes sensé parler ici le politiquement incorrect, allons plus loin :
Etranger : être étranger à soi-même.
Là c'est parfait. Voilà la limite ultime, la fracture et le point de rupture entre la bonne santé et la schizophrénie. Ne plus être capable de faire la différence entre soi et l'autre, ne plus avoir de notion du réel (mais lequel précisément) et en arriver à se dépersonnaliser. Se couper un bras ou une main parce qu'il ne présente pas les signes de notre appartenance, de notre moi.
Sophie a parfaitement raison, l'étranger c'est ce qui ne fait pas partie de nous et nous sommes seuls juges à ce niveau là. S'il faut nous amputer pour éviter l'angoisse de l'hétéronomie, j'estime qu'il est de notre droit de le faire. Nous avons mis des frontières entre les pays, définis des régions, organisé les collectivités locales, précisé les ascendances et descendances, définis la famille nucléaire (et au passage le foyer fiscal), et avons attribué une limite unipersonnelle à la limite de notre épiderme que les schizophrènes ont eu l'outrecuidance d'exploser. L'autre, l'étranger, commence désormais dans notre intimité. Terriens, compatriote, pays, cousins, parent, enfant, morceau de moi, on trouve toujours un autre sur le pas de sa porte.
Alors, Sophie, pour lutter contre ton angoisse de l'altérité, tu veux commencer par quoi ? Un pied ? Une main ? Evite le corps en amont du cœur et des poumons, la fin pourrait être tragique.
Mais en fait, nous devrions être admiratif : Tu nous montre par ton discours ta parfaite santé mentale, puisque ta liberté d’expression nous a convaincu que tu avais bien conscience de ton unité pensante et corporelle et que ton rejet de l’autre commençait finalement dans la xénophobie ordinaire. Certain appelle ça être décomplexé. Un psychologue te rassurerait en te disant que tu n’es qu’une névrosée parmi d’autres. Rien de bien exaltant en vérité.
Et pour ne pas être venu pour rien, une critique de l'Etranger de Camus :
Sartre a écrit:Entre le personnage dont il parle et le lecteur, il (Camus) va intercaler une cloison vitrée. Qu’y a-t-il de plus inepte en effet que des hommes derrière une vitre? Il semble qu’elle laisse tout passer, elle n’arrête qu’une chose, le sens de leurs gestes. Reste à choisir la vitre : ce sera la conscience de L’Étranger. C’est bien, en effet, une transparence : nous voyons tout ce qu’elle voit. Seulement on l’a construite de telle sorte qu’elle soit transparente aux choses et opaque aux significations.
Ta rhétorique te permet de faire scintiller ta vitre personnelle, Sophie, mais elle est malheureusement opaque aux significations. Il n'y a finalement pas beaucoup de sens dans ce que tu dis.
Et pour être encore plus clair : d'où tiens-tu précisément que les "jeunes issus de l'immigration" font désormais la loi dans "certains quartiers en France" ? J'ai l'audace d'estimer connaître un certain nombre de quartiers en france que les journalistes et politiciens en France qualifient de sensibles (comprenez avec un taux de chomage dépassant les 20%) : je n'y ai jamais vu de légistes jeunes et/ou issus de l'immigrations. Juste des pauvres, des fauchés, des déclassés, issus de tous les milieux possibles... mais de législateurs aucun.
************************
Edit : du coup j'ai relu le fil qui est assez intéressant et je voulais préciser un point au sujet de cette sois-disant déclaration politiquement incorrecte Rocard. La citation complète devrait être : "la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle fera sa part". De la difficulté de comprendre une phrase tirée de son contexte. Ce n'est ni du racisme (à l'évidence avec la phrase complète), ni du politiquement incorrect, c'est simplement de la bonne politique pragmatique et humaniste.
Après recherche, c'est encore plus évident (ici) : "La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part."
_________________
Le Nord, c'est par là.
poussbois- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 1616
Localisation : Petites Antilles
Date d'inscription : 18/07/2012
Re: "Politiquement correct"
Ah ! alors non seulement je suis raciste et xénophobe mais en plus schizophrène ! Comme je l'ai expliqué au début de ce topic, le problème, c'est que le "politiquement correct" refuse de discriminer les individus par catégories... Alors forcément, on ne reconnaîtra jamais officiellement que les débordements de certaines villes et quartiers viennent de certains jeunes issus de l'immigration. On préfère les appeler "des jeunes" d'une manière générale pour ne pas les stigmatiser... (les pauvres petits) ! Mais vous êtes un bel exemple de ce "politiquement correct" qui fustige la "brebis galeuse". Je ne peux que m'incliner devant la suprématie de votre intelligence ! Et ça me fait bien marrer lorsqu'après vous nous faites des cours sur la tolérance !
sophie.h- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 50
Date d'inscription : 07/07/2012
Re: "Politiquement correct"
Ha non, je ne suis pas tolérant du tout. La preuve, j'ai du mal à tolérer l'indigence des propos et la manipulation.
Et relis bien : je te reconnais une santé mentale parfaite. Un peu banale, certes, mais en dehors de toute schizophrénie. L'autre n'a pas traversé ton moi-peau, c'est un bon signe. Maintenant que tu as vaincu la psychose, tu nous exposes tes névroses habituelles. Une peur de l'autre assez courante en ce moment qui renvoie à des névroses d'angoisses liées à la loi et au père.
L'option psychanalytique n'est qu'une parmi d'autres, mais je la trouve intéressante, car elle nous renvoie vers nous cette notion d'altérité/étranger. C'est bien dans notre conception de notre rapport au monde que nous excluons ou que nous intégrons. On est bien loin des arguties politiques populistes, car le problème n'est pas de savoir quelle est la limite entre le tiers et l'étranger, mais quelle politique adoptée pour gérer des ressources limitées dans un monde ouvert.
Ce qui est sûr, c'est que tout le monde ici est d'accord sur un fait : tu as le droit d'être xénophobe. Et on le droit de te mettre dans le sac dans lequel on mets d'ailleurs tout les xénophobes. Tiens, c'est même une preuve de notre incorrection politique : accepter le conflit et catégoriser les discours. C'est bien ce que tu demandes, non ? Allez, je te le remets parce que j'ai l'impression que tu ne te relis pas toi-même :
Décidément, ton sujet est particulièrement mal parti : hors sujet sur le titre, mal assuré sur le contenu et fautif sur les conclusions avec une fâcheuse tendance à lire les posts en diagonale et à retenir l'inverse de ce qui est dit. Ce qui te déçoit fondamentalement n'est pas la qualité de notre discours, mais qu'on ne soit pas d'accord avec toi. Courtial avait parfaitement cerné le problème : la rhétorique réactionnaire, de la droite populaire à l'extrême droite, récupère cette critique du politiquement correct pour se lancer dans le pire populisme. Tu es tombée dans le panneau des discours ambiants. Vu le matraquage médiatique, ce n'est pas si surprenant que cela.
*Jacques Cabassut, « L’autorité subjectivante ou de « l’érangèreté » à l’altérité dans la rencontre clinique, institutionnelle et éducative », Tréma [En ligne], 27 | 2007, mis en ligne le 02 décembre 2009, Consulté le 29 septembre 2012. URL : http://trema.revues.org/503
Et relis bien : je te reconnais une santé mentale parfaite. Un peu banale, certes, mais en dehors de toute schizophrénie. L'autre n'a pas traversé ton moi-peau, c'est un bon signe. Maintenant que tu as vaincu la psychose, tu nous exposes tes névroses habituelles. Une peur de l'autre assez courante en ce moment qui renvoie à des névroses d'angoisses liées à la loi et au père.
.Cabassut* a écrit:Que la référence au tiers, à l’instar du père, que constituent ces instances [groupes de paroles] vienne à se rompre, et c’est la sauvagerie de la langue qui sera libérée. Le tiers / altérité devient tiers étranger, cet étranger à soi que nous portons tous et que la psychanalyse identifie dans la figure de l’inconscient, ou dans les traits de l’enfant qui vit et parle en chacun de nous …
L'option psychanalytique n'est qu'une parmi d'autres, mais je la trouve intéressante, car elle nous renvoie vers nous cette notion d'altérité/étranger. C'est bien dans notre conception de notre rapport au monde que nous excluons ou que nous intégrons. On est bien loin des arguties politiques populistes, car le problème n'est pas de savoir quelle est la limite entre le tiers et l'étranger, mais quelle politique adoptée pour gérer des ressources limitées dans un monde ouvert.
Ce qui est sûr, c'est que tout le monde ici est d'accord sur un fait : tu as le droit d'être xénophobe. Et on le droit de te mettre dans le sac dans lequel on mets d'ailleurs tout les xénophobes. Tiens, c'est même une preuve de notre incorrection politique : accepter le conflit et catégoriser les discours. C'est bien ce que tu demandes, non ? Allez, je te le remets parce que j'ai l'impression que tu ne te relis pas toi-même :
Tu vois l'incohérence du discours ou il faut être plus clair ?Sophie a écrit:Ah ! alors non seulement je suis raciste et xénophobe, mais en plus schizophrène ! Comme je l'ai expliqué au début de ce topic, le problème, c'est que le "politiquement correct" refuse de discriminer les individus par catégories...
Décidément, ton sujet est particulièrement mal parti : hors sujet sur le titre, mal assuré sur le contenu et fautif sur les conclusions avec une fâcheuse tendance à lire les posts en diagonale et à retenir l'inverse de ce qui est dit. Ce qui te déçoit fondamentalement n'est pas la qualité de notre discours, mais qu'on ne soit pas d'accord avec toi. Courtial avait parfaitement cerné le problème : la rhétorique réactionnaire, de la droite populaire à l'extrême droite, récupère cette critique du politiquement correct pour se lancer dans le pire populisme. Tu es tombée dans le panneau des discours ambiants. Vu le matraquage médiatique, ce n'est pas si surprenant que cela.
*Jacques Cabassut, « L’autorité subjectivante ou de « l’érangèreté » à l’altérité dans la rencontre clinique, institutionnelle et éducative », Tréma [En ligne], 27 | 2007, mis en ligne le 02 décembre 2009, Consulté le 29 septembre 2012. URL : http://trema.revues.org/503
Dernière édition par poussbois le Sam 29 Sep 2012 - 11:45, édité 3 fois
_________________
Le Nord, c'est par là.
poussbois- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 1616
Localisation : Petites Antilles
Date d'inscription : 18/07/2012
Re: "Politiquement correct"
C'est là ou vous vous méprenez... Je ne suis pas hostile à tout ce qui m'est étranger... seulement à ceux qui foutent la merde. Vous ne faites que déformer mes propos parce que ce topique vous défrise. Mes arguments vous semblent pauvres... les vôtres le sont aussi pour moi (on insulte quand on n'a plus d'arguments) !
sophie.h- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 50
Date d'inscription : 07/07/2012
Re: "Politiquement correct"
Allons allons personne n'insulte personne, on n'est pas chez Euterpe ici, on n'est pas dans la passion mais dans la réflexion.
Je t'explique : Poussbois s'agace et emploie bien à tort le terme schizophrène à cause du refoulement mal maîtrisé d'une mysoginie latente que la forme de ton post tend à faire resurgir. Excuse le.
Maintenant, comme il l'évoque par ailleurs justement, ne nous reproche pas d'être incapable de catégoriser les individus : vois avec quelle facilité et rapidité et surtout quelle inconséquence on a pu te qualifier aussi rapidement de raciste et xénophobe.
A mon avis tu caches tout simplement une admirable révolte intérieure Camusienne qui te pousse bien légitimement à t'en prendre à ce que tu considères comme la morale dominante, bien pensante, politiquement correcte. Et tu as bien raison, le politiquement correct n'est pas exempt d'une certaine hypocrisie, sans toutefois aller, reconnais-le, jusqu'à prétendre que les problèmes dans les banlieues sont le fait des personnes du quatrième âge du centre Normandie ou des habitants des hauts de Ramatuelle (qui ont leurs soucis aussi, les pauvres).
Mais comme dit plus haut, au lieu de se focaliser sur, et se limiter à, une apparence simplifiée à l'extrême (qu'accompagne comme des ombres des solutions elles aussi simplifiées à l'extrême) qui ne peut en aucun cas recouvrir la vérité pleine et entière tu en conviendras il vaut mieux, et tu en es évidemment capable, et même c'est ton souhait sinon tu ne serais pas dans ce haut lieu de la pensée du net, de creuser un peu le pourquoi des choses, et alors pêle-mêle mais utilement viennent des mots comme chômage, éducation, colonialisme, relations entre les peuples et entre leurs dirigeants, forces économiques, fraternité humaine etc etc... ne nous voilons pas la face devant la complexité des choses.
Je t'explique : Poussbois s'agace et emploie bien à tort le terme schizophrène à cause du refoulement mal maîtrisé d'une mysoginie latente que la forme de ton post tend à faire resurgir. Excuse le.
Maintenant, comme il l'évoque par ailleurs justement, ne nous reproche pas d'être incapable de catégoriser les individus : vois avec quelle facilité et rapidité et surtout quelle inconséquence on a pu te qualifier aussi rapidement de raciste et xénophobe.
A mon avis tu caches tout simplement une admirable révolte intérieure Camusienne qui te pousse bien légitimement à t'en prendre à ce que tu considères comme la morale dominante, bien pensante, politiquement correcte. Et tu as bien raison, le politiquement correct n'est pas exempt d'une certaine hypocrisie, sans toutefois aller, reconnais-le, jusqu'à prétendre que les problèmes dans les banlieues sont le fait des personnes du quatrième âge du centre Normandie ou des habitants des hauts de Ramatuelle (qui ont leurs soucis aussi, les pauvres).
Mais comme dit plus haut, au lieu de se focaliser sur, et se limiter à, une apparence simplifiée à l'extrême (qu'accompagne comme des ombres des solutions elles aussi simplifiées à l'extrême) qui ne peut en aucun cas recouvrir la vérité pleine et entière tu en conviendras il vaut mieux, et tu en es évidemment capable, et même c'est ton souhait sinon tu ne serais pas dans ce haut lieu de la pensée du net, de creuser un peu le pourquoi des choses, et alors pêle-mêle mais utilement viennent des mots comme chômage, éducation, colonialisme, relations entre les peuples et entre leurs dirigeants, forces économiques, fraternité humaine etc etc... ne nous voilons pas la face devant la complexité des choses.
Dernière édition par Chut le Sam 29 Sep 2012 - 12:03, édité 1 fois
Chut- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 296
Date d'inscription : 13/07/2012
Page 1 sur 6 • 1, 2, 3, 4, 5, 6
Page 1 sur 6
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum