Karl Popper et le rationalisme critique
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Re: Karl Popper et le rationalisme critique
Je souligne la perle :
Pourtant, même un " amateur " nommé Albert Einstein relève que si le réel n'était pas intrinsèquement sensé, il ne pourrait pas être, et donc, a fortiori, étudié, connu. Ce qui permet de comprendre, le plus simplement du monde, le résultat de l'expérience, quel qu'il soit (en incluant bien sûr les défaillances de l'expérimentateur)
Crosswind a écrit:Cette approche pragmatico-transcendantale est capable de justifier absolument toutes les dimensions de structures et de prévision des théories scientifiques. La seule chose qui lui échappe, c'est la survenance contingente d'un résultat. Autrement dit, pourquoi "cela".
Mais ça, on l'a vu sur le fil ontologie 2, personne ne pourra jamais montrer pourquoi (si tant est que la question fasse sens).
Pourtant, même un " amateur " nommé Albert Einstein relève que si le réel n'était pas intrinsèquement sensé, il ne pourrait pas être, et donc, a fortiori, étudié, connu. Ce qui permet de comprendre, le plus simplement du monde, le résultat de l'expérience, quel qu'il soit (en incluant bien sûr les défaillances de l'expérimentateur)
neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: Karl Popper et le rationalisme critique
Neo, donne-moi la citation, ou le texte, qui fait dire à Einstein que le réel, pour être, devrait être intrinsèquement sensé. Einstein est confus quant à ses propres positions. Ni parfaitement réaliste, ni anti-réaliste, mon petit doigt me dit que la philosophie et lui ne devaient pas être amis :D
Merci.
Accessoirement, où Einstein a-t-il expliqué le "cela"?
Parce que là tu parles dans le vide et c'est fatiguant.
Merci.
Accessoirement, où Einstein a-t-il expliqué le "cela"?
Parce que là tu parles dans le vide et c'est fatiguant.
Dernière édition par Crosswind le Jeu 14 Jan 2021 - 13:36, édité 1 fois
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"Let us chace our imagination to the heavens, or to the utmost limits of the universe ; we never really advance a step beyond ourselves, nor can conceive any kind of existence..." D. Hume
Crosswind- Digressi(f/ve)
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Re: Karl Popper et le rationalisme critique
théorie très très problématique.crosswind a écrit:Le "non" de la "nature" n'est intelligible que dans le contexte d'une question, d'un questionnement précis, et la question elle-même est subordonnée à l'architecture de l'instrument. En somme, les obstacles sont formés en tant que pôle négatif d'une certaine mise en œuvre, nous faisons autant partie du non que le phénomène, puisque ce dernier est irrémédiablement "collé" à "nous". Pickering estime même qu'il faudrait se passer de la mention "résister" pour adopter "résistance", suggérant là mieux la réciprocité d'une réaction à une action. A l'instar de la résistance de l'eau à l'action du navire.
ce que tu souligne ensuite
quand tu disLa seule chose qui lui échappe, c'est la survenance contingente d'un résultat. Autrement dit, pourquoi "cela".
nous faisons autant partie du non que le phénomène
où est l'irruption du bizarre ?
Rien ne devrait nous sembler étrange ou étranger puisque nous en ferions partie.
Le système auto constitué ( la grille d'appréhension), est perturbé par une extériorité.
(Renée Bouveresse, : l’expérience ne peut pas vérifier et justifier un énoncé universel, mais elle peut l’infirmer. »
il y a bien de temps en temps un choc inintelligible dans le contexte d'un questionnement précis, et la question elle-même est subordonnée à l'étonnement.
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Karl Popper et le rationalisme critique
Crosswind a écrit:Accessoirement, où Einstein a-t-il expliqué le "cela"?
Accessoirement, c'est toi qui parle de " cela " à propos du résultat d'une expérience.
Einstein est bien sûr, en tant que scientifique, ultra-déterministe, tu n'as pas assez médité " Dieu ne joue pas aux dés ".
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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: Karl Popper et le rationalisme critique
@hks
Il n'y a aucune étrangeté. La co-constitution objet-sujet n'est pas équivalent à l'énoncé du rapport entre un sujet immergé dans un objet.
L'objet n'est rien sans le sujet, et vice-versa, de même que la finitude est nécessaire au phénomène, sans quoi nous ne nous poserions tout simplement aucune question métaphysique. La chose en soi, dans cette optique, n'est pas cet au-delà métaphysique, mais l'horizon épistémologique, tout simplement nécessaire à la phénoménalité. Sans bornes, point d'objets. Mais chaque objet est le versant d'un sujet. Tout est intriqué dans une seule et même non-chose : la phénoménalité (qui n'est pas la chose en soi) qui, en tant que non-phénomène, nous échappera toujours
La déduction transcendantale, la nécessité des lois de la nature, quelque part c'est ceci :
1- Je pose l'hypothèse que le monde vécu est parfaitement chaotique, un monde-vécu dans lequel rien ne pourrait être distingué.
2- Je constate un fait : le monde est ordonné. Mais je ne peux le nier, puisqu'alors je poserais une contradiction performative. Et je ne peux nier son caractère universel, puisque si je souhaite convaincre autrui d'un caractère non-universel, je devrais tout de même compter sur un accord intersubjectif universel, et nous nous retrouvons ici encore dans une situation de contradiction performative).
3- Puisque le monde est ordonné, l'hypothèse ne peut pas tenir : le monde doit être ordonné, les lois de la nature sont nécessaires à la conscience qui se sait consciente.
La légalisation de l'apparaître est nécessaire (et universelle), elle est une condition de possibilité d'une expérience organisée. Mais cette déduction n'exige pas l'existence d'un monde organisé indépendant.
Il n'y a aucune étrangeté. La co-constitution objet-sujet n'est pas équivalent à l'énoncé du rapport entre un sujet immergé dans un objet.
L'objet n'est rien sans le sujet, et vice-versa, de même que la finitude est nécessaire au phénomène, sans quoi nous ne nous poserions tout simplement aucune question métaphysique. La chose en soi, dans cette optique, n'est pas cet au-delà métaphysique, mais l'horizon épistémologique, tout simplement nécessaire à la phénoménalité. Sans bornes, point d'objets. Mais chaque objet est le versant d'un sujet. Tout est intriqué dans une seule et même non-chose : la phénoménalité (qui n'est pas la chose en soi) qui, en tant que non-phénomène, nous échappera toujours
La déduction transcendantale, la nécessité des lois de la nature, quelque part c'est ceci :
1- Je pose l'hypothèse que le monde vécu est parfaitement chaotique, un monde-vécu dans lequel rien ne pourrait être distingué.
2- Je constate un fait : le monde est ordonné. Mais je ne peux le nier, puisqu'alors je poserais une contradiction performative. Et je ne peux nier son caractère universel, puisque si je souhaite convaincre autrui d'un caractère non-universel, je devrais tout de même compter sur un accord intersubjectif universel, et nous nous retrouvons ici encore dans une situation de contradiction performative).
3- Puisque le monde est ordonné, l'hypothèse ne peut pas tenir : le monde doit être ordonné, les lois de la nature sont nécessaires à la conscience qui se sait consciente.
La légalisation de l'apparaître est nécessaire (et universelle), elle est une condition de possibilité d'une expérience organisée. Mais cette déduction n'exige pas l'existence d'un monde organisé indépendant.
Dernière édition par Crosswind le Jeu 14 Jan 2021 - 14:05, édité 2 fois
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Crosswind- Digressi(f/ve)
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Re: Karl Popper et le rationalisme critique
neopilina a écrit:Crosswind a écrit:Accessoirement, où Einstein a-t-il expliqué le "cela"?
Accessoirement, c'est toi qui parle de " cela " à propos du résultat d'une expérience.
Einstein est bien sûr, en tant que scientifique, ultra-déterministe, tu n'as pas assez médité " Dieu ne joue pas aux dés ".
Mon Dieu, te lire est éprouvant. Quand je pense aux débats qui courent sur la position philosophique d'Einstein, d'un rare raffinement, et tes gros sabots, j'ai envie de pleurer toutes les larmes de la philosophie ! Je te précise que ta référence à Einstein visait bel et bien une question, que tu l'aimes ou non, sur le cela.
Merci de respecter un minimum les règles de base d'une discussion, et ne pas venir "polluer" sans un minimum d'argumentaire. Merci d'avance.
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Crosswind- Digressi(f/ve)
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Re: Karl Popper et le rationalisme critique
Crosswind a écrit:
Mais depuis, une alternative s'est dessinée sous la forme d'un neo-pragmatisme transcendantal, qui réduit la vision réaliste traditionnelle au rang du possible, et non plus du certain. Cassirer, Cohen, Hermann, Pickering, tous ont travaillé à actualiser, puis moderniser, les thèses de Kant pour aboutir à une thèse toujours incertaine, certes, mais tout aussi recevable que celle du réalisme métaphysique, et probablement moins spéculative (paradoxalement).
Je vous remercie d’avoir signalé cette alternative au réalisme des scientifiques mais la description que vous en faites est trop succincte pour que je comprenne véritablement de quoi il s’agit.
Je précise que, dans mon esprit, le réalisme n’est pas certain mais hypothétique. En d’autres termes, il est métaphysique au sens rappelé dans un post précédent : non testable mais susceptible d’argumentation et rationnellement soutenable tout en demeurant finalement indémontrable.
Je trouve cette hypothèse simple et commode.
Elle peut, bien entendu, faire l’objet d’un débat contradictoire pour évaluer les mérites respectifs de ces deux options métaphysiques : le réalisme et le neo-pragmatisme transcendantal que vous signalez.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Karl Popper et le rationalisme critique
Nous avons vu la distinction entre science et métaphysique selon Popper dans les posts précédents.
Renée Bouveresse approfondit cette question à l’article « Démarcation » :
Nous avons vu qu’André Verdan montre la démarcation interne à la métaphysique en distinguant métaphysiques et pseudo-métaphysiques.
Cet auteur explicite également la distinction poppérienne entre sciences et pseudo-sciences (op. cit. p. 52) :
Enoncés scientifiques :
- testables
- falsifiables
- invérifiables mais corroborables
Enoncés pseudo-scientifiques :
- non testables
- non falsifiables
- apparemment vérifiés mais en fait invérifiables
Avec cette double démarcation poppérienne, on dispose d’un outil solide pour « s’orienter dans la pensée ».
Renée Bouveresse approfondit cette question à l’article « Démarcation » :
Renée Bouveresse a écrit:Le problème de la démarcation entre science et métaphysique était déjà non seulement, comme l’appelle Popper, le « problème de Kant », mais aussi celui d’Osiander, de Galilée, ou plus tard de Duhem. A propos de la frontière entre science et métaphysique se déroule un conflit idéologique sur la question des prétentions à la vérité de chaque type de discours. Il s’agit pour Popper de trouver un critère qui stipule une condition nécessaire que les « pseudo-sciences » sont incapables de remplir, mais qui n’exclue pas les lois universelles et les concepts théoriques. Le critère ne pourra être inductif puisque, suivant Hume auquel il rend hommage, Popper refuse de considérer l’induction comme une méthode légitime et la considère comme un « mythe ». Il ne pourra non plus être la vérification, puisque cette exigence conduirait à l’élimination des lois universelles. Popper le trouve dans la possibilité de la réfutation par l’expérience. L’audace caractérise la théorie scientifique : elle ne se contente pas de réinterpréter les phénomènes connus, elle prend le risque d’en « interdire » certains. Une théorie qui est compatible avec tous les évènements observables possibles (ex : le marxisme et la psychanalyse selon Popper) n’est pas scientifique. Le critère de démarcation poppérien n’est pas un critère de signification, contrairement à ceux que proposaient les néo-positivistes, et la démarcation entre science et non-science n’est pas une démarcation entre sens et non-sens. Dans le Postscript, Popper introduit un deuxième critère de démarcation, interne à la métaphysique, entre théories perfectibles par la critique et théories (cf. les systèmes interprétatifs) non susceptibles de progresser par l’intervention de la critique. W.W. Bartley pensait que la démarcation effectuée par Popper entre discours dogmatiques et discours ouverts à la critique était plus importante que la démarcation entre science et métaphysique.
Nous avons vu qu’André Verdan montre la démarcation interne à la métaphysique en distinguant métaphysiques et pseudo-métaphysiques.
Cet auteur explicite également la distinction poppérienne entre sciences et pseudo-sciences (op. cit. p. 52) :
Enoncés scientifiques :
- testables
- falsifiables
- invérifiables mais corroborables
Enoncés pseudo-scientifiques :
- non testables
- non falsifiables
- apparemment vérifiés mais en fait invérifiables
Avec cette double démarcation poppérienne, on dispose d’un outil solide pour « s’orienter dans la pensée ».
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Karl Popper et le rationalisme critique
Vanleers a écrit:
Je vous remercie d’avoir signalé cette alternative au réalisme des scientifiques mais la description que vous en faites est trop succincte pour que je comprenne véritablement de quoi il s’agit.
sur ce sujet, une bonne introduction claire et efficace me semble être :
L'Espoir au lieu du savoir : Introduction au pragmatisme, par richard rorty, ed albin michel (hélas épuisé, je pense).
et comme propédeutique :
le pragmatisme, par william james, poche flammarion.
denis_h- Digressi(f/ve)
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Re: Karl Popper et le rationalisme critique
André Verdan donne un exemple de discussion rationnelle à propos de deux thèses métaphysiques opposées :
André Verdan a écrit:Popper nous a fourni lui-même un exemple typique de discussion qui se voudrait non dogmatique sur un problème métaphysique, en s’engageant dans le débat traditionnel qui oppose le réalisme à l’idéalisme. La première thèse affirme l’existence objective du monde, la seconde n’attribue aux choses qu’une réalité subjective, le monde n’étant qu’un produit de notre pensée (ou, comme le veut Berkeley, une création de Dieu dans notre esprit).
Les deux thèses sont aussi indémontrables l’une que l’autre. Elles sont donc également irréfutables, puisque seule la vérité de l’une entraînerait la fausseté de l’autre. L’expérience sensible ne prouve rien quant à la réalité des objets, comme l’a montré, à la suite des sceptiques grecs, une tradition qui passe par Descartes, Berkeley et Hume.
Nous voici donc, apparemment, en présence d’une sorte d’antinomie kantienne, d’aporie insoluble : idéalisme subjectif et réalisme font match nul !
En fait, tel n’est pas exactement le cas selon Popper. Car il estime que les deux thèses opposées, pour non testables qu’elles soient, peuvent faire l’objet d’une discussion rationnelle, d’une argumentation qui, sans aboutir à une conclusion décisive, donne un « poids écrasant » à la thèse réaliste et la rend préférable à la thèse idéaliste : « Il ne pourra donc y avoir en cette affaire comme dans tant d’autres, d’arguments concluants. Mais il y a des arguments en faveur du réalisme ; ou plutôt, contre l’idéalisme ». En se référant à la terminologie indiquée plus haut, on dira que, dans ce débat métaphysique, le réalisme est rationnellement soutenable et l’idéalisme rationnellement critiquable selon Popper. (op. cit. pp. 53-54)
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Karl Popper et le rationalisme critique
Je souligne :
Popper, avec pas mal d'autres il est vrai, n'a compris qu'il ne faut pas descendre la rivière, mais la remonter. On n'attaque pas l'aporie, mais ce qui la produit.
Vanleers a écrit:André Verdan donne un exemple de discussion rationnelle à propos de deux thèses métaphysiques opposées :André Verdan a écrit:Popper nous a fourni lui-même un exemple typique de discussion qui se voudrait non dogmatique sur un problème métaphysique, en s’engageant dans le débat traditionnel qui oppose le réalisme à l’idéalisme. La première thèse affirme l’existence objective du monde, la seconde n’attribue aux choses qu’une réalité subjective, le monde n’étant qu’un produit de notre pensée (ou, comme le veut Berkeley, une création de Dieu dans notre esprit).
Les deux thèses sont aussi indémontrables l’une que l’autre. Elles sont donc également irréfutables, puisque seule la vérité de l’une entraînerait la fausseté de l’autre. L’expérience sensible ne prouve rien quant à la réalité des objets, comme l’a montré, à la suite des sceptiques grecs, une tradition qui passe par Descartes, Berkeley et Hume.
Nous voici donc, apparemment, en présence d’une sorte d’antinomie kantienne, d’aporie insoluble : idéalisme subjectif et réalisme font match nul !
En fait, tel n’est pas exactement le cas selon Popper. Car il estime que les deux thèses opposées, pour non testables qu’elles soient, peuvent faire l’objet d’une discussion rationnelle, d’une argumentation qui, sans aboutir à une conclusion décisive, donne un « poids écrasant » à la thèse réaliste et la rend préférable à la thèse idéaliste : « Il ne pourra donc y avoir en cette affaire comme dans tant d’autres, d’arguments concluants. Mais il y a des arguments en faveur du réalisme ; ou plutôt, contre l’idéalisme ». En se référant à la terminologie indiquée plus haut, on dira que, dans ce débat métaphysique, le réalisme est rationnellement soutenable et l’idéalisme rationnellement critiquable selon Popper. (op. cit. pp. 53-54)
Popper, avec pas mal d'autres il est vrai, n'a compris qu'il ne faut pas descendre la rivière, mais la remonter. On n'attaque pas l'aporie, mais ce qui la produit.
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neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: Karl Popper et le rationalisme critique
A la suite, André Verdan donne un autre exemple de débat entre deux thèses métaphysiques, celui de l’existence de Dieu :
Dans un prochain post, on lira le commentaire d’A. Verdan à propos de l’argument ontologique.
André Verdan a écrit:Manifestement, la thèse de l’existence de Dieu n’est pas testable, c’est-à-dire susceptible d’être soumise à des tests empiriques : il est banal de dire que Dieu ne saurait être ni vu, ni touché, ni entendu au sens propre des termes […]
L’existence de Dieu n’est donc ni vérifiable, ni falsifiable, dans le sens que Popper donne à ces adjectifs, et elle n’a pas à l’être. Mais cela ne l’empêche pas – si l’on se place dans la perspective poppérienne – d’être rationnellement discutable, c’est-à-dire susceptible d’une argumentation logique cohérente. Cette argumentation visera donc, chez les philosophes théistes, à soutenir logiquement la thèse de l’existence de Dieu, Mais la démonstration invoquée doit s’attendre, évidemment, à être critiquée, au nom de cette même logique (et pas forcément par des athées)… Mais cette critique sera peut-être réfutée à son tour, ou contraindra le théiste à reformuler son argumentation différemment.. etc. (op. cit. pp. 54-55)
Dans un prochain post, on lira le commentaire d’A. Verdan à propos de l’argument ontologique.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Karl Popper et le rationalisme critique
André Verdan rappelle la preuve ontologique de l’existence de Dieu de saint Anselme, reformulée par Descartes et commente :
André Verdan a écrit:
Dieu, par définition, est la Perfection, il possède l’ensemble de toutes les perfections imaginables.
Or, l’existence appartient nécessairement à un être parfait, l’inexistence ne saurait appartenir qu’à un être imparfait.
Donc Dieu, par définition, possède l’existence, il est.
Voici donc l’existence de Dieu rationnellement soutenue. Or on sait comment Kant (un croyant) critiquera la preuve anselmo-cartésienne : l’existence, dira-t-il, n’est pas une qualité, un attribut qu’on puisse inclure dans l’essence de Dieu, au même titre que la toute-puissance, la toute-bonté et l’omniscience. Elle est d’un autre ordre que l’essence. On peut donc concevoir un Être parfait sans qu’il existe nécessairement.
La critique de Kant est-elle décisive ? Elle n’est en tout cas pas à l’abri de toute objection, comme l’a montré la suite du débat, et c’est ici ce qui nous importe. Le théiste pourra d’ailleurs proposer une autre version de la preuve ontologique qui, elle, paraît d’une logique impeccable puisqu’elle est une application pure et simple des principes d’identité et de non-contradiction :
Dieu, par définition, est l’Être.
Or, l’Être est (affirmer le contraire serait déroger au principe de non-contradiction).
Donc Dieu, par définition, est ou existe.
Il ne reste au contradicteur qu’à contester la définition même qui est donnée de Dieu. Mais le défenseur de la thèse peut lui répondre qu’il faut bien partir d’une définition de ce qui est en question, et que telle est sa définition. (Quant au chrétien, ou au juif croyant, il devrait en somme, dans une perspective kierkegaardienne, contester la possibilité même d’une preuve ontologique, en faisant remarquer poliment que Dieu ne saurait être défini, c’est-à-dire capté dans un concept comme un papillon dans un filet. Mais ceci est une autre histoire).
Qui a raison ? Peu nous importe en l’occurrence, et Popper, une fois encore, refuserait sans doute d’entrer dans un débat de type essentialiste, fondé sur une question de définition : il s’agit simplement de montrer qu’une thèse métaphysique peut être soumise à une argumentation purement rationnelle ; destinée soit à la soutenir, soit à la critiquer – donc qu’elle présente assez d’intérêt et de consistance pour entrer en concurrence avec un point de vue rival. (op. cit. pp. 55-56)
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Karl Popper et le rationalisme critique
Oui, sauf qu'on ne voit pas bien pourquoi cet auteur utilise ainsi Popper -si ce n'est, sans doute, parce que Popper est aujourd'hui un grand nom de l'épistémologie. Mais sur le fond, il n'y a nul besoin de Popper pour étayer le principe de l'argumentation rationnelle, Aristote et la scolastique feraient tout aussi bien l'affaire, et l'apport majeur de Popper n'est pas là.
Ce qu'on veut donc dire sans doute par cette utilisation, c'est que la doctrine poppérienne, qui occupe la haute place de la méthodologie scientifique contemporaine, n'empêche pas la justification rationnelle de l'existence de Dieu. Or, cela, c'est tout à fait juste. Et je regrette que tu n'aies pas fréquenté ce forum plus tôt, Vanleers, puisque tu aurais pu illustrer avantageusement ce que j'ai tenté de montrer à d'autres interlocuteurs passés, scientifiques athées -sans succès : Avant test critique, le statut de la proposition hypothétique chez Popper est indéterminé. Elle peut tout aussi bien être vraie ou fausse. Ce qui conduit à cette conséquence, que tu illustres donc très bien, que les propositions irréfutables (donc non-testables) comme les doctrines religieuses ou idéologiques peuvent être vraies, que c'est possible (chez Popper !).
Je ne méconnais pas, bien entendu, que c'est le problème logique auquel Popper a consacré une large partie de sa carrière. Si on lit Popper, on voit bien qu'entre la Logique de la Découverte et Conjectures et Réfutations par exemple, et encore ensuite les conférences rassemblées dans La Connaissance Objective, c'est même le problème central qu'il essaie de résoudre : Quel critère pour discriminer les théories avant test critique ? C'est tout l'objet, par exemple, de ce qu'il tente de réaliser avec le concept de "conjecture" ou avec celui de "vérisimilitude". Mais il n'y parvient jamais très bien, puisqu'il y a là un problème logique -et que Popper est éminemment conséquent.
C'est ce qui est très compliqué à intégrer, pour les "scientifiques", à propos de Popper. D'un côté, ils apprennent dans les écoles d'ingénieur que Popper et le falsisficationnisme sont le modèle courant de l'épistémologie scientifique ; mais de l'autre, ils restent tributaires de cet "ethos" du scientifique qui pose que les théories dûment validées expérimentalement sont vraies -et qu'en revanche, tout ce qui n'est pas susceptible de test empirique, non seulement n'est pas scientifique, mais encore est largement soupçonnable d'être faux.
Or, la doctrine de Popper consiste en un renversement de cet ethos (positiviste, à l'origine) : Ce qui fait la scientificité d'une théorie, c'est qu'on peut prouver qu'elle est fausse. Et a contrario, donc, les théories qu'on ne peut pas tester empiriquement, telles les argumentations rationnelles sur l'existence de Dieu, et justement parce qu'on ne peut pas prouver qu'elles sont fausses, hé bien elles ne sont pas scientifiques, certes, mais... quant à leur statut de vérité, c'est ouvert.
C'est strictement une conséquence de la doctrine de Popper. Puisque ce que présente Popper, c'est un critère logique de démarcation entre les théories scientifiques et les théories non-scientifiques. Mais ce critère, c'est qu'il est possible de prouver empiriquement que les théories scientifiques sont fausses.
C'est la raison pour laquelle je dis que la clé d'entrée chez Popper, c'est que c'est un logicien : Il a bâti une doctrine épistémologique dont la force tient à sa cohérence logique. Mais la logique se fiche des querelles de chapelle... Et pour moi, ce n'est donc absolument pas un hasard si Popper aura pour assistants aussi bien H. Albert que P. Feyerabend. Je veux dire que, contrairement à ce qu'on lit très souvent, les doctrines de Popper et de Feyerabend (honni par la communauté scientifique) ne s'opposent pas : Feyerabend va seulement au bout de certaines des conséquences logiques de la doctrine poppérienne.
Ce qu'on veut donc dire sans doute par cette utilisation, c'est que la doctrine poppérienne, qui occupe la haute place de la méthodologie scientifique contemporaine, n'empêche pas la justification rationnelle de l'existence de Dieu. Or, cela, c'est tout à fait juste. Et je regrette que tu n'aies pas fréquenté ce forum plus tôt, Vanleers, puisque tu aurais pu illustrer avantageusement ce que j'ai tenté de montrer à d'autres interlocuteurs passés, scientifiques athées -sans succès : Avant test critique, le statut de la proposition hypothétique chez Popper est indéterminé. Elle peut tout aussi bien être vraie ou fausse. Ce qui conduit à cette conséquence, que tu illustres donc très bien, que les propositions irréfutables (donc non-testables) comme les doctrines religieuses ou idéologiques peuvent être vraies, que c'est possible (chez Popper !).
Je ne méconnais pas, bien entendu, que c'est le problème logique auquel Popper a consacré une large partie de sa carrière. Si on lit Popper, on voit bien qu'entre la Logique de la Découverte et Conjectures et Réfutations par exemple, et encore ensuite les conférences rassemblées dans La Connaissance Objective, c'est même le problème central qu'il essaie de résoudre : Quel critère pour discriminer les théories avant test critique ? C'est tout l'objet, par exemple, de ce qu'il tente de réaliser avec le concept de "conjecture" ou avec celui de "vérisimilitude". Mais il n'y parvient jamais très bien, puisqu'il y a là un problème logique -et que Popper est éminemment conséquent.
C'est ce qui est très compliqué à intégrer, pour les "scientifiques", à propos de Popper. D'un côté, ils apprennent dans les écoles d'ingénieur que Popper et le falsisficationnisme sont le modèle courant de l'épistémologie scientifique ; mais de l'autre, ils restent tributaires de cet "ethos" du scientifique qui pose que les théories dûment validées expérimentalement sont vraies -et qu'en revanche, tout ce qui n'est pas susceptible de test empirique, non seulement n'est pas scientifique, mais encore est largement soupçonnable d'être faux.
Or, la doctrine de Popper consiste en un renversement de cet ethos (positiviste, à l'origine) : Ce qui fait la scientificité d'une théorie, c'est qu'on peut prouver qu'elle est fausse. Et a contrario, donc, les théories qu'on ne peut pas tester empiriquement, telles les argumentations rationnelles sur l'existence de Dieu, et justement parce qu'on ne peut pas prouver qu'elles sont fausses, hé bien elles ne sont pas scientifiques, certes, mais... quant à leur statut de vérité, c'est ouvert.
C'est strictement une conséquence de la doctrine de Popper. Puisque ce que présente Popper, c'est un critère logique de démarcation entre les théories scientifiques et les théories non-scientifiques. Mais ce critère, c'est qu'il est possible de prouver empiriquement que les théories scientifiques sont fausses.
C'est la raison pour laquelle je dis que la clé d'entrée chez Popper, c'est que c'est un logicien : Il a bâti une doctrine épistémologique dont la force tient à sa cohérence logique. Mais la logique se fiche des querelles de chapelle... Et pour moi, ce n'est donc absolument pas un hasard si Popper aura pour assistants aussi bien H. Albert que P. Feyerabend. Je veux dire que, contrairement à ce qu'on lit très souvent, les doctrines de Popper et de Feyerabend (honni par la communauté scientifique) ne s'opposent pas : Feyerabend va seulement au bout de certaines des conséquences logiques de la doctrine poppérienne.
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Re: Karl Popper et le rationalisme critique
Popper s’est opposé aux thèses positivistes et scientistes du Cercle de Vienne qui, notamment, rejetait les énoncés universels car invérifiables, ce qui est tout à fait exact car il est pratiquement impossible de s’assurer qu’un tel énoncé est toujours vérifié.
Popper prit le contre-pied de cette position en soutenant, au contraire, que les sciences devaient être audacieuses et ne comporter que des énoncés universels.
Il précisait toutefois : énoncés universels testables, donc susceptibles d’être réfutés par l’expérience (falsifiables).
Dès lors, un événement est scientifiquement expliqué si l’on peut joindre un énoncé universel à des conditions initiales.
Par exemple, l’évènement « ce rat est mort » sera scientifiquement expliqué par la conjonction :
1) loi universelle : tout rat qui mange du poison meurt
2) conditions initiales : ce rat a mangé du poison
Ce schéma : loi universelle + conditions initiales est le B. A. BA de la formation scientifiques dispensée dans les écoles.
La conception poppérienne des sciences comme énoncés universels testables conduit à une répartition claire du champ de la pensée en quatre grands domaines qui sont, comme on l’a vu :
- les sciences
- les pseudo-sciences
- les métaphysiques
- les pseudo-métaphysiques
Chacun est invité, au plan de la pensée, à rejeter pseudo-sciences et pseudo-métaphysiques et à ne s’intéresser qu’aux sciences et aux métaphysiques.
Popper prit le contre-pied de cette position en soutenant, au contraire, que les sciences devaient être audacieuses et ne comporter que des énoncés universels.
Il précisait toutefois : énoncés universels testables, donc susceptibles d’être réfutés par l’expérience (falsifiables).
Dès lors, un événement est scientifiquement expliqué si l’on peut joindre un énoncé universel à des conditions initiales.
Par exemple, l’évènement « ce rat est mort » sera scientifiquement expliqué par la conjonction :
1) loi universelle : tout rat qui mange du poison meurt
2) conditions initiales : ce rat a mangé du poison
Ce schéma : loi universelle + conditions initiales est le B. A. BA de la formation scientifiques dispensée dans les écoles.
La conception poppérienne des sciences comme énoncés universels testables conduit à une répartition claire du champ de la pensée en quatre grands domaines qui sont, comme on l’a vu :
- les sciences
- les pseudo-sciences
- les métaphysiques
- les pseudo-métaphysiques
Chacun est invité, au plan de la pensée, à rejeter pseudo-sciences et pseudo-métaphysiques et à ne s’intéresser qu’aux sciences et aux métaphysiques.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Karl Popper et le rationalisme critique
bon très bien ça.Vanleers a écrit:Enoncés scientifiques :
- testables
- falsifiables
- invérifiables mais corroborables
Tout à fait louable comme centre d intérêt (idem de la métaphysique rationnelle)
mais ce qui relève de l'injonction infondée
infondée ou mal fondée je ne sais...Vanleers a écrit:rejeter pseudo-sciences et pseudo-métaphysiques
................
Supposons (fiction) que je vois un OVNI et le seul qui ait pu apparaitre dans toute l'histoire passée et avenir de l'homo sapiens
est- ce
- testables
- falsifiables
- invérifiables mais corroborables ?
Non ça ne l'est pas.
mais serait- ce pour moi sans intérêt (et à éviter)
....................................
il y a pour moi des phénomènes non scientifiques au sens étroit de Popper qui néanmoins sont dignes d'intérêt.
et moins fictionnels que l'OVNI
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Karl Popper et le rationalisme critique
Voir un OVNI ou ce que je crois être un OVNI ne constitue pas une pseudo-science ou une pseudo-métaphysique au sens donné ci-dessus.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Karl Popper et le rationalisme critique
Vanleers a écrit:Voir un OVNI ou ce que je crois être un OVNI ne constitue pas une pseudo-science ou une pseudo-métaphysique au sens donné ci-dessus.
Et, posant manifestement problème, savoir ce qu'on a vu relèvera forcément de démarches a posteriori. Sans le donné a priori (sur lequel je reviendrais sur " Ontologie "), les démarches a posteriori, ça va être dur.
Bon, dans le cas de l'O.V.N.I., scientifiques me semble très bien.
_________________
" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: Karl Popper et le rationalisme critique
oui je comprends bien que voir un OVNI ne constituerait pas une théorie explicative.vanleers a écrit:Voir un OVNI ou ce que je crois être un OVNI ne constitue pas une pseudo-science ou une pseudo-métaphysique au sens donné ci-dessus.
Mais je ne pensais pas en fait aux OvnI .
Il y a des corpus de phénomènes non réitérables
et la réitération me parait sous jacente à la théorie de Popper.
je pense à la parapsychologie et à la Synchronicité (voir Jung)
D autre part l'herméneutique est hors des catégories de Popper( l'étude de l'alchimie par Jung par exemple)
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Karl Popper et le rationalisme critique
1) La science, selon Popper, est faite d’énoncés universels testables.
Je ne vois pas que la notion de « réitération » entre dans cette définition de la science.
2) Vous citez la parapsychologie, la synchronicité et l’herméneutique.
Sont-elles des sciences au sens de Popper ?
Si elles ne le sont pas, sont-elles néanmoins des métaphysiques, c’est-à-dire rationnellement discutables et :
- soit non réfutables mais rationnellement critiquables
- soit non démontrables mais rationnellement soutenables ?
Si ce n’est pas le cas non plus, alors il s’agit de pseudo-sciences ou de pseudo-métaphysiques.
Je ne vois pas que la notion de « réitération » entre dans cette définition de la science.
2) Vous citez la parapsychologie, la synchronicité et l’herméneutique.
Sont-elles des sciences au sens de Popper ?
Si elles ne le sont pas, sont-elles néanmoins des métaphysiques, c’est-à-dire rationnellement discutables et :
- soit non réfutables mais rationnellement critiquables
- soit non démontrables mais rationnellement soutenables ?
Si ce n’est pas le cas non plus, alors il s’agit de pseudo-sciences ou de pseudo-métaphysiques.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 15/01/2017
Re: Karl Popper et le rationalisme critique
Vanleers a écrit:Je ne vois pas que la notion de « réitération » entre dans cette définition de la science.
J' entends par réitération la reproductibilité (je lis plus bas : réplication)
si je lis la page wikipedia Popper y est cité https://fr.wikipedia.org/wiki/Reproductibilit%C3%A9
mais la question est d'actualité (je pense qu'elle la toujours été)
............................................................................Le sujet de la reproductibilité est ancien et d’aucuns considèrent qu’il vaut mieux évoquer un changement de paradigme de la recherche plutôt qu’une crise . Il serait tentant de s’en référer à la conception poppérienne de la science selon laquelle l’erreur et sa réfutation résident au cœur même du processus scientifique. Mais le phénomène prend une ampleur telle que les notions mêmes de résultat et de fiabilité sont remises en cause. Si les réplications ne sont pas possibles, quelle est la valeur des travaux précédents s’ils s’avèrent non reproductibles (Zwaan et al. 2017) ?
https://www.ouvrirlascience.fr/repenser-la-robustesse-et-la-fiabilite-en-recherche-les-chercheurs-face-a-la-crise-de-la-reproductibilite-2/
non pas métaphysiqueVanleers a écrit:2) Vous citez la parapsychologie, la synchronicité et l’herméneutique.
Sont-elles des sciences au sens de Popper ?
Si elles ne le sont pas, sont-elles néanmoins des métaphysiques, c’est-à-dire rationnellement discutables
et pour le coup on voit que je ne mets pas la métaphysique partout.
Je ne vois pas l'herméneutique comme étant de la métaphysique. Ni la parapsychologie non plus.
.....................................................................
Pour moi les classifications de Popper sont beaucoup trop rigides.
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Karl Popper et le rationalisme critique
C’est une question de définition : Popper appelle métaphysique ce qui n’est pas scientifique mais qui est néanmoins rationnellement discutable.
Les classifications de Popper ont un intérêt pratique.
Elles dissuadent de discuter de philosophies qui, à l’évidence, ne sont pas rationnellement discutables.
Selon Popper, c’est le cas, par exemple, de la philosophie de Hegel.
Les classifications de Popper ont un intérêt pratique.
Elles dissuadent de discuter de philosophies qui, à l’évidence, ne sont pas rationnellement discutables.
Selon Popper, c’est le cas, par exemple, de la philosophie de Hegel.
André Verdan a écrit:« Voulez-vous abrutir un jeune homme et le rendre incapable de penser, alors faites-lui lire Hegel. Essayant vainement de comprendre ce monstrueux entassement de mots qui se contredisent et s’annulent, son cerveau épuisé succombera au point que dorénavant l’infortuné prendra pour pensée authentique le verbiage le plus vide ». [cité par Popper dans La société ouverte et ses ennemis]
En citant ces propos de Schopenhauer, Popper ne dissimule pas ses sentiments à l’égard de la pensée hégélienne. Charlatanisme, imposture, escroquerie, servilité, malhonnêteté intellectuelle, obscurité prétentieuse… il ne ménage pas ses termes. D’ordinaire nuancé dans ses jugements et capable d’allier la déférence et la modération à la lucidité critique, il traite la doctrine de Hegel sans aucune indulgence, voyant en elle le principal chaînon entre le totalitarisme platonicien et le totalitarisme moderne. (op. cit. p. 85)
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Karl Popper et le rationalisme critique
Vanleers a écrit:Elles dissuadent de discuter de philosophies qui, à l’évidence, ne sont pas rationnellement discutables.
Selon Popper, c’est le cas, par exemple, de la philosophie de Hegel.
Je n'ai pas lu Popper, j'ai lu Feyerabend.
Son avis tranché sur Hegel parait très excessif, comme l'était d'ailleurs celui de Schopenhauer sur Hegel.
hks- Digressi(f/ve)
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Localisation : Hauts de Seine
Date d'inscription : 04/10/2007
Re: Karl Popper et le rationalisme critique
je n'ai lu hegel qu'en morceaux choisis (par henri lefebvre et norbert guterman, en livre de poche).
c'est un penseur important dans l'histoire de la philosophie, qui éclaire de façon intéressante nietzsche et marx. à mon sens les 3 sont liés.
en lisant hegel, j'ai souvent pensé qu'il s'agissait d'une sorte de roman de science fiction, avec moulte inventions et concepts fantasmagoriques, comme si je lisais du jules vernes ou du asimov.
c'est un penseur important dans l'histoire de la philosophie, qui éclaire de façon intéressante nietzsche et marx. à mon sens les 3 sont liés.
en lisant hegel, j'ai souvent pensé qu'il s'agissait d'une sorte de roman de science fiction, avec moulte inventions et concepts fantasmagoriques, comme si je lisais du jules vernes ou du asimov.
denis_h- Digressi(f/ve)
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Re: Karl Popper et le rationalisme critique
Rejeter les pseudo-sciences et les pseudo-métaphysiques au sens de Popper trouve un écho dans les célèbres propos de David Hume dans l’Enquête concernant l’entendement humain :
David Hume a écrit:Quand, persuadés de ces principes, nous parcourons les bibliothèques, que nous faut-il détruire? Si nous prenons en main un volume de théologie ou de métaphysique scolastique, par exemple, demandons-nous : Contient-il des raisonnements abstraits sur la quantité ou le nombre? Non. Contient-il des raisonnements expérimentaux sur des questions de fait et d'existence? Non. Alors, mettez-le au feu, car il ne contient que sophismes et illusions.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Re: Karl Popper et le rationalisme critique
"mettez-le au feu" …
on est pas loin de fahrenheit 451 ...
on est pas loin de fahrenheit 451 ...
denis_h- Digressi(f/ve)
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