La rubrique à brac du Neopilina.
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jean tardieu
hks
Courtial
neopilina
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Re: La rubrique à brac du Neopilina.
Bergame a écrit:Mais je pense que ce n'est pas inutile, pour neopilina, d'être confronté à l'Autre.
La dialectique, toujours...
Tu te souviens de mon premier avatar sur internet ? Bien sûr qu'oui : un poulpe (les céphalopodes ont huit bras). Malheureusement, j'ai bien vu chez autrui, qu'il ne voyait pas dans ce " poulpe " ce que moi, qui fréquente beaucoup les Grecs, je voyais. Affaire de culture personnelle. Au Louvre, aile Denon, entresol, niveau - 1, salle 1, " Grèce préclassique ", on peut voir quelques merveilles où on peut voir ce poulpe (je tiens à disposition une liste des objets les plus remarquables). Bref, la mort dans l'âme, j'exagère, j'aime follement Athéna, j'ai opté pour la chouette chevêche du même nom. Et j'ai bien peur d'avoir beaucoup, beaucoup, plus que huit bras, de telle sorte : je dois me retenir. Qu'autrui soit en face de moi ou même virtuellement (et donc terriblement diminué, tout le monde en prend conscience), je peux être horriblement intrusif, même si c'est le plus courtoisement du monde. Alors comme tu l'as si bien dit une fois, je résume en substance, ce n'est pas un verbatim, mais je suis sûr que tu seras d'accord : " Néo, il en garde sous le pied ". C'est vrai. Ça se voit sur certains fils, où manifestement je rends public selon un agenda qui est le mien. J'ai un stock fou, accumulé avant d'acquérir un ordinateur (j'ai sous le coude un petit traité, 12 pages, sur l'ontologie du 1, de l'unité, mathématiques, il fera le bonheur de Vanleers, et de quelques autres, etc.) et augmenté depuis. Non seulement, j'en garde sous le pied, mais j'ai du apprendre à refréner le caractère envahissant du poulpe, qu'autrui pouvait mal vivre, ce que j'ai du apprendre à comprendre. Mon père à terminé sa carrière aux Voies Navigables de France. Un secteur, où par exemple, notoirement, on gère les flux, volumes, d'eau avec des vannes, etc. Le jour où je déciderais d'ouvrir les vannes en grand, vous serez débarrassés de ma présence. Et le plus sincèrement du monde, tous ceux qui m'auront supporté, sans la moindre exception, mériteront une médaille.
neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: La rubrique à brac du Neopilina.
La guerre, la forêt et/ou la montagne.
La guerre classique, les armées régulières, et la forêt et/ou la montagne, depuis la nuit des temps, ça fait très très mauvais ménage. C'est physique, stricto-sensu. La montagne, fut-elle " moyenne ", c'est à l'échelle humaine, un relief tourmenté, etc., toutes choses éminemment problématiques pour les soldats, le niveau opérationnel. Le texte de la " Guerre des Gaules " est précieux, mais il faut le prendre avec un maximum de pincettes, de recul, de critique : c'est l'apologie de César par César qui s'apprête à franchir le Rubicon. César " oublie " de nous dire qu'un bon tiers de son effectif est constitué d'alliés, de mercenaires, d'auxiliaires, de supplétifs, gaulois, notamment dans sa cavalerie, il y a là parmi les meilleurs de l'époque. César " oublie " de dire que ses légions sont totalement tributaires du ravitaillement, du blé, etc. (la logistique de base), gaulois. Parfois, il évoque des problèmes de ravitaillement, et là, tout s'arrête. Une " grève " de ce genre et il devait rentré. Quand Vercingétorix appelle au secours, les Leuques (qui occupent entre autres l'actuelle Lorraine) promettent des renforts, qui n'arriveront jamais, et ils continuent d'envoyer leur blé aux Romains. Les champs de blé autour de chez moi nourrissaient déjà les légions de César. Les gaulois, qui se faisaient très très volontiers des guerres sans merci entre eux, n'ont jamais été capables de s'unifier. Ainsi soit-il. Je reviens à la guerre et à la forêt et/ou la montagne. César, les Romains, ont sué sang et eau, pendant des années, pour anéantir la résistance gauloise dans le massif ardennais. Pas question de répéter l'opération dans le massif vosgien (l'entité géographique), bien pire en matière de couvert forestier et de relief. La plaine d'Alsace, les grandes plaines, pourtant bien boisées de l'Ouest lorrain, d'accord, mais pas le massif vosgien. Même après des décennies, puis des siècles, d'occupation, puis de processus osmotique, culturel, le massif vosgien est encerclé, on le contourne, on sécurise deux ou trois passages, cols, et c'est tout. La paix, pas trop contraignante, bien entendue par les deux parties, ça sera très bien comme ça. En France, si on parle de " terre celtique ", on pense à la Bretagne. Tout à fait. Mais même si c'est moins connu, c'est aussi très vrai pour la Lorraine. Au X° siècle, les diocèses du coin luttent encore contre des pratiques funéraires parfaitement celtiques, etc., profondément ancrés. Même si Toul, Metz, etc., sont des foyers culturels de première importance, à l'échelle européenne, la Lorraine se christianise beaucoup moins bien, vite, que la Bretagne et autres contrées gallo-romaines. Si Saint Colomban prend la route du Sud, c'est que localement, dans les Vosges, ça se passe mal, il est beaucoup trop brusque avec les locaux, jusqu'à susciter la colère d'un souverain local : il refuse de baptiser un de ses bâtards. Il est obligé de fuir. C'est en Lorraine que le phénomène de la céphalophorie dans les hagiographies chrétiennes, au Haut Moyen Age, apparait. C'est un saint, une sainte, martyrs chrétiens, décapités qui se relèvent, ramassent leur têtes, etc. Le phénomène fait tâche d'huile. L'hagiographie du Saint Denis de Paris en est un parfait exemple. C'est que dans ces régions, le culte du " chef " (la tête) reste profondément ancré. Sur des pièces de monnaies, on voit des têtes " coupées ", forcément, de telle sorte qu'on a mis un certain temps pour se rendre compte que certaines pièces montraient des têtes vraiment coupées. Je digresse. La guerre et la forêt et/ou la montagne. Toute proportion gardée, idem pendant la guerre franco-prussienne de 1870. La catastrophe stratégique de Gravelotte ouvre la route vers Sedan (où se trouve l'un des plus importants " reliquats ") et vers Paris. Mais au Sud de l'axe de pénétration majeur (région de Metz) des coalisés, tous devenus allemands à Versailles, il y a le massif vosgien. Et pendant toute la guerre, c'est un trou noir pour l'armée allemande. Des officiers et des soldats français rallient et encadrent des volontaires locaux (c'est là que la formule " Franc-Tireur " prend son sens actuel) et harcèlent l'ennemi. Chaque fois que les allemands essayent de pénétrer le massif, de prendre une ville de quelque importance, les " Francs-Tireurs " leur tombent dessus. La nuit, ils reprennent le contrôle des routes, accès, ensuite ils réduisent. Très très peu de monde en ressort. Les allemands opteront pour une guerre aussi courte que possible, Bismarck sait que la montre joue contre lui, la guerre civile est la meilleure garantie, ils y repenseront en 1917, coté russe, c'est de l'or impérial et allemand qui finance Lénine et compagnie. Ils décamperont, ils ont été malins, pendant cette guerre, ce n'est pas le soldat français qui a démérité et ils le savent très bien. A Gravelotte, Guillaume est vainqueur, mais il en pleure quand il vient sur le champ de bataille. Très grosses pertes. Pour sécuriser cet axe donc, l'armée allemande est contrainte de stationner des régiments sur place. Trois d'entre eux ont occupé la toute petite ville de ma grand-mère maternelle. A peine 1 000 habitants, dont un bon tiers ventilé dans des lieux-dits, etc. Il y avait un régiment de hulans (cavalerie légère, lanciers) bavarois, des hessois, et je ne sais plus quoi, un nom allemand à rallonge, que j'ai oublié. Ils n'ont pas laissé un bon souvenir. Pendant toute la durée de la guerre, ils ratissent la région à la recherche d'alcool et vivent en partie sur le dos du pays. Un peu partout, il y aura des " bavures ", notoirement avec les bavarois (idem en 14/18, idem en 39/45). La Lorraine non-annexée est occupée jusqu'en 1873. Ma grand-mère maternelle est née avant 1914. On raconte aux enfants la guerre, l'occupation, il y a encore des anciens combattants, des anciens francs-tireurs, il y a des cimetières, des monuments, partout. Ce conflit a horriblement frustré les français, ils sont remontés comme des pendules, ils veulent bouffer du boche, il repartira, reste la haine. C'est comme ça. En 14/18, une directive secrète de l'armée impériale stipule que les régiments allemands qui ont en face d'eux des régiments lorrains doivent être relevés plus souvent. En 44/45, à la frontière entre la Belgique et l'Allemagne, il y a eu la bataille de la forêt de Hürtgen. Même des anciens combattants allemands de 14/18 diront que ces combats ont été terribles. Les Américains ont fait leurs comptes, par exemple, la durée de vie moyenne d'un lieutenant à Hürtgen n'excède pas 48 heures. En Finlande, le ministère de la défense a un droit de regard absolu sur la conduite de l'exploitation forestière le long de la frontière russe. C'est une excellente idée. En 39/45, le débarquement et la percée en Provence sont beaucoup plus rapides qu'en Normandie. Les Alliés remontent très vite le sillon rhodanien, pour effectuer leur jonction avec les troupes venues de l'Ouest. Pas la peine d'avoir fait l'Ecole de Guerre : en France, les soldats allemands ont ordre de se replier et de tenir sur le massif vosgien et Metz (avec sa vieille, et très pratique, ceinture de forts). Ils y aura des " poches " jusqu'au 8 mai. Pour mémoire, l'hiver 44/45 est l'un des plus durs du siècle. Des deux cotés, on meurt par balles, etc., mais aussi à cause du froid et des privations. Et les Américains ont envoyé des régiments hawaïens, qui souffriront beaucoup, comme les " indigènes " français.
La guerre classique, les armées régulières, et la forêt et/ou la montagne, depuis la nuit des temps, ça fait très très mauvais ménage. C'est physique, stricto-sensu. La montagne, fut-elle " moyenne ", c'est à l'échelle humaine, un relief tourmenté, etc., toutes choses éminemment problématiques pour les soldats, le niveau opérationnel. Le texte de la " Guerre des Gaules " est précieux, mais il faut le prendre avec un maximum de pincettes, de recul, de critique : c'est l'apologie de César par César qui s'apprête à franchir le Rubicon. César " oublie " de nous dire qu'un bon tiers de son effectif est constitué d'alliés, de mercenaires, d'auxiliaires, de supplétifs, gaulois, notamment dans sa cavalerie, il y a là parmi les meilleurs de l'époque. César " oublie " de dire que ses légions sont totalement tributaires du ravitaillement, du blé, etc. (la logistique de base), gaulois. Parfois, il évoque des problèmes de ravitaillement, et là, tout s'arrête. Une " grève " de ce genre et il devait rentré. Quand Vercingétorix appelle au secours, les Leuques (qui occupent entre autres l'actuelle Lorraine) promettent des renforts, qui n'arriveront jamais, et ils continuent d'envoyer leur blé aux Romains. Les champs de blé autour de chez moi nourrissaient déjà les légions de César. Les gaulois, qui se faisaient très très volontiers des guerres sans merci entre eux, n'ont jamais été capables de s'unifier. Ainsi soit-il. Je reviens à la guerre et à la forêt et/ou la montagne. César, les Romains, ont sué sang et eau, pendant des années, pour anéantir la résistance gauloise dans le massif ardennais. Pas question de répéter l'opération dans le massif vosgien (l'entité géographique), bien pire en matière de couvert forestier et de relief. La plaine d'Alsace, les grandes plaines, pourtant bien boisées de l'Ouest lorrain, d'accord, mais pas le massif vosgien. Même après des décennies, puis des siècles, d'occupation, puis de processus osmotique, culturel, le massif vosgien est encerclé, on le contourne, on sécurise deux ou trois passages, cols, et c'est tout. La paix, pas trop contraignante, bien entendue par les deux parties, ça sera très bien comme ça. En France, si on parle de " terre celtique ", on pense à la Bretagne. Tout à fait. Mais même si c'est moins connu, c'est aussi très vrai pour la Lorraine. Au X° siècle, les diocèses du coin luttent encore contre des pratiques funéraires parfaitement celtiques, etc., profondément ancrés. Même si Toul, Metz, etc., sont des foyers culturels de première importance, à l'échelle européenne, la Lorraine se christianise beaucoup moins bien, vite, que la Bretagne et autres contrées gallo-romaines. Si Saint Colomban prend la route du Sud, c'est que localement, dans les Vosges, ça se passe mal, il est beaucoup trop brusque avec les locaux, jusqu'à susciter la colère d'un souverain local : il refuse de baptiser un de ses bâtards. Il est obligé de fuir. C'est en Lorraine que le phénomène de la céphalophorie dans les hagiographies chrétiennes, au Haut Moyen Age, apparait. C'est un saint, une sainte, martyrs chrétiens, décapités qui se relèvent, ramassent leur têtes, etc. Le phénomène fait tâche d'huile. L'hagiographie du Saint Denis de Paris en est un parfait exemple. C'est que dans ces régions, le culte du " chef " (la tête) reste profondément ancré. Sur des pièces de monnaies, on voit des têtes " coupées ", forcément, de telle sorte qu'on a mis un certain temps pour se rendre compte que certaines pièces montraient des têtes vraiment coupées. Je digresse. La guerre et la forêt et/ou la montagne. Toute proportion gardée, idem pendant la guerre franco-prussienne de 1870. La catastrophe stratégique de Gravelotte ouvre la route vers Sedan (où se trouve l'un des plus importants " reliquats ") et vers Paris. Mais au Sud de l'axe de pénétration majeur (région de Metz) des coalisés, tous devenus allemands à Versailles, il y a le massif vosgien. Et pendant toute la guerre, c'est un trou noir pour l'armée allemande. Des officiers et des soldats français rallient et encadrent des volontaires locaux (c'est là que la formule " Franc-Tireur " prend son sens actuel) et harcèlent l'ennemi. Chaque fois que les allemands essayent de pénétrer le massif, de prendre une ville de quelque importance, les " Francs-Tireurs " leur tombent dessus. La nuit, ils reprennent le contrôle des routes, accès, ensuite ils réduisent. Très très peu de monde en ressort. Les allemands opteront pour une guerre aussi courte que possible, Bismarck sait que la montre joue contre lui, la guerre civile est la meilleure garantie, ils y repenseront en 1917, coté russe, c'est de l'or impérial et allemand qui finance Lénine et compagnie. Ils décamperont, ils ont été malins, pendant cette guerre, ce n'est pas le soldat français qui a démérité et ils le savent très bien. A Gravelotte, Guillaume est vainqueur, mais il en pleure quand il vient sur le champ de bataille. Très grosses pertes. Pour sécuriser cet axe donc, l'armée allemande est contrainte de stationner des régiments sur place. Trois d'entre eux ont occupé la toute petite ville de ma grand-mère maternelle. A peine 1 000 habitants, dont un bon tiers ventilé dans des lieux-dits, etc. Il y avait un régiment de hulans (cavalerie légère, lanciers) bavarois, des hessois, et je ne sais plus quoi, un nom allemand à rallonge, que j'ai oublié. Ils n'ont pas laissé un bon souvenir. Pendant toute la durée de la guerre, ils ratissent la région à la recherche d'alcool et vivent en partie sur le dos du pays. Un peu partout, il y aura des " bavures ", notoirement avec les bavarois (idem en 14/18, idem en 39/45). La Lorraine non-annexée est occupée jusqu'en 1873. Ma grand-mère maternelle est née avant 1914. On raconte aux enfants la guerre, l'occupation, il y a encore des anciens combattants, des anciens francs-tireurs, il y a des cimetières, des monuments, partout. Ce conflit a horriblement frustré les français, ils sont remontés comme des pendules, ils veulent bouffer du boche, il repartira, reste la haine. C'est comme ça. En 14/18, une directive secrète de l'armée impériale stipule que les régiments allemands qui ont en face d'eux des régiments lorrains doivent être relevés plus souvent. En 44/45, à la frontière entre la Belgique et l'Allemagne, il y a eu la bataille de la forêt de Hürtgen. Même des anciens combattants allemands de 14/18 diront que ces combats ont été terribles. Les Américains ont fait leurs comptes, par exemple, la durée de vie moyenne d'un lieutenant à Hürtgen n'excède pas 48 heures. En Finlande, le ministère de la défense a un droit de regard absolu sur la conduite de l'exploitation forestière le long de la frontière russe. C'est une excellente idée. En 39/45, le débarquement et la percée en Provence sont beaucoup plus rapides qu'en Normandie. Les Alliés remontent très vite le sillon rhodanien, pour effectuer leur jonction avec les troupes venues de l'Ouest. Pas la peine d'avoir fait l'Ecole de Guerre : en France, les soldats allemands ont ordre de se replier et de tenir sur le massif vosgien et Metz (avec sa vieille, et très pratique, ceinture de forts). Ils y aura des " poches " jusqu'au 8 mai. Pour mémoire, l'hiver 44/45 est l'un des plus durs du siècle. Des deux cotés, on meurt par balles, etc., mais aussi à cause du froid et des privations. Et les Américains ont envoyé des régiments hawaïens, qui souffriront beaucoup, comme les " indigènes " français.
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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 31/10/2009
Re: La rubrique à brac du Neopilina.
Je rappelle ma localisation géographique, c'est essentiel présentement : contre-forts lorrains, Ouest, du massif vosgien (l'entité géographique). Cette semaine (les 26, 27 et 28) un exploitant agricole a moissonné une parcelle de blé. Il y a 30 ans, une telle moisson, ici donc, était inconcevable. Personne n'y pensais avant le 14 juillet, si le temps le permettait.
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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 8364
Date d'inscription : 31/10/2009
Re: La rubrique à brac du Neopilina.
Authentiques.
- 1. On va avoir une journée très dure. Il y a les collègues habituels, ceux de tous les jours, une bonne quinzaine. Il y a du renfort, un bonne trentaine d'hommes. Dans ces renforts, il y a de tout : un ami, Rachid, des habitués, et des types que je n'ai jamais vu. Rachid est rentré dans cette entreprise en même temps que moi. Donc, on suit le même calendrier de formations internes. Tous ceux qui le connaissent sont contents qu'il soit là quand c'est le cas : fiable et boute en train, impeccable. Tous le monde sait très bien qu'à 10/11 heures, on aura tous faim. Un casse-croute nécessaire, et non gourmand, est prévu. Deux types iront au supermarché le plus proche : pain, boissons, charcuterie, etc. A l'heure prévue, on avalera tous a minima deux casse-croutes d'un tiers de baguette et englouti un litre de liquide. Un fois qu'on s'est servi, on se recule d'une vieille table de formica que les deux " mousses " de service ont du très sérieusement nettoyer, pour que les autres en fassent autant, c'est un vieil hangar S.N.C.F., le froid pique, mais on est bien vêtus. Rachid est à coté de moi, une canette dans une main, un jambon-beurre dans l'autre. Un type l'interpelle en arabe. Petit silence. Rachid n'a pas réagi. Y'a un " blanc ", Rachid regarde à sa droite, à sa gauche : " C'est à moi qu'il parle ? ". J'éclaire sa lanterne : " A mon avis c'est à cause de la canette et du jambon ". A la vitesse de l'éclair. Rachid s'écarte du mur, arme son bras, le type s'est déjà penché en avant, la canette explose sur le mur, le " fâcheux " taille la route, Rachid s'élance, on arrête Rachid. Rachid, qui ne le méritait pas, est assombri, ce qui est donc une punition collective. La fusée " Rachid " n'a pas encore atteint son acmé, mais ça vient : " P..., je suis pas obligé d'être musulman ". Comme on est pote, je connais bien son histoire. Il a été adopté, avec ce prénom. Bien sûr, je ne peux pas donner le vrai nom de Rachid, mais si je dis " Martin ", " Dupont ", " Durand ", c'est très exactement cela. Pas vu, mais certain, des chefs ont du emboiter le pas au " fâcheux " qu'on n'a jamais revu. Tant mieux.
2 - Beaucoup, beaucoup, plus récent, doux ou trois ans. Barbecue estival du vendredi soir à la campagne. On est invité, ma femme décline, je comprends, ça va être très sonore, très arrosé, " viril ", même s'il y a des femmes et des enfants. Un homme du village m'a invité, parce que son fils, Karol (et sa petite famille), que je connais, qui a quitté la région pour des raisons économiques, est présent. Il y a quelques personnes que je ne connais pas, quelques urbains. Dont Mustapha. Produit d'un de ces mariages mixtes des années 60/70 : pattes d'éléphant, touffes de cheveux à la " Jackson Five ", etc., mais pas de " voile ", même moi, j'ai connu un peu, quand j'ai intégré le lycée. Parents banlieusards, lui-même banlieusard. Et il s'énerve : " Y'en a marre des arabes ! " Un comique lui rétorque du tac au tac : " C'est quoi ton prénom !! " Mustapha est déstabilisé, comme Rachid l'a été : on lui renvoie à la figure un " truc " qu'il oublie bien volontiers, constitutivement. Comme pour certains juifs en 39/45. Je suis venu en aide à Mustapha. Il me pose la main sur un avant-bras : " Voilà !, Voilà !, c'est ça que je veux dire ! " Mustapha est reparti avec un truc utile, un " concept ", une " nuance " : les " Barbus ".
Allez, du temps que j'y suis, un ami de comptoir, un sorte de " champion du monde " dans son genre : un franco-algérien homosexuel. Un jour, je lui dis : " Ça, c'est pas un Destin, c'est une Malédiction ". Il m'a regardé au fond des yeux, il était d'accord. Il quitte très très rarement la toute petite ville vosgienne où il a grandi et où il vit : ici, tout le monde le connaît, sait qui c'est, et c'est un mec bien, donc ? Ici, on lui fout la paix. " Ailleurs ", " ça " se corse vite. C'est une figure de la " Nuit " locale. Parfois, il y a des gens " désobligeants " avec lui. Et c'est les indigènes, pas commodes du tout, qui s'occupent des gens " désobligeants ", qu'on ne revoit plus.
- 1. On va avoir une journée très dure. Il y a les collègues habituels, ceux de tous les jours, une bonne quinzaine. Il y a du renfort, un bonne trentaine d'hommes. Dans ces renforts, il y a de tout : un ami, Rachid, des habitués, et des types que je n'ai jamais vu. Rachid est rentré dans cette entreprise en même temps que moi. Donc, on suit le même calendrier de formations internes. Tous ceux qui le connaissent sont contents qu'il soit là quand c'est le cas : fiable et boute en train, impeccable. Tous le monde sait très bien qu'à 10/11 heures, on aura tous faim. Un casse-croute nécessaire, et non gourmand, est prévu. Deux types iront au supermarché le plus proche : pain, boissons, charcuterie, etc. A l'heure prévue, on avalera tous a minima deux casse-croutes d'un tiers de baguette et englouti un litre de liquide. Un fois qu'on s'est servi, on se recule d'une vieille table de formica que les deux " mousses " de service ont du très sérieusement nettoyer, pour que les autres en fassent autant, c'est un vieil hangar S.N.C.F., le froid pique, mais on est bien vêtus. Rachid est à coté de moi, une canette dans une main, un jambon-beurre dans l'autre. Un type l'interpelle en arabe. Petit silence. Rachid n'a pas réagi. Y'a un " blanc ", Rachid regarde à sa droite, à sa gauche : " C'est à moi qu'il parle ? ". J'éclaire sa lanterne : " A mon avis c'est à cause de la canette et du jambon ". A la vitesse de l'éclair. Rachid s'écarte du mur, arme son bras, le type s'est déjà penché en avant, la canette explose sur le mur, le " fâcheux " taille la route, Rachid s'élance, on arrête Rachid. Rachid, qui ne le méritait pas, est assombri, ce qui est donc une punition collective. La fusée " Rachid " n'a pas encore atteint son acmé, mais ça vient : " P..., je suis pas obligé d'être musulman ". Comme on est pote, je connais bien son histoire. Il a été adopté, avec ce prénom. Bien sûr, je ne peux pas donner le vrai nom de Rachid, mais si je dis " Martin ", " Dupont ", " Durand ", c'est très exactement cela. Pas vu, mais certain, des chefs ont du emboiter le pas au " fâcheux " qu'on n'a jamais revu. Tant mieux.
2 - Beaucoup, beaucoup, plus récent, doux ou trois ans. Barbecue estival du vendredi soir à la campagne. On est invité, ma femme décline, je comprends, ça va être très sonore, très arrosé, " viril ", même s'il y a des femmes et des enfants. Un homme du village m'a invité, parce que son fils, Karol (et sa petite famille), que je connais, qui a quitté la région pour des raisons économiques, est présent. Il y a quelques personnes que je ne connais pas, quelques urbains. Dont Mustapha. Produit d'un de ces mariages mixtes des années 60/70 : pattes d'éléphant, touffes de cheveux à la " Jackson Five ", etc., mais pas de " voile ", même moi, j'ai connu un peu, quand j'ai intégré le lycée. Parents banlieusards, lui-même banlieusard. Et il s'énerve : " Y'en a marre des arabes ! " Un comique lui rétorque du tac au tac : " C'est quoi ton prénom !! " Mustapha est déstabilisé, comme Rachid l'a été : on lui renvoie à la figure un " truc " qu'il oublie bien volontiers, constitutivement. Comme pour certains juifs en 39/45. Je suis venu en aide à Mustapha. Il me pose la main sur un avant-bras : " Voilà !, Voilà !, c'est ça que je veux dire ! " Mustapha est reparti avec un truc utile, un " concept ", une " nuance " : les " Barbus ".
Allez, du temps que j'y suis, un ami de comptoir, un sorte de " champion du monde " dans son genre : un franco-algérien homosexuel. Un jour, je lui dis : " Ça, c'est pas un Destin, c'est une Malédiction ". Il m'a regardé au fond des yeux, il était d'accord. Il quitte très très rarement la toute petite ville vosgienne où il a grandi et où il vit : ici, tout le monde le connaît, sait qui c'est, et c'est un mec bien, donc ? Ici, on lui fout la paix. " Ailleurs ", " ça " se corse vite. C'est une figure de la " Nuit " locale. Parfois, il y a des gens " désobligeants " avec lui. Et c'est les indigènes, pas commodes du tout, qui s'occupent des gens " désobligeants ", qu'on ne revoit plus.
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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: La rubrique à brac du Neopilina.
Moeurs.
Notre médecin de famille, P 1, m'a soigné à partir de mes 7 ans, jusqu'à sa mort. Un saint homme, je n'ironise pas. Une fois que sa salle d'attente était vide, il prenait les rendez-vous un peu plus longs et programmés : il m'a enlevé un kyste graisseux très mal situé, dans une zone de frottement au milieu de la colonne vertébrale, etc. Je suis curieux, mais j'hésite. " Vas-y, pas de risques ". Je triture le truc. " C'est bon, laves-toi les mains ". Un soir, il rentre chez lui, et découvre que sa première femme n'est plus là, et que la maison a été vidée. Quelques années plus tard il me l'a raconté lui-même en riant. La deuxième fois, il n'avait plus envie de rire. La deuxième n'a pas vidée la maison, mais il s'est retrouvé dans la mouise jusqu'au cou, avec une dépression. Sa seconde femme est partie avec une femme, détail sans importance. Je ne sais pas s'il y a un humour lorrain (" Lorrains ! Têtes de chiens ! "). Mais j'en connais au moins un autre dont la femme est partie avec une femme, et lui, il a pris cher, il s'est fait chambrer : " En plus, avec une femme ! " Rires, hénauuuuuuuuuurmes ! Mais personne ne l'a fait avec notre bon P 1 : on l'aimait trop et il souffrait trop. Les deux femmes en question n'ont jamais travaillé, tout comme le couple de lesbiennes de mon patelin, d'ailleurs, qui collectionnent les gosses et ce qui est induit. Quand P 2 s'est suicidé d'une balle dans la bouche un an jour pour jour après le suicide d'une de ses filles, P 1 et les gendarmes ont fait des faux. Cause du décès : infarctus du myocarde. La veuve et les orphelines ont pu toucher toutes les assurances possibles. P 2 était l'un des types les plus zens de l'univers que j'ai jamais connu. Un " voisin ", d'en face. Il fumait, un peu. A priori, moi le premier, les gens qui fument " un peu ", j'y crois pas, mais j'ai connu P 2. Pas question de fumer chez P 2. L'été, il ouvrait la grande baie du salon au rez de chaussée, l'hiver, il sortait et s'asseyait sur les quelques marches qu'il y a devant sa porte. Enfant, adolescent, je l'ai observé fumer sa cigarette, sans qu'il me voit : c'était Bouddha, l'incarnation du Bonheur, un truc dans le genre. Sa femme, ses filles, sa maison, ses chiens, ses aquariums, son atelier, son terrain, etc., le Monde était achevé. Cet homme avait inventé la domotique avant l'heure, chez lui, tout fonctionnait avec des télécommandes, y compris les aquariums d'eau de mer, le chauffage central, tout. Il est parti avec ses secrets de fabrication, si j'ose dire : il a fallu tout démonter, changer. Les aquariums, du lourd, maçonnés dans les murs, sont devenus des jardinières. Personne d'autre que moi, en dehors de sa femme et de ses filles, ne savait ce qui suit, ce sont, comme on dit, des néo-ruraux, pas du coin. P 2 est né en Allemagne en 1945. Sa mère, à 15 ou 16 ans, dés son arrivée au camp de concentration a été expédiée au bordel, du camp. Elle a accouché avec des soldats U.S. P 2 se sentait juif comme moi, c'est dire. Je n'ai pas osé pousser mon " avantage ", par exemple : " Et quand ta mère a du te parler de ton père, comment elle a fait ? " J'ai pris ce qu'il m'a donné. Au musée des beaux-arts de Nancy, il y a un tableau du Caravage. Un type affreux. Colérique, impulsif, et buveur, mauvais ménage : un mort. Mon ophtalmologiste, et son époux, sont dingues, complétement dingues, de peinture. Le plus régulièrement du monde, ils s'offrent des week-ends rallongés et sautent dans un train. Rétrospectives, expos du siècle, etc., ils ne ratent rien. Alors un jour, elle me cause du Caravage de Nancy : l'éclairage est calamiteux. Et elle détaille, intarissable. Le plus régulièrement du monde, je me promène, je promène, un ami d'enfance schizophrène et néanmoins extrêmement doué, à ce point : sans son intelligence, il serait encore à l'H.P. C'est l'historien de la bande, sans lui ma compréhension de la nuit des longs couteaux (quand Hitler coupe la tête aux S.A.), etc., ne seraient pas aussi bonnes. Ayant opté pour Nancy, on retourne au musée, et je vais voir le Caravage, pour essayer de comprendre la critique de l'ophtalmologiste. Pas très concluant. Mais, promis, juré, la prochaine fois que je la vois, je lui demande s'il faut décrocher, bruler, pourquoi pas, le tableau du sale type assassin.
Mes dettes à l'endroit d'Homère, de Parménide, de Zénon d'Élée, de Descartes, de Sade, de Nietzsche, et de la psychanalyse, etc., c'est ce qui vient en premier à l'esprit, sont incommensurables. Problème : Donatien Sade, c'est aussi un délinquant, criminel, sexuels notoire. Pour celles et ceux qui ne savent pas, je rappelle le plus grave : les viols de plusieurs jeunes domestiques fraichement recrutés pour l'hiver 74/75. C'est déjà de notoriété publique, le château de Lacoste est de fait un prodigieux bordel, avec une domesticité pléthorique et extrêmement " polyvalente ". Le village est littéralement sous les fenêtres de la façade principale : si on jette quelque chose par les fenêtres, ça atterrit sur les toits. Il y a une proximité qui confine à la promiscuité, dés qu'on passe le portail, on est au presbytère, à la taverne, on cause beaucoup à la taverne, à la boulangerie, etc. Les villageois savent tout, en fait, jusqu'à Marseille, Avignon et Grenoble, tout le monde sait. Pire : je l'ai déjà dit, je suppose à titre personnel que Sade lors de ces deux ou trois mois (très vite, on vient réclamer les jeunes gens) a pratiqué la saignée médicale à des fins sexuelles. On veut bien rendre " tout cela " (sic), mais pas tout de suite. Pourquoi donc ? Et effectivement, 2 ou 3, je ne sais plus, mais facile à retrouver, adolescentes (même si on dit classiquement " l'affaire des petites filles " ou " l'hiver 1774/1775 ") sont placées chez des gens sûrs. Une maquerelle, qui cause beaucoup trop, et qui a commis une faute gravissime, est incarcérée. Et Sade, bien sûr, " clame son innocence ", la charge à mort : " fournir " du personnel vierge est puni avec la plus extrême sévérité dans le royaume et même l'aristocratie ne s'y risque pas (sauf qu'on le fera pour Louis XV, mais c'est le Roi), alors que des aristocrates homicides ne feront jamais un jour de prison. Que ça plaise ou non, on est sous l'Ancien Régime. Les jeunes filles, en temps voulu, pourront rentrer chez elles. Aussi, Paul Bourdin, dans un recueil inestimable, puisque la correspondance qu'il a pu examiner a disparu, parle de " boutonnières " et de blessures aux bras. Eurêka, si j'ose dire, les pièces ventilées d'un puzzle prennent place : saignée " médicale ". " Pas tout de suite ", le temps qu'elles cicatrisent. Je peux encore étayer, mais ce n'est pas présentement le sujet. Le premier Sade est un aristocrate au sens le plus crasse possible : de ce fait, son rang, il se croit tout permis avec le " petit personnel ", c'est à dire les domestiques et les prostituées. On n'a jamais vu une femme " du Monde ", ou même une actrice, toutes entretenues à l'époque, se plaindre de Sade, bien au contraire. Mais Sade, c'est aussi un homme qui s'est corrigé, qui a changé (c'est rare), quand la victime ça sera lui. Inversion très désagréable des rôles, copernicienne pour un sale type. Et donc, ça ira très très loin, il faut même s'accrocher à la rampe : il a domestiqué Son propre Enfer, il deviendra un robuste métaphysicien (homérique, rien de moins), un démocrate, un humaniste, un modéré (la Terreur voudra sa tête à ce titre), un abolitionniste (esclavage et peine de mort) et même féministe, etc. Une fois libéré par la Révolution, il a enfin compris que l'autre ce n'est pas rien, qu'entres adultes consentants (par exemple Catherine Treillet, alias " Justine ", qui préfère rester au château que de repartir avec son père), c'est décidément le mieux. Un soir, un groupe de pèlerins en route vers Saint Jacques demandent l'hospitalité au château. Pas de souci. Une fois tout le monde au lit, Sade, une bougie à la main, une bourse bien pleine dans l'autre, passe de chambre en chambre. Au petit matin, la troupe s'en va en poussant des hauts cris. Pendant la Révolution un petit couplet brocarde Sade : " Un ci-devant marquis, grand amateur d'abus, / Mais qui sait à nos moeurs plier son caractère, / ... ". Bref, on fait quoi, on brule Sade, tout Sade ? Et Newton ? Une ordure. Il a poussé un de ses assistants au suicide, il a volé, spolié, des découvertes majeures en horlogerie (mise au point du chronomètre de marine pour le calcul de la longitude) à un horloger irlandais qui mourra dans la misère en attendant vainement, il ne fait pas le poids, que la " justice " fasse son travail, etc. On fait quoi ? On efface la gravitation ? Je dis rien, je demande.
J'ai 54 ans. A 25, 26, ans, je ne sais plus, j'ai appris de façon assez extraordinaire que j'avais été cocu et que j'étais de nouveau célibataire. " De façon extraordinaire " : " cerise sur le gâteau, " on " m'accusait d'abus sexuels. Dans le premier cercle, le mien, on me demande : " Mais p..., y s'est passé quoi avec X !? " Je n'en sais rien, et eux non plus, pas encore. Oui, il s'est passé des " choses ", et en mon absence !! Quelques années plus tard, elle est venue s'excuser, j'ai accepté ses excuses. Mais même après, des années après, de temps en temps, je me suis pris ça en pleine figure. On est amis, vraiment. Mais on se voit très peu. En fait, par hasard ou seulement aux enterrements des proches qu'on a eu en commun. Celui qui est devenu son mari et le père de ses enfants ne me dit toujours pas bonjour. Si je suis là, il ne me voit pas, je suis invisible, un inconnu. L'été, j'aime encore bien aller aux cafés, m'installer en terrasse avec des connaissances. Si je le vois déjà installé, je vais lui serrer la main et je le salue, je le fais exprès, il ne me regarde toujours pas en face. Je me demande s'il a encore peur, et puis j'oublie.
Sauf à soupçonner des violences, et j'avais déjà prévenu un ex beau-frère à ce sujet, les affaires de couple, de moeurs, je ne vois rien de pire à aborder. Rien de moins, aussi sérieux que possible. Je ne vais pas me mentir, je ne suis pas très doué pour la modestie. Et puis je pense aux affaires de moeurs, et " ça " va tout de suite mieux : j'ai carrément envie qu'on oublie ma présence et qu'on ne me demande pas mon avis.
Notre médecin de famille, P 1, m'a soigné à partir de mes 7 ans, jusqu'à sa mort. Un saint homme, je n'ironise pas. Une fois que sa salle d'attente était vide, il prenait les rendez-vous un peu plus longs et programmés : il m'a enlevé un kyste graisseux très mal situé, dans une zone de frottement au milieu de la colonne vertébrale, etc. Je suis curieux, mais j'hésite. " Vas-y, pas de risques ". Je triture le truc. " C'est bon, laves-toi les mains ". Un soir, il rentre chez lui, et découvre que sa première femme n'est plus là, et que la maison a été vidée. Quelques années plus tard il me l'a raconté lui-même en riant. La deuxième fois, il n'avait plus envie de rire. La deuxième n'a pas vidée la maison, mais il s'est retrouvé dans la mouise jusqu'au cou, avec une dépression. Sa seconde femme est partie avec une femme, détail sans importance. Je ne sais pas s'il y a un humour lorrain (" Lorrains ! Têtes de chiens ! "). Mais j'en connais au moins un autre dont la femme est partie avec une femme, et lui, il a pris cher, il s'est fait chambrer : " En plus, avec une femme ! " Rires, hénauuuuuuuuuurmes ! Mais personne ne l'a fait avec notre bon P 1 : on l'aimait trop et il souffrait trop. Les deux femmes en question n'ont jamais travaillé, tout comme le couple de lesbiennes de mon patelin, d'ailleurs, qui collectionnent les gosses et ce qui est induit. Quand P 2 s'est suicidé d'une balle dans la bouche un an jour pour jour après le suicide d'une de ses filles, P 1 et les gendarmes ont fait des faux. Cause du décès : infarctus du myocarde. La veuve et les orphelines ont pu toucher toutes les assurances possibles. P 2 était l'un des types les plus zens de l'univers que j'ai jamais connu. Un " voisin ", d'en face. Il fumait, un peu. A priori, moi le premier, les gens qui fument " un peu ", j'y crois pas, mais j'ai connu P 2. Pas question de fumer chez P 2. L'été, il ouvrait la grande baie du salon au rez de chaussée, l'hiver, il sortait et s'asseyait sur les quelques marches qu'il y a devant sa porte. Enfant, adolescent, je l'ai observé fumer sa cigarette, sans qu'il me voit : c'était Bouddha, l'incarnation du Bonheur, un truc dans le genre. Sa femme, ses filles, sa maison, ses chiens, ses aquariums, son atelier, son terrain, etc., le Monde était achevé. Cet homme avait inventé la domotique avant l'heure, chez lui, tout fonctionnait avec des télécommandes, y compris les aquariums d'eau de mer, le chauffage central, tout. Il est parti avec ses secrets de fabrication, si j'ose dire : il a fallu tout démonter, changer. Les aquariums, du lourd, maçonnés dans les murs, sont devenus des jardinières. Personne d'autre que moi, en dehors de sa femme et de ses filles, ne savait ce qui suit, ce sont, comme on dit, des néo-ruraux, pas du coin. P 2 est né en Allemagne en 1945. Sa mère, à 15 ou 16 ans, dés son arrivée au camp de concentration a été expédiée au bordel, du camp. Elle a accouché avec des soldats U.S. P 2 se sentait juif comme moi, c'est dire. Je n'ai pas osé pousser mon " avantage ", par exemple : " Et quand ta mère a du te parler de ton père, comment elle a fait ? " J'ai pris ce qu'il m'a donné. Au musée des beaux-arts de Nancy, il y a un tableau du Caravage. Un type affreux. Colérique, impulsif, et buveur, mauvais ménage : un mort. Mon ophtalmologiste, et son époux, sont dingues, complétement dingues, de peinture. Le plus régulièrement du monde, ils s'offrent des week-ends rallongés et sautent dans un train. Rétrospectives, expos du siècle, etc., ils ne ratent rien. Alors un jour, elle me cause du Caravage de Nancy : l'éclairage est calamiteux. Et elle détaille, intarissable. Le plus régulièrement du monde, je me promène, je promène, un ami d'enfance schizophrène et néanmoins extrêmement doué, à ce point : sans son intelligence, il serait encore à l'H.P. C'est l'historien de la bande, sans lui ma compréhension de la nuit des longs couteaux (quand Hitler coupe la tête aux S.A.), etc., ne seraient pas aussi bonnes. Ayant opté pour Nancy, on retourne au musée, et je vais voir le Caravage, pour essayer de comprendre la critique de l'ophtalmologiste. Pas très concluant. Mais, promis, juré, la prochaine fois que je la vois, je lui demande s'il faut décrocher, bruler, pourquoi pas, le tableau du sale type assassin.
Mes dettes à l'endroit d'Homère, de Parménide, de Zénon d'Élée, de Descartes, de Sade, de Nietzsche, et de la psychanalyse, etc., c'est ce qui vient en premier à l'esprit, sont incommensurables. Problème : Donatien Sade, c'est aussi un délinquant, criminel, sexuels notoire. Pour celles et ceux qui ne savent pas, je rappelle le plus grave : les viols de plusieurs jeunes domestiques fraichement recrutés pour l'hiver 74/75. C'est déjà de notoriété publique, le château de Lacoste est de fait un prodigieux bordel, avec une domesticité pléthorique et extrêmement " polyvalente ". Le village est littéralement sous les fenêtres de la façade principale : si on jette quelque chose par les fenêtres, ça atterrit sur les toits. Il y a une proximité qui confine à la promiscuité, dés qu'on passe le portail, on est au presbytère, à la taverne, on cause beaucoup à la taverne, à la boulangerie, etc. Les villageois savent tout, en fait, jusqu'à Marseille, Avignon et Grenoble, tout le monde sait. Pire : je l'ai déjà dit, je suppose à titre personnel que Sade lors de ces deux ou trois mois (très vite, on vient réclamer les jeunes gens) a pratiqué la saignée médicale à des fins sexuelles. On veut bien rendre " tout cela " (sic), mais pas tout de suite. Pourquoi donc ? Et effectivement, 2 ou 3, je ne sais plus, mais facile à retrouver, adolescentes (même si on dit classiquement " l'affaire des petites filles " ou " l'hiver 1774/1775 ") sont placées chez des gens sûrs. Une maquerelle, qui cause beaucoup trop, et qui a commis une faute gravissime, est incarcérée. Et Sade, bien sûr, " clame son innocence ", la charge à mort : " fournir " du personnel vierge est puni avec la plus extrême sévérité dans le royaume et même l'aristocratie ne s'y risque pas (sauf qu'on le fera pour Louis XV, mais c'est le Roi), alors que des aristocrates homicides ne feront jamais un jour de prison. Que ça plaise ou non, on est sous l'Ancien Régime. Les jeunes filles, en temps voulu, pourront rentrer chez elles. Aussi, Paul Bourdin, dans un recueil inestimable, puisque la correspondance qu'il a pu examiner a disparu, parle de " boutonnières " et de blessures aux bras. Eurêka, si j'ose dire, les pièces ventilées d'un puzzle prennent place : saignée " médicale ". " Pas tout de suite ", le temps qu'elles cicatrisent. Je peux encore étayer, mais ce n'est pas présentement le sujet. Le premier Sade est un aristocrate au sens le plus crasse possible : de ce fait, son rang, il se croit tout permis avec le " petit personnel ", c'est à dire les domestiques et les prostituées. On n'a jamais vu une femme " du Monde ", ou même une actrice, toutes entretenues à l'époque, se plaindre de Sade, bien au contraire. Mais Sade, c'est aussi un homme qui s'est corrigé, qui a changé (c'est rare), quand la victime ça sera lui. Inversion très désagréable des rôles, copernicienne pour un sale type. Et donc, ça ira très très loin, il faut même s'accrocher à la rampe : il a domestiqué Son propre Enfer, il deviendra un robuste métaphysicien (homérique, rien de moins), un démocrate, un humaniste, un modéré (la Terreur voudra sa tête à ce titre), un abolitionniste (esclavage et peine de mort) et même féministe, etc. Une fois libéré par la Révolution, il a enfin compris que l'autre ce n'est pas rien, qu'entres adultes consentants (par exemple Catherine Treillet, alias " Justine ", qui préfère rester au château que de repartir avec son père), c'est décidément le mieux. Un soir, un groupe de pèlerins en route vers Saint Jacques demandent l'hospitalité au château. Pas de souci. Une fois tout le monde au lit, Sade, une bougie à la main, une bourse bien pleine dans l'autre, passe de chambre en chambre. Au petit matin, la troupe s'en va en poussant des hauts cris. Pendant la Révolution un petit couplet brocarde Sade : " Un ci-devant marquis, grand amateur d'abus, / Mais qui sait à nos moeurs plier son caractère, / ... ". Bref, on fait quoi, on brule Sade, tout Sade ? Et Newton ? Une ordure. Il a poussé un de ses assistants au suicide, il a volé, spolié, des découvertes majeures en horlogerie (mise au point du chronomètre de marine pour le calcul de la longitude) à un horloger irlandais qui mourra dans la misère en attendant vainement, il ne fait pas le poids, que la " justice " fasse son travail, etc. On fait quoi ? On efface la gravitation ? Je dis rien, je demande.
J'ai 54 ans. A 25, 26, ans, je ne sais plus, j'ai appris de façon assez extraordinaire que j'avais été cocu et que j'étais de nouveau célibataire. " De façon extraordinaire " : " cerise sur le gâteau, " on " m'accusait d'abus sexuels. Dans le premier cercle, le mien, on me demande : " Mais p..., y s'est passé quoi avec X !? " Je n'en sais rien, et eux non plus, pas encore. Oui, il s'est passé des " choses ", et en mon absence !! Quelques années plus tard, elle est venue s'excuser, j'ai accepté ses excuses. Mais même après, des années après, de temps en temps, je me suis pris ça en pleine figure. On est amis, vraiment. Mais on se voit très peu. En fait, par hasard ou seulement aux enterrements des proches qu'on a eu en commun. Celui qui est devenu son mari et le père de ses enfants ne me dit toujours pas bonjour. Si je suis là, il ne me voit pas, je suis invisible, un inconnu. L'été, j'aime encore bien aller aux cafés, m'installer en terrasse avec des connaissances. Si je le vois déjà installé, je vais lui serrer la main et je le salue, je le fais exprès, il ne me regarde toujours pas en face. Je me demande s'il a encore peur, et puis j'oublie.
Sauf à soupçonner des violences, et j'avais déjà prévenu un ex beau-frère à ce sujet, les affaires de couple, de moeurs, je ne vois rien de pire à aborder. Rien de moins, aussi sérieux que possible. Je ne vais pas me mentir, je ne suis pas très doué pour la modestie. Et puis je pense aux affaires de moeurs, et " ça " va tout de suite mieux : j'ai carrément envie qu'on oublie ma présence et qu'on ne me demande pas mon avis.
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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 31/10/2009
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