La rubrique à brac du Neopilina.

[neopilina]

Le titre est bien sûr un hommage explicite au génie Marcel Gotlib, et néanmoins (?) mélancolique, dépressif, chroniquissime (son père a été déporté), ce qui l'a tué via un emphysème.

Il faut inaugurer ça par du rigolo.
Je n'ai aucun souvenir de ce que je vais rapporter, j'étais trop petit, c'est toujours mes parents qui le racontaient. Un jour (" Il était une fois "), l'alambic clandestin de mon père a explosé. Quatre des cloisons de la " pièce " où se trouvait l'installation étaient en briques, la quatrième, c'était du bon gros moellon de chez nous. Les trois cloisons en briques ont été soufflées. Mon père aussi d'ailleurs. Il s'est retrouvé avec une superbe coupe de cheveux type " afro " (moi aussi, plus tard, j'ai eu la chevelure fondue, ça fait un peu plastique, bakélite), principalement en slip, avec des lambeaux de pantalons et de maillot, et la peau rosie façon barbecue. Ma mère me savait dans cette pièce, elle a bondi. Je jouais sous une table, collée au mur en moellons : j'ai rien eu. Mon père n'a plus jamais bricolé d'alambic. J'imagine aisément la scène dessinée par Gotlib : je suis plié de rire !

[neopilina]

Aujourd'hui, je suis allé me promener, seul. Entre autres. Je suis allé au joli village d'H... Nan, je déconne : H... n'existe plus, sur un ordre de Richelieu en 1637, aux troupes suédoises, en 1638, H... a été rayé de la carte. Et plus jamais rien n'a été relevé, bâti, à H.... Ce village avait bien survécu à la chute de l'empire romain et aux siècles obscurs de l'Occident (du V° au X°), avec ses remaniements considérables de toutes sortes (notamment donc fonciers), y compris, pour son malheur, " une maison haute, forte ", gallo-romaine, agrandie, remaniée, en petite forteresse. Aujourd'hui, un troupeau de jeunes limousines pâturent sur les fondations de la forteresse. Elles ont tellement l'habitude de voir un " estranger " que dans un premier temps elles détalent à l'autre bout de la parcelle. Mais, c'est bien connu, à plusieurs on a plus de courage, et la curiosité est un vilain défaut, elles reviendront, on fera un peu la causette, je ramasserais quelques tessons, sur les chemins, dans les ruisseaux, qui iront rejoindre la boite " H... ". L'un d'eux me fait souvenir brusquement que je suis également entouré de tumuli de l'age du bronze, la plupart non fouillés. Il y en a eu quelques uns au XIX° et à la fin du XX°, toujours à l'occasion de travaux publiques d'ampleur. Déjà en 1635, Le Seigneur de Beauvau (pas encore marquis, mais c'est pour bientôt) a décrit quelques scènes " façon " " Oradour sur Glane ", le moteur à explosion et les armes automatiques en moins, et puis il termine : " Toutes les bêtes de l'Apocalypse sont passés par la Lorraine ". Les civils qui ont échappé aux exactions des troupes se terrent aux fond des massifs forestiers, et y meurent : le blé poussent mal à l'ombre des hêtres et des chênes, et cette guerre n'en finit pas. Retour du cannibalisme opportuniste, de survie, etc.
C'est en Lorraine que la révolution française a été la moins mouvementée : l'immense majorité de la population est attentiste, et pour cause, on ne se sent pas français, la région est officiellement française depuis 1766, mais sous tutelle française depuis la Guerre de Trente Ans (mort politique en 1633 suite au traité de Charmes), dont elle ne finit pas de se relever et ce en passant sous administration française. L'église de B... est reconstruite en 1782 (mais le dallage est d'origine : IX° siècle !), celle de R..., dans la seconde moitié du XIX° !, à un autre emplacement, etc.
Les Lorrains ont chanté, dansé, bu, jusqu'à plus soif, quand le Roi de France a été guillotiné. A Paris parce que c'était le Roi, en Lorraine, le plus réjouissant c'était le " de France " !

[Courtial]

C'est en Lorraine que la révolution française a été la moins mouvementée : l'immense majorité de la population est attentiste, et pour cause, on ne se sent pas français, la région est officiellement française depuis 1766, mais sous tutelle française depuis la Guerre de Trente Ans (mort politique en 1633 suite au traité de Charmes), dont elle ne finit pas de se relever et ce en passant sous administration française. L'église de B... est reconstruite en 1782 (mais le dallage est d'origine : IX° siècle !), celle de R..., dans la seconde moitié du XIX° !, à un autre emplacement, etc.
Les Lorrains ont chanté, dansé, bu, jusqu'à plus soif, quand le Roi de France a été guillotiné. A Paris parce que c'était le Roi, en Lorraine, le plus réjouissant c'était le " de France " !

Lorrains ou Mosellans ? A préciser, mais je crois lire dans ton message qu'en fait, on m'aurait menti ?

Le pays de Jeanne d'Arc, et de tant de Héros morts pour la France, cette colline sacrée, cette fameuse Croix aux accents (mais si, mais si, une croix peut avoir des accents....) gaulliens, cette quintessence de la Patrie, ce concentré de grandeur et de sacrifice, qui nous appelle, la Lorraine, quoi, ce serait un fake ?
On nous aurait menti ?

[neopilina]

Lorrains ou Mosellans ? A préciser, mais je crois lire dans ton message qu'en fait, on m'aurait menti ?

Les départements c'est plus tard, l'histoire de la Lorraine, en tant que telle, commence au X° siècle, et c'est une terre d'Empire !! :

Le pays de Jeanne d'Arc, et de tant de Héros morts pour la France, cette colline sacrée, cette  fameuse Croix aux accents (mais si, mais si, une croix peut avoir des accents....) gaulliens, cette quintessence de la Patrie, ce concentré de grandeur et de sacrifice, qui nous appelle, la Lorraine, quoi, ce serait un fake ?
On nous aurait menti ?

Domrèmy était un village du Barrois mouvant, Jeanne était donc française (wiki : Une partie du duché de Bar, le Barrois mouvant, relevait du royaume de France pour le temporel et de l'évêché de Toul pour le spirituel). Tu es, encore, une victime de l'hagiographie romantique du XIX°. La Lorraine est étrangère à la guerre de 100 ans ! Mais c'est vrai qu'on s'est bien intégré. Après 1871, au pèlerinage annuel de la colline de Sion, les fidèles déposent une plaque en patois local : " ça ne sera pas pour toujours ", ça cause de l'annexion. En 14-18 une directive de l'armée de Guillaume stipule que les régiments allemands qui ont en face d'eux des lorrains soient relevés plus souvent. Et ça se traduit encore aujourd'hui dans les statistiques du ministère de la défense. Idem pour les contingents de croisés, dans l'ordre du temple ou encore teutonique. C'est une vieille terre de soldats (d'abord au service de l'Empire), l'épopée d'Othon le Grand commence en Lorraine. Un Sultan ottoman a écrit à son cher ami François I° : il lui demande de rappeler un des ses sujets qui lui cause beaucoup de tort. François répond poliment que le dit " sujet ", n'est pas le sien, n'est pas français mais lorrain ! Le Grand Turc a un peu de mal avec sa " géographie " ! Et jusqu'à la bataille de Vienne, jusqu'à la paix, les Turcs auront à se plaindre des lorrains. On parle toujours de Sobieski mais c'est Charles V, le duc de Lorraine, qui est à la manoeuvre, Sobieski est la tête d'affiche politique de la coalition. C'est Charles V qui conduira cette guerre jusqu'à la fin.

[hks]

Merci pour cette leçon d'histoire.
(il y a un devoir moral à ne pas rester ignorant de l'histoire...mais bref)

« Les livres sacrés racontent avec larmes les tristes afflictions du peuple Juif : Joseph narre la famine qui fut à Jérusalem durant son siège où les mères mangèrent leurs propres enfans : le siège de Paris sous Henri IV a quelque chose d'approchant, mais (sans rien enchérir) la famine de nostre Bourgougne en cette année 1638 a passé par-dessus tout cela incomparablement. La postérité ne le croira pas, les riches qui possedoient force chevances et avoient eu au commencement des espargnes, estoient espuisez, les pauvres paysans estoient retirez dans les villes sans labeur ny employ, le bled (blé) rare partout se vendoit à prix desmesuré : on vivoit des herbes des jardins et de celles des champs : les charognes des bestes mortes estoient recherchées aux voiries, mais cette table ne demeura pas long temps mise : on tenoit les portes des villes fermées pour ne se veoir accablez du nombre des gens affamez qui s'y venoient rendre, et hors des portes les chemins demie lieüe loing estoient pavez de gens haves et deffaictz, la plupart estenduz de foiblesse et se mourant : dans les villes les chiens et les chats estoient morceaux délicats, puis les rats estans en regne furent de requise, j'ay veu moy-mesme des gens bien couverts relever par les rües des rats morts jettez par les fenestres des maisons et les cacher pour les manger. En fin on vint à la chair humaine, premièrement dans l'armée où les soldats estans occis servoient de pasture aux autres qui couppoient les parties plus charnues des corps morts pour bouillir ou rostir, et hors du camp faisoient picorée de chair humaine pour manger : on descouvrit dans les villages des meurtres d'enfans faicts par leurs meres pour se garder de mourir et des freres par leurs freres, et la face des villes estoit partout la face de la mort. »

(Guerre de 10 ans)

[neopilina]

J'avais envie de raconter cette histoire, donc acte. Son titre est juste un clin d'oeil, rien de plus, à un de nos membres.

Du groupe restreint supposé vertueux voire idéal.

Il y a moins de quinze jours, nous avons enterré le " père " F. " Père " au sens d'aîné, ancien, de la famille. C'était dans son genre une sorte de vedette locale, un type qui en sortant de chez lui, envers autrui, avait d'emblée le sourire, on l'adorait. Pour la deuxième fois en quinze jours, le porte-drapeau bénévole, ancien soldat et/ou combattant, a dû venir. Le père F. racontait toujours bien volontiers son histoire, même si on le lui a demandé très très souvent. Il me l'a raconté de visu, chez lui, il y a très très longtemps, les souvenirs sont parcellaires, mais je me souviens très bien de la fin. En 1943 ou 1944, il s'est échappé d'un camp de travail ou de concentration, il n'était pas prisonnier de guerre, il avait été déporté et il prenait " très très cher ", " ça " tombait comme des mouches, je ne sais plus pour quel motif. Et il est rentré chez lui, à pieds. Il est arrivé de jour aux alentours du village : pas question d'aller directement chez lui, d'être vu par qui que ce soit. Il est resté dans les bois et une fois la nuit venue, belle Lune, on adore, mais là, il aurait préféré le contraire. Un ruisseau traverse le village de part en part (l'eau potable, une priorité absolue depuis la nuit des temps). En aval du village, il s'est glissé dans le ruisseau, l'a remonté sans jamais sortir plus que la tête en serrant un bord (même moi, j'ai fais ça x fois, y compris de nuit, donc je m'y vois carrément). Et, arrivé au niveau de sa maison natale, proche de quelques mètres, il est rentré chez lui, d'où il n'a pas bougé, dans une pièce aveugle, jusqu'à la Libération. Et jusqu'à sa mort.

On a tort de dire " pigeon voyageur ", le pigeon déteste voyager : le pigeon c'est un " type " qui veut le plus rapidement possible retourner chez lui, dans Son pigeonnier et dans Sa niche, même s'il en y a trois autres au dessus, à droite, en dessous et à gauche (ou inversement !, ça fait 8 : !?), c'est atavique.

[neopilina]

Ces deux animaux ont été capturés au même endroit (" station ", terme technique), où ces deux espèces cohabitent, avec d'autres espèces de reptiles, l'orvet, et deux lézards du genre Lacerta, en Lorraine.
- Qu'est ce qu'il y a dans ce seau ?
- Que se passe t-il dans ce seau !?

- A gauche, la couleuvre terrestre la plus répandue de France, la coronelle lisse (Coronella austriaca), c'est une adulte, silhouette caractéristique de couleuvre, longue, effilée. Plus longue que sa voisine, elle pèse 4 fois moins. La voisine. Le cliché est mauvais, mais c'est une splendide vipère aspic (Vipera aspis), également adulte, silhouette caractéristique de vipère, ramassée, massive.
- Ces deux animaux ne sont pas " très contents " d'être là, bien sûr. Mais facteur supplémentaire pour la vipère : elle a peur de sa voisine. Elle pourrait la mordre et la tuer en quelques minutes, mais elle ne le fait pas, non, elle a peur de ce voisinage. Pourquoi ? Là où ces deux espèces cohabitent, les jeunes vipères font communément partie du régime alimentaire de la coronelle. Et la vipère, même adulte, ne risquant plus rien, etc., ne se souvient que de cela : quand elle était petite, elle a du fuir, éviter, etc., les coronelles pour sauver sa vie, et ce réflexe perdure.
Et l'espèce la plus agressive, c'est bien la coronelle, la vipère est timide, placide, etc. Mais donc, la vipère a un appareil venimeux (on voit très bien les glandes à venin, bien gonflées à l'arrière et sur les cotés de la tête), ce qui la rend plus dangereuse, nuance.

P.S. à hks,

Désolé !!

[neopilina]

Couleuvre à collier, Natrix natrix, jeune de l'année, dans un de mes bassins.





Grande aigrette à la pêche, chez moi !



Héron cendré, un habitué.

[jean tardieu]

Je n'osais pas intervenir mais c'est magnifique.
Je me demande si la vipère adulte ne se nourrit pas de bébés couleuvres...

[Bergame]

Et jusqu'à la bataille de Vienne, jusqu'à la paix, les Turcs auront à se plaindre des lorrains. On parle toujours de Sobieski mais c'est Charles V, le duc de Lorraine, qui est à la manoeuvre, Sobieski est la tête d'affiche politique de la coalition. C'est Charles V qui conduira cette guerre jusqu'à la fin.

Ah oui, merci, je ne me souvenais plus de lui. C'est lui qui commande à Mohacs, par exemple.

Bon, moi, je suis davantage intéressé par l'histoire que la zoologie, mais merci pour toutes ces contributions, néo.

[neopilina]

Je me demande si la vipère adulte ne se nourrit pas de bébés couleuvres...

Non, c'est des spécialistes des micromammifères (campagnol, etc.), les juvéniles mangent des insectes et des petits lézards en attendant la taille requise pour manger des micromammifères dés leur 2° année. Les vipères n'attaquent pas les autres serpents, elles peuvent même volontiers hiberner avec des serpents d'autres espèces (les fameuses boules de serpents qu'on peut trouver en hiver, le plus souvent accidentellement, en terrassant, etc., j'en ai déjà trouvé mais c'était des lézards, regroupés pour l'hibernation donc), sauf des serpents qui s'attaquent aux serpents, comme la coronelle lisse, pour s'en tenir à la France.

[neopilina]

Salut à tous !

Petite demande d'aide pour ceux que ça peut inspirer. J'ai acquis un manuscrit anonyme de la seconde moitié du XVIII° siècle, sans titre, c'est un recueil de morceaux choisis de poésie française. Après une semaine de recherche certaines attributions me résistent, il y a là le panthéon des poètes français (et je n'en connaissais même pas la moitié, même de nom, forcément, c'est de la poésie,    ), parfois une traduction de textes latins ou grecs par des français.
Je donne ci-dessous les morceaux qui me résistent, si quelqu'un trouve, qu'il veuille bien surtout mettre en lien sa source. Pour les poètes les plus anciens, mon compilateur ou plutôt ses sources ont parfois modernisé l'orthographe. Attention, même pour Richelet, Le Roux, Trévoux, Furetière, etc., l'attribution est problématique, ils disent souvent " auteur, poète, anonyme ". Sinon, j'ai jeté un oeil du coté des forums " Poésie ", il y en a beaucoup, lequel serait le plus adapté pour ce genre de recherches ?

16 - Si pour avoir dit, madame je vous aime
Ce mot vous offense si fort
Punissez mon audace extrême
Vengez vous en, j'en suis d'accord
Vous pouvez me traiter de même
Pour me faire même dépit
Dites moi Monsieur je vous aime
C'est tout ce que je vous ai dit

23 - Ci git le seigneur Mattas
Lequel de sa propre alumelle [frénise, excès]
Se tua prenant ses ébats
Sur le corps d'une damoiselle

42 - Furent présents Tircis Climène
Tout deux résolus à la peine
Qu'endurent les pauvres amants
Tous deux résolus au tourment
Tous deux résolus aux souffrances
Des maux qui causent leur absence
Tous deux résolus aux ennuis
De passer bien souvent les nuits
A regretter l'objet qu'on aime
Et cent autres choses de même
Où se hasarde un pauvre coeur
Dont l'amour s'est rendu vainqueur
Tircis promettant sur son âme
D'entretenir toujours sa flamme
Climène jurant sur sa foi
De n'avoir d'autre sous sa loi
Tout deux d'amitié sincère
Prenant Cupidon pour notaire
Quatre soupirs pour ses adjoints
Et ces petits vers pour témoins
Ont signé d'une main hardie
De s'entretenir toute leur vie [pièce entière, titre non reproduit dans le manuscrit, " Bail d'amitié "]

51 - Robin de ses cornes se vante
Car il en vit le pauvre sot
Du bois que sa femme lui plante
Le cocu fait bouillir son pot

59 - Belle et charmante brune
Que mon sort serait doux
Si j'avais la fortune
De me divertir avec vous

61 - Ci git et repose humblement
De quoi tout le monde s'étonne
Dans un si petit monument
L'illustre Tonnerre en personne
On dit qu'entrant en paradis
Il fut reçu vaille que vaille
Mais il en sortit par mépris
N'y trouvant que de la canaille [François de Clermont-Tonnerre, évêque de Noyon, 1629-1701, imbu, désagréable, en chaire, il qualifiait ses ouailles de " canaille chrétienne ", ce qui lui a valu cette épitaphe, reçu à l'Académie, il n'évoque pas son prédécesseur dans son discours d'intronisation, c'était un roturier, l'épitaphe est peut être de Saint Simon, et je dirais qu'il en était capable, il a fait bien pire, c'est une terrible mauvaise langue]

64 - Quittez votre rigueur extrême
Un jour Philis vous changerez
Je sais bien qui vous aime
Mais non pas qui vous aimez

69 - Dire la soeur Marguerite [problème de lecture pour le " D ?  "]
Pour bien faire la chattemite [concerne la reine Margot ?, soeur de deux rois, ou l'autre Marguerite, soeur de François I° ?]

75 - On ne croit boire que chopine
Et quelques fois on en boit deux
On croit rire avec la voisine
Et l'on en devient amoureux

79 - Quiconque a soixante ans vécu
Et jeune fille épousera
S'il est galeux se grattera
Avec les ongles d'un cocu

80 - Qu'on ne murmure plus
Contre le cocuage
Puisqu'il est en partage
A des gens forts connus

110 - Ci git l'illustre de Marca
Que le plus grand des rois marqua
Pour le prélat de son église
Mais la mort qui le remarqua
Et qui se plait à la surprise
Tout aussitôt le démarqua [l'archevêque Marca mourut juste avant de prendre possession de l'archevêché de Paris, une origine populaire intraçable est très probable]

117 - L'idole à son crime amenant la terreur
De feux et de serpents épouvante son coeur
Et le triste remord même après la victoire
Et un autre ennemi logé dans sa mémoire

123 - Après tant de cruelles peines
Que vos rigueurs m'ont fait souffrir
S'il faut vous donner des étrennes
C'est un coeur qui s'en va mourir

134 - Ci-git maitre Antoine Guillin
Qui de trois femmes fut Janin [cocu]
Et si la mort ne l'eut grippé
Sans cesse Janin eut été [anonyme pour Le Roux]

135 - Le juste au sentiment du sage
Pêche sept fois et davantage [vers biblique, mais pas le quatrain !]
Mais la femme juste combien ?
Ma foi le sage n'en dit rien

137 - La femme et sa malice
Ressemble à l'écrevisse
Qui marche à reculons
Si on ôtait la tête
A ces sortes de bêtes
Le reste serait bon

138 - Toutes les femmes sont décevantes
Leurs esprits changent à tout vent
Elles ont une insolence extrême
Qui les pèseraient d'un coté
Et de l'autre la vanité
Elles seraient plus légères que la vanité même

141 - Votre beauté sans seconde
Vous fait de tous appeler
La perle unique du monde
Il vous faut donc en filer

[neopilina]

Hier, j'ai passé 4 heures pour trouver l'attribution de deux morceaux (que j'ai donc retiré de la liste ci-dessus) ...
Après une semaine de recherches, j'ai réussi à identifier les auteurs de la plupart des extraits mais certains me résiste, ils sont déjà anonymes chez Richelet, Le Roux, Trévoux, Furetière, etc. Il y en a sans doute d'origine populaire, issus de chansons à boire, etc., et probablement définitivement anonymes, mais d'autres, plus élaborés me semblent susceptibles d'avoir un auteur connu. Pour la retranscription, mon compilateur est parfois " fautif " (volontairement ?) !! Ce qui n'aide pas avec les moteurs de recherche. Je donne un exemple, pour un quatrain de Ronsard :

Ronsard : " De trois sergents [huissiers] pendez en deux / Le monde n'en sera que mieux / Et quand le tiers [ou " l'autre tiers " selon les versions imprimées] sera pendu / Le monde n'aura rien perdu ".

Le compilateur a écrit " serpents " à la place de " sergents ", et " Pierre " à la place de " le tiers ". Peut-être en voulait-il à un certain " Pierre " ?

Sur les 143 fragments 19 restent anonymes. Dans la plupart des cas les recherches renvoient, entre autres et notoirement, à Richelet : j'ai soupçonné que celui ci était une des sources principales du compilateur. Et puis pour l'un des morceaux, j'ai vu que le compilateur avait reproduit une faute d'impression dans Richelet. L'intuition était bonne. Mais même pour beaucoup de morceaux donnés comme anonymes par Richelet (et d'autres sources classiques), j'ai tout de même réussi à trouver un nom d'auteur et dans ces cas les recherches deviennent de facto beaucoup plus longues. Dans le cas des morceaux les plus anciens, les sources classiques actualisent l'orthographe, il y a des morceaux remontant au XIV°, au XV°, siècles. Si pour certains l'origine populaire est plus que probable (ex : pour le n°75, le père Etienne Soucier, un rédacteur de Trévoux, dit " couplet de chanson "), d'autres sont trop élaborés ou ont un sens trop lâche, etc., pour ne pas être extraits d'un ensemble plus conséquent, etc. Les forums de poésie sont légion ! Si quelqu'un connaît un site, un forum, particulièrement adapté, indiqué pour ce genre de recherches, merci de me le signaler.

P.S. Le n° 123 est peut être de Gillet de La Tessonnerie, le n°141 est peut être de François Maynard ou Mainard ou Menard ou Meinard (on trouve toutes les formes).

[Jans]

Pour aboyer un huguenot
On m'a mis en piteux être
L'autre jour je mordis un prêtre
Et personne ne m'en dit mot

https://books.google.nl/books?id=L1gOyLccIM8C

[neopilina]

Pour aboyer un huguenot
On m'a mis en piteux être
L'autre jour je mordis un prêtre
Et personne ne m'en dit mot

https://books.google.nl/books?id=L1gOyLccIM8C

Du père Dominique Bouhours (1628-1702) donc, titré " Sur la mort d'un chien ".

Merci, merci,    (n'abuse pas, hein !), je m'en souviendrais !!

P.S. Comme tu le cites, je le supprime de la liste ci-dessus, pour des raisons pratiques. Je n'ai pas encore compté (je vais le faire), mais pour seulement 143 extraits, je trouve le nombre, la variété, la diversité, d'auteurs cités surprenante, ça commence très sérieusement à ressembler à un florilège.

[Jans]

Si pour avoir dit, madame je vous aime
Ce mot vous offense si fort
Punissez mon audace extrême
Vengez vous en, j'en suis d'accord
Vous pouvez me traiter de même
Pour me faire même dépit
Dites moi Monsieur je vous aime
C'est tout ce que je vous ai dit

ICI

[neopilina]

Si pour avoir dit, madame je vous aime
Ce mot vous offense si fort
Punissez mon audace extrême
Vengez vous en, j'en suis d'accord
Vous pouvez me traiter de même
Pour me faire même dépit
Dites moi Monsieur je vous aime
C'est tout ce que je vous ai dit

ICI

J'avais trouvé cette source, et donc découvert que ce madrigal avait eu une réponse. Il est encore plus étonnant que les deux restent anonymes. Je fais des recherches sur les deux, rien pour l'instant. Je suis un garçon très très limité en informatique, je le redécouvre de façon aiguë avec cette recherche. Mais donc j'apprends, et reste ... philosophe !!  

[neopilina]

Des fois comme ça, y'a vraiment des jours pourris. Non seulement, je n'ai identifié aucun auteur, mais j'ai vu que j'avais fausse route pour deux numéros, je les rajoute dans la liste initiale, c'est les numéros 23 et 61.

[neopilina]

143 - L'autre jour frère Jean mourut de la gravelle
Et son âme aussitôt en enfer dévala
Un diable qui pour lors était en sentinelle
Le voyant approcher lui cria qui va là
C'est moi dit frère Jean, une âme criminelle
Halte, arrêtez vous là, que j'aille au caporal, annoncer ces nouvelles
Cependant frère Jean, voulut forcer la porte
Prêtre retirez vous, et sachez qu'en ce lieu
Nous ne voulons avoir, ni vous ni vos semblables
Car puisqu'étant là haut, vous mangeriez votre Dieu
Peut être qu'ici bas, vous mangeriez le diable

De David de Rodon ou Derodon, né vers 1600 à Die et mort en 1664 à Genève, est un théologien calviniste et philosophe français, dans " Le Tombeau de la Messe " (Genève, 1654) ", il dut fuir en Suisse pour ce brulot protestant brulé (!) par la main du bourreau. Je retire cet extrait de la liste ci-dessus.
Comme on n'est jamais assez prudent : ce sonnet se trouve à la toute fin de certaines éditions, et cette page n'est pas numérotée ! Emprunt de Derodon ? Ajout d'un tiers ? En tous cas, le texte et le sonnet sont totalement à l'unisson à propos de l'Eucharistie. On en a brulé pour beaucoup moins que ça !

[neopilina]

Bonjour à tous,

En 1882, la maison " Gay et Doucé " réédite " l'Etourdi ". Il y a eu un seul tirage constitué de 500 exemplaires numérotés sur un seul papier (Hollande). Je connais très bien cette édition, j'ai eu de nombreux exemplaires en main. Ils sont tous absolument identiques, comprennent deux gravures de Chauvet en regard des pages de titre de la première et de la seconde partie, comme on peut le voir ci-dessous.



Je viens d'acquérir un exemplaire où de façon surprenante, on le voit ci-dessous, on trouve une troisième gravure (en double, avant et après la page de titre de la première partie) reliée à cet exemplaire. A vue de nez, typiquement de la période d'édition (on pense même à la presse), avec un monogramme en signature en bas à droite. On devine la suite, est-ce que quelqu'un voit de qui est cette troisième gravure ? hks,     ?

[neopilina]

Personne pour identifier le graveur de droite ? Même moi ce trait me dit quelque chose, je l'ai déjà vu, c'est un habitué de la presse de l'époque.

[Vargas]

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[neopilina]

Merci Vargas, mais il n'est pas là. Je connais ce coup de crayon féroce, personnages " secs ", les petits personnages sont plus réussis que l'allégorie féminine (inspiratrice, les livres se multiplient, elle est consultée), etc., c'est un caricaturiste. J'ai envoyé quelques mails à de sites spécialisés.

[neopilina]

Alors personne pour m'identifier ce graveur ?  

[hks]

ben non ... et j'ai pourtant cherché...et même dans les monogrammes de l'époque

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