De la vérité à la réalité

[joseph1]

La vérité, comme la conversation, procède par approximations (“les musulmans”, “le Grand Remplacement”, la " normalité " de l' homosexualité etc.). Ceux qui veulent l’étouffer exigent d’elle, à chaque involution, l’exactitude (“Ça ne veut rien dire, “les musulmans“.....). Ce qui compte pourtant dans chaque proposition, c’est son taux de vérité. Exiger de chaque locuteur des vérités absolues à chaque phrase, c’est assurer que rien ne sera dit, que la réalité nous échappera.

[Bergame]

Je pense voir l'idée et je pense que tu pointes un très intéressant sujet, mais je ne le dirais pas comme ça. Je dirais que nous avons, dans les sociétés libérales occidentales, le culte de l'exception. Le cas particulier prime, et doit primer, sur le cas général. Lorsque A énoncera une généralité, B lui répondra par une exception : "Qu'est-ce qui te permet de dire cela ? Tu ne prends pas en compte tel cas particulier et tel autre cas particulier."
Or, le problème est double :
- Nous ne pouvons parler que par généralités.
- Mais dans le réel empirique, les cas particulier existent toujours.

Autrement dit, le langage ne couvre jamais la totalité du réel empirique. Ce qui est bien normal : Le langage est constitué de concepts, de notions abstraites qui ne peuvent reproduire l'infinie diversité de l'empirie.

Par conséquent, bien sûr, opposer l'exception à la généralité, c'est de la rhétorique. Mais cela aboutit effectivement à ce qu'on n'ose plus avancer de généralités, c'est-à-dire "constituer des stéréotypes", "faire des amalgames", "mettre tout le monde dans le même sac", etc. On en a, des expressions, pour fustiger ce que d'aucuns n'hésitent pas à présenter comme une erreur logique : "Tu tires des généralités à partir de cas particuliers !" Ben oui, comment tu fais, toi ? Comme disait Dieudonné dans l'un de ses sketchs, si l'on écoutait les zélotes du particularisme, il faudrait ne pas dire "les pygmées", mais "ce pygmée appelé Gérard, plus ce pygmée appelé Robert, plus cet autre pygmée appelé Bernard, plus..."

Je pense que c'est concomitant de l'importance de l'Individu dans la doctrine libérale. N'oublier personne, inclure chacun (ah ! l'inclusivité !), puisque tout le mode a droit de cité. Mais deux choses :
- Le langage est discriminant. Parler des "poires", c'est ne pas parler des "pommes" -ni des "abricots", ni des "citrons", etc.
- Mais le langage et le réel empirique, ce sont deux choses bien différentes.

[joseph1]

@ Bergame

Merci pour ces éclaircissements.

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