"Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
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"Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
J’entends souvent dire que nous vivons une époque où le catastrophisme est partout, que nous sommes même les victimes d’une… « pensée catastrophiste » et qu’on s’amuserait à se faire peur. Sensationnalisme, emballement médiatique, images-chocs, le moindre remous dans l’eau devient un évènement. Alors est-ce que le concept de « catastrophe » a une valeur scientifique en histoire et en sociologie ? Et comment définit-on une catastrophe ?
Je ferais une distinction entre les catastrophes prédites et les catastrophes vécues. S’il existe un mode de pensée catastrophiste alors il se manifeste surtout dans la prédiction ou la prévision. On peut trouver des choses délirantes bien sûr, comme les prédictions de fin du monde, apocalypse, calendrier Maya et autre Nostradamus, un exercice transculturel et sans fin semble-t-il. Mais on trouve de plus en plus un « catastrophisme sérieux », un catastrophisme d’anticipation à partir de phénomènes attestés comme les catastrophes écologiques : fonte des glaces, destructions des sols, extinctions d’espèces par exemple. Il y aussi des récits pseudo-scientifiques qui relatent l’avènement inévitable de nouvelles épidémies à l’échelle planétaire ou encore le risque toujours rappelé d’une collision avec un astéroïde ou d’une immense éruption volcanique plongeant la planète dans l’obscurité. Sans oublier les prédictions de catastrophes politiques comme une 3e guerre de mondiale imminente, les remplacements de populations ou l’extinction de civilisations. Sur internet on trouve quantité de classement des pires catastrophes possibles ou déjà advenues. Mais lorsqu’on y regarde de plus près, ce ne sont pas les « pires » catastrophes, ce sont les « plus sensationnelles ». Dans l’ensemble je trouve que l’imagination de l’avenir n'est pas seulement pessimiste, elle est catastrophiste, que ce soit sur les grands sujets politiques du 21e siècle (écologie et islam tout particulièrement), sur les questions de santé et d’alimentation, dans la vulgarisation scientifique, dans les rapports sociaux en général, etc. J’ai l’impression qu’on ne raisonne beaucoup par catastrophisme et qu’imaginer l’avenir c’est forcément imaginaire le pire. En même temps, quelque chose me dit que ce n’est pas propre à notre époque.
Pour les catastrophes attestées, c’est autre chose. Ce sont des évènements vécus (non pas imaginés) et ils sont très médiatisés. Tout le monde a l’impression de les avoir vécus parce tout le monde en été le témoin. On trouve surtout les catastrophes naturelles (Haïti, Thaïlande, Katrina), les catastrophes politiques (massacres, attentats), les catastrophes industrielles (BP, Fukushima, explosion d’usine) et les catastrophes de transport (naufrage, accident d’avion, déraillement de train). Les discours de destructions écologiques (sauf lorsqu’elles sont liées à des accidents industriels) ont du mal à « faire l’effet d’une catastrophe » qui se déroulerait actuellement. Ils y parviennent davantage dans la prévision. En revanche, les catastrophes économiques (état en faillite, surendettement, chômage massif - cas de la Grèce) font leur effet aussi bien dans leur aspect actuel que prospectif. Dans les médias on parle de scandales, de drame, de crise, de scènes d’horreur, d’images incroyables et exclusives, toujours à la recherche d’une intensité événementielle toujours plus spectaculaire. Alors je me demande si la vie est devenue réellement plus catastrophique, si tout devient réellement "ruiniforme" ou si c’est juste un point de vue.
La catastrophe est un concept étrange, c’est comme si la raison générait sa propre fin. Je crois que c'est ainsi que Kant voyait le concept de "fin des temps". Je retiens en tout cas que c'est un événement destructeur mais surtout que cet événement doit faire de l’homme une victime. Un séisme dans un désert, par exemple, ne sera jamais considéré comme une catastrophe. Le même séisme dans une zone habitée le sera. Il faut aussi une certaine intensité de l’événement rapportée à des échelles (temporelle, spatiale, démographique) d’où il ressort que l'événement est perçue comme « inabsorbable » par les structures humaines. La capacité d’encaissement d’un événement n’est pas forcément la même selon les époques (pas seulement techniquement mais aussi moralement). La catastrophe génère un sentiment de vulnérabilité collective qui, à son tour, génère une imagination catastrophiste mais tout ceci me semble fluctuant selon les circonstances historiques. Généralement, l’événement devient aussi un repère dans un récit collectif pour indiquer la rupture entre un avant et après. Le lieu et la date deviennent les noms de l’événement : « le 11 septembre », « Haïti », « Fukushima » par exemples sont devenus des noms d’évènements.
Je ferais une distinction entre les catastrophes prédites et les catastrophes vécues. S’il existe un mode de pensée catastrophiste alors il se manifeste surtout dans la prédiction ou la prévision. On peut trouver des choses délirantes bien sûr, comme les prédictions de fin du monde, apocalypse, calendrier Maya et autre Nostradamus, un exercice transculturel et sans fin semble-t-il. Mais on trouve de plus en plus un « catastrophisme sérieux », un catastrophisme d’anticipation à partir de phénomènes attestés comme les catastrophes écologiques : fonte des glaces, destructions des sols, extinctions d’espèces par exemple. Il y aussi des récits pseudo-scientifiques qui relatent l’avènement inévitable de nouvelles épidémies à l’échelle planétaire ou encore le risque toujours rappelé d’une collision avec un astéroïde ou d’une immense éruption volcanique plongeant la planète dans l’obscurité. Sans oublier les prédictions de catastrophes politiques comme une 3e guerre de mondiale imminente, les remplacements de populations ou l’extinction de civilisations. Sur internet on trouve quantité de classement des pires catastrophes possibles ou déjà advenues. Mais lorsqu’on y regarde de plus près, ce ne sont pas les « pires » catastrophes, ce sont les « plus sensationnelles ». Dans l’ensemble je trouve que l’imagination de l’avenir n'est pas seulement pessimiste, elle est catastrophiste, que ce soit sur les grands sujets politiques du 21e siècle (écologie et islam tout particulièrement), sur les questions de santé et d’alimentation, dans la vulgarisation scientifique, dans les rapports sociaux en général, etc. J’ai l’impression qu’on ne raisonne beaucoup par catastrophisme et qu’imaginer l’avenir c’est forcément imaginaire le pire. En même temps, quelque chose me dit que ce n’est pas propre à notre époque.
Pour les catastrophes attestées, c’est autre chose. Ce sont des évènements vécus (non pas imaginés) et ils sont très médiatisés. Tout le monde a l’impression de les avoir vécus parce tout le monde en été le témoin. On trouve surtout les catastrophes naturelles (Haïti, Thaïlande, Katrina), les catastrophes politiques (massacres, attentats), les catastrophes industrielles (BP, Fukushima, explosion d’usine) et les catastrophes de transport (naufrage, accident d’avion, déraillement de train). Les discours de destructions écologiques (sauf lorsqu’elles sont liées à des accidents industriels) ont du mal à « faire l’effet d’une catastrophe » qui se déroulerait actuellement. Ils y parviennent davantage dans la prévision. En revanche, les catastrophes économiques (état en faillite, surendettement, chômage massif - cas de la Grèce) font leur effet aussi bien dans leur aspect actuel que prospectif. Dans les médias on parle de scandales, de drame, de crise, de scènes d’horreur, d’images incroyables et exclusives, toujours à la recherche d’une intensité événementielle toujours plus spectaculaire. Alors je me demande si la vie est devenue réellement plus catastrophique, si tout devient réellement "ruiniforme" ou si c’est juste un point de vue.
La catastrophe est un concept étrange, c’est comme si la raison générait sa propre fin. Je crois que c'est ainsi que Kant voyait le concept de "fin des temps". Je retiens en tout cas que c'est un événement destructeur mais surtout que cet événement doit faire de l’homme une victime. Un séisme dans un désert, par exemple, ne sera jamais considéré comme une catastrophe. Le même séisme dans une zone habitée le sera. Il faut aussi une certaine intensité de l’événement rapportée à des échelles (temporelle, spatiale, démographique) d’où il ressort que l'événement est perçue comme « inabsorbable » par les structures humaines. La capacité d’encaissement d’un événement n’est pas forcément la même selon les époques (pas seulement techniquement mais aussi moralement). La catastrophe génère un sentiment de vulnérabilité collective qui, à son tour, génère une imagination catastrophiste mais tout ceci me semble fluctuant selon les circonstances historiques. Généralement, l’événement devient aussi un repère dans un récit collectif pour indiquer la rupture entre un avant et après. Le lieu et la date deviennent les noms de l’événement : « le 11 septembre », « Haïti », « Fukushima » par exemples sont devenus des noms d’évènements.
Dernière édition par Ataraxie le Jeu 24 Juil 2014 - 1:43, édité 1 fois
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Re: "Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
On vit une époque "fin de siècle" qui n'échappe pas à la pensée millénariste habituelle. Ca me ferait sourire si je ne disposais pas des données sur notre environnement et ses modifications toutes plus alarmistes les unes que les autres. Situation très inconfortable d'avoir toujours critiqué l'inutilité et l'improbabilité de ces discours millénaristes et de se retrouver au final à y adhérer.
La fin de la pensée dis-tu ? Oui, c'est peut-être ça. C'est le principe même de la catastrophe : il est parfois possible de prédire quand elle arrivera. Par contre, les désordres engendrés sont tels qu'il est impossible de prévoir les conséquences et donc de penser la suite.
Si tu penches trop un pendule en équilibre stable, tu peux savoir à partir de quand il va tomber, mais pas ce qui va lui arriver lors de la sa chute. Va-t-il se casser ? Où va-til tomber et rebondir ? Va-t-il interagir avec d'autres objets dans la maison ?
Tu pourrais presque changer ton titre : "le jour où la pensée s'arrêta : la terre catastrophiste".
La fin de la pensée dis-tu ? Oui, c'est peut-être ça. C'est le principe même de la catastrophe : il est parfois possible de prédire quand elle arrivera. Par contre, les désordres engendrés sont tels qu'il est impossible de prévoir les conséquences et donc de penser la suite.
Si tu penches trop un pendule en équilibre stable, tu peux savoir à partir de quand il va tomber, mais pas ce qui va lui arriver lors de la sa chute. Va-t-il se casser ? Où va-til tomber et rebondir ? Va-t-il interagir avec d'autres objets dans la maison ?
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poussbois- Digressi(f/ve)
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Re: "Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
Il y a peut-être une façon de parler catastrophiste qui est commune mais les fondements ne sont pas les mêmes entre l'apocalypse divine et les destructions écologiques.poussbois a écrit:Situation très inconfortable d'avoir toujours critiqué l'inutilité et l'improbabilité de ces discours millénaristes et de se retrouver au final à y adhérer.
C'est Kant qui le dit. Enfin... je crois. Il dit quelque chose de compliqué de toute façon. Je crois que la raison fabriquerait le concept de fin du monde parce qu'elle chercherait ainsi à dépasser les limites du temps, elle chercherait à voir le temps supprimé. Ce concept serait irresprésentable puisqu'il anéantirait les conditions de la représentation. Sacré Kant... Il a réfléchi au concept de fin du monde lorsque, à l'occasion du tremblement de terre de Lisbonne, les anti-Lumières ont utilisé cet événement comme un démenti contre le progressisme des Lumières. Kant a fait une généalogie du concept d'apocalypse ou de fin du monde pour démontrer que le catastrophisme est un penchant naturel de la raison et qu'il n'est pas lié aux événements historique. C'est dans La Fin de toutes choses qu'il faut lire en dialogue avec Qu'est ce que les Lumières ? parce que, comme je l'ai dit, le catastrophisme ambiant s'est constitué comme un obstacle idéologique contre la philosophie des Lumières. Ce catastrophisme est aussi apparu comme le mode de pensée des adversaires de la Révolution française qui ont vu dans cet événement le signe annonciateur de la fin du monde, dévastation, ravage, désastre, démolition et tout ce qu'on veut de très angoissant. Ils arguent que les promesses de la Révolution conduisent déjà et conduiront de plus en plus l'humanité à des bains de sang et des régimes de terreur. Du coup, la défense des Lumières nécessitait de neutraliser le concept de fin du monde et le catastrophisme en général.poussbois a écrit:La fin de la pensée dis-tu ? Oui, c'est peut-être ça. C'est le principe même de la catastrophe : il est parfois possible de prédire quand elle arrivera. Par contre, les désordres engendrés sont tels qu'il est impossible de prévoir les conséquences et donc de penser la suite.
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Re: "Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
Un point commun notable, cependant, que certains (Luc Ferry?) nommeront anti-humanisme : c'est l'idée que si on laisse à l'homme toute responsabilité sur ses propres actes, si on lui supprime tout commandement supérieur (qu'il provienne de Dieu ou de la nature) cet imbécile fait n'importe quoi et va jusqu'à se détruire lui-même.Ataraxie a écrit:
Il y a peut-être une façon de parler catastrophiste qui est commune mais les fondements ne sont pas les mêmes entre l'apocalypse divine et les destructions écologiques.
Sinon, à propos de l'étrangeté du concept de catastrophe, je crois que pour la comprendre il faut remarquer que ce qui est prévisible en elle c'est sa probabilité. La catastrophe est un événement (1) qui peut se produire ou pas (2) selon une probabilité qu'il est à peu près possible d'estimer rationnellement (3) et dont les effets sont radicalement destructeurs (4). Il me semble d'ailleurs que cette radicalité ne tient pas à ce que la catastrophe détruirait la pensée, mais pire encore la matière, ou plus exactement qu'elle menace l'existence elle-même. Une piste intéressante serait d'envisager la relation de causalité dans l'autre sens, à savoir si la défaite de la pensée, comme dirait l'autre, est inévitablement productrice de catastrophes. C'est aussi cela le thème apocalyptique : l'oubli de l'essentiel est puni de mort. "Si je t'oublie, Israël, ..."
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Re: "Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
Je faisais justement allusion à cette différence entre Dieu et la nature. La nature est plus fiable que Dieu pour commettre des catastrophes.euthyphron a écrit:c'est l'idée que si on laisse à l'homme toute responsabilité sur ses propres actes, si on lui supprime tout commandement supérieur (qu'il provienne de Dieu ou de la nature) cet imbécile fait n'importe quoi et va jusqu'à se détruire lui-même.
C'est sûr mais les catastrophes naturelles ne sont pas toujours dues à l'oubli d'un essentiel. La catastrophe c'est aussi la pensée qui se représente sa défaite lorsqu'elle se confronte au fait accompli.euthyphron a écrit:Une piste intéressante serait d'envisager la relation de causalité dans l'autre sens, à savoir si la défaite de la pensée, comme dirait l'autre, est inévitablement productrice de catastrophes. C'est aussi cela le thème apocalyptique : l'oubli de l'essentiel est puni de mort. "Si je t'oublie, Israël, ..."
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Re: "Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
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Dernière édition par kercoz le Sam 9 Aoû 2014 - 16:16, édité 1 fois
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Re: "Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
Bien sûr que les catastrophes naturelles se produisent sans avoir besoin que l'homme ne fasse de sottises, et profitons-en pour avoir une pensée pour les dinosaures. Mais le thème apocalyptique introduit cette idée d'une faute dont la catastrophe n'est que la manifestation cosmique exacerbée.Ataraxie a écrit:C'est sûr mais les catastrophes naturelles ne sont pas toujours dues à l'oubli d'un essentiel. La catastrophe c'est aussi la pensée qui se représente sa défaite lorsqu'elle se confronte au fait accompli.
En ce qui concerne ta seconde phrase, je crois qu'elle prend le mot "catastrophe" au sens figuré. Le sens propre me paraît un thème intéressant de réflexion, que je souhaite donc conserver dans la suite de nos échanges sur ce fil.
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Re: "Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
euthyphron a écrit:
Sinon, à propos de l'étrangeté du concept de catastrophe, je crois que pour la comprendre il faut remarquer que ce qui est prévisible en elle c'est sa probabilité. La catastrophe est un événement (1) qui peut se produire ou pas (2) selon une probabilité qu'il est à peu près possible d'estimer rationnellement (3) et dont les effets sont radicalement destructeurs (4). Il me semble d'ailleurs que cette radicalité ne tient pas à ce que la catastrophe détruirait la pensée, mais pire encore la matière, ou plus exactement qu'elle menace l'existence elle-même.
Je passe sur l'aspect punitif de la catastrophe qui est intéressant pour une discussion sur l'approche culturelle du phénomène, mais qui ne répond pas aux mécanismes fonctionnels de la catastrophe et que tu as précisé avec cette histoire de radicalité. Oui, une catastrophe est radicale. Elle est même créatrice d'un monde nouveau et s'il est effectivement parfois possible de prévoir une échéance catastrophique, il est impossible d'en prévoir les conséquences. C'est pour cela que je parlais de mort de la pensée.
Quant à la stabilité, je ne pense pas qu'une communauté pionnière soit mieux armée pour passer un épisode catastrophique qu'une communauté plus ancienne. Écologiquement, ça se tient, mais à peine.
Quelques catastrophes historiques qui ont conduit à la disparition de certaines communautés humaines :
- le déboisement de l'île de Pâques pour construire les statues bien connues et qui a conduit à la rendre stérile
- quelques années de sécheresses un peu plus intenses ont fait disparaître une communauté d'indien du désert mexicain qui avait élaboré un réseau complexe et pluricentenaire d'adduction d'eau à flanc de falaise.
- la disparition d'une ville portuaire grecque je crois par ensablement progressif du littoral lié à l'érosion des terres agricoles en développement en amont.
Où l'on voit que des évènements somme toute modestes peuvent avoir des conséquences catastrophiques que personne ne peut prévoir.
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poussbois- Digressi(f/ve)
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Re: "Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
J'essaye surtout de tenir compte de tous les événements qu'on considère comme des catastrophes, depuis la catastrophe aérienne jusqu'à celle de la fin du monde, depuis celle qu'on a provoquée jusqu'à celle pour laquelle on est hors de cause.euthyphron a écrit:En ce qui concerne ta seconde phrase, je crois qu'elle prend le mot "catastrophe" au sens figuré.
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Re: "Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
Ca me vient seulement maintenant :
Jankélévitch avait écrit quelque chose de très beau sur ces catastrophes qui laissent sans voix, qui bloquent la pensée. Ce que je dis plus haut est très certainement en relation avec ce que j'en avais retenu.
J'essaye de retrouver ça si j'ai un peu de temps... ce qui est peu probable avant semaine prochaine :)
Jankélévitch avait écrit quelque chose de très beau sur ces catastrophes qui laissent sans voix, qui bloquent la pensée. Ce que je dis plus haut est très certainement en relation avec ce que j'en avais retenu.
J'essaye de retrouver ça si j'ai un peu de temps... ce qui est peu probable avant semaine prochaine :)
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poussbois- Digressi(f/ve)
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Re: "Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
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Dernière édition par kercoz le Sam 9 Aoû 2014 - 16:17, édité 1 fois
kercoz- Digressi(f/ve)
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Re: "Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
C'est quoi le sens propre de catastrophe au fait ?euthyphron a écrit:En ce qui concerne ta seconde phrase, je crois qu'elle prend le mot "catastrophe" au sens figuré. Le sens propre me paraît un thème intéressant de réflexion, que je souhaite donc conserver dans la suite de nos échanges sur ce fil.
Ataraxie- Digressi(f/ve)
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Re: "Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
Rien de spécial dans mon esprit, rien de plus que ce que j'ai défini plus haut. Mais le sens figuré c'est quand on dit par exemple que Untel est une vraie catastrophe, ou que le lait a bouilli sur le feu. Je n'avais pas d'arrière-pensée plus élevée que cela en disant que la pensée qui se représente sa défaite ne subit une catastrophe qu'au sens figuré, pour dire que ça n'est pas si grave et que la pensée normalement doit s'en remettre, plus facilement que les corps après Hiroshima.
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euthyphron- Digressi(f/ve)
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Re: "Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
A partir de combien de mort peut-on parler de catastrophe ?
Je me suis amusé à représenter sur un grapheur l'évolution de la population mondiale depuis l'an 400 environ...(données : wikipédia) et à modéliser (rapidement, il faudrait affiner) par une fonction de type exponentielle:
à ce rythme on serait environ 21 milliard en 2100...les arbres ne touchant pas le ciel, une catastrophe malthusienne n'est elle pas prévisible ?
Je me suis amusé à représenter sur un grapheur l'évolution de la population mondiale depuis l'an 400 environ...(données : wikipédia) et à modéliser (rapidement, il faudrait affiner) par une fonction de type exponentielle:
à ce rythme on serait environ 21 milliard en 2100...les arbres ne touchant pas le ciel, une catastrophe malthusienne n'est elle pas prévisible ?
puzzl- Digressi(f/ve)
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Re: "Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
Pour la démographie mondiale. La revue " National Geographic ", a consacré pendant plusieurs mois une série d'articles sur celle-ci. Je vous résume. La population mondiale se stabilisera à 11 milliards je ne sais plus quand. Et je me souviens aussi que la dernière région du monde qui stabilisera sa démographie est l'Afrique sub-saharienne. Voilà ce que je pouvais apporter là-dessus.
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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: "Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
puzzl a écrit:
à ce rythme on serait environ 21 milliard en 2100...les arbres ne touchant pas le ciel, une catastrophe malthusienne n'est elle pas prévisible ?
Plusieurs choses sur cette courbe qu'on retrouve sur wiki et pas mal d'études :
- l' exponentielle débute au néolitique.
- sur une exponentielle , pour renverser la tendance , celà suppose un "point d' inflexion" ....et , de façon toute intuitive, il me semble qu' un point d'inflexion sur une courbe liée a une activité de l' espece humaine ou d'ailleurs a toute espèce , pourrait être une définition du terme catastrophe .
kercoz- Digressi(f/ve)
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Re: "Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
Le point d'inflexion sur la courbe démographique mondiale est tout le contraire d'une catastrophe : c'est le moment où toutes les régions de la terre seront maîtres de leur démographie. Le dernier gros morceau, c'était l'Inde, qui désormais maitrise sa natalité. Reste, comme j'ai dit, l'Afrique sub-saharienne, qui sera la dernière. Dés le moment où même les plus pauvres ont accès à la contraception on voit de facto une baisse de la natalité, très exactement comme ça c'est passé chez nous.
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neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: "Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
neopilina a écrit:Le point d'inflexion sur la courbe démographique mondiale est tout le contraire d'une catastrophe :
Non. Surtout concernant une exponentielle . La tangente qui coupe la courbe , ...dérivée seconde qu s'annule ( de mémoire , a infirmer ou confirmer)....plus imagé : un changement comportemental énorme sur un temps tres bref ...normalement c'est guerre civile ou une plaisanterie du même ordre .
Il y a des tas d' implications sur une modif de la natalité ....l' une d'entre elle, pourtant évidente, n' était pas connue . Ecoute Piketty , ça doit être au début , mais normalement on va au bout ...il a un certain charisme.:
http://www.franceculture.fr/emission-les-rencontres-de-petrarque-de-beaux-lendemains-ensemble-repensons-le-progres-lecon-inaugur
En gros , il démontre que quand tu réduis la fratrie, tu fabriques des "rentiers" qui n' ont aucune raison de se sortir les doigts du C... Une fraterie plus importante oblige les jeunes a être créatifs et autonomes .
Les implications de la natalités sont tres complexes et cachent des dégats plus importants que le simple problème des retraites .
Je ne voudrais pas écrire de conneries , mais il semble que le début de limitation qui s'amorce résulte plus de la mortalité que des naissances .
kercoz- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 01/07/2014
Re: "Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
Pourtant les exemples que j'ai énumérés dans mon premier message n'ont rien à voir avec ce "sens figuré".euthyphron a écrit:Mais le sens figuré c'est quand on dit par exemple que Untel est une vraie catastrophe, ou que le lait a bouilli sur le feu.
"Untel est une vraie catastrophe" = usage métaphorique de catastrophe
"Le lait a bouilli sur le feu, c'est une catastrophe" = usage hyperbolique de catastrophe
La "catastrophe" comme métaphore ne pose pas de problème. Comparer une personne à un événement n'induit pas en erreur et sert simplement à être plus expressif. Pour l'hyperbole c'est plus problématique car le mot "catastrophe" se prête naturellement à l'hyperbole. Mais d'un autre côté le concept de catastrophe signifie que c'est la réalité qui exagère, pas l'homme et que c'est la réalité qui est déjà hyperbolique toute seule. Donc est-ce que c'est possible ? (je mets de côté les hyperboles banales et flagrantes du type "Tu sens mauvais, c'est une catastrophe !" qui sont hors sujets et qui ne servent qu'un besoin d'expressivité)
Oui elle s'en remet mais si elle s'en remet c'est justement parce qu'elle a subit une crise. Il n'est pas interdit à la pensée d'être terrorisée et ahurie face un événement. La survenue d'une catastrophe rend absolument bête. D'ailleurs, je crois que ce serait une erreur de définir la catastrophe en dehors du grand désarroi qu'elle provoque en nous.euthyphron a écrit:la pensée qui se représente sa défaite ne subit une catastrophe qu'au sens figuré, pour dire que ça n'est pas si grave et que la pensée normalement doit s'en remettre, plus facilement que les corps après Hiroshima.
Ataraxie- Digressi(f/ve)
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Re: "Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
Je ne crois pas que ce serait une erreur. Bien entendu, la notion de catastrophe n'a de sens que relativement à un catastrophé. Mais les véritables cataclysmes matériels, indépendamment de toute révolution de pensée qu'ils provoquent ou ne provoquent pas, méritent un petit moment de concentration de la réflexion ne serait-ce que parce qu'ils nous menacent.
Pompéi est une catastrophe, la conversion de Constantin n'en est pas une, quand bien même on juge ses effets plus dévastateurs qu'une simple éruption du Vésuve.
Mais bien entendu on peut aussi réfléchir sur les événements de pensée que l'on juge négatifs. Je regretterais alors simplement que l'originalité de ce fil en ait été gommée.
Pompéi est une catastrophe, la conversion de Constantin n'en est pas une, quand bien même on juge ses effets plus dévastateurs qu'une simple éruption du Vésuve.
Mais bien entendu on peut aussi réfléchir sur les événements de pensée que l'on juge négatifs. Je regretterais alors simplement que l'originalité de ce fil en ait été gommée.
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amicus plato sed magis amica veritas
euthyphron- Digressi(f/ve)
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Re: "Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
Je n'ai pas compris de quelle catastrophe tu veux parler (à part la fin du monde).
Ataraxie- Digressi(f/ve)
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Re: "Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
Tchernobyl, Pompéi, Fukushima, Lisbonne, enfin rien de spécialement original. Ne va pas chercher midi à 14 heures.
L'idée de fin du monde est là, oui, au moins à titre de risque. Au minimum la fin d'un monde, dont on sait qu'elle est possible, selon un degré de probabilité évaluable grossièrement. La catastrophe est une sorte d'épée de Damoclès.
L'idée de fin du monde est là, oui, au moins à titre de risque. Au minimum la fin d'un monde, dont on sait qu'elle est possible, selon un degré de probabilité évaluable grossièrement. La catastrophe est une sorte d'épée de Damoclès.
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euthyphron- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 01/06/2011
Re: "Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
Une catastrophe est toujours une catastrophe " pour ", subjective.
Le tremblement de terre de Lisbonne s'est, un jour de la Toussaint alors que les églises se remplissent pour la messe, aussitôt transformé en " Secousse " métaphysique.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tremblement_de_terre_de_Lisbonne
Le tremblement de terre de Lisbonne s'est, un jour de la Toussaint alors que les églises se remplissent pour la messe, aussitôt transformé en " Secousse " métaphysique.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tremblement_de_terre_de_Lisbonne
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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: "Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
On peut compter les morts, et faire plein de statistiques du même genre, si on aime l'objectivité. Celle-ci trouve son compte dans les catastrophes.
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euthyphron- Digressi(f/ve)
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Re: "Le jour où la terre s'arrêta" : la pensée catastrophiste
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Dernière édition par kercoz le Sam 9 Aoû 2014 - 16:20, édité 1 fois
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TIMSHEL
kercoz- Digressi(f/ve)
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