Nietzsche, la volonté de puissance
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Came
Bergame
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Nietzsche, la volonté de puissance
Sauvé de Philautarchie
Der Wille zur Macht, voici un signifiant invariablement relié à Nietzsche, signifiant polysémique qui plus est. Projet mythique déjà : grande oeuvre en 4 tomes que Nietzsche annonce plusieurs fois, mais qui ne verra jamais le jour de son vivant. Reste des notes et des aphorismes que certains détourneront dans des enjeux politiques.
Concept ensuite. La Volonté de Puissance est peut-être le concept central dans l'oeuvre de Nietzsche. Concept qui n'est pourtant pas sans poser d'ambiguïté. Concept métaphysique ? Métaphore du vivant ? Les acceptions sont multiples. Le terme de "volonté de puissance" apparaît pour la première fois dans le second livre du Zarathoustra (bien qu'il mentionne une fois "la soif de puissance" dans le Gai Savoir, §13).
La volonté puissance serait le mouvement originaire qui anime l'homme, qui anime la vie. C'est un vouloir qui aspire à devenir plus, à toujours se surpasser. C'est un vouloir de puissance.
Vouloir de puissance qui semble se confondre avec une volonté de domination comme si un élan premier de domination prenaît le pas sur les formations secondaires de l'homme, du social. Car Nietzsche n'a que faire de l'anhypothétique (vestige du Platonisme) et a de nombreuses fois montré comment les notions de Bien et de Mal n'étaient en aucun cas des résultats d'un utilitarisme vulgaire, mais bien au contraire d'une hiérarchie de pouvoir, de domination et des réactions associés.
Il semble difficile d'exclure totalement cette interprétation mais en certains endroits, le terme de "volonté de puissance" se démarque largement d'une "volonté de domination" :
Nietzsche, La Volonté de Puissance, Livre I, §61, 1888
Le plaisir lui-même est puissance. Rire, chanter sont des actes puissants, dionysiaques, expressions d'une vie authentique. La puissance précèderait alors la domination, instrument comme un autre de cette volonté, au même titre que la logique, la dialectique dans la quête du vrai... Ce sont des instruments au service de ce mouvement originaire. Bref, l'équation volonté de puissance = vie semble plus juste que volonté de puissance = volonté de domination.
Nietzsche, L'Antéchrist, §6, 1888
Mais plus qu'une interprétation de la vie, la volonté de puissance est un principe qui s'insère dans le système de Nietzsche. Pour Deleuze, la volonté de puissance ne peut être séparé du concept de force sans tomber dans l'abstraction métaphysique : elle est l'élément interne de la force, ce qui veut dans la force. Mais plus, elle est l'élément différentiel de la force, c'est-à-dire ce qui permet de pouvoir rendre compte de leur confrontation, leur opposition, de la victoire de l'une sur l'autre. Si la force du maître écrase celle de l'esclave, c'est en raison d'un vouloir interne aux forces qui a permis d'établir un différentiel. On pourrait ainsi dire que sans se vouloir interne de plus de puissance, toutes les forces sont égales.
Deleuze, Nietzsche et la Philosophie, 1962 ; p.59
La vie aspire a plus de puissance, et pour se faire elle se dote d'un différentiel qui lui permet cet accroissement de puissance. D'ailleurs, si l'on observe la nature et son organisation, l'accroissement de la puissance ne se fait sans sacrifice.
Nietzsche, La Généalogie de la Morale, Second traité, §12, 1887
La volonté de puissance oeuvre par différentiel. Ce n'est qu'en rapport à d'autres forces qu'une force peut devenir plus puissante. L'écrasement et la domination est alors une conséquence de la volonté de puissance, et non pas la fin. L'écrasement est un "dommage collatéral".
On peut alors essayer de synthétiser ainsi :
1 - La volonté de puissance est un principe du vivant : c'est une aspiration à plus de puissance. C'est le principe originaire à toutes ramifications humaines, sociales....
2 - La Volonté de puissance asseoit la multiplicité du monde par sa nécessité différentielle. Ce n'est qu'en rapport à d'autres aspirations à la puissance que la puissance progresse.
La pensée de l'éternel retour vient alors compléter la volonté de puissance. L'éternel retour assure l'innocence du devenir, car la vie est comme une mer agitée, les vagues refluant sur elle-même et ce de manière infinie. C'est finalement parce que tourne et s'enroule sur soi pour revenir finalement à soi que la vie ne s'encombre pas d'une finalité, aspirant simplement à la puissance.
Der Wille zur Macht, voici un signifiant invariablement relié à Nietzsche, signifiant polysémique qui plus est. Projet mythique déjà : grande oeuvre en 4 tomes que Nietzsche annonce plusieurs fois, mais qui ne verra jamais le jour de son vivant. Reste des notes et des aphorismes que certains détourneront dans des enjeux politiques.
Concept ensuite. La Volonté de Puissance est peut-être le concept central dans l'oeuvre de Nietzsche. Concept qui n'est pourtant pas sans poser d'ambiguïté. Concept métaphysique ? Métaphore du vivant ? Les acceptions sont multiples. Le terme de "volonté de puissance" apparaît pour la première fois dans le second livre du Zarathoustra (bien qu'il mentionne une fois "la soif de puissance" dans le Gai Savoir, §13).
- Partout où j’ai trouvé du vivant, j’ai trouvé de la volonté de puissance
[...]
Et la vie elle-même m’a confié ce secret : « Vois, m’a-t-elle dit, je suis ce qui doit toujours se surmonter soi-même [...] »
Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, Livre II, De la domination de soi, 1883
La volonté puissance serait le mouvement originaire qui anime l'homme, qui anime la vie. C'est un vouloir qui aspire à devenir plus, à toujours se surpasser. C'est un vouloir de puissance.
Vouloir de puissance qui semble se confondre avec une volonté de domination comme si un élan premier de domination prenaît le pas sur les formations secondaires de l'homme, du social. Car Nietzsche n'a que faire de l'anhypothétique (vestige du Platonisme) et a de nombreuses fois montré comment les notions de Bien et de Mal n'étaient en aucun cas des résultats d'un utilitarisme vulgaire, mais bien au contraire d'une hiérarchie de pouvoir, de domination et des réactions associés.
Il semble difficile d'exclure totalement cette interprétation mais en certains endroits, le terme de "volonté de puissance" se démarque largement d'une "volonté de domination" :
- Personne n'a eu le courage de définir l'essence du plaisir [...] comme un sentiment de puissance.
Nietzsche, La Volonté de Puissance, Livre I, §61, 1888
Le plaisir lui-même est puissance. Rire, chanter sont des actes puissants, dionysiaques, expressions d'une vie authentique. La puissance précèderait alors la domination, instrument comme un autre de cette volonté, au même titre que la logique, la dialectique dans la quête du vrai... Ce sont des instruments au service de ce mouvement originaire. Bref, l'équation volonté de puissance = vie semble plus juste que volonté de puissance = volonté de domination.
- La vie même est pour moi instinct de croissance, de durée, d'accumulation de forces, de puissance : là où fait défaut la volonté de puissance, il y a déclin.
Nietzsche, L'Antéchrist, §6, 1888
Mais plus qu'une interprétation de la vie, la volonté de puissance est un principe qui s'insère dans le système de Nietzsche. Pour Deleuze, la volonté de puissance ne peut être séparé du concept de force sans tomber dans l'abstraction métaphysique : elle est l'élément interne de la force, ce qui veut dans la force. Mais plus, elle est l'élément différentiel de la force, c'est-à-dire ce qui permet de pouvoir rendre compte de leur confrontation, leur opposition, de la victoire de l'une sur l'autre. Si la force du maître écrase celle de l'esclave, c'est en raison d'un vouloir interne aux forces qui a permis d'établir un différentiel. On pourrait ainsi dire que sans se vouloir interne de plus de puissance, toutes les forces sont égales.
- La volonté de puissance est l'élément différentiel de la force, c'est-à-dire l'élément de production de la différence de quantité entre deux ou plusieurs forces supposées en rapport.
Deleuze, Nietzsche et la Philosophie, 1962 ; p.59
La vie aspire a plus de puissance, et pour se faire elle se dote d'un différentiel qui lui permet cet accroissement de puissance. D'ailleurs, si l'on observe la nature et son organisation, l'accroissement de la puissance ne se fait sans sacrifice.
- La mise hors d'usage partielle, le dépressivement, la dégénérescence, la perte du sens et de la finalité, bref la mort ressortissent aux conditions du progrès réel, lequel prend la forme d'une volonté en chemin vers une puissance supérieure et s'impose toujours aux dépens de nombreuses puissances inférieures. La grandeur d'un "progrès" se mesure même d'après le sacrifice qu'il a fallu lui consentir. Et même l'humanité sacrifiée en masse à la prospérité d'une seule espèce d'homme plus forte - voilà qui serait un progrès.
Nietzsche, La Généalogie de la Morale, Second traité, §12, 1887
La volonté de puissance oeuvre par différentiel. Ce n'est qu'en rapport à d'autres forces qu'une force peut devenir plus puissante. L'écrasement et la domination est alors une conséquence de la volonté de puissance, et non pas la fin. L'écrasement est un "dommage collatéral".
On peut alors essayer de synthétiser ainsi :
1 - La volonté de puissance est un principe du vivant : c'est une aspiration à plus de puissance. C'est le principe originaire à toutes ramifications humaines, sociales....
2 - La Volonté de puissance asseoit la multiplicité du monde par sa nécessité différentielle. Ce n'est qu'en rapport à d'autres aspirations à la puissance que la puissance progresse.
La pensée de l'éternel retour vient alors compléter la volonté de puissance. L'éternel retour assure l'innocence du devenir, car la vie est comme une mer agitée, les vagues refluant sur elle-même et ce de manière infinie. C'est finalement parce que tourne et s'enroule sur soi pour revenir finalement à soi que la vie ne s'encombre pas d'une finalité, aspirant simplement à la puissance.
Bergame- Persona
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Re: Nietzsche, la volonté de puissance
Ce que j'ai compris dans la théorie du choc, c'est que le différentiel des forces est la partie transférable, c'est-à-dire que ce même différentiel passe de la plus grande force vers la plus petite. Par exemple, en observant la réaction de deux sphère de même substance: l'une immobile et l'autre possédant une vitesse donnée, seul le différentiel est transféré; de la sphère mobile vers la sphère immobile. Alors, la sphère qui avant le choc possèdait une vitesse après le choc ne la possède plus et celle qui ne possèdait pas de vitesse après le choc en obtient une. Ce qui est identique ne se transmet pas, c'est-à-dire la substance.
Cette analogie correspond un peu à la conception deleuzienne.
Cette analogie correspond un peu à la conception deleuzienne.
Came- Digressi(f/ve)
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Localisation : Rigaud
Date d'inscription : 21/03/2008
Re: Nietzsche, la volonté de puissance
Voici un article actuellement en cours de réécriture Wikipédia, produit par mes soins, auquel des non-lecteurs de Nietzsche reprochèrent à peu près tout ce qui est reprochable sur Wikipédia (vous savez, les en-têtes de couleur qu'ils mettent parfois). Peu importe, amor fati, même si je suis déçu (bilan : j'ai subi un refoulement, où je ne sais pas par quel idéalisme encore - enthousiasime en réalité, imprudence avec les Hommes, - je m'imaginais que l'encyclopédie libre était libre d'esprit, alors qu'elle a ses sbires d'humeurs passables ; alors pourtant que l'article actuel laisse à désirer, et appelait à un recyclage avant qu'on ne le réactualise). Bref : des branques, quand bien même on peut à juste titre critiquer le mésencyclopédisme de ma littérature et de mes quelques sources. Passons, et lisez plutôt.
La volonté nietzschéenne, dans l'héritage schopenhauerien, elle correspond plus sûrement à l'arkhè universelle (impersonnelle, transpersonnelle comme personnelle) dont l'univers procède - selon l'esprit de méthode du §36 de Par-delà bien et mal. Elle n'est donc pas une volonté classique par laquelle on se décide, mais une volonté néoclassique qui agit l'univers, et qui nous agit subséquemment (acausalement et achroniquement).
Quant à la puissance nietzschéenne, dans l'héritage aristotélicien (Aristote, que ne critiqua jamais directement Nietzsche), elle correspond plus sûrement à une potentialité universelle, de mêmes traits que la volonté nietzschéenne dont l'univers procède inhéremment de ce qu'il faut alors que tout se pourvoie. D'où suit que, dans ces pourvoyances cosmologiques, advienne une thelemachia (lutte des ramifications fractales hiérarchiques et orageuses polémiques), par quoi la cosmologie perd de son évidence logique, donc intelligible : règne d'un chaos hasardeux, (cf. l'Anti-Nature, de Clément Rosset) configurant toutefois nesciemment des régularités, que l'Homme finit (anthropomorphiquement) par nommer lois naturelles ou scientifiques, dans son département universel (le "coin" d'univers qui lui advint en partage, décrit dans Vérité et mensonge ...).
Reste que, l'univers nietzschéen étant éternel, mais disposant d'un quantum défini de forces - ou volonté de puissance (selon les fragments posthumes), - cet esprit de méthode doit conclure à la certitude de l'éternel retour à l'identique des configurations, dans une Grande Année universelle - si vaste que nous n'y aurions évidemment pas accès. Et ceci, sur la base intuitive des premières études indianistes du XIXème siècle, auxquelles Nietzsche eut accès.
En somme, la volonté de puissance est telle un fleuve inexorable, dont chaque chose serait un courant, un tourbillon et un canal (héritage héraclitéen).
2 Volonté de puissance et éternel retour à l'identique
3 Volonté de puissance et surhumain
4 Volonté de puissance et morale
4.1 Morale des maîtres, morale des esclaves
5 Volonté de puissance et connaissance
6 Volonté de puissance et tragique
7 Volonté de puissance et dionysisme
8 Récapitulatif exemplifié
9 La volonté de puissance chez d'autres philosophes
9.1 Martin Heidegger
9.2 Alain
9.3 Cioran
9.4 Michel Onfray
10 Dans la fiction
11 Bibliographie
11.1 Éditions
11.2 Études
11.3 Lectures de Nietzsche
12 Références
13 Voir aussi
14 Liens externes
Ensuite, le zu devient problématique (étant évident que les items 2 et 3 sont exclues), et l'on voit bien que de est un raccourci francophone. Ainsi l'a-t-on traduit par vers parfois, puisqu'en allemand on dit ich gehe zu Hause (je vais à/en direction de la maison). Mais on ne vois pas pourquoi il faudrait que l'on mette vers là où à et chez sont proposés (par-devers le souhait de rendre l'intensif du tendre à de Wille, qui fait parfois traduire volonté vers la puissance).
Alors, le der, en tant que Macht est un féminin, est à entendre au sens 3, puisque zu est une préposition de même que an dans l'exemple donné par le Wiktionnaire. Or, le datif allemand correspond à la déclinaison pour nos compléments d'objets indirects (introduits par la préposition à : à qui, à quoi) et signale le don, de donner, de do, dat, dare en latin.
Enfin, le Macht est ici clairement distingué du pouvoir, qui n'est pas la puissance, quand bien même il en dépendrait. Alors comprenons bien que l'allemand a trois verbes distincts : machen, können et tun. Le tun et le machen correspondent à quelque chose comme nos faire, fabriquer, mais c'est machen qui a le plus de nuance de fabriquer. Le können, lui, désigne pouvoir. Bref : le Macht correspond clairement et nettement à une capacitation, une vertu au sens de propriété scientifique - or, c'est dans ce sens que Nietzsche valorise le terme de vertu, - d'où suit que Nietzsche exalte la virtu de la Renaissance trouvable chez un Machiavel par exemple, mais aussi chez les Anciens, qui correspond à la fortitudo, vertu de force et de bravoure par la fortuna. En somme, le Macht désigne une encapacitation spontanément dynamique, dans l'ordre d'une pourvoyance universelle qui doit croître pour être, c'est-à-dire devenir toujours pour rester encore (en quoi la volonté de puissance n'a rien de la volonté schopenhaueurienne, simple vouloir-vivre, ni du conatus spinozien de même, persévérance dans l'être) de sorte que la volonté de puissance veut l'éternité, selon le Chant d'ivresse de Zarathoustra.
De là, vient que traduire Wille zur Macht par volonté de puissance est une imperfection dont on s'accoutuma dans l'Histoire contemporaine francophone, prêtant à confusions. Et en résumé, tout, tous et chacun, par nature, nous serions dotés (datif) de vertus (naturelles par définition, de propriétés) qui sont voulues (notez la tournure passive) par l'impersonnalité et l'impassibilité du fatum qui nous comprend tous hiérarchiquement et polémiquement, et qui est bien volonté (parfois traduit par vouloir, au sens où le mode infinitif du verbe nous rend au plan impersonnel-impassible de l'événement pur, cognitivement).
En tant qu'expérience de pensée corroborée & fondée par les sciences & spiritualités, l'éternel retour à l'identique est tout à la fois la conséquence métadynamique de la volonté de puissance universelle et l'épreuve initiatiquement philosophique, mystérique (cf. le §30 de Par-delà bien et mal), par laquelle la volonté de puissance d'un Homme est confrontée à sa plus grande difficulté existentielle, telle que mise en scène dans la Vision et l'Enigme de Zarathoustra, mais encore le Convalescent - où Zarathoustra appert ainsi qu'un homme supérieurement supérieur, rapport aux hommes supérieurs du livre quatrième.
Bref : parvenir à supporter expérienciellement l'éternel retour à l'identique, de façon somatique, non seulement théorique, c'est la preuve nietzschéenne par laquelle on est en bonne voie d'avènement du surhumain.
De sorte que le surhumain de Nietzsche, se présente ainsi qu'une démarche vers le surhumain, espèce de "surhumanisme" posthumaniste, n'ayant rien à voir avec le transhumanisme toutefois, pour ce qu'il s'agit d'une évolution vitale (Nietzsche n'a que faire de la technique et a fortiori de la technologie, dans toute son œuvre, quand bien même traitant d'épistémologie morale, religieuse, scientifique & artistique). Aussi le posthumanisme transhumaniste ferait-il conclure à Nietzsche, à la faiblesse d'une volonté de puissance tendant à se pourvoir matériellement dans l'existence, dans une morale d'esclaves, opérant via les recherches du grand nombre - quand bien même il est un désir d'éternité là-dedans, et quand bien même quelconque surhumain, immoraliste, ne saurait se passer de prothèses technologiques, anthropologiquement, ainsi que toute humanité est pourvue artificiellement (cf. l'Origine de la tragédie).
Aussi bien, un "surhumaniste" tel que Zarathoustra procède d'une morale des maîtres, n'a aucune mauvaise conscience a vouloir la puissance, innocemment dans le devenir universel, précisément de ce que cette volonté est classiquement involontaire. Au contraire, il ne s'agit pas non plus de s'en repaître en toute bonne conscience (mentalité de dernier homme), mais d'y apposer un grand style, parce que de grande santé déculpabilisée - tout ce qui rejoint l'incompréhension de la volonté de puissance comme velléité de pouvoir, quand bien même la volonté de puissance chercher à se pourvoir, et donc à accroître ses potentialités existentielles (y compris en velléités de pouvoir, donc).
Ce fut notamment l'erreur - pour ne pas dire la démence - nazie (quand bien même la volonté de puissance a trait à la force). Réciproquement, l'erreur dandy, décadentiste, fut de n'en faire qu'une notion esthétique (quand bien même la volonté de puissance assimile l'éthique & l'esthétique, dans le grand style - erreur de Michel Onfray et sa Sculpture de soi, aussi) : on oublie la grande santé - de même, d'ailleurs, que la grande politique. Ne jamais oublier que le corps nietzschéen, est tréfondamentalement cosmodynamique par la volonté de puissance (le Soi zarathoustrien).
L'immoralisme nietzschéen, il vient & tient de la notion de volonté de puissance. En effet, comme la volonté de puissance est un principe cosmodynamique, elle n'est jamais que neutralement descriptive. Aussi, les mœurs & morales idoines, procédant fatalement de la volonté de puissance, sont proprement des volontés de puissance personnelles et groupales sur l'univers - de la volonté de puissance sur la volonté de puissance, - et volontés de puissance interprétatives - la volonté de puissance équivalent à l'interprétation, selon Wotling toujours, - qui se traduiront concrètement ès idéologies, prosélytismes, électoralismes, populismes, mais aussi ès conversations, débats, relations interpersonnelles & intergroupales, mais encore dans l'appropriation culturelle de l'univers par une personne ou un groupe donné (dont la technologie) - voir Nietzsche, la Détresse du présent, de Dorian Astor. En effet, Nietzsche est un précurseur de l'anthropologie historique & culturelle, ainsi qu'il appert dans les paragraphes §§23, 174 et 175 d'Humain, trop humain II, §§7 et 23 du Gai savoir, les chapitres Mille et un buts et des Tables anciennes et nouvelles d'Ainsi parlait Zarathoustra, et §§34, 186 et 224 de Par-delà bien et mal, notamment à travers les notions de sens historique, d'histoire des sentiments moraux, de moralité des mœurs, de valeurs et d'évaluation - autant de phénomènes interprétatifs, procédant de la volonté de puissance, notamment exemplifiés dans la Généalogie de la morale.
Généalogiquement, il s'agit de l'âme forte, sauvage, aux instincts libres (étymon indo-européen *leud, assemblée des hommes libres, où homme provient de wiros, le guerrier), suite à quoi l'aristocrate du chapitre 9 de Par-delà bien et mal ainsi que la nouvelle noblesse zarathoustrienne, ne sont certes pas de simples courtisans, et peuvent exister indépendamment de tout régime aristocratique. Le maître nietzschéen correspond tréfondamentalement à un type d'Hommes, par quoi il échappe à la dialectique hegelienne du maître et de l'esclave, dont les notions de maître et d'esclave ont une nature sociologique : si elles peuvent en avoir chez Nietzsche, elles n'en ont pas nécessairement, et son maître peut occuper la place d'esclave hegelien, tandis que le maître hegelien peut être nietzschéennement esclave. "La dynamique nietzschéenne du maître et de l'esclave", elle est ontogénétique.
Aussi bien, l'esclave nietzschéen a-t-il l'âme faible, policée, aux instincts bridés. Tout ce que Zarathoustra nomme « les gens bien, bons et justes » autoproclamés, qui craignent tréfondamentalement de s'affranchir du troupeau humain, par instinct grégaire et comportement grégaire, ou grégarisme. En quoi ils ne pouvaient pas comprendre les premières paroles publiques zarathoustriennes du Prologue, et en quoi ils tombent généralement sous le coup des premier et deuxième livres, ainsi que de quelques autres chapitres ensuite, tels que la Vertu qui rapetisse.
C'est que les esclaves nietzschéens ont une volonté de puissance faible et le pressentent, pour quoi ils se rassemblent et s'unissent - quand bien même hypocrites & cruels entre eux, - pour d'abord et avant tout soutenir leur effort existentiel, par lequel ils écraseront les maîtres sous le poids de leur nombre & moralisations idoines ; mais c'est meurtir le maître, misarchiquement (néologisme nietzschéen sous la plume de Wotling, soit : la haine de la puissance), par ressentiment, esprits de vengeance et de pesanteur. D'où suit que le psychologue-Nietzsche est éploré par sa vision de l'Histoire des hommes supérieurs, dans Par-delà bien et mal, car seuls ces hommes, potentiellement maîtres, ont ce qu'il faut pour supporter l'éternel retour et conduire au surhumain.
Or, sur le modèle des deux morales, et pour autant que l'Homme qui philosophe veut se rendre philosophiquement maître de l'univers, il est « des gens bien, bons et justes » de la connaissance, décrits par Zarathoustra dans de l'Immaculée connaissance et des Savants, par quoi Zarathoustra - auquel Nietzsche s'identifie, de son aveu express dans Ecce homo - s'allie volontiers à la sagesse populaire, notamment dans de la Rédemption.
Au reste, le désir de connaissance n'est jamais qu'un cas particulier de l'interprétation de l'univers, échelonné dans une hiérarchie où le philosophe de l'avenir (l'esprit libre) est au sommet, d'après le §44 de Par-delà bien et mal.
C'est tragique, parce qu'on n'en sort pas, et c'est épique, parce qu'on endosse joyeusement cette Grande Responsabilité, métamorphiquement enfantin pourtant, par l'esprit de légèreté défait de ressentiment encontre le monde (valeur zarathoustrienne de la danse) : amor fati, grand acquiescement à ce qui est, quand bien même l'innocence du devenir ne présuppose pas son décours de tout repos, exempt de violences et de rétorsions. C'est le privilège des maîtres, ou des forts, que de lui donner leur assentiment, eux qui maîtrisent leur force et agissent véridiquement (les faibles les piégeant ainsi, violemment et retorsement).
Les esclaves, ou les faibles, quant à eux, non contents de se tenir chaud grégairement, vont encore développer un ressentiment sans objet que le sort - partiellement projeté sur les forts, - et vont soit condamner pessimistement l'existence, soit l'exciter optimistement. Dans les deux cas, il s'agit d'un nihilisme passif, mais le premier nihilisme s'exprime de façon judéo-chrétienne par exemple, ou morale généralement, tandis que le second s'exprime de façon humanitaire, ou progressiste. En effet, Nietzsche récuse le démocratisme, le socialisme, l'anarchisme, le libertarisme, autant que le libéralisme, le capitalisme et la société bourgeoise, pour ce qu'ils sont dans ce type de dynamiques morbides, encontre toute tragédie. Ces idéologies & régimes moralisent pourtant à leur façon séculière, laïque, semblerait-il postchrétiennes, quand ils ne font que continuer le nihilisme chrétien sous d'autres formes éthiques - mais l'éthologie est la même : leur volonté de puissance est faible, et seul l'aristocratisme est fort, dans une aristocratie instinctive toutefois (où l'instinct n'est qu'un autre nom pour la volonté de puissance, de même qu'affect, pulsion, etc. selon Patrick Wotling). Or, cet instinctivisme autorise Dorian Astor à songer (dans Nietzsche, la détresse du présent), que la démocrate contemporaine peut "s'aristocratiser collectivement" en ce sens - sinon qu'il faudrait alors une congénitalité eugénique, nietzschéennement, afin de partager le même type d'humanité aristocratique ...
Bref, la tragédie des forts n'est pas le drame des faibles, et meurtrit le faible quand elle exalte le fort. Fort qui, quant à lui, est dans un nihilisme actif, par lequel il surmonte le nihilisme-même en suscitant de nouvelles valeurs, par son Soi cosmodynamique.
Bref, le dionysisme nietzschéen correspond à la religiosité impie de l'Homme à la sagesse tragique, supportant expérienciellement l'éternel retour à l'identique, de par la volonté de puissance universelle au devenir innocent, dans une évolution vers le surhumain, quelle qu'en soit les mœurs & morales idoines ou bien les connaissances, pourvu qu'on ne cherche pas à se voiler la face (ce qui serait perdre le tragique), pourvu d'un sens de la terre immoraliste.
VOLONTÉ DE PUISSANCE
La volonté de puissance est un thème nietzschéen, avant que d'être un concept, par quoi on l'envisagera mieux en songeant qu'il s'agit d'une notion - ainsi que tous les thèmes nietzschéens, d'ailleurs (Patrick Wotling). Tout ce qui pousse encore Dorian Astor, à systématiser dynamiquement le nietzschéisme (s'il en est un). A partir là, il faut comprendre que volonté de puissance ne signifie pas ce que ça désigne lexicologiquement, à savoir une sommaire - voire bête et méchante - velléité de pouvoir.La volonté nietzschéenne, dans l'héritage schopenhauerien, elle correspond plus sûrement à l'arkhè universelle (impersonnelle, transpersonnelle comme personnelle) dont l'univers procède - selon l'esprit de méthode du §36 de Par-delà bien et mal. Elle n'est donc pas une volonté classique par laquelle on se décide, mais une volonté néoclassique qui agit l'univers, et qui nous agit subséquemment (acausalement et achroniquement).
Quant à la puissance nietzschéenne, dans l'héritage aristotélicien (Aristote, que ne critiqua jamais directement Nietzsche), elle correspond plus sûrement à une potentialité universelle, de mêmes traits que la volonté nietzschéenne dont l'univers procède inhéremment de ce qu'il faut alors que tout se pourvoie. D'où suit que, dans ces pourvoyances cosmologiques, advienne une thelemachia (lutte des ramifications fractales hiérarchiques et orageuses polémiques), par quoi la cosmologie perd de son évidence logique, donc intelligible : règne d'un chaos hasardeux, (cf. l'Anti-Nature, de Clément Rosset) configurant toutefois nesciemment des régularités, que l'Homme finit (anthropomorphiquement) par nommer lois naturelles ou scientifiques, dans son département universel (le "coin" d'univers qui lui advint en partage, décrit dans Vérité et mensonge ...).
Reste que, l'univers nietzschéen étant éternel, mais disposant d'un quantum défini de forces - ou volonté de puissance (selon les fragments posthumes), - cet esprit de méthode doit conclure à la certitude de l'éternel retour à l'identique des configurations, dans une Grande Année universelle - si vaste que nous n'y aurions évidemment pas accès. Et ceci, sur la base intuitive des premières études indianistes du XIXème siècle, auxquelles Nietzsche eut accès.
En somme, la volonté de puissance est telle un fleuve inexorable, dont chaque chose serait un courant, un tourbillon et un canal (héritage héraclitéen).
- Reste enfin que, marginalement, la Volonté de puissance désigne un projet de Nietzsche, abandonné vers la fin de l'année 1888, soit peu avant sa tragique démence.
Sommaire
- 1 Die Wille zur Macht traduite
- 1.1 Sur le Wiktionnaire
- 1.2 Analyse lexicale conséquente
Die Wille zur Macht traduite
Ce n'est pas une surprise, Friedrich W. Nietzsche écrivait massivement en allemand ; ceci bien que, philologue de formation, il connût le grec ancien, le latin, le français et l'italien notamment. Aussi bien, lorsque l'on se penche sur une traduction avec Nietzsche, il faut toujours avoir en tête les §§27-28 de Par-delà bien et mal, d'autant plus que Nietzsche propose - selon ses termes - un nouveau langage qu'il exemplifiera avec Ainsi parlait Zarathoustra, et qui nous fit dire que la volonté de puissance tenait plus du thème ou de la notion (plurivoques/équivoques), que du concept (normalement biunivoque) : il n'y a pas de normalité avec Nietzsche, sinon celle, dynamique, du "fleuve inexorable" de la volonté de puissance.Sur le Wiktionnaire
On a, pour Wille zur (contraction de zu der) Macht :Wille masculin - 1. Gré, volonté.
zu \t͡suː\ (Suivi du datif) - 1. À, chez. Ich gehe zum Friseur. Je vais chez le coiffeur. - 2. Particule utilisée pour former certaines propositions subordonnées. Um besser zu sehen. Pour mieux voir. - 3. Pour, devant un verbe à l’infinitif employé seul ; cet infinitif se substantise (son genre est toujours le neutre) et prend une majuscule. - Zum Essen. Pour manger.
der - 1. Article défini introduisant un nom masculin au nominatif singulier. Der Zug kommt. Le train arrive. Das ist der Klaus. C’est Klaus (en allemand, on met souvent un article devant les prénoms). - 2. Article défini introduisant un nom féminin au génitif singulier. Am Ende der Woche à la fin de la semaine. - 3. Article défini introduisant un nom féminin au datif singulier. Im Urlaub war ich an der See. Pendant les vacances, j’étais à la mer. - 4. Article défini introduisant un nom au génitif pluriel (qu’il soit masculin, féminin ou neutre). Paß nicht auf, das ist das Haus der Kinder hier. Ne fais pas attention, c’est la maison des enfants ici.
Macht \maxt\ féminin - 1. Puissance, force. Möge die Macht mit dir sein. Que la Force soit avec toi.1
Analyse lexicale conséquente
Le terme Wille est assez bien traduit par volonté, encore que la nuance de gré induise une tendance, au sens intensif de tendre vers. Il y a là une dépersonnalisation de la volonté, qui la renvoie aussi au non-intentionnel décrit par Nietzsche, en plus de l'intentionnel (à l'inconscient ou au subconscient, ou à l'infraconscient d'une psychologie des profondeurs - selon la Pensée du sous-sol, de Patrick Wotling).Ensuite, le zu devient problématique (étant évident que les items 2 et 3 sont exclues), et l'on voit bien que de est un raccourci francophone. Ainsi l'a-t-on traduit par vers parfois, puisqu'en allemand on dit ich gehe zu Hause (je vais à/en direction de la maison). Mais on ne vois pas pourquoi il faudrait que l'on mette vers là où à et chez sont proposés (par-devers le souhait de rendre l'intensif du tendre à de Wille, qui fait parfois traduire volonté vers la puissance).
Alors, le der, en tant que Macht est un féminin, est à entendre au sens 3, puisque zu est une préposition de même que an dans l'exemple donné par le Wiktionnaire. Or, le datif allemand correspond à la déclinaison pour nos compléments d'objets indirects (introduits par la préposition à : à qui, à quoi) et signale le don, de donner, de do, dat, dare en latin.
Enfin, le Macht est ici clairement distingué du pouvoir, qui n'est pas la puissance, quand bien même il en dépendrait. Alors comprenons bien que l'allemand a trois verbes distincts : machen, können et tun. Le tun et le machen correspondent à quelque chose comme nos faire, fabriquer, mais c'est machen qui a le plus de nuance de fabriquer. Le können, lui, désigne pouvoir. Bref : le Macht correspond clairement et nettement à une capacitation, une vertu au sens de propriété scientifique - or, c'est dans ce sens que Nietzsche valorise le terme de vertu, - d'où suit que Nietzsche exalte la virtu de la Renaissance trouvable chez un Machiavel par exemple, mais aussi chez les Anciens, qui correspond à la fortitudo, vertu de force et de bravoure par la fortuna. En somme, le Macht désigne une encapacitation spontanément dynamique, dans l'ordre d'une pourvoyance universelle qui doit croître pour être, c'est-à-dire devenir toujours pour rester encore (en quoi la volonté de puissance n'a rien de la volonté schopenhaueurienne, simple vouloir-vivre, ni du conatus spinozien de même, persévérance dans l'être) de sorte que la volonté de puissance veut l'éternité, selon le Chant d'ivresse de Zarathoustra.
De là, vient que traduire Wille zur Macht par volonté de puissance est une imperfection dont on s'accoutuma dans l'Histoire contemporaine francophone, prêtant à confusions. Et en résumé, tout, tous et chacun, par nature, nous serions dotés (datif) de vertus (naturelles par définition, de propriétés) qui sont voulues (notez la tournure passive) par l'impersonnalité et l'impassibilité du fatum qui nous comprend tous hiérarchiquement et polémiquement, et qui est bien volonté (parfois traduit par vouloir, au sens où le mode infinitif du verbe nous rend au plan impersonnel-impassible de l'événement pur, cognitivement).
Volonté de puissance et éternel retour à l'identique
Tel que dit en introduction, « l'univers nietzschéen étant éternel, mais disposant d'un quantum défini de forces (ou volonté de puissance, selon les fragments posthumes), cet esprit de méthode doit conclure à la certitude de l'éternel retour à l'identique des configurations, dans une Grande Année universelle - si vaste que nous n'y aurions évidemment pas accès. Et ceci, sur la base intuitive des premières études indianistes du XIXème siècle, auxquelles Nietzsche eut accès. » Mais on ne saurait taxer le nietzschéisme ni de new age (encore que les Dithyrambes de Dionysos s'adonnent allègrement à un genre d'énergétisme), ni d'orientalisme (encore que Nietzsche apprécia le traitement oriental des femmes, et trouvait exemplaires les lois de Manou, dans Par-delà bien et mal et l'Antéchrist), ni de scientisme d'ailleurs (quand bien même il valorisa les sciences en radicalisant les Lumières, dans Humain, trop humain).En tant qu'expérience de pensée corroborée & fondée par les sciences & spiritualités, l'éternel retour à l'identique est tout à la fois la conséquence métadynamique de la volonté de puissance universelle et l'épreuve initiatiquement philosophique, mystérique (cf. le §30 de Par-delà bien et mal), par laquelle la volonté de puissance d'un Homme est confrontée à sa plus grande difficulté existentielle, telle que mise en scène dans la Vision et l'Enigme de Zarathoustra, mais encore le Convalescent - où Zarathoustra appert ainsi qu'un homme supérieurement supérieur, rapport aux hommes supérieurs du livre quatrième.
Bref : parvenir à supporter expérienciellement l'éternel retour à l'identique, de façon somatique, non seulement théorique, c'est la preuve nietzschéenne par laquelle on est en bonne voie d'avènement du surhumain.
Volonté de puissance et surhumain
Le surhumain annoncé dans le Prologue, de l'aveu même de Zarathoustra dans les Poètes auxquelles il s'associe - quand bien même prophète aussi de son aveu, dans le Cri de détresse, - correspond à une figure de style zarathoustrienne. Aussi bien, et dans l'optique para-darwinienne de Nietzsche, évolutionniste pourtant, le surhumain correspond de facto à l'évolution psychophysique millénaire science-fictionnelle de l'Homme à venir. Cela s'entend bien, de ce que Nietzsche fait référence au singe dans le Prologue, où l'Homme alors est un sur-singe, ou sur-animal, risquant toujours la réanimalisation sous-hominique en dernière humanité, décriée aussi dans ce Prologue. De sorte que quoi.De sorte que le surhumain de Nietzsche, se présente ainsi qu'une démarche vers le surhumain, espèce de "surhumanisme" posthumaniste, n'ayant rien à voir avec le transhumanisme toutefois, pour ce qu'il s'agit d'une évolution vitale (Nietzsche n'a que faire de la technique et a fortiori de la technologie, dans toute son œuvre, quand bien même traitant d'épistémologie morale, religieuse, scientifique & artistique). Aussi le posthumanisme transhumaniste ferait-il conclure à Nietzsche, à la faiblesse d'une volonté de puissance tendant à se pourvoir matériellement dans l'existence, dans une morale d'esclaves, opérant via les recherches du grand nombre - quand bien même il est un désir d'éternité là-dedans, et quand bien même quelconque surhumain, immoraliste, ne saurait se passer de prothèses technologiques, anthropologiquement, ainsi que toute humanité est pourvue artificiellement (cf. l'Origine de la tragédie).
Aussi bien, un "surhumaniste" tel que Zarathoustra procède d'une morale des maîtres, n'a aucune mauvaise conscience a vouloir la puissance, innocemment dans le devenir universel, précisément de ce que cette volonté est classiquement involontaire. Au contraire, il ne s'agit pas non plus de s'en repaître en toute bonne conscience (mentalité de dernier homme), mais d'y apposer un grand style, parce que de grande santé déculpabilisée - tout ce qui rejoint l'incompréhension de la volonté de puissance comme velléité de pouvoir, quand bien même la volonté de puissance chercher à se pourvoir, et donc à accroître ses potentialités existentielles (y compris en velléités de pouvoir, donc).
Ce fut notamment l'erreur - pour ne pas dire la démence - nazie (quand bien même la volonté de puissance a trait à la force). Réciproquement, l'erreur dandy, décadentiste, fut de n'en faire qu'une notion esthétique (quand bien même la volonté de puissance assimile l'éthique & l'esthétique, dans le grand style - erreur de Michel Onfray et sa Sculpture de soi, aussi) : on oublie la grande santé - de même, d'ailleurs, que la grande politique. Ne jamais oublier que le corps nietzschéen, est tréfondamentalement cosmodynamique par la volonté de puissance (le Soi zarathoustrien).
Volonté de puissance et morale
La morale, pour Nietzsche, elle correspond globalement à cette falsification de l'aperception/apprésentation de l'univers, anthropocentrique. A savoir que les Hommes, fatalement doués de mœurs en ce qu'ils procèdent de cultures, interprètent l'univers dans l'ordre de leurs volontés de puissance respectives, personnelles ou groupales, participant d'ailleurs de leurs dynamiques de groupes et, pris individuellement, de leur psychologie. Mais Nietzsche prétend qu'il n'y eut pas de véritable psychologue avant lui dans Par-delà bien et mal, et Patrick Wotling ajoute dans sa Pensée du sous-sol, qu'il n'y en eut pas d'autre comme lui ensuite, c'est-à-dire de psychologue immoraliste : car il faut lire le texte universel avec philologie (formation et premier métier de Nietzsche).L'immoralisme nietzschéen, il vient & tient de la notion de volonté de puissance. En effet, comme la volonté de puissance est un principe cosmodynamique, elle n'est jamais que neutralement descriptive. Aussi, les mœurs & morales idoines, procédant fatalement de la volonté de puissance, sont proprement des volontés de puissance personnelles et groupales sur l'univers - de la volonté de puissance sur la volonté de puissance, - et volontés de puissance interprétatives - la volonté de puissance équivalent à l'interprétation, selon Wotling toujours, - qui se traduiront concrètement ès idéologies, prosélytismes, électoralismes, populismes, mais aussi ès conversations, débats, relations interpersonnelles & intergroupales, mais encore dans l'appropriation culturelle de l'univers par une personne ou un groupe donné (dont la technologie) - voir Nietzsche, la Détresse du présent, de Dorian Astor. En effet, Nietzsche est un précurseur de l'anthropologie historique & culturelle, ainsi qu'il appert dans les paragraphes §§23, 174 et 175 d'Humain, trop humain II, §§7 et 23 du Gai savoir, les chapitres Mille et un buts et des Tables anciennes et nouvelles d'Ainsi parlait Zarathoustra, et §§34, 186 et 224 de Par-delà bien et mal, notamment à travers les notions de sens historique, d'histoire des sentiments moraux, de moralité des mœurs, de valeurs et d'évaluation - autant de phénomènes interprétatifs, procédant de la volonté de puissance, notamment exemplifiés dans la Généalogie de la morale.
Morale des maîtres, morale des esclaves
A partir de ses recoupements anthropologiques historiques & culturelles, Nietzsche propose notamment le §260 de Par-delà bien et mal, qui se présente comme une synthèse, où les morales universelles se distingueraient axiologiquement entre deux pôles extrêmes, pôles de la morale des maîtres et de la morale des esclaves. Mais attention : le maître nietzschéen, c'est l'Homme de grande santé, de grand style et de grande politique, "surhumaniste", genre d'enfant - sinon de lion - métamorphique, voire enfant aimé & espéré de Zarathoustra.Généalogiquement, il s'agit de l'âme forte, sauvage, aux instincts libres (étymon indo-européen *leud, assemblée des hommes libres, où homme provient de wiros, le guerrier), suite à quoi l'aristocrate du chapitre 9 de Par-delà bien et mal ainsi que la nouvelle noblesse zarathoustrienne, ne sont certes pas de simples courtisans, et peuvent exister indépendamment de tout régime aristocratique. Le maître nietzschéen correspond tréfondamentalement à un type d'Hommes, par quoi il échappe à la dialectique hegelienne du maître et de l'esclave, dont les notions de maître et d'esclave ont une nature sociologique : si elles peuvent en avoir chez Nietzsche, elles n'en ont pas nécessairement, et son maître peut occuper la place d'esclave hegelien, tandis que le maître hegelien peut être nietzschéennement esclave. "La dynamique nietzschéenne du maître et de l'esclave", elle est ontogénétique.
Aussi bien, l'esclave nietzschéen a-t-il l'âme faible, policée, aux instincts bridés. Tout ce que Zarathoustra nomme « les gens bien, bons et justes » autoproclamés, qui craignent tréfondamentalement de s'affranchir du troupeau humain, par instinct grégaire et comportement grégaire, ou grégarisme. En quoi ils ne pouvaient pas comprendre les premières paroles publiques zarathoustriennes du Prologue, et en quoi ils tombent généralement sous le coup des premier et deuxième livres, ainsi que de quelques autres chapitres ensuite, tels que la Vertu qui rapetisse.
C'est que les esclaves nietzschéens ont une volonté de puissance faible et le pressentent, pour quoi ils se rassemblent et s'unissent - quand bien même hypocrites & cruels entre eux, - pour d'abord et avant tout soutenir leur effort existentiel, par lequel ils écraseront les maîtres sous le poids de leur nombre & moralisations idoines ; mais c'est meurtir le maître, misarchiquement (néologisme nietzschéen sous la plume de Wotling, soit : la haine de la puissance), par ressentiment, esprits de vengeance et de pesanteur. D'où suit que le psychologue-Nietzsche est éploré par sa vision de l'Histoire des hommes supérieurs, dans Par-delà bien et mal, car seuls ces hommes, potentiellement maîtres, ont ce qu'il faut pour supporter l'éternel retour et conduire au surhumain.
Volonté de puissance et connaissance
Surdéterminant l'univers, la volonté de puissance surdétermine même la connaissance. Si l'Homme désire connaître, c'est tréfondamentalement pour se pourvoir dans l'existence et, à tout le moins, rendre praticable - serait-ce intellectuellement - le monde dans lequel il vit fatalement. Aussi le philosophe correspond-il à l'extrême dynamique du désir de connaissance, passion pour la connaissance analysée notamment dans la première partie de Par-delà bien et mal, des Préjugés des philosophes.Or, sur le modèle des deux morales, et pour autant que l'Homme qui philosophe veut se rendre philosophiquement maître de l'univers, il est « des gens bien, bons et justes » de la connaissance, décrits par Zarathoustra dans de l'Immaculée connaissance et des Savants, par quoi Zarathoustra - auquel Nietzsche s'identifie, de son aveu express dans Ecce homo - s'allie volontiers à la sagesse populaire, notamment dans de la Rédemption.
Au reste, le désir de connaissance n'est jamais qu'un cas particulier de l'interprétation de l'univers, échelonné dans une hiérarchie où le philosophe de l'avenir (l'esprit libre) est au sommet, d'après le §44 de Par-delà bien et mal.
Volonté de puissance et tragique
Le registre tragique, chez Nietzsche, il correspond proprement au registre de sa sagesse par la volonté de puissance, sagesse tragique par laquelle pourtant ledit "surhumanisme" laisse entendre une épopée souterraine, ainsi que dans toute tragédie antique. Il n'en reste pas moins que la volonté de puissance éprend fatalement l'univers, notre département dans l'univers, nos groupements & nos personnes dans ce département ; car, en tant qu'elle conduit à l'éternel retour à l'identique, tout a été joué, est joué et sera joué, dans l'innocence du devenir. Ce qui amène Patrick Wotling à proposer cette maxime, pour l'éthique nietzschéenne : « Mène ton existence de telle sorte que tu puisses en vouloir le rejeu éternel, identiquement. » - tout ce qui ouvre la voie au surhumain.C'est tragique, parce qu'on n'en sort pas, et c'est épique, parce qu'on endosse joyeusement cette Grande Responsabilité, métamorphiquement enfantin pourtant, par l'esprit de légèreté défait de ressentiment encontre le monde (valeur zarathoustrienne de la danse) : amor fati, grand acquiescement à ce qui est, quand bien même l'innocence du devenir ne présuppose pas son décours de tout repos, exempt de violences et de rétorsions. C'est le privilège des maîtres, ou des forts, que de lui donner leur assentiment, eux qui maîtrisent leur force et agissent véridiquement (les faibles les piégeant ainsi, violemment et retorsement).
Les esclaves, ou les faibles, quant à eux, non contents de se tenir chaud grégairement, vont encore développer un ressentiment sans objet que le sort - partiellement projeté sur les forts, - et vont soit condamner pessimistement l'existence, soit l'exciter optimistement. Dans les deux cas, il s'agit d'un nihilisme passif, mais le premier nihilisme s'exprime de façon judéo-chrétienne par exemple, ou morale généralement, tandis que le second s'exprime de façon humanitaire, ou progressiste. En effet, Nietzsche récuse le démocratisme, le socialisme, l'anarchisme, le libertarisme, autant que le libéralisme, le capitalisme et la société bourgeoise, pour ce qu'ils sont dans ce type de dynamiques morbides, encontre toute tragédie. Ces idéologies & régimes moralisent pourtant à leur façon séculière, laïque, semblerait-il postchrétiennes, quand ils ne font que continuer le nihilisme chrétien sous d'autres formes éthiques - mais l'éthologie est la même : leur volonté de puissance est faible, et seul l'aristocratisme est fort, dans une aristocratie instinctive toutefois (où l'instinct n'est qu'un autre nom pour la volonté de puissance, de même qu'affect, pulsion, etc. selon Patrick Wotling). Or, cet instinctivisme autorise Dorian Astor à songer (dans Nietzsche, la détresse du présent), que la démocrate contemporaine peut "s'aristocratiser collectivement" en ce sens - sinon qu'il faudrait alors une congénitalité eugénique, nietzschéennement, afin de partager le même type d'humanité aristocratique ...
Bref, la tragédie des forts n'est pas le drame des faibles, et meurtrit le faible quand elle exalte le fort. Fort qui, quant à lui, est dans un nihilisme actif, par lequel il surmonte le nihilisme-même en suscitant de nouvelles valeurs, par son Soi cosmodynamique.
Volonté de puissance et dionysisme
Puisque Nietzsche fait de Dionysos son maître, dans l'avant-dernier paragraphe de Par-delà bien et mal, il faut supposer que Dionysos personnifie la volonté de puissance, soit l'univers, sur le modèle dynamique de la Victoire sur soi-même zarathoustrien - indépassable en tant qu'univers, et tragiquement indépassable, dans sa « lutte des ramifications fractales hiérarchiques et orageuses polémiques » introductivement citée. Aussi bien, sur la base de l'Origine de la tragédie, on peut dire que le grand style et la grande politique, dans une grande santé dionysiaque, dessinent les formes apolliniennes qu'il faut à la personne et au groupe, pour vivre la tragédie universelle de la volonté de puissance ainsi que les Grecs anciens, « superficiels, par profondeur » (préface du Gai savoir) - et tragédie sans auteur, selon le §34 de Par-delà bien et mal, très proche du §36 introductivement cité, d'ailleurs.Bref, le dionysisme nietzschéen correspond à la religiosité impie de l'Homme à la sagesse tragique, supportant expérienciellement l'éternel retour à l'identique, de par la volonté de puissance universelle au devenir innocent, dans une évolution vers le surhumain, quelle qu'en soit les mœurs & morales idoines ou bien les connaissances, pourvu qu'on ne cherche pas à se voiler la face (ce qui serait perdre le tragique), pourvu d'un sens de la terre immoraliste.
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Re: Nietzsche, la volonté de puissance
Möge die Macht mit dir sein. Que la Force soit avec toi.1
Dann, was über die dunkle Seite der Macht ?
Courtial- Digressi(f/ve)
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Re: Nietzsche, la volonté de puissance
Lukas, ich bin dein Vater.
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...que vont charmant masques et bergamasques...
Bergame- Persona
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Re: Nietzsche, la volonté de puissance
Keine dunkle oder klare Seite, Nietzscheweise : Nietzsches über-nihilismus.
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Re: Nietzsche, la volonté de puissance
On peut faire remarquer que Nietzsche emploie une expression trompeuse. Le "zu" indique une direction, c'est une volonté orientée vers la force. Or - et je m'excuse par avance de mon aristotélisme primaire - ce qui tend vers quelque chose est ce qui en est privé. Autrement dit, si la volonté vise la force, on en conclut qu'elle est faible. Et c'est précisément ce qu'il ne faut pas comprendre (une puissance coupée de ce qu'elle peut), mais alors pourquoi maintenir cette formulation ?
Courtial- Digressi(f/ve)
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Re: Nietzsche, la volonté de puissance
C'est une remarque que je trouve extrêmement pertinente, et que je m'étais déjà faite. Or la solution en est simple : cette volonté est aveugle, impersonnelle, infraconsciente. Elle n'est pas consciente d'elle-même, elle ne se sent pas elle-même, mais elle sent qu'elle a à se déployer en évaluant les quanta de force alentour et pouvant alors se situer par rapport à eux. Elle n'a pas à se savoir, pour savoir qu'elle est sujette à caution quand elle s'expose à plus fort (où elle obéira ou résistera diversement). C'est tout le schopenhauerisme de la chose : n'anthropomorphisons pas, dans la mesure du possible : Nietzsche s'en gardait autant que possible, bien conscient de ses limites humaines, trop humaines. Mais il faut bien comprendre qu'il défend textuellement une nature magnifiquement et terrifiquement indifférente (selon les points de vue) n'ayant cure de sa cruauté ou de sa bonté perspectives. Au reste, le sentiment d'infériorité dont tu parles, il est suffisamment judicieux pour qu'un Alfred Adler pensa devoir y fonder sa psychologie individualiste à caractère nietzschéen - psychologique anthropique, fatalement humaine, donc (sans quoi elle n'aurait pas d'intérêt psychologique ... ).
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Re: Nietzsche, la volonté de puissance
Toute colère bue (réformation personnelle vérifiable dans l'historique) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Volont%C3%A9_de_puissance
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Re: Nietzsche, la volonté de puissance
la solution en est simple : cette volonté est aveugle, impersonnelle, infraconsciente. Elle n'est pas consciente d'elle-même, elle ne se sent pas elle-même, mais elle sent qu'elle a à se déployer en évaluant les quanta de force alentour et pouvant alors se situer par rapport à eux.
Vraiment ? C'est-à-dire qu'entre le premier et le dernier membre de la phrase, elle a fait sa mue, comme Zarathoustra. Au départ, elle est aveugle et schopenhauerienne, à la fin elle est perspectiviste et poseuse de valeurs.
Pour l'idée qu'elle ne se sent pas elle-même, je la récuse sans procès. Dans la Volonté de puissance, il la décrit comme "einen gewissen Affekt des Kommando", (l'accusatif est dû à la phrase, mais je ne l'ai plus en tête). un certain sentir du commandement, du dominer, par lequel elle se sent d'abord elle-même (et pas autre chose que soi).
Courtial- Digressi(f/ve)
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Re: Nietzsche, la volonté de puissance
Du a raison Courtial, il y a là quelques erreurs de ma part.
Or, comme Wikipedia est collaboratif, je t'en laisserai l'honneur rectificatoire !
Or, comme Wikipedia est collaboratif, je t'en laisserai l'honneur rectificatoire !
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Re: Nietzsche, la volonté de puissance
Malcolm S. Cooper a écrit:Or, comme Wikipedia est collaboratif, je t'en laisserai l'honneur rectificatoire !
Ça ne va pas être possible, . Wikipédia provoque chez lui, comment dire, une très vive réaction d'ordre sadico-anale !! Un jour sur la liste royale sumérienne, j'ai vu une énormité, j'ai corrigé. Je le fais de temps en temps. Critiquer c'est bien, corriger c'est mieux ! Notoirement, c'est moi qui ai totalement refondu la section " Oeuvres " de Sade de sa fiche qui n'est rien de moins que cauchemardesque, et elle le restera pour des raisons historiques, celle d'une oeuvre, d'un écrivain/penseur pourchassés, traqués, comme rarement on le fut. Je suis l'auteur ( ) de la meilleure bibliographie existant à ce jour, des bouquinistes, des commissaires-priseurs, etc., s'en servent, Michel Delon a entériné quelques découvertes dans un ouvrage récent, etc.
_________________
" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: Nietzsche, la volonté de puissance
neopilina a écrit:Malcolm S. Cooper a écrit:Or, comme Wikipedia est collaboratif, je t'en laisserai l'honneur rectificatoire !
Ça ne va pas être possible, . Wikipédia provoque chez lui, comment dire, une très vive réaction d'ordre sadico-anale !! Un jour sur la liste royale sumérienne, j'ai vu une énormité, j'ai corrigé. Je le fais de temps en temps. Critiquer c'est bien, corriger c'est mieux ! Notoirement, c'est moi qui ai totalement refondu la section " Oeuvres " de Sade de sa fiche qui n'est rien de moins que cauchemardesque, et elle le restera pour des raisons historiques, celle d'une oeuvre, d'un écrivain/penseur pourchassés, traqués, comme rarement on le fut. Je suis l'auteur ( ) de la meilleure bibliographie existant à ce jour, des bouquinistes, des commissaires-priseurs, etc., s'en servent, Michel Delon a entériné quelques découvertes dans un ouvrage récent, etc.
Il est étrange qu'évoquant mes régressions (ou l'une d'entre elles, j'en ai d'autres, ma pratique constante de la cigarette, dont nous parlons ailleurs témoigne que rien de ce qui est oral ne m'est étranger), tu donnes pour exemple ta propre pratique.
Pour ce qui est de Wiki, j'y recours tous les jours, mais il est moins facile de rectifier une approximation sur Nietzsche qu'une erreur factuelle sur Sade, et ce qu'on peut considérer comme une "vérité" dans un discours philosophique (aussi complexe que celui de Nietzsche, qui plus est) ne passe pas par les mêmes guises.
Dans le cas de la philosophie, la dialectique n'est pas un incident, un désordre, c'est l'essence même du truc.
Courtial- Digressi(f/ve)
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Re: Nietzsche, la volonté de puissance
Courtial a écrit:Pour ce qui est de Wiki, j'y recours tous les jours, mais il est moins facile de rectifier une approximation sur Nietzsche qu'une erreur factuelle sur Sade, et ce qu'on peut considérer comme une "vérité" dans un discours philosophique (aussi complexe que celui de Nietzsche, qui plus est) ne passe pas par les mêmes guises.
Dans le cas de la philosophie, la dialectique n'est pas un incident, un désordre, c'est l'essence même du truc.
C'est moi qui souligne. Tout à fait. Pour la liste royale, l'ancienne version avait inversé les noms de deux souverains, le vaincu était devenu le vainqueur et vice versa. Quant à la bibliographie de Sade, c'est un travail minutieux, de recoupements, de compilations, de vérifications ( Titres variables selon Sade, selon les éditeurs, sans titre, etc. ), etc., etc., rédhibitoire, exténuant, fastidieux, ingrat, qui m'a pris des mois, j'en suis fier, mais oui, rien qui fait fumer le neurone.
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neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: Nietzsche, la volonté de puissance
Je le vois bien.
Dans le cas de ton travail sur Sade, je le lis toujours même si je n'y connais rien, en particulier les listes. Tu le fais principalement pour des raisons éditioriales, j'entends mais quand même, la liste ce n'est pas juste une chose de hasard chez Sade.
J'ai aussi un esprit à tendance listeuse, c'est un des aspects qui m'intéressent.
Si tu as un moment, tu pourrais peut-être nous donner quelques idées sur la liste (ouvrir un fil là-dessus), partant de Sade ou autre chose si tu veux, mais j'aimerais bien connaître tes vues sur cette question.
Très important philosophiquement. Par exemple, Platon dit qu'il ne faut pas en faire, Aristote que si (en disant très court).
Dans le cas de ton travail sur Sade, je le lis toujours même si je n'y connais rien, en particulier les listes. Tu le fais principalement pour des raisons éditioriales, j'entends mais quand même, la liste ce n'est pas juste une chose de hasard chez Sade.
J'ai aussi un esprit à tendance listeuse, c'est un des aspects qui m'intéressent.
Si tu as un moment, tu pourrais peut-être nous donner quelques idées sur la liste (ouvrir un fil là-dessus), partant de Sade ou autre chose si tu veux, mais j'aimerais bien connaître tes vues sur cette question.
Très important philosophiquement. Par exemple, Platon dit qu'il ne faut pas en faire, Aristote que si (en disant très court).
Courtial- Digressi(f/ve)
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Re: Nietzsche, la volonté de puissance
Tiens c'est vrai, c'est intéressant. Autant que je me souvienne de lectures un peu anciennes, il y a pas mal d'énumérations, chez Sade.
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Bergame- Persona
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Re: Nietzsche, la volonté de puissance
Mon sentiment aussi, mais je n'ai de cet auteur qu'une connaissance de seconde main (interdit de vanner).
Courtial- Digressi(f/ve)
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Re: Nietzsche, la volonté de puissance
Échange intéressant, serait-ce parce que je trouve intéressante la probité des protagonistes ! :)
Au-delà, j'ai réfléchi à l'erreur commise & décelée : il s'agit de savoir si la volonté de puissance se sent ou non elle-même. Or de fait, Nietzsche pose qu'une activité primitive consiste bien à (pres)sentir, subsumer, flairer, deviner, évaluer les quanta de forces dans telles et telles configurations de modalités de la volonté de puissance. Mais enfin se sentir n'est pas sentir.
De plus, dans un autre sens, et pour une première approche didactique de la volonté de puissance (approche encyclopédique) il peut être bon de s'en tenir là, car le sentir évoque chez les gens une conscience de, or c'est justement ce que j'ai mal-aisément/droitement/consciemment cherché à faire ... à faire sentir/comprendre/conscientiser, au sujet de la volonté de puissance.
Voilà voilà : corrige donc qui veut-de-puissance et, au reste, le volontaire-de-puissance cherchera à aller au-delà que le fatal "amateurisme professionnel" d'une encyclopédie.
J'espère que cela paraîtra acceptable, comme "défense".
Au-delà, j'ai réfléchi à l'erreur commise & décelée : il s'agit de savoir si la volonté de puissance se sent ou non elle-même. Or de fait, Nietzsche pose qu'une activité primitive consiste bien à (pres)sentir, subsumer, flairer, deviner, évaluer les quanta de forces dans telles et telles configurations de modalités de la volonté de puissance. Mais enfin se sentir n'est pas sentir.
De plus, dans un autre sens, et pour une première approche didactique de la volonté de puissance (approche encyclopédique) il peut être bon de s'en tenir là, car le sentir évoque chez les gens une conscience de, or c'est justement ce que j'ai mal-aisément/droitement/consciemment cherché à faire ... à faire sentir/comprendre/conscientiser, au sujet de la volonté de puissance.
Voilà voilà : corrige donc qui veut-de-puissance et, au reste, le volontaire-de-puissance cherchera à aller au-delà que le fatal "amateurisme professionnel" d'une encyclopédie.
J'espère que cela paraîtra acceptable, comme "défense".
Invité- Invité
Re: Nietzsche, la volonté de puissance
Pour répondre à Courtial et Bergame.
- Peut être pensez-vous aux 120 Journées, que Sade lui-même présente comme une sorte de catalogue. Mais à l'examen, je ne pense pas que Sade sacrifie à une " pulsion listeuse ", que je ne vois pas chez lui : il ne recense pas, il décline, et se fait plaisir en le faisant. Je ne dis pas que la prison est la cause de cette production, mais tout aussi indubitablement, l'incarcération et ses conséquences chez un tel bonhomme en est une.
- La dite tentation listeuse. On peut effectivement la constater chez pas mal d'individus, de tout horizons d'ailleurs, jusqu'à des formes manifestement pathologiques. Cette compulsion à l'exhaustivité, est un façon de se rassurer, de maitriser, d'embrasser, le monde, les choses. Puisque je prétends philosopher, j'ai une certaine prétention à être systématique, " à faire système ", selon l'expression consacrée, avec prolégomènes, en commençant par le commencement " ce qu'est ce qui est immédiatement saisi/produit par un Sujet ", et tout le tralala. Mais je ne le fais pas ainsi. Je ne crois plus à l'efficience des listes, pas plus que je ne crois aux universaux, catégories, et consorts. Sauf les miens, bien sûr ! : l'Étant et ses caractéristiques les plus fondamentales, constitutives.
- Peut être pensez-vous aux 120 Journées, que Sade lui-même présente comme une sorte de catalogue. Mais à l'examen, je ne pense pas que Sade sacrifie à une " pulsion listeuse ", que je ne vois pas chez lui : il ne recense pas, il décline, et se fait plaisir en le faisant. Je ne dis pas que la prison est la cause de cette production, mais tout aussi indubitablement, l'incarcération et ses conséquences chez un tel bonhomme en est une.
- La dite tentation listeuse. On peut effectivement la constater chez pas mal d'individus, de tout horizons d'ailleurs, jusqu'à des formes manifestement pathologiques. Cette compulsion à l'exhaustivité, est un façon de se rassurer, de maitriser, d'embrasser, le monde, les choses. Puisque je prétends philosopher, j'ai une certaine prétention à être systématique, " à faire système ", selon l'expression consacrée, avec prolégomènes, en commençant par le commencement " ce qu'est ce qui est immédiatement saisi/produit par un Sujet ", et tout le tralala. Mais je ne le fais pas ainsi. Je ne crois plus à l'efficience des listes, pas plus que je ne crois aux universaux, catégories, et consorts. Sauf les miens, bien sûr ! : l'Étant et ses caractéristiques les plus fondamentales, constitutives.
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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: Nietzsche, la volonté de puissance
neopilina a écrit:Pour répondre à Courtial et Bergame.
- Peut être pensez-vous aux 120 Journées, que Sade lui-même présente comme une sorte de catalogue. Mais à l'examen, je ne pense pas que Sade sacrifie à une " pulsion listeuse ", que je ne vois pas chez lui : il ne recense pas, il décline, et se fait plaisir en le faisant. Je ne dis pas que la prison est la cause de cette production, mais tout aussi indubitablement, l'incarcération et ses conséquences chez un tel bonhomme en est une.
- La dite tentation listeuse. On peut effectivement la constater chez pas mal d'individus, de tout horizons d'ailleurs, jusqu'à des formes manifestement pathologiques. Cette compulsion à l'exhaustivité, est un façon de se rassurer, de maitriser, d'embrasser, le monde, les choses. Puisque je prétends philosopher, j'ai une certaine prétention à être systématique, " à faire système ", selon l'expression consacrée, avec prolégomènes, en commençant par le commencement " ce qu'est ce qui est immédiatement saisi/produit par un Sujet ", et tout le tralala. Mais je ne le fais pas ainsi. Je ne crois plus à l'efficience des listes, pas plus que je ne crois aux universaux, catégories, et consorts. Sauf les miens, bien sûr ! : l'Étant et ses caractéristiques les plus fondamentales, constitutives.
Va pas suffire, camarade
Les 120 journées (déjà un chiffre), c'est juste un "point de détail" dans la carrière de Sade ?
J'ai réussi à mettre la main sur le bouquin depuis quelques années, je n'ai pas essayé de le lire parce que j'ai peur : on me dit que c'est vraiment horrible, insoutenable. Ca ne m'excite pas, ça me fout les jetons.
Mais il y a des listes.
Les listes ne sont pas de la systématicité, c'est le contraire : la négation de la systématicité. Si tu regardes les systématiques les plus obsédés, ils ne listent pas. Une liste, c'est toujours ouvert, tu as peut-être oublié un terme, tu le rajoutes et ça ne remet pas en cause quoi que ce soit.
Ceci est vrai de ta liste pour les courses à Intermarché comme de n'importe quelle autre : tu as toujours oublié d'y mettre tel ou tel truc mais cela ne réfute en rien la liste, parce qu'il appartient à son essence même d'être un système ouvert et remodifiable à chaque instant. Quand tu as rajouté les yaourts, tu n'as en rien modifié le reste, ce n'est pas une "structure", c'est une pensée de déstructuration (dans le sens que je dis : y ajouter quelque chose ne change rien).
On va en rester là, mais pour le sujet, il faudra que je m'y colle, semble-t-il, on passera par Aristote, Platon, Wittgenstein (très important aussi chez lui) mais pas l'idée que la liste, c'est le système, c'est pas ça du tout, tu te goures.
La liste, c'est une impossibilité de fermer, pas du tout ce que tu dis aucune liste ne peut fermer. J'essayerais d'y revenir cet été, je trouverais bien un moment. Mais si d'autres trouvent le sujet intéressant (à partir de Borges, de Pérec, ou même Prévert, les inventaires, ou les listes qu'on voit dans les monuments des guerres de 14-18 ou autres, etc., ce sont aussi des listes, mais pas des systèmes, enfin il y a 20 manières d'y venir), je prendrais le train en route.
Dernière édition par Courtial le Mer 15 Juin 2016 - 12:13, édité 1 fois
Courtial- Digressi(f/ve)
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Re: Nietzsche, la volonté de puissance
Courtial a écrit:Va pas suffire, camarade.
Effectivement. Comme on l'a vu, je ne voyais pas ça du tout, mais alors vraiment pas du tout, comme ça : va falloir que j'y pense ! La " lumière " ne se produit pas, précises quant il te plaira.
P.S. pour Sade, bien sûr que ce n'est pas un détail, bien au contraire c'est son " hapax ", après 45 ans d'une gestation mouvementée, douloureuse, etc., on a désormais un type qui suivra sa route jusqu'au dernier de ses jours. Pour beaucoup, c'est une horreur, mais pour lui, c'est enfin une forme de stabilité, d'équilibre, de sérénité, intérieurs, intimes, il ne erre plus, ce à quoi on ajoutera tout de même Rousseau, D'Holbach, Diderot, etc. : il est des Lumières, " section matérialiste athée ", et effectivement, notoirement, littérairement ( Il faut encore surligner : beaucoup ne l'ont toujours pas compris. ), il s'est promis d'être le champion de la subversion, de l'insoutenable, de l'intolérable, ce qu'il a parfaitement réussi.
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neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: Nietzsche, la volonté de puissance
Nietzsche aussi faisait beaucoup de listes. A la réflexion, je pense que c'est plutôt un truc de philosophes anti-systématiques. Et plus Nietzsche vieillit, plus il en fait, non seulement dans ses carnets (la future "Volonté de puissance"), mais même dans ses bouquins publiés. Y en a entre autres dans le Crépuscule des Idoles, si je me souviens bien. (Comme j'ai tous ces derniers bouquins de 1888 en un seul volume, je peux confondre).
On note aussi qu'il n'y a pas d'ordre et de connexion, dans une liste. Tout ce qu'on peut faire, c'est un ordre alphabétique, c'est-à-dire qui n'a aucune signification, qui n'est pas "logique", et ceci uniquement pour la commodité pas pour faire sens. C'est pourquoi je crois que c'est aussi un truc de sceptiques, je serais curieux de savoir si Montaigne en faisait, mais c'est probable : lui aussi, c'est un homme qui veut épeler les phénomènes, un ennemi des tableaux, des chapitres : c'est un vrai bordel, un essai de Montaigne. J'essayerais de retrouver le passage où il parle de sa "librairie", mais je ne serais pas surpris d'apprendre que c'était pas rangé.
On note aussi qu'il n'y a pas d'ordre et de connexion, dans une liste. Tout ce qu'on peut faire, c'est un ordre alphabétique, c'est-à-dire qui n'a aucune signification, qui n'est pas "logique", et ceci uniquement pour la commodité pas pour faire sens. C'est pourquoi je crois que c'est aussi un truc de sceptiques, je serais curieux de savoir si Montaigne en faisait, mais c'est probable : lui aussi, c'est un homme qui veut épeler les phénomènes, un ennemi des tableaux, des chapitres : c'est un vrai bordel, un essai de Montaigne. J'essayerais de retrouver le passage où il parle de sa "librairie", mais je ne serais pas surpris d'apprendre que c'était pas rangé.
Courtial- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 03/07/2008
Re: Nietzsche, la volonté de puissance
"Qu'un tel homme [Montaigne] ait existé, la joie de vivre en a été augmentée sur terre." - Nietzsche.
Invité- Invité
Re: Nietzsche, la volonté de puissance
Courtial a écrit:Or - et je m'excuse par avance de mon aristotélisme primaire - ce qui tend vers quelque chose est ce qui en est privé. Autrement dit, si la volonté vise la force, on en conclut qu'elle est faible.
Un boxeur, un haltérophile ou un bodybuilder, même après des années d'entraînement, continue de viser la force, de vouloir être plus fort. Mais ne va pas lui dire en face qu'il est faible (à la rigueur, pour le bodybuilder, ça peut être de la "gonflette", comme on dit, mais pour le boxeur, fais gaffe si tu tiens à toi).
Le problème est qu'on n'acquiert pas la force d'un coup de sorte de n'avoir plus de force à vouloir ; un problème d'ailleurs qu'on peut poser à Aristote en général. La force n'est, si on peut dire, pas discrète mais continue, on a une certaine quantité continue de force.
De ce point de vue, la volonté de puissance pourrait se comprendre aisément ainsi : une volonté de puissance est plus ou moins puissante, et veut toujours plus de puissance.
Malcolm Cooper a écrit:Au-delà, j'ai réfléchi à l'erreur commise & décelée : il s'agit de savoir si la volonté de puissance se sent ou non elle-même. Or de fait, Nietzsche pose qu'une activité primitive consiste bien à (pres)sentir, subsumer, flairer, deviner, évaluer les quanta de forces dans telles et telles configurations de modalités de la volonté de puissance. Mais enfin se sentir n'est pas sentir.
Je crois que ce n'est pas pour rien que la question a émergé de l'autre posée plus haut (dont je traite brièvement dans ce même message). Si la volonté de puissance a d'elle-même une puissance, comme elle considère bien la puissance d'une certaine manière, la voulant, il faut bien qu'elle ait conscience d'elle-même, il me semble (conscience qui dépend de ce qu'on comprend de la volonté de puissance --> quelle relation entre "volonté" et "puissance", entre "Wille" et "Macht" ?).
Après, c'est en admettant que la volonté de puissance veut toute puissance y compris "la sienne" que le problème posé dans un premier temps resurgit : comment peut-elle vouloir sa propre puissance, qu'elle a déjà ? Puis-je vraiment vouloir ma main ? Cela dit, n'oublions pas que la puissance se déploie, que c'est bien là le principe de la volonté de puissance, déployer sa puissance, en faire usage. De même, c'est en tant qu'elle ne s'est pas "actualisée" d'une certaine manière que je pourrais vouloir ma main, ou ma science (plus pertinent peut-être). Je l'aurais complètement en en faisant usage, comme donc pour la puissance.
(on ne manquera pas de relever le caractère aritotélicien de cette partie) Est-ce à dire que la volonté de puissance est plus précisément volonté de déploiement de puissance, tendance (Wille) à la déployer, à agir - Wille zu...machen pour reprendre la racine, ou un autre verbe ?
Mais si tout est déploiement de puissance, qu'est-ce qu'elle vient faire là la volonté ? Tout n'est-il pas finalement puissance qui se déploie ?
Est-ce qu'il y a volonté et puissance, Wille et Macht, ou seulement volonté de puissance ?
- Comment donc comprendre Nietzsche l'Obscur ?...
Dernière édition par Rêveur le Lun 20 Juin 2016 - 0:24, édité 1 fois
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Rêveur- Digressi(f/ve)
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Re: Nietzsche, la volonté de puissance
rêveur a écrit: Un boxeur, un haltérophile ou un bodybuilder, même après des années d'entraînement, continue de viser la force, de vouloir être plus fort. Mais ne va pas lui dire en face qu'il est faible (à la rigueur, pour le bodybuilder, ça peut être de la "gonflette", comme on dit, mais pour le boxeur, fais gaffe si tu tiens à toi).
Je ne parle pas à ce genre de petites gonzesses, ça finit toujours mal. Je me souviens d'une fois où Schwarzenegger s'était permis de me contredire, j'ai dû donner la punition, en l'occurrence une fessée cul nul devant tout le monde. Je m'en suis voulu de mon intolérance, puisque ça l'a motivé à mettre fin à sa carrière de gros dur pour se consacrer à la politique.
Pour le reste, Nietzsche ne manque jamais de mentionner que la volonté de puissance est une volonté de plus de puissance, ce que tu dis est donc tout à fait exact et c'est même la base.
J'ai expliqué moi-même qu'on s'interdit d'y comprendre quoi que ce soit en raisonnant sur le mode binaire (ou dialectique), faut penser en quantité et en intensité.
Courtial- Digressi(f/ve)
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