Heidegger, le Dasein 2 : Les structures de l'Etre-au-Monde
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Heidegger, le Dasein 2 : Les structures de l'Etre-au-Monde
Par Olaf : Heidegger, le Dasein 2, les structures de l'Etre-au-Monde
Dans cette partie, nous allons approfondir les structures de l'être-au-monde, c'est-à-dire, les composants propre de l'ouverture de l'être. Je vais ainsi distinguer l'être-avec, et l'être-jeté.
A - L'être-avec (Mitsein)
Tout d'abord, remémorons nous que ma capacité de comprendre, ma capacitié de connaître, signe l'ouverture du Dasein. Le Dasein est un être-là, un Moi-ici, qui implique alors un ça-là-bas. Outre la spatialité intrinsèque du Dasein, il faut bien comprendre que celui-ci se trouve, se découvre seulement dans un monde, et non pas comme une pure spiritualité.
Dans le précédent message (Dasein 1), nous avions montrer une rencontre intramondaine avec un étant présentant sa tournure et sa contrée. Il convient maintenant de présenter autrui...
1 - L'autre
... Et comme chez Husserl, Sartre ou Merleau-Ponty, pour-moi, l'essence de l'autre, c'est qu'il est autre. Husserl l'explique très bien : de l'autre, j'ai une apprésentation, c'est-à-dire que je pose une image, un présupposé sur l'autre, et je le synthètise avec son corps. Mais pourtant, l'autre continue à m'échapper. Pour Sartre, l'autre est une lézarde dans mon pour-moi.
Pour Heidegger, l'autre se présente dans son étrangeté. Mais Heidegger contrairement aux précédents auteurs, ne se situe pas sur la façon d'appréhender l'autre, mais sur la capacité même à m'ouvrir à l'autre. Car même si je suis fermé à l'altérité, je reste en rapport à l'altérité. Je suis un être-avec. L'autre ne s'offre pas comme un étant, comme un cendrier, mais j'ai la profonde conviction qu'il s'offre comme un Dasein propre.
Alors le Dasein est originairement jeté dans le monde, dans un souci. Mais le Dasein rencontre d'autre Dasein, différents des étants. Être surpris en train d'espionner quelqu'un me plonge dans la honte, sentiment qui n'arrive jamais avec une table. Le Dasein jeté dans le monde se perd alors dans l'autre, s'aliène à l'autre. C'est par l'autre que le Dasein deviendra inauthentique.
2 - Le On
Mon être-avec, originaire au Dasein, va se jeter dans le On. Le On, c'est l'emprise de l'autre, c'est ma façon de me soumettre à la majorité, à l'opinion générale. Le On est une dictature qui module mon avis, qui me fait penser. Il est fondamental de comprendre le On, car celui-ci opère sur ma faculté de comprendre le monde, car en effet, toute compréhension est obscurcie par une connaissance générale, par des préjugés... Ce sont des Anti-cipation.
Dans le On, le Dasein devient quotidien, médiocre... Au lieu de parler, de chercher, il bavarde. Mais même dans la recherche, dans le plongeons vers l'être, le On vient s'immiscer. Bref, le Dasein jeté s'aliène, se perd, devient inauthentique dans le On.
B - L'être-jeté
Si je suis ontologiquement ouvert à l'autre et soumis au On, il nous faut analyser cette ouverture même du Dasein. Pour plus de facilité, nous ne cesserons avec Merleau-Ponty, de distinguer la face tacite et riche, de la face réflexive et rigidifiée.
1 - L'affection
En effet, le Dasein n'est pas une pure intériorité, fermée, et se balandant dans le monde. Non, l'être-au-monde du Dasein est directement affecté, et ce n'est pas donc pas le Dasein, mais cet entre-deux qui est touché. L'affection est une ouverture vers le monde, une ouverture polyphonique qui intone l'être. Face à un tigre prêt à me manger par exemple, mon être-au-monde à peur, il est assailli, intoné, et n'a pas besoin d'une réflexivité pour comprendre ce qui lui arrive. Ce n'est que secondairement qu'il se dit, « Là j'ai eu peur ».
Primitivement, l'affection est le signe de l'ouverture au monde, de la capacité du Dasein à être affecté.
2 - Le comprendre
Et le comprendre est totalement cooriginaire de l'affection, puisque le comprendre découle de la capacité d'être affecté. C'est bien parce que je suis capable d'être ouvert au monde, d'être affecté, que je peux avoir une compréhension.
Mon être-jeté est biface : c'est un affecté / comprendre. Mais là encore, si je peux comprendre l'être, plonger vers lui, tout est obscurci par l'anti-cipation, par le discours du On. D'ailleurs, puis-je réellement m'en défaire ? Non, car jamais un étant ne se présente vide de sens. Il se présente dans une pré-signification, une donne première, et c'est la condition même de mon comprendre...
Ce comprendre est guidé par une certaine curiosité. En effet, jamais le Dasein ne s'arrête, rarement il est contemplatif... Il s'agit presque je trouve d'un divertissement pascalien.
3 - Le Parler
Nous n'avons cessé de tourner autour. Le Parler est une possibilité de montrer l'être dans un logos, et de le faire jaillir. Mon parler se charge de l'affection primaire, ma voix se module, chuchotte, même le silence parle et révèle l'être.
Le parler est un ex-primer qui révèle l'être, qui révèle l'affection de l'être-au-monde. Mais le plus souvent, le parler se nivelle, se normalise, dans la quotidienneté du Dasein, dans le bavardage. Alors le parler n'est plus un ex-primer, et il n'est alors plus que nivellement du On dans l'un-avec-l'autre.
4 - L'angoisse et le Souci
Le Dasein à la bougeotte, il est toujours dans la fuite. Face à quoi le Dasein fuit-il ? Face à l'angoisse, l'angoisse du Dasein qui, au contraire de la peur, est sans objet. La peur c'est devant un étant; l'angoisse, c'est devant rien, devant le néant, qui révèle le monde et le Dasein à lui-même. L'angoisse fait de moi un être isolé, hors-de-chez-soi...
Alors, le Dasein fuit, bavarde. La condition de cette fuite, c'est le souci du monde, c'est-à-dire, la capacité à me soucier du monde. Le Souci est ainsi la condition de l'être-au-monde.
Ainsi, l'angoisse met le Dasein en mouvement grâce au souci. Le souci fait de moi un être jeté dans le monde, qui est affecté par lui, et qui peut le comprendre, en parler. C'est bien par ma capacité à me préoccuper du monde, à m'en soucier, que je peux être affecté par lui, que mon être s'ouvre au monde, à l'autre et à l'étant.
Dans cette partie, nous allons approfondir les structures de l'être-au-monde, c'est-à-dire, les composants propre de l'ouverture de l'être. Je vais ainsi distinguer l'être-avec, et l'être-jeté.
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A - L'être-avec (Mitsein)
Tout d'abord, remémorons nous que ma capacité de comprendre, ma capacitié de connaître, signe l'ouverture du Dasein. Le Dasein est un être-là, un Moi-ici, qui implique alors un ça-là-bas. Outre la spatialité intrinsèque du Dasein, il faut bien comprendre que celui-ci se trouve, se découvre seulement dans un monde, et non pas comme une pure spiritualité.
Dans le précédent message (Dasein 1), nous avions montrer une rencontre intramondaine avec un étant présentant sa tournure et sa contrée. Il convient maintenant de présenter autrui...
1 - L'autre
... Et comme chez Husserl, Sartre ou Merleau-Ponty, pour-moi, l'essence de l'autre, c'est qu'il est autre. Husserl l'explique très bien : de l'autre, j'ai une apprésentation, c'est-à-dire que je pose une image, un présupposé sur l'autre, et je le synthètise avec son corps. Mais pourtant, l'autre continue à m'échapper. Pour Sartre, l'autre est une lézarde dans mon pour-moi.
Pour Heidegger, l'autre se présente dans son étrangeté. Mais Heidegger contrairement aux précédents auteurs, ne se situe pas sur la façon d'appréhender l'autre, mais sur la capacité même à m'ouvrir à l'autre. Car même si je suis fermé à l'altérité, je reste en rapport à l'altérité. Je suis un être-avec. L'autre ne s'offre pas comme un étant, comme un cendrier, mais j'ai la profonde conviction qu'il s'offre comme un Dasein propre.
Alors le Dasein est originairement jeté dans le monde, dans un souci. Mais le Dasein rencontre d'autre Dasein, différents des étants. Être surpris en train d'espionner quelqu'un me plonge dans la honte, sentiment qui n'arrive jamais avec une table. Le Dasein jeté dans le monde se perd alors dans l'autre, s'aliène à l'autre. C'est par l'autre que le Dasein deviendra inauthentique.
2 - Le On
Mon être-avec, originaire au Dasein, va se jeter dans le On. Le On, c'est l'emprise de l'autre, c'est ma façon de me soumettre à la majorité, à l'opinion générale. Le On est une dictature qui module mon avis, qui me fait penser. Il est fondamental de comprendre le On, car celui-ci opère sur ma faculté de comprendre le monde, car en effet, toute compréhension est obscurcie par une connaissance générale, par des préjugés... Ce sont des Anti-cipation.
Dans le On, le Dasein devient quotidien, médiocre... Au lieu de parler, de chercher, il bavarde. Mais même dans la recherche, dans le plongeons vers l'être, le On vient s'immiscer. Bref, le Dasein jeté s'aliène, se perd, devient inauthentique dans le On.
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B - L'être-jeté
Si je suis ontologiquement ouvert à l'autre et soumis au On, il nous faut analyser cette ouverture même du Dasein. Pour plus de facilité, nous ne cesserons avec Merleau-Ponty, de distinguer la face tacite et riche, de la face réflexive et rigidifiée.
1 - L'affection
En effet, le Dasein n'est pas une pure intériorité, fermée, et se balandant dans le monde. Non, l'être-au-monde du Dasein est directement affecté, et ce n'est pas donc pas le Dasein, mais cet entre-deux qui est touché. L'affection est une ouverture vers le monde, une ouverture polyphonique qui intone l'être. Face à un tigre prêt à me manger par exemple, mon être-au-monde à peur, il est assailli, intoné, et n'a pas besoin d'une réflexivité pour comprendre ce qui lui arrive. Ce n'est que secondairement qu'il se dit, « Là j'ai eu peur ».
Primitivement, l'affection est le signe de l'ouverture au monde, de la capacité du Dasein à être affecté.
2 - Le comprendre
Et le comprendre est totalement cooriginaire de l'affection, puisque le comprendre découle de la capacité d'être affecté. C'est bien parce que je suis capable d'être ouvert au monde, d'être affecté, que je peux avoir une compréhension.
Mon être-jeté est biface : c'est un affecté / comprendre. Mais là encore, si je peux comprendre l'être, plonger vers lui, tout est obscurci par l'anti-cipation, par le discours du On. D'ailleurs, puis-je réellement m'en défaire ? Non, car jamais un étant ne se présente vide de sens. Il se présente dans une pré-signification, une donne première, et c'est la condition même de mon comprendre...
Ce comprendre est guidé par une certaine curiosité. En effet, jamais le Dasein ne s'arrête, rarement il est contemplatif... Il s'agit presque je trouve d'un divertissement pascalien.
3 - Le Parler
Nous n'avons cessé de tourner autour. Le Parler est une possibilité de montrer l'être dans un logos, et de le faire jaillir. Mon parler se charge de l'affection primaire, ma voix se module, chuchotte, même le silence parle et révèle l'être.
Le parler est un ex-primer qui révèle l'être, qui révèle l'affection de l'être-au-monde. Mais le plus souvent, le parler se nivelle, se normalise, dans la quotidienneté du Dasein, dans le bavardage. Alors le parler n'est plus un ex-primer, et il n'est alors plus que nivellement du On dans l'un-avec-l'autre.
4 - L'angoisse et le Souci
Le Dasein à la bougeotte, il est toujours dans la fuite. Face à quoi le Dasein fuit-il ? Face à l'angoisse, l'angoisse du Dasein qui, au contraire de la peur, est sans objet. La peur c'est devant un étant; l'angoisse, c'est devant rien, devant le néant, qui révèle le monde et le Dasein à lui-même. L'angoisse fait de moi un être isolé, hors-de-chez-soi...
Alors, le Dasein fuit, bavarde. La condition de cette fuite, c'est le souci du monde, c'est-à-dire, la capacité à me soucier du monde. Le Souci est ainsi la condition de l'être-au-monde.
Ainsi, l'angoisse met le Dasein en mouvement grâce au souci. Le souci fait de moi un être jeté dans le monde, qui est affecté par lui, et qui peut le comprendre, en parler. C'est bien par ma capacité à me préoccuper du monde, à m'en soucier, que je peux être affecté par lui, que mon être s'ouvre au monde, à l'autre et à l'étant.
Bergame- Persona
- Nombre de messages : 5358
Date d'inscription : 03/09/2007
Re: Heidegger, le Dasein 2 : Les structures de l'Etre-au-Monde
"Le Dasein est un être-là, un Moi-ici, qui implique alors un ça-là-bas."
Prenons garde , dans cette formulation, nous dérapons totalement pour ne plus la retrouver la trace du dasein . Si être-au-monde est une structure INDISSOCIABLE alors il ne peut y avoir d'ici ,ni de là-bas , ni d'ailleurs .C'est confondre les niveaux d'analyse .La spatialité du dasein n'est pas à entendre dans un sens horizontal mais dans son sens existential de proche et de lointain .IL peut y avoir de l'ici qui soit extrêmement lointain et du là-bas qui soit extrêmement proche . Tout devient plus clair si l'on tient ferme sur l'idée que nous sommes en présence de "rapports d'être" et non de relations d'étants, rapports qui se nouent dans l'ouvert du dasein et non dans dans une thématique spatiale traditionnelle . L'exemple le plus simple de ces rapports d'être c'est l'amour , l'amour n'a que faire des distances , l'amour rapproche les êtres par delà les distances et parfois au de là de la mort ;, il en est ainsi aussi de la haine .L'indifférence , elle creuse les distances .L'entente en général ( amour ou haine, familiarité ) rend proche , il en est ainsi de l'entente au métier pour l'artisan, de l'entente d'une ville pour celui qui la parcours journellement etc ...Avec l'entente du métier qui présuppose un agir et un comprendre , une proximité manuelle naturelle naissent les contrées de distribution des êtres, qui elles mêmes sont à l'origine de la spatialisation du monde et de la distribution des divers étants dans le monde .
Avec la notion d'être-jeté nous entrons dans la dynamique propre du dasein .mais il nous faut nous garder de l'idée d'un dasein qui aurait pu ne pas être et qui pourtant, un jour, est au monde comme à l'image d'un événement historique . Nulle référence historique dans cette formulation d'être jeté mais uniquement l'idée d'irrévocabilité .Dire le dasein est-au-monde , c'est dire ,que du moment qu'il y a dasein, il y a toujours entente et commerce avec son monde (toujours dans tous les sens du sujet vers les étants et du monde vers le sujet) irrévocablement .C'est parce que l'idée d'irrévocabilité prévaut sur l'idée événementielle , que la notion, trés importante par ailleurs, d'être jeté n'a pas à intervenir dans la structure du dasein, mais seulement dans sa dynamique
Prenons garde , dans cette formulation, nous dérapons totalement pour ne plus la retrouver la trace du dasein . Si être-au-monde est une structure INDISSOCIABLE alors il ne peut y avoir d'ici ,ni de là-bas , ni d'ailleurs .C'est confondre les niveaux d'analyse .La spatialité du dasein n'est pas à entendre dans un sens horizontal mais dans son sens existential de proche et de lointain .IL peut y avoir de l'ici qui soit extrêmement lointain et du là-bas qui soit extrêmement proche . Tout devient plus clair si l'on tient ferme sur l'idée que nous sommes en présence de "rapports d'être" et non de relations d'étants, rapports qui se nouent dans l'ouvert du dasein et non dans dans une thématique spatiale traditionnelle . L'exemple le plus simple de ces rapports d'être c'est l'amour , l'amour n'a que faire des distances , l'amour rapproche les êtres par delà les distances et parfois au de là de la mort ;, il en est ainsi aussi de la haine .L'indifférence , elle creuse les distances .L'entente en général ( amour ou haine, familiarité ) rend proche , il en est ainsi de l'entente au métier pour l'artisan, de l'entente d'une ville pour celui qui la parcours journellement etc ...Avec l'entente du métier qui présuppose un agir et un comprendre , une proximité manuelle naturelle naissent les contrées de distribution des êtres, qui elles mêmes sont à l'origine de la spatialisation du monde et de la distribution des divers étants dans le monde .
Avec la notion d'être-jeté nous entrons dans la dynamique propre du dasein .mais il nous faut nous garder de l'idée d'un dasein qui aurait pu ne pas être et qui pourtant, un jour, est au monde comme à l'image d'un événement historique . Nulle référence historique dans cette formulation d'être jeté mais uniquement l'idée d'irrévocabilité .Dire le dasein est-au-monde , c'est dire ,que du moment qu'il y a dasein, il y a toujours entente et commerce avec son monde (toujours dans tous les sens du sujet vers les étants et du monde vers le sujet) irrévocablement .C'est parce que l'idée d'irrévocabilité prévaut sur l'idée événementielle , que la notion, trés importante par ailleurs, d'être jeté n'a pas à intervenir dans la structure du dasein, mais seulement dans sa dynamique
philodingue- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 42
Date d'inscription : 07/06/2008
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