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Heidegger, Lettre sur l'Humanisme

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Message par Bergame Lun 17 Sep 2007 - 22:45

Par Olaf : Heidegger, Lettre sur l’Humanisme


Jean Beaufret, à la suite d’articles sur l’existentialisme publiés dans la revue Confluence, écrit une lettre à Heidegger lui demandant d’éclaircir sa position vis-à-vis de l’humanisme. C’est l’occasion pour le penseur allemand de régler ses comptes par rapport à Sartre et au marxisme, très prégnant au sortir de la guerre. Dans ce texte écrit en 1946, Heidegger définira une orientation nouvelle de l’humanisme, en rapport étroit avec l’Etre et le langage. Je vais tenter ici un exposé assez complet de cette lettre sur l’humanisme, que j’organiserai selon trois parties, parce que c’est un texte essentiel à la pensée de Heidegger.


I – L’humanisme ordinaire comme Métaphysique

Heidegger fait dans cette lettre une histoire de l’être de l’humanisme. Nous verrons que l’humanisme a pris au cours de l’histoire plusieurs acceptions, que Heidegger va rejeter parce qu’elles en restent à la Métaphysique, la pensée de l’étant.

C’est chez les Romains, au temps de la République Romaine, que le mot humanitas vient à naître. L’humanité de l’homo humanus se définit d’abord par son opposition à la barbarie. Elle est à l’époque ce qui élève le romain à la vertu par « l’incorporation » et l’érudition. Ce n’est qu’ensuite qu’elle est venue à l’hellénisme. C’est cette même humanité qui sera présente lors de la renaissance au XIVe et au XVe siècle. L’humanisme sera par la suite bien souvent une reviviscence de l’hellénisme. C’est ce qu’on trouve chez Goethe ou Schiller.

Ces humanismes sont des métaphysiques, parce qu’ils pensent l’essence de l’homme à partir de l’étant : comme animal rationnel. L’essence de l’homme repose-t-elle dans l’animalité ? C’est n’est pas ce que pense Heidegger : l’animal est seulement vivant au sein de l’étant, alors que l’homme existe, en sens plus originel que nous verrons plus loin.

Mais au XIXe et au XXe siècle apparaissent des humanismes qui n’ont plus de rapport avec l’hellénisme : ceux de Marx et Sartre. Hölderlin pensait toujours dans la métaphysique, mais il a le premier vu que ce qui caractérise l’homme moderne, c’est l’absence de patrie – le natal manque. En cela il est un penseur majeur de l’histoire de l’Etre. Cette absence de patrie, Marx l’a vue, lui aussi, et l’a rapporté à l’aliénation de l’homme. Il a atteint par là une vision essentielle de l’histoire. Mais on a mal compris son matérialisme, qui reste selon Heidegger une métaphysique : « tout étant apparaît comme matériel du travail ». Sartre, pas plus que la phénoménologie classique, n’atteint jamais cette vision essentielle de l’histoire. Cela est en partie du au fait qu’il place l’existence avant l’essence – il est trop métaphysique pour parvenir à penser l’Etre ou même l’histoire de l’Etre.

On demandait parfois à Heidegger de définir sa position par rapport au Christianisme. Dieu, ce n’est pas l’Etre – c’est un mot, tout au plus le tout de l’étant. Cette religion est donc une Métaphysique. En quoi est-ce un humanisme ? Le christianisme définit l’essence de l’homme dans sa délimitation par rapport à la déité ; il veut le salut de l’homme, car son existence n’est qu’un passage vers l’au-delà. Mais Heidegger précise bien que la pensée de l’Etre ne préside en rien à l’existence de Dieu, elle ne peut pas prendre position vis-à-vis de cette question. Parce que la question de Dieu suppose celle de la divinité, qui suppose celle du sacré, indécidable, qui suppose elle-même celle de l’Etre…

En fait Heidegger reproche au monde qui lui était contemporain de trop aimer les mots en « …isme », comme l’humanisme. Parce que ces mots deviennent des armes dans la bataille moderne de la communication. Le langage est tombé sous la « dictature de la publicité ». Il explique cela par le fait que l’homme ayant oublié l’Etre (et cela depuis les Grecs), s’est tourné vers la technique. La technique dote l’homme d’une subjectivité (que ce soit dans l’individualisme, dans le collectivisme marxiste, ou même dans le nationalisme), qui le pousse à objectiver l’étant. Ce faisant il perd ses repères et cherche à coller des étiquettes en « …ismes » qui lui donnent des valeurs subjectives pour s’y retrouver…


II – La Vérité de l’Etre

Heidegger ne se place pas dans une pensée métaphysique de l’étant, mais dans une pensée « onto-historique » de l’Etre. Cette partie tente de retracer la pensée ontologique que Heidegger va déployer dans cette lettre. En plus donc d’avoir effectué une histoire de l’être de l’humanisme, Heidegger va s’appliquer à penser l’humanisme en son essence. Il lui faudra tout d’abord penser l’essence de l’homme d’une manière entièrement nouvelle. Cette nouvelle manière de voir les choses va consister à penser la relation de l’Etre à l’essence de l’homme. L’homme doit se laisser revendiquer par l’Etre.

Le langage
Dans la pensée, l’Etre vient au langage, et « le langage est la maison de l’Etre. Dans son abri habite l’homme. » C’est-à-dire que la Vérité de l’Etre peut et doit être dite par le langage, en tant qu’il provient de l’Etre. Le langage ne dit qu’une infime partie de ce que la pensée pense sur l’Etre, parce que l’Etre est composé d’une pluralité de dimensions irréductibles.

L’essence de l’homme
Nous pouvons maintenant dire par le langage ce qu’est l’homme, en tant qu’il habite dans la maison de l’Etre. Ce qui nous guide, pour cela, est l’orientation du « souci » : il faut réinstaurer l’homme dans son essence. Cette essence de l’homme repose dans son « ek-sistence ». L’ek-sistence n’a aucun rapport avec l’existence ; l’ek-sistence, c’est le caractère extatique, existential de l’homme, c’est son mode d’être en propre. Telle est la manière humaine d’être.

Le rapport de l’Etre à l’essence de l’homme
L’homme déploie son essence, son ek-sistence, tel qu’il est le « là » (c’est la signification du Dasein). Il est là, dans « l’éclaircie de l’Etre », instance extatique baignée dans la lumière de la Vérité de l’Etre. L’homme est dans une position d’« être-jeté » par l’Etre dans le monde ; et cette éclaircie, c’est le monde, c’est l’ouverture de l’Etre. L’Etre est donc lui-même le rapport qu’il entretient avec l’essence de l’homme. L’homme est la « réplique ek-sistente de l’Etre ».

Le rapport du langage à l’essence de l’homme
L’homme est donc en proximité avec l’Etre, qui lui est plus proche que tout étant ou que toute essence. Mais « cette proximité déploie son essence comme le langage lui-même ». Le langage est la maison de l’Etre habitée par l’homme, c’est-à-dire que le langage est l’abri de l’essence de l’homme, qui y ek-siste. C’est ainsi que l’homme veille sur la vérité de l’Etre en lui appartenant.

L’essence de l’humanisme
L’histoire est essentielle à l’Etre. Définir l’essence de l’humanisme est donc passé par une histoire de l’être de l’humanisme. Maintenant Heidegger, au regard de l’essence de l’homme, peut définir l’humanisme : « l’essence de l’homme est essentielle pour la vérité de l’Etre, et l’est au point que désormais ce n’est précisément plus l’homme pris uniquement comme tel qui importe ».

Curieux humanisme. Contre tout humanisme le précédant, contre la logique, contre les valeurs… Serait-ce un nihilisme ? Non. Parce qu’avant d’user de logique, il faut repenser le Logos. Et parce que donner une valeur, c’est retirer la dignité de ce qu’on évalue, en jugeant subjectivement. Cette pensée n’est ni théorique, ni pratique ; elle est un agir, selon une éthique plus originelle que toute éthique, et qui par là ne mérite pas ce nom. L’humanisme de Heidegger, c’est une manière de séjourner dans l’éclaircie de l’Etre selon un habiter poétique.


III – La clairière de l’Etre

Le mot « éclaircie » dans l’expression « l’éclaircie de l’Etre » était jusqu’à présent la traduction du mot Lichtung. Mais le sens premier de Lichtung est la clairière, la percée de lumière. C’est cette traduction que nous allons suivre dans ce qui suit (c’est aussi celle qui est adoptée par les traducteurs de Sloterdijk). C’est pour exprimer ce qui advient dans cette clairière, cette ouverture de l’Etre, que Heidegger déploie le mieux son parler poétique.

Le berger de l’Etre

L’homme réside donc dans la clairière de l’être. En tant qu’il ek-siste, il a à veiller sur la vérité de l’Etre. Heidegger le dit aussi de façon imagée : « L’homme est le berger de l’Etre ». Ce berger est pauvre, et il est digne ; j’ai même envie d’ajouter, il est simple.

Le berger de l’Etre est digne en ce qu’il est « appelé par l’Etre lui-même à la sauvegarde de sa vérité ». Il est digne parce qu’il a en sa garde l’Etre, mais inversement, l’Etre a en sa garde l’homme en son ek-sistence. Le séjour du berger dans la clairière de l’Etre est une garde qui « tient », qui maintient dignement une « constance ».

D’autre part, le berger de l’Etre est pauvre. Il est pauvre, parce que, ayant grimpé jusqu’au haut de la montagne de la métaphysique, il s’est aperçu que la Vérité de l’Etre n’était pas un « en-plus » de la métaphysique, quelque construction lointaine, mais un « en-moins », la seule proximité de l’Etre. C’est la descente qui conduit à « la pauvreté de l’ek-sistence de l’homo humanus ».

Enfin le berger dit simplement la vérité de l’Etre. Il travaille à construire la maison de l’Etre. Cette maison ne peut se construire que dans l’écoute du parler de l’Etre, sans progression, selon le Même. Sa pensée est simple parce qu’elle est toute tournée vers l’Etre.

L’indemne et le malfaisant

« La pensée conduit à l’ek-sistence historique, c’est-à-dire l’humanitas de l’homo humanus, au domaine où se lève l’aube de l’indemne.
En même temps que l’indemne, dans la clairière de l’Etre apparaît le malfaisant. »

L’indemne est celui qui pense l’Etre en sa positivité. Mais l’Etre est le « lieu du combat » entre lui-même et le Néant. Le malfaisant a pour essence la « malignité de la fureur », il nie selon un nihilisme essentiel. L’Etre néantise. La pensée qui pense l’Etre pense aussi le Néant. Mais à l’indemne et au malfaisant l’Etre n’accorde pas le même destin : « Seul l’Etre accorde à l’indemne son lever dans la grâce et à la fureur son élan vers la ruine. »

Le séjour de l’homme dans la clairière suit donc une assignation de l’Etre plus originelle que toute loi, une éthique originelle. L’Etre enjoint à son berger d’ek-sister en indemne, de manière pauvre, digne, et simple.


Conclusion

Heidegger a expérimenté dans ce texte la pensée d’un nouvel humanisme, qui se définit par son rapport essentiel au langage comme maison de l’Etre et comme abri de l’homme. Les indications données ont, sinon servi à renouveler l’humanisme, du moins nourri la pensée de nombreux philosophes, comme Althusser, Lacan, Derrida, mais surtout Foucault et aujourd’hui Sloterdijk. Ce dernier a en effet répondu à cette lettre sur l’humanisme, dans un texte qu’il a appelé « Règles pour le parc humain », et qui a donné lieu à de vives polémiques…
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Message par Joie de vivre Lun 1 Oct 2012 - 18:04

Très intéressant. Je suis en train de lire ce texte et ton analyse m'aide beaucoup Cool

Il y a des choses que je comprends bien (étant, Etre, Dasein, éclaircie de l'Etre) et ce, d'autant plus facilement que j'ai le sentiment de les expérimenter au quotidien depuis toujours.

En revanche, certains points restent obscurs. Par exemple, je ne saisis pas bien ce qu'est l'ek-sistence. J'ai du mal aussi avec l'historial et l'existential, concepts qui sont peut-être liés...


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Message par Chut Lun 1 Oct 2012 - 19:04

Merci pour ton pseudo,Joie de vivre, il est super.
Sinon pour tes interrogations, je t'apporte deux éléments de réponse qui valent ce qu'ils valent, l'ek-sistence doit à mon avis sûrement avoir rapport avec l'ek-stasi, quant à l'historial c'est vraiment un musée qui vaut le détour si tu passes vers Madrid.

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Message par Joie de vivre Mar 2 Oct 2012 - 22:15

Hé ! Comme quoi, Heidegger, c'est pas si compliqué...Tout s'éclaire...J'entre peu à peu dans l'éclaircie de l'Etre...A moins que ce ne soit le contraire...

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Message par Courtial Mer 3 Oct 2012 - 16:01

Tout ceci est fort bien, chers amis, mais ne paraît pas avoir de rapport avec Heidegger. Il est parfaitement loisible de n'avoir rien à dire sur cet auteur, mais en ce cas, il serait préférable de ne pas poster. Nul ne vous en voudra, personne n'est obligé de poster. Il y a d'ailleurs des trucs là-dessus chez Heidegger, mais passons : avoir la faculté d'envoyer un message ne signifie nullement qu'on y soit obligé. N'hésitez donc pas à user de votre droit de ne pas vous exprimer.
Je n'ai rien contre l'humour et le persiflage, mais ils sont drôles quand ils sont pertinents, rapportés au sujet, intéressants. Mais ici nous sommes loin du compte. Je vous prie de cesser de considérer ce sujet ou nul autre comme un vide-ordures.
Merci d'avance au nom de ceux qui ne souhaitent pas voir ce forum transformé en poubelle.

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Message par Chut Mer 3 Oct 2012 - 18:04

Désolé de t'avoir déplu Courtial, mon idée n'était pas de chercher à me faire valoir inconsidérément mais de chercher à faire vivre un peu plus ce forum qui le mérite en relançant un peu certains posts avec mes faibles et critiquables moyens, que je ne considère malgré tout et quoi que tu en dises pas tout à fait comme des ordures, mais bon, puisque je semble indésirable, je m'en vais, c'est pas plus difficile que ça, bonne continuation à tous.

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Message par euthyphron Mer 3 Oct 2012 - 20:39

Dasein oder nicht da sein, das ist die Frage!
Allez, Chut, ne fais pas la gueule, un kantien ne la ferait pas au nom de l'impossibilité de la bouderie universelle, un nietzschéen par mépris pour le reste du monde germanophile, un platonicien parce que le principe irascible doit se tourner amoureusement vers le principe rationnel, etc. etc.
De toutes façons, depuis Heidegger, tout le monde sait bien que le désir est arraisonné à la pensée techniciste, donc qu'est-ce que l'indésirable? Ta copie sur ce sujet est demandée au parloir.

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Message par poussbois Mer 3 Oct 2012 - 22:28

"etc. etc." et un spinoziste au nom de l'évitement des passions tristes et des connaissances inadéquates.

Courtial a écrit:Tout ceci est fort bien, chers amis,...

Quand une contribution commence comme cela, je ne vois pas bien ce qui justifierait un départ définitif...

Voila ce que j'ai appris aujourd'hui : Quand un romain déclarait son amitié sur le forum, cela servait de contrat et l'engageait devant la communauté. Il n'y a donc rien à rajouter. On a les amis qu'on mérite. :D


Allez, Chut, reviens !

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Message par Courtial Sam 6 Oct 2012 - 2:41

Attendez attendez, sait-on ici de quoi on parle ?
Le texte de Bergame (il n'en est pas l'auteur, je crois, il m'avait dit qu'il avait repris un travail d'un autre auteur, peu importe) est peut-être contestable - il y a des choses faibles, si j'ai un peu de temps, j'essayerai de revenir sur une mise au point. Quoi qu'il en soit sur ce que je peux trouver convenable ou non là-dedans, je ne me permettrais pas de le traiter par le persiflage seulement. Parce que je sais ce que c'est que le boulot et que j'imagine le temps que peut prendre la rédaction d'un article sur un texte très important et difficile, et que le risque d'être faible et insuffisant ne touchera certes pas ceux qui ne font rien et qui ricanent.
Je suis d'autant mieux placé pour en parler que je me suis livré moi-même à l'exercice, il y a peu, d'essayer d'expliciter un élément difficile (il s'agissait cette fois de Kant, non de Heidegger, mais peu importe, j'ai proposé aussi des topos sur des philosophes grecs, etc.), ce qui m'a pris à peu près deux heures de boulot, et dans le genre travail difficile, plutôt. Et comme récompense seulement des considérations euh... enfin, des considérations, quoi.
Donc, je le redis : le persiflage, OK, super, j'adore. Mais il ne faut pas que ce soit uniquement un tir aux pigeons poujadiste. Ou au moins pas ici. Ou si c'est quand même ici, je m'y opposerai. Avis.
Et si c'est malgré tout le cas, je ne vois nulle raison de supplier de rester ou de revenir. Il y a de la place sur Poujados.com pour les propos (je ne parle pas des personnes) que je vise.

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Message par Bergame Sam 6 Oct 2012 - 13:05

Courtial, je dois dire que j'espérais que tu t'intéresses à ce sujet, parce qu'à vrai dire, tu es l'un des rares à pouvoir répondre aux questions de joie de vivre avec pertinence. Mais tu t'emballes un peu, là, tout de même, non ? Chut plaisante et ne veut pas laisser la contribution de joie de vivre sans réponse, mais tu sais bien qu'il n'y a rien de poujadiste là-dedans.
Cool, les amis, svp. On se connaît tous, on se "pratique" depuis un bout de temps. Et on éprouve du plaisir à discuter ensemble de temps en temps, non ? Au fond, ce ne peut être que la seule motivation à notre présence ici, le plaisir.

Cher Courtial, stp, et cher euthyphron, voudriez-vous nous dire quelques mots sur le concept d'ek-sistence ?

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Message par Chut Sam 6 Oct 2012 - 18:26

Est-ce qu'on pourrait dire que le musicien classique (interprète, en particulier dans un orchestre) in-siste et que le jazzman (improvisateur) ek-siste ?

(note à la modération : ceci n'est pas une blague, la blague ça aurait été de citer Michel Berger : "res-iste, prouve que tu ek-sistes etc..)

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Message par euthyphron Dim 7 Oct 2012 - 16:45

Bergame a écrit:Cher Courtial, stp, et cher euthyphron, voudriez-vous nous dire quelques mots sur le concept d'ek-sistence ?
Ah ça c'est un travail pour Courtial, c'est lui le spécialiste de la philosophie allemande. Moi je suis rien moins qu'heideggérien, je n'ai pas lu grand chose de lui ni sur lui. Je ne dis pas que c'est nul et sans intérêt, c'est juste une question de tempérament. Et de jeux de langage.
Mais cela n'empêche pas d'essayer. Je veux bien dire ce que je comprends de l'ek-sistence. Si ce n'est pas ça il n'y aura qu'à me corriger.
L'ek-sistence, c'est l'existence. Bon, mais alors pourquoi forger un nouveau mot? Parce que le mot "existence" a été pollué par la pensée classique, et parce qu'il y a un mode particulier d'exister, proprement humain, celui du dasein, qui mérite une terminologie adaptée.
La "pollution", c'est l'accouplement scolastique de l'essence et de l'existence, celle-ci étant d'ordinaire pensée comme la particularisation de celle-là, en mode déficient. La perfection, ce serait pour un existant d'être intégralement conforme à son essence.
Or, l'essence du dasein (pourquoi Dasein, pourquoi pas le sujet pensant, ou plus simplement encore la personne? sans doute aussi pour éviter d'autres pollutions), c'est son existence. "Das Wesen des Daseins liegt in seiner Ek-sistenz" : j'avais appris cette phrase par coeur quand j'étais étudiant, parce que je trouvais cela drôle d'une part, je veux dire de la savoir par coeur, et parce que je trouve qu'on ne peut pas faire plus heideggérien.
Ah donc, c'est cela, Heidegger est un existentialiste? Pas d'essence pour lui, c'est l'existence qui précède l'essence? Non, ce n'est pas la même chose. Il ne s'agit pas de se construire une essence de remplacement, une fois compris que nous n'étions ni déterminés par une nature quelconque ni soumis à un destin divin. Pas même de comprendre que l'homme est cet être libre qui construit le sens. L'homme n'est pas l'inventeur du sens, il en est le berger.
Et l'essence du Dasein se tient dans son existence ( je traduis ici la phrase citée plus haut). "Liegt", qui doit vouloir dire je crois "repose", "se tient couché" (la langue allemande distingue les manières de se tenir selon la position). L'essence de l'homme n'est pas un modèle, ni passé ni à venir, l'essence de l'homme est d'exister, c'est-à-dire d'être dans le temps, dans "l'historialité" (autre mot barbare forgé je suppose pour ne pas que l'on comprenne "historicité", qui nous renverrait fâcheusement aux sciences humaines).
Encore une fois, tout ceci dit sans garantie, en autodidacte paresseux du grand penseur fribourgeois.

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Message par Courtial Mar 9 Oct 2012 - 21:34

Ceci est déjà un point de départ.
Comme je l'ai mentionné, je n'ai guère le temps de faire plus que bavarder, il faudrait relire le bouquin et rédiger une recension sur l'article - 10 h de travail minimum et, comme je l'ai dit aussi, le cas qu'on en fait est peu incitatf.
Très juste est la remarque que Heidegger se livre à une torture sur les mots en général pour se démarquer des notations que 25 siècles de métaphysique ont déposé en ceux-ci : il veut marquer qu'il faut les entendre au sens où lui les analyse dans leur écriture même. Cela peut énerver. C'était une manie de l'époque à laquelle toutefois Heidegger est loin d'être le seul à céder. D'une façon entièrement différente, Wittgenstein se livrait au même genre de jeu à la même époque. Et bien que ses principes (objectivistes, pour faire court) l'aient éloigné toto coelo des propos de Heidegger, il voyait tout à fait de quoi il retournait.
Ceci pour les mots et les jeux de mots.
Pour "l'existence", il faut insister sur le rapport à Sartre. Ce texte est une réponse à Jean Beaufret sur la question de l'humanisme en relation avec la conférence de Sartre (L'existentialisme est un humanisme). Beaufret lui demandait ce qu'i faisait de l'humanisme, dans sa pensée. Heidegger donne un aperçu de là où il (se) le met. Heidegger commence par s'en prendre à l'homme. Pour dire que si on commence à le penser comme homme - et non pas comme il convient, comme Dasein - on s'est déjà fermé la possibilité de toute compréhension du phénomène.
La référence à l'essence constitue quelque chose de complexe (pas la notion elle-même, ce qu'elle veut dire n'est pas problématique, mais son statut dans l'analyse). Il y a bien sûr - mais ce n'est qu'un aspect - le rapport essence/existence, sur lequel Euthyphron a donné des indications sur lesquelles je ne reviens pas. Je le formule un peu autrement : "l'existence précède l'essence, que Sartre propose comme sa clause ontologique fondamentale (celle de "l'existentialisme") est aux yeux de Heidegger tout à fait insuffisante : une fois que vous aurez renversé la thèse scolastique (de Thomas ou, disons d'Anselme, preuve "ontologique", etc.) selon laquelle "l'essence précède l'existence" et que vous aurez affiché la conviction contraire, vous n'aurez pas pensé la métaphysique, mais remplacé une métaphysique par la métaphysique contraire. Ce n'est pas en renversant une proposition qu'on s'en libère. On montre tout au contraire qu'on en est prisonnier.

Petite remarque du germaniste (pas plus spécialiste que ça, seulement germaniste, et ayant connu des jours meilleurs, quand il était jeune et savant) : Dasein (être-là), cela veut quand même dire tout bêtement ... "existence", en allemand. Das Dasein Gottes (ou die Beweise des Daseins Gottes), je traduirai cela, sans surprendre : "les preuves de l'existence de Dieu". Si je dis "l'être-là de Dieu", on risque de me demander à quoi je joue.
Existenz est un mot qui sonne étranger, un terme savant voire précieux que n'emploient que les philosophes. Il y a, on s'en doute, beaucoup moins de mots latins en allemand qu'en français. Dans sa trad. de l'Encyclopédie, Bourgeois avait justifié le fait de traduire "etre-là" le Dasein - plutôt que de faire comme tout le monde et le traduire par "existence", puisque, encore une fois, c'est cela que ça veut dire - por pouvoir conserve "existence" là où Hegel met "Existenz", Dasein et Existenz étant, aux yeux de Hegel, deux notions tout à fait distinctes.

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Message par victor.digiorgi Ven 26 Avr 2013 - 22:03

Bergame a écrit: Sloterdijk a répondu à cette lettre de Heidegger sur l’humanisme, dans un texte qu’il a appelé « Règles pour le parc humain »
Dans cet ouvrage, Sloterdijk révèle le tabou qui était selon lui la mission centrale de l'humanisme littéraire, à savoir d'éduquer l'homme. Il cherche à démontrer que la transmission des lettres nécessaires à la descendance humaine paraît aujourd'hui mise à mal, écartée par l'intrusion toujours plus bestialisante des médias de masse. Sloterdijk pose ainsi cette question : quelles seront les modalités de l'auto-éducation nécessaire de l'humain, au xxie siècle et ceux à venir, et l'humain ne doit-il pas même dès lors s'en inquiéter, ou du moins s'en interroger ?

Sloterdijk note que l'humanisme a servi à l'éducation de l'humain par l'humain lui-même. Les livres, romans ou essais, qui sont autant de lettres ouvertes entre les humains, ont effectivement longtemps joué ce rôle d'éducation, en quelque sorte de « dressage » de l'humanité.

L'école, et en particulier le lycée classique forgé par les États-nations bourgeois aux xixe et xxe siècles, a en particulier joué ce rôle d'imposer des classiques à la jeunesse, ceci en vue de faire entrer la descendance « dans le cercle des récepteurs des grosses lettres essentielles ». Mais pour Sloterdijk, cette époque est aujourd'hui révolue. L'établissement de la culture de masse (radio, télévision, réseaux...) a mené à l'établissement d'une société marginalement, voire, « post-littéraire, post-épistolographique et en conséquence post-humaniste ». La floraison littéraire importante d'après 1945, serait son dernier balbutiement, son chant du cygne, un dernier concours d'exaltation et d'auto-illusion.

L'humanisme n'osait se l'avouer, mais « la bonne lecture apprivoise ». S'il se livre toujours une bataille en l'homme entre les tensions qui bestialisent et celles qui apprivoisent, le livre est une « résistance à l'amphithéâtre », c'est-à-dire une résistance aux influences bestialisantes (comme par exemple le spectacle des massacres d'animaux et des exécutions entre gladiateurs chez les Romains, réseau de mass-médias antique, ou aujourd'hui des films tels que Massacre à la tronçonneuse). Contre le « mugissement des stades tout autour de la Méditerranée », la lecture est « créatrice de tolérance, source de connaissance ». Cet état révèle que l'humain se choisit lui-même, a le choix de sa propre éducation ou de son relâchement. En somme, ceci révèle une « détermination de l'être humain à l'égard de son ouverture biologique et de son ambivalence morale » : l'humain est celui qui peut choisir, à sa guise, sa manière d'éduquer l'humain.

Heidegger a, quant à lui, voulu montrer combien l'humanisme (et ses occurrences diverses, notamment depuis 1945, tels le christianisme, le marxisme et l'existentialisme) avait pu occulter l'apparition de la véritable question sur l'essence de l'homme. Il disait même penser contre l'humanisme, depuis son ouvrage Sein und Zeit (Être et Temps). En utilisant des notions poétiques liées à la pastorale et à l'idylle, Heidegger a évoqué la mission fondamentale de l'être humain : « garder l'Être et correspondre à l'Être ». Le lieu où s'exerce cet emploi est « la clairière, ou encore l'endroit où l'Être se révèle et s'ouvre en tant que ce qui est là », nous dit Sloterdijk. L'humanisme avait cette mission de domestication de l'être humain, mais sous ses bonnes intentions, a fini par dissimuler tantôt le bolchévisme, tantôt le fascisme, tantôt l'américanisme... D'où cette question de Sloterdijk : « qu'est-ce qui apprivoise encore l'être humain lorsque l'humanisme échoue dans son rôle d'école de l'apprivoisement humain ? »

L'être humain est en effet particulier par son immaturité animale chronique : « Ce venir au monde extatique et cette orientation vers l'Être ont été déposés dans le berceau de l'être humain, avec l'héritage de l'histoire de l'espèce ». Sloterdijk retrace la propre domestication effectuée par l'humain envers lui-même, par la langue, la sédentarisation, la « monstrueuse cohabitation » avec les animaux domestiques... Il montre aussi le lien fort qui existe entre la leçon (Lektion) et la sélection (Selektion), ou encore entre le « choix » de l'anthologie (Auslesen) et la lecture (Lesen). Il cite Nietzsche, qui poétise et moque ce « dressage » par la bouche de Zarathoustra : « Leur vertu est ce qui rend modeste et docile ; ainsi du loup ils firent le chien, et de l'homme même la meilleure bête domestique au service de l'homme ». Pour Sloterdijk, « la domestication de l'être humain constitue le grand impensé face auquel l'humanisme a détourné les yeux depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours ».

Dans ce parc que forme l'humanité, l'homme d'État, le « pasteur », a pour vocation de créer un véritable tissu : « on ne produira le bon État qu'avec les natures nobles et volontaires restantes - les plus braves servant aux fils de chaîne plus grossiers, les réfléchis au « tissu plus gras, plus tendre, adapté », pour reprendre les mots de Friedrich Schleiermacher ». Après le grand renversement (métabole), quand les dieux, sous le règne de Zeus, se sont retirés, ils ont laissé les hommes se garder eux-mêmes, et il leur fut donné le soin de choisir eux-mêmes, parmi eux, leur plus digne gardien et éleveur. Le danger est, que si les sages aussi finissent par disparaître, les lettres se transforment en objets archivés et demeurent remisées dans les caves, inactifs. Et en ce cas, quid du devenir de l'Humain, vu que celui-ci n'existe pas, mais « que [toujours] il doi[ve] se produire lui-même dans une querelle permanente autour de son être non déterminé » ?.

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Message par neopilina Mer 18 Sep 2013 - 21:25

Bergame a écrit : " Par Olaf : Heidegger, Lettre sur l’Humanisme.


Jean Beaufret, à la suite d’articles sur l’existentialisme publiés dans la revue Confluence, écrit une lettre à Heidegger lui demandant d’éclaircir sa position vis-à-vis de l’humanisme. C’est l’occasion pour le penseur allemand de régler ses comptes par rapport à Sartre et au marxisme, très prégnant au sortir de la guerre. Dans ce texte écrit en 1946, Heidegger définira une orientation nouvelle de l’humanisme, en rapport étroit avec l’Etre et le langage. Je vais tenter ici un exposé assez complet de cette lettre sur l’humanisme, que j’organiserai selon trois parties, parce que c’est un texte essentiel à la pensée de Heidegger.

...

III – La clairière de l’Etre

Le mot « éclaircie » dans l’expression « l’éclaircie de l’Etre » était jusqu’à présent la traduction du mot Lichtung. Mais le sens premier de Lichtung est la clairière, la percée de lumière. C’est cette traduction que nous allons suivre dans ce qui suit (c’est aussi celle qui est adoptée par les traducteurs de Sloterdijk). C’est pour exprimer ce qui advient dans cette clairière, cette ouverture de l’Etre, que Heidegger déploie le mieux son parler poétique.

Le berger de l’Etre

L’homme réside donc dans la clairière de l’être. En tant qu’il ek-siste, il a à veiller sur la vérité de l’Etre. Heidegger le dit aussi de façon imagée : « L’homme est le berger de l’Etre ». Ce berger est pauvre, et il est digne ; j’ai même envie d’ajouter, il est simple.

Le berger de l’Etre est digne en ce qu’il est « appelé par l’Etre lui-même à la sauvegarde de sa vérité ». Il est digne parce qu’il a en sa garde l’Etre, mais inversement, l’Etre a en sa garde l’homme en son ek-sistence. Le séjour du berger dans la clairière de l’Etre est une garde qui « tient », qui maintient dignement une « constance ».

D’autre part, le berger de l’Etre est pauvre. Il est pauvre, parce que, ayant grimpé jusqu’au haut de la montagne de la métaphysique, il s’est aperçu que la Vérité de l’Etre n’était pas un « en-plus » de la métaphysique, quelque construction lointaine, mais un « en-moins », la seule proximité de l’Etre. C’est la descente qui conduit à « la pauvreté de l’ek-sistence de l’homo humanus ».

Enfin le berger dit simplement la vérité de l’Etre. Il travaille à construire la maison de l’Etre. Cette maison ne peut se construire que dans l’écoute du parler de l’Etre, sans progression, selon le Même. Sa pensée est simple parce qu’elle est toute tournée vers l’Etre ".

Puis : " Cher Courtial, stp, et cher euthyphron, voudriez-vous nous dire quelques mots sur le concept d'ek-sistence ? "

Et  Victor : " Après le grand renversement (métabole), quand les dieux, sous le règne de Zeus, se sont retirés, ils ont laissé les hommes se garder eux-mêmes, et il leur fut donné le soin de choisir eux-mêmes, parmi eux, leur plus digne gardien et éleveur. Le danger est, que si les sages aussi finissent par disparaître, les lettres se transforment en objets archivés et demeurent remisées dans les caves, inactifs. Et en ce cas, quid du devenir de l'Humain, vu que celui-ci n'existe pas, mais « que [toujours] il doi[ve] se produire lui-même dans une querelle permanente autour de son être non déterminé » ? "

Je vois qu'il y a eu de riches heures par ici !

Victor ! Les Dieux et autres ne peuvent pas comme dans l'Odyssée, aider l'Homme à passer, à revenir, à réussir, et " clore " l'ouvrage, mettre un terme à l'Hybris, qui débute l'Iliade et se clôt par l'intervention d'Athéna à la fin de l'Odyssée, avec toutes les réserves possibles faites par Homère, etc, interminablement. Il faut que les Hommes passent seuls. Ils doivent l'apprendre. Ulysse doit passer, revenir, et planter sa bonne rame, seul, même si le Dieu, bienveillant, l'accompagne toujours.
Et vois la carte du Champ de Batailles ! Les Dieux ont incité un homme à s'avancer. Bien pétri par sa propre Odyssée.

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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
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