Une présentation relationiste d'Héraclite
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Une présentation relationiste d'Héraclite
Vous pouvez discuter ici de l'article d'Intersession :
http://intersession.wordpress.com/2007/09/10/une-presentation-relationiste-dheraclite
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Re: Une présentation relationiste d'Héraclite
D'abord, je remercie du lien car ce travail de synthèse a bien des qualités (et mérite une deuxième lecture). Il y a dans Héraclite ceci d'étrange, qu'il écrit des fragment où on peut le trouver sans qu'il en manque... et qu'il manque beaucoup de son oeuvre, sans que cela fasse vraiment défaut. Ce fait assez exceptionnel a donné une plénitude augmentée à l'oeuvre d'Héraclite, et ce trait manquant faire partie intégrante de l'oeuvre ! Il a donc fasciné en raison d'une grande qualité artistique de sa philosophie, qui a sû tenir une proximité très proche avec les habitudes religieuses anciennes sans se couler dans la facilité d'en exprimer encore le "contenu" vide. Il a inspiré le renouveau de la philosophie allemande quand elle paraissait inéluctablement se dissoudre dans les suivants de Kant. Car enfin, que restait-il à la philosophie après Kant ? Eh bien, Hegel, Nietzsche ont été chercher Héraclite tout spécialement. Par exemple, Hegel me paraît avoir axé sa phénoménologie contre la dominante spatialité qui nous montre des choses à l'arrêt et hors de leur processus. Illusoirement et trompeusement d'après Hegel. Nietzsche n'est pas passé (loin) ni à côté de cet auteur. Mais il est difficile, pour un être-jeté là, de resaisir une maturité antique qui n'est peut-être pas aussi lointaine de nous, après tout, et sûrement je me sens presque incapable de conserver un être, dans l'époque régnante, et je suis dépassé par tout ce qui me traverse par l'extériorité au cours de la journée. Je n'en crois pas mes yeux de toute la bêtise abrutissante qui emporte mes journées les unes après les autres tandis que j'essaie tellement d'en être le propriétaire subjectif... Cette douceur et cet air léger manquent terriblement à la philosophie, et je crois que la philosophie me manque souvent malgré moi.
prgrokrouk- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 31
Date d'inscription : 14/10/2007
Re: Une présentation relationiste d'Héraclite
prgrokrouk a écrit:D'abord, je remercie du lien car ce travail de synthèse a bien des qualités (et mérite une deuxième lecture).
Y a pas de quoi pour le lien.
On a voulu agencer le webzine et le forum de telle façon qu'ils soient à la fois indépendants et en relation.
Le caractère fragmentaire des "dits" d'Héraclite fait partie de sa légende, et sa dimension poétique de son intérêt.prgrokrouk a écrit:Il y a dans Héraclite ceci d'étrange, qu'il écrit des fragment où on peut le trouver sans qu'il en manque... et qu'il manque beaucoup de son oeuvre, sans que cela fasse vraiment défaut. Ce fait assez exceptionnel a donné une plénitude augmentée à l'oeuvre d'Héraclite, et ce trait manquant faire partie intégrante de l'oeuvre ! Il a donc fasciné en raison d'une grande qualité artistique de sa philosophie, qui a sû tenir une proximité très proche avec les habitudes religieuses anciennes sans se couler dans la facilité d'en exprimer encore le "contenu" vide.
Même si on ne peut que spéculer à vide sur les pertes, cette singularité est clairement voulue dans son style.
Contrairement à ce qui a été parfois supposé, Héraclite n'a pas écrit, UNE oeuvre, une composition, un livre mais un éclatement de pensées, de lignes, d'aphorismes qui doivent autant au style oraculaire et poétique hérité de l'orphisme et d'Homère, entre autre, qu'à une certaine écoute pour les proverbes qu'on qualifierait aujourd'hui de sagesse populaire.
Même si j'ai dit un mot assez rapide sur ces 2 auteurs, c'est justement une partie sur la réception moderne d'Héraclite, en particulier chez Hegel, Nietzsche et Heidegger qui manque, faute de ressource et de temps. Un jour sûrement ^^.prgrokrouk a écrit: Il a inspiré le renouveau de la philosophie allemande quand elle paraissait inéluctablement se dissoudre dans les suivants de Kant. Car enfin, que restait-il à la philosophie après Kant ? Eh bien, Hegel, Nietzsche ont été chercher Héraclite tout spécialement. Par exemple, Hegel me paraît avoir axé sa phénoménologie contre la dominante spatialité qui nous montre des choses à l'arrêt et hors de leur processus. Illusoirement et trompeusement d'après Hegel. Nietzsche n'est pas passé (loin) ni à côté de cet auteur.
D'ailleurs si tu as des pistes à ce sujet, ça m'intéresserait que tu développes.
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L'effet dévore la cause, la fin en a absorbé le moyen.
Paul Valéry, Poésie et pensées abstraites
(cité par Herbert Marcuse, in L'homme unidimensionnel)
hks : On le sait bien, une fois que un tel est parti (faché) on se retrouve seuls comme des imbéciles.
Re: Une présentation relationiste d'Héraclite
Vargas a écrit:Même si j'ai dit un mot assez rapide sur ces 2 auteurs, c'est justement une partie sur la réception moderne d'Héraclite, en particulier chez Hegel, Nietzsche et Heidegger qui manque, faute de ressource et de temps. Un jour sûrement ^^.
D'ailleurs si tu as des pistes à ce sujet, ça m'intéresserait que tu développes.
La réception d'Héraclite par Nietzsche est développée dans le texte "La naissance de la philosophie à l'époque de la tragédie grecque", un texte contemporain de "La naissance de la tragédie", mais qui n'a pas été publié de son vivant.
Pierre Rivière- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 150
Date d'inscription : 24/09/2007
Re: Une présentation relationiste d'Héraclite
Ainsi que dans un paragraphe du Crépuscule des Idoles.
Et pour Hegel, c'est dans ses Leçons sur l'histoire de la philosophie
Pour Heidegger les sources sont plus nombreuses, à commencer par ses séminaires de 42-43 et 66-67.
En fait , je ne pensais pas tant aux références d'ouvrages qu'à des "pistes" de lecture, qu'à la réception/reprise/relève/altération/re-création.
Et pour Hegel, c'est dans ses Leçons sur l'histoire de la philosophie
Pour Heidegger les sources sont plus nombreuses, à commencer par ses séminaires de 42-43 et 66-67.
En fait , je ne pensais pas tant aux références d'ouvrages qu'à des "pistes" de lecture, qu'à la réception/reprise/relève/altération/re-création.
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L'effet dévore la cause, la fin en a absorbé le moyen.
Paul Valéry, Poésie et pensées abstraites
(cité par Herbert Marcuse, in L'homme unidimensionnel)
hks : On le sait bien, une fois que un tel est parti (faché) on se retrouve seuls comme des imbéciles.
Re: Une présentation relationiste d'Héraclite
La dimension écrite permet d’amener au présent par une trace, un témoignage indirect.
La littérature accorde à l’écriture une place prééminente. Dans une langue apprise d’un envahisseur y ayant édicté nos lois, il est remarquable que la culture latine ait pû donner un élan révolutionnaire et l’occasion pour Kant de faire exception à sa promenade quotidienne. Le chemin a ensuite été creusé dans une autre langue, plus didactique et plus orale, vers une nouvelle version culturelle européenne, qui a duré en philosophie jusqu’au Logos engoncé dans les étymologies, et plus précieux que précis (lorsque la langue tâtonne jusque dans les désignations communes), parmi les mots recomposés en vain. En France, notre accord tout acquis avec le témoignage écrit est étroit ce que l’allemand n’exprime pas en lui. L’allemand parle… et le français relève, difficilement, d’une adaptation textuelle. Je vois dans le dix-neuvième siècle allemand (qui doit tant à la lecture de Rousseau par Kant) la suite de la pensée. Rousseau domine donc l’expression qui le précède en son temps, parce que sa version naturelle et l’adoption de la subjectivité lui font inventer l’humanité, tandis que Candide finit le conte (et le siècle) en cultivant son jardin avec Pangloss. Il y a un français de Cours… de cours… La pensée avec Rousseau fait un saut dans le temps et l’espace. La trace écrite ne veut pas qu’on lui accorde tout : elle en laisse un peu pour le geste.
Je mentionnerais quand même le Dialogue de Diderot et d’Alembert, à quoi on ne penserait pas tout de suite : Diderot est un écrivain-maître, sachant éluder là où le lecteur ira creuser Cernons maintenant le hiatus entre deux anciens si souvent opposés :
- Héraclite, pour avoir enseigné la mobilité universelle de l’être, évoque pour nous le mouvement dialectique présenté par Hegel mais il ne sépare pas l’être du devenir. Avec Héraclite, le cosmos et le logos se rencontrent sur le trajet de l’être en devenir total. Les éléments y sont davantage qu’entités séparées : ce sont des aspects du Même qui manifeste l’Unité du Tout.
- Sur l’immobilisme universel, Parménide concède à la réalité convenue que l’homme et la femme peuvent être opposés : l’homme est, la femme est… et leur être n’est pas opposé : ils sont chacun dans leur individualité propre : l’être de Parménide est alors le monde du point de vue total. Hegel, sur le thème de l’individuation de la conscience de soi en spéculation détachée de l’ordre organique, dit tout-à-fait autant et plus dans la Phénoménologie.
Il n’est pas tant besoin de rendre Héraclite parlant que de lui faire prendre un peu l’air en dehors des archives. Cette poésie à peine émancipée des oracles de la prêtrise est dans Nietzsche, qui adopte une forme aphoristique où il a voulu, entre autre, se caractériser en proximité d’Héraclite. L’ancien n’est donc pas à chercher à la loupe, l’œuvre de Nietzsche, en kilogrammes, serait-elle plus engageante pour pareille recherche, que bien des sommes.
Heidegger, quant à lui, est dans la contradiction entre le dépassement Nietzschéen et la nécessité de (re)trouver un sol de raison qui ne serait pas aussitôt perte immédiate de tout fondement. C’est une pensée qui n’atteint d’ailleurs pas (prenons cette peine de le suivre et même de l’écouter) la Science ou science philosophique, ni, voire même, une philosophie quelconque discible. En effet, Heidegger et Nietzsche sont, oui, des penseurs. Si Heidegger poursuivait dans un premier temps un idéal scientifique de la pensée, qui aurait été la philosophie (ceci très nettement en relation à Hegel), il cherche ensuite l’être, puis dans un troisième temps, est confronté aux égarements de la volonté de puissance sous la forme technique. Les anciens grecs, Héraclite et Parménide ne se contredisent enfin qu’en apparence et s’il se trouve une issue philosophique, les penseurs (qui ont précédé la belle époque de la Déconstruction et du rayonnement français après 1968), la retiennent encore. Chez Heidegger, c’est la proximité avec Parménide qui est constante : n’était-il pas indispensable pour Heidegger de se démarquer de ses prestigieux devanciers, donc en cela, et par exemple ? Malgré cet apparent parti-pris "idéaliste", quand Heidegger, dans De l’Essence de la Vérité, alterne entre dévoilement et reflets variants de l’Aletheïa, il ne paraît pas départager l’immobilité (des aspects d’un volume) et le mouvement (j’ai osé évoquer Diderot à ce point, pour piste actualisant la lecture d’Héraclite). Enfin donc, la lecture de Heidegger m’a invité à relire patiemment la Phénoménologie de l’Esprit pour reconsidérer tout (encore et en attendant), alors que, je le sens bien, Heidegger aurait dissout la métaphysique de Kant dans un oasis où se baignent telle ou telle naïade enchaînant les figures. Cette conquête, j’avoue, n’est pas à mon palmarès.
La littérature accorde à l’écriture une place prééminente. Dans une langue apprise d’un envahisseur y ayant édicté nos lois, il est remarquable que la culture latine ait pû donner un élan révolutionnaire et l’occasion pour Kant de faire exception à sa promenade quotidienne. Le chemin a ensuite été creusé dans une autre langue, plus didactique et plus orale, vers une nouvelle version culturelle européenne, qui a duré en philosophie jusqu’au Logos engoncé dans les étymologies, et plus précieux que précis (lorsque la langue tâtonne jusque dans les désignations communes), parmi les mots recomposés en vain. En France, notre accord tout acquis avec le témoignage écrit est étroit ce que l’allemand n’exprime pas en lui. L’allemand parle… et le français relève, difficilement, d’une adaptation textuelle. Je vois dans le dix-neuvième siècle allemand (qui doit tant à la lecture de Rousseau par Kant) la suite de la pensée. Rousseau domine donc l’expression qui le précède en son temps, parce que sa version naturelle et l’adoption de la subjectivité lui font inventer l’humanité, tandis que Candide finit le conte (et le siècle) en cultivant son jardin avec Pangloss. Il y a un français de Cours… de cours… La pensée avec Rousseau fait un saut dans le temps et l’espace. La trace écrite ne veut pas qu’on lui accorde tout : elle en laisse un peu pour le geste.
Je mentionnerais quand même le Dialogue de Diderot et d’Alembert, à quoi on ne penserait pas tout de suite : Diderot est un écrivain-maître, sachant éluder là où le lecteur ira creuser Cernons maintenant le hiatus entre deux anciens si souvent opposés :
- Héraclite, pour avoir enseigné la mobilité universelle de l’être, évoque pour nous le mouvement dialectique présenté par Hegel mais il ne sépare pas l’être du devenir. Avec Héraclite, le cosmos et le logos se rencontrent sur le trajet de l’être en devenir total. Les éléments y sont davantage qu’entités séparées : ce sont des aspects du Même qui manifeste l’Unité du Tout.
- Sur l’immobilisme universel, Parménide concède à la réalité convenue que l’homme et la femme peuvent être opposés : l’homme est, la femme est… et leur être n’est pas opposé : ils sont chacun dans leur individualité propre : l’être de Parménide est alors le monde du point de vue total. Hegel, sur le thème de l’individuation de la conscience de soi en spéculation détachée de l’ordre organique, dit tout-à-fait autant et plus dans la Phénoménologie.
Il n’est pas tant besoin de rendre Héraclite parlant que de lui faire prendre un peu l’air en dehors des archives. Cette poésie à peine émancipée des oracles de la prêtrise est dans Nietzsche, qui adopte une forme aphoristique où il a voulu, entre autre, se caractériser en proximité d’Héraclite. L’ancien n’est donc pas à chercher à la loupe, l’œuvre de Nietzsche, en kilogrammes, serait-elle plus engageante pour pareille recherche, que bien des sommes.
Heidegger, quant à lui, est dans la contradiction entre le dépassement Nietzschéen et la nécessité de (re)trouver un sol de raison qui ne serait pas aussitôt perte immédiate de tout fondement. C’est une pensée qui n’atteint d’ailleurs pas (prenons cette peine de le suivre et même de l’écouter) la Science ou science philosophique, ni, voire même, une philosophie quelconque discible. En effet, Heidegger et Nietzsche sont, oui, des penseurs. Si Heidegger poursuivait dans un premier temps un idéal scientifique de la pensée, qui aurait été la philosophie (ceci très nettement en relation à Hegel), il cherche ensuite l’être, puis dans un troisième temps, est confronté aux égarements de la volonté de puissance sous la forme technique. Les anciens grecs, Héraclite et Parménide ne se contredisent enfin qu’en apparence et s’il se trouve une issue philosophique, les penseurs (qui ont précédé la belle époque de la Déconstruction et du rayonnement français après 1968), la retiennent encore. Chez Heidegger, c’est la proximité avec Parménide qui est constante : n’était-il pas indispensable pour Heidegger de se démarquer de ses prestigieux devanciers, donc en cela, et par exemple ? Malgré cet apparent parti-pris "idéaliste", quand Heidegger, dans De l’Essence de la Vérité, alterne entre dévoilement et reflets variants de l’Aletheïa, il ne paraît pas départager l’immobilité (des aspects d’un volume) et le mouvement (j’ai osé évoquer Diderot à ce point, pour piste actualisant la lecture d’Héraclite). Enfin donc, la lecture de Heidegger m’a invité à relire patiemment la Phénoménologie de l’Esprit pour reconsidérer tout (encore et en attendant), alors que, je le sens bien, Heidegger aurait dissout la métaphysique de Kant dans un oasis où se baignent telle ou telle naïade enchaînant les figures. Cette conquête, j’avoue, n’est pas à mon palmarès.
prgrokrouk- Digressi(f/ve)
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