Naturalisation de la pensée
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Naturalisation de la pensée
Comme je me penche sur la dynamique des variations dans la pensée, comme je m'interroge sur ce qui fait que je maintienne une pensée ou la rejette, l'aime ou la déteste, il me semble qu'une pensée déterminée ne varie ni n'est jeté sur elle le discrédit en vertu de sa légitimité ou de sa véracité scientifique, mais elle varie, ou n'est rejetée qu'en vertu de sa viabilité, laquelle viabilité est déterminée par les qualités et les dispositions intrinsèques de cette pensée déterminée. Une pensée, en effet, ne varie ni n'est rejetée par la réflexion pour des motifs de légitimité scientifique ou morale ou pour des motifs de véracité, mais pour sa capacité d'adaptation (ou son élan) : car elle est ou non disposée à composer avec son milieu naturel qui est la réflexion. En d'autres termes, il me semble qu'une pensée déterminée varie, s'adapte, vit et meurt au même titre que la pensée, laquelle est apte à s'exercer plus ou moins bien selon les moments et les lieux où elle se trouve, selon son âge, etc. En effet, il arrive que la pensée, qui est une faculté, une disposition, se trouve indisposée, bloquée, impuissante, ou au contraire en possession de ses propres moyens. La pensée réflexe et réfléchie (=la disposition) et une pensée déterminée se présenteraient, l'une comme l'autre, comme un organisme vivant. A peine j'ai formulé cette hypothèse ou cette impression, qui est une pensée en soi (selon laquelle une pensée déterminée n'est acceptée ou refusée par moi qu'en vertu de sa viabilité, et non en vertu de sa légitimité scientifique ou morale ou de sa véracité) qu'une crainte me gagne : et si cette pensée-ci était appelée à disparaître, si, pour une raison ou pour une autre, je supplantais la notion de légitimité scientifique à celle de viabilité, et qu'en mon fort intérieur je me disais à moi-même « cette pensée-ci est vraie, scientifiquement et absolument vraie, non parce qu'elle est viable mais parce qu'elle répond aux critères de la vérité (lesquels je ne connais pas et que mes goûts ne me motivent pas à chercher) » alors qu'adviendrait-il de ma démarche même qui consiste à « naturaliser » la pensée réfléchie et ses pensées ? Pour être honnête, je préfère ne pas y penser (sic). L'odeur âcre de cette pensée qui s'approche me rebute déjà, et je dirai que peut-être c'est que ce contre-argument n'est pas viable et ne saurait rester plus longtemps dans ma propre pensée qui est comme un milieu naturel hostile pour elle. Peut-être aussi l'idée selon laquelle telle idée, telle notion ou tel concept se maintient uniquement en vertu de sa véracité ou de sa légitimité peut-elle trouver écho et foyer dans ton esprit, lecteur – elle trouve, dans le mien, ce qui est un enfer pour elle.
Mon esprit réfléchi, maintenant, revient à ma pensée selon laquelle une idée n'est accréditée ou discréditée par moi qu'en vertu de sa viabilité, et surtout pas parce qu'elle serait plus légitime ou véridique qu'une idée qui lui serait contradictoire. De fait, comme une autre pensée, en moi, surgit : il me semble que si une pensée ne « survit » en son milieu naturel qui est la pensée réflexe et réfléchie qu'en vertu de sa viabilité, alors il y a, dans une pensée viable déterminée, c'est-à-dire dans une pensée que l'esprit réflexe et réfléchi n'a pas encore rejetée, quelques vérités sur l'esprit qui l'a non seulement sélectionnée pour survivre – parce que la pensée déterminée y était disposée – mais aussi motivée, crée, ou « faite surgir ». Voici une illustration de ce « principe », laquelle est une analogie avec la biologie : que tel organisme soit capable de subsister dans quelque milieu naturel en absorbant une quantité d'eau déterminée nous informe que, s'il survit, le milieu naturel dans lequel il vit contient au moins cette quantité d'eau et probablement plus. Vu sous un autre angle, le fait que nous sachions qu'un milieu naturel déterminé ne soit composé que de 2% d'eau nous informe que tout organisme vivant qui y survit est disposé à survivre en n'absorbant pas plus que cette quantité d'eau. De la même manière, donc, si une pensée n'est accréditée ou discréditée par moi ne l'est que parce que, dans son milieu qui est ma pensée réflexe et réfléchie (ou ma réflexion), elle est viable, alors si je sais quelque chose, ou bien sur ma pensée déterminée (=organisme vivant) ou bien sur ma pensée réflexe et réfléchie (=milieu naturel) je puisse savoir du même coup une vérité sur l'autre.
Mon esprit réfléchi, maintenant, revient à ma pensée selon laquelle une idée n'est accréditée ou discréditée par moi qu'en vertu de sa viabilité, et surtout pas parce qu'elle serait plus légitime ou véridique qu'une idée qui lui serait contradictoire. De fait, comme une autre pensée, en moi, surgit : il me semble que si une pensée ne « survit » en son milieu naturel qui est la pensée réflexe et réfléchie qu'en vertu de sa viabilité, alors il y a, dans une pensée viable déterminée, c'est-à-dire dans une pensée que l'esprit réflexe et réfléchi n'a pas encore rejetée, quelques vérités sur l'esprit qui l'a non seulement sélectionnée pour survivre – parce que la pensée déterminée y était disposée – mais aussi motivée, crée, ou « faite surgir ». Voici une illustration de ce « principe », laquelle est une analogie avec la biologie : que tel organisme soit capable de subsister dans quelque milieu naturel en absorbant une quantité d'eau déterminée nous informe que, s'il survit, le milieu naturel dans lequel il vit contient au moins cette quantité d'eau et probablement plus. Vu sous un autre angle, le fait que nous sachions qu'un milieu naturel déterminé ne soit composé que de 2% d'eau nous informe que tout organisme vivant qui y survit est disposé à survivre en n'absorbant pas plus que cette quantité d'eau. De la même manière, donc, si une pensée n'est accréditée ou discréditée par moi ne l'est que parce que, dans son milieu qui est ma pensée réflexe et réfléchie (ou ma réflexion), elle est viable, alors si je sais quelque chose, ou bien sur ma pensée déterminée (=organisme vivant) ou bien sur ma pensée réflexe et réfléchie (=milieu naturel) je puisse savoir du même coup une vérité sur l'autre.
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L'homme ordinaire est exigeant avec les autres.
L'homme exceptionnel est exigeant avec lui-même.
Marc-Aurèle
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