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Kierkegaard, Ou bien... ou bien...

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Message par Bergame Ven 27 Fév 2009 - 14:28

Récupéré de Philautarchie



Introduction à L'Alternative (Ou bien... Ou bien...)



Première partie : Le stade esthétique


1- L'ouvrage et ses parties

L'alternative (Ou bien... Ou bien...) est une oeuvre pseudonyme. En effet, Kierkegaard, empruntant un pseudonyme, se fait passer pour un prêtre qui a découvert, de façon absolument fortuite, des manuscrits. Ces manuscrits traitent, dit le pseudonyme, de deux conceptions :
- Celle du stade esthétique.
- Celle du stade éthique.

Il distingue alors l'auteur A, du stade esthétique, de l'auteur B, du stade éthique. L'auteur B répondrait, selon ses dires, à l'auteur A : il se hasarderait à convaincre l'auteur A du bien-fondé du stade éthique.
Ce que ne nous dit pas le pseudonyme, en revanche, c'est qu'il y a un troisième auteur : c'est l'auteur du fameux Journal du Séducteur. Là ou l'auteur A est un esthéticien désespéré, Ami du chagrin dit-il, l'auteur du Journal du Séducteur est un esthéticien plutôt enjoué. Là ou A est spontané, l'auteur du Journal du Séducteur est parfois plus réfléchi.
Enfin, petite anecdote : Sören a publié le Journal du Séducteur dans le but de dégouter Régine Olsen de lui-même, de la déculpabiliser et de la libérer. Ce qui d'ailleurs réussira en un sens plutôt malheureux puisqu'elle en épousera un autre.


2- De Diapsalmata au Journal du Séducteur

La première partie de L'Alternative traite du stade esthétique. Elle est composées des divers essais que voici :
- Diapsalamata
- Les Etapes Erotiques Spontanées ou l'érotisme musical
- Le Reflet du Tragique Ancien sur le Tragique Moderne
- Tracées d'Ombre
- Le Plus Malheureux
- Les Premières Amours
- L'Assolement
- Le Journal du Séducteur


3- Le stade esthétique

L'individu peut être catactérisé par :
- Son rapport au monde.
- Son rapport au temps.
- Son rapport à l'existence.
Et les rapports de l'individu sont caractéristiques du stade dans lequel il se trouve. Par exemple et pour simplifier, dans le stade esthétique, l'individu n'est en rapport qu'à lui-même, comme un égoïste ; dans le stade éthique, il est en rapport à la société, comme un homme d'État ; dans le stade religieux, il est en rapport à Dieu.

La première partie de L'Alternative (Ou bien... Ou bien...) traite du stade esthétique et c'est par là que je vais commencer l'introduction.

a) Son rapport au monde

Celui qui se trouve dans le stade esthétique, c'est un esthéticien. Si le religieux est en rapport à Dieu, si l'éthicien (celui du stade éthique) est en rapport à la société, l'esthéticien, lui, n'est en rapport qu'à lui-même. C'est en un sens un égoïste cloîtré qui jouit de sa liberté et de son individualité. Il ne dépend de personne : ni ami, ni mariage.
Pour l'esthéticien, l'amitié est dangereuse car elle le prive de sa liberté et annule son individualité. En effet, s'il a un ami, il n'agira plus comme s'il était seul, il devra le consulter, il devra se donner, partager de sa personne. En donnant son coeur à un ami, l'individu perd de son individualité, de sa liberté, et cea ne convient pas à l'esthéticien. Mais si l'amitié est dangereuse, le mariage, loi morale, législation éthique, est pire encore pour lui parce que le mariage est une marque du stade éthique.
On est ou bien dans un stade, ou bien dans l'autre : c'est l'alternative. Si l'individu entre dans le mariage, il entre du même coup dans le stade éthique et il n'est plus un esthéticien ; il entre en rapport avec la société, et il n'est plus en rapport seulement qu'à lui-même ; il obéit à des lois sociales et non plus seulement à ses propres lois, etc.

b) Son rapport au temps

L'esthéticien vit essentiellement dans le présent. Chez lui prédomine le principe de plaisir, de jouissance de l'instant. Il représente l'immédiateté : c'est une figure de spontanéité. Sans passé, sans avenir, plongé dans le présent, il n'a pas d'histoire, pas de continuité.
Il tente de satisfaire chacun de ses désirs acérés comme Faust se hasarde à satifaire son insatiable soif de connaissance. L'esthéticien est dans une tentative de combler le rien qu'il est. Et ça, il le fait par la jouissance : sensualité, connaissance, etc. il court toujours après l'une de ces chimères. Toujours elle est éphémère et quand elle lui échappe, voilà qu'il en cherche à nouveau. Avec le savoir augmente le doute (Cf. le Faust de Goethe), avec la satisfaction du désir augmente le désir, et il n'a jamais terminé : toujours en mouvement, toujours à consommer, à jouir. La jouissance, c'est la clé de voûte du stade esthétique.
Spontané, présent, l'esthéticien est étranger à la réflexion : il nous apparaît un peu comme une jeune fille innocente, non-réalisée.

c) Son rapport à l'existence

L'individu qui est dans le stade esthétique (vivant dans le présent, étant en rapport à lui seul) ne choisit pas. C'est ainsi qu'il est libre : Pour lui, tout est toujours possible puisque rien n'est jamais réalisé. Évitant de choisir, l'esthéticien ne choisit pas à être [lui-même]. Et ne choisissant pas à être, la vie choisit pour lui et il passe à côté de l'existence. Il est comme « hors de l'existence ».
L'esthéticien ne peut pas se représenter l'existence puisqu'il ne choisit pas à être. Il ne s'inscrit pas dans l'existence. Le stade esthétique, comme absence de choix, est seulement une possibilité d'existence. Exister, c'est être soi et il faut le choisir. Exister, c'est encore être jeté dans le monde. Hors, l'esthéticien, comme un égoïste, presque comme un solipsiste, ne voit rien d'autre que lui-même. Pour lui l'altérité n'existe pas.

L'individu est un paradoxe que seul Dieu peut guérir (cf. Traité du Désespoir) mais l'esthéticien, lui, est indifférent à sa condition puisqu'il est hors de l'existence. "Mariez-vous, vous le regretterez ; ne vous mariez pas, vous le regretterez aussi" (Diapsalmata). Dans le stade esthétique, l'opposition des contraires (le paradoxe) disparaît dans l'indifférence.

Deux figures d'esthéticiens : Don Giovanni le séducteur enjoué, et Ahasverus le juif errant, le désespéré, le plus malheureux.
Don Giovanni est l'absolument esthéticien : C'est lui, le séducteur extensif, le séducteur spontané. C'est lui qui disparaît comme disparaît la musique quand on cesse de la jouer, c'est lui qui représente l'instant. C'est lui qui désire et qui jouit, c'est lui qui n'a pas d'attache, pas de morale, pas d'amitié, pas de mariage. C'est lui qui n'est pas dans la réflexion.

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