Conseil de Lecture.

[Kercos]

Découverte inopinée ...et radicale :  Jean Loup Trassard / L' ANCOLIE..Récits.
Paysan, photographe...énervant sur le détail et l'écriture de type Aï Ku empilés ..tres poétique.
Il ne faut pas rater "Un miroir des ornières" sur les chemins parfois creux et "d'un fût gélif" listing complet du sabotier et de ses gestes, exaspérant de précision, de complétude ...Je n'aurais pas choisi cet extrait, mais ca semble le seul disponible:
"""Depuis quelques années déjà l’on disait qu’il n’y avait plus de saisons. Une fois encore, dès juillet, après un printemps plutôt sec, l’été s’était pourri. Nombreux ceux qui toussaient, cela traînait sans s’aggraver, sans jamais cesser. Les grippes se répandaient. C’est que même si au matin le temps était clair, en chauffant le soleil faisait monter une buée qui finissait par éponger une part de la lumière. Et certains jours, près des étangs surtout, la brume était là dans l’aube.
Les fermiers ne quittaient pas leurs sabots mais ils en avaient des blessures. Les dernières cerises noires moisissaient sur les branches, un jus violet tombait dans l’herbe et les échelles se balançaient oubliées contre les arbres. Moite, voilà le temps. Ainsi pouvait-elle bien se promener nue ou presque sans risquer d’avoir vraiment froid.
""""
Souvent il faut relire une phrase pour en comprendre le sens, les mots sont connus mais leur place dans la phrase rend perplexe. Le texte Renaissance des dehors et des dedans d'une forêt, est constitué de deux textes, l'un occupant les pages paires, l'autre les pages impaires. D'ailleurs les nouvelles les plus complexes à lire sont placées au début de l'ouvrage, comme pour décourager les impatients, ceux qui veulent du sens immédiatement. Se lancer dans la lecture de L'ancolie c'est prendre un risque, celui d'être déçu et d'abandonner très vite, ou bien d'atteindre des zones peut fréquentées de la littérature et d'y trouver une beauté absolue. La beauté à toujours un prix, ce sera celui de l'effort que vous voudrez lui consentir.

« Dans le jardin traversé la couche de neige avait beau être somptueuse, de façon évidente les formes en dessous l'apprivoisaient, allées, bassins, grillages et petits escaliers. Le portail près du pavillon n'avait pas grincé, ou du moins pas avec le même ton qu'à l'accoutumée, et la route perdait toute limite par rapport à ses bas-côtés, mais les restes obstinés d'un charroi y étaient inscrits. »

[Omer Desseres]

l'écriture de type Aï Ku

Pour mémoire :

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Avant le silence - Haïkus d'une année

Un bien étrange recueil que ce livre.

Il s'agit plutôt d'un journal. Celui de l'année qui précède le décès d'un être aimé. La Vie en haïkus y est notée jour après jour. Ce recueil nous montre la richesse des procédés de l'écriture minimaliste.

La composition et le style particulier me pousse à le recommander. Parce que c'est un exemple rare de journal en «haïkus».

L'auteur note très souvent les instants sous la forme d'un terme anglo-saxon - the commission list - désignant trois segments indépendants d'une ligne, sans relations entre eux.

Le haïku est une technique utilisée par les Japonais de l'époque Heian pour produire une «image» à partir d'éléments juxtaposés.

On peut le voir dans le «Livre de Chevet» de Sei Shonagon (965 - 1013).

Cette structure minimaliste produit son effet parce que les trois éléments possèdent des sèmes communs permettant leur mise en relation. Lorsque le haïku est réussi, sa remarquable synergie s'y révèle.


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Avant le silence - Haïkus d'une année

de Michel Onfray, qui l'a écrit dans la salle d'attente d'un hôpital pendant que sa femme y était traitée par rayonnement ou chimie.

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