Le culte est-il une affaire privée?
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Le culte est-il une affaire privée?
Le culte est-il une affaire privée ?
La propagande islamophobe répète que la religion est une affaire privée pour justifier la restriction légale de l’expression religieuse des musulmans en public. Comment réfuter ce sophisme pernicieux, cette logique de l’exclusion ? Rappelons d’abord le principe régulateur des libertés dans un Etat libéral : celles-ci ne doivent pas troubler l’ordre public. Il est par exemple interdit d’être ivre sur la voie publique, parce que l’ivresse est dangereuse pour les autres. Cela peut-il s’appliquer à l’expression religieuse et plus spécifiquement au port du voile, qui est visé par les lois françaises ? Non, la tenue vestimentaire, tant qu’elle est décente, ne trouble pas l’ordre public. En revanche, voter des lois humiliantes et stigmatisantes comme la loi interdisant le niqab et la burqa, trouble la société en marginalisant les musulmanes et en attisant la haine populaire contre les musulmans.
Ensuite, interdire l’expression religieuse en public, c’est l’interdire tout court, car l’expression est publique par définition. Seuls le gouvernement et les fonctionnaires sont assujettis au devoir de réserve, qui leur interdit d’exprimer ou d’afficher leurs opinions religieuses. Ce principe évite les antagonismes entre l’Etat et les minorités religieuses. Mais rien ne justifie en démocratie l’interdiction de l’expression religieuse, si ce n’est une peur irrationnelle de la religion et de la différence.
Pour justifier la loi contre le niqab et la burqa auprès du Conseil européen (qui a ratifié la loi), le gouvernement français a affirmé que ces voiles bloquaient la communication. D’abord, c’est faux. On dialogue très bien à travers un voile. Ensuite, aucune loi n’oblige les gens à parler ou à être disposés à communiquer et à entretenir le lien social. On a le droit de se taire et de rester discret. Ce qui en vérité angoisse l’Etat français est que la musulmane soit secrète et garde en public une pudeur inouïe qui la soutire au regard de l’homme. C’est justement le but du voile de soustraire la femme à l’emprise du regard masculin. En contraignant légalement ces femmes à se dévoiler, l’Etat viole leur intimité et leur religion. On considère que les lois contre le voile islamique sont féministes, alors qu’elles sont en fait machistes et coloniales.
Le voile islamique est fait pour être porté en public. Si une loi interdit son port en public, elle l’interdit complètement. Cela n’a aucun sens de demander aux gens d’être religieux uniquement chez eux, puisque la religion définit le comportement social. C’est comme si l’on demandait aux gens d’être aimables et polis seulement chez eux ! La religion est une doctrine accompagnée d’une morale et d’une éthique (la morale définit les devoirs universels, par exemple ne pas tuer, alors que l’éthique définit les devoirs particuliers, par exemple le port du voile pour les musulmanes). Elle est donc aussi sociale que spirituelle et doctrinale.
Par ailleurs, l’identité religieuse fait partie de l’identité personnelle. On ne peut pas demander aux gens de cesser d’être eux-mêmes en public, d’abandonner leur religion parce qu’ils sont dehors. On laisse son pyjama chez soi, mais on ne peut pas y laisser sa religion. On ne demande pas aux athées de cacher leurs opinions ou de faire semblant d’être religieux en public. Chacun est libre de s’exprimer tant que cette expression ne contrevient pas au droit commun.
Lorsque l’éthique religieuse contredit des règles ou des habitudes sociales, il faut tempérer et trouver un compromis ou bien débattre avec les personnes concernées et trancher à l’unanimité. Par exemple, une musulmane peut demander à ne se dévoiler que devant une femme pour ses démarches administratives ou ses rapports avec la police. La tendance actuelle est d’imposer brutalement les coutumes nationales aux musulmans (y compris le porc !) Mais lorsque la politique opprime le peuple ou une minorité, l’Etat n’est plus libéral ni démocratique.
Pour bannir le voile islamique, les laïcards veulent que le visage soit public. Or notre visage nous appartient et nous n’avons pas l’obligation de le montrer. Par exemple, dévisager quelqu’un est impoli parce que le visage est intime. On ne peut pas fixer quelqu’un ni le photographier sans son accord. Le visage n’appartient donc pas au domaine public. Chacun dispose entièrement de son corps. Nous vivons dans la société de la transparence et de l’exhibition, à laquelle s’oppose l’éthique musulmane. Au lieu de condamner l’islam, il serait plus intelligent de s’en inspirer pour critiquer la société contemporaine.
Enfin, l’expression religieuse doit être publique pour intégrer le paysage national. La diversité est une richesse (et non une faiblesse, comme le pensent les nationalistes). Par exemple, le niqab est une tenue sublime, dont émane une sorte d’érotisme sacré. La France n’est-elle pas la norme du goût et la reine de la mode ? Et elle interdit le niqab ! Quittons la France ou changeons la mode (et la loi par la même occasion) !
Kokof- Digressi(f/ve)
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Re: Le culte est-il une affaire privée?
kokof a écrit:Le voile islamique est fait pour être porté en public.
Tout à fait, c'est un signe ostentatoire d'appartenance religieuse.
On est libre en France d'exprimer un avis personnel sur l'ostentation ou mise en valeur excessive et indiscrète d'un avantage.
Nous vivons dans la société de la transparence et de l’exhibition, à laquelle s’oppose l’éthique musulmane.
En l'occurrence, voir de quel côté se situe l’exhibition.
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Le culte est-il une affaire privée?
Je ne suis pas sûr d'apprécier vos sous-entendus. Je défends les musulmans, pas le racisme national qui veut les acculturer de force.
Kokof- Digressi(f/ve)
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Re: Le culte est-il une affaire privée?
La loi en l'état (telle qu'elle est actuellement) ne relève pas d'un racisme voulant acculturer de force.kokof a écrit:Je défends les musulmans, pas le racisme national qui veut les acculturer de force.
On ne peut pas demander aux gens de cesser d’être eux-mêmes en public, d’abandonner leur religion parce qu’ils sont dehors.
Certainement.
On peut néanmoins leur suggérer de s’élever au dessus des affaires de chiffons, à tout le moins de ne les tenir que pour ce qu'elles sont, c'est à dire des affaires de chiffons.
L'obligation faite aux femmes d'afficher une tenue vestimentaire spécifiée n'est-ce pas restreindre d’office leur capacité de jugement à la sphère de l’artifice (artificiel)?
Si les hommes musulmans ne défendent pas les femmes musulmanes, qui le fera ?
Et quand elles le font elle mêmes qui les soutiendra ?
Je pense à ces iraniennes: Hengameh Shahidi, à Nasrin Sotoudeh...et à toutes les autres protestataires.
Ce sont elles que nous devons défendre.
Nous devons nous associer à leur lutte contre des injonctions conservatrices liberticides.
.............
PS:
1) L'emploie du mot "racisme" est tout à fait inapproprié.
2) Ta distinction entre "morale" et "éthique" est très discutable.
Nos prêtres catholiques se sont-ils un jour demandés si le port de la soutane était plus "éthique" que le port du pantalon ?
Le port du "gilet jaune" comme éthique ?
Pourrais- tu préciser: vis- tu quotidiennement dans un espace majoritairement musulman ?
Dernière édition par hks le Mar 18 Juin 2019 - 1:07, édité 3 fois
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Le culte est-il une affaire privée?
A Kokof,
je serai le dernier, ici ou ailleurs, à attaquer l'Islam parce que Religion. Toutefois je dois avouer que de mon point de vue, l'islam en France est inconséquent: le Parti musulman ne fait pas 1% aux européennes, ce qui montre bien qu'il n'y a pas, à proprement parler, de communauté musulmane en France, ce qu'il y a c'est une catégorie; c'est pourquoi on peut à loisir s'en prendre sans vergogne à l'islam de France. Au reste, si ceux qui arrivent encore se disent musulmans ils devraient être un peu plus conséquents en n'émigrant pas vers des pays dont le mode de vie entre en contradiction forte avec leur Religion.
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maraud- Digressi(f/ve)
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Re: Le culte est-il une affaire privée?
Maraud,
La France est normalement un pays libre, il est donc normal que les gens y émigrent pour fuir la guerre et la dictature. Les réactions racistes à leur culture et à leur origine n'est pas leur faute.
La France est normalement un pays libre, il est donc normal que les gens y émigrent pour fuir la guerre et la dictature. Les réactions racistes à leur culture et à leur origine n'est pas leur faute.
Kokof- Digressi(f/ve)
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Re: Le culte est-il une affaire privée?
hks a écrit:La loi en l'état (telle qu'elle est actuellement) ne relève pas d'un racisme voulant acculturer de force.kokof a écrit:Je défends les musulmans, pas le racisme national qui veut les acculturer de force.
Faux. C'est exactement comme je le dis. Le nationalisme et le racisme augmentent en France. Les lois contre l'islam en France sont injustes et perverses.
Kokof- Digressi(f/ve)
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Re: Le culte est-il une affaire privée?
hks a écrit:2) Ta distinction entre "morale" et "éthique" est très discutable.
Nos prêtres catholique se sont- ils un jour demandés si le port de la soutane était plus "éthique" que le port du pantalon ?
Le port du "gilet jaune" comme éthique ?
Bien sûr on peut en discuter. La philosophie est faite pour ça. Pour répondre à votre objection, je pense en effet qu'une tenue religieuse est d'ordre éthique (c'est un choix éthique, alors que porter un pantalon est une simple nécessité). L'éthique définit notre mode de vie, la morale notre mode de pensée.
Kokof- Digressi(f/ve)
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Re: Le culte est-il une affaire privée?
Je ne fais pas de différence entre "moral" et "éthique. Le mot" éthique ", issu du grec, renvoyait autrefois aux mœurs, mais le sens de éthique a été de plus en plus associé à "moral" et tend d’ailleurs à le remplacer .
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Le culte est-il une affaire privée?
L'éthique a plusieurs sens :
- philosophie pratique individuelle (par exemple l'éthique épicurienne)
- déontologie
- application pratique de la morale (par exemple, l'éthique contemporaine défend l'avortement, bien que l'avortement soit immoral selon la morale classique)
- philosophie pratique individuelle (par exemple l'éthique épicurienne)
- déontologie
- application pratique de la morale (par exemple, l'éthique contemporaine défend l'avortement, bien que l'avortement soit immoral selon la morale classique)
Kokof- Digressi(f/ve)
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Re: Le culte est-il une affaire privée?
Je ne sais pas pourquoi tu es tellement péremptoire, d'une manière générale, dans tes assertions. Non, cela n'a pas "aucun sens". Ca a du sens, en France, en Europe, en Occident, dans des régions du monde où la sécularisation de la société a progressé jusqu'au point où, effectivement, le culte est devenu affaire privée.Kokoff a écrit:Cela n’a aucun sens de demander aux gens d’être religieux uniquement chez eux, puisque la religion définit le comportement social.
Et c'est précisément le fait que le culte soit une affaire privée et que l'espace public soit "neutralisé" religieusement qui permet la tolérance. Il faut manifestement te rappeler encore une fois que dans les pays musulmans, où cette distinction entre sphère privée et sphère publique est bien moins évidente, la tolérance à l'égard des autres religions est bien davantage sujette à caution.
Mais disons aussi que si la laïcité a pu s'imposer dans les pays de culture chrétienne, c'est peut-être entre autres parce que cette division entre les sphères privée et publique fait partie de l'enseignement du Christ, lui qui a déclaré : "Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu." Un enseignement à l'opposé de celui d'un Muhammad, prophète et chef de guerre.
D'une certaine manière, on peut donc considérer qu'il est un peu injuste, en effet, d'exiger des populations musulmanes qu'elles respectent des principes qui vont à l'encontre des préconisations éthiques de la doctrine à laquelle elles adhèrent. Mais ne serait-il pas encore plus injuste de demander à la population accueillante de faire évoluer ses propres principes éthiques pour les mettre en conformité avec ceux de la population qui est accueillie ?
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Re: Le culte est-il une affaire privée?
Bergame a écrit:Je ne sais pas pourquoi tu es tellement péremptoire, d'une manière générale, dans tes assertions. Non, cela n'a pas "aucun sens". Ca a du sens, en France, en Europe, en Occident, dans des régions du monde où la sécularisation de la société a progressé jusqu'au point où, effectivement, le culte est devenu affaire privée.Kokoff a écrit:Cela n’a aucun sens de demander aux gens d’être religieux uniquement chez eux, puisque la religion définit le comportement social.
Et c'est précisément le fait que le culte soit une affaire privée et que l'espace public soit "neutralisé" religieusement qui permet la tolérance. Il faut manifestement te rappeler encore une fois que dans les pays musulmans, où cette distinction entre sphère privée et sphère publique est bien moins évidente, la tolérance à l'égard des autres religions est bien davantage sujette à caution.
Mais disons aussi que si la laïcité a pu s'imposer dans les pays de culture chrétienne, c'est peut-être entre autres parce que cette division entre les sphères privée et publique fait partie de l'enseignement du Christ, lui qui a déclaré : "Rendez à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu." Un enseignement à l'opposé de celui d'un Muhammad, prophète et chef de guerre.
D'une certaine manière, on peut donc considérer qu'il est un peu injuste, en effet, d'exiger des populations musulmanes qu'elles respectent des principes qui vont à l'encontre des préconisations éthiques de la doctrine à laquelle elles adhèrent. Mais ne serait-il pas encore plus injuste de demander à la population accueillante de faire évoluer ses propres principes éthiques pour les mettre en conformité avec ceux de la population qui est accueillie ?
D'abord, les musulmans respectent la loi, donc on devrait les respecter. Ensuite, nos principes constitutionnels protègent normalement les minorités religieuses. C'est nous qui nous contredisons en étant libéraux en droit, mais racistes en fait.
Kokof- Digressi(f/ve)
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Re: Le culte est-il une affaire privée?
Tu ne parlais pas de loi, dans ton "essai", tu parlais d'éthique. Tu demandais en somme : Si le port du niqab réfère aux principes éthiques de la communauté musulmane, pourquoi ne devrions-nous pas les respecter ? Je te demande à mon tour : Et si le port du niqab contrevient aux principes éthiques de la société française, pourquoi les musulmans ne devraient-ils pas respecter ces derniers ? N'est-ce pas à celui qui est accueilli de respecter les principes éthiques de celui qui accueille ?
La question me semble simple.
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Bergame- Persona
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Re: Le culte est-il une affaire privée?
Parce que l'éthique n'est pas la loi, surtout dans une démocratie. Par exemple, les Français boivent et fument, mais les autres Français ne sont pas obligés de faire comme eux. Imposer un mode de vie ou éthique aux autres, c'est de l'oppression politique.
Kokof- Digressi(f/ve)
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Re: Le culte est-il une affaire privée?
Est-ce que tu veux dire que les pays musulmans, où l'alcool est interdit et où les femmes doivent s'habiller de manière à protéger leur pudeur par exemple, sont politiquement oppressifs ?
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Re: Le culte est-il une affaire privée?
Ordonner la pudeur et la sobriété en public semble normal. En France aussi il y a des lois sur la décence et interdisant l'état d'ivresse en public, elles sont seulement moins strictes. Ce qui est oppressif ou raciste est de persécuter une minorité innocente par pure haine.
Kokof- Digressi(f/ve)
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Re: Le culte est-il une affaire privée?
La question :
Et la réponse, voilée (sans mauvais jeu de mot):
Montre toute l'étendue du dialogue de sourd.
Bergame, je te répondrai ceci. (1) On ne peut dire d'une personne de confession musulmane qu'elle est accueillie en France puisque, dans bien des cas, cette religion n'est autre que celle d'un... Français ! Souvent même depuis plusieurs générations. (2) La liberté de culte étant garantie, fort heureusement, rien ni personne ne peut interdire quiconque, en rue, de sortir porteur d'une grande pancarte qui affirme son orientation religieuse. Je suis libre de me trimballer à Paris ou à Bruxelles en soutane-slaches ou en Djellaba-slaches. (3) L'éthique, (ou la morale car je conteste moi aussi le distinguo de Kokof) ne peut être dissociée de la Loi. La loi incorpore nécessairement l'éthique -- la mor… Ah, vous aviez compris? -- elle l'incorpore mécaniquement car aucune loi ne peut être dite neutre, reflet fidèle de l'arbitraire du choix de ses rédacteurs, jusqu'à son vote. (4) La loi est suffisamment claire : elle prime sur toute autre considération qu'elle-même. En Belgique, par exemple, il est interdit de se promener sur l'espace public visage caché. Conclusion simple : quelle que soit la religion, les burqa/nikab sont interdits. Simple et efficace.
Là où porte le débat éthique, par contre, c'est lors de l'élaboration, l'abrogation ou la modification de nouvelles lois. Doit-on généraliser le Hallal à l'école? Doit-on créer des piscines pour femmes, des consultations médicales pour hommes, etc... Là, on entre en plein dans l'éthique. Ma réponse : tout doit être mis en œuvre pour pérenniser la sécularisation de la société. Quelle que soit la religion incriminée. Pas question donc de généraliser quoi que ce soit au nom d'une religion. Mais ce choix, mon choix, vaut bien le leur… C'est là tout le malheur. Une éthique pour une autre.
Kokof, je te répondrai cela. (1) par définition une loi est oppressive. Bien des choses me sont interdites, alors que je voudrais ardemment les mettre en œuvre. L'oppression de la société envers les musulmans n'est pas plus étroite que celle faite aux fumeurs (que je ne suis pas), aux naturistes convaincus (que je ne suis pas) ou aux adeptes de religions spaghettis (Pastafarisme, que je suis complètement). (2) la religion n'est pas une race. L'idée même de race est scientifiquement très controversée. (3) L'usage des termes "persécution" et "haine" montre quand même que, quelque part, la force de l'emprise religieuse sur certains de ses adeptes dépasse de loin celle que devrait avoir la loi actuelle. Ce qui fait craindre, à juste titre, aux tenants d'une sécularisation sécurisée de la société que (4) les futures lois soient éthiquement influencées par une religion dont la plupart des gens n'ont que faire.
Mes propos valent pour l'ensemble des choses religieuses.
Bergame a écrit: Je te demande à mon tour : Et si le port du niqab contrevient aux principes éthiques de la société française, pourquoi les musulmans ne devraient-ils pas respecter ces derniers ? N'est-ce pas à celui qui est accueilli de respecter les principes éthiques de celui qui accueille ?
La question me semble simple.
Et la réponse, voilée (sans mauvais jeu de mot):
Kokof a écrit: Ce qui est oppressif ou raciste est de persécuter une minorité innocente par pure haine.
Montre toute l'étendue du dialogue de sourd.
Bergame, je te répondrai ceci. (1) On ne peut dire d'une personne de confession musulmane qu'elle est accueillie en France puisque, dans bien des cas, cette religion n'est autre que celle d'un... Français ! Souvent même depuis plusieurs générations. (2) La liberté de culte étant garantie, fort heureusement, rien ni personne ne peut interdire quiconque, en rue, de sortir porteur d'une grande pancarte qui affirme son orientation religieuse. Je suis libre de me trimballer à Paris ou à Bruxelles en soutane-slaches ou en Djellaba-slaches. (3) L'éthique, (ou la morale car je conteste moi aussi le distinguo de Kokof) ne peut être dissociée de la Loi. La loi incorpore nécessairement l'éthique -- la mor… Ah, vous aviez compris? -- elle l'incorpore mécaniquement car aucune loi ne peut être dite neutre, reflet fidèle de l'arbitraire du choix de ses rédacteurs, jusqu'à son vote. (4) La loi est suffisamment claire : elle prime sur toute autre considération qu'elle-même. En Belgique, par exemple, il est interdit de se promener sur l'espace public visage caché. Conclusion simple : quelle que soit la religion, les burqa/nikab sont interdits. Simple et efficace.
Là où porte le débat éthique, par contre, c'est lors de l'élaboration, l'abrogation ou la modification de nouvelles lois. Doit-on généraliser le Hallal à l'école? Doit-on créer des piscines pour femmes, des consultations médicales pour hommes, etc... Là, on entre en plein dans l'éthique. Ma réponse : tout doit être mis en œuvre pour pérenniser la sécularisation de la société. Quelle que soit la religion incriminée. Pas question donc de généraliser quoi que ce soit au nom d'une religion. Mais ce choix, mon choix, vaut bien le leur… C'est là tout le malheur. Une éthique pour une autre.
Kokof, je te répondrai cela. (1) par définition une loi est oppressive. Bien des choses me sont interdites, alors que je voudrais ardemment les mettre en œuvre. L'oppression de la société envers les musulmans n'est pas plus étroite que celle faite aux fumeurs (que je ne suis pas), aux naturistes convaincus (que je ne suis pas) ou aux adeptes de religions spaghettis (Pastafarisme, que je suis complètement). (2) la religion n'est pas une race. L'idée même de race est scientifiquement très controversée. (3) L'usage des termes "persécution" et "haine" montre quand même que, quelque part, la force de l'emprise religieuse sur certains de ses adeptes dépasse de loin celle que devrait avoir la loi actuelle. Ce qui fait craindre, à juste titre, aux tenants d'une sécularisation sécurisée de la société que (4) les futures lois soient éthiquement influencées par une religion dont la plupart des gens n'ont que faire.
Mes propos valent pour l'ensemble des choses religieuses.
Crosswind- Digressi(f/ve)
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Re: Le culte est-il une affaire privée?
Admettons, mais tu ne réponds pas sur le voile des femmes -qui était pourtant ton point de départ. N'est-ce pas la société musulmane qui impose aux femmes de porter le niqab ou un autre vêtement qui camoufle leur corps voire masque leur visage ? Pourtant, rien ne dit qu'au moins certaines d'entre elles, si elles avaient le choix, ne préfèreraient pas s'habiller comme bon leur semble, et peut-être même montrer un peu de jambe ou un peu d'épaule à l'occasion ? Alors ? N'est-ce pas de l'oppression ?Kokof a écrit:Ordonner la pudeur et la sobriété en public semble normal. En France aussi il y a des lois sur la décence et interdisant l'état d'ivresse en public, elles sont seulement moins strictes.
Et pourquoi ne peut-on pas le dire, Crosswind ? Parce que c'est interdit, ou parce que c'est faux ?Crosswind a écrit:(1) On ne peut dire d'une personne de confession musulmane qu'elle est accueillie en France puisque, dans bien des cas, cette religion n'est autre que celle d'un... Français ! Souvent même depuis plusieurs générations
Car ce n'est pas faux, au moins pour toute une partie de la communauté musulmane qui est nouvellement immigrée sur le sol français. Tu n'es sans doute pas sans savoir que, ne serait-ce que ces quelques dernières années, l'Europe, dont la France, a accueilli (c'est le juste mot) plusieurs millions d'immigrés et de réfugiés.
Donc jusqu'à ce que ce soit interdit, tu me permettras de dire, je l'espère, que la France accueille des immigrés et des réfugiés, dont une large part sont musulmans.
Etant bien entendu que je m'en voudrais, en faisant ainsi rappel, et ne serait-ce que par lointaine allusion, de notre grande générosité, de culpabiliser quiconque...
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Bergame- Persona
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Re: Le culte est-il une affaire privée?
crosswind a écrit:(1) On ne peut dire d'une personne de confession musulmane qu'elle est accueillie en France puisque, dans bien des cas, cette religion n'est autre que celle d'un... Français ! Souvent même depuis plusieurs générations
Ce qui est gênant c'est l'emploi de la généralité "France".
Dans l'ordre des généralités on peut te rétorquer que cette religion est celle d'un pays ou de pays qui ne sont pas la France.
L'islam lui même respecte cet ordre des généralités et parle de Dar el islam.
La France comme Dar (pays) n'est pas considéré comme du Dar el Islam.
L'ennui c'est que Les « Trois domaines » traditionnels: Dar al-Islam, Dar al-Kufr (ou Harb) et Dar al-'Ahd (ou Suhl) ne parlent pas d'un pays d'accueil.
Dans l'ordre des généralités le concept d’accueil est occidental.
Les musulmans de force ont été amenés à forger des néologismes:
Dâr ash-Shahâda et
Dar al-Amn
Ce qui montre, soit dit en passant aux rigoristes, une certaine adaptabilité de cette religion.
La France dans ses lois peut accepter ou refuser ou tempérer son attitude d’accueil; c'est le mot qui convient à son état d'esprit.
Dernière édition par hks le Mar 18 Juin 2019 - 20:14, édité 1 fois
hks- Digressi(f/ve)
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Re: Le culte est-il une affaire privée?
Bergame a écrit:
Et pourquoi ne peut-on pas le dire, Crosswind ? Parce que c'est interdit, ou parce que c'est faux ?
Car ce n'est pas faux, au moins pour toute une partie de la communauté musulmane qui est nouvellement immigrée sur le sol français. Tu n'es sans doute pas sans savoir que, ne serait-ce que ces quelques dernières années, l'Europe, dont la France, a accueilli (c'est le juste mot) plusieurs millions d'immigrés et de réfugiés.
Donc jusqu'à ce que ce soit interdit, tu me permettras de dire, je l'espère, que la France accueille des immigrés et des réfugiés, dont une large part sont musulmans.
Etant bien entendu que je m'en voudrais, en faisant ainsi rappel, et ne serait-ce que par lointaine allusion, de notre grande générosité, de culpabiliser quiconque...
Non pas l'interdiction, le dire n'est en effet pas interdit par la loi française. Du moins jusqu'à présent.
Que signifie accueillir? Offrir un accès bienveillant. L'antonyme du mot "accès", c'est l'interdiction. Qu'interdit-on à ceux que l'on repousse? Des droits, en vertu du droit. Pour toute personne de ce monde, son statut juridique reconnu contraint ses droits en fonction des lieux qu'elle fréquente. Un passeport iranien n'ouvre à son détenteur, sur le sol français, qu'à un corpus législatif du pauvre au regard de l'ensemble du code applicable à son homologue homo doté d'un passeport français. Et il n'est pas question de religion. La religion d'un quidam n'a rien à faire avec ceci : pas un représentant public n'osera, et pour cause, confirmer un refus de naturalisation pour cause religieuse. Nous n'accueillons pas des musulmans, nous accueillons des personnes juridiques. Qui, pour certaines, si pas la plupart il est vrai ces dernières décennies, sont de confession musulmane. Mais la religion est un facteur secondaire : les expulsions de réfugiés, ou leur intégration au sein de l'entité juridique "France" ne repose en rien sur la religion revendiquée mais sur des faits autrement concrets, les Droits de l'Homme.
Je réponds maintenant à hks. Le concept "France" n'est pas un concept statique. Comme toute nation, la conception que s'en font ses membres évolue avec le temps, il est donc à mon sens incorrect d'affirmer que la religion islamique est celle d'un pays qui ne serait pas la France. Ce pour deux raisons. La première vient d'être évoquée, c-à-d que l'idée de nation n'a rien d'essentiel ,au sens aristotélicien. La deuxième est historique : la dissémination de cette religion particulière sur le sol "français" (je place les guillemets pour situer une zone géographique fluctuente d'un point de vue hitorico-politique) remonte aux premiers siècles qui suivent Mahomet. Je ne rentrerai pas dans les détails ici, on le peut si nécessaire, mais il faut savoir que cette religion se diffuse depuis plusieurs siècles, est implantée en masse depuis au moins un siècle, et que si l'immigration a certainement joué un rôle, la France, ses besoins et ses conquêtes n'en ont pas moins joué le premier rôle.
Ce qu'il me semble que vous ciblez, toi et hks, c'est le corps mou laissé en friche par la charrue de la loi : les pratiques et humeurs d'une collectivité donnée - autrement dit la culture au sens large, les us et coutumes, l'usage, l'étiquette, la cuisine, les marges de tolérance, la philosophie... En l'occurrence, la France (mais tu peux remplacer la France par n'importe quelle région, province, duché, village, pays, Empire et on en passe). Et là, je vous donne entièrement raison : nous ne sommes pas musulmans. Pas du tout même. Pire encore, nos sociétés supportent mal le retour au religieux, sécularisés que nous sommes depuis la Grande Lumière. Et cela, je vous l'accorde franchement…
Car c'est bien là le nœud du problème : nous ne voulons plus, ici, d'une société religieuse, et encore moins d'une société qui nous fait remonter à ce que nous appelons notre moyen-âge… Mais c'est précisément ce que les musulmans, du moins certains des plus excités, souhaitent. Kokof parle de haine lorsqu'il s'agit d'une opposition éthique toute bête. D'un "choix" de vie, de l'aboutissement de siècles de tueries, de tortures, de guerres. Nous, Français, Belges (je détiens en réalité la double nationalité Franco-belge, pour la petite histoire) sommes les héritiers de siècles de douleurs. Et nous sommes devenus allergiques à la religion.
Merci qui?
Merci les sciences et la philosophie !
Crosswind- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 29/07/2014
Re: Le culte est-il une affaire privée?
C ' est clair que les guerres de religion et l' inquisition, ca nous a vacciné contre les débordements ...
Et puis il y a eu un rappel : Le siècle des lumières.
Et puis il y a eu un rappel : Le siècle des lumières.
Dernière édition par toniov le Mar 18 Juin 2019 - 17:41, édité 1 fois
Re: Le culte est-il une affaire privée?
C'est vrai, mais la haine de la religion est une nouvelle forme de racisme, surtout quand elle se traduit par des lois, qui transforment le racisme en fascisme. La France ne peut légiférer en matière religieuse sans violer sa Constitution, qui l'interdit. La France n'est pas athée, mais libérale, du moins en théorie. Persécuter les religieux parce qu'on "n'aime pas la religion, nous les Franco-Belges, les glorieux enfants des Lumières", c'est du racisme.
Kokof- Digressi(f/ve)
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Re: Le culte est-il une affaire privée?
Kokof a écrit: La France ne peut légiférer en matière religieuse sans violer sa Constitution, qui l'interdit. La France n'est pas athée, mais libérale, du moins en théorie.
Je passe momentanément sur les mots "haine" "racisme" et "fascisme" pour te questionner sur ce point précis : en quoi la loi française contrevient selon toi à la Constitution?
Crosswind- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 29/07/2014
Re: Le culte est-il une affaire privée?
La Constitution protège l'expression religieuse, alors que la politique actuelle la réprime et la diabolise.
Kokof- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 07/03/2019
Re: Le culte est-il une affaire privée?
crosswind a écrit:Je réponds maintenant à hks. Le concept "France" n'est pas un concept statique. Comme toute nation, la conception que s'en font ses membres évolue avec le temps, il est donc à mon sens incorrect d'affirmer que la religion islamique est celle d'un pays qui ne serait pas la France.
L'Islam est la religion de pays que la religion (l'Islam) incorpore au sein du dar el Islam. Ce n'est pas le cas de la France.
La logique française inverse la relation d'appartenance .
Les religions appartiennent à un pays (la France) qui ne s'identifie à aucunes d'entre elles.
La république laïque est dans une posture d'accueil (hospitalité, hébergement, réception).
hks- Digressi(f/ve)
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