La culture nous rend-elle plus humain?

[Kokof]

La culture nous rend-elle plus humain ?

L’humanisme de la Renaissance croyait en la perfectibilité humaine, en la capacité de l’homme à progresser et à s’humaniser par la culture et l’éducation. Cette conviction et ce projet d’humaniser l’homme se sont perpétués et réaffirmés avec les Lumières au XVIIIe siècle. Le traumatisme des deux guerres mondiales au XXe siècle a profondément ébranlé les idées humanistes. C’est dans ce contexte qu’il est légitime de se demander si la culture nous rend plus humain. Nous verrons d’abord comment la culture nous rend plus humain, puis comment elle nous rend plus qu’humain.

La culture est d’abord un geste réfléchi, technique, perfectionné par la pratique, une discipline et un art, avant d’être un savoir. La culture est technique avant d’être théorique. Elle ne se limite donc ni à la théorie (toutes les techniques font partie de la culture) ni à l’homme (la nature étant cultivée par l’homme). La technique rend l’homme plus humain en accomplissant sa nature d’ingénieur et de technicien, mais elle rend aussi la nature plus humaine, puisque celle-ci prend une forme humaine en étant cultivée et transformée par l’homme.  

Ce qui nous rend plus humains, plus moraux, dans le fait de nous cultiver est moins le résultat que le geste et la discipline requise pour l’accomplir. Apprendre à tirer à l’arc, à cultiver un champ ou à disserter nous cultivent également, car l’essentiel dans la culture, d’un point de vue moral, est la discipline. C’est en nous disciplinant que la culture nous humanise et nous moralise. L’école a donc tort de penser que la culture réside dans certains savoirs, alors que l’essence de la culture est la discipline, qui peut être acquise dans n’importe quelle discipline. Cette définition se vérifie chez les animaux domestiques, qui, en étant disciplinés par l’homme, deviennent plus humains.

En tant que savoir, la culture nous rend plus humain parce que l’homme est fait pour apprendre. Après avoir appris quelque chose ou terminé un livre, nous sentons que nous avons changé, évolué, que nous ne sommes plus le même qu’avant. Ce sentiment prouve que la culture n’est pas superficielle, mais nous change profondément. Se cultiver (apprendre), c’est cultiver son humanité et devenir plus humain.

Cependant, la culture peut être aussi éducative et humanisante, que nocive et déshumanisante. En effet, elle peut servir à justifier le mal par la rhétorique et l’idéologie. Il est toujours possible de trouver un sophisme ou un mythe pour justifier la tyrannie et la cruauté. La culture est redoutable, car elle a une apparence rationnelle et civilisée, et peut donc servir de justification apparente du mal. C’est pour cette raison que Socrate disait que l’intelligence n’est pas une vertu, car elle peut servir le mal. Pour que la culture nous rende plus humains, c’est-à-dire plus civilisés et plus pacifiques, elle doit nous prémunir contre les dérives et les dangers de la culture. Pour cela, la culture ne doit pas seulement être une somme de connaissances, mais une formation du jugement et de l’esprit critique. La culture doit donc nous protéger de la culture.

En conclusion, c’est en tant que technique, discipline, savoir et esprit critique que la culture nous rend plus humain.

Nous avons analysé dans un premier temps la culture en tant que technique et savoir. Mais la culture au sens le plus élevé est spirituelle et se nomme sagesse. Or la sagesse (qui peut être philosophique ou religieuse) cherche à élever l’homme au-dessus de l’humain pour le rapprocher de Dieu. Elle veut le rendre plus qu’humain. Dans la religion, par exemple, la sainteté est un idéal moral où l’homme atteint une vertu quasi divine.

La sagesse peut prendre d’autres directions. Au lieu de viser le divin, elle peut viser l’abstraction individuelle et vitale, comme dans le taoïsme, où le sage se voit comme un pur individu (au sens neutre) ou un souffle. Dans ce cas, la sagesse nous rend moins qu’humain, parce qu’elle nous rapproche de la nature.

En conclusion, la culture ne nous rend pas seulement plus humain, elle est aussi un perfectionnement spirituel qui va au-delà et en deçà de l’humain, vers la nature et vers Dieu.

[Jans]

Ce qui nous rend plus humains, plus moraux, dans le fait de nous cultiver est moins le résultat que le geste et la discipline requise pour l’accomplir. Apprendre à tirer à l’arc, à cultiver un champ ou à disserter nous cultivent également, car l’essentiel dans la culture, d’un point de vue moral, est la discipline. C’est en nous disciplinant que la culture nous humanise et nous moralise

N'est-ce pas très, très optimiste ? la spiritualité n'a d'ailleurs que faire des humanités ou de la culture au sens large, elle a même été longtemps combattue dans le catholicisme — on se rappellera que les séminaristes encore en 1900 n'avait pas le droit de posséder une bible ! Finalement, les seuls à miser sur la culture et à en faire une arme, ce sont les jésuites (bien plus profonds et corrects en affaires que les dominicains, eux à la limite de l'honnêteté,  je l'ai appris in vivo).
Les instincts fondamentaux sont trop puissants pour être détournés par le tir à l'arc... Et je ne parle pas comme Freud de l'instinct sexuel (Freud était trop névrosé de ce côté-là) mais il est vrai que la contemplation de la beauté esthétique, voire du sublime (qui a un lien selon moi avec le Divin) a un pouvoir certain. C'est une vieille question de philo, que Kant a, pour une fois, expédiée trop rapidement en disant que "le beau, c'est ce qui plaît à tout le monde". Non, le beau, le sublime (je pense à certains poèmes ou tableaux), c'est ce qui nous transporte invinciblement vers les sphères d'en-haut. Là d'accord, on oublie les combats terrestres... Mais tout le monde n'est pas transporté...
Quant aux sages, ma foi, ils le sont par tempérament ou expérience, bon nombre sont analphabètes.

[alain]

Ce qui nous rend plus humains, plus moraux, dans le fait de nous cultiver est moins le résultat que le geste et la discipline requise pour l’accomplir. Apprendre à tirer à l’arc, à cultiver un champ ou à disserter nous cultivent également, car l’essentiel dans la culture, d’un point de vue moral, est la discipline. C’est en nous disciplinant que la culture nous humanise et nous moralise

N'est-ce pas très, très optimiste ? la spiritualité n'a d'ailleurs que faire des humanités ou de la culture au sens large, elle a même été longtemps combattue dans le catholicisme — on se rappellera que les séminaristes encore en 1900 n'avait pas le droit de posséder une bible ! Finalement, les seuls à miser sur la culture et à en faire une arme, ce sont les jésuites (bien plus profonds et corrects en affaires que les dominicains, eux à la limite de l'honnêteté,  je l'ai appris in vivo).
Les instincts fondamentaux sont trop puissants pour être détournés par le tir à l'arc... Et je ne parle pas comme Freud de l'instinct sexuel (Freud était trop névrosé de ce côté-là) mais il est vrai que la contemplation de la beauté esthétique, voire du sublime (qui a un lien selon moi avec le Divin) a un pouvoir certain. C'est une vieille question de philo, que Kant a, pour une fois, expédiée trop rapidement en disant que "le beau, c'est ce qui plaît à tout le monde". Non, le beau, le sublime (je pense à certains poèmes ou tableaux), c'est ce qui nous transporte invinciblement vers les sphères d'en-haut. Là d'accord, on oublie les combats terrestres... Mais tout le monde n'est pas transporté...
Quant aux sages, ma foi, ils le sont par tempérament ou expérience, bon nombre sont analphabètes.

Entierement d' accord avec toi.
La vie ne devient vraiment interessante que lorsqu' elle nous transporte.
Je rajouterai au beau et au sublime, le " sentiment d' amour " , dans son sens le plus large.

[kercoz]

La culture nous rend-elle plus humain ?

L’humanisme de la Renaissance croyait en la perfectibilité humaine, en la capacité de l’homme à progresser et à s’humaniser par la culture et l’éducation.

La renaissance et les dites "lumières" ont chercher à ostratiser le moyen age comme période négative (obscure) pour se valoriser.
Le millénarisme de l' an 1000 ( peur de la fin du monde) n' a exister que dans les écrits du 16e ....Le seul texte qui pourrait appuyer cette peur daterait du 12e siecle.
Ce qui est intéressant sur le M.A. c'est que les concepts de "progrès" économique ou scientifique étaient considérés comme obscènes. La recherche d' une permanence, plutôt valorisée. Cette piste est rarement creusée en sociologie car elle va à l'encontre des valeurs modernes.

[maraud]

La culture nous rend-elle plus humain ?

L’humanisme de la Renaissance croyait en la perfectibilité humaine, en la capacité de l’homme à progresser et à s’humaniser par la culture et l’éducation.

La renaissance et les dites "lumières" ont chercher à ostratiser le moyen age comme période négative (obscure) pour se valoriser.
Le millénarisme de l' an 1000 ( peur de la fin du monde) n' a exister que dans les écrits du 16e ....Le seul texte qui pourrait appuyer cette peur daterait du 12e siecle.
Ce qui est intéressant sur le M.A. c'est que les concepts de "progrès" économique ou scientifique étaient considérés comme obscènes. La recherche d' une permanence, plutôt valorisée. Cette piste est rarement creusée en sociologie car elle va à l'encontre des valeurs modernes.

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