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Faire de la métaphysique, est-ce se détourner du monde?

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Message par Kokof Lun 11 Mar 2019 - 9:28

Faire de la métaphysique, est-ce se détourner du monde ?

Faire de la métaphysique implique d’avoir étudié la métaphysique, de même qu’il faut avoir appris à forger pour pouvoir forger. Mais pour étudier la métaphysique, qui est une matière abstraite particulièrement ardue, il faut se retirer du monde. L’étude et la lecture s’opposent aux mondanités. Donc faire de la métaphysique (qui est la pratique autonome de la discipline) suppose déjà une retraite initiale et initiatique. Faire de la métaphysique nous détourne-t-il encore davantage du monde ? La métaphysique se réduit-elle à penser la transcendance ou bien est-elle une façon de réfléchir sur le monde ? Qu’entreprend vraiment la métaphysique ? Quelle est sa relation au monde ? En changeant notre vision du monde, la métaphysique ne change-t-elle pas notre rapport au monde ? Enfin, existe-t-il une pratique de la métaphysique qui soit vraiment pratique ? La métaphysique est théorique par nature. Mais on trouve d’autres façons de faire de la métaphysique.

Faire de la métaphysique ne se limite pas à penser la transcendance (Dieu, les Idées, etc.), c’est aussi une réflexion sur notre intelligence du monde, sur la rationalité de nos jugements et sur les principes qui régissent nos modes de pensée. Cette fonction critique de la métaphysique est la théorétique. En ce sens, toutes les matières philosophiques (épistémologie, morale, esthétique, etc.) sont métaphysiques, parce qu’elles ont toutes une fonction critique (l’épistémologie, par exemple, évalue la rationalité des méthodes scientifiques et de nos jugements). La théorétique est une matière abstraite, hautement théorique (parce qu’elle critique les principes), mais tournée vers le monde, qu’elle veut apprendre ou réapprendre à penser. Faire de la métaphysique, ce n’est donc pas se détourner du monde, mais penser notre rapport au monde.
La métaphysique est la conscience ou l’intuition que notre monde (l’univers) n’est pas le monde entier (le réel). La métaphysique ne se détourne donc pas du monde, mais au contraire veut le penser intégralement, par-delà ses limites apparentes. Si le monde comprend tout ce qui est, alors Dieu et les autres mondes font aussi partie du monde. La métaphysique se détourne seulement de notre monde pour enrichir et élargir notre vision du monde. D’autre part, la métaphysique veut connaître le monde transcendant pour mieux comprendre notre monde. Par exemple, si Dieu existe, cela change la nature de notre monde (qui sera ordonné par la Providence et ouvert sur l’au-delà) et notre rapport au monde. La métaphysique ne se détourne du monde que pour mieux le cerner et y insuffler de l’espoir.

La métaphysique ne se réduit pas à sa forme théorique. On trouve d’autres façons de faire de la métaphysique et de penser notre rapport au monde. La science-fiction, par exemple, fait de la métaphysique en imaginant des futurs possibles (le possible étant un objet métaphysique). Ses fictions critiquent indirectement la société contemporaine, dont elle imagine les dérives futures. En tant que réflexion critique, la science-fiction a donc une fonction similaire à la théorétique. Elle ne nous détourne pas du monde en nous divertissant, mais nous fait réfléchir sur le monde en imaginant les pires des futurs possibles.
Le fantastique est également une réflexion métaphysique, parce qu’il questionne avec ses récits équivoques notre perception de la réalité (le fantastique réfléchit souvent aux paradoxes de la subjectivité) et sonde par l’imagination les frontières de la nature et du monde visible (le fantôme, par exemple, est aux frontières de la vie et de la mort), entrevoyant ainsi l’inconnu et la transcendance. On trouve dans le fantastique les deux objets de la métaphysique : notre perception du monde et la transcendance. En conclusion, il est possible de faire de la métaphysique sans faire de la philosophie.
Mais la science-fiction et le fantastique restent des théories ou des hypothèses, malgré leur forme figurée. Peut-on faire de la métaphysique une discipline pratique ? La philosophie de Bergson propose de réfléchir intuitivement le monde au lieu de l’analyser. Le monde, réfléchi intuitivement, n’est plus une représentation, un système théorique ou une réalité extérieure, mais du vécu. L’intuition réunit le sujet et le monde, qui s’opposent dans une relation intellectuelle au monde. De cette façon, le sujet peut faire l’expérience de l’absolu (le monde réel étant un absolu) au lieu de recourir au raisonnement et à la spéculation, comme le fait habituellement la métaphysique, qui cherche vainement à connaître l’absolu, alors que l’intuition permet de le réfléchir simplement, sans concepts. Faire de la métaphysique (en suivant la méthode bergsonienne, qui rejoint les techniques de méditation orientales), c’est donc se détourner du monde-objet (qui est une représentation ou une interprétation) pour réintégrer le monde réel (qui est un absolu).

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Faire de la métaphysique, est-ce se détourner du monde? Empty Re: Faire de la métaphysique, est-ce se détourner du monde?

Message par Magni Mer 27 Mar 2019 - 22:58

Mon opinion est que la métaphysique n'est ni une matière ni une discipline, c'est un concept.

Qu'une matière ou une discipline prenne le nom du concept éponyme de son étude documentaire ou appliquée pourquoi pas, mais réduire le concept à ce qui a déjà été expérimenté c'est insuffisamment ambitieux pour faire entreprendre des épopées héroïques.

Faire de la métaphysique c'est d'abord réfléchir à ce qui a produit le réel, désigner un Dieu ou calculer l'équation du big bang c'est faire de la métaphysique.

Aristote désigne par le terme de métaphysique ce qui existe sans cause, c'est à dire ce qui est au delà du monde physique car le tout ou les parties du monde physique existent en vertu de causes.
Etudier les mathématiques c'est aussi faire de la métaphysique.

Or donc, on devrait plutôt dire "les métaphysiques", parce que Dieu, Pythagore et Einstein, ne sont pas enseignés dans les mêmes écoles. Le fait que les séminaristes religieux, mathématiciens et astrophysiciens soient tous des geeks n’empêche pas qu'ils soient très sociables avec les gens de leur communauté.

Le monde physique est constitué de quatre éléments : le temps, l'espace, la matière et la force. Le temps s'écoule différemment en chaque endroit de l'espace, le temps est un concept qui représente tous les temps qui existent. L'espace change de caractéristiques en fonction de la répartition de la matière, l'espace est un concept qui représente tous les espaces. La matière c'est un concept qui représente tous les ensembles de une ou plusieurs particules matérielles.
La force c'est un concept qui représente toutes les forces d’interaction entre les trois grandeurs que sont le temps, l'espace et la matière. Einstein parlait d'énergie, je parle de force parce que les épées laser des maîtres Jedi c'est un outil plus cool que les bombes atomiques du projet Manhattan.

Le monde métaphysique c'est la logique entre les parties.

Vénus et la terre c'est physique, le rapport entre le nombre de jours de l'année terrestre et de l'année vénusienne c'est harmonique, l'harmonie est métaphysique.

Bien qu'Albert ne portait jamais de chaussettes, je ne crois pas que la condition d’anachorète soit indispensable à la formation d'un métaphysicien.
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