Imagination kantienne
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Imagination kantienne
C'est-à-dire que l'imagination, on ne sait comment, par le filtre des catégories, produit la synthèse dans l'entendement, pour la raison. La raison, et l'entendement soumis aux catégories, soit donc les catégories elles-mêmes, sont trois phénomènes distincts, encore que les catégories règlent l'entendement. Mais ces phénomènes ne seraient rien, sans l'imagination qui leur procure des matériaux de synthèse. Du moins y a-t-il codynamique entre les aspects motionnel et rationnel, informel et formel ou - pour le dire à la nietzschéenne - dionysiaque et apollinien.Kant, CRP, I-II-I-I-II-II, a écrit:Ce qui détermine le sens interne, c'est l'entendement et son pouvoir originaire de lier le divers de l'intuition [empirique comme transcendantale, i.e. des concepts de l'entendement, mais aussi des raisonnements], c'est-à-dire de le ramener à une aperception (en tant que c'est là-dessus même que repose la possibilité de ce pouvoir). Or, comme, en nous hommes, l'entendement n'est pas lui-même un pouvoir de l'intuition et, qu'alors même que cette intuition fût donnée dans la sensibilité, il ne peut pas la faire passer en lui-même pour lier en quelque sorte le divers de sa propre intuition, sa synthèse, si on la considère en elle-même, n'est autre chose que l'unité de l'acte dont il a conscience, comme tel, indépendamment de la sensibilité, mais par lequel il a le pouvoir de déterminer lui-même intérieurement la sensibilité par rapport au divers que celle-ci peut lui donner suivant la forme de son intuition. Sous le nom d'une synthèse transcendantale de l'imagination, il exerce donc sur le passif dont il est le pouvoir une action dont nous disons avec raison que le sens interne en est affecté. [...] En qualité de simples représentations, ils ne sont soumis absolument à aucune loi de raison, si ce n'est à celle que prescrit le pouvoir qui relie. Or, ce qui qui relie le divers de l'intuition sensible, c'est l'imagination qui dépend de l'entendement, quant à l'unité de sa synthèse intellectuelle, et de sa sensibilité, quant au divers de l'appréhension. Or, comme toute perception possible dépend de la synthèse de l'appréhension, mais que cette synthèse empirique elle-même dépend de a synthèse transcendantale et, par conséquent, des catégories, toutes les perceptions possibles, par suite aussi ce qui peut jamais arriver à la conscience empirique, c'est-à-dire tous les phénomènes de la nature, quant à leur liaison, doivent être soumis aux catégories, et la nature (considérée simplement comme nature en général) dépend de ces catégories comme du fondement originaire de sa conformité nécessaire à la loi (en qualité de natura formaliter spectata).
Plus d'une fois d'ailleurs, Kant parle de la raison-même comme s'il s'agissait d'une puissance autonome, indépendante de la volonté ou de la liberté de l'homme. De telle sorte que 1. l'imagination semble avoir un rôle prépondérant dans la motion de la raison, 2. que la raison semble bien moins raisonnable qu'a priori, sur quoi 3. il semble bien que Kant n'ait à offrir qu'un modèle "cognitiviste". Cela dit, fin XVIIIème, pionnier du "cognitivisme", on ne peut que s'incliner devant sa finesse d'esprit.
D'autres éléments :
Autrement dit : la valeur objective de la synthèse est fondée sur une découpe par l'imagination productrice, de l'espace en général ou des figures. Poursuivons :Kant, CRP, I-II-I-I-II-I, a écrit:[...] bien que dans les jugements synthétiques nous connaissions a priori, de l'espace en général ou des figures qu'y découpe l'imagination productrice, tant de choses que nous n'avons plus besoin ici du concours de l'expérience, cette connaissance ne serait pourtant rien du tout - même on ne s'y occuperait que de simples chimères - s'il ne fallait pas regarder l'espace comme la condition des phénomènes qui constitue la matière de l'expérience externe ; aussi les jugements synthétiques purs dont il est question se rapportent-ils, bien que d'une manière médiate seulement, à une expérience possible ou plutôt à la possibilité même de cette expérience et c'est uniquement là-dessus qu'est fondée la valeur objective de la synthèse.
Soit donc que le principe supême de tous les jugements synthétiques, l'imagination, participe fondamentalement à l'expérience possible. Ensuite :L'expérience, en tant que synthèse empirique étant donc, dans sa possibilité, l'unique mode de connaissance qui fournit la réalité à toute autre sytnhèse, celle-ci n'a elle-même, à titre de connaissance a priori, de vérité (d'accord avec son objet) qu'à la condition de ne contenir rien de plus que ce qui est nécessaire à l'unité synthétique de l'expérience en général.
Le principe suprême de tous les jugements synthétique est donc que tout objet est soumis aux conditions nécessaires de l'unité synthétique de l'intuition dans une expérience possible.
Pas d'objectivité sans imaginativité ! ou, dirions-nous, créativité ! ... C'est énorme, et Kant ne semble pas réaliser l'énormité de ce propos pour son propos général, puisqu'il ne creuse absolument pas cette question de l'imagination, en la considérant au contraire comme auxiliaire de la raison, afin que la raison ait de quoi se mettre sous le raisonnement/dans la rationalité. C'est dingue !Ainsi (auf solche Weise = d'une telle tournure) des jugements synthétiques a priori sont possibles, quand nous rapportons à une connaissance expérimentale possible en général les conditions formelles de l'intuition a priori, la synthèse de l'imagination et son unité nécessaire dans une aperception transcendantale, et que nous disons : les conditions de la possibilité de l'expérience en général sont aussi des conditions de la possibilité des objets de l'expérience et ont pour ce motif une valeur objective dans un jugement synthétique a priori.
Car, de là, il en va du kantisme lui-même, à commencer par les catégories : ces catégories, qui d'autre a pu les lui fournir dans sa conception des règles de l'entendement ? ... L'imagination productrice, pardi (l'imagination reproductrice intervient lorsque nous visualisons mentalement depuis l'expérience, et/ou lorsque nous nous souvenons).
Noumène (productrice) ou phénomène (reproductrice) : l'imagination est la Motion de fond ("le premier moteur" cognitif transcendantal). Pour ainsi dire, l'imagination kantienne est la destinée motionnelle, par laquelle Emmanuel Kant eut pour possibilité rationnelle d'inventer la Critique de la raison pure ^^
Kant, CRP, II-II-II-III-II, a écrit:[...] des créations de l'imagination sur lesquelles personne ne peut s'expliquer et dont nul ne saurait donner de concept intelligible : comme des monogrammes, composés de traits isolés et que ne détermine aucune règle supposée [...]
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