Pour ou Contre Heidegger.
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Re: Pour ou Contre Heidegger.
Morologue a écrit: Heidegger reprend "la métaphysique depuis Parménide".
Comme je le disais en exergue de cette enfilade de messages :
Tirez seulement un peu les rideaux. Ce grand jour nous incommoderait un peu, et donnerait peut-être trop d'éclat à certains objets. Oubliez même, si vous le pouvez, que vous avez un corps, et ne pensez qu'à ce que je vais vous dire.
Malebranche. Entretiens sur la métaphysique.
Albert Camus, que je préfère nettement à Heidegger, disait en substance qu'elle était bien belle, l'étoile de l'astronomie, mais qu'elle était bien loin des véritables préoccupations humaines.
Je dirais pareil en disant que le vocabulaire fumeux et le discours abscons et méprisant pour le sens commun ainsi que les cimes apocalyptiques sur lesquelles se juchent les pensées de Heidegger, tout ça conduit logiquement à entendre que cette philosophie ne paraît pas faites pour les mortels.
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Emmanuel- Digressi(f/ve)
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Re: Pour ou Contre Heidegger.
Morologue a écrit:Je pense encore à Bertrand Cantat, meurtrier involontaire de sa femme, pourtant excellent rocker ayant purgé sa peine. Alors, en fait, la bêtise veut condamner l'excellence, de ce que l'excellence côtoie dans le même homme, l'ignominie.
Je voulais dire un mot à ce sujet. Cantat a porté au moins 19 coups de poing à Marie Trintignant. J'ai une très très modeste expérience en matière de coup de poing, donnés et reçus. 19, c'est quelque chose. Je n'en ai jamais donnés ou reçus 19, c'était toujours fini bien avant un tel nombre. Je me demande même carrément, sérieusement, si j'ai jamais vu un rixe, un bourre pif, où un type donnait ou recevait 19 coups de poing (j'écarte De Niro quand il joue LaMotta à l'écran, etc).
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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: Pour ou Contre Heidegger.
Comme en ce moment je dois faire très très attention à mon style, j'ai attendu qu'un autre que moi (Vanleers) dise à Bergame que décidément sur ce fil, il lit mal. Bergame a écrit, c'est lui qui surligne :
Dés le message qui m'a valu 2 avertissements d'un coup (ou un second si ma mémoire me fait défaut), je n'ai jamais dis cela, jamais (je cite la partie modérée, je souligne : " Et à partir de là on peut, par exemple, dresser les plans de Treblinka "). J'ai dis que la philosophie de Heidegger, " Être et Temps " (via le sort qui y est fait à la conscience de Soi, etc.), voir aussi l'élément très très édifiant d'une réponse de Heidegger à Cassirer, que j'ai donné ci-dessus, et tant d'autres choses, permettaient intrinséquement certains développements que Heidegger lui même fera ouvertement, manifestement, à partir de 1933 (prudence est mère de sûreté). Développements dont on dispose noir sur blanc via la GA elle-même. En attendant " mieux ", mais là il faudra attendre l'expiration des droits, puisque le lobby (= famille, ayants droits, éditeur, etc., n'en déplaise, Heidegger, c'est d'abord pour certains, un métier, leur source de revenus) s'oppose à certaines publications. Par exemple, un chercheur contacte une institution qui possède certains documents, il donne son pedigree, et dit qu'il aimerait consulter sur place tels et tels documents dûment référencés, etc., par la dite institution, qui répond que ça ne va pas être possible : veto en bonne et due forme du lobby via notification d'un tribunal saisi par anticipation (mais pourquoi donc ?) par le dit lobby. Tribunal qui dit le droit, et qui donc notifie juridiquement à la dite institution qu'elle n'a pas le droit de laisser consulter les dits documents, et comme c'est notifié par un tribunal, et bien, y contrevenir c'est se retrouver soi-même devant le tribunal. Ce qui fait toujours désordre pour une institution.
Je souligne.
Je préfère, pour reprendre ta formule, mes " connecteurs logiques " à ceux qui sont à l'oeuvre là-dedans :
Un petit peu de probité. Le premier, sauf erreur de ma part, brûlot de Faye and Co est intitulé " Introduction du nazisme dans la philosophie ", et bien, je suis conséquent, bien que ce livre nous fournissent une splendide brochette d'infamies (notamment à l'endroit de Descartes, du cogito et de la conscience de Soi), je ne suis pas d'accord avec ce titre, moi, j'aurais donc mis : " Quand Heidegger nazifie sa philosophie ", in extenso développé dans le livre, celle-ci le permettant, le fond permet intrinsèquement qu'on lui donne cette forme. Et c'est bien ce qu'Heidegger a fait sans aucune hésitation.
En Iran, " les heideggériens " tiennent l'université, fournissent un terreau philosophique et idéologique à la révolution, au nationalisme et à l'islamisme de ce pays, produisent des Ahmadinejad, etc. On va jeter de hauts cris : la philosophie de Heidegger est détournée, dévoyée, etc. Sauf que c'est Heidegger lui-même qui a montré que de tels développements étaient possibles.
Bergame a écrit:Et si cette pensée a exercé et exerce encore, éventuellement, une telle influence, ce n'est pas en raison d'un quelconque élément "nazi" ou antisémite qui se logerait dans Sein ù Zeit.
Dés le message qui m'a valu 2 avertissements d'un coup (ou un second si ma mémoire me fait défaut), je n'ai jamais dis cela, jamais (je cite la partie modérée, je souligne : " Et à partir de là on peut, par exemple, dresser les plans de Treblinka "). J'ai dis que la philosophie de Heidegger, " Être et Temps " (via le sort qui y est fait à la conscience de Soi, etc.), voir aussi l'élément très très édifiant d'une réponse de Heidegger à Cassirer, que j'ai donné ci-dessus, et tant d'autres choses, permettaient intrinséquement certains développements que Heidegger lui même fera ouvertement, manifestement, à partir de 1933 (prudence est mère de sûreté). Développements dont on dispose noir sur blanc via la GA elle-même. En attendant " mieux ", mais là il faudra attendre l'expiration des droits, puisque le lobby (= famille, ayants droits, éditeur, etc., n'en déplaise, Heidegger, c'est d'abord pour certains, un métier, leur source de revenus) s'oppose à certaines publications. Par exemple, un chercheur contacte une institution qui possède certains documents, il donne son pedigree, et dit qu'il aimerait consulter sur place tels et tels documents dûment référencés, etc., par la dite institution, qui répond que ça ne va pas être possible : veto en bonne et due forme du lobby via notification d'un tribunal saisi par anticipation (mais pourquoi donc ?) par le dit lobby. Tribunal qui dit le droit, et qui donc notifie juridiquement à la dite institution qu'elle n'a pas le droit de laisser consulter les dits documents, et comme c'est notifié par un tribunal, et bien, y contrevenir c'est se retrouver soi-même devant le tribunal. Ce qui fait toujours désordre pour une institution.
Je souligne.
Morologue a écrit:Les deux autres [Emmanuel et moi], vous jouez des variations sur vos thèses antécédentes, sans connecteurs logiques, avec force redites et ambages.
Je préfère, pour reprendre ta formule, mes " connecteurs logiques " à ceux qui sont à l'oeuvre là-dedans :
Morologue a écrit:Le principe de l'institution d'une sélection raciale est, ..., métaphysiquement nécessaire. GA 50, 56-57 (séminaire 41/42, " Métaphysique de Nietzsche " !!)
Un petit peu de probité. Le premier, sauf erreur de ma part, brûlot de Faye and Co est intitulé " Introduction du nazisme dans la philosophie ", et bien, je suis conséquent, bien que ce livre nous fournissent une splendide brochette d'infamies (notamment à l'endroit de Descartes, du cogito et de la conscience de Soi), je ne suis pas d'accord avec ce titre, moi, j'aurais donc mis : " Quand Heidegger nazifie sa philosophie ", in extenso développé dans le livre, celle-ci le permettant, le fond permet intrinsèquement qu'on lui donne cette forme. Et c'est bien ce qu'Heidegger a fait sans aucune hésitation.
En Iran, " les heideggériens " tiennent l'université, fournissent un terreau philosophique et idéologique à la révolution, au nationalisme et à l'islamisme de ce pays, produisent des Ahmadinejad, etc. On va jeter de hauts cris : la philosophie de Heidegger est détournée, dévoyée, etc. Sauf que c'est Heidegger lui-même qui a montré que de tels développements étaient possibles.
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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: Pour ou Contre Heidegger.
Je signale un article de Servanne Jollivet : L’épreuve de guerre dans la pensée de Heidegger en :
http://sens-public.org/article117.html
L’auteure montre que la philosophie de Heidegger produit une éthique du combat (Polemos).
Je dirais même, au vu de cet article, que la philosophie de Heidegger est une éthique du combat, au sens où l’on dit que la philosophie de Spinoza est une éthique de la joie.
Dès lors, sans plus s’occuper de l’homme Heidegger, le sujet de ce fil est bien : pour ou contre la philosophie de Heidegger ?
En l’état actuel de mes connaissances de cette philosophie, de cette éthique du combat, je vote résolument contre.
http://sens-public.org/article117.html
L’auteure montre que la philosophie de Heidegger produit une éthique du combat (Polemos).
Je dirais même, au vu de cet article, que la philosophie de Heidegger est une éthique du combat, au sens où l’on dit que la philosophie de Spinoza est une éthique de la joie.
Dès lors, sans plus s’occuper de l’homme Heidegger, le sujet de ce fil est bien : pour ou contre la philosophie de Heidegger ?
En l’état actuel de mes connaissances de cette philosophie, de cette éthique du combat, je vote résolument contre.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 15/01/2017
Re: Pour ou Contre Heidegger.
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« Le national-socialisme est un principe barbare. C’est ce qui lui est essentiel et sa possible grandeur. »
Heidegger (dans les cahiers noirs)
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« Le national-socialisme est un principe barbare. C’est ce qui lui est essentiel et sa possible grandeur. »
Heidegger (dans les cahiers noirs)
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Emmanuel- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 05/08/2018
Re: Pour ou Contre Heidegger.
Encore ton Art d'avoir toujours raison, Emmanuel ... mais si ton premier exposé n'est pas nul, le reste, lui, l'est profondément (dans le sensationnel-émotionnel). Pour faire simple, c'est ce qui fait toute la richesse de ta personnalité.Emmanuel a écrit:Bravo ! ... (et merci)
[...]
Je dirais pareil en disant que le vocabulaire fumeux et le discours abscons et méprisant pour le sens commun ainsi que les cimes apocalyptiques sur lesquelles se juchent les pensées de Heidegger, tout ça conduit logiquement à entendre que cette philosophie ne paraît pas faites pour les mortels.
[...]
« Le national-socialisme est un principe barbare. C’est ce qui lui est essentiel et sa possible grandeur. »
Heidegger (dans les cahiers noirs)
neopilina, Cantat n'est pas à excuser, mais il a purgé sa peine. Son rock reste du bon rock.neopilina a écrit:Je voulais dire un mot à ce sujet. Cantat a
Prouve le intrinsèquement. Or, si l'on va par là, tout permet intrinsèquement tout, car depuis tout il est possible de faire des associations d'idées avec tout.j'ai donné ci-dessus, et tant d'autres choses, permettaient intrinséquement certains développements que Heidegger lui même fera ouvertement
Or, justement :
En Allemagne début XXème siècle, "les nietzschéens" soutenaient le IIIème Reich. Tout est dans nos guillemets.En Iran, " les heideggériens " tiennent l'université, fournissent un terreau philosophique et idéologique à la révolution, au nationalisme et à l'islamisme de ce pays, produisent des Ahmadinejad, etc. On va jeter de hauts cris : la philosophie de Heidegger est détournée, dévoyée, etc. Sauf que c'est Heidegger lui-même qui a montré que de tels développements étaient possibles.
Je n'ai jamais écrit cela. Un peu de probité ? ... Encore-toujours tu me diffames, via des insinuations absconses. Et d'abord, il faudrait s'entendre sur ce que Nietzsche entend par dressage et sélection, types d'hommes, etc. avant de le répéter pour le scandale dans le cours de Heidegger en termes racistes largement partagés par l'époque (cf. Gobineau, etc.). L'époque entière, est au colonialisme et à l'impérialisme européen ! ... cela ne les rend pas aimables, mais cela explique largement qu'un Heidegger puisse raisonner dans ces directions !Je préfère, pour reprendre ta formule, mes " connecteurs logiques " à ceux qui sont à l'oeuvre là-dedans :Un petit peu de probité.Morologue a écrit:Le principe de l'institution d'une sélection raciale est, ..., métaphysiquement nécessaire. GA 50, 56-57 (séminaire 41/42, " Métaphysique de Nietzsche " !!)
Au hasard, en plus du gagne-pain : pour éviter les hystéries que vous cultivez, Emmanuel et toi ?En attendant " mieux ", mais là il faudra attendre l'expiration des droits, puisque le lobby (= famille, ayants droits, éditeur, etc., n'en déplaise, Heidegger, c'est d'abord pour certains, un métier, leur source de revenus) s'oppose à certaines publications. Par exemple, un chercheur contacte une institution qui possède certains documents, il donne son pedigree, et dit qu'il aimerait consulter sur place tels et tels documents dûment référencés, etc., par la dite institution, qui répond que ça ne va pas être possible : veto en bonne et due forme du lobby via notification d'un tribunal saisi par anticipation (mais pourquoi donc ?) par le dit lobby. Tribunal qui dit le droit, et qui donc notifie juridiquement à la dite institution qu'elle n'a pas le droit de laisser consulter les dits documents, et comme c'est notifié par un tribunal, et bien, y contrevenir c'est se retrouver soi-même devant le tribunal. Ce qui fait toujours désordre pour une institution.
Tu parles d'une logique.
Quel est le problème du combat ? Et les arts martiaux ?Vanleers a écrit:la philosophie de Heidegger produit une éthique du combat (Polemos).
Je dirais même, au vu de cet article, que la philosophie de Heidegger est une éthique du combat, au sens où l’on dit que la philosophie de Spinoza est une éthique de la joie.
Dès lors, sans plus s’occuper de l’homme Heidegger, le sujet de ce fil est bien : pour ou contre la philosophie de Heidegger ?
En l’état actuel de mes connaissances de cette philosophie, de cette éthique du combat, je vote résolument contre.
Seul l'humanitarisme et mœurs idoines guide vos pensémois.
Dernière édition par Morologue le Dim 21 Oct 2018 - 8:55, édité 1 fois
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Les absents ont toujours tort.
Re: Pour ou Contre Heidegger.
Ca reste une raison nécessaire pour l' écouter, ...mais est ce une raison suffisante ?Morologue a écrit: Cantat n'est pas à excuser, mais il a purgé sa peine. Son rock reste du bon rock.
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TIMSHEL
kercoz- Digressi(f/ve)
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Re: Pour ou Contre Heidegger.
Si tu es dans un extrémisme moral humanitariste, non. Et vive la censure qui règne toujours plus, au nom des bonnes intentions qui pavent l'enfer. Vive la sécurité, à mort la liberté, place à l'hygiène mental, foncièrement néo-nazie dans le parallèle. Dansons la zumba. Le racisme est remplacé par l'ostracisme moral.kercoz a écrit:Ca reste une raison nécessaire pour l' écouter, ...mais est ce une raison suffisante ?Morologue a écrit: Cantat n'est pas à excuser, mais il a purgé sa peine. Son rock reste du bon rock.
Ostraciser le heideggerisme, c'est paradoxalement cautionner un nouvel empire. La bienpensée orwellienne que voilà.
Que signifie de restreindre les marges de la liberté d'expression ? Récemment, une député LREM propose une loi contre la glottophobie mélenchonienne ... épuration éthique ! pour une humanité "enfin pure" ?! Comme c'est gentil ... Gentillesse-monstre, psychopathique (Macronisme et pétainisme : des similitudes troublantes ; Macron sait-il qu'En Marche était un slogan de collabo en 1940 ? ; Le macronisme est une stratégie de consolidation du pouvoir par le vide ; Entre néolibéralisme et populisme, la nuance est absente ; La machine à expulser, l'ordinaire du macronisme ; etc.).
Va ostraciser les méchants en les ghostant, maintenant ! (Le ghosting, cette tendance qui fait fureur ; Le ghosting 2.0 : en famille, entre amis, avec des inconnus.) Mais, étymologiquement, le méchant n'est jamais que celui qui tombe mal (mé-choit), et c'est tout ce que vous avez à opposer au heideggerisme : c'est que, selon vos cordes sensibles, il tombe mal.
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Les absents ont toujours tort.
Re: Pour ou Contre Heidegger.
C'est un peu comme de dire que la physique quantique est méprisante, parce qu'on n'y comprend rien.Emmanuel a écrit:Je dirais pareil en disant que le vocabulaire fumeux et le discours abscons et méprisant pour le sens commun ainsi que les cimes apocalyptiques sur lesquelles se juchent les pensées de Heidegger, tout ça conduit logiquement à entendre que cette philosophie ne paraît pas faites pour les mortels.
Pourtant, il s'agit simplement de développer des concepts qui essaient de rendre compte de quelque chose qu'on ne connaissait pas préalablement, qui n'avait pas encore de nom.
Mais il est certain qu'en la matière, Heidegger procède différemment d'autres philosophes. Il y a un gros travail sur la langue, ou plutôt il y a la recherche de ce qui pourrait se tenir au cœur du Logos. Mais ca n'est pas gratuit, ca trouve son sens dans l'économie générale de la pensée.
Et puis, il y a aussi un problème de traduction. Pour nous, les concepts de Heidegger sonnent étrangement. Mais pour des lecteurs allemands, je crois que c'est beaucoup moins surprenant, parce que la langue germanique permet cela, la création de nouveaux termes par l'ajout de nouveaux préfixes ou suffixes à une racine existante. D'aucuns font même l'hypothèse que c'est cette labilité terminologique qui fait de l'allemand la langue de la philosophie par excellence.
Ca, c'est autre chose, et c'est déjà plus raisonnable.Vanleers a écrit:Dès lors, sans plus s’occuper de l’homme Heidegger, le sujet de ce fil est bien : pour ou contre la philosophie de Heidegger ?
En l’état actuel de mes connaissances de cette philosophie, de cette éthique du combat, je vote résolument contre.
Bien sûr, on peut être contre. Comme on peut être contre Hobbes, ou Schopenhauer, ou Nietzsche, ou Marx, ou Freud, ou Platon même, qui tous, développent leur pensée dans une direction différente de l'humanisme pacifisto-universaliste que tant de "philosophes" modernes assimilent à la philosophie elle-même.
D'ailleurs, je pense que c'est la motivation de nombreux détracteurs de Heidegger. Au fond, ils n'aiment pas sa philosophie parce qu'elle va à l'encontre de leurs convictions, mais comme d'une part la pensée de Heidegger n'est pas aisément accessible à la critique et d'autre part, que ca ne suffit pas, en philosophie, de dire "j'aime pas", ils préfèfent développer le nazisme du personnage.
Toujours pareil : Quand l'argumentation sur le fond est malaisée, rien ne vaut un bon petit ad personam. Il en restera toujours quelque chose.
Dernière édition par Bergame le Dim 21 Oct 2018 - 10:18, édité 1 fois
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...que vont charmant masques et bergamasques...
Bergame- Persona
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Date d'inscription : 03/09/2007
Re: Pour ou Contre Heidegger.
Morologue a écrit:Vanleers a écrit:la philosophie de Heidegger produit une éthique du combat (Polemos).
Je dirais même, au vu de cet article, que la philosophie de Heidegger est une éthique du combat, au sens où l’on dit que la philosophie de Spinoza est une éthique de la joie.
Dès lors, sans plus s’occuper de l’homme Heidegger, le sujet de ce fil est bien : pour ou contre la philosophie de Heidegger ?
En l’état actuel de mes connaissances de cette philosophie, de cette éthique du combat, je vote résolument contre.
Quel est le problème du combat ?
De Phébus-Spinoza ou de Borée-Heidegger, qui gagne à la fin ?
Phébus et Borée
Borée et le Soleil virent un Voyageur
Qui s'était muni par bonheur
Contre le mauvais temps. (On entrait dans l'Automne,
Quand la précaution aux voyageurs est bonne)
Il pleut ; le Soleil luit ; et l'écharpe d'Iris
Rend ceux qui sortent avertis
Qu'en ces mois le manteau leur est fort nécessaire ;
Les Latins les nommaient douteux pour cette affaire.
Notre homme s'était donc à la pluie attendu :
Bon manteau bien doublé ; bonne étoffe bien forte.
Celui-ci, dit le Vent, prétend avoir pourvu
À tous les accidents ; mais il n'a pas prévu
Que je saurai souffler de sorte
Qu'il n'est bouton qui tienne : il faudra, si je veux,
Que le manteau s'en aille au Diable.
L'ébattement pourrait nous en être agréable :
Vous plaît-il de l'avoir ? - Eh bien, gageons nous deux,
(Dit Phébus) sans tant de paroles,
À qui plus tôt aura dégarni les épaules
Du Cavalier que nous voyons.
Commencez. Je vous laisse obscurcir mes rayons.
Il n'en fallut pas plus. Notre souffleur à gage
Se gorge de vapeurs, s'enfle comme un ballon,
Fait un vacarme de démon,
Siffle, souffle, tempête, et brise en son passage
Maint toit qui n'en peut mais, fait périr maint bateau :
Le tout au sujet d'un manteau.
Le Cavalier eut soin d'empêcher que l'orage
Ne se pût engouffrer dedans.
Cela le préserva ; le Vent perdit son temps :
Plus il se tourmentait, plus l'autre tenait ferme ;
Il eut beau faire agir le collet et les plis.
Sitôt qu'il fut au bout du terme
Qu'à la gageure on avait mis,
Le Soleil dissipe la nue,
Recrée, et puis pénètre enfin le Cavalier,
Sous son balandras fait qu'il sue,
Le contraint de s'en dépouiller.
Encore n'usa-t-il pas de toute sa puissance.
Plus fait douceur que violence.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 15/01/2017
Re: Pour ou Contre Heidegger.
J’ai lu plusieurs fois l’article de Servanne Jollivet qui me paraît apporter un éclairage particulièrement pertinent de la philosophie de Heidegger.
Elle justifie l’assimilation de cette philosophie à une éthique du combat dans le passage suivant qui résume bien son article :
Elle justifie l’assimilation de cette philosophie à une éthique du combat dans le passage suivant qui résume bien son article :
Servanne Jollivet a écrit: Si Heidegger a tant pensé la guerre (Krieg) sous les formes que sont le combat (Kampf), la lutte (Streit) ou encore la confrontation (Auseinandersetzung), notion forclose comme nous le verrons dans la reprise de la notion héraclitéenne de Polemos, c'est qu'en celle-ci se manifeste cette tension primordiale de l'homme vers son pouvoir-être, cette capacité qu'il a à être cet « au-delà de soi » (6) qui est aussi le mouvement même de sa propre transcendance. Existant en cette transcendance, c'est-à-dire tendu et en projet vers ce à dessein de quoi, ce qui pour lui fait monde, l'homme ouvre ainsi place en lui à ce « transcendens pur et simple » (7) qu'est l'être. Tel est le « là » de l'homme comme Dasein, « être-là » ouvrant le lieu où l'être en cette entente peut se desceller, le « là » de son être-au-monde se déployer et où il peut, dans le maintien même de ce auquel il tend, lui-même se déployer. Car avec la guerre c'est avant tout de l'être dont il y va, lieu de l'épreuve la plus radicale du déploiement d'un monde au sein duquel l'être en son retrait (huit) se manifeste, à savoir cette correspondance à l'être qui n'est autre que « l'abri de l'essence de l'homme » (9). C'est précisément dans la mesure où cet abri - ce qui pour l'homme fait monde - n'est autre que ce qui le scelle à une communauté et à un destin historique déterminé, que ce rapport au transcendens, sortie de soi tout autant que mise en œuvre d'un déploiement, trouve à se jouer de façon primordiale dans l'assomption d'une commune appartenance.
(6) Sein und Zeit (SZ), Tübingen, Max Niemeyer Verlag, 1993, p. 192.
(7) SZ, p. 38. Si la notion de transcendance apparaît encore au sein de l'ontologie fondamentale eu égard à la structure ekstatique projective de l'être-là (Überstieg) solidaire de la notion d'horizon, à savoir de l'être compris comme « transcendens », Heidegger en fait cependant une critique vigoureuse dès 1928, dans le cours qu'il consacre à Leibniz, in Metaphysische Anfangsgründe der Logik im Ausgang von Leibniz [GA 26], Francfort a. M., Klostermann, 1990, prélude au fameux tournant (Kehre) et à l'abandon de la perspective, encore métaphysique, de l'ontologie fondamentale.
(huit) C'est le « retrait » qui caractérise en effet notre rapport à l'être, et c'est dans l'occultation et l'oubli même de ce retrait que prend sa source le nihilisme, inachevé, caractéristique de notre époque.
(9) Lettre sur l'humanisme, p. 91.
Vanleers- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 15/01/2017
Re: Pour ou Contre Heidegger.
Je souscris aux propos de Bergame, auxquels je n'ai rien à ajouter Vanleers, puisque dans leurs termes ils recoupent ce que je nomme humanitarisme :
Récemment, je lisais Kant qui, dans sa première édition de la Critique de la raison pure, reprend René Descartes sur le cogito ergo sum, pour dire que seul compte le cogito transcendantal ; c'était oublier que René Descartes faisait de l'ontologie empirio-intellectualiste post-sceptique, tandis que Kant se posait de façon pré- voire para-ontologique dans sa démarche. Etc.
En passant, c'est aussi le problème des propos nietzschéens, pas piqués des hannetons, pour lesquels - au fond - Heidegger produit une ontologie phénoménologique spécifique, qui ne colle pas avec le nietzschéisme quoiqu'elle prétende le dépasser (notoirement, sur la question de la métaphysique). Mais c'est que les grandes philosophies sont des singularités plus que des rationalités pouvant se discuter sur le même plan d'existence (d'où les refus de heideggerisme ici, par convictions de cordes sensibles, entre autres).Bergame a écrit:Ca, c'est autre chose, et c'est déjà plus raisonnable.Vanleers a écrit:Dès lors, sans plus s’occuper de l’homme Heidegger, le sujet de ce fil est bien : pour ou contre la philosophie de Heidegger ?
En l’état actuel de mes connaissances de cette philosophie, de cette éthique du combat, je vote résolument contre.
Bien sûr, on peut être contre. Comme on peut être contre Hobbes, ou Schopenhauer, ou Nietzsche, ou Marx, ou Freud, ou Platon même, qui tous, développent leur pensée dans une direction différente de l'humanisme pacifisto-universaliste que tant de "philosophes" modernes assimilent à la philosophie elle-même.
D'ailleurs, je pense que c'est la motivation de nombreux détracteurs de Heidegger. Au fond, ils n'aiment pas sa philosophie parce qu'elle va à l'encontre de leurs convictions, mais comme d'une part la pensée de Heidegger n'est pas aisément accessible à la critique et d'autre part, que ca ne suffit pas, en philosophie, de dire "j'aime pas", ils préfèfent développer le nazisme du personnage.
Toujours pareil : Quand l'argumentation sur le fond est malaisée, rien ne vaut un bon petit ad personam. Il en restera toujours quelque chose.
Récemment, je lisais Kant qui, dans sa première édition de la Critique de la raison pure, reprend René Descartes sur le cogito ergo sum, pour dire que seul compte le cogito transcendantal ; c'était oublier que René Descartes faisait de l'ontologie empirio-intellectualiste post-sceptique, tandis que Kant se posait de façon pré- voire para-ontologique dans sa démarche. Etc.
Dernière édition par Morologue le Dim 21 Oct 2018 - 12:24, édité 1 fois
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Les absents ont toujours tort.
Re: Pour ou Contre Heidegger.
Cela dit, sur la question de l'éthique de combat :
Cela est l'évidence, devant l'humanitarisme/humanisme pacifisto-universaliste, que cette "barbarité" passe pour une brutalité et une immoralité ; hélas, la combativité, barbarité, principe barbare, n'est pas nécessairement brutale et immorale. Au contraire, elle trouve à s'exprimer dans la martialité, que les nazis représentèrent avec l'élégance SS et l'ordonnance militaro-industrielle managériale bureaucratique. Affreuse élégance et affreuse ordonnance en vérité, pour ne pas dire "inhumaines" et "démoniaques", dans les termes humanitaristes/humanistes pacifisto-universalistes.
Mais c'est que cet humanitarisme/humanisme pacifisto-universaliste, lui, n'a pas su empêcher le nazisme : à l'époque, les pacifistes ne voyaient pas monter le danger nazi, ils croyaient qu'ils ne seraient pas agressés, et qu'en conséquence il ne fallait pas se défendre ni provoquer Hitler. Hélas, c'eut été précisément un bellicisme anti-nazi, qui eut pu le contenir, c'est-à-dire précisément un principe barbare : une combativité devant le nazisme. Il ne suffisait pas de s'en effarer (Raymond Aron l'avait bien compris). Aussi la virulence anti-heideggeriste est-elle d'autant plus grande (pour ne pas dire l'heideggerophobie) qu'on craint notre propre combativité, au nom de l'humanitarisme/humanisme pacifisto-universaliste. Volonté de néant, diagnostiquait Nietzsche.
Hélas, un tel humanitarisme/humanisme pacifisto-universaliste est pourtant lui-même particulièrement intrusif, violateur et ingérant, quand il croit pouvoir se permettre d'ostraciser (en l'occurrence, le heideggerisme). Où l'on ne juge l'Iran, par exemple, qu'en son nom (à l'humanitarisme/humanisme pacifisto-universaliste), qui se prend paradoxalement pour Dieu tout-puissant. Mais c'est ainsi que l'on attise l'anti-occidentalisme terroriste d'inspiration djihadique musulmane, par exemple. Le fait est que ce ne devrait pas être nos affaires sauf en cas d'agression (nécessitant donc un bellicisme si vis pacem - dont nous aurions profondément besoin dans les territoires perdus de la République, démission de Gérard Collomb à l'appui), mais que ça l'est devenu au nom des droits de l'homme, qui se mêlent de tout en hystérisant, alors qu'ils sont essentiellement de culture euro-américaniste/occidentaliste.
Sortez du démocratisme !
Vanleers a écrit:la philosophie de Heidegger produit une éthique du combat (Polemos).
Je dirais même, au vu de cet article, que la philosophie de Heidegger est une éthique du combat, au sens où l’on dit que la philosophie de Spinoza est une éthique de la joie.
Dès lors, sans plus s’occuper de l’homme Heidegger, le sujet de ce fil est bien : pour ou contre la philosophie de Heidegger ?
En l’état actuel de mes connaissances de cette philosophie, de cette éthique du combat, je vote résolument contre.
Emmanuel a écrit: Le national-socialisme est un principe barbare. C’est ce qui lui est essentiel et sa possible grandeur. »
Heidegger (dans les cahiers noirs)
Il faudrait se demander ce qu'Heidegger entend par principe barbare, car notez bien qu'il ne dit pas que le nazisme est barbare en soi. Il dit bien que son principe, lui, est barbare. Or, par principe barbare, il est clair que nous entendons quelque combativité et, de fil en aiguille, par barbare seul, la brutalité et l'immoralité. Reste que ce principe, donc, met de l'intelligence en cette barbarie, où donc la "barbarité" semble saisir la combativité, spécifiquement.neopilina a écrit:En Iran, " les heideggériens " tiennent l'université, fournissent un terreau philosophique et idéologique à la révolution, au nationalisme et à l'islamisme de ce pays, produisent des Ahmadinejad, etc. On va jeter de hauts cris : la philosophie de Heidegger est détournée, dévoyée, etc. Sauf que c'est Heidegger lui-même qui a montré que de tels développements étaient possibles.
Cela est l'évidence, devant l'humanitarisme/humanisme pacifisto-universaliste, que cette "barbarité" passe pour une brutalité et une immoralité ; hélas, la combativité, barbarité, principe barbare, n'est pas nécessairement brutale et immorale. Au contraire, elle trouve à s'exprimer dans la martialité, que les nazis représentèrent avec l'élégance SS et l'ordonnance militaro-industrielle managériale bureaucratique. Affreuse élégance et affreuse ordonnance en vérité, pour ne pas dire "inhumaines" et "démoniaques", dans les termes humanitaristes/humanistes pacifisto-universalistes.
Mais c'est que cet humanitarisme/humanisme pacifisto-universaliste, lui, n'a pas su empêcher le nazisme : à l'époque, les pacifistes ne voyaient pas monter le danger nazi, ils croyaient qu'ils ne seraient pas agressés, et qu'en conséquence il ne fallait pas se défendre ni provoquer Hitler. Hélas, c'eut été précisément un bellicisme anti-nazi, qui eut pu le contenir, c'est-à-dire précisément un principe barbare : une combativité devant le nazisme. Il ne suffisait pas de s'en effarer (Raymond Aron l'avait bien compris). Aussi la virulence anti-heideggeriste est-elle d'autant plus grande (pour ne pas dire l'heideggerophobie) qu'on craint notre propre combativité, au nom de l'humanitarisme/humanisme pacifisto-universaliste. Volonté de néant, diagnostiquait Nietzsche.
Hélas, un tel humanitarisme/humanisme pacifisto-universaliste est pourtant lui-même particulièrement intrusif, violateur et ingérant, quand il croit pouvoir se permettre d'ostraciser (en l'occurrence, le heideggerisme). Où l'on ne juge l'Iran, par exemple, qu'en son nom (à l'humanitarisme/humanisme pacifisto-universaliste), qui se prend paradoxalement pour Dieu tout-puissant. Mais c'est ainsi que l'on attise l'anti-occidentalisme terroriste d'inspiration djihadique musulmane, par exemple. Le fait est que ce ne devrait pas être nos affaires sauf en cas d'agression (nécessitant donc un bellicisme si vis pacem - dont nous aurions profondément besoin dans les territoires perdus de la République, démission de Gérard Collomb à l'appui), mais que ça l'est devenu au nom des droits de l'homme, qui se mêlent de tout en hystérisant, alors qu'ils sont essentiellement de culture euro-américaniste/occidentaliste.
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Re: Pour ou Contre Heidegger.
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À Morologue
En prenant le parti de dire qu'on ne peut pas empêcher de parler ceux qui sont pour Heidegger, mais qu'on ne peut pas empêcher non plus de parler ceux qui sont contre, je me demande ce que vient faire là-dedans « la richesse de ma personnalité » ...
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À Morologue
(Pour ou contre Heidegger)emmanuel a écrit:J'ai changé une fois de plus l'en-tête.
Pour la rendre plusse mieux.
Morologue a écrit:Je te plussoie Emmanuel.
En prenant le parti de dire qu'on ne peut pas empêcher de parler ceux qui sont pour Heidegger, mais qu'on ne peut pas empêcher non plus de parler ceux qui sont contre, je me demande ce que vient faire là-dedans « la richesse de ma personnalité » ...
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Emmanuel- Digressi(f/ve)
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Re: Pour ou Contre Heidegger.
Bergame a écrit:C'est un peu comme de dire que la physique quantique est méprisante, parce qu'on n'y comprend rien.Emmanuel a écrit:Je dirais pareil en disant que le vocabulaire fumeux et le discours abscons et méprisant pour le sens commun ainsi que les cimes apocalyptiques sur lesquelles se juchent les pensées de Heidegger, tout ça conduit logiquement à entendre que cette philosophie ne paraît pas faites pour les mortels.
Tous les physiciens disent qu'ils ne comprennent rien à bien des choses en physique quantique, je ne pense pas que Heidegger ait dit une seule fois qu'il ne comprenait rien à sa propre philosophie.
Par contre, je crois me souvenir que dans une de ces lettres il dit que seules trois ou quatre personnes sont capables de le comprendre dans le monde.
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Emmanuel- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 05/08/2018
Re: Pour ou Contre Heidegger.
Morologue a écrit: pour éviter les hystéries que vous cultivez, Emmanuel et toi ?
Je ne vois aucune hystérie, mais des discussions animées ...
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Emmanuel- Digressi(f/ve)
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Re: Pour ou Contre Heidegger.
Morologue a écrit:Or, justement :En Allemagne début XXème siècle, "les nietzschéens" soutenaient le IIIème Reich. Tout est dans nos guillemets.En Iran, " les heideggériens " tiennent l'université, fournissent un terreau philosophique et idéologique à la révolution, au nationalisme et à l'islamisme de ce pays, produisent des Ahmadinejad, etc. On va jeter de hauts cris : la philosophie de Heidegger est détournée, dévoyée, etc. Sauf que c'est Heidegger lui-même qui a montré que de tels développements étaient possibles.Je n'ai jamais écrit cela.Je préfère, pour reprendre ta formule, mes " connecteurs logiques " à ceux qui sont à l'oeuvre là-dedans :Un petit peu de probité.[b]Morologue[/b] a écrit:Le principe de l'institution d'une sélection raciale est, ..., métaphysiquement nécessaire. GA 50, 56-57 (séminaire 41/42, " Métaphysique de Nietzsche " !!)
- Effectivement. D'abord une chose, que j'ai surligné : j'ai fait une erreur en rédigeant mon message : ce n'est pas " Morologue " qu'il faut lire mais bien sûr " Heidegger ". Et c'est moi qui suis allé cherché cette citation de Heidegger.
- Pour " les heideggériens ", ces guillemets ne sont ni de toi ni de moi, tu les trouveras sur le net ainsi justifiés : ils se nomment eux-mêmes ainsi.
- Quand à l'exercice de probité, il me paraît évident qu'il était mien. Même si le premier brûlot de Faye est bien tel, philosophiquement, je ne suis pas d'accord avec le titre. Selon moi, Heidegger n'introduit pas le nazisme dans la philosophie, il donne, après 1933, une forme nazie à sa philosophie et ce d'autant mieux parce qu'elle le permet intrinsèquement. Voir l'édifiante faite réponse à Cassirer et le dénigrement de la conscience de Soi faite dans " Être et Temps " et ailleurs, après 1933, ce n'est plus de la philosophie, mais de l'invective. Ce que font Faye and Co, ce n'est pas seulement de l'ad personam (merci pour eux). Ils mettent en parallèle, montrent la relation entre, ce qu'on peut trouver avant 33 et après. Ils se proposent de montrer que le nazisme de Heidegger n'a rien d'une péripétie purement personnelle, ne ressort pas seulement d'un égarement général.
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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
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Re: Pour ou Contre Heidegger.
Je te laisse à ton interrogation. Au reste, pour et contre, ça marche avec les chaussettes, aussi. Je plussoyais la refonte du titre, et ?Emmanuel a écrit:En prenant le parti de dire qu'on ne peut pas empêcher de parler ceux qui sont pour Heidegger, mais qu'on ne peut pas empêcher non plus de parler ceux qui sont contre, je me demande ce que vient faire là-dedans « la richesse de ma personnalité » ...
Et ? ... Nietzsche de même, se connaissait peu de bons lecteurs. Hippolyte Taine, entre quelques "happy few".Tous les physiciens disent qu'ils ne comprennent rien à bien des choses en physique quantique, je ne pense pas que Heidegger ait dit une seule fois qu'il ne comprenait rien à sa propre philosophie.
Par contre, je crois me souvenir que dans une de ces lettres il dit que seules trois ou quatre personnes sont capables de le comprendre dans le monde.
Quant aux physiciens, pourquoi faire de la physique quantique, si on n'y comprend rien ? C'était donc que leur incompréhension est de posture, et d'efforcement compréhensif opérationnel. Donc, de compréhension, CQFD. Ce cinéma !
Il y a une heideggerophobie certaine actuellement, qui se voile sous un factualisme dur et stupide, pour s'éviter de comprendre subtilement et complaire à l'humanitarisme/l'humanisme pacifisto-universaliste.Je ne vois aucune hystérie, mais des discussions animées ...
Tes contre-argumentations sont picrocholines.
D'accord, mais pourquoi ne vois-tu pas - ni des Cassirer ou des Faye ne le veulent voir - que si elle le peut, c'est peut-être parce que, effectivement, elle a saisi l'ontologie phénoménologique qu'elle se proposait de saisir ? ... Nous vivons bien dans le même univers que celui où apparut le nazisme. Le heideggerisme permet donc d'exaucer le nazisme autant qu'une autre idéologie telle que - au hasard - le communisme, le libéralisme ou l'islamisme théocratique et, en dehors de l'idéologie, un autre régime politique. Ceci, sans parler de toute autre existentialité, de l'amour à la recherche scientifique, en passant par le jardinage.neopilina a écrit:Selon moi, Heidegger n'introduit pas le nazisme dans la philosophie, il donne, après 1933, une forme nazie à sa philosophie et ce d'autant mieux parce qu'elle le permet intrinsèquement.
Dernière édition par Morologue le Dim 21 Oct 2018 - 14:02, édité 1 fois
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Re: Pour ou Contre Heidegger.
Morologue a écrit:Emmanuel a écrit: Le national-socialisme est un principe barbare. C’est ce qui lui est essentiel et sa possible grandeur. »
Heidegger (dans les cahiers noirs)
Il faudrait se demander ce qu'Heidegger entend par principe barbare, car notez bien qu'il ne dit pas que le nazisme est barbare en soi. Il dit bien que son principe, lui, est barbare. Or, par principe barbare, il est clair que nous entendons quelque combativité et, de fil en aiguille, par barbare seul, la brutalité et l'immoralité. Reste que ce principe, donc, met de l'intelligence en cette barbarie, où donc la "barbarité" semble saisir la combativité, spécifiquement.
Si donc je ne dis pas que le nazisme est totalitaire, raciste, eugéniste, exterminateur des juifs, des tziganes et des homosexuels, mais que je dis :
Le nazisme est un principe totalitaire. C’est ce qui lui est essentiel et sa possible grandeur.
Le nazisme est un principe raciste. C’est ce qui lui est essentiel et sa possible grandeur.
Le nazisme est un principe eugéniste d'État. C’est ce qui lui est essentiel et sa possible grandeur.
Le nazisme est un principe exterminateur des juifs, des tziganes et des homosexuels. C’est ce qui lui est essentiel et sa possible grandeur.
Sous cette forme où je mettrais le principe comme idée première, alors là, ça serait bien, n'est-ce pas ?
.
Pour mémoire :
la définition du terme barbare par le dictionnaire usuel est la suivante :
Qui manifeste de la cruauté, qui est inhumain
Grossier, contraire au bon goût, aux usages
Qui n'est pas conforme aux normes de la langue
Il est cependant vrai que celle du dictionnaire philosophique est différente :
Absence de civilisation.
Cruauté extrême, destructrice et inhumaine.
Acte qui fait preuve de barbarie au sens précédent.
Heidegger a donc sans doute parlé d'absence de civilisation ... C'est plus philosophique, n'est-ce pas ? Et puis nous, Français, nous ne comprenons pas l'allemand, pas vrai ?
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Emmanuel- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 05/08/2018
Re: Pour ou Contre Heidegger.
Oui, mais Heidegger n'a pas écrit
De quel dictionnaire tires-tu tes définitions ? Ne crois-tu pas qu'elles désignent tout cela depuis qu'on s'excite contre le cadavre du régime nazi, surtout ? Consulte voir le Littré ! ... Décidément Emmanuel, pour pro-scientifique que tu es, tu n'es décidément pas scientifique dans la démarche ; et, pour nietzschéen que tu te veux, tu n'as aucun sens historique.
Il faut exploiter sa cruauté, pour savoir se battre, maritalement. Il faut savoir tuer. C'est ainsi. Cela, Nietzsche l'a magistralement décrit. Si tu veux te faire le heideggerisme, il te faut être cruel avec lui. Fatalement. Principe barbare. Le nier est de nihilisme nietzschéen : dévaluation de toutes les valeurs, plutôt vouloir le néant que ne rien vouloir du tout.
Au début du XXème siècle, la culture antique est plus prégnante - surtout chez un Heidegger, lettré humaniste universitaire, - comment ne pas le raccorder à la notion grecque antique barbaros, ainsi qu'auxdites invasions barbares par laquelle chuta Rome ?Le nazisme est un principe totalitaire. C’est ce qui lui est essentiel et sa possible grandeur.
Le nazisme est un principe raciste. C’est ce qui lui est essentiel et sa possible grandeur.
Le nazisme est un principe eugéniste d'État. C’est ce qui lui est essentiel et sa possible grandeur.
Le nazisme est un principe exterminateur des juifs, des tziganes et des homosexuels. C’est ce qui lui est essentiel et sa possible grandeur.
De quel dictionnaire tires-tu tes définitions ? Ne crois-tu pas qu'elles désignent tout cela depuis qu'on s'excite contre le cadavre du régime nazi, surtout ? Consulte voir le Littré ! ... Décidément Emmanuel, pour pro-scientifique que tu es, tu n'es décidément pas scientifique dans la démarche ; et, pour nietzschéen que tu te veux, tu n'as aucun sens historique.
Il faut exploiter sa cruauté, pour savoir se battre, maritalement. Il faut savoir tuer. C'est ainsi. Cela, Nietzsche l'a magistralement décrit. Si tu veux te faire le heideggerisme, il te faut être cruel avec lui. Fatalement. Principe barbare. Le nier est de nihilisme nietzschéen : dévaluation de toutes les valeurs, plutôt vouloir le néant que ne rien vouloir du tout.
Dernière édition par Morologue le Dim 21 Oct 2018 - 14:15, édité 1 fois
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Re: Pour ou Contre Heidegger.
Morologue a écrit:D'accord, mais pourquoi ne vois-tu pas - ni des Cassirer ou des Faye ne le veulent voir - que si elle le peut, c'est peut-être parce que, effectivement, elle a saisi l'ontologie phénoménologique qu'elle se proposait de saisir ? ... Nous vivons bien dans le même univers que celui où apparut le nazisme. Le heideggerisme permet donc d'expliquer le nazisme autant qu'une autre idéologie telle que - au hasard - le communisme ou le libéralisme et, en dehors de l'idéologie, un autre régime politique. Ceci, sans parler de toute autre existentialité, de l'amour à la recherche scientifique, en passant par le jardinage.neopilina a écrit:Selon moi, Heidegger n'introduit pas le nazisme dans la philosophie, il donne, après 1933, une forme nazie à sa philosophie et ce d'autant mieux parce qu'elle le permet intrinsèquement.
Voilà qui est beaucoup mieux, nous sortons de l'hystérie.
Remarques que " Être et Temps " ne permet pas, par exemple, le communisme, mais qu'il permet le nazisme. A propos de Heidegger, de " Être et Temps ", je ne dis ni phénoménologie ni existentialisme : je lui refuse, comme beaucoup d'autres, notoirement à cause des dites " libertés " à l'endroit du cogito et donc de la conscience de Soi, qui sont précisément les pierres de touche de la phénoménologie et des existentialismes. Tentative qui peut s'entendre philosophiquement, je l'ai toujours dit, reconnu, et moi-même j'essaye d'échapper à la prison mais ce expressément en conservant l'acquis de la conscience de Soi, le cogito en l'état est une prison, ne permet aucune métaphysique, etc.
Et puisque tu parles de sens historique. Entre les Grecs et Heidegger, il y a pas mal d'eau qui a coulé sous les ponts, il y a eut par exemple les Lumières, que justement Heidegger n'aiment pas non plus, ce qui n'étonne pas un instant.
Dernière édition par neopilina le Dim 21 Oct 2018 - 14:19, édité 1 fois
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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
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neopilina- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 8364
Date d'inscription : 31/10/2009
Re: Pour ou Contre Heidegger.
C'est l’hôpital qui se moque de la charité.neopilina a écrit:Voilà qui est beaucoup mieux, nous sortons de l'hystérie.
Les Lumières n'étaient ni démocratistes, ni démocratiques, ni démocrates. Crois-tu que la démocratie dont elles accouchèrent, soit belle et bien démocratique, en vérité ? ... L'ochlocratisme de nos mondes est foncièrement une ploutocratie élective, oligarchique.
Quant au communisme, je te l'explique heideggeriennement à travers la mutualité du Dasein, cherchant à minimiser l'emprise d'autrui le faisant inauthentique, par quoi il estime ap-propre-ié de mettre en commun l'ustensilité productrice, etc. C'est facile comme tout. Néanmoins, dans cette mise en commun, il risque toujours l'On, l'être-dans-la-moyenne inauthentique, et ainsi risque-t-il de contredire ontologiquement ses espoirs d'authenticité. Reste que la révolution communiste a besoin d'une communauté de combat, communauté de destin prolétaire, dans sa possibilisation.
Dernière édition par Morologue le Dim 21 Oct 2018 - 14:31, édité 1 fois
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Les absents ont toujours tort.
Re: Pour ou Contre Heidegger.
Et je découvre qu'étymologiquement, barbare signifie non-Aryen ! Heidegger ne pouvait pas ne pas le savoir, je suppose.
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Re: Pour ou Contre Heidegger.
J'aime bien les exemples a contrario. Je prends Sartre. D'une part, il écrit " L'être et le néant ", qui mérite pleinement son sous-titre de " Essai d'ontologie phénoménologique ", qui accouche effectivement d'un existentialisme, et qui, d'autre part, décide, un temps, en son âme et conscience de se dire marxiste, communiste (par la suite ils le rejetteront et il en fera autant). Mais il sait parfaitement qu'il n'y a aucun lien possible entre sa philosophie, qui ne sort pas et ne veut pas sortir du cogito et donc de la phénoménologie, et cette décision, il essayera même, échec à l'appui, de jeter un pont entre les deux.
Heidegger est dans la situation parfaitement inverse. A partir de 33 il décide de nazifier sa philosophie et cela se fait sans mettre à la torture " Être et Temps " : il s'y prête intrinsèquement, notoirement grâce aux dites " libertés ".
Sinon, en matière d'ochlocratie, de foule, dans les termes mêmes du " On " heideggérien, il faut reconnaître que la foule, l'Allemagne, nazies, constituent d'indéniables " réussites ". On dirait des clones, et qu'ils soient communistes ou nazis, je ne les trouve pas très casher, philosophiquement dit.
Quant aux humanistes, démocrates, etc., qui te sortent par les trous de nez, tu te trompes d'ennemis, c'est bien le triomphe du capitalisme qui ramène aux pouvoir des pouvoirs qui ont tes faveurs. Décidément, je n'arrive pas à comprendre ton acrimonie à l'endroit de l'humanisme, de la démocratie, des droits de l'homme, etc., les événements prennent la direction que tu souhaites, il y a tout pour te réjouir.
Heidegger est dans la situation parfaitement inverse. A partir de 33 il décide de nazifier sa philosophie et cela se fait sans mettre à la torture " Être et Temps " : il s'y prête intrinsèquement, notoirement grâce aux dites " libertés ".
Sinon, en matière d'ochlocratie, de foule, dans les termes mêmes du " On " heideggérien, il faut reconnaître que la foule, l'Allemagne, nazies, constituent d'indéniables " réussites ". On dirait des clones, et qu'ils soient communistes ou nazis, je ne les trouve pas très casher, philosophiquement dit.
Quant aux humanistes, démocrates, etc., qui te sortent par les trous de nez, tu te trompes d'ennemis, c'est bien le triomphe du capitalisme qui ramène aux pouvoir des pouvoirs qui ont tes faveurs. Décidément, je n'arrive pas à comprendre ton acrimonie à l'endroit de l'humanisme, de la démocratie, des droits de l'homme, etc., les événements prennent la direction que tu souhaites, il y a tout pour te réjouir.
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" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 8364
Date d'inscription : 31/10/2009
Re: Pour ou Contre Heidegger.
Exactement !Emmanuel a écrit:Pour mémoire :
la définition du terme barbare par le dictionnaire usuel est la suivante :
Qui manifeste de la cruauté, qui est inhumain
Grossier, contraire au bon goût, aux usages
Qui n'est pas conforme aux normes de la langue
Il est cependant vrai que celle du dictionnaire philosophique est différente :
Absence de civilisation.
Cruauté extrême, destructrice et inhumaine.
Acte qui fait preuve de barbarie au sens précédent.
Heidegger a donc sans doute parlé d'absence de civilisation ... C'est plus philosophique, n'est-ce pas ? Et puis nous, Français, nous ne comprenons pas l'allemand, pas vrai ?
Puisque la discussion roule maintenant sur le concept de "principe barbare", il faudrait alors en effet considérer ce que les Allemands entendent par là. Je te crois lecteur de Nietzsche, d'ailleurs, Emmanuel, je suis étonné de ce que tu écris ici : "Barbare", pour un allemand du XIXe siècle - début du XXe, ce n'est pas nécessairement péjoratif. Parce que les barbares étaient germains. Et que ceux sont eux qui ont mis à bas (enfin, admettons-le) l'Empire romain.
D'ailleurs, l'opposition entre le "Kultur" allemand et la "civilisation" francaise, un lieu commun de la période, déroule peu ou prou la même bobine.
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...que vont charmant masques et bergamasques...
Bergame- Persona
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Re: Pour ou Contre Heidegger.
Morologue a écrit:Oui, mais Heidegger n'a pas écritAu début du XXème siècle, la culture antique est plus prégnante - surtout chez un Heidegger, lettré humaniste universitaire, - comment ne pas le raccorder à la notion grecque antique barbaros, ainsi qu'auxdites invasions barbares par laquelle chuta Rome ?Le nazisme est un principe totalitaire. C’est ce qui lui est essentiel et sa possible grandeur.
Le nazisme est un principe raciste. C’est ce qui lui est essentiel et sa possible grandeur.
Le nazisme est un principe eugéniste d'État. C’est ce qui lui est essentiel et sa possible grandeur.
Le nazisme est un principe exterminateur des juifs, des tziganes et des homosexuels. C’est ce qui lui est essentiel et sa possible grandeur.
De quel dictionnaire tires-tu tes définitions ? Ne crois-tu pas qu'elles désignent tout cela depuis qu'on s'excite contre le cadavre du régime nazi, surtout ? Consulte voir le Littré ! ... Décidément Emmanuel, pour pro-scientifique que tu es, tu n'es décidément pas scientifique dans la démarche ; et, pour nietzschéen que tu te veux, tu n'as aucun sens historique.
Il faut exploiter sa cruauté, pour savoir se battre, maritalement. Il faut savoir tuer. C'est ainsi. Cela, Nietzsche l'a magistralement décrit. Si tu veux te faire le heideggerisme, il te faut être cruel avec lui. Fatalement. Principe barbare. Le nier est de nihilisme nietzschéen : dévaluation de toutes les valeurs, plutôt vouloir le néant que ne rien vouloir du tout.
Je ne cherche pas « à me faire » l'Heideggerisme, je donne les arguments de ces détracteurs.
Cela dit, le Litré ne contredit pas la définition du dictionnaire de philosophie que j'en donne, et qui a un rapport avec la civilisation, que celle-ci soit vue par les grecs, les allemands ou qui que ce soit.
Lorsque Heidegger dit « Le national-socialisme est un principe barbare », il ne le fait peut-être pas exprès, on peut alors voir une excuse dans la naïveté du bonhomme, mais il justifie la barbarie nazie par rapport à tout ce qui n'est pas nazi. Il oppose des points de vue d'une importance capitale.
Le point de vue du nazisme, ce n'est pas celui des juifs, ni des tziganes, ni des homosexuels, ni des français, ni des russes ...
On peut certes être d'accord avec la métaphysique de Heidegger et tout lui pardonner en conséquence puisque cette métaphysique a tous les droits à cause de sa pure intellection.
On peut aussi être d'accord avec le fait que cette métaphysique, cette intellection qui se veut hors du monde, dit en réalité tout de ce monde en y véhiculant des choses réelles et vérifiables - comme une sainte nitouche - à savoir, dans notre cas, que le nazisme est une barbarie ! ...
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Emmanuel- Digressi(f/ve)
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