La bonne nouvelle du salut

[Vanleers]

Le christianisme se présente comme une religion de salut mais en quoi consiste ce salut ?
Pour tenter de répondre à cette question, je me référerai à l’Ethique de Spinoza qui, à maints égards, me paraît être la vérité de l’Evangile.
Spinoza en a retenu l’essentiel tout en l’émondant de ses aspects discutables : divinité de Jésus, mystères (Incarnation, Résurrection, etc.), insistance sur la mort du Christ conçue comme un sacrifice, à l’origine de passions tristes…

Dans le scolie d’Ethique V 36 :

Nous comprenons par-là clairement en quoi consiste notre salut, autrement dit béatitude, autrement dit Liberté, à savoir, dans un Amour constant et éternel envers Dieu, autrement dit dans l’Amour de Dieu envers les hommes.

Le salut consiste à comprendre et à s’en réjouir que, quelle que soit et que fut notre vie, serait-elle complètement ratée à nos yeux, il n’en reste pas moins éternellement vrai que notre essence éternelle est une partie de la puissance de Dieu et que si cette essence s’est actualisée dans la durée de telle ou telle façon, c’est que les circonstances n’ont pas permis qu’il en fut autrement.

Le Royaume, c’est-à-dire le salut, qu’a annoncé le Christ, c’est exactement cela.

[kercoz]

Le Royaume, c’est-à-dire le salut, qu’a annoncé le Christ, c’est exactement cela.

Tu me fais penser à ces 2 types rasés 1cm ( pas encore la mode), en vélo ( pas encore la mode) , chemises blanches immaculées, qui sonnaient à ma porte pour m' annoncer le retour de Jésus.
J' avais trouvé une réponse pour les éloigner :
""Pas de problème, j' ai un marteau et des clous"

[Crosswind]

Le salut consiste à comprendre et à s’en réjouir que, quelle que soit et que fut notre vie, serait-elle complètement ratée à nos yeux, il n’en reste pas moins éternellement vrai que notre essence éternelle est une partie de la puissance de Dieu et que si cette essence s’est actualisée dans la durée de telle ou telle façon, c’est que les circonstances n’ont pas permis qu’il en fut autrement.

Le Royaume, c’est-à-dire le salut, qu’a annoncé le Christ, c’est exactement cela.

Mais comment comprendre le lien établi entre la puissance de Dieu, et la réjouissance?

Je veux encore bien admettre, allez, la mise en forme de ce fond métaphysique - il y a existence -, mais comment se réjouir d'un Dieu (ce que je nomme la mise en forme) dont on ne sait rien, sinon que tout lui serait possible?

Comment m'assurer de ce que, "demain", un grand barbu ne me condamne, moi, Crosswind, à 100000 ans de douleurs intenses, à la folie puis à un néant subtil, au sein duquel seule la durée, et donc l'ennui, me serait encore accessible? Comment se réjouir d'être pied et main lié aux désirs d'une entité, quand bien même en ferais-je partie?

Ce sont des questions sérieuses.

[Vanleers]

Vous avez commencé la lecture de l’Ethique et quand vous serez à la définition 6 vous constaterez que Dieu, selon Spinoza, n’est pas un grand barbu.
Vous verrez ensuite, à la définition 8, que l’éternité ne peut s’expliquer par la durée ou le temps.
Quant à la joie qui naît de ce qu’un homme est conscient que son essence éternelle est une partie de la puissance de Dieu, c’est à la toute fin de l’Ethique, lorsque se déploie la science intuitive.
Pour y arriver, il vous faudra un certain temps.
Courage.

[Crosswind]

Courage.

Merci, et j'apprécie vos encouragements d'autant plus que mon engouement pour Spinoza reste mal engagé. Les trois premières définitions, sur lesquelles je travaille actuellement, fleurent bon la poussière - dans le sens où des concepts depuis lors mis à mal sont encore empruntés, tels la cause, l'objet, le fini et l'infini, la substance, etc...

Je suis actif à ce sujet sur Spinoza et nous.

Quant à ce qui concerne votre fil, quel utilité en est-il, si pour le comprendre il faut avoir lu et étudié l'ensemble de l'oeuvre de Spinoza?

[Vanleers]

Quant à ce qui concerne votre fil, quel utilité en est-il, si pour le comprendre il faut avoir lu et étudié l'ensemble de l'oeuvre de Spinoza?

Oui, mais des raccourcis sont possibles.

Je recopie ce que j’ai déjà écrit sur un autre fil à propos de la « voie de Dédale ».
Michel Legrain, dans Dédale héros de la démesure (Larousse 2009) rappelle que Kierkegaard :
« décrivait trois « stades », autrement dit trois manières de se comporter dans ce qu’on peut appeler le labyrinthe de la vie »

Il s’agit des stades esthétique, éthique et religieux et M. Legrain écrit à propos des deux derniers :

Le stade éthique consiste à prendre le chemin, consciencieusement, et à en suivre humblement les méandres. La vie de celui qui a fait ce choix est une longue et incertaine randonnée qui peut valoir le salut du randonneur qui n’a pas fait de faux pas et ne s’est pas égaré. Ce pourrait être le parcours de Thésée, mais tout le monde n’a pas la chance, du berceau au sépulcre, de tenir le fil d’Ariane. Le stade religieux est le choix du raccourci prodigieux qui fait l’économie des chemins longs et tortueux et, tout de suite, ici et maintenant, prend la verticale qui mène à Dieu.

Je tiens qu’il y a chez Spinoza une voie verticale, une voie de sortie « religieuse » du labyrinthe affectif, qui nous dispense de suivre la « longue et incertaine » voie éthique.
La biodanza me semble être également un raccourci et il y en a certainement d’autres.

[Crosswind]

Spinoza, un raccourci? Vous plaisantez?

Enfin, en conclusion, il faut s'astreindre à Spinoza dans l'espoir de cette lueur (que je ne dénie pas). Je trouve donc le titre du fil un rien trop vendeur

[Vanleers]

Et pourtant, je ne trouve pas que je vende beaucoup.

[Crosswind]

Et pourtant, je ne trouve pas que je vende beaucoup.

La bonne nouvelle par voie verticale, pratiquement sous intraveineuse, ce n'est pas banal . Or Spinoza est ardu, difficile, et certainement pas irréprochable au niveau de ses axiomes, déclarés ou cachés.


Mais je le répète, je crois en votre appel.

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