La Catharsis comme nécessité idéologique?
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Vargas
lekhan
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La Catharsis comme nécessité idéologique?
« Catharsis :(Théâtre) Purification des passions (selon Aristote) chez le spectateur d’une représentation dramatique. La catharsis fait intervenir une représentation d’un acte réprimé (par la morale, voire par la Loi), et c’est cette représentation qui permet au spectateur de se « défouler ». »
S’il est intéressant de voir que la notion de Catharsis est un des piliers de la société du 17 ème siècle, ou du moins de son théâtre, il n’en est pas moins étonnant de la retrouver comme fondement de la fixation des normes dans la société du 21ème siècle.
Il me faut expliquer dans quelle mesure cette fonction influe, et permet de comprendre la fixation, l’imposition des normes dans la société moderne. Ainsi, je vais prendre l’exemple récurant de l’évolution de ce qui était le théâtre au 17ème, aujourd’hui la télévision, la presse.
En effet, il n’est pas rare de voir dans un film, dans une série, ou même aux informations, des comportements considérés comme, disons, extra quotidien, ou extra normatif. Ainsi ces événements in-ordinaires et inconcevables dans l’ordinaire apparaitront comme des actes condamnables aux yeux du plus grand nombre. On peut illustrer ce propos avec ce qu’on a pu vivre ces dernières années, la fixation de la menace dite terroriste. Fixation qui est devenue norme de méfiance. On peut notamment le remarquer avec la hausse des discriminations envers les communautés musulmanes. Ainsi par un procédé de représentation de l’inculture, de l’improbable, on a pu asseoir le statut de norme à une représentation du condamnable.
Le spectateur ainsi défoulé par la représentation de cet inconcevable, n’en est que plus condamnant à son égard.
On peut prendre un exemple encore plus simple, mais plus éloigné. L’attachement dans les premiers films américains à représenter le noir, l’indien, le pauvre, comme amoral transgressant la bien séance.
Ainsi pour comprendre plus globalement la fixation de ce qui sera une norme atemporelle (fixant une société sur plusieurs générations), on peut prendre une autre forme de représentation. La presse du 19ème siècle et le développement des nouvelles pour fidéliser son lectorat. Le développement technique se mélangeant alors au développement du style du récit bref. Le récit bref, la nouvelle, dans sa longue tradition, rond avec l’oralité et ce mets à raconter l’exotique. On peut penser à ces nouvelles exotiques, fantastiques, ou l’on va caractériser le comportement de tel ou tel méchant sauvage. On retrouvera alors, le bourgeois parisien défoulé de ces comportements répréhensibles et militant pour l’apport du progrès à ces sociétés vraiment sous développé tant elles sont condamnables.
Bref, je ne vais pas m’attarder à de multiples exemples, aussi il semble qu’une question persiste. Qu’elle peut être l’intérêt de fixer une norme, dans une société in-figé.
La réponse que j’apporterais est celle-ci : Exercer un contrôle.
En ce sens ou l´apport d´un repère fixé, ne permet plus ou minoritairement son contournement.
Le contournement est alors inconcevable pour le plus grand nombre, et il est même condamné en justifiant ce l´inconcevable par la morale et la séance de la norme.
Pour conclure, et peut être ainsi mettre en relation la catharsis avec la doctrine politique, on peut remarquer une concordance entre représentation de la transgression des doctrines, et leurs applications.
On pense ici au Marxisme et à la représentation du bourgeois condamnable, ou au libéralisme et l’égalitarisme liberticide.
En fait, je prends ici l´exemple des médias pour formaliser ce qu´est la catharsis et formaliser son effet sur la norme.
Seulement, l´information étant déjà un contrôle en elle même, ça n´est pas cette question que je pose.
Ce que je place en débat, c´est la nécessité pour les doctrines politiques, mais aussi pour les politiques de contexte (quinquennat présidentiel par exemple), de recourir à une fixation de la norme via une représentation de la déviance.
Bon pour clarifier encore les choses, je prendrais l’opposition de Sarkozy entre la France qui se lève tôt, celle qui se lève tard (qui est une représentation d’une catharsis, le travailleur se « défoule », « répulsse » via cette représentation).
Je ne dis pas les médias nous contrôlent ou je ne sais quelle doxa fausse. Je dis simplement, il y a recours à la fixation de la norme pour enrôler, pour assoir une idéologie. Ainsi, se rapprocher de telle ou telle mouvance n´est qu´en fait la résultante de l´opinion sur la catharsis qu´elles nous dressent.
Et l´intérêt là, et plutôt de définir si l´idéologie, ou même simplement l´idée est autant un contrôle que l´information. De sorte que s´engager dans telle ou telle cause n´est que la résurgence de l´interprétation puis de la représentation d’une catharsis.
Soit, une chosification de la déviance de l´idéal admit par cette même idéologie.
L'idéologie comme contrôle de la pensée en somme.
S’il est intéressant de voir que la notion de Catharsis est un des piliers de la société du 17 ème siècle, ou du moins de son théâtre, il n’en est pas moins étonnant de la retrouver comme fondement de la fixation des normes dans la société du 21ème siècle.
Il me faut expliquer dans quelle mesure cette fonction influe, et permet de comprendre la fixation, l’imposition des normes dans la société moderne. Ainsi, je vais prendre l’exemple récurant de l’évolution de ce qui était le théâtre au 17ème, aujourd’hui la télévision, la presse.
En effet, il n’est pas rare de voir dans un film, dans une série, ou même aux informations, des comportements considérés comme, disons, extra quotidien, ou extra normatif. Ainsi ces événements in-ordinaires et inconcevables dans l’ordinaire apparaitront comme des actes condamnables aux yeux du plus grand nombre. On peut illustrer ce propos avec ce qu’on a pu vivre ces dernières années, la fixation de la menace dite terroriste. Fixation qui est devenue norme de méfiance. On peut notamment le remarquer avec la hausse des discriminations envers les communautés musulmanes. Ainsi par un procédé de représentation de l’inculture, de l’improbable, on a pu asseoir le statut de norme à une représentation du condamnable.
Le spectateur ainsi défoulé par la représentation de cet inconcevable, n’en est que plus condamnant à son égard.
On peut prendre un exemple encore plus simple, mais plus éloigné. L’attachement dans les premiers films américains à représenter le noir, l’indien, le pauvre, comme amoral transgressant la bien séance.
Ainsi pour comprendre plus globalement la fixation de ce qui sera une norme atemporelle (fixant une société sur plusieurs générations), on peut prendre une autre forme de représentation. La presse du 19ème siècle et le développement des nouvelles pour fidéliser son lectorat. Le développement technique se mélangeant alors au développement du style du récit bref. Le récit bref, la nouvelle, dans sa longue tradition, rond avec l’oralité et ce mets à raconter l’exotique. On peut penser à ces nouvelles exotiques, fantastiques, ou l’on va caractériser le comportement de tel ou tel méchant sauvage. On retrouvera alors, le bourgeois parisien défoulé de ces comportements répréhensibles et militant pour l’apport du progrès à ces sociétés vraiment sous développé tant elles sont condamnables.
Bref, je ne vais pas m’attarder à de multiples exemples, aussi il semble qu’une question persiste. Qu’elle peut être l’intérêt de fixer une norme, dans une société in-figé.
La réponse que j’apporterais est celle-ci : Exercer un contrôle.
En ce sens ou l´apport d´un repère fixé, ne permet plus ou minoritairement son contournement.
Le contournement est alors inconcevable pour le plus grand nombre, et il est même condamné en justifiant ce l´inconcevable par la morale et la séance de la norme.
Pour conclure, et peut être ainsi mettre en relation la catharsis avec la doctrine politique, on peut remarquer une concordance entre représentation de la transgression des doctrines, et leurs applications.
On pense ici au Marxisme et à la représentation du bourgeois condamnable, ou au libéralisme et l’égalitarisme liberticide.
En fait, je prends ici l´exemple des médias pour formaliser ce qu´est la catharsis et formaliser son effet sur la norme.
Seulement, l´information étant déjà un contrôle en elle même, ça n´est pas cette question que je pose.
Ce que je place en débat, c´est la nécessité pour les doctrines politiques, mais aussi pour les politiques de contexte (quinquennat présidentiel par exemple), de recourir à une fixation de la norme via une représentation de la déviance.
Bon pour clarifier encore les choses, je prendrais l’opposition de Sarkozy entre la France qui se lève tôt, celle qui se lève tard (qui est une représentation d’une catharsis, le travailleur se « défoule », « répulsse » via cette représentation).
Je ne dis pas les médias nous contrôlent ou je ne sais quelle doxa fausse. Je dis simplement, il y a recours à la fixation de la norme pour enrôler, pour assoir une idéologie. Ainsi, se rapprocher de telle ou telle mouvance n´est qu´en fait la résultante de l´opinion sur la catharsis qu´elles nous dressent.
Et l´intérêt là, et plutôt de définir si l´idéologie, ou même simplement l´idée est autant un contrôle que l´information. De sorte que s´engager dans telle ou telle cause n´est que la résurgence de l´interprétation puis de la représentation d’une catharsis.
Soit, une chosification de la déviance de l´idéal admit par cette même idéologie.
L'idéologie comme contrôle de la pensée en somme.
lekhan- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 125
Date d'inscription : 01/09/2007
Re: La Catharsis comme nécessité idéologique?
A mon humble avis, tu parles ici de plusieurs choses.
Il y a d'un côté ce que je comprends de la stigmatisation d'un type idéal, la désignation du bouc émissaire, ou tout simplement, de l'ennemi, l'action politique par essence si l'on en croit en tous cas Carl Schmitt.
De l'autre côté, il y a l'aspect normatif d'une société ou d'une culture donnée.
Eventuellement, certains aspects des élements normatifs d'une société ou d'une époque donnée peuvent être investigués par la recherche de qui sont les Monstres que, par hypothèse, on peut considérer comme étant représentés sous les traits de l'antagoniste de l'Homme, du Bon.
Mais dans le premier cas, tu envisages une action intentionnelle, éventuellement une création de valeur, et dans l'autre, tu envisages la norme comme un objet de connaissance.
A mon avis, il faut bien distinguer ces deux niveaux, ou on risque de véhiculer une représentation de la société où les hommes n'ont pas d'autre choix que de subir. Et on génère alors une représentation des médias comme coercitifs, de la société comme une chappe de plomb qui pèse sur les pauvres hommes qui n'en peuvent mais, le contrôle est partout et toujours, le contournement est impossible, etc.
Mais si tel était le cas, il faudrait alors élucider : Qui ? Qui cherche donc ainsi à contrôler notre pensée ? Pareto disait quelque chose qui me semble d'une grande justesse et que je garde toujours quelque part dans un coin de ma tête : "Qui donc est ce "on" que l'on oppose au genre humain ?"
En fait, je pense que le type de question que tu abordes s'approche de deux manières différentes :
- Soit on postule une action intentionnelle, celle d'un leader politique, ou économique, ou d'un groupe cohésif et défini comme tel, etc. tel que tu le fais par exemple en citant Sarkozy, et alors on peut discuter de l'idéologie véhiculée par Sarkozy, ses stratégies, ses objectifs, la réussite de son entreprise de stigmatisation d'une catégorie de population, etc.
- Soit on discute des aspects normatifs d'une société, d'une culture, mais je ne vois pas comment on peut alors ne l'envisager que comme coercitive : Les normes d'une société ne sont pas extérieures aux individus, je pense, mais sont constamment négociées, renégociées par ces mêmes individus. Toi, moi, nous sommes tous co-créateurs de ces normes sociales.
Même s'il ne faut pas non plus tomber dans la naïveté, bien sûr. Bien entendu qu'il existe des tentatives de réduction du choix des individus. Le marketing, par exemple, n'a pas d'autre objet. Mais la mise en lumière de ces tentatives n'implique pas encore qu'elles réussissent perpétuellement et uniformément. A mon avis...
Il y a d'un côté ce que je comprends de la stigmatisation d'un type idéal, la désignation du bouc émissaire, ou tout simplement, de l'ennemi, l'action politique par essence si l'on en croit en tous cas Carl Schmitt.
De l'autre côté, il y a l'aspect normatif d'une société ou d'une culture donnée.
Eventuellement, certains aspects des élements normatifs d'une société ou d'une époque donnée peuvent être investigués par la recherche de qui sont les Monstres que, par hypothèse, on peut considérer comme étant représentés sous les traits de l'antagoniste de l'Homme, du Bon.
Mais dans le premier cas, tu envisages une action intentionnelle, éventuellement une création de valeur, et dans l'autre, tu envisages la norme comme un objet de connaissance.
A mon avis, il faut bien distinguer ces deux niveaux, ou on risque de véhiculer une représentation de la société où les hommes n'ont pas d'autre choix que de subir. Et on génère alors une représentation des médias comme coercitifs, de la société comme une chappe de plomb qui pèse sur les pauvres hommes qui n'en peuvent mais, le contrôle est partout et toujours, le contournement est impossible, etc.
Mais si tel était le cas, il faudrait alors élucider : Qui ? Qui cherche donc ainsi à contrôler notre pensée ? Pareto disait quelque chose qui me semble d'une grande justesse et que je garde toujours quelque part dans un coin de ma tête : "Qui donc est ce "on" que l'on oppose au genre humain ?"
En fait, je pense que le type de question que tu abordes s'approche de deux manières différentes :
- Soit on postule une action intentionnelle, celle d'un leader politique, ou économique, ou d'un groupe cohésif et défini comme tel, etc. tel que tu le fais par exemple en citant Sarkozy, et alors on peut discuter de l'idéologie véhiculée par Sarkozy, ses stratégies, ses objectifs, la réussite de son entreprise de stigmatisation d'une catégorie de population, etc.
- Soit on discute des aspects normatifs d'une société, d'une culture, mais je ne vois pas comment on peut alors ne l'envisager que comme coercitive : Les normes d'une société ne sont pas extérieures aux individus, je pense, mais sont constamment négociées, renégociées par ces mêmes individus. Toi, moi, nous sommes tous co-créateurs de ces normes sociales.
Même s'il ne faut pas non plus tomber dans la naïveté, bien sûr. Bien entendu qu'il existe des tentatives de réduction du choix des individus. Le marketing, par exemple, n'a pas d'autre objet. Mais la mise en lumière de ces tentatives n'implique pas encore qu'elles réussissent perpétuellement et uniformément. A mon avis...
Bergame- Persona
- Nombre de messages : 5358
Date d'inscription : 03/09/2007
Re: La Catharsis comme nécessité idéologique?
C'est en fait un choix d'associer ces deux aspects. En fait je ne pense pas que la Catharsis soit exclusivement intentionnelle. C’est une procédé je crois admis. Que l'on choisit d'utiliser, ou qui s'impose.
La remarque qui m'intéresse en fait, c'est la nécessité qu'à une idéologie d'y recourir. Et à mon avis l'idéologie, comme l'information est une forme de contrôle, volontaire ou non. Normatif ou non.
En fait pourquoi dissocies-tu ces deux aspects?
La remarque qui m'intéresse en fait, c'est la nécessité qu'à une idéologie d'y recourir. Et à mon avis l'idéologie, comme l'information est une forme de contrôle, volontaire ou non. Normatif ou non.
En fait pourquoi dissocies-tu ces deux aspects?
lekhan- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 125
Date d'inscription : 01/09/2007
Re: La Catharsis comme nécessité idéologique?
Et bien, parce que, comme je disais, je pense qu'il faut différencier les notions de norme sociale et d'idéologie politique. Il me semble que c'est quelque chose sur lequel il convient beaucoup d'insister aujourd'hui.
Un système normatif est un ensemble de prescriptions conventionnelles qu'on peut considérer comme caractérisant un groupe social. Ce sont donc les individus sociaux qui sont producteurs de cette norme, c'est dans l'ensemble des interactions au sein de la société considérée que se négocie et se renégocie à chaque instant le système normatif. Une norme est certes coercitive, mais le fait qu'elle soit coercitive n'implique pas encore qu'elle soit intentionnelle. En particulier, une norme n'est pas imposée d'"en-haut", et ne résulte donc pas d'une intelligence toute-puissante qui déciderait par exemple : "Tiens, je veux que les gens de cette société pensent ceci, ou qu'ils pensent comme cela."
En revanche, une idéologie est une "construction" intentionnelle, du moins à son démarrage. Elle a une finalité, celle d'imposer une certaine conception du monde, de la société, de l'homme, du pouvoir, etc. et elle est véhiculée et diffusée dans ce but. Tous ceux qui la diffusent n'ont pas nécessairement connaissance ni conscience de l'ensemble de ses implications, mais il n'empêche que cette diffusion répond à des objectifs au moins partiels auxquels l'agent diffuseur adhère.
Pourquoi est-ce important de distinguer les deux ? Parce que ne pas le faire conduit trop facilement, à mon sens, à une représentation de la société dont la culture serait imprégnée d'une idéologie politique. Typiquement, c'est l'argument en lui-même parfaitement politique de la "pensée unique". Quand on parle de "pensée unique", on fait comme si le système normatif d'une société donnée, d'une part s'imposait aux individus sans que ceux-ci n'aient beaucoup d'alternatives si ce n'est subir, d'autre part était plus ou moins le résultat d'une sorte de lavage de cerveaux généralisée dont on pourrait éventuellement retrouver les concepteurs originels -théorie du complot.
Il est clair -j'espère- que cette représentation de la société est erronée. La preuve, si j'ose dire, il y a des versions différentes de la "pensée unique" : Par exemple, le libéralisme pour les uns, l'égalitarisme pour les autres.
Je pense donc que dans nos sociétés modernes, il est assez clair que plusieurs idéologies politiques s'affrontent, et prétendre dire laquelle "domine" à instant T me semble surtout une question d'appréciation. Par conséquent, pour rester dans le droit fil de ce que tu dis, et en supposant avec toi qu'il existe un lien entre idéologie et catharsis, je dirais à tout le moins que plusieurs représentations cathartiques nous sont proposées. Il y en a qui nous touchent, et d'autres moins.
Et je me demande même si nous pouvons encore parler d'un système normatif dans les sociétés modernes. En fait, je ne me le demande pas, je pense que non, et c'est précisément pourquoi nous pouvons être co-créateurs de ce système normatif. Donc j'aurais même tendance à dire que ce n'est pas seulement que plusieurs représentations cathartiques nous sont proposées, c'est que pour une grande part, il me semble que c'est nous qui les créons à notre propre usage.
Enfin, ça dépend à quel niveau. Je parle là du niveau "travailleur qui se lève tôt". A un niveau plus profond, celui de la morale, je pense comme je l'ai dit ailleurs, que le fond est rationnel et unique, et que le voleur ou le criminel porte partout une valeur transgressive.
Mais peut-être ce que je propose ici est un peu accessoire vis-à-vis de ton idée ? Sur le fond, je suis assez d'accord et intéressé d'ailleurs, par cette idée de l'élaboration d'une figure Ennemie. Un psychologue versé dans la théorie psychanalytique du groupe, pourrait sans doute nous parler de projection, de "bouc émissaire", je crois me souvenir qu'Anzieu avait un truc assez intéressant là-dessus. Nous sortirions alors de la perspective politico-idéologique, et nous envisagerions la représentation cathartique comme un besoin psychologique de l'individu : Le besoin de projeter sur autrui ce que nous refusons inconsciemment chez nous-mêmes -ou quelque chose comme cela... Je crois assez à quelque chose comme cela. Pour moi, l'idéologie est toujours seconde, elle est trop élaborée, trop "consciente", pour être première.
Bon, j'espère ne pas avoir trop dévié par rapport à ton idée première.
Un système normatif est un ensemble de prescriptions conventionnelles qu'on peut considérer comme caractérisant un groupe social. Ce sont donc les individus sociaux qui sont producteurs de cette norme, c'est dans l'ensemble des interactions au sein de la société considérée que se négocie et se renégocie à chaque instant le système normatif. Une norme est certes coercitive, mais le fait qu'elle soit coercitive n'implique pas encore qu'elle soit intentionnelle. En particulier, une norme n'est pas imposée d'"en-haut", et ne résulte donc pas d'une intelligence toute-puissante qui déciderait par exemple : "Tiens, je veux que les gens de cette société pensent ceci, ou qu'ils pensent comme cela."
En revanche, une idéologie est une "construction" intentionnelle, du moins à son démarrage. Elle a une finalité, celle d'imposer une certaine conception du monde, de la société, de l'homme, du pouvoir, etc. et elle est véhiculée et diffusée dans ce but. Tous ceux qui la diffusent n'ont pas nécessairement connaissance ni conscience de l'ensemble de ses implications, mais il n'empêche que cette diffusion répond à des objectifs au moins partiels auxquels l'agent diffuseur adhère.
Pourquoi est-ce important de distinguer les deux ? Parce que ne pas le faire conduit trop facilement, à mon sens, à une représentation de la société dont la culture serait imprégnée d'une idéologie politique. Typiquement, c'est l'argument en lui-même parfaitement politique de la "pensée unique". Quand on parle de "pensée unique", on fait comme si le système normatif d'une société donnée, d'une part s'imposait aux individus sans que ceux-ci n'aient beaucoup d'alternatives si ce n'est subir, d'autre part était plus ou moins le résultat d'une sorte de lavage de cerveaux généralisée dont on pourrait éventuellement retrouver les concepteurs originels -théorie du complot.
Il est clair -j'espère- que cette représentation de la société est erronée. La preuve, si j'ose dire, il y a des versions différentes de la "pensée unique" : Par exemple, le libéralisme pour les uns, l'égalitarisme pour les autres.
Je pense donc que dans nos sociétés modernes, il est assez clair que plusieurs idéologies politiques s'affrontent, et prétendre dire laquelle "domine" à instant T me semble surtout une question d'appréciation. Par conséquent, pour rester dans le droit fil de ce que tu dis, et en supposant avec toi qu'il existe un lien entre idéologie et catharsis, je dirais à tout le moins que plusieurs représentations cathartiques nous sont proposées. Il y en a qui nous touchent, et d'autres moins.
Et je me demande même si nous pouvons encore parler d'un système normatif dans les sociétés modernes. En fait, je ne me le demande pas, je pense que non, et c'est précisément pourquoi nous pouvons être co-créateurs de ce système normatif. Donc j'aurais même tendance à dire que ce n'est pas seulement que plusieurs représentations cathartiques nous sont proposées, c'est que pour une grande part, il me semble que c'est nous qui les créons à notre propre usage.
Enfin, ça dépend à quel niveau. Je parle là du niveau "travailleur qui se lève tôt". A un niveau plus profond, celui de la morale, je pense comme je l'ai dit ailleurs, que le fond est rationnel et unique, et que le voleur ou le criminel porte partout une valeur transgressive.
Mais peut-être ce que je propose ici est un peu accessoire vis-à-vis de ton idée ? Sur le fond, je suis assez d'accord et intéressé d'ailleurs, par cette idée de l'élaboration d'une figure Ennemie. Un psychologue versé dans la théorie psychanalytique du groupe, pourrait sans doute nous parler de projection, de "bouc émissaire", je crois me souvenir qu'Anzieu avait un truc assez intéressant là-dessus. Nous sortirions alors de la perspective politico-idéologique, et nous envisagerions la représentation cathartique comme un besoin psychologique de l'individu : Le besoin de projeter sur autrui ce que nous refusons inconsciemment chez nous-mêmes -ou quelque chose comme cela... Je crois assez à quelque chose comme cela. Pour moi, l'idéologie est toujours seconde, elle est trop élaborée, trop "consciente", pour être première.
Bon, j'espère ne pas avoir trop dévié par rapport à ton idée première.
Bergame- Persona
- Nombre de messages : 5358
Date d'inscription : 03/09/2007
Re: La Catharsis comme nécessité idéologique?
Mais en fait -tant pis, je continue- sans doute est-il possible de penser une articulation entre ces deux niveaux, psychologique et politique. D'ailleurs, en y réfléchissant, c'est à peu près comme cela que Carl Schmitt pense la chose. Je m'explique, et par la même occasion, je retrouve une discussion déjà eue avec Tea-[Boh] sur Philautarchie.
Tout le monde connait la célèbre théorie de Carl Schmitt dans La Notion de Politique : Quelle est la catégorie irréductible du politique, se demande-t-il. L'Etat, le droit, le juste, la force, la légitimité, etc. toutes ces notions qui font partie du vocabulaire politique ressortent en fait d'autres catégories que celle du politique. Non, en toute dernière analyse dit Schmitt, la catégorie du politique c'est la polarité ami/ennemi, et le double objet (indissociable, qu'on peut penser dialectiquement peut-être) du politique est l'association des êtres humains d'un côté, la dissociation des êtres humains de l'autre. L'action politique, fondamentalement, cela consiste donc à désigner l'ennemi, et par conséquent, dans le même temps, créer une communauté d'amis -qui se définit donc en opposition à l'ennemi ainsi désigné, si l'on comprend bien l'idée.
Or, il y a une difficulté, dans cette théorie, qui était la cause de notre discussion avec Tea-[Boh], c'est que ce n'est pas un individu leader politique, ou même un Etat, qui désigne l'ennemi, c'est l'ensemble de la communauté. Parce que Schmitt ne conçoit pas l'Etat (ou disons, la sphère politique) comme distincte de la société, mais que dans la tradition germanique du Staat, Etat et société sont pour lui équivalents. Aussi, précise-t-il, le terme de "politique" ne désigne-t-il pas un domaine d'activité propre, mais plutôt un degré d'intensité d’une association ou d’une dissociation d’êtres humains dont les motifs peuvent être d’ordre religieux, national, économique ou autre.
L'option que choisit Schmitt est donc difficile. En tant qu'héritier de Weber, il aurait pu en adopter une autre (a), il aurait pu envisager par exemple qu'il existe au sein de la société/Etat une lutte entre des leaders qui, tous, désignent un Ennemi différent -pour parler rapidement- et qu'il existe une chance pour que cette désignation rencontre l'assentiment du reste de la communauté -cet assentiment constituant à la fois le leader comme détenteur du pouvoir au sein de l'entreprise-Etat, et la communauté comme communauté politique. Ce serait une représentation pluraliste qui est un peu celle que je défendais moi-même plus haut -si on laisse de côté pour l'instant l'aspect normatif.
Mais d'abord, Schmitt conçoit un ennemi concret et non une représentation ; ensuite, il refuse le pluralisme car, pour lui, il signifie pluralité des allégeances. Or, une communauté politique se définit par la maxime protego ergo obligo ("je te protège, donc je t'oblige") et par conséquent, on ne peut appartenir à plusieurs communautés différentes.
Mais il y a aussi un autre problème, qui est la question de l'assentiment. Et de fait, c'est un point très faible dans l'épistémologie wéberienne, faible à ce point qu'il est contourné par Weber plutôt qu'adressé : Pourquoi telle désignation rencontre-t-elle l'assentiment plutôt que telle autre ? Il est ici à nouveau question de fondation ultime, et Weber considère que ce problème n'est pas celui de la sociologie : La science (sociologie) peut s'occuper du quoi, où, comment, qui, etc. mais pas du pourquoi.
Or, Schmitt, lui, adopte une stratégie conceptuelle qui lui permet de répondre à la question "pourquoi" : Pourquoi la désignation de l'Ennemi entraine-t-elle dans la guerre l'ensemble de la communauté qu'elle constitue politiquement par la même occasion ? Et bien parce que, tout simplement, c'est la communauté elle-même qui désigne l'Ennemi. Si ça, c'est pas une belle solution conceptuelle ! (b) :) Mais d'une part, c'est une solution qui trouve tout à fait sa place dans la tradition germanique depuis Hegel, et d'autre part, c'est une solution qui renvoie au moins partiellement à l'empirie.
Pour Schmitt lui-même, le point d'ancrage dans l'empirie est culturel, l'Etat est un "mode d'existence spécifique d'un peuple". L'Ennemi, c'est donc, de toutes façons et par définition, l'Etranger. Notons d'ailleurs qu'à ce point, Schmitt utilise le concept weberien de "chance" -qu'il a donc simplement déplacé : A partir du moment où l'Etranger existe, il y a une chance pour qu'il soit désigné comme Ennemi. Mais ici, on le comprend, la désignation de l'Ennemi entraine ipso facto l'ensemble de la communauté en guerre. Donc, empiriquement, que dit Schmitt : Et bien il dit qu'à partir du moment où il y a des nations, des pays, des communautés, des ethnies, des groupements humains quelqu'ils soient, il y a potentiellement guerre (c). Et que le politique a justement pour objet ce phénomène particulier d'amitié/hostilité entre les hommes qui les conduit à s'entretuer.
Mais, et c'est là où je veux en venir avec ce long préambule, je me demandais à la relecture de ce que j'écrivais plus haut si la théorie de Schmitt n'était pas aussi compréhensible psychologiquement. En plaçant la discussion au niveau des représentations, ne reste-t-il pas quelque chose de vrai dans l'idée que nous forgeons nous-mêmes l'Ennemi ? En me relisant, j'essayais de me rappeler le passage du 1984 -je n'ai plus le texte avec moi- ce passage où Orwell décrit l'exercice qui consiste à projeter sur grand écran des images de l'Ennemi, et à générer des réactions de haine pure et profonde de la part des spectateurs-participants. Voila, sans doute, un exemple-type de représentation cathartique au sens où tu l'entends, Lekhan, non ? Or, je me demandais si, justement, Orwell n'insistait pas sur un phénomène de projection, si le texte n'induisait pas l'idée que chaque participant projetait sur cette image ses sentiments haineux, sa propre haine. La représentation cathartique me semblait être une simple surface de projection, dans le texte d'Orwell, surface sur laquelle chacun peut balancer la haine qui l'habite -et qu'il pourrait potentiellement diriger contre ses maitres si elle n'était pas canalisée.
Dans cette perspective, et pour retrouver un autre schème conceptuel classique, l'action politique (ou idéologique, peut-être, dans tes propres termes) pourrait consister à proposer une forme destinée à l'expression des haines, peurs, angoisses, qu'on postule constitutives de la matière psyché, et qui, autrement, pourraient créer leurs propres imagos (?) de l'Ennemi. Une explication webero-schmittienne consisterait même à dire que la réussite d'un leader politique passera par le fait qu'il saura montrer à la communauté la bonne représentation, celle qui, en quelque sorte, s'ajustera le mieux aux représentations cathartiques que se forment en moyenne et sur les grands nombre les individus (si une approche probabiliste peut avoir quelque sens en la matière, disons que c'est pour l'instant manière de s'exprimer). A l'appui de cette idée, je proposerai par exemple à nouveau Schmitt qui, dans un écrit tardif, expliquait l'extraordinaire force d'impact de Lénine et son leadership sur les révolutionnaires russes par le fait que lui "connaissait l'ennemi". Dans le même ordre d'idées, Ernest Nolte proposait une très intéressante reconstruction de la manière dont Hitler a pu élaborer sa figure très particulière du Juif, en empruntant à la fois à l'anti-sémitisme, à l'anti-bolchévisme et à l'anti-capitalisme dans une sorte de puzzle de la haine.
Hum... décidément, une contribution très teintée politiquement ! N'en concluez rien trop vite, je vous prie... :D
(a) Ne pas prendre ce que j'écris ici sur Weber au pied de la lettre, svp, je jongle un peu avec son épistémologie, je propose une stratégie conceptuelle qui aurait pu éventuellement être celle de Schmitt s'inspirant de Weber. Weber n'a par exemple jamais parlé de chance pour que la désignation de l'ennemi rencontre l'assentiment, mais de chance pour que l'ordre rencontre l'obéissance. Toutefois, la transposition du schème conceptuel me semble correcte.
(b) Il faut noter toutefois qu'à partir des années 30, Schmitt va accorder de plus en plus d'importance au Führerprinzip et donc se rapprocher de la stratégie conceptuelle de Weber.
(c) Toujours à partir des années 30, Schmitt va toutefois avoir de plus en plus tendance à considérer que parmi les peuples étrangers, certains sont plus naturellement ennemis que d'autres. Rappelons tout de même que Carl Schmitt a occupé un temps d'assez hautes fonctions dans le régime nazi et que la sincérité de son adhésion ne fait, à la différence d'autres intellectuels allemands de l'époque, pas grand doute.
Tout le monde connait la célèbre théorie de Carl Schmitt dans La Notion de Politique : Quelle est la catégorie irréductible du politique, se demande-t-il. L'Etat, le droit, le juste, la force, la légitimité, etc. toutes ces notions qui font partie du vocabulaire politique ressortent en fait d'autres catégories que celle du politique. Non, en toute dernière analyse dit Schmitt, la catégorie du politique c'est la polarité ami/ennemi, et le double objet (indissociable, qu'on peut penser dialectiquement peut-être) du politique est l'association des êtres humains d'un côté, la dissociation des êtres humains de l'autre. L'action politique, fondamentalement, cela consiste donc à désigner l'ennemi, et par conséquent, dans le même temps, créer une communauté d'amis -qui se définit donc en opposition à l'ennemi ainsi désigné, si l'on comprend bien l'idée.
Or, il y a une difficulté, dans cette théorie, qui était la cause de notre discussion avec Tea-[Boh], c'est que ce n'est pas un individu leader politique, ou même un Etat, qui désigne l'ennemi, c'est l'ensemble de la communauté. Parce que Schmitt ne conçoit pas l'Etat (ou disons, la sphère politique) comme distincte de la société, mais que dans la tradition germanique du Staat, Etat et société sont pour lui équivalents. Aussi, précise-t-il, le terme de "politique" ne désigne-t-il pas un domaine d'activité propre, mais plutôt un degré d'intensité d’une association ou d’une dissociation d’êtres humains dont les motifs peuvent être d’ordre religieux, national, économique ou autre.
L'option que choisit Schmitt est donc difficile. En tant qu'héritier de Weber, il aurait pu en adopter une autre (a), il aurait pu envisager par exemple qu'il existe au sein de la société/Etat une lutte entre des leaders qui, tous, désignent un Ennemi différent -pour parler rapidement- et qu'il existe une chance pour que cette désignation rencontre l'assentiment du reste de la communauté -cet assentiment constituant à la fois le leader comme détenteur du pouvoir au sein de l'entreprise-Etat, et la communauté comme communauté politique. Ce serait une représentation pluraliste qui est un peu celle que je défendais moi-même plus haut -si on laisse de côté pour l'instant l'aspect normatif.
Mais d'abord, Schmitt conçoit un ennemi concret et non une représentation ; ensuite, il refuse le pluralisme car, pour lui, il signifie pluralité des allégeances. Or, une communauté politique se définit par la maxime protego ergo obligo ("je te protège, donc je t'oblige") et par conséquent, on ne peut appartenir à plusieurs communautés différentes.
Mais il y a aussi un autre problème, qui est la question de l'assentiment. Et de fait, c'est un point très faible dans l'épistémologie wéberienne, faible à ce point qu'il est contourné par Weber plutôt qu'adressé : Pourquoi telle désignation rencontre-t-elle l'assentiment plutôt que telle autre ? Il est ici à nouveau question de fondation ultime, et Weber considère que ce problème n'est pas celui de la sociologie : La science (sociologie) peut s'occuper du quoi, où, comment, qui, etc. mais pas du pourquoi.
Or, Schmitt, lui, adopte une stratégie conceptuelle qui lui permet de répondre à la question "pourquoi" : Pourquoi la désignation de l'Ennemi entraine-t-elle dans la guerre l'ensemble de la communauté qu'elle constitue politiquement par la même occasion ? Et bien parce que, tout simplement, c'est la communauté elle-même qui désigne l'Ennemi. Si ça, c'est pas une belle solution conceptuelle ! (b) :) Mais d'une part, c'est une solution qui trouve tout à fait sa place dans la tradition germanique depuis Hegel, et d'autre part, c'est une solution qui renvoie au moins partiellement à l'empirie.
Pour Schmitt lui-même, le point d'ancrage dans l'empirie est culturel, l'Etat est un "mode d'existence spécifique d'un peuple". L'Ennemi, c'est donc, de toutes façons et par définition, l'Etranger. Notons d'ailleurs qu'à ce point, Schmitt utilise le concept weberien de "chance" -qu'il a donc simplement déplacé : A partir du moment où l'Etranger existe, il y a une chance pour qu'il soit désigné comme Ennemi. Mais ici, on le comprend, la désignation de l'Ennemi entraine ipso facto l'ensemble de la communauté en guerre. Donc, empiriquement, que dit Schmitt : Et bien il dit qu'à partir du moment où il y a des nations, des pays, des communautés, des ethnies, des groupements humains quelqu'ils soient, il y a potentiellement guerre (c). Et que le politique a justement pour objet ce phénomène particulier d'amitié/hostilité entre les hommes qui les conduit à s'entretuer.
Mais, et c'est là où je veux en venir avec ce long préambule, je me demandais à la relecture de ce que j'écrivais plus haut si la théorie de Schmitt n'était pas aussi compréhensible psychologiquement. En plaçant la discussion au niveau des représentations, ne reste-t-il pas quelque chose de vrai dans l'idée que nous forgeons nous-mêmes l'Ennemi ? En me relisant, j'essayais de me rappeler le passage du 1984 -je n'ai plus le texte avec moi- ce passage où Orwell décrit l'exercice qui consiste à projeter sur grand écran des images de l'Ennemi, et à générer des réactions de haine pure et profonde de la part des spectateurs-participants. Voila, sans doute, un exemple-type de représentation cathartique au sens où tu l'entends, Lekhan, non ? Or, je me demandais si, justement, Orwell n'insistait pas sur un phénomène de projection, si le texte n'induisait pas l'idée que chaque participant projetait sur cette image ses sentiments haineux, sa propre haine. La représentation cathartique me semblait être une simple surface de projection, dans le texte d'Orwell, surface sur laquelle chacun peut balancer la haine qui l'habite -et qu'il pourrait potentiellement diriger contre ses maitres si elle n'était pas canalisée.
Dans cette perspective, et pour retrouver un autre schème conceptuel classique, l'action politique (ou idéologique, peut-être, dans tes propres termes) pourrait consister à proposer une forme destinée à l'expression des haines, peurs, angoisses, qu'on postule constitutives de la matière psyché, et qui, autrement, pourraient créer leurs propres imagos (?) de l'Ennemi. Une explication webero-schmittienne consisterait même à dire que la réussite d'un leader politique passera par le fait qu'il saura montrer à la communauté la bonne représentation, celle qui, en quelque sorte, s'ajustera le mieux aux représentations cathartiques que se forment en moyenne et sur les grands nombre les individus (si une approche probabiliste peut avoir quelque sens en la matière, disons que c'est pour l'instant manière de s'exprimer). A l'appui de cette idée, je proposerai par exemple à nouveau Schmitt qui, dans un écrit tardif, expliquait l'extraordinaire force d'impact de Lénine et son leadership sur les révolutionnaires russes par le fait que lui "connaissait l'ennemi". Dans le même ordre d'idées, Ernest Nolte proposait une très intéressante reconstruction de la manière dont Hitler a pu élaborer sa figure très particulière du Juif, en empruntant à la fois à l'anti-sémitisme, à l'anti-bolchévisme et à l'anti-capitalisme dans une sorte de puzzle de la haine.
Hum... décidément, une contribution très teintée politiquement ! N'en concluez rien trop vite, je vous prie... :D
(a) Ne pas prendre ce que j'écris ici sur Weber au pied de la lettre, svp, je jongle un peu avec son épistémologie, je propose une stratégie conceptuelle qui aurait pu éventuellement être celle de Schmitt s'inspirant de Weber. Weber n'a par exemple jamais parlé de chance pour que la désignation de l'ennemi rencontre l'assentiment, mais de chance pour que l'ordre rencontre l'obéissance. Toutefois, la transposition du schème conceptuel me semble correcte.
(b) Il faut noter toutefois qu'à partir des années 30, Schmitt va accorder de plus en plus d'importance au Führerprinzip et donc se rapprocher de la stratégie conceptuelle de Weber.
(c) Toujours à partir des années 30, Schmitt va toutefois avoir de plus en plus tendance à considérer que parmi les peuples étrangers, certains sont plus naturellement ennemis que d'autres. Rappelons tout de même que Carl Schmitt a occupé un temps d'assez hautes fonctions dans le régime nazi et que la sincérité de son adhésion ne fait, à la différence d'autres intellectuels allemands de l'époque, pas grand doute.
Bergame- Persona
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Date d'inscription : 03/09/2007
Re: La Catharsis comme nécessité idéologique?
Bergame a écrit:
Dans cette perspective, et pour retrouver un autre schème conceptuel classique, l'action politique (ou idéologique, peut-être, dans tes propres termes) pourrait consister à proposer une forme destinée à l'expression des haines, peurs, angoisses, qu'on postule constitutives de la matière psyché, et qui, autrement, pourraient créer leurs propres imagos (?) de l'Ennemi. Une explication webero-schmittienne consisterait même à dire que la réussite d'un leader politique passera par le fait qu'il saura montrer à la communauté la bonne représentation, celle qui, en quelque sorte, s'ajustera le mieux aux représentations cathartiques que se forment en moyenne et sur les grands nombre les individus (si une approche probabiliste peut avoir quelque sens en la matière, disons que c'est pour l'instant manière de s'exprimer). A l'appui de cette idée, je proposerai par exemple à nouveau Schmitt qui, dans un écrit tardif, expliquait l'extraordinaire force d'impact de Lénine et son leadership sur les révolutionnaires russes par le fait que lui "connaissait l'ennemi". Dans le même ordre d'idées, Ernest Nolte proposait une très intéressante reconstruction de la manière dont Hitler a pu élaborer sa figure très particulière du Juif, en empruntant à la fois à l'anti-sémitisme, à l'anti-bolchévisme et à l'anti-capitalisme dans une sorte de puzzle de la haine.
Hum... décidément, une contribution très teintée politiquement ! N'en concluez rien trop vite, je vous prie... :D
C'est en fait exactement ce que je cherchais à mettre en lumière. Avec plus ou moins de précisions d'ailleurs.
En ce sens la distinction que tu fais dans un premier temps tombent avec l'exemple d'Orwell. L'articulation m'apparait comme logique.
En ce sens ou l'idéologue canalise les représentations de la société et lui restitue une vision. Ainsi elle ne reste pas forcement exclusive, plusieurs représentations peuvent cohabités.
Ma réponse est tout à fait courte, mais en t'attachant à démontrer la possibilité d'une articulation tu abondes dans la vision, dans l'idée que je voulais donner dans mon sujet. Même si je dois le reconnaitre, il n'est pas clair.
lekhan- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 01/09/2007
Re: La Catharsis comme nécessité idéologique?
Et bien alors voila un très bon exemple de discussion, justement, où, à partir de deux positions contradictoires, on aboutit, après analyse et confrontation, à un accord. En l'occurence, c'est ma propre position qui a bougée après y avoir accordée un peu de réflexion.
Mais c'est une idée vraiment très intéressante, je trouve. Je vais te faire une confidence, la manière dont nous développons ce sujet ressemble en fait bcp à la direction que je donne à ma thèse. Je la réalise sur la notion de légitimité du politique, et j'envisage la légitimité un peu comme l'envers de ta catharsis, en quelque sorte, une surface de projection positive là où tu définis une surface de projection négative. Enfin, pour reprendre les termes que nous avons employés jusqu'ici.
Cela étant, nous ne sommes pas quittes pour autant. Comment envisages-tu cela, empiriquement ? Par exemple, tiens, à ton avis, est-il possible de prédire -avec un coef d'erreur peu importe- quelles surfaces de projection vont "rencontrer" les investissements émotionnels, et quels autres ne vont pas le faire ? Et comment ?
Mais c'est une idée vraiment très intéressante, je trouve. Je vais te faire une confidence, la manière dont nous développons ce sujet ressemble en fait bcp à la direction que je donne à ma thèse. Je la réalise sur la notion de légitimité du politique, et j'envisage la légitimité un peu comme l'envers de ta catharsis, en quelque sorte, une surface de projection positive là où tu définis une surface de projection négative. Enfin, pour reprendre les termes que nous avons employés jusqu'ici.
Cela étant, nous ne sommes pas quittes pour autant. Comment envisages-tu cela, empiriquement ? Par exemple, tiens, à ton avis, est-il possible de prédire -avec un coef d'erreur peu importe- quelles surfaces de projection vont "rencontrer" les investissements émotionnels, et quels autres ne vont pas le faire ? Et comment ?
Bergame- Persona
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Date d'inscription : 03/09/2007
Re: La Catharsis comme nécessité idéologique?
Un long temps de réponse pour finalement quelque chose d'assez court. Mais j'avoue que cette idée de coefficient m'a assez perturbé.
Prenons la projection comme un espace. Un espace qui pourrait se définir en différent pôle se rejoignant pour former cet investissement.
On pourrait le décomposer sauf forme d'habitus, contexte social et moment temporel.
L'investissement y serait optimum quand les trois pôles (il peut y en avoir une infinité cela dit, mais moins influant je pense) serait réunie
En sommes on agirait avec préméditation en visant telle ou telle classe, conscient que telle ou telle projection puisse aboutir à l'adhésion ou la répulsion.
Exemple quand N.S dit: "Lire la princesse de Clèves est une torture", il projette à un certain type, dans un certain contexte et à un moment précis, une forme de Catharsis qui agira répulsivement pour une classe "intellectuel bourgeoise" et positivement pour une classe dite "populaire non lectrice".
On pratique Dichotomie en opposant deux modèles. L'habileté est d'arrivé par ce biais à réunir les deux électorats, ou les parties nécessaires à la continuité, au futur.
En sommes je crois qu'il faut penser non pas en coefficient, mais en espace de projection.
Cela évite ainsi d'y voir une règle scientifique.
Car les pôles peuvent ne pas être ainsi en accord, et remporter l'adhésion partielle ou totale. Ainsi le contexte peut suffire à certaines personnes, l'habitus à d'autre, et le moment temporel également (avec je pense moins d'efficience).
Les trois pôles cheminent ensemble, mais peuvent ainsi fonctionner de manière individuelle. L'interaction entre les trois faisant ou non remporter l'adhésion, faisant ou non le recours à l'acte d'investissement.
Des pôles, comme explication de l'adhésion ou de la non-adhésion.
Prenons la projection comme un espace. Un espace qui pourrait se définir en différent pôle se rejoignant pour former cet investissement.
On pourrait le décomposer sauf forme d'habitus, contexte social et moment temporel.
L'investissement y serait optimum quand les trois pôles (il peut y en avoir une infinité cela dit, mais moins influant je pense) serait réunie
En sommes on agirait avec préméditation en visant telle ou telle classe, conscient que telle ou telle projection puisse aboutir à l'adhésion ou la répulsion.
Exemple quand N.S dit: "Lire la princesse de Clèves est une torture", il projette à un certain type, dans un certain contexte et à un moment précis, une forme de Catharsis qui agira répulsivement pour une classe "intellectuel bourgeoise" et positivement pour une classe dite "populaire non lectrice".
On pratique Dichotomie en opposant deux modèles. L'habileté est d'arrivé par ce biais à réunir les deux électorats, ou les parties nécessaires à la continuité, au futur.
En sommes je crois qu'il faut penser non pas en coefficient, mais en espace de projection.
Cela évite ainsi d'y voir une règle scientifique.
Car les pôles peuvent ne pas être ainsi en accord, et remporter l'adhésion partielle ou totale. Ainsi le contexte peut suffire à certaines personnes, l'habitus à d'autre, et le moment temporel également (avec je pense moins d'efficience).
Les trois pôles cheminent ensemble, mais peuvent ainsi fonctionner de manière individuelle. L'interaction entre les trois faisant ou non remporter l'adhésion, faisant ou non le recours à l'acte d'investissement.
Des pôles, comme explication de l'adhésion ou de la non-adhésion.
lekhan- Digressi(f/ve)
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Date d'inscription : 01/09/2007
Re: La Catharsis comme nécessité idéologique?
Pourquoi pas une stratégie du pli ?
N.S. estime qu'il est injuste que certains ne cotisent pas 40 ans alors cet effort a été demandé à tous les autres, creusant un écart entre le 'fait' et le "restant à faire", entre la norme et l'exception, faisant vibrer la corde de l'égalitarisme (par le bas) et répudiant les tendances aristosociales.
Puis, une fois le plissement effectué, le tissu s'apprêtant à être plié, il y a dépli et il s'agit, toujours en suivant les lignes esquissées de faire l'apologie des métiers (en l'occurrence cheminots, fonctionnaires) de non-paresseux (démenti du stéréotype sur lequel ce pli appuie), celui-là même placé, projeté en situation d'exception ou de marge. Et, le must, en rémployant une "ligne adverse" (ne pas monte les uns contre les autres").
Dès lors, on plie dans un sens ou dans l'autre, répondant aux propos tracés, représentant les uns aux autres, employant les contre-arguments qui s'y opposent (dialectique éristique), fournissant, structurant ainsi les questions, les formulations, le lexique, les réponses possibles.
N.S. estime qu'il est injuste que certains ne cotisent pas 40 ans alors cet effort a été demandé à tous les autres, creusant un écart entre le 'fait' et le "restant à faire", entre la norme et l'exception, faisant vibrer la corde de l'égalitarisme (par le bas) et répudiant les tendances aristosociales.
Puis, une fois le plissement effectué, le tissu s'apprêtant à être plié, il y a dépli et il s'agit, toujours en suivant les lignes esquissées de faire l'apologie des métiers (en l'occurrence cheminots, fonctionnaires) de non-paresseux (démenti du stéréotype sur lequel ce pli appuie), celui-là même placé, projeté en situation d'exception ou de marge. Et, le must, en rémployant une "ligne adverse" (ne pas monte les uns contre les autres").
Dès lors, on plie dans un sens ou dans l'autre, répondant aux propos tracés, représentant les uns aux autres, employant les contre-arguments qui s'y opposent (dialectique éristique), fournissant, structurant ainsi les questions, les formulations, le lexique, les réponses possibles.
_________________
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L'effet dévore la cause, la fin en a absorbé le moyen.
Paul Valéry, Poésie et pensées abstraites
(cité par Herbert Marcuse, in L'homme unidimensionnel)
hks : On le sait bien, une fois que un tel est parti (faché) on se retrouve seuls comme des imbéciles.
Re: La Catharsis comme nécessité idéologique?
Le pli ne sous-entend t'il pas un commun? Enfin il est évident qu'il y en est un, mais est-ce que le pli ne s'arrête pas dans sa forme à son creuset, sa pliure.
Est-ce qu'il n'est pas réducteur de l'opposition? Ou alors il y a plusieurs plis, oui ça serait logique alors. Mais ce qui n'empêche se problème de fixer le point commun de toutes les idéologies, la pliure mère, puisque il en faut bien une?
Que serait-elle l'opposition Homme à l'état de nature/ Culture. Ou bien basé sur les richesses, les capacités ou je ne sais quoi d'autre comme représentation?
Ça fait un peu fixité, il restera toujours la pliure non? Enfin c'est plutôt intéressant qu'il reste toujours les stigmates du commencement. A moins qu'un pouce puissant aplanisse la feuille et l'humidifie en même temps, de tel sorte que la pliure s'estompe et disparaisse. Une réécriture si l'on peut dire. Tu vois ça comment se rapport à l'évolution?
Est-ce qu'il n'est pas réducteur de l'opposition? Ou alors il y a plusieurs plis, oui ça serait logique alors. Mais ce qui n'empêche se problème de fixer le point commun de toutes les idéologies, la pliure mère, puisque il en faut bien une?
Que serait-elle l'opposition Homme à l'état de nature/ Culture. Ou bien basé sur les richesses, les capacités ou je ne sais quoi d'autre comme représentation?
Ça fait un peu fixité, il restera toujours la pliure non? Enfin c'est plutôt intéressant qu'il reste toujours les stigmates du commencement. A moins qu'un pouce puissant aplanisse la feuille et l'humidifie en même temps, de tel sorte que la pliure s'estompe et disparaisse. Une réécriture si l'on peut dire. Tu vois ça comment se rapport à l'évolution?
lekhan- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 125
Date d'inscription : 01/09/2007
Re: La Catharsis comme nécessité idéologique?
j'élude complètement la question en ne le considérant que comme culturel.
Comme technique du sujet (assujetissement/subjectivation).
Ce qui explique qu'il y ait des plis communs.
Pour grossir le trait, l'écart qu'on se donne toujours entre pensée occidentale et orientale peut s'exprimer par une façon de plier vie et mort, être et néant complétement différente.
Il y a des plis usés, sécularisés qu'on reprend, dédouble.
Le commencement compris dans le cheminement.
Mais alors constant commencement. Constante reprise.
Recommencement se voulant original ou s'oubliant pour le faire croire, sans démarrage originel.
Comme technique du sujet (assujetissement/subjectivation).
Ce qui explique qu'il y ait des plis communs.
Pour grossir le trait, l'écart qu'on se donne toujours entre pensée occidentale et orientale peut s'exprimer par une façon de plier vie et mort, être et néant complétement différente.
Il y a des plis usés, sécularisés qu'on reprend, dédouble.
Le commencement compris dans le cheminement.
Mais alors constant commencement. Constante reprise.
Recommencement se voulant original ou s'oubliant pour le faire croire, sans démarrage originel.
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hks : On le sait bien, une fois que un tel est parti (faché) on se retrouve seuls comme des imbéciles.
Re: La Catharsis comme nécessité idéologique?
Il y a peut-être une piste avec René Kaës et son appareil psychique groupaltout groupe se réfère à son insu à une illusion, un imaginaire, une croyance (ou un ensemble de croyances) qui fondent sa cohésion (apparente).
_________________
Soyez patient envers tout ce qui n'est pas résolu dans votre cœur et essayez d'aimer les questions elles-mêmes
lanK- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 458
Date d'inscription : 12/09/2007
Re: La Catharsis comme nécessité idéologique?
Oui, en effet.
OptionZero- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 8
Date d'inscription : 30/11/2007
Re: La Catharsis comme nécessité idéologique?
Et vous ne voulez pas développer ?
Vargas, j'ai beau essayer, je n'arrive pas à me représenter ce que c'est que ce "pli". Je suis un tâcheron, quand j'ai pas de référence théorique, je suis perdu. Ca vient d'où ? Deleuze ?
Vargas, j'ai beau essayer, je n'arrive pas à me représenter ce que c'est que ce "pli". Je suis un tâcheron, quand j'ai pas de référence théorique, je suis perdu. Ca vient d'où ? Deleuze ?
Bergame- Persona
- Nombre de messages : 5358
Date d'inscription : 03/09/2007
Re: La Catharsis comme nécessité idéologique?
A la base, oui.
Enfin, Deleuze parle de stratégie du pli chez Foucault mais il a aussi tenu des cours sur le pli baroque chez Leibniz.
Et c'est plutôt de celui-ci que ça vient.
Mais je ne faisais que poursuivre la réappropriation du concept sur un sol autre (en l'occurrence la représentation sociopolitique), que l'y tester.
Donc pas vraiment de référence exacte "dans le texte".
Pour tenter de me faire comprendre, je dirai que le pli tel que je le présente ici s'oppose à une distinction individu/société ou encore je/moi/ça.
Il s'agit plutôt d'intériorité et de dehors entièrement liés.
De conscience et de représentation, de pensée et d'espace.
D'observation personnelle et de réflexion sur "comment va la société, le monde".
Il m'arrive quelque chose qui marque fortement ma vie.
Je prends conscience des implications de tel évènement, de tels choix, d"une bribe du comportement de groupe ou ambiant.
Je ferai "brutement" le lien entre mon expérience personnelle, cette observation et la façon dont je schématise le cours des choses.
Pour envisager un champs des possibles toujours plus vaste, je plierai la réalité. J'effectuerai une représentation du monde continuée.
Quand on n'arrive pas à saisir quelque chose, on se replie, la conscience se réflechit.
Quand une société se forme, elle se donne des limites, se trouve un extérieur, un au-delà, des étrangers, enfin des ennemis.
Donc, toujours pour rester dans le sujet cathartique, pli identitaire, pli de repère, pli différentiel, pli-pivot, pli subjectif-objectif...
Sinon pour René Kaës, connais pas.
En revanche, tout ça me rappèle le concept de subjectale (j'ai envie de dire tellement évident que j'aurai du mal à en dire quelque chose) :
https://digression.forum-actif.net/lignes-en-marge-f29/le-subjectale-t37.htm
Enfin, Deleuze parle de stratégie du pli chez Foucault mais il a aussi tenu des cours sur le pli baroque chez Leibniz.
Et c'est plutôt de celui-ci que ça vient.
Mais je ne faisais que poursuivre la réappropriation du concept sur un sol autre (en l'occurrence la représentation sociopolitique), que l'y tester.
Donc pas vraiment de référence exacte "dans le texte".
Pour tenter de me faire comprendre, je dirai que le pli tel que je le présente ici s'oppose à une distinction individu/société ou encore je/moi/ça.
Il s'agit plutôt d'intériorité et de dehors entièrement liés.
De conscience et de représentation, de pensée et d'espace.
D'observation personnelle et de réflexion sur "comment va la société, le monde".
Il m'arrive quelque chose qui marque fortement ma vie.
Je prends conscience des implications de tel évènement, de tels choix, d"une bribe du comportement de groupe ou ambiant.
Je ferai "brutement" le lien entre mon expérience personnelle, cette observation et la façon dont je schématise le cours des choses.
Pour envisager un champs des possibles toujours plus vaste, je plierai la réalité. J'effectuerai une représentation du monde continuée.
Quand on n'arrive pas à saisir quelque chose, on se replie, la conscience se réflechit.
Quand une société se forme, elle se donne des limites, se trouve un extérieur, un au-delà, des étrangers, enfin des ennemis.
Donc, toujours pour rester dans le sujet cathartique, pli identitaire, pli de repère, pli différentiel, pli-pivot, pli subjectif-objectif...
Sinon pour René Kaës, connais pas.
En revanche, tout ça me rappèle le concept de subjectale (j'ai envie de dire tellement évident que j'aurai du mal à en dire quelque chose) :
https://digression.forum-actif.net/lignes-en-marge-f29/le-subjectale-t37.htm
Dernière édition par le Mer 5 Déc 2007 - 14:57, édité 1 fois
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hks : On le sait bien, une fois que un tel est parti (faché) on se retrouve seuls comme des imbéciles.
Re: La Catharsis comme nécessité idéologique?
Je trouve que ta signature personelle Vargas est une belle image de ce pli... À l'origine, chez Foucault le pli est une alternative aux "profondeurs cachées", tout est en surface, tout est là, rien que là. Si nous ne pouvons le voir, c'est seulement que la surface est frippée, froissée, pliée. Ce qui fait un peu d'ombre... mais une ombre qui ne se voit pas elle-même, qui n'a pas d'espace pour le mouvement, trop enserrée dans l'étroitesse du pli. Mais cela suppose aussi que ce qui est "à l'intérieur" est d'abord "au dehors". L'intériorité est un pli du dehors.
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Nous ne pénétrerons jamais à l'aide de mots et de concepts derrière le mur des relations et pour ainsi dire dans quelque chimérique fond originel des choses Nietzsche
AnythingK- Digressi(f/ve)
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