Puis-je me donner un ordre ?
+5
maraud
Courtial
poussbois
euthyphron
Rêveur
9 participants
Page 2 sur 2
Page 2 sur 2 • 1, 2
Re: Puis-je me donner un ordre ?
Je vais peut-être vous décevoir, mais je ne suis pas freudien, d'autant que comme vous le dites: "mon corps est ma grande raison".
Le principe de l'identité, donc de la singularité, je le conçois comme ce qui affirme: " je suis moi, je suis bien, et tout ce qui n 'est pas moi, ne peut être aussi bien", ainsi, dans la mesure où je me donne un ordre, c'est que mon unicité n'est pas assurée, donc que je ne peux plus dire: " je suis moi, je suis bien", puisque je tends à me juger en négatif dans la mesure où je suis amené à me donner un ordre.
Me donner un ordre, ce n'est pas nécessairement vouloir m'améliorer dans le sens de vouloir être parfaitement moi ou être plus. Je crois que tout cela découle de " la merveille du langage".
D'ailleurs, à ce niveau de questionnement, on ne risque rien à s'exprimer sur la chose, c'est en quelque sorte un badinage
Le principe de l'identité, donc de la singularité, je le conçois comme ce qui affirme: " je suis moi, je suis bien, et tout ce qui n 'est pas moi, ne peut être aussi bien", ainsi, dans la mesure où je me donne un ordre, c'est que mon unicité n'est pas assurée, donc que je ne peux plus dire: " je suis moi, je suis bien", puisque je tends à me juger en négatif dans la mesure où je suis amené à me donner un ordre.
Me donner un ordre, ce n'est pas nécessairement vouloir m'améliorer dans le sens de vouloir être parfaitement moi ou être plus. Je crois que tout cela découle de " la merveille du langage".
D'ailleurs, à ce niveau de questionnement, on ne risque rien à s'exprimer sur la chose, c'est en quelque sorte un badinage
maraud- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 2395
Date d'inscription : 04/11/2012
Re: Puis-je me donner un ordre ?
J'ai regardé un peu sur internet. On trouve des attestations de "Je m'ordonne de" mais surtout en littérature :
"Je sens mes mains grandir comme des pieuvres, mes épaules enfler comme des rochers et monter en moi une prodigieuse envie de l'étrangler ou de le précipiter dans l'océan, mais toute l'eau de la terre en serait empoisonnée pour longtemps. Je décide, je m'ordonne de ne plus l'écouter." (Roger Nimier, Le Hussard bleu)
Les cas que j'ai trouvés sont toujours des discours intérieurs rapportés au lecteur sur un mode indirect. On ne sait pas ce que le personnage s'est dit intérieurement. On ne sait d'ailleurs même pas s'il s'est entendu parler silencieusement en français, s'il y avait des verbes, des noms dans sa tête, qui formaient des phrases complètes ou qui formalisaient seulement la partie du prédicat, etc. Au passage - que l'on n'hésite pas à me corriger si je me trompe - je crois qu'aucun philosophe ayant parlé d'un discours intérieur ne s'est vraiment attaché à décrire la formalité linguistique que pouvait bien prendre ce discours (cela rejoint la question d'Alexis je pense). Cela dit, c'est peut-être logique puisqu'entreprendre une telle description implique d'avoir préalablement défini le discours intérieur comme la langue sans le son (ou disons sans aucune matérialité), et ce n'est pas, je pense, la conception la plus répandue. Pour en revenir à ce personnage, on sait donc seulement que ce qui s'est passé en lui nous est rapporté sous la forme d'un énoncé introduit par un verbe de parole "ordonner de". Mais le fait d'employer un verbe de parole ne signifie pas nécessairement qu'il s'est entendu penser des paroles injonctives silencieuses, par exemple : "Ne l'écoute plus!".
Par ailleurs, il y a une différence entre ce "Je m'ordonne de ne plus l'écouter" qui fait comme s'il rapportait un discours intérieur et un "Je m'ordonne de ne plus l'écouter" qu'on se lancerait à soi-même à haute voix. Le premier est en réalité descriptif, alors que le second est descriptif et performatif direct tout à la fois. Et pour qu'un performatif "réussissent" en tant qu'acte de langage, certaines conditions doivent être remplies. Par exemple, pour l'ordre "Ferme la porte !", il faut remplir :
-des conditions sur l'état de choses : par exemple que la porte existe et qu'elle ne soit pas déjà fermée (autrement l'ordre ne "réussit" pas)
-des conditions sur le donneur d'ordre : par exemple qu'il souhaite vraiment que la porte soit fermée (condition de sincérité) et qu'il soit en situation de donner un ordre (condition institutionnelle)
-des conditions sur le receveur d'ordre : par exemple qu'il soit en capacité matérielle et psychologique de pouvoir exécuter l'ordre et qu'il manifeste d'une façon ou d'une autre le fait qu'il ne fermera pas la porte de lui-même.
Si j'utilise "Je m'ordonne de ne plus l'écouter" comme un performatif, cela signifie que l'ordre remplit avec succès ce genre de conditions. Et je précise que "réussir" ne signifie pas "réussir à se faire obéir" mais remplir correctement les conditions qui font qu'un ordre est reconnu comme tel (même si on refuse de lui obéir, l'ordre est quand même dit "réussi" s'il remplit les conditions).
"Je sens mes mains grandir comme des pieuvres, mes épaules enfler comme des rochers et monter en moi une prodigieuse envie de l'étrangler ou de le précipiter dans l'océan, mais toute l'eau de la terre en serait empoisonnée pour longtemps. Je décide, je m'ordonne de ne plus l'écouter." (Roger Nimier, Le Hussard bleu)
Les cas que j'ai trouvés sont toujours des discours intérieurs rapportés au lecteur sur un mode indirect. On ne sait pas ce que le personnage s'est dit intérieurement. On ne sait d'ailleurs même pas s'il s'est entendu parler silencieusement en français, s'il y avait des verbes, des noms dans sa tête, qui formaient des phrases complètes ou qui formalisaient seulement la partie du prédicat, etc. Au passage - que l'on n'hésite pas à me corriger si je me trompe - je crois qu'aucun philosophe ayant parlé d'un discours intérieur ne s'est vraiment attaché à décrire la formalité linguistique que pouvait bien prendre ce discours (cela rejoint la question d'Alexis je pense). Cela dit, c'est peut-être logique puisqu'entreprendre une telle description implique d'avoir préalablement défini le discours intérieur comme la langue sans le son (ou disons sans aucune matérialité), et ce n'est pas, je pense, la conception la plus répandue. Pour en revenir à ce personnage, on sait donc seulement que ce qui s'est passé en lui nous est rapporté sous la forme d'un énoncé introduit par un verbe de parole "ordonner de". Mais le fait d'employer un verbe de parole ne signifie pas nécessairement qu'il s'est entendu penser des paroles injonctives silencieuses, par exemple : "Ne l'écoute plus!".
Par ailleurs, il y a une différence entre ce "Je m'ordonne de ne plus l'écouter" qui fait comme s'il rapportait un discours intérieur et un "Je m'ordonne de ne plus l'écouter" qu'on se lancerait à soi-même à haute voix. Le premier est en réalité descriptif, alors que le second est descriptif et performatif direct tout à la fois. Et pour qu'un performatif "réussissent" en tant qu'acte de langage, certaines conditions doivent être remplies. Par exemple, pour l'ordre "Ferme la porte !", il faut remplir :
-des conditions sur l'état de choses : par exemple que la porte existe et qu'elle ne soit pas déjà fermée (autrement l'ordre ne "réussit" pas)
-des conditions sur le donneur d'ordre : par exemple qu'il souhaite vraiment que la porte soit fermée (condition de sincérité) et qu'il soit en situation de donner un ordre (condition institutionnelle)
-des conditions sur le receveur d'ordre : par exemple qu'il soit en capacité matérielle et psychologique de pouvoir exécuter l'ordre et qu'il manifeste d'une façon ou d'une autre le fait qu'il ne fermera pas la porte de lui-même.
Si j'utilise "Je m'ordonne de ne plus l'écouter" comme un performatif, cela signifie que l'ordre remplit avec succès ce genre de conditions. Et je précise que "réussir" ne signifie pas "réussir à se faire obéir" mais remplir correctement les conditions qui font qu'un ordre est reconnu comme tel (même si on refuse de lui obéir, l'ordre est quand même dit "réussi" s'il remplit les conditions).
Ataraxie- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 489
Date d'inscription : 18/05/2012
Re: Puis-je me donner un ordre ?
Si on remplace " ordonner " par " décider ", ça va tout de suite mieux, non ? Je décide d'aller à table, de mettre le réveil, etc. Encore une fois, je trouve qu'on fait ça à longueur de journée.
_________________
" Tout Étant produit par moi m'est donné (c'est son statut philosophique), a priori, et il est Mien (cogito, conscience de Soi, libéré du Poêle) ". " Savoir guérit, forge. Et détruit tout ce qui doit l'être ", ou, équivalents, " Tout l'Inadvertancier constitutif doit disparaître ", " Le progrès, c'est la liquidation du Sujet empirique, notoirement névrotique, par la connaissance ". " Il faut régresser et recommencer, en conscience ". Moi.
C'est à pas de colombes que les Déesses s'avancent.
neopilina- Digressi(f/ve)
- Nombre de messages : 8364
Date d'inscription : 31/10/2009
Page 2 sur 2 • 1, 2
Sujets similaires
» L'ORDRE
» L'ordre des lettres sans importance
» copiés-collés sur la liberté (et moi, Victor, je t'encule, petit administrateur du petit fascisme de ton ordre de trou du cul)
» L'ordre des lettres sans importance
» copiés-collés sur la liberté (et moi, Victor, je t'encule, petit administrateur du petit fascisme de ton ordre de trou du cul)
Page 2 sur 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|